université Paul Sabatier M a g a z i n e s c i e n t i f i q u e - n u m é r o juin 2004 1 Dossiers : La planétologie Nutrition et Obésité Université Paul Sabatier 118, route de Na rbonne - 31062 Toulouse cedex 4 www.ups-tlse.fr édito SCoM - Daniel Grenouillet L’Université Paul Sabatier… …a décidé de se doter d’un magazine scientifique pour mieux faire connaître ses équipes de recherche et ses centres d’excellence ainsi que pour valoriser les activités de recherche réalisées en son sein et contribuer ainsi à la diffusion de la culture scientifique. En effet, d’une part, beaucoup de recherches de qualité sont menées dans le cadre de laboratoires de l’Université et il est indispensable que la place importante occupée par l’Université, à coté des organismes de recherche, soit mieux connue et mieux reconnue ; d’autre part, il n’est pas suffisant, aujourd’hui, de réaliser des recherches de qualité, connues des seuls spécialistes, pour justifier leur existence et leur financement. Il faut donc expliquer aux décideurs privés et publics ainsi qu’au public et à notre grande et MAGAZINE UPS N° 1- JUIN 2004 Illustration de couverture : Descente de la sonde Huygens sur la surface de Saturne (vue d’artiste, ESA) diverse communauté scientifique, la richesse et l’excellence de notre activité de recherche. Nous avons aussi l’ambition que cette publication puisse aussi servir de trait d’union entre les différents acteurs de la recherche à l’UPS et favoriser ainsi la transdisciplinarité. Les deux dossiers qui sont présentés dans ce premier numéro montrent à la fois la richesse thématique de notre Université et la possibilité, aussi, d’aborder des domaines pluridisciplinaires. Le dossier, « la Planétologie », est un thème d’actualité en 2004 avec Directeur de la publication : Jean-François Sautereau Rédacteur en chef : Daniel Guedalia Assistant de rédaction : François Carbonnel Ont participé à ce numéro : Coordination dossiers scientifiques : Planétologie : Sylvestre Maurice Nutrition et obésité : Louis Casteilla Conception graphique et impression Ogham-Delort : 05 62 71 35 35 n°6295 les récentes missions sur Mars et aussi avec le lancement réussi de la mission Rosetta pour l’étude des comètes ; le dossier « Nutrition et obésité » permet de faire le point sur la connaissance scientifique sur ce qui est devenu un sujet de société dans les pays développés. Par ailleurs, le titre de la revue marque notre attachement au Scientifique Paul Sabatier, prix Nobel de chimie, dont l’année, 2004, correspond au 150e anniversaire de sa naissance ; ce titre a été choisi parce qu’il est simple, connu, prestigieux et qu’il nous rassemble. Je souhaite à cette revue une longue vie et un très grand succès que vous, mes chères et chers Collègues, vous méritez. dépôt légal : juin 2004 Jean-François SAUTEREAU Président de l’Université sommaire Dossier Planétologie << page 4 >> Les métiers techniques de la recherche << page 10 Du côté des doctorants page 12 >> La vie des laboratoires > Distinctions > Résultats marquants << page 14 Dossier Nutrition et Obésité << page 16 >> Si vous connaissez des personnes qui souhaitent recevoir ce magazine, vous pouvez le signaler en écrivant à : [email protected] dOSSIER Planétologie Les enjeux de la planétologie La planétologie est un champ de recherche interdisciplinaire en pleine expansion. Le développement des moyens spatiaux à la fin du XXe siècle a permis d’envoyer des sondes interplanétaires vers presque toutes les planètes du système solaire, de survoler comètes et astéroïdes et d’approcher les frontières qui séparent le système solaire du milieu interstellaire. Au tournant du siècle, le champ d’action de la planétologie s’est encore élargi, avec la découverte des premières planètes extra-solaires : on en connaît plus de cent vingt aujourd’hui, réparties dans un grand nombre de systèmes planétaires. La planétologie peut donc être définie aujourd’hui, comme l’étude des systèmes planétaires, des objets qui les composent, >>> Michel BLANC, astronome de l’OMP/UPS, planétologue au CESR. de leur origine, de leur formation, de leur évolution. On peut distinguer plusieurs grands axes de recherche : Les systèmes planétaires : Les planètes telluriques : origine, formation, évolution formation et évolution Comment ont-ils émergé à partir des nuages moléculaires géants du milieu interstellaire ? Comment se sont-ils structurés en objets de types différents (planètes géantes, planètes telluriques, petits corps, anneaux de gaz et de poussières, etc.) ? L’objet de référence de cette réflexion est bien sûr notre système solaire, dont le scénario de formation est progressivement mieux cerné. Est-il un « cas moyen » de système planétaire, ou au contraire une singularité ? Les petits corps du système solaire, comètes et astéroïdes, sont des témoins précieux des conditions qui régnaient à l’époque de la formation des planètes, tout comme les systèmes des planètes géantes. page 4 Les planètes du système solaire interne (Mercure, Vénus et Mars) sont des objets « rocheux » comme la Terre, formés à partir des matériaux les plus réfractaires de la nébuleuse pré-solaire et de compositions chimiques initiales relativement proches. Comment ont-elles suivi des évolutions divergentes pour aboutir aux planètes si différentes que nous observons aujourd’hui ? C’est le questionnement central de la « planétologie comparée », qui fait appel à l’ensemble des sciences de la Terre et de l’environnement. L’objet de référence de cette réflexion, parce que le plus proche de la Terre et sans nul doute le plus fascinant, est Mars, cible d’un vaste programme d’exploration impliquant les principales agences spatiales. Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 La vie dans le système solaire et au delà : C’est le thème d’une nouvelle discipline, l’exobiologie (ou astrobiologie), qui s’interroge sur l’origine de la Vie sur Terre mais aussi sur la possibilité de son émergence en d’autres lieux. Dans le système solaire, ce questionnement amène sur la piste des noyaux cométaires, composés en partie sans doute de matière organique complexe synthétisée dans le milieu interstellaire, qui ont pu « ensemencer » les environnements planétaires primitifs au début de l’histoire du système solaire. Il nous dirige à nouveau vers Mars, qui a peut-être offert au début de son histoire des conditions propices à l’émergence de la Vie et, plus loin, vers Europe et Titan, satellites des planètes géantes. >>> Le système solaire (Illustration NASA) Contact : [email protected] Planétologie dOSSIER Les recherches en planétologie à l’UPS >>> Sylvestre MAURICE, Astronome-adjoint à l’OMP/UPS, planétologue au CESR L’étude des corps du Système Solaire repose sur les moyens d’observation à distance des astronomes, mais aussi sur les techniques d’observation in situ de la physique des plasmas et des sciences de la Terre. Ainsi pour le succès d’un projet de planétologie, il faut rassembler un ensemble d’expertises scientifiques, les « savoirs », et une variété de compétences techniques, les « savoir-faire », qui peuvent avoir des origines bien différentes. Les articles qui suivent présentent les « savoirs » propres à l’UPS, qu’ils viennent de l’astronomie ou des sciences de la Terre. Le but n’est pas de vouloir tout faire mais de se concentrer sur certaines thématiques qui sont nées d’opportunités et d’une politique de formation et de recrutement. Quant aux « savoir-faire », à Toulouse comme ailleurs, il est souhaitable de développer l’ensemble des compétences techniques qui permettent d’être des acteurs de premier plan d’un grand projet de planétologie. Contact : [email protected] >>> Le Pôle de planétologie de l’UPS Ces différentes contributions sont menées soit simultanément, soit séquentiellement. L’interprétation scientifique est la finalité naturelle de tous les efforts. L’ensemble des activités s’articule le plus souvent autour d’un projet spatial des agences nationales et internationales (CNES, ESA, NASA, etc.). Le potentiel de l’UPS A Toulouse, les projets de planétologie résultent de nombreuses thématiques : Géophysique planétaire interne (géodésie, convection, oscillations des géantes) ; Surfaces planétaires (composition chimique et minéralogique, géomorphologie et photométrie, pétrographie, champs