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O. PETITJEAN
NOTES HISTORIQUES
sur
FLAWINNE
ANCIEN ET MODERNE
Publiées par l'Administration Communale de
Flawinne
Imprimerie « Vers l'Avenir », 10-12, Boulevard E. Mélot, Namur
1952
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NOTES HISTORIQUES
sur
FLAWINNE
ANCIEN ET MODERNE
CHAPITRE I
Le nom de Flawinne -- La situation géographique
Dans les documents d'archives qui sont parvenus jusqu'à nous et
dont aucun ne mentionne la localité avant la fin du XIIe siècle de notre
ère, le nom de Flawinne se rencontre latinisé en « Flovanna » ou en
« Flawinna » par les clercs qui ont transcrit les actes du Chapitre liégeois
de Saint-Lambert. Dans les textes, liégeois et namurois, rédigés en vieux
français, ce nom est le plus souvent écrit, du XIIe au XVe siècle, tel qu'il
se prononçait et se prononce encore en wallon. Une charte du Chapitre
de Saint-Lambert emploie, en 1187, la forme « Flawenne ». En 1231, on
relève « Flauuenne », mais il semble bien que les u successifs avaient la
valeur du double v. En 1236, on trouve « Flawen » et en 1257,
« Flawaine ».
A partir du XVIe siècle, l'orthographe correspondant à la
prononciation française apparaît. On lit « Flavines » en 1537;
« Flawinnes » en 1542 et « Flawynes » en 1558. Dans la suite,
l'orthographe s'est fixée à « Flawinne » ou à « Flawinnes ». Cependant
les greffiers qui transcrivaient les actes continuèrent d'employer
fréquemment le nom wallon écrit « Flawenne » ou « Flawaine ».
Le nom a ainsi, au cours des siècles, une remarquable fixité. La
prononciation était constante en wallon ou en français du temps. Les
différences orthographiques proviennent uniquement de la façon dont le
scribe notait cette prononciation.
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Aucune étymologie n'a encore été proposée, même par le chanoine
Roland, savant toponymiste namurois décédé il y a une quarantaine
d'années, pour expliquer cette appellation.
Il n'y a pas lieu de s'en étonner. Il est établi comme nous le verrons
ci-après, que plusieurs milliers d'années avant notre ère, des populations
primitives vivaient, chassaient et s'approvisionnaient en noisettes pour
l'hiver (1) sur le territoire de Flawinne. Il n'est pas concevable que les
peuplades du temps n'aient pas donné, à un endroit qu'elles habitaient ou
fréquentaient, une dénomination leur permettant de préciser, dans leurs
conversations, leurs allées et venues.
Ce nom avait certainement un sens dans la langue de ces premiers
habitants. Mais nous ignorons tout de cette langue, qui a disparu quand
de nouvelles peuplades prirent la place de ces premiers habitants. Mais
les noms de lieux se conservèrent, bien que les nouveaux venus n'en
connurent pas ou en oublièrent la signification. Il est donc vain de
rechercher cette signification dans la nuit des temps. Cette remarque
s'applique vraisemblablement aussi à d'autres noms de lieux flawinnois,
comme Ronet, Jaumaux et peut-être la Leuchère.
La fixité du nom de Flawinne s'explique par l'isolement
géographique du village primitif. Jusqu'à l'établissement, à la fin du
XVIIe siècle, de la grande chaussée de Namur à Nivelles, au long de
laquelle Belgrade ne tarda pas à se former, Flawinne n'avait, pour ses
communications avec Namur, qu'un mauvais sentier, aujourd'hui
transformé en belles et larges routes, sauf dans sa partie caractéristique,
la descente raide entre La Haube et Salzinnes-les-Moulins. Vers Suarlée
et Floriffoux, il n'y avait que des sentiers dans les bois, comme
aujourd'hui encore. Et, au sud, la Sambre formait une barrière entre le
village et Malonne.
(1) Les noisettes constituaient en partie les provisions que les peuplades
anciennes faisaient pour la mauvaise saison. On sait que si, dans le pays wallon,
les hommes primitifs se mettaient en sûreté dans des cavernes naturelles ou
creusées par eux, dans la Basse-Belgique, où la roche est absente du sol, ils se
bâtissaient sur pilotis, au milieu des pièces d'eau, des huttes inaccessibles donc
aux bêtes féroces. Or, dans le quartier malinois du Neckerspoel, des travaux de
terrassement ont fait découvrir sous les alluvions qui ont comblé un ancien
étang, entre les restes des pilotis, une couche de coquilles de noisettes. Ce fait
établi que les habitants de cette cité lacustre se nourrissaient, l'hiver, de ce fruit
facile à conserver et toujours abondant dans nos bois et nos forêts.
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Le vieux Flawinne ne comprenait guère que le quartier avoisinant
l'église. Ses habitants devaient vivre entre eux du produit de leurs
cultures et de leur élevage. Le sol, schisteux et caillouteux, était de
maigre rapport. On n'avait rien à envoyer au marché de Namur. Les
jardins actuels ne sont devenus fertiles que grâce aux améliorations
apportées à cette terre, pendant des siècles de culture, de fumure et
d'enlèvement des cailloux.
Et cet isolement géographique explique le fait que le village de
Flawinne ne fut pas rattaché à la division administrative dont Namur,
bien proche cependant, était le centre. Flawinne faisait partie du baillage
(2) de Fleurus. Cependant, ainsi que l'établit un document du Conseil
provincial de Namur, en date de 1697, Ronet faisait partie de la mairie
de Namur (3). Il est même dit dans ce texte que « Ronet s'étend sur les
deux côtés de la Sambre ». On peut croire que le quartier actuel des
« Balances », de Namur, faisait partie de Ronet.
En raison de cette situation administrative, Ronet eut sous l'ancien
régime un statut distinct de celui de Flawinne, une « Cour foncière »
disait-on à l'époque.
(2) Le baillage, à la tête duquel se trouvait un fonctionnaire, souvent membre de
la noblesse, le bailli, correspondait vaguement à notre actuel arrondissement
administratif.
(3) Quand le chef-lieu était une ville importante, le baillage prenait le nom de
« mairie ».
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