Incidence et mortalité du cancer de prostate en France

Le cancer de la prostate est devenu, par sa fréquence et la mortali-
té qui lui est associée, un problème de santé publique en France [1].
Les pratiques ont fortement évolué ces dernières années sur le plan
diagnostique, avec la généralisation du dosage du PSA et la biopsie
transrectale échoguidée, mais aussi sur le plan thérapeutique [2].
Alors que la question de l'intérêt d'un dépistage de masse du cancer
de prostate est posée [3], de nombreux points restent actuellement
mal connus concernant l'histoire naturelle de ce cancer, les qualités
diagnostiques du dosage du PSA ou encore le traitement optimal
des cas, rendant contradictoires les recommandations émises
concernant le dépistage [4-6].
Les registres départementaux de cancers fournissent des données de
population concernant l'incidence des cancers en France depuis plu-
sieurs années, et sont à ce titre bien placés pour observer d'éven-
tuelles variations et tenter de les expliquer.
L'objectif de ce travail est de mettre en évidence les variations d'in-
cidence et de mortalité du cancer de prostate en France dans les 20
dernières années, période pendant laquelle l'évolution a été majeu-
re, et de faire un état des lieux pour l'année 2000.
MATERIEL ET METHODES
En enregistrant de façon systématique l'ensemble des cas de cancer
sur un territoire donné, les registres de population permettent de
mesurer l’incidence du cancer sur les départements couverts. La
France ne disposant pas d’un enregistrement national, une modéli-
sation doit être réalisée pour obtenir une estimation de l’incidence
pour l’ensemble du pays. Plusieurs estimations de ce type ont été
réalisées dans le passé. Les méthodes sont toutes basées sur la
modélisation du rapport “nombre de cas/nombre de décès” observé
dans les départements où existe un registre des cancers, rapport
constituant une mesure de la survie liée au cancer. L’application de
ce modèle aux départements où seule la mortalité est connue per-
met de calculer le nombre de cas attendus dans les régions où il n’y
a pas de registre. Les bases mathématiques de ce modèle ont été
exposées de façon détaillée dans un article paru récemment [7]. Par
rapport aux méthodes antérieures celle-ci présentait l’avantage d’ê-
tre basée sur l’année de naissance des sujets. Ceci permettait d’ob-
tenir un calcul de l’incidence pour chaque cohorte de naissance,
donnant ainsi une représentation plus exacte de l’évolution du
risque pour un même individu au cours de sa vie. Une des hypo-
thèses fortes de ce modèle reste que la survie moyenne observée
dans les registres est représentative de la survie moyenne que l’on
observerait sur l’ensemble de la France.
Les données d’incidence provenaient des 9 registres de cancer
recensant systématiquement les tumeurs urologiques (Calvados,
Doubs, Hérault, Isère, Manche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Somme et
Tarn), les périodes couvertes variant avec l’ancienneté des registres.
ARTICLE ORIGINAL Progrès en Urologie (2003), 13, 1334-1339
Incidence et mortalité du cancer de prostate en France :
tendances évolutives entre 1978 et 2000
Eric BAUVIN (1, 2), Laurent REMONTET (3), Pascale GROSCLAUDE (1, 2), le réseau FRANCIM (4) , le CépiDc (5)
(1) Registre des cancers du Tarn, Albi, France, (2) INSERM U558, Toulouse, France,
(3) Service de Biostatistique, CHU Lyon-Sud, Pierre Bénite, France,
(4) Réseau Français des Registres de Cancer, Faculté de Médecine de Purpan, Toulouse, France, (5) INSERM, CépiDc, France
RESUME
Objectif : Décrire les tendances évolutives de l'incidence et de la mortalité du cancer de la prostate en France
depuis 20 ans.
Matériel et Méthodes : Les données d’incidence provenaient des 9 registres de cancer recensant systématique-
ment les tumeurs urologiques. Les données de mortalité ont étés fournies par le service commun de l’Inserm trai-
tant les certificats de décès (CépiDc).
Résultats : En France en 2000, il y avait 40 309 nouveaux cas de cancer de prostate et 10 004 décès. Le risque
net d'être atteint d'un cancer de prostate avant 75 ans pour les patients nés en 1943 a été multiplié par 3 par rap-
port à ceux nés en 1928, alors que le risque d'en mourir diminuait légèrement. Le taux standardisé d'incidence
était 3 fois plus élevé en 2000 qu'en 1980, le taux de mortalité est stable ou en baisse depuis 1990. Des compa-
raisons entre départements et entre pays européens sont présentées.