magnétiques, analyses en laboratoire) ; Géophysique planétaire externe (atmosphères denses, ionosphères, magnétosphères, physique des plasmas, expériences de laboratoire) ; Origines (enveloppes cométaires, glaces, gravité des astéroïdes, exo-planètes). Ces activités sont portées par une trentaine de chercheurs (pour un équivalent-plein-temps ~15) et une vingtaine d’ingénieurs et techniciens (pour un équivalent-plein-temps ~10). Pour favoriser les échanges et faciliter l’émergence de projets communs et l’animation transverse, quatre laboratoires : LA2T (UMR UPS/CNRS), CESR (UMR UPS/CNRS), LMTG (UMR UPS/CNRS/IRD) et LDTP (UMR UPS/CNRS), ont créé le Pôle de Planétologie de l’OMP (Observatoire Midi-Pyrénées). Il est doté de moyens particuliers (PPF, actions spécifiques des conseils scientifiques de l’OMP et de l’Université) qui lui permettent de cibler des actions scientifiques et de financer certains équipements. Cette année l’accent est mis sur Mars pour l’étude multi-satellite/multi-instrument de sa surface et de son atmosphère, mais aussi sur la Lune. page 5 dOSSIER Planétologie Environnements Planétaires >>> Instrument plasma réalisé au CESR La couronne du Soleil s’étend dans tout le Système Solaire sous pour les quatre satellites CLUSTER. forme d’un flux de particules appelé vent solaire. L’interaction du vent solaire avec les planètes et les petits corps est un extraordinaire laboratoire de physique des plasmas. Son étude représente une thématique prioritaire de la planétologie toulousaine. >>> Henri REME, Professeur à l’UPS, planétologue au CESR Contact : [email protected] Dans le cas où le champ magnétique de la planète dévie le vent solaire, une magnétosphère se crée. Dans cette immense cavité (10 à 100 fois le rayon de la planète) se développent des processus complexes de création, de transport et de perte de plasma. Ainsi autour des planètes magnétisées (Mercure, Terre, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune), plusieurs générations de satellites étudient les environnements de particules chargées et de champ magnétique. Les chercheurs du CESR ont réalisé récemment un instrument pour CLUSTER, une mission de l’ESA à quatre satellites identiques séparés par des distances ajustables, qui permet pour la première fois de séparer les variations spatiales et temporelles. Les magnétosphères des planètes géantes sont encore plus riches à étudier. Voyager 1 et 2 nous ont donné une première impression de ces environnements. Le satellite Galileo de la NASA est resté presque 10 ans autour de Jupiter pour en savoir plus. Les chercheurs toulousains ont longuement étudié les données de ces trois sondes. Forts de cette expérience, ils participent à la science de 5 sur 12 instruments de la mission Cassini (voir encadré) qui explorera pendant 4 ans le système de Saturne. Une atmosphère est un obstacle moins solide au vent solaire. La frontière qui dévie le vent solaire est dans l’atmosphère ellemême, au niveau de la partie ionisée appelée ionosphère. Ce cas donne lieu à une structure resserrée autour de l’obstacle, mais qui s’étend très loin dans la direction antisolaire. On parle dans le cas bien connu des comètes de queue de plasma et de champ magnétique. Le passage de Halley en 1986 fut l’occasion de détailler cette interaction et de mettre en évidence ses différentes frontières : choc, frontière d’empilement magnétique, ionopause grâce à l’expérience du CESR à bord de la sonde. Cette expérience a aussi permis de découvrir que des molécules organiques complexes existaient déjà dans le milieu interstellaire lorsque les comètes se sont formées il y a 4,5 milliards d’années. La mission Rosetta de l’ESA vient d’être lancée vers une comète. Il lui faudra une dizaine d’années pour arriver à bon port et produire de nouveaux résultats. Par ailleurs l’expérience MAG/ER embarquée sur le satellite Mars Global Surveyor a permis de montrer que la planète rouge, non globalement magnétisée, avait une interaction avec le vent solaire comparable à une comète. Mission Cassini/Huygens >>> La satellite Cassini/Huygens à l’approche de Saturne (vue d’artiste, NASA) CASSINI est la mission la plus ambitieuse jamais entreprise pour l’exploration du système de Saturne, sous la direction de deux agences spatiales, l’ESA et la NASA. Les objectifs scientifiques du projet sont nombreux : l’étude in situ de la magnétosphère de Saturne, le sondage à distance de son atmosphère et l’exploration de ses anneaux et de ses satellites de glace. Le plus gros de ses satellites, Titan, est un objet fascinant car il possède une atmosphère dense qui nous cache sa surface. L’orbiteur Cassini le survolera plus de 40 fois. Grâce à son radar, nous saurons ce qu’il y a sous les nuages ; on imagine que la surface est en partie couverte d’un océan d’hydrocarbures... De son côté, la sonde de descente Huygens aura à peine 3 heures de mesure pour tout nous apprendre de cette atmosphère qui ressemble à celle de la Terre à ses débuts. Parti en 1997, le couple Cassini-Huygens est en vue de Saturne. La mise en orbite aura lieu en juin 2004 et la descente de Huygens à la surface de Titan en janvier 2005. Puis l’orbiteur Cassini restera au moins 4 ans autour de Saturne. page 6 Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Planétologie dOSSIER Surfaces planétaires L’étude des surfaces est une clef en planétologie pour placer des contraintes sur les théories de formation et d’évolution des planètes et de leurs >>> Carte du champ magnétique à la surface de Mars obtenue par la mission Global Surveyor avec la participation du CESR. satellites. En effet, les surfaces intègrent au cours du temps l’histoire planétaire et les interactions avec l’environnement. La connaissance récente des surfaces de la Lune, Mars, Vénus, Mercure, et de quelques satellites des planètes géantes, quoique fragmentaire, progresse très rapidement et >>> Lionel DUSTON, Directeur de recherche CNRS, planétologie au CESR devrait s’accroître nettement dans la décennie à venir, comme le montrent les observations orbitales actuelles de Mars. L’image acquise à la fin du XXème siècle est que si la majorité des processus connus sur Terre (volcanisme, tectonique, cratérisation, érosion, écoulements…) sont partagés par les planètes telluriques, ils le sont à des degrés divers et conduisent à des résultats très différents car les environnements (atmosphère, hydrosphère, champ magnétique…) et les caractéristiques de ces planètes (taille, source d’énergie interne, distance au soleil, obliquité…) diffèrent. La confrontation des situations observées conduit à une démarche comparée >>> Patrick PINET, directeur de recherche CNRS, planétologue au LDTP >>> Régions géochimiquement et minéralogiquement homogènes de la Lune, obtenues à partir des données de Lunar Prospector et Clementine (résultats du LA2T et du LDTP) extrêmement riche qui permet de généraliser la compréhension des processus et in fine de relativiser le cas terrestre. Ces dernières années, le Pôle de Planétologie de l’OMP/UPS a été étroitement associé à l’étude détaillée de la lune par les missions américaines Clémentine et Lunar Prospector, en utilisant l’imagerie spectrale et la géochimie orbitale pour documenter la période la plus ancienne de l’histoire géologique des corps planétaires, comprendre les processus de fabrication d’une croûte planétaire et le rôle des gros impacts météoritiques. Les équipes du LDTP et du CESR sont maintenant engagées sur la mission européenne Smart-1, déjà en route vers la Lune. Dans le même temps, les équipes du Pôle de Planétologie participent à l’exploration de Mars. Elles sont présentes sur tous les fronts : à ce jour, 3 orbiteurs (Mars Global Surveyor et Mars Odyssey de la NASA, Mars Express de l’ESA) et 2 atterrisseurs mobiles américains (Spirit et Opportunity) collectent des données remarquables de physico-chimie, de minéralogie, de photogéologie et de photométrie. Des résultats spectaculaires ont été obtenus : découverte d’un champ magnétique rémanent, cartographie d’énormes concentrations d’hydrogène traceur de glace d’eau, etc. Les objectifs de ces missions sont de découvrir la paléoclimatologie martienne et d’aborder de façon comparée le rôle fondamental de l’hydrosphère et de la cryosphère d’une planète dans son évolution