La bioéthique et l'embryon
Quels enjeux après la controverse du Téléthon?
Pierre Olivier Arduin. Editions de l'Emmanuel, 2007. 203 pages, 14,00 ¬.
Animateur de la commission "bioéthique et vie humaine" du diocèse de Fréjus-Toulon,
Pierre Olivier Arduin fut l'auteur en octobre 2006 d'un communiqué s'élevant contre les méthodes du Téléthon.
Il reprochait à celui-ci de financer une association préconisant le diagnostic préimplantatoire (DPI) dans la lutte
contre les myopathies. Son livre est nourri de l'expérience du débat public très violent qui s'est déroulé de novembre
à décembre 2006 à cette occasion. Sorte de récapitulation après le combat, il prépare les suivants.
En neuf chapitres et une conclusion, il précise l'enjeu de "l'affaire", c'est-à-dire l'embryon humain, dont la vie est
menacée par les techniques qui consistent à guérir la maladie en supprimant le malade. Car l'embryon est un être
humain, une personne qui mérite le respect lié à sa dignité intrinsèque et inaliénable. L'auteur l'affirme en s'appuyant
sur les données de la science contemporaine. Il montre comment les expérimentations sur l'embryon humain et le
DPI instrumentalisent l'être humain et entraînent la société vers un eugénisme que seule l'étiquette de
"démocratique" ou de "libéral" distingue des aberrations promu par le III é Reich.
Suit un substantiel développement sur les cellules souches mettant en valeur l'intérêt des cellules souches
"somatiques", notamment celles que l'on trouve dans le sang du cordon et dans le liquide amniotique, comme dans
la plupart des tissus humains. Elles rivalisent avec succès contre les cellules souches embryonnaires, extraites des
embryons au prix de leur vie et de surcroît inutilisables en thérapie.
Ces développements confirment ce que l'on sait déjà, mais on apprécie la clarté d'un exposé qui récapitule un
enseignement fondamental que trop de gens ignorent encore, sans alourdir le texte par des donnés physiologiques
savantes.
Les chapitres suivants engagent le lecteur vers des considérations philosophiques d'une portée fondamentale. On
remonte à Bacon et Descartes dont la pensée prépare celle des philosophes modernes (Kant) et contemporains,
Nietzsche, Habermas et Jonas qui modèlent l'esprit de notre temps dans un relativisme mortifère. Celui-ci fait table
rase de la métaphysique de l'être, et de la recherche d'une Vérité dont il semble qu'on ait perdu le goût et le sens.
Dans les trois derniers chapitres, l'auteur préconise une "éthique personnaliste universelle" c'est-à-dire fondée sur un
principe commun universel, celui du respect absolu de la personne humaine en qui est reconnue une dignité
intrinsèque. A partir de cette base, peut s'échafauder un plan d'action, en direction de la prochaine révision de la loi
de bioéthique, s'appuyant sur une formation de acteurs éventuels de cette action.
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