בס''ד La Page דף הברית de l'alliance israélite Publication universelle du lycée de l'alliance israélite u n i v e r s e l l e - Nice Rendez vous sur notre site www.aiu-nice.org …pour plus de photos et de liens Dimanche 6 Décembre 2015 A Hanouka, tout baigne dans l’huile ! Sommaire « Tout comme l’olive ne donne son huile que lorsqu’elle est pressée et broyée, de même les Enfants d’Israël ne révèlent leurs qualités profondes que face à l’adversité ». ( Midrache) Les mèches qui nagent dans les godets de verre, les beignets et les latkès frits dans la poêle : à ‘Hanouka, tout baigne dans l’huile ! Avez-vous déjà assisté au pressage des olives ? Savez-vous ce qui en sort lorsque l’on actionne le pressoir ? Du jus, bien sûr. Du jus d’olive bien noir, au parfum d’olive caractéristique. Mais l’histoire ne fait que commencer. On continue à presser et, bientôt, des gouttelettes d’huiles perlent à la surface du jus. Et plus on presse, plus la proportion d’huile augmente dans le liquide qui suinte des olives. Mais voilà, vous ne pouvez utiliser ce mélange, ni pour vous éclairer, ni pour cuisiner. Ce qu’il vous faut, c’est de l’huile pure, de l’huile verte et limpide. Alors vous laissez décanter le tout, et immanquablement l’huile finit par surnager au-dessus du jus et il ne vous reste plus qu’à la prélever. Telle est, très raccourcie – « compressée » devrais-je dire –, l’histoire de ‘Hanouka : nos ancêtres se sont trouvés dans un immense pressoir appelé l’empire grec. La meule massive de l’oppression s’employa à les broyer spirituellement, pour les assimiler à la pâte informe à laquelle le pouvoir grec réduisait les nations conquises, où les particularités de chacune se dissolvaient dans l’hellénisme convenu. C’était sans compter sur le trésor recelé par les olives : cette huile aussi lumineuse que chaleureuse qui les imprègne au plus profond de leur être. Cette huile, hachemène השמןen hébreu, cette essence profonde, c’est notre âme, néchama נשמהen hébreu. Oui, ce sont les mêmes lettres hébraïques qui composent ces deux mots. Quel est le secret de sa puissance ? Eh bien, qu’on se suffise de dire ici que l’âme est une parcelle du divin. La Nature et tout ce qu’elle renferme sont issus de la Création en sept jours, et le nombre huit évoque la divinité qui les transcende, dont relève l’essence de l’âme. Huit, c’est le nombre des jours et des lumières de ‘Hanouka. Oh, et huit se dit chmoneh שמ ֹנהen hébreu. Joyeux ‘Hanoukah ! 24 kislev 5776 HANOUKA 5776 ‘HANOUKA HANOUKA… