Laurent Albarracin
Mon étoile terreuse
circa 1924
Mon étoile terreuse
Je possède une étoile terreuse. Oui, une étoile terreuse.
Une véritable étoile terreuse. Un très beau spécimen
d’étoile terreuse. Qu’est-ce qu’une étoile terreuse ? Ah,
c’est difficile à décrire à ceux qui n’en possèdent pas.
Qui n’en ont pas et qui, donc, n’en ont pas non plus
l’idée. Disons que c’est une étoile, qui a, si vous voulez,
l’exact éloignement des étoiles, forcément, mais qu’elle
est terreuse. J’ai honte de ne pouvoir autrement la qua-
lifier, de ne la nommer qu’ainsi : terreuse. Terriblement
terreuse. Fatalement terreuse. Comment le dire sans le
répéter ? Avançons tout de même quelques éléments
qui caractériseront mon étoile terreuse : elle est marron
(marron clair), friable, salie, démolie, pleine d’humus,
avec ce grain tellement collant et choquant des choses
de la terre. C’est mon étoile terreuse et je la chéris au-
tant que je la supporte.
La présente édition originale de Mon étoile terreuse a été
composée en Baskerville et achevée d’imprimer sur les
presses de Dereume le 12 novembre 2014. Les dessins
sont de Jean-Gilles Badaire.
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