
D'un point de vue plus global, l'interprétation de la montée du divorce en relation avec 
une individualisation progressive des valeurs et interactions familiales est un sujet 
constant de préoccupation. L'espace familial est le lieu d'expression privilégié du repli 
individualiste, il est surchargé d'attentes et du désir d'autonomisation de l'individu par 
rapport à son rôle et à ses obligations sociales, (ce qui est parfois contradictoire avec la 
dimension collective de cet espace). Cette vision du fonctionnement contemporain de la 
famille comme instrument du développement personnel des individus qui la 
composent permet de bien comprendre les causes de la rupture familiale (de Singly 
2000).  
Mais en occultant aujourd’hui pour partie la fonction institutionnelle de reproduction 
de la famille, cette vision délaisse en particulier l’analyse des effets des dissociations 
familiales. L’individualisation des rapports conjugaux a des conséquences en terme de 
fécondité et modifie la configuration de la famille. Par-delà la découverte et 
l'interprétation de nouvelles fonctions de la famille (la famille comme instrument de 
réalisation de soi-même) se pose nécessairement la question de l’impact de l’ajout de 
cette nouvelle fonction sur sa mission traditionnelle de transmission. L’individualisme 
conjugal et la diversification des configurations familiales ont forcément des 
répercussions sur les trajectoires de jeunesse des enfants qui en résultent. 
 
En France, la connaissance démographique est très précise en ce qui concerne la mesure 
des nombres et la description des variétés des situations familiales. Démographes et 
sociologues décrivent la baisse des mariages au profit de la cohabitation hors mariage, 
la hausse ininterrompue depuis les années 1970 du nombre de divorces, la croissance 
des naissances hors mariage, la croissance des seconds mariages et l’augmentation des 
« recompositions » de familles, la baisse générale de la fécondité.  
 
En dehors de ces tendances historiques bien connues, les études s'aventurent aussi, 
mais moins souvent, sur le terrain plus délicat des relations entre ces évolutions. Dans 
ce cas, ce sont des relations de causes à effets quasi-immédiats qui sont privilégiées. La 
pauvreté, les difficultés financières de la mère et les modes de garde des enfants sont 
les sujets « classiques » de l'analyse de l'après-divorce. De plus, on sait que divorcer 
jeune compromet moins les chances de recomposition familiale. Pour l'enfant, le 
divorce s'accompagne alors de la nouvelle figure du beau-parent avec laquelle il faut