Le communiqué de presse - Université de La Rochelle

Mercredi 22 juin 2016
Chez les oiseaux, le stress s’accroît en même temps
que la pollution urbaine
Si l’impact des polluants sur la faune sauvage des grandes agglomérations est
désormais mieux documenté, c’est encore loin d’être le cas pour celle des villes
moyennes et des zones faiblement urbanisées. Une étude menée récemment chez le
merle noir (Turdus merula) par des chercheurs du Centre d'Études Biologiques de
Chizé (CEBC - CNRS/Université de La Rochelle) et du Laboratoire Littoral
Environnement et Sociétés (LIENSs - CNRS/Université de La Rochelle) apporte de
précieux éléments à ce sujet. En mesurant les concentrations de métaux lourds chez
des merles noirs provenant de secteurs plus ou moins urbanisés, les scientifiques ont
constaté que les oiseaux des villes d’importance moyenne étaient contaminés par
ces polluants. Leurs travaux publiés dans Science of the Total Environment suggèrent
par ailleurs qu’une contamination modérée aux métaux lourds pourrait avoir des
conséquences néfastes sur la physiologie de cette espèce.
Merle noir en milieu urbain (Paris, XVIIème arrondissement) © Mr. Patrick Dubois
L’urbanisation induit une multitude de contraintes à même d’affecter le métabolisme et le
comportement des animaux qui ont élu domicile en ville. Parmi ces contraintes, la pollution par
les métaux lourds constitue un phénomène majeur. Les études qui se sont jusqu’ici intéressées à
l’impact de ce type de polluants sur les animaux se sont essentiellement focalisées sur les
agglomérations de grande taille comme Paris ou Lyon. Afin d’élargir les investigations à des
zones urbaines de moindre importance, une équipe du CNRS a mené l’enquête dans et à
proximité immédiate des villes de Niort (60 000 habitants) et La Rochelle (75 000 habitants). Dans
un premier temps, les chercheurs ont collecté dans des zones plus ou moins urbanisées, ainsi
que dans des secteurs agricoles et forestiers, des dizaines de cadavres de merles noirs victimes
du trafic routier. En ville, où les cadavres de merles n’étaient pas suffisamment abondants, ils ont
par ailleurs capturés une dizaine d’individus supplémentaires. « Le merle noir présente l’avantage
de vivre à la fois dans des zones rurales et urbaines et le fait qu’il soit très territorial permet de
Communiqué de presse
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s’assurer que chaque individu reflète les conditions environnementales et de pollution où il a été
prélevé », explique Frédéric Angelier, chargé de recherche au CEBC et cosignataire de l’article.
Les biologistes ont ensuite procédé à la recherche de métaux lourds (argent, cadmium, mercure,
plomb) dans les plumes de chaque oiseau collecté. Ils y ont également mesuré les niveaux de
corticostérone, une hormone dont la concentration varie en fonction du stress et du
métabolisme des volatiles. Ces analyses révèlent que les merles noirs des villes présentaient des
taux de plomb et de cadmium supérieurs à ceux provenant des zones rurales. Cette
contamination aux métaux lourds, qui augmente progressivement à mesure que le biotope des
oiseaux s’urbanise, est en outre associée à des taux de corticostérone sensiblement plus élevés.
L’étude apporte ainsi la preuve que la faune urbaine peut-être contaminée par certains métaux, y
compris dans des villes de moyenne importance. « Nos résultats conduisent à penser qu’une
contamination même modérée pourrait avoir des conséquences néfastes sur la physiologie des
animaux sauvages en perturbant les mécanismes hormonaux qui régulent leur métabolisme et leur
réaction au stress », ajoute Frédéric Angelier. Afin de mieux comprendre les conséquences d’une
telle contamination sur la survie et la reproduction de la faune urbaine, les scientifiques
envisagent désormais de tester en laboratoire le rôle de perturbateur endocrinien des métaux
lourds.
Référence
"Corticosterone levels in relation to trace element contamination along an urbanization
gradient in the common blackbird (Turdus merula)", par Alizée Meillière, François Brischoux,
Paco Bustamante, Bruno Michaud, Charline Parenteau, Coline Marciau et Frédéric Angelier,
publié le 20 mai 2016 dans Science of the Total Environment.
DOI:10.1016/j.scitotenv.2016.05.014
Contact chercheur
Frederic Angelier, Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC) - CNRS/Univ. La Rochelle
frederic.angeli[email protected]r
Tél. : 05.49.09.96.19
Contacts communication
Bruno Michaud, Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC) - CNRS/Univ. La Rochelle
Tel : 05 49 09 67 43
Aude Couteau, Communication Université de La Rochelle
communication@univ-lr.fr
Tel : 05 46 45 87 70
Florence Royer, Communication CNRS
Tel : 02.38.25.79.86 / 06.46.85.66.47
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