géologique et vis-à-vis de l’émergence d’une biosphère. L’exploration des surfaces planétaires est toujours spectaculaire. Les images à haute résolution de la glace d’Europe autour de Jupiter, des volcans de page 7 Vénus, ou de lits fluviaux asséchés sur Mars interpellent le scientifique et font rêver tous les publics. Contact : [email protected] et [email protected] >>> Découverte d’eau au pôle de la Lune, obtenue par la mission Lunar Prospector et la participation du LA2T. dOSSIER Planétologie Les météorites Petits corps et origine du Système Solaire Les systèmes planétaires se forment à partir de la contraction d’un disque de gaz et de poussières autour d’une étoile jeune. Au centre du disque, où la température est élevée, les grains s’agglomèrent et forment des « planètésimales ». Au bout de quelques millions d’années, ces objets ont atteint des centaines de kilomètres de diamètre. C’est à partir de leurs collisions que >>> Michel FESTOU, directeur de recherche CNRS, planétologue au LA2T les planètes telluriques (Mercure, Vénus, Terre, Mars) se sont formées. A l’extérieur du disque, comme il fait beaucoup plus froid, l’eau se condense et enrichie les planètésimales en glace. C’est à partir d’elles que se sont formées les planètes géantes (Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune). >>> Comète LINEAR observée par le télescope spatial Hubble. Le noyau de la comète s'est fragmenté en plusieurs morceaux. (Space Telescope Institute). Contact : [email protected] page 8 Dès que Jupiter s’est formée, la planète qui aurait dû se former entre les orbites de Mars et de Jupiter n’a pu s’agglomérer car les perturbations de Jupiter empêchaient ce processus d’aller à son terme. C’est ainsi que sont nés les astéroïdes. Enfin, au delà de l’orbite de Neptune, la densité de matière est insuffisante et les objets qui se forment sont faits de glaces et de roches. Ce sont principalement les comètes et des milliers d’objets « transneptuniens » qu’on commence à découvrir. L’étude des petits corps (astéroïdes, comètes, transneptuniens) permet donc de comprendre l’origine du Système Solaire il y a 4,56 milliards d’années. L’OMP/UPS participe au développement de cette thématique par divers moyens : spectroscopie des petits corps (LA2T), structure interne des astéroïdes (LDTP), observations télescopiques des comètes (LA2T) et analyses in situ des chevelures cométaires par notre participation aux sondes Giotto (CESR) et Rosetta (CESR, LA2T, LDTP). Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Pendant longtemps considérés comme des objets exotiques, les trois dernières décennies ont vu un développement important de l’étude des météorites en laboratoire. Des analyses pétrologiques, minéralogiques et géochimiques très poussées ont fait avancer notre compréhension de la formation du Système Solaire et ont même permis de déterminer son âge de 4,56 milliards d’années. On a appris à les classer d’après leur appartenance à des corps parents hypothétiques, notamment grâce à la mesure de leur composition isotopique en oxygène : la confrontation des études en laboratoire avec les résultats des mission humaines sur la Lune et des mission robotiques sur Mars nous ont appris que parmi les météorites recueillies sur le sol terrestre, se trouvaient des pierres de Lune et très probablement des roches martiennes! Parmi les nombreuses analyses de météorites menées au LMTG, la composition isotopique du fer par spectrométrie de masse à source à plasma a montré que la Lune avait une composition isotopique de fer plus lourde que la Terre. Pour expliquer cette observation il faut imaginer que la Lune est passée par une étape partiellement fondue, voire gazeuse, au cours de son histoire. Seul un phénomène cataclysmique, comme la collision entre deux planètes, peut fournir l’énergie nécessaire à la vaporisation partielle d’une planète. Ces résultats isotopiques sur le fer étayent donc l’idée que la Lune s’est formée à la suite d’un extraordinaire impact d’une planète sur la Terre ! Contact : Franck POITRASSON, Chargé de recherche CNRS au LMTG [email protected] Planétologie >>> Vue d’artiste de l’instrument MALIS réalisant la mesure de la composition d’une roche martienne. Des projets pour le futur… Malis A l’heure où les robots américains mettent en évidence des traces d’eau salée, il est plus que jamais nécessaire de décrire rapidement et précisément les environnements chimiques des prochaines missions mobiles à la surface de Mars. Depuis de nombreuses années, la technique LIBS (Laser Induced Breakdown Spectroscopy) a été développée en laboratoire pour l’étude de roches, sols, minerais et plastiques. Cette spectroscopie est basée sur l’émission atomique d’un plasma foré par ablation laser et excitation. Le spectre d’émission (180 – 850 nm) est caractéristique de la composition élémentaire de la cible. Comment devenir planétologue L’UPS dispose de filières de formation bien adaptées à la vision pluridisciplinaire d’un planétologue. Après une Licence scientifique, il faut préparer un Master de Sciences de l’Univers (SDU), soit dans la spécialité « Astrophysique, Sciences de l’Espace et Planétologie », soit dans la spécialité « Sciences de le Terre et des Planètes Solides ». Ensuite, la préparation d’un doctorat dans un des quatre laboratoires du Pôle de Planétologie de l’UPS, permet d’acquérir le bagage nécessaire pour poursuivre une carrière d’enseignant chercheur ou de chercheur CNRS. Le projet MALIS (Mars Analysis via Laser Induced Spectroscopy) consiste en la spatialisation d’une expérience de laboratoire éprouvée pour un budget de ressource minimal (< 5kg, < 6 W). Les atouts du concept sont : mesure à distance (jusque 12 m) sans déplacement du rover, nettoyage de la poussière à la surface des cibles, pénétration en profondeur de la cible (jusque mm), analyse rapide (~2 mn/mesure), composition élémentaire détaillée, imagerie simultanée de la cible. La meilleure opportunité de voler pour cet instrument serait de l’embarquer sur un rover martien à l’horizon 2009. MALIS est un nouveau type d’instrument, original et ambitieux. Avec l’aide du CNES, ce projet est en cours de développement dans le Pôle de Planétologie de l’OMP/UPS. Plusieurs laboratoires français, dont le CIRIMAT à l’UPS, et étrangers participent à l’aventure. dOSSIER Contact : [email protected] Neige autour de Mars Le mot NEIGE est l’acronyme de « Network Ionosphere and Geodesy Experiment », et est le sigle d’une expérience de géodésie planétaire imaginée par l’équipe de Géodésie Spatiale de l’UMR5562 « Dynamique Terrestre et Planétaire » de l’Observatoire Midi-Pyrénées, en collaboration avec l’Observatoire Royal de Belgique, dans le cadre d’une mission de science dite « de réseau » sur Mars, c’est à dire impliquant plusieurs microstations à la surface de cette planète. L’expérience NEIGE, observera l’orientation de Mars, considéré comme une gigantesque toupie, par rapport aux étoiles. On peut en effet démontrer que l’évolution temporelle de l’orientation de la toupie Mars est gouvernée par la structure interne de la planète (taille du noyau et état, solide ou liquide de celui-ci) et par les variations climatologiques à sa surface (cycle saisonnier des calottes glaciaires). Ce sont les phénomènes de précession (de période 175 000 ans), de nutations (variations métriques de l’inclinaison de l’axe de rotation) et de variation de la longueur du jour (quelques millisecondes par an). Pour cela, l’expérience NEIGE mesurera les décalages Doppler affectant deux liens radio : l’un d’un orbiteurrelais vers les micro-stations, l’autre de cet orbiteur-relais vers la Terre. Ces décalages Doppler sont en effet causés par les variations relatives des vitesses de ces mobiles par rapport aux étoiles. La précision de ces mesures est quasi-incroyable: on est capable d’estimer ces vitesses relatives, de l’ordre de plusieurs kilomètres par seconde, avec une précision de 0.05 mm/s, soit une précision de l’ordre de 10-9 … Contact : Jean-Pierre BARRIOT, Ingénieur CNES au LDTP [email protected] page 9 >>> Microstation déployée sur la surface de Mars, dans le cadre de l’expérience NEIGE (Vue d’artiste). Métiers Techniques de la Recherche Nous présentons dans cette rubrique deux entretiens avec des ingénieurs travaillant dans