Conclusion : Bien que l'incidence du cancer de prostate continue d'augmenter en France, la mortalité qui lui est
associée est en légère baisse. Les études en population sont cependant insuffisantes pour attribuer cette baisse au
seul dépistage.
Mots clés : Cancer de prostate, regostre de cancer, incidence, mortalité.
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Manuscrit reçu : septembre 2003, accepté : novembre 2003
Adresse pour correspondance : Dr. E. Bauvin, Service d’Epidémiologie/InsermU558,
Faculté de Médecine de Purpan, 37, allées Jules Guesde, 31073 Toulouse Cedex
Ref : BAUVIN E., REMONTET L., GROSCLAUDE P., Prog. Urol., 2003, 13, 1334-1339.
Les données de mortalité ont été fournies par le service commun de
l’Inserm traitant les certificats de décès (CepiDC). Tous les décès
dont la cause principale était un cancer de la prostate survenu entre
1978 et 1997 ont été pris en compte.
RESULTATS
Incidence et mortalité en France en 2000 (Tableau I, Figure 1).
Le taux brut estimé d'incidence du cancer de prostate en 2000 en
France était de 141/100 000 habitants, alors que le taux de mortali-
té était de 35/100 000 habitants. C’est un cancer du sujet âgé, il est
exceptionnel avant 50 ans, seuls 0.3% des cas sont diagnostiqués
avant cet âge et l’âge médian est 74 ans. Le taux de mortalité aug-
mentait régulièrement avec l'âge pour atteindre un taux maximum
de 900/100 000 après 85 ans, alors que le taux d'incidence atteignait
son maximum (1200/100 000) à 80 ans, puis diminuait, correspon-
dant probablement au plus faible risque des sujets appartenant aux
cohortes les plus anciennes.
Tendances par cohorte de naissance (Tableau II, Figures 2 et 3)
Le risque de développer un cancer prostatique selon la cohorte de
naissance augmente très fortement pour les cohortes les plus jeunes.
Pour un homme né en 1928, le “risque cumulé 15-74 ans” ou
“risque net d’être atteint d’un cancer prostatique avant 75 ans” est
estimé à 7.3% et ce risque serait multiplié par 2.97 pour un homme
né en 1943 et presque par 5 pour un homme né en 1953 si la ten-
dance actuelle se poursuivait (Figure 2).
Ainsi, les hommes nés en 1928 avaient 7% de chance de dévelop-
per un cancer de prostate avant 75 ans alors que le risque n'était que
de 1.4% pour ceux nés en 1913, et qu'il sera de 36% pour les hom-
mes nés en 1953 si la tendance se confirme (Tableau II).
Al’inverse, de l’incidence, l’évolution de la mortalité par cohorte
montre une diminution du risque. En l’absence d'autres causes de
décès, pour la génération 1928, le risque cumulé de décéder d’un
cancer de la prostate est estimé à 1.25%, il était de 1.38 (1,1 fois
plus important) pour un homme né en 1913 et serait de 1,08 pour un
homme né en 1953 (Figure 2, Tableau II).
La population en 2000 se compose de personnes nées à des pério-
des différentes, et donc présentant un risque de cancer différent au
cours de leur vie. Le risque plus faible de cancer chez les patients
nés au début du 20ème siècle explique l'apparente diminution de
l'incidence en 2000 pour les âges extrêmes (Figure 3).
Evolution entre 1980 et 2000
France entière (Tableau III, Figure 4)
L’incidence du cancer prostatique a très fortement augmenté au
cours des deux dernières décennies. Entre 1978 et 2000, l’augmen-
tation annuelle moyenne du taux est de 5,33% par an. Le nombre de
nouveaux cas diagnostiqués était de 10 856 en 1980 et atteindrait 40
309 en 2000. Cette augmentation n’est pas régulière, mais s’accélè-
re dans la période récente. Les taux de mortalité sont pratiquement
les mêmes qu’en 1980. On a noté une légère augmentation jusque
vers 1995, mais depuis on observe une diminution. Sous l’effet du
vieillissement de la population, le nombre de décès est passé de 6
979 en 1980 à 10 004 en 2000.
