Abeilles sauvages … ces inconnues ! Abeilles solitaires, bourdons, abeilles coucou, abeilles à miel sauvages : toutes ces abeilles – ainsi que les abeilles à miel domestiquées – sont des abeilles. Mais qui sont-elles, et comment les reconnaître ? Les abeilles appartiennent au groupe des hyménoptères, avec les fourmis et les guêpes qui sont des « cousines ». L’abeille est un insecte, donc possède six pattes, également deux paires d’ailes reliées par une série de minuscules crochets et un corps divisé en trois parties distinctes : tête, thorax et abdomen. La superfamille des abeilles est immense et accueille : - les frelons et les guêpes, très peu velus, au corps long et fin, parfois un peu agressifs. Ils construisent des nids en ‘papier mâché’ pouvant contenir, chez certaines espèces, plusieurs milliers d’individus ! - les bourdons très velus et dodus ; ils ont un bourdonnement grave caractéristique du fait de leur taille. Ils ne piquent que lorsqu’ils se sentent menacés (si on les énerve, s’ils sont sur le dos ou si on leur appuie dessus). Ils vivent en petites sociétés sans faire de miel. - les abeilles domestiques vivant en sociétés très bien organisées autour d’une reine, des ouvrières et des mâles ou ‘faux-bourdons’. Ce sont les ouvrières qui fabriquent le miel. - Les abeilles sauvages, au mode de vie généralement solitaire et qui ne fabriquent pas de miel récolté par l’homme. Les plus petites ne dépassent pas 4mm (les halictes), la plus grande atteint 2,5cm (l’abeille charpentière). Les abeilles jouent toutes un rôle très important dans la nature. Elles contribuent à la biodiversité et assurent la pollinisation. Comment se caractérise une abeille? A la différence des guêpes, les abeilles sont des vraies végétariennes: elles nourrissent leur progéniture à base de pollen de fleurs riche en protéines. De ce fait on n’observe que des abeilles femelles avec des paquets de pollen aux pattes, sous le ventre, sur la tête etc. Les abeilles sauvages se rencontrent aussi dans les zones urbanisées mais lorsqu’on dit ‘abeille’ c’est l’abeille à miel qui vient à l’esprit. Cela pour différentes raisons : - en raison de leur ressemblance, beaucoup d’abeilles sauvages sont confondues avec des abeilles à miel, des guêpes ou des mouches - les petites abeilles ne sont pas reconnues comme étant des abeilles ou tout simplement pas remarquées - les bourdons ne sont pas identifiés comme étant des abeilles - et surtout beaucoup d’espèces d’abeilles sauvages sont devenues rares du fait de la destruction de leur habitat par l’homme, ou ne trouvent pas de place dans nos jardins souvent ‘trop bien léchés’ et ne sont donc pas visibles. Environ 30’000 espèces d’abeilles sauvages vivent sur la planète. En Europe leur chiffre avoisine les 700 espèces. Mode de reproduction, structure des nids. En Europe le 70% de la population humaine vit dans les villes et agglomérations. Mais malheureusement elle ne laisse pas derrière elle un paysage intact et naturel, bien au contraire ! Une nature intacte est pourtant le seul garant de survie pour de nombreuses espèces d’abeilles et autres animaux ! 50% des abeilles sauvages d’Europe centrale sont des abeilles fouisseuses, c’est à dire qu’elles creusent des galeries dans le sol pour y déposer leurs oeufs. La plus grande partie de nos abeilles ne profite donc pas des aides de nidification qu’on peut leur proposer, la seule façon de les soutenir est donc de sauvegarder leur habitat! - L’abeille charpentière (env. 3%) se sert du bois mort qu’elle creuse ou dont elle utilise les galeries - L’abeille tapissière env. 19% niche dans des cavités (bois perforé, fissures de rochers). Certaines espèces (collètes) tapissent leur nid d’une substance sécrétée protégeant de l’humidité et de la moisissure (la baudruche). D’autres utilisent la résine de végétaux pour cloisonner leurs nids (hériades) - L’abeille maçonne (env. 1%) façonne son nid contre un mur, un rocher, une grosse branche ou autre, à l’aide d’un mélange de sable, d’argile et de petits cailloux humidifiés par du nectar et de la salive - L’abeille coucou (env. 25%) utilise, comme l’oiseau du même nom, le nid d’une autre espèce pour y déposer ses œufs. La larve de l’abeille coucou va se développer au détriment de la descendance de l’hôte. Ces abeilles ne peuvent survivre que si leurs hôtes le font. Aussi diverses sont les exigences des abeilles fouisseuses quant à l’édification de leurs nids, aussi diverses sont les structures de ces derniers. A l’horizontal, penchés ou verticaux, à végétation plus ou moins dense ou même absente. Humides ou secs. Un habitat propice peut être un paysage entier ou simplement un mètre carré. Plus la surface est petite et plus la chance augmente pour les particuliers de pouvoir la protéger ou mettre a disposition des abeilles. La protection de paysages intacts et