les laboratoires de l’Université, qui nous parlent avec passion de leurs métiers. >>> Marie-Ange DUPONT Comment avez-vous été attirée vers un métier technique de la recherche ? Lors de la préparation de mon DEA, j’ai pris goût au travail dans un laboratoire. J’ai aimé l’ambiance, la vie en équipe, le plaisir de manipuler et d’apprendre tous les jours. J’ai découvert la nécessité de qualités telles que la patience ,la rigueur, la minutie, l’obstination pour la reproductibilité des manips. Sans oublier la créativité et l’imagination pour adapter des outils qui n’existaient pas encore. Quel a été votre parcours ? J’ai eu la chance de débuter avec un jeune Professeur à Bordeaux qui créait un laboratoire de Cytologie avec pour technique principale la Microscopie Electronique (M.E.), qui était en 1967 une technique de « pointe ». Il forma une petite équipe avec un Assistant, un Chargé de Recherche CNRS et moi-même comme Collaborateur Technique. Nous étions enthousiastes et ne comptions pas notre temps. >>> Marie-Ange DUPONT, Ingénieur d’Etudes HC en Biologie de l’UPS à l’Institut d’Exploration Fonctionnelle des Génomes (IFR 109, UPS/CNRS) page 10 J’ai passé une thèse de 3e Cycle, puis je suis venue à Toulouse où j’ai enrichi mes connaissances techniques et scientifiques en collaborant avec différentes équipes et en faisant différents stages dans ma spécialité en France et à l’étranger. Quelle est votre fonction dans votre laboratoire ? Je suis responsable du Microscope électronique Jeol1200 EX. La préparation de l’échantillon est essentielle en M.E. :fixation, déshydratation ,imprégnation et inclusion dans la résine adéquate Puis il y a un long passage devant l’ultramicrotome afin d’obtenir de bonnes ultracoupes (épaisseur de 800 A°) que l’on recueille sur des grilles en Ni, Au ou Cu en fonction de l’expérience engagée (Immuno. Cytochimie, observation ), ce qui demande en moyenne une quinzaine de jours ! Votre service a évolué vers un Plateau Technique ... En effet, en 2000, à la demande de mes supérieurs hiérarchiques, j’ai été amenée à ouvrir un Plateau Technique de Microscopie Electronique, au service de l’IFR109 dont nous faisons partie. Comment se situent vos relations avec les chercheurs ? Les relations sont bonnes, mais le bémol a mettre est la place de l’ITARF au sein d’une équipe : est-il considéré a part entière avec sa spécialité ?; valorise t’on son travail ?; sa promotion estelle le reflet de son travail ?. Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Des questions qui, mal traitées, contribuent à le démotiver petit a petit. La situation actuelle de pénurie de débouchés pour les docteurs va peut être aider a prendre conscience du problème. Les jeunes docteurs n’hésitant plus a postuler sur les postes d’Ingénieur. Ce qui vous passionne le plus dans votre métier ? C’est d’avoir affaire à des équipes différentes qui ont des problématiques et du matériel variés Ce qui oblige à faire la bibliographie du sujet et donc à s’enrichir de connaissances et de savoir faire nouveaux. Les techniques de M.E. m’ont toujours intéressée ainsi que la vision qu’elles donnent de la biologie. Contact : [email protected] Métiers Techniques de la Recherche >>> Serge MOUYSSET Comment expliquez-vous votre choix vers un métier technique de la recherche ? Mes études universitaires et différents stages effectués dans des laboratoires de recherche, notamment le LGC, ont renforcé ma passion pour la création et l'innovation. De plus, j'ai toujours été attiré par l'évolution des techniques et des appareils dans tous les domaines. Quel a été votre parcours ? J’ai été recruté au CNRS en 1977. Le stockage de l'énergie solaire, les procédés électrochimiques, l’électrosynthèse organique ont été mes domaines d'activité successifs pendant une douzaine d'années. Ma formation de spécialiste en méthodes instrumentales me réoriente logiquement vers une activité plus transversale dans le Laboratoire par la création d'un petit service d'analyses centré autour d'une torche à plasma. Lorsque le Laboratoire opte pour un regroupement et une mutualisation de certaines ressources humaines et instrumentales afin de répondre aux sollicitations internes et externes, je me porte volontaire pour participer au projet de Plate-Forme en Génie des Procédés du Laboratoire, dont je suis le responsable technique. Avez-vous déjà eu une expérience de mutualisation de moyens ? Oui, j’avais déjà une expérience dans ce domaine, puisque je suis à l'origine, avec deux collègues chercheurs, du projet de Module de Haute-Technologie qui a été créé sur l'Université Paul Sabatier. Comment se situent vos relations avec les chercheurs ? Plus particulièrement spécialisé dans la Spectroscopie d'Emission, avec la torche à plasma, j'ai des contacts nombreux et permanents avec les chercheurs et les responsables de projets du Laboratoire. Vous travaillez aussi pour des entreprises extérieures ? Les contacts que je prends avec des entreprises extérieures dans le cadre de contrats sont également très enrichissants en raison de la multiplicité des interlocuteurs et de la diversité des thèmes abordés. Ma fonction de Responsable Technique de la Plate-Forme en Génie des Procédés ne correspond peut-être pas à l'image type du métier d'un Ingénieur d'Etude. Management des ressources de la Plate-Forme (équipements, personnels, espaces de travail, page 11 suivi scientifique), relations internes et externes font partie des attributions de ce poste. Il n'est donc pas toujours aisé de mener de front les différentes tâches, mais encore une fois la diversité et le côté novateur de mes activités sont particulièrement attractifs." Pouvez-vous nous rappeler les circonstances qui ont amené à l’attribution du Cristal du CNRS ? A la suite de la destruction du Laboratoire de Génie Chimique, en septembre 2001 lors de la catastrophe de l’AZF, l’investissement pour l'installation dans les nouveaux locaux et le travail fourni pour le redémarrage des activités scientifiques ont valu à l’ensemble des personnels techniques du LGC, à titre collectif, l'attribution du Cristal du C.N.R.S. >>> Serge MOUYSSET, Ingénieur d’Etudes CNRS au Laboratoire de Génie Chimique (UMR UPS/CNRS/INPT 5503). Contact : [email protected] Du côté des doctorants Les doctorants, malgré leur statut précaire, sont des acteurs importants de l’activité scientifique des laboratoires. Nous sommes allés à leur rencontre … >>> Ivane PAIRAUD >>> Ivane PAIRAUD, doctorante en 2e année au Laboratoire d’Aérologie (UMR 5560 UPS/CNRS) Quel a été le déclic pour aller vers la recherche ? Je me sens donc parfaitement intégrée dans mon équipe, tant sur le plan professionnel que personnel. Par le passé, les grands explorateurs comme Christophe Colomb faisaient rêver le monde. Aujourd’hui ce sont en grande partie les chercheurs qui occupent ce rôle. Notre vie de tous les jours est indissociable des découvertes d’hier. Petite, je me demandais déjà comment fonctionnaient les choses. C’est cette curiosité et la vision de la recherche comme un métier fait de petites et, parfois de grandes avancées, qui a d’abord orienté mon choix. En dehors de votre travail de recherche, quels autres bénéfices pouvezvous évoquer au niveau de votre formation ? Quel est votre sujet de thèse ? Ma thèse en océanographie côtière porte sur les transferts externe/interne de l’océan du point de vue de la marée, de l’énergie …Je modélise les ondes de gravité dans le Golfe de Gascogne. Etes-vous satisfaite de votre intégration dans l’ équipe de recherche ? J’ai la chance d’être dans une équipe de recherche qui est très soucieuse des conditions de travail et d’encadrement des doctorants, ainsi que de leur devenir. page 12 En fait, je ne vois pas la thèse comme une simple formation, c’est aussi une expérience professionnelle puisque le doctorant produit des savoirs et des savoirs-faire On apprend beaucoup sur soi, sur son potentiel et sur ses propres limites durant la thèse. C’est aussi une étape importante ou l’on se constitue un carnet d’adresses pour la suite. Et vos projets après la thèse ? Je souhaite m’orienter vers la recherche publique ou privée. Mon choix dépendra des opportunités et de l’intérêt des postes proposés. Toutefois, je pense de plus en plus à partir faire un post-doc à l’étranger. Je dirais