Comparaisons entre départements (Figure 5 et 6)
L’incidence du cancer prostatique était relativement homogène dans
les différents départements dans la période 1978-82. Dans la décen-
nie suivante, de fortes disparités sont apparues car une augmenta-
tion très forte a été observée dans certains départements (Tarn et
dans une moindre mesure Calvados). Ces disparités ont pratique-
ment disparu actuellement car l’incidence a eu tendance à se stabi-
liser dans les zones où elle avait beaucoup augmenté, et à augmen-
ter dans les zones où elle était encore basse. Il n’existe pas de paral-
lélisme entre la mortalité et l’incidence, ni au niveau géographique
ni en termes d’évolution. La mortalité est stable voire en légère
diminution dans tous les départements.
Comparaisons avec les taux européens (Figure 7)
Au niveau européen l’observation la plus notable est la faible inci-
dence mesurée au Danemark. La France (estimations 1995) se situe
dans des valeurs moyennes. Les taux de mortalité sont beaucoup
plus homogènes d'un pays à l'autre.
DISCUSSION
Avec un peu plus de 40000 nouveaux cas estimés en 2000, le can-
cer de la prostate par sa fréquence se situe maintenant au 2ème rang
de l’ensemble des cancers et au 1er rang pour l’homme, chez qui il
représente 25% de l’ensemble des nouveaux cas [7], et cette ten-
dance devrait se maintenir en raison du vieillissement inexorable de
la population Française (Tableau IV) [8]. Le taux d’incidence stan-
dardisé sur la population mondiale est de 75.3 pour 100 000 mais le
taux de mortalité n’est que de 15.9 pour 100 000. Avec environ 10
000 décès chaque année soit 10 % de l’ensemble des décès par can-
cer, il ne se situe qu’au 2ème rang des causes de décès par cancer
chez l’homme, après le cancer du poumon et bien qu’il n’intéresse
que les hommes il est la 4ème cause de décès par cancer pour l’en-
semble de la population.
L’évolution de l’incidence du cancer de la prostate est indissociable
de l’évolution des techniques diagnostiques et en particulier de la
diffusion du dosage du PSA. L’augmentation de l’incidence a débu-
té dès le début des années 80 avec le développement de la résection
endoscopique puis de la biopsie écho-guidée. Elle a été amplifiée
avec l’apparition du PSA après 1985 [2]. La politique adoptée par
un pays vis à vis de l’utilisation du PSA et plus généralement par
rapport à la prise en charge des cancers prostatiques, retentit direc-
tement sur le taux d’incidence de ces cancers. La stratégie très
attentiste adoptée par les médecins danois explique la faible inci-
dence observée dans ce pays. Les cas diagnostiqués y sont proba-
blement plus évolués car c’est le pays où l’on observe la survie la
plus faible d’Europe de l’Ouest [9]. L’utilisation du PSA comme
test de dépistage est à l’origine du diagnostic de cas peu évolués
relevant soit d’un traitement curatif soit d’une simple surveillance
si le patient est âgé ou si le cancer est très petit (stade TNM T1a).
La difficulté à évaluer l’évolutivité de ces cancers et donc à déter-
miner si un traitement curatif (relativement agressif) est opportun,
est à l’origine des divergences d’opinion quant à l’intérêt d’un
dépistage de masse. En France, le dépistage organisé par le PSA n’a
pas été recommandé par l’ANAES en 1998 [10], mais il était en
pratique très fréquent. En 2003, le comité de cancérologie pluridis-
ciplinaire de l’Association Française d’Urologie s’est prononcé en
faveur du dépistage par le PSA et le toucher rectal : elle le recom-
mande chez les hommes de 50 à 75 ans, voire dès 45 ans en cas de
facteurs de risque [4]. Aux Etats-Unis, les résultats du SEER pro-
gram (Surveillance, Epidemiology and End Results) montrent une
augmentation majeure de l’incidence (108% entre 1986 et 1992
dans la population blanche). Cette augmentation qui s’observe dans
toutes les tranches d’âge est décalée de 2 ans dans la population
E. Bauvin et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 1334-1339
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Tableau I. Cancer de prostate, nombre estimé de cas et de décès par tranche d’âge et par sexe en France en 2000.
