Améliorer l’accès aux soins palliatifs dès les soins de santé primaires : entretien avec le Dr Sébastien Moine
Centre national de ressources (http://www.spfv.fr/)
personnes de manière « globale », et assurent leur orientation vers les autres niveaux de soin du
système de santé. Parmi ces professionnels, nous retrouvons médecins généralistes, infirmiers,
kinésithérapeutes, pharmaciens, etc. Ils proposent des soins de proximité intégrés, continus,
accessibles à tous.
En France, pays marqué par l?hospitalo-centrisme, le concept est rarement utilisé et sa définition
mal connue. Il constitue cependant le socle de nombreux systèmes de santé, notamment chez
certains de nos voisins au Royaume-Uni, au Pays-Bas, etc. L?Organisation Mondiale de la Santé -
OMS - a identifié les soins primaires comme un vecteur de lutte contre les inégalités de santé[2]. Dans
notre pays, il a fallu attendre la loi « Hôpital, patients, santé et territoires - HPST » en 2009 pour que
soient définies les attributions du médecin généraliste « de premier recours ».
Pourriez-vous décrire les activités d?une maison de santé
pluriprofessionnelle ? Quels patients y sont pris en charge et pour quelles
pathologies ?
Les maisons de santé pluriprofessionnelles sont des centres de soins ambulatoires, où les
professionnels de santé - médecins généralistes, infirmiers, kinés, etc. - peuvent travailler en
équipes de soins primaires. Ces équipes bénéficient de nouveaux modes de rémunération qui leur
permettent de prévoir des temps de concertation clinique, de coordination et de collaboration avec
d?autres acteurs des soins sur leur territoire de santé. Il s?agit là d?une vraie opportunité, car le
paiement à l?acte exclusif a longtemps été un obstacle au travail en équipe pluriprofessionnelle dans
les soins primaires. C?est sans doute en partie pour cette raison que l?approche palliative a eu du
mal à se diffuser dans les soins primaires en France. Car comme vous le savez, et si l?on en croit la
définition de l?OMS[3] : il n?y a pas de soins palliatifs sans travail en équipe.
Dans notre maison de santé, nous prenons en charge les patients de notre territoire, quelles que
soient leurs pathologies. Nous faisons de la prévention, du dépistage, de l?éducation thérapeutique,
des consultations ou des visites à domicile. 80 à 90% de nos patients sont en pleine forme. Mais il
faut garder un ?il sur les 1 à 2% susceptibles d?avoir des besoins en termes de soins palliatifs.
Quelle est l?origine de l?expérience, menée dans la maison de santé
pluriprofessionnelle dans laquelle vous travaillez en Picardie, concernant
le développement de l?approche palliative dans les soins primaires?
Comment et par qui est développée cette approche dans votre
structure ?
L?origine de cette expérience tient un peu du hasard, comme l?orientation de ma pratique vers les
soins palliatifs, d?ailleurs. Il y a trois ans, lorsque je rédigeais le mémoire de mon master d?éthique
des pratiques de la santé et des soins, j?ai eu à définir l?expression « fin de vie ». Je n?ai réussi à
trouver aucune définition en français : ni scientifique, ni légale, ni règlementaire, ni
épidémiologique? J?ai alors tapé « end of life » sur mon moteur de recherche. Et c?est un continent
nouveau qui s?est ouvert à moi. J?ai réussi à trouver une définition conventionnelle de la fin de vie,
dans un document publié par le General Medical Council britannique[4]. La fin de vie y est décrite
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