B. L’EMERGENCE DE LA NOTION DE « BIEN PUBLIC MONDIAL »
Charles Kindleberger (1986), l’un des auteurs pionniers en la matière, définit les
biens publics mondiaux en ajoutant deux dimensions aux critères de non-rivalité et
de non-exclusion :
- Une dimension internationale
Les biens publics mondiaux comme « l’ensemble des biens accessibles à tous les
États qui n’ont pas nécessairement un intérêt individuel à les produire ». Cette
définition souligne le caractère universel de ces biens car leur utilité dépasse le
cadre des frontières nationales et leur production nécessite une coordination
interétatique.
Exemple : La préservation de la couche d’ozone concerne le développement de tous
les États
- Une dimension intergénérationnelle
Les biens publics mondiaux concernent plusieurs générations de citoyens, ils ont une
portée intergénérationnelle. Exemple : les préoccupations écologiques (stabilité
climatique, biodiversité) visent à préserver l’environnement, tant pour les générations
présentes que pour les générations futures, dans une logique de développement
durable.
Or, la majorité des biens publics mondiaux sont « impurs » c'est-à-dire ne respectent
qu’une seule de deux conditions précitées. On distingue alors :
- Les biens communs pour lesquels la condition de non-rivalité ne se vérifie
pas du fait de la saturation possible de ce type de biens.
Exemple : l’eau d’un fleuve ou les arbres d’une forêt sont, par nature, des
ressources épuisables qui instaurent une rivalité entre les agents.
- Les biens de club pour lesquels la condition de non-exclusivité est absente
du fait de la possibilité d’en réglementer l’accès.
Exemple : la télévision cryptée ou l’autoroute à péage sont des biens exclusifs car
leur accès est limité par le paiement d’un prix.
II. LES ENJEUX DES BIENS PUBLICS MONDIAUX
A. AU SERVICE DE L’INTERET GENERAL DES NATIONS
Les biens publics mondiaux relèvent de l’intérêt général des nations. Ils sont
indispensables à leur fonctionnement social et économique dans un contexte de
mondialisation et d’interdépendance croissante entre les pays. Cependant, ils
répondent, suivant leur nature, à des problématiques distinctes et exigent ainsi des
réponses différenciées. Le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD) a proposé de classifier les biens publics mondiaux en trois grandes
catégories :
- les biens publics mondiaux naturels confrontés à leur sur-utilisation et donc à
leur épuisement (la biodiversité.)
- Les biens publics mondiaux d’origine humaine dont l’enjeu principal est leur
sous-utilisation et leur difficile accessibilité pour les pays défavorisés : Ce sont les
connaissances scientifiques.
- Les biens publics mondiaux « résultats des politiques globales des nations »
incluant la paix, la santé et la stabilité du système financier international et posant
alors le problème d’une action collective, continue, interétatique du fait d’un degré
d’implication variable ou insuffisant selon les pays pour répondre à la mesure de
leurs enjeux.
NB : Ainsi, si certains biens sont mondiaux par nature (par exemple, la couche
d’ozone), d’autres sont mondialisés de manière intentionnelle (par exemple, la santé
publique).