Age
0-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 +85 total
Incidence Nombre de cas 10 20 109 624 1646 3745 7117 9362 9154 4615 3907 40309
Taux brut* 0,1 1,0 5,3 29,8 117,6 292,0 575,1 869,1 1086,2 1196,2 1111,9 141,4
Mortalité Nombre de cas 2 4 16 64 145 361 807 1474 2195 1771 3165 10004
Taux brut* 0,0 0,2 0,8 3,0 10,4 28,2 65,2 136,9 260,5 459,2 900,9 35,1
* taux pour 100 000 habitants
Tableau II. Risques relatifs de cancer de prostate en France selon la cohorte de naissance (référence cohorte 1928).
Cohorte de naissance
1913 1918 1923 1928 1933 1938 1943 1948 1953
Incidence Risque relatif 0,4 0,5 0,7 1,0 1,4 2,1 3,0 4,0 4,9
Taux cumulé* 3,1 4,0 5,2 7,3 10,3 15,0 21,8 29,0 35,9
Mortalité Risque relatif 1,1 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 0,9 0,9 0,9
Taux cumulé* 1,4 1,3 1,3 1,3 1,2 1,2 1,2 1,2 1,1
* taux cumulé entre 15-74 ans (en %)
Tableau III. Cancer de prostate, évolution du nombre estimé de cas et de décès en France selon l’année.
Année
1980 1985 1990 1995 2000
Incidence Nombre de cas 10856 14132 19499 27513 40309
Taux standardisé* 25,3 31,6 41,3 54,4 75,3
Mortalité Nombre de cas 6979 7852 8790 9575 10004
Taux standardisé* 15,7 16,1 16,3 16,1 15,9
* Standardisation sur l’âge (population mondiale de référence), taux pour 100 000 habitants par an.
Tableau IV. Vieillissement de la population Française entre 1990 et
2020 (prévisions), effectifs (en millions) par classe d’âge (et pourcen-
tage de la population totale).
Age 1990 1999 2020
45-74 ans 16 (28%) 19 (32%) 24 (37%)
75 ans et plus 4 (7%) 5 (8%) 6 (10%)
Total 45 ans et plus 20 (35%) 24 (40%) 30 (47%)
Figure 1. Taux* d'incidence et de mortalité par âge du cancer de pro-
state en France en l'an 2000.
Figure 2. Incidence et mortalité du cancer de prostate en France,
évolution du Risque Relatif (RR) en fonction de l'année de naissan-
ce.
E. Bauvin et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 1334-1339
noire. Après 1992 l’incidence a chuté brusquement, de façon très
nette chez les plus de 75 ans, moins fortement dans la tranche d’âge
65-74 ans et assez peu chez les moins de 65 ans [11]. La même obs-
ervation est faite au Canada [12]. Pour la France, nos résultats mon-
trent aussi une très forte augmentation. Ils ne laissent pas apparaît-
re de diminution pour la période la plus récente lorsque l’on regrou-
pe les résultats par période de 5 ans. Toutefois une étude sur l’inci-
dence dans les registres français par années montre un infléchisse-
ment de l’augmentation entre 1993 et 1995 [13]. Ce phénomène,
qui n’est pas encore très net, pourrait être dû, soit à la fin du recru-
tement des cas prévalents dans la population faisant le dépistage,
soit au débat persistant quant à l’intérêt de celui-ci. Le fait que l’in-
cidence baisse moins dans les tranches d’âge les plus jeunes est un
argument en faveur de ces deux hypothèses car d’une part dans
cette tranche d’âge la population faisant le dépistage se renouvelle,
d’autre part c’est pour les sujets jeunes qu’un dépistage semble
pouvoir apporter le plus.
A la différence de l'incidence dont l'évolution sur les 20 dernières
années n'est pas homogène d'un registre à l'autre, les taux de mor-
talité par cancer de prostate évoluent dans le même sens dans tous
les départements couverts par un registre de cancer. On note une
augmentation annuelle moyenne de +0,17% des taux de mortalité
en France entre 1980 et 2000, mais CHIRPAZ a montré que les taux
de mortalité avaient diminué sur la période récente de 3.3% par an
dans 5 départements français entre 1990 et 1996 [13]. Cette dimi-
nution des taux de mortalité n'est pas spécifique à la France : au
Canada, la diminution des taux de mortalité a débuté en 1991, et
une baisse de près de 18% a été constatée entre 1994 et 1997 [14].
1337
Figure 6. Taux de mortalité observé du cancer de prostate en Fran-
ce, évolution par département.
