CHAPITRE I. Introduction
La problématique de la recherche sur l’embryon a pris ces dernières années une importance
considérable tant dans les milieux spécialisés que dans le grand public.
Il faut se souvenir que cette problématique est intimement et directement liée au
développement entre 1960 et 1980 de la Fécondation in vitro humaine. Celle-ci a conduit, en
1978, à la naissance de Louise Brown, ce qui constituait le résultat de plus d’une décennie de
recherches sur l’espèce humaine par les anglais Edwards et Steptoe.
Pour développer la Fécondation in vitro, le recours à l’expérimentation a été à l’époque
relativement important bien que généralement non codifié. Néanmoins, c’est avec les
publications des équipes australiennes de Trounson et Wood en 1980 que la Fécondation in
vitro a pris une orientation décisive pour la recherche sur l’embryon humain in vitro : en effet,
jusque là les rares succès obtenus en clinique l’auraient été en cycle spontané. Depuis lors, le
recours à la stimulation contrôlée de l’ovulation a conduit au recueil d’un nombre de plus en
plus élevé d’ovocytes et donc aussi à l’apparition d’embryons surnuméraires dont le statut
comme le devenir font l’objet des débats éthiques actuels.
Nous pouvons supposer que si la Fécondation in vitro était restée liée à un traitement pratiqué
en cycle spontané, avec le recueil d’un seul ovocyte, sa fécondation au laboratoire et son
replacement dans les 48heures dans l’utérus, le débat sur la recherche aurait été nettement
plus limité qu’aujourd’hui.
Depuis les publications princeps de Trousson et Wood, le recours à la stimulation des ovaires
est resté un élément essentiel au succès du traitement malgré plusieurs tentatives dans les
années 80 et dans les années 90 de retour au cycle spontané.
La présence de l’embryon humain in vitro a généré une recherche intense, et ce
principalement autour des techniques de traitement de la stérilité : amélioration des milieux de
culture, développement des techniques de congélation embryonnaire destinées à préserver les
embryons surnuméraires, développement des techniques de fécondation assistée ( entre autre
de l’ICSI).
A ces domaines de recherches, il convient d’ajouter plus récemment (dans les années 1990) le
développement du diagnostic génétique préimplantatoire permettant l’analyse génétique des
embryons in vitro et le développement de la culture prolongées jusqu’au stade blastocyste,
ouvrant ainsi la voie à la recherche sur les cellules souches embryonnaires.
Parallèlement à ces recherches pratiques, un certain nombre d’études ont été menées dans des
domaines plus fondamentaux qui touchent à la compréhension des mécanismes de
différentiation cellulaire et/ou de contrôle de l’expression du génome embryonnaire précoce
(activation du génome, développement, installation du mécanisme d’ « imprinting
génomique » ).
Ces données sont probablement essentielles pour comprendre à la fois un certain nombre
d’anomalies liées aux troubles chromosomiques, comme la trisomie 21, mais aussi pour
progresser dans le domaine de l’oncologie dans la mesure où celle-ci est fondamentalement
concernée par les troubles de la différentiation cellulaire.
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