structurés est primordiale et le biotope idéal pour les abeilles sauvages. Structures de nids souterrains - gravières, talus sablonneux ou argileux, endroits sujets aux érosions, digues de rivières ou de chemin de fer… ce sont autant d’habitats prisés par les abeilles car ils rassemblent sur un espace restreint divers habitats et microclimats. - aussi longtemps que des endroits comme celui-ci restent sans végétation, ils servent d’habitat pour de nombreuses espèces d’abeilles sauvages - Un gazon non arrosé, pauvre en fertilisants avec quelques ‘trous’ dans la plantation n’est peut-être pas la fierté de son propriétaire, pourtant il est un endroit idéal pour un grand nombre d’abeilles fouisseuses. Entouré de plantes vivaces indigènes, d’un mur sec, d’un tas de bois mort et de quelques arbustes indigènes il formera un jardin naturel et grouillant de vie. - Des petits endroits de terrain érodés se forment automatiquement lorsqu’on creuse des terrasses dans des talus. Malheureusement ces zones sont souvent stabilisées par des murs, leur aspect pouvant paraître « gênant » ou par peur de glissements de terrain. Les petits talus ne manquent pas forcément de stabilité, mais un mur sec avec des joints en argile ou plâtre est toujours mieux qu’un mur en béton et offre encore des refuges et places de nidification, même pour des abeilles maçonnes. Il suffit juste d’un peu de courage pour s’éloigner de l’aspect traditionnel de nos jardins ! - Les joints en sable des dalles ou pavés des terrasses et chemins sont secs et friables et donc des endroits propices (quoique pas les préférés) pour nombre d’espèces d’abeilles sauvages. - Des chemins naturels, en terre battue ou sable, étaient la règle à une époque où les abeilles étaient encore beaucoup plus nombreuses. Boueux après une pluie, secs en été, leur végétation est sans cesse dérangée ce qui en fait des endroits propices à la construction des nids. Structures de nids en surface Des coquilles d’escargot vides sont utilisées en Europe centrale par une demi-douzaine d’espèces d’Osmies (Osmia sp.) pour leur reproduction. Leur protection peut être assurée uniquement en sauvegardant des endroits naturels et en cultivant nos jardins en mode biologique en évitant de détruire systématiquement tous les ‘nuisibles’. Il n’existe pas d’autre alternative de nidification pour ces espèces. Osmia bicolor Espèces hélicophiles Type de nids Coquille Parasitisme du nid Osmia bicolor nid unicellulaire déplacée et recouverte peu parasité Osmia rufohirta nid unicellulaire déplacée et cachée peu parasité Osmia aurulenta nid pluricellulaire non déplacée fortement parasité (Chrysides) Un vieux mur avec des joints en plâtre offre de nombreuses places de nidification, au contraire d’un mur avec joints bétonnés. Des arbres morts, des tiges sèches, ces structures persistent des années dans la nature. Au fond il n’existe souvent aucune raison d’abattre un vieil arbre fruitier mort ou de tailler les plantes vivaces. La façon la plus efficiente de protéger les abeilles est de laisser les structures autant que possible tel quel. Si cela n’est pas possible, pour une raison ou une autre, nous pouvons proposer à nos abeilles des aides de nidification faciles à fabriquer ou même à acheter. Des tiges de bambous remplies et fermées… Mâles fraîchement éclos au mois de mars de l’année suivante, attendant la sortie des femelles Une abeille ‘tapissière’ (Megachile femelle) rapportant une feuille roulée au nid Un petit groupe d’abeilles utilise les arbres morts et les murs non pas pour y creuser son nid mais pour le façonner et le coller contre la surface. Cette façon de faire est une adaptation au terrain rocheux dans lequel il n’est pas possible de creuser. Les abeilles sont en danger Toutes les espèces d’abeilles subissent actuellement un déclin mondial. Les causes de la régression des abeilles sont multiples. Elles sont très sensibles à l’appauvrissement de leur milieu de vie, le fauchage des talus qui empêche la floraison estivale sur les bords de routes et des chemins, la raréfaction des haies champêtres qui diminuent la diversité des fleurs et donc de ressources nécessaires à leur conditions de vie. Par ailleurs, l’utilisation des pesticides et insecticides dans l’agriculture et les jardins familiaux est accusée d’entraîner la disparition des insectes et plus particulièrement des abeilles domestiques. Une menace qui nous concerne puisque les abeilles assurent la pollinisation de 80% des espèces végétales dans le monde. Leur butinage est donc indispensable pour la biodiversité et la reproduction d’une multitude de fruits, légumes et plantes. Nid d’ Osmia cornuta dans une tige de bambous Larve âgée de quelques jours Larve dans son cocon dans lequel elle se transforme jusqu’à l’insecte adulte Le cocon ouvert montre une chrysalide âgée de quelques jours