qu’il est très difficile de se projeter dans le futur en Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 cette période de doutes sur la recherche en France. Vous êtes aussi responsable du CDT. Quel est le rôle de ce Collectif ? Le Collectif de Doctorants Toulousain (association loi 1901) regroupe des doctorants, des étudiants de DEA et des docteurs en situation précaire. Il existe depuis 1996 et vise à informer les jeunes chercheurs et à les représenter dans les conseils des universités et d’une manière plus générale à œuvrer pour la mise en place d’un statut du doctorant et pour faciliter l’insertion des docteurs. Le CDT est membre de la confédération des jeunes chercheurs (CJC) qui fédère 34 associations locales. La CJC est l’interlocuteur privilégié du Ministère sur la question des jeunes chercheurs et dispose d’un siège au CNESER. Contact : [email protected] Du côté des doctorants >>> Pierre-Antoine GOURRAUD Quel élément vous a attiré vers la recherche ? Plutôt que la recherche, c’est la démarche scientifique qui m’a attiré. Déjà en classes préparatoires j’avais fait un séjour à la station de génétique végétale de l’INRA qui m’avait beaucoup éclairé. Cela a certainement contribué à mon entrée à l’ENS de Lyon et de là, j’ai continué à me frotter de près à la recherche dans de nombreux stages. C’est capital pour bien choisir un sujet de thèse et son encadrement. Quel est votre sujet de thèse ? >>> Pierre-Antoine GOURRAUD, doctorant en 2e année dans l’unité INSERM 558 «Epidémiologie et analyses en santé publique» Ma thèse s’intitule «Utilisation d’analyses génétiques dans l’organisation de la filière de la transplantation en cellules souches hématopoïétiques». L’idée est vraiment d’articuler des connaissances en génétique des populations avec leurs conséquences envisageables en santé publique. Je m’explique, l’indication thérapeutique des leucémies et d’un bon nombre de désordres hématologiques malins est la transplantation en cellules souches hématopoïétiques ou greffe de moelle osseuse. On la pratique exclusivement du vivant du donneur. Quand il n’y a pas de donneurs compatibles au niveau des gènes dits « HLA » dans la famille, on en recherche un sur des registres de volontaires. Je montre qu’on peut avoir un point de vue sur la constitution de ces registres en faisant de la génétique et imaginer des moyens d’améliorer l’efficacité du recrutement des donneurs. Etes-vous satisfait de votre intégration dans l’ équipe de recherche ? Quand on choisit un labo, c’est pour le meilleur et pour le pire…J’ai la chance d’avoir les possibilités de prendre des initiatives. Mon directeur de thèse n’hésite pas à me proposer de participer à des congres internationaux. Il y a des difficultés «structurelles» comme on dit, j’essaie de les prendre comme autant de chances d’être plus attentif à chacun. Que seraient mes soi-disant qualités «scientifiques», si celles-ci sont constamment limitées par des problèmes humains ou matériels? Avez-vous aussi de l’enseignement à faire à l’UPS ? Avec le monitorat, je plonge dans l’enseignement de l’autre coté des amphis, je joue sur ma jeunesse pour dynamiser mon auditoire. page 13 Ca prend un temps fou à préparer. On se sent parfois un peu seul face aux étudiants mais c’est passionnant ! Et vos projets après la thèse ? Ah oui! Le contexte actuel, devrait me rendre pessimiste au possible … Je le suis. Surtout parce que je ne vois pas bien comment notre communauté acceptera les nécessaires changements des réformes auxquels nos difficultés journalières devraient nous faire aspirer. Lors de ma première année de thèse j’ai séjourné en Angleterre et au Japon en tant qu’invité (avec l’aide d’une bourse ATUPS de notre Université) C’était intéressant et très productif. De même qu’en participant à des congrès, j’ai vraiment eu la chance de mesurer les qualités de notre formation et en même temps les limites de leurs déploiements. Contact : [email protected] distinctions Vie des Laboratoires Médaillés de Bronze du CNRS Deux médailles de bronze du CNRS sont venues récompenser en 2003 les travaux de deux jeunes chercheurs affectés à des laboratoires de l’Université Paul Sabatier. Sébastien CHEVROT >>> Sébastien CHEVROT, Chargé de recherche CNRS Laboratoire « Dynamique Terrestre et Planétaire » (UMR CNRS/UPS 5562) Sébastien Chevrot intégre le CNRS en 2000, après un post-doc au M.I.T. S’appuyant sur sa formation en physique et en traitement du signal, ce jeune géophysicien s’attaque à l’analyse de la propagation des ondes sismiques dans la Terre. « Les discontinuités sismiques du manteau constituent des thermomètres naturels, ce qui explique leur rôle fondamental dans l’étude de la structure interne de la Terre », raconte S. Chevrot. En analysant les ondes converties, il a montré que les estimations antérieures Didier BARRET >>> Didier BARRET, Chargé de recherche CNRS Centre d’Etudes Spatiales du Rayonnement Didier Barret a préparé le DEA d’Astrophysique de Toulouse, dont il sort major. Après un passage en post-doc il entre au CNRS en 1997, au CESR, Département de Hautes Energies. Il s’intéresse aux binaires X, objets stellaires composés d’une étoile à neutrons ou d’un trou noir et d’une étoile compagnon de type solaire. Dans ces systèmes, la matière arrachée au compagnon chute vers l’astre compact dans un disque d’accrétion. Grâce aux observations du rayonnement X, de la topographie de ces discontinuités étaient 2 à 3 fois supérieures à la réalité. Aimant travailler sur plusieurs thèmes, Sébastien Chevrot a également développé des méthodes d’analyse de la biréfringence des ondes de cisaillement, qui permettent de remonter à l’anisotropie sismique des roches du manteau terrestre. Une avancée dans le domaine de l’imagerie anisotrope haute résolution. Contact : [email protected] il a montré que les binaires X avec une étoile à neutrons ou un trou noir partageaient des nombreuses similarités. « Leurs champs gravitationnels sont similaires et les propriétés observées sont celles du disque d’accrétion » nous rappele D. Barret. Outre ses travaux d’observation et de modélisation, ce jeune chercheur développe de nouveaux détecteurs pour l’astronomie X. Contact : [email protected] (UMR CNRS/UPS 5187) >> Shéma d’un Trou Noir (vue d’artiste) page 14 Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Vie des Laboratoires résultats marquants A la recherche des premières étoiles Une équipe du Laboratoire d’Astrophysique (UMR 5572 CNRS/UOPS) composée de Roser Pello (astronome-adjoint), Jean-François Leborgne (astronome), Daniel Schaerer (CR CNRS, actuellement détaché à l’Observatoire de Genève), Johan Richard (doctorant), et Jean-Paul Kneib (CR CNRS, actuellement détaché au Caltech) a battu un record mondial en découvrant la galaxie la plus éloignée connue à ce jour. Elle s’appelle Abell 1835 IR1916, et se trouve à environ 13,23 milliards d’années-lumière de la Terre. Grâce au VLT, le télescope dont dispose l’European Southern Observatory (ESO) à Paranal (Chili), cette galaxie a été observée à une époque où l’Univers n’était âgé que de 470 millions d’années, soit à peine 3% de son âge actuel. Cette découverte remarquable illustre le potentiel des puissants télescopes terrestres dans le domaine du proche infrarouge pour l’exploration de l’Univers primordial. En effet, à la manière des paléontologues qui s’intéressent au passé en fouillant la Terre, les astrophysiciens tentent de scruter toujours plus loin dans l’Univers. La quête ultime: trouver étoiles et galaxies qui se seraient formées juste après le Big Bang, qui a eu lieu il y a environ 13.7 milliards d’années. L’équipe toulousaine a justement réussi cette percée, en utilisant ISAAC, un instrument infrarouge très sensible du VLT ainsi que des effets d’amplification gravitationnelle. Dans ce phénomène, prédit par la théorie de la relativité d’Einstein, des amas de galaxies, par leur masse gravitationnelle, infléchissent le trajet de la lumière et, comme une loupe, amplifient la lumière des objets lointains situés derrière eux. Ce qui permet ainsi aux astronomes de voir ces derniers. Dans le cas de cette nouvelle galaxie, la lumière a été amplifiée de 25 à 100 fois. Nous avons interrogé R. Pello sur les attendus de cette découverte.. Comment peut-on découvrir une galaxie si lointaine ? Publication : Pello, R., Schaerer, D., Richard, J., Le Borgne, J.