Figure 3. Incidence du cancer de prostate en France, courbes longi-
tudinales pour chaque cohorte de naissance en fonction de l'âge,
incidence transversale pour l’année 2000 en fonction de l'âge.
Figure 4. Incidence et mortalité du cancer de prostate France entiè-
re, tendance évolutive entre 1980 et 2000.
Figure 5. Taux* d'incidence observé du cancer de prostate en Fran-
ce, évolution par département.
Figure 7. I ncidence* et mortalité* du cancer de prostate, comparai-
sons européennes pour l'année 1995.
E. Bauvin et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 1334-1339
En Angleterre, c'est en 1992 qu'a été atteint le pic de mortalité [15],
alors qu'en Espagne le pic de mortalité ne semble pas avoir été
atteint [16]. Aux Etats-Unis, les données du programme SEER ont
permis de mettre en évidence un déclin des taux de mortalité dès
1991 parmi la population blanche alors que dans la population noire
la mortalité n'a diminué qu'à partir de 1993 [17]. Plusieurs raisons
ont été avancées pour expliquer cette diminution dans les pays
développés comme des facteurs alimentaires [18] ou environne-
mentaux [19], mais le principal effet semble être lié aux progrès
thérapeutiques et au dépistage individuel par le PSA. A l'heure
actuelle, on ne dispose que de données populationnelles pour déter-
miner la part de chacun de ces facteurs dans la baisse récente de la
mortalité. OLIVER a montré que la diminution de la mortalité obser-
vée en Angleterre, pays où le dépistage est peu répandu était simi-
laire à celle observée aux USA [15] où le dépistage est plus large-
ment répandu, ce qui tendrait à limiter la part du dépistage dans la
baisse de la mortalité. Pour PERRON, on ne peut pas attribuer la
diminution de la mortalité au Canada aux effets du dépistage [20],
mai plus récemment, FEUER [17] et CHU [21] ont montré que la bais-
se de la mortalité pouvait être en grande partie portée au crédit de
l'avance au diagnostic apportée par l'utilisation du PSA.
Dans tous les cas, seuls les essais randomisés multicentriques de
grande ampleur actuellement en cours aux USA et en Europe [22]
pourront tenter d'estimer la part de l'usage intensif du PSA dans la
baisse récente de la mortalité liée au cancer de prostate, mais les
premiers résultats ne sont pas attendus avant 2005 voire 2008 [23].
CONCLUSION
Le cancer de prostate est un cancer en augmentation constante en
France sur les 20 dernières années alors que la mortalité a com-
mencé à diminuer sur la période récente. Les études en popula-
tion générale permettent d'en mesurer les variations, mais pas
d'en connaître la cause (dépistage, amélioration des traitements
…). Les études randomisées sur une grande échelle portant sur le
dépistage devraient apporter un élément de réponse. Cependant,
beaucoup de nouveau cas de cancers pour un nombre plus modé-
ré de décès signifie un nombre important de personnes malades
nécessitant des soins et une surveillance prolongée. Or, nous
manquons d'informations sur ces pratiques de soins et sur le poids
économique de ces malades pour mesurer l'ampleur du problème
posé. Les études en population générale peuvent amener ce type
d'information.
Collaborations : Ce travail à été réalisé grâce aux données collec-
tées par les registres membre du réseau Français des registres de
Cancer (Francim) et le CépiDc qui recense les causes de Décès
Membres du groupe de travail urologie : J. Estève (Service de Bio-
statistiques Lyon-Sud), F. Menegoz (Registre des cancers de l’Isè-
re), B. Tretarre (Registre des cancers de l’Hérault), AV. Guizard
(Registre des cancers de la Manche), J. Macé-Lesec’h ( Registre
des cancers du Calvados), J. Peng (Registre des cancers de la
Somme ), A. Buémi (Registre des cancers du Haut-Rhin), M. Velten
(Registre des cancers du Bas-Rhin), E. Jougla (INSERM, CépiDc),
P. Arveux (Registre des cancers du Doubs), E. Michel (INSERM,
CépiDc)
Remerciements : Cette étude a été financée par l'ARC.
Nous voulons dédier cet article à la mémoire de Paul Schaffer,
pionnier du réseau, sans qui ce travail n'aurait pu se faire.
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Incidence et mortalité du cancer de prostate en France

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