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stratégiques et réaliser des investissements qui s’imposent pour exploiter le potentiel offert par le marché
éthiopien et plus généralement sa position stratégique de carrefour logistique, iii) optimiser la contribution
de ces investissements à l’économie, notamment dans le secteur du tourisme, des infrastructures et,
éventuellement, de la pêche.
11. Le facteur décisif dans le développement d’une économie est la qualité de sa gouvernance.
Djibouti souffre d’un déficit majeur de gouvernance sur tous les plans et est assez mal noté par rapport à
tous les indicateurs internationaux d’évaluation de cette notion. Par exemple, le pays est très mal classé
selon les indicateurs de gouvernance mondiale de la Banque, notamment dans les domaines suivants :
consultation et devoir de responsabilité, efficacité de l’appareil d’État et État de droit.
12. Djibouti ne dispose pas de sécurité juridique et son système judiciaire est faible. La justice
djiboutienne est en proie à de nombreux problèmes, tels que l’insuffisance des ressources, l’absence de
formation judiciaire, le manque d’indépendance et d’impartialité et la lenteur avec laquelle les jugements
sont rendus. Dans ces circonstances, les milieux d’affaires nationaux et internationaux expriment de
sérieuses réserves quant à la capacité du système judiciaire à garantir la protection de leurs droits et à
régler les différends de façon équitable. Ainsi, moins de 10 affaires sont traitées chaque année par le
tribunal de commerce. Reconnaissant les faiblesses du secteur judiciaire, le Gouvernement djiboutien a
lancé en 2011 une stratégie de réformes devant être mise en œuvre au cours de la période 2012-2016. Elle
porte sur les aspects suivants : i) renforcement des ressources humaines, ii) amélioration de
l’infrastructure des tribunaux à Djibouti Ville, iii) amélioration de l’accès au système judiciaire et iv)
modernisation des codes de procédure civile. Pour compléter la stratégie, les autorités ont mis en place un
système spécial de tribunaux de commerce afin de combler les lacunes constatées dans les services
d’appui au développement du secteur privé.
13. Djibouti présente des faiblesses dans la planification et la mise en œuvre de politiques
publiques favorables aux investissements privés. Aucun des secteurs mentionnés plus haut ne dispose
d’instruments de planification stratégique et opérationnelle qui présentent la vision des autorités pour le
secteur et proposent un plan d’action pour guider le travail des ministères concernés. Sans politiques
publiques claires, certaines décisions portant sur des choix importants sont prises sans réelle coordination
ou réflexion préalable. Par conséquent, au lieu de mettre à la disposition des milieux d’affaires un cadre
d’investissement complet, la politique d’attraction des investissements à Djibouti se limite à la mise en
œuvre des mesures destinées à encourager les promoteurs de projets à venir et à la signature des
protocoles d’accord qui donnent rarement des résultats tangibles. Le processus de prise de décision est si
opaque et déconnecté de toute planification stratégique qu’il est extrêmement difficile d’obtenir des
informations fiables sur ces projets, même au sein des ministères concernés. Ce contexte de gouvernance
décourage les investisseurs sérieux désireux de développer des projets à long terme dans le pays.
14. Pour tirer le meilleur parti de son potentiel économique, Djibouti doit changer radicalement
son mode de gouvernance. Le Gouvernement djiboutien souhaite recourir davantage aux partenariats
public-privé (PPP) pour réaliser et financer des projets d’infrastructure et des services dans le secteur
public. Un certain nombre de projets PPP sont en cours ou à différents stades de développement. Le
succès de ces PPP dépendra, dans une large mesure de la mise en place d’un cadre stratégique comprenant
une politique d’orientation claire, des dispositions juridiques appropriées et un cadre institutionnel
permettant d’exécuter efficacement des projets PPP ; des normes de procédure uniformes, du personnel
qualifié en matière de transactions, de gestion technique, de gestion des contrats et de suivi du projet.
15. Le cadre général de l’activité économique n’est pas propice au développement du secteur
privé. Le coût et les délais de création d’une entreprise à Djibouti restent importants, par rapport à des
pays similaires, malgré quelques progrès enregistrés depuis 2012 par le transfert du Registre du
commerce à l’ODPIC. Des taux d’imposition élevés et la lourdeur de l’administration et de la
réglementation fiscale constituent les principaux obstacles au développement de Djibouti selon le rapport
Doing Business 2013.