-F., & Kneib, J.-P. 2004,. "ISAAC/VLT observations of a lensed galaxy at z = 10.0". Astronomy & Astrophysics 416, L35 Contact : [email protected] Nous sommes parvenus à déterminer le « décalage vers le rouge » (redshift) pour une galaxie fortement amplifiée par un amas de galaxies. A cause de l’expansion de l’Univers, les galaxies semblent s’éloigner les uns des autres à des vitesses croissantes en fonction de leur distance. Plus un objet est éloigné de nous, plus son « redshift » est important. Nous ne voyons pas les objets tels qu’ils sont, mais tels qu’ils étaient au moment où les photons ont été émis. Nous avons déterminé le « redshift » de l’objet, d’abord grossièrement, en utilisant sa distribution spectrale en énergie photométrique, et nous l’avons confirmé ensuite par une mesure précise de la position d’une raie, la raie Lyman alpha. Le «redshift», symbolisé par un chiffre, est donc d’autant plus grand que l’objet est éloigné et jeune par rapport à l’observateur. page 15 Roser PELLO Astronome-adjoint au Laboratoire d’Astrophysique (UMR UPS/CNRS), OMP. Et quel est ce chiffre dans le cas de votre découverte ? Dans notre cas, le «redshift» est aussi grand que 10. Par comparaison, celui de la galaxie dont la découverte a été annoncée à Seattle le 16 février dernier, se situe entre 6,6 et 7,1. Quels enseignements peuvent être déduits, suite à ce record ? Les astronomes ont pu déduire de leur travaux que cette galaxie vivrait actuellement une période intense de formation d’étoiles. Réunies, celles-ci seraient environ 10000 fois moins massives que notre galaxie dans son entier, la Voie lactée. Autrement dit, les astronomes assistent à la naissance d’une des briques impliquées dans la formation des grandes galaxies. En effet, selon les théories actuelles, celles-ci se seraient formées par accrétion de plusieurs de ces briques primitives de jeunes et petites galaxies. Et ces résultats vont exactement dans ce sens. dossier Nutrition et Obésité page 16 L’obésité, une épidémie des temps modernes Depuis 1998, l’obésité est reconnue par l’OMS comme une épidémie, principalement dans les pays industrialisés mais, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, également dans les pays en voie de développement. En France, sur 48 millions de personnes de 15 ans et plus, les résultats de l’enquête ObEpi 2003 montrent que 42 % sont obèses ou en surpoids. Cette progression qui représente un gain moyen de 1,7 kg en 6 ans touche, certes à des niveaux différents, toutes les tranches d’âge, les classes sociales et les régions. Si l’obésité n’est pas en soit une pathologie, les conséquences directes, même des formes modérées de l’obésité, sont une augmentation des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires tels que le diabète, l’hypertension artérielle et l’excès de cholestérol. Comprendre les mécanismes à la base des anomalies associées au développement de l’obésité représente donc un enjeu majeur de santé publique. Des mécanismes d’ordre différents sociaux, psychologiques, génétiques et biologiques interagissent entre eux dans une complexité parfois difficile à décrypter. Toutefois, l’impact nutritionnel sur cette pathologie est considérable. Si le tissu adipeux est considéré, en général, de manière négative, il ne faut pas oublier qu’il est indispensable à la survie de l’organisme et que son absence conduit à des problèmes de santé tout aussi grave que son excès. Les études menées dans ce champ thématique nutrition/obésité ont permis de faire des avancées spectaculaires ayant eu des répercussions dans le domaine général de la biologie. Ainsi les études sur la cellule adipeuse ont permis de proposer des modèles généraux sur les facteurs moléculaires et cellulaires impliqués dans le métabolisme et la différenciation cellulaire en général, la découverte de la leptine, une hormone produite par le tissu adipeux, a mis en lumière le rôle endocrine insoupçonné de ces tissus. On peut citer également le renouveau des études sur la régulation nerveuse de la prise alimentaire, les recherches sur l’aliment et ses valeurs hédoniques et nutritives. Enfin un pan entier se développe, celui des cellules du tissu adipeux en thérapie cellulaire ou reconstructrice. La recherche française excelle dans ces domaines et la région MidiPyrénées se classe parmi les deux ou trois régions de pointe. Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 Contact : • Dominique Langin, DR INSERM Directeur de l’U586 (IFR 31) [email protected] • Luc Penicaud, DR1 CNRS, Directeur de l’UMR UPS/CNRS 5018 (IFR 31). [email protected] • Bertrand Perret, Professeur responsable d’équipe U326 (IFR 30) [email protected] Nutrition et Obésité Le « French paradox » à Toulouse De tout temps, la physiologie « toulousaine » s’est intéressée à la nutrition et aux pathologies associées. L’activité de recherche avait lieu à l’Institut de Physiologie qui hébergeait en son sein aussi bien les activités de recherche que les activités d’enseignement dédiés à la nutrition. >>> Louis CASTEILLA PR, UMR 5018 CNRS/UPS, IFR31 Responsable d’équipe : Plasticité fonctionnelle et cellulaire des tissus adipeux >>> Philippe. VALET PR, U 586 Inserm-UPS, IFR31 Responsable d’équipe : Productions adipocytaires et adipogénèse. Le potentiel à l’UPS et en Midi-Pyrénées Le pôle de Rangueil est composé de deux unités mixtes, regroupant 50 permanents au sein de l’Institut Louis Bugnard (IFR31). L’autre pôle se situe à Purpan, sur trois équipes des IFR30 et IFR126 d’une dizaine de permanents. Ces équipes se trouvent intégrées au niveau régional dans le Pôle Aliment-Santé : L’évolution des activités de recherche a conduit à un éclatement de cette structure et à une large éclipse de cette thématique aussi bien au niveau national qu’au sein de l’UPS. Seules, les obésités et la biologie des tissus adipeux ont continué à être étudiées. Progressivement, les investigations ont été effectuées de plus en plus en relation avec le milieu médical avec un renouveau de l’étude des impacts nutritionnels sur l’obésité. Actuellement, on trouve deux pôles : l’un, sur le site de l’hôpital de Rangueil, a pour thématique principale les relations qui existent entre nutrition, métabolisme et obésité. Leurs compétences vont de l’étude in vivo des flux métaboliques dans des modèles expérimentaux à l’étude à grande échelle du transcriptome y compris chez l’homme. L’autre pôle d’activité lié à l’UPS se trouve sur le site de Purpan et a comme préoccupation les aspects d’absorption des lipides et l’étude des facteurs de risques associés à l’obésité. Ces équipes sont des membres actifs des associations nationale et européenne d’études et de recherche sur l’obésité (AFERO, EASO). Au niveau régional, ces structures sont intégrées dans un pôle Aliment-Santé Midi-Pyrénées qui regroupe laboratoires du secteur public et privé (voir encadré ). Par ailleurs, les recherches dans le domaine de la nutrition et de l’obésité peuvent s’appuyer sur le centre INRA IFR31 (UPS-INSERM-CNRS) http://www.toulouse.inserm.fr Coupe histologique de tissu adipeux. Les adipocytes représentent la plus grande part du volume. Ils sont gorgés de lipides. A l’intérieur du cercle rouge se trouve un adipocyte. L’enveloppe beige clair correspond à la membrane plasmique et au cytoplasme, l’espace interne à une seule gouttelette de lipides. de Tournefeuille ainsi que sur un centre d’investigation clinique au sein duquel des études de recherche clinique peuvent être conduites. Contact : [email protected] et [email protected] IFR30 et IFR 126 (Inserm-UPS-CNRS-INRA) http://www.toulouse.inserm.fr Nutrition, tissu adipeux, obésités complications métaboliques et vasculaires -> Unité mixte de recherches sur les obésités (UMR 586 INSERM) -> Unité mixte de recherche Neurobiologie, plasticité tissulaire et métabolisme énergétique (UMR 5018 CNRS-UPS) Métabolisme lipidique et régulations, Nutrition, complications cardio-vasculaires -> Département Lipoprotéines et Médiateurs Lipidiques (U563 INSERM) -> Eq. de Pharmacologie moléculaire (UR 66 INRA) -> Eq. d’épidémiologie cardiovasculaire (U558 INSERM) Pôle régional aliment-santé http: www.insa-tlse.fr/gba/aliment-sante En interface entre les différents partenaires, il fédère les laboratoires de recherches, PME et groupes internationaux de midi-pyrénées dans les domaines de l’agronomie, la nutrition et la médecine) Département INSA Génie biochimique et alimentaire http://www.insa-tlse.fr page 17 INRA Industries régionales Agro-alimentaires, biotechnologies dOSSIER Nutrition et Obésité Le poids : tout se passe dans le cerveau ! Le maintien du poids corporel met en jeu une régulation fine des entrées (prise alimentaire) et des dépenses d’énergie (métabolisme de base, activité physique, production de chaleur) dans laquelle le système nerveux joue un rôle de « centrale de coordination ». Il régule de manière complémentaire à >>> Luc PENICAUD , DR1 CNRS, Directeur de l’UMR UPS/CNRS 5018 (IFR31) certaines hormones, l’activité métabolique des tissus adipeux blancs qui stockent et libèrent l’énergie en fonction des besoins, et des tissus adipeux bruns impliqués dans la dépense d’énergie sous forme de chaleur. >>> Les deux principaux types de cellules du système nerveux central en culture, marqués par un anticorps spécifique : les astrocytes, en rouge, les neurones en vert. Du cerveau au tissu adipeux : des signaux nerveux Les laboratoires toulousains ont tous fortement contribué à la meilleure compréhension des mécanismes nerveux qui régulent les voies métaboliques des adipocytes. Ainsi les rôles respectifs de certains récepteurs aux catécholamines ont été mis en évidence dans la régulation de la lipolyse (dégradation des stocks et donc fonte du tissu adipeux) en particulier chez l’homme par l’U586 (UMR Inserm-UPS). Ils ont démontré que le système sympathique contrôlait négativement la page 18 différenciation des adipocytes blancs et positivement celle des adipocytes bruns. Ces effets peuvent en cas d’altération, comme au cours de l’obésité, aboutir à une augmentation du nombre des mauvaises cellules adipeuses (blanches) et à une diminution des bonnes cellules adipeuses (brunes). Des tissus adipeux au cerveau : des signaux métaboliques et hormonaux Les modifications du statut énergétique et donc du poids corporel vont en retour être Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 détectées par certaines zones du système nerveux central qui contrôle le système nerveux sympathique. Dans les conditions normales, ceci permet le maintien du poids corporel. Les signaux mis en jeu sont principalement d’ordre hormonal (leptine, insuline) ou métabolique (glucose, acides gras). Les équipes de l’UPS ont été parmi les premières à montrer que la détection du glucose par certains neurones mettait en jeu des mécanismes moléculaires présents dans un autre type cellulaire, capable de détecter des variations de glucose, la cellule sécrétrice d’insuline du pancréas. Ces mécanismes peuvent être altérés, ce qui aboutit à des troubles de la régulation du métabolisme ou Ces données principalement d’ordre fondamental peuvent et ont abouti, pour certaines d’entre elles, à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques. On peut souligner ici les fortes relations des unités du pôle toulousain avec les industries pharmaceutiques et plus récemment agro-alimentaires. Contact : [email protected] Nutrition et Obésité >>> Les précurseurs présents dans les tissus adipeux peuvent être isolés et mis en culture. Dans des conditions appropriées, ils vont différencier et se charger en lipides comme ils peuvent le faire dans l’organisme. Sur cette photo apparaissent des adipocytes en début de différenciation qui accumulent de petites goutelet- Les tissus adipeux : de l’obésité à la thérapie cellulaire tes de lipides. Dans les tissus adipeux, les adipocytes sont les cellules, spécialisées dans la gestion des stocks d’énergie sous forme de lipides. Pendant longtemps, elles furent les seules cellules étudiées pour leur métabolisme et leur sensibilité à l’insuline, plus récemment pour leurs fonctions endocrines. La maîtrise des conditions de culture in vitro a permis de mettre en évidence l’existence d’une population de précurseurs, les préadipocytes, présents quel que soit l’âge de l’individu. Ils sont responsables de La plasticité des tissus adipeux : une plasticité envahissante dOSSIER l’apparition de nouveaux adipocytes qui participent au développement normal ou pathologique des tissus adipeux. fassent de même. De plus, les préadipocytes peuvent dans des conditions adéquates acquérir la majorité des caractéristiques des macrophages. Ces résultats revêtent d’autant plus d’importance que le lien qui existe entre tissu adipeux/obésité/inflammation vient d’être clairement établi par plusieurs travaux dont une étude à paraître de l’U586 (InsermUPS) qui montre qu’une hormone sécrétée par l’adipocyte, la leptine, favorise le recrutement de macrophages au sein du tissu adipeux. Du préadipocyte au macrophage : de l’inflammation à l’obésité Un des principaux résultats est d’avoir montré que les préadipocytes pouvaient phagocyter des micro-organismes comme des cellules mortes. Ces activités augmentent au cours de l’inflammation et de l’obésité. Ces propriétés sont caractéristiques des macrophages qui jouent un rôle majeur dans l’inflammation, l’immunité et le remodelage cellulaire. Par analogie, nous avons proposé que les préadipocytes Par ailleurs, les préadipocytes peuvent acquérir in vitro comme in vitro le phénotype de cellules endothéliales fonctionnelles. Enfin, de manière spectaculaire, certaines cellules peuvent se différencier et acquérir les principales caractéristiques fonctionnelles de cellules souches du sang ainsi que celles du coeur. Ce travail est complémentaire des études menées au sein de l’U586 qui montre aussi la présence d’une population de cellules progénitrices vasculaires au sein du tissu adipeux humain ainsi que la sécrétion de puissants facteurs de croissance vasculaire par l’adipocyte. Ainsi, ces résultats et savoir-faire permettent de concevoir de nouvelles hypothèses de travail pour comprendre le développement des tissus adipeux (cf. figure) mais aussi de concevoir les cellules des tissus adipeux comme des cellules d’intérêt pour la thérapie cellulaire. Contact : [email protected] >>> Shéma des tissus adipeux page 19 dOSSIER Nutrition et Obésité Des souris transgéniques, modèles d’obésité humaine : de la génomique à l’exploitation fonctionnelle L’avancée des techniques de transgénèse ainsi que des approches d’exploration fonctionnelle chez le petit animal a pris un essor formidable et permet d’étudier l’importance spécifique des gènes à l’échelle de l’organisme. >>> Souris transgéniques Les laboratoires toulousains développent et étudient de nombreux modèles murins capables de reproduire les divers types de surcharge pondérale allant jusqu’à l’obésité et les pathologies associées (diabète, maladies cardiovasculaires, dyslipidémies…) telles qu’on peut les rencontrer chez l’homme. Les objectifs sont de comprendre les processus de développement du tissu adipeux chez l’homme, l’importance des composantes nutritionnelles associées à la prise de poids et page 20 d’offrir de nouvelles pistes de traitements. Un des exemples caractéristiques de cette approche est la génération de souris transgéniques obèses exprimant les récepteurs humains capables d’intégrer, dans les cellules adipeuses, les signaux hormonaux et nerveux. Les souris ainsi « humanisées » pour les récepteurs à l’adrénaline et noradrénaline présentent une importante surcharge pondérale lorsqu’elles sont soumises à un régime supplémenté en lipides. Par ailleurs, nous avons, par Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 génomique fonctionnelle, identifié certains gènes adipocytaires dont l’expression est modifiée avant même l’apparition de l’obésité et serait révélatrice d’une meilleure susceptibilité à la prise de poids. Enfin, l’étude in vivo des flux métaboliques menée par l’UMR 5018 CNRS/UPS) permet de mieux comprendre les désordres métaboliques associés. Nos laboratoires mènent des recherches complémentaires et combinées : L'étude des réponses intégrées de ces animaux (exploration fonctionnelle) mais aussi des conséquences sur l'expression des gènes de facteurs neuroendocrines, nutritionnels et environementaux (génomique fonctionnelle) ont amélioré notre connaissance de le physiopathologie du tissu adipeux et, ainsi, ouvrent des perspectives prometteuses en offrant de nouvelles cibles dans la lutte contre l'obésité et les pathologies associées (diabète, hypertension artérielle...) Contact : [email protected] Nutrition et Obésité Recherches sur la nutrition et l’obésité chez l’homme >>> Dominique LANGIN, DR Inserm, Directeur de l'unité de recherches sur les obésités Inserm-UPS U586 (IFR31) Aucun traitement, pharmacologique ou non, visant une réduction à long terme de la masse adipeuse n'est pleinement satisfaisant à l'heure actuelle. La mise en place de nouveaux outils dont ceux de génomique est essentielle pour une prise en charge nutritionnelle et un traitement individualisé des patients. quantification des taux d'ARNm, utilisés par les différents laboratoires toulousains, révèlent de nouvelles voies biologiques associées à l’obésité et aux changements nutritionnels, comme la régulation de gènes de l’inflammation et de l’immunité. Ces approches devraient également permettre d'identifier des prédicteurs de l’évolution du poids corporel ou des complications liées à l’obésité ou de biomarqueurs de l’état nutritionnel des sujets qui pourraient conduire à la mise aux points de tests diagnostics. dOSSIER Il s’agit de déterminer comment l’homme réagit aux apports alimentaires en fonction de son âge, de son genre, de son patrimoine génétique, de sa situation hormonale et de son état de santé.. Cette approche passe par l’étude des gènes du métabolisme, des mécanismes d’action des nutriments et de la variation de l’expression génique sous l’influence de facteurs nutritionnels et par l’étude des fonctions biologiques associés à ces gènes du traitement de l’obésité. Les programmes de recherche visent également à élaborer des recommandations pour une prise en charge individualisée des sujets obèses. Les protocoles cliniques sont réalisés dans le Centre d’Investigation Clinique InsermHôpitaux de Toulouse et au laboratoire franco-tchèque de recherche clinique sur l’obésité créé en 2003 à Prague en partenariat avec la 3ème faculté de médecine de l'université Charles. L'effort de recherche s'inscrit dans le cadre d'un réseau français de génomique fonctionnelle de l'obésité. Les travaux récents du laboratoire sur la mobilisation des lipides du tissu adipeux ont conduit à l'identification d'une nouvelle voie, la lipolyse stimulée par les peptides natriurétiques. Les récepteurs de ces peptides constituent une nouvelle cible pharmacologique. Les approches de puces à ADN et de Contact : [email protected] >>> Partie d’une puce contenant 40000 ADN. Chaque point correspond à un gène. Deux situations sont comparées ; dans ce cas, les effets d’un régime hypocalorique sur l’expression génique dans le tissu adipeux. Les gènes plus exprimés après le régime sont rouges, ceux moins exprimés sont verts. Les points jaunes correspondent à une absence de changement. L’intensité de chaque point est proportionnelle au niveau d’expression du gène. page 21 dOSSIER Nutrition et Obésité >>> Bertrand PERRET, PU/PH (U563 Inserm/UPS) Les lipides sont des nutriments majeurs représentant de 30% à 40% de l’apport calorique. Ils jouent un rôle essentiel dans la structure des membranes cellulaires et en tant que substrats >>> Jean-Bernard RUIDAVETS, PH (U556 Inserm/UPS) >>> Xavier COLLET, DR Inserm (U563 Inserm/UPS) Les filières de formation Parallèlement au renouveau de ces thématiques, les filières d’enseignement se sont restructurées en s’appuyant sur toutes les forces de recherche toulousaine concernées. C’est ainsi que des enseignements spécifiques au niveau du Master M1 (modules Nutrition, santé, métabolisme et physiopathologie) ont été crées et que ces thématiques ont trouvé naturellement et de manière complémentaire leur place dans les nouveaux masters soit en spécialité recherche : Innovation pharmacologique (resp. B. Fransces & P. Valet), Physiopathologie cellulaire moléculaire et intégré (resp : J.-F. Arnal & L. Casteilla), soit en spécialité professionnelle : Bioingénierie (resp. P. Valet) page 22 Lipides et Nutrition : De la bonne maîtrise des flux énergétiques. Par ailleurs, les lipides alimentaires fournissent des vitamines essentielles (A, D, E, K). Cependant, les lipides en excès participent à diverses pathologies et notamment à l’obésité, caractérisée par l’accumulation de lipides dans le tissu adipeux, ainsi qu’à ses complications, maladies cardiovasculaires et diabète. On relève une fréquence croissante du « syndrome métabolique », associant obésité, augmentation des lipides sanguins, troubles du métabolisme des sucres, et hypertension artérielle, qui affecte déjà 18% de la population en France. Il est donc crucial de bien comprendre les mécanismes qui régulent les entrées et sorties de lipides. L’absorption intestinale des lipides est la voie d’entrée de ces molécules dans l’organisme, où elles sont ensuite prises en charge par les lipoprotéines, dans la circulation sanguine. A titre d’exemple, l’absorption du cholestérol met en jeu plusieurs transporteurs dont le niveau d’expression peut expliquer de grandes variations d’absorption entre les individus. Ces transporteurs représentent donc des cibles de premier ordre en vue de moduler l’absorption intestinale. A l’autre extrémité du circuit, certaines lipoprotéines jouent un rôle essentiel dans l’élimination du cholestérol par le foie et la sécrétion biliaire. Nous avons récemment purifié le récepteur hépatique de la protéine majeure de ces lipoprotéines ce qui permet de mieux comprendre le turn-over de ces lipides (publication dans Nature, 2003). Ces travaux fondamentaux s’appuient sur les compétences des plateformes toulousaines, en matière d’exploration fonctionnelle, d’analyse des médiateurs lipidiques et d’étude des interactions moléculaires (IFR 30 et 31). Ils sont complémentaires des enquêtes nutritionnelles, menées par l’équipe d’épidémiologie cardiovasculaire (Pr J. Ferrières, U558), auprès d’échantillons représentatifs de la population régionale et de populations plus spécifiques. Ces études permettent des estimations précises et qualitatives des Paul Sabatier - Le magazine scientifique - numéro 1 nutriments ingérés (graisses saturées et insaturées, antioxydants etc .) et servent de base à la définition de nouveaux indicateurs biologiques, mesurables sur un échantillon sanguin. Contact : [email protected] [email protected] [email protected] La Recherche à l’UPS Le Potentiel de Recherche de l’Université Paul Sabatier se répartit sur 80 laboratoires reconnus au niveau national, la plupart unités mixtes avec le CNRS, l’INSERM, l’IRD, l’INRA, le CNES… Approximativement 2000 chercheurs et enseignants-chercheurs et 1000 ITA/IATOS travaillent dans ces laboratoires. 1450 doctorants sont inscrits à l’UPS, répartis dans 9 Ecoles Doctorales. Les grands domaines de recherche sont : > Mathématiques : 3 laboratoires mixtes et 1 Fédération . > Sciences physiques : 4 laboratoires mixtes ; 1 unité CNRS ; 1 Fédération. > Sciences de l’Univers : 7 laboratoires mixtes ; 1 Observatoire > Chimie : 5 laboratoires mixtes ; 1 unité CNRS ; 1 EA ; 1 JE ; 1 Fédération > Sciences de la vie : 8 laboratoires mixtes ; 1 EA ; 2 IFR > Biologie et santé : 6 laboratoires mixtes ; 6 unités INSERM ; 14 EA ; 3 IFR > Sciences pour l’Ingénieur : 4 laboratoires mixtes ; 3 EA ; 2 Fédérations > Sciences et Technologies de l’information et de la communication : 1 laboratoire mixte ; 1 unité CNRS ; 2 EA ; 1 ERT ; 1 Fédération. > Sciences Ecologiques : 3 laboratoires mixtes ; 1 Fédération > Sciences Humaines et Sociales : 6 EA ; 1 ERT Vos encouragements, vos critiques, vos suggestions sur ce magazine scientifique nous intéressent. Vous pouvez les adresser à : [email protected] Les MASTERS à L’UPS rentrée 2004 Domaines de formation* * En cours d’habilitation > sciences de la modélisation, de l’information et des systèmes (4 mentions) > sciences et techniques de la matière et de l’énergie (6 mentions) > sciences de l’univers (4 mentions) > sciences de la vie et de la santé (9 mentions) > sciences humaines et sociales (1 mention) > gestion (2 mentions) Le cursus master comporte en 2ème année une centaine de spécialités « recherche » et « professionnelle ». Un certain nombre de ces spécialités sont cohabilitées avec d’autres universités et établissements de la région toulousaine. Université Paul Sabatier