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Aucune étymologie n'a encore été proposée, même par le chanoine
Roland, savant toponymiste namurois décédé il y a une quarantaine
d'années, pour expliquer cette appellation.
Il n'y a pas lieu de s'en étonner. Il est établi comme nous le verrons
ci-après, que plusieurs milliers d'années avant notre ère, des populations
primitives vivaient, chassaient et s'approvisionnaient en noisettes pour
l'hiver (1) sur le territoire de Flawinne. Il n'est pas concevable que les
peuplades du temps n'aient pas donné, à un endroit qu'elles habitaient ou
fréquentaient, une dénomination leur permettant de préciser, dans leurs
conversations, leurs allées et venues.
Ce nom avait certainement un sens dans la langue de ces premiers
habitants. Mais nous ignorons tout de cette langue, qui a disparu quand
de nouvelles peuplades prirent la place de ces premiers habitants. Mais
les noms de lieux se conservèrent, bien que les nouveaux venus n'en
connurent pas ou en oublièrent la signification. Il est donc vain de
rechercher cette signification dans la nuit des temps. Cette remarque
s'applique vraisemblablement aussi à d'autres noms de lieux flawinnois,
comme Ronet, Jaumaux et peut-être la Leuchère.
La fixité du nom de Flawinne s'explique par l'isolement
géographique du village primitif. Jusqu'à l'établissement, à la fin du
XVIIe siècle, de la grande chaussée de Namur à Nivelles, au long de
laquelle Belgrade ne tarda pas à se former, Flawinne n'avait, pour ses
communications avec Namur, qu'un mauvais sentier, aujourd'hui
transformé en belles et larges routes, sauf dans sa partie caractéristique,
la descente raide entre La Haube et Salzinnes-les-Moulins. Vers Suarlée
et Floriffoux, il n'y avait que des sentiers dans les bois, comme
aujourd'hui encore. Et, au sud, la Sambre formait une barrière entre le
village et Malonne.
(1) Les noisettes constituaient en partie les provisions que les peuplades
anciennes faisaient pour la mauvaise saison. On sait que si, dans le pays wallon,
les hommes primitifs se mettaient en sûreté dans des cavernes naturelles ou
creusées par eux, dans la Basse-Belgique, où la roche est absente du sol, ils se
bâtissaient sur pilotis, au milieu des pièces d'eau, des huttes inaccessibles donc
aux bêtes féroces. Or, dans le quartier malinois du Neckerspoel, des travaux de
terrassement ont fait découvrir sous les alluvions qui ont comblé un ancien
étang, entre les restes des pilotis, une couche de coquilles de noisettes. Ce fait
établi que les habitants de cette cité lacustre se nourrissaient, l'hiver, de ce fruit
facile à conserver et toujours abondant dans nos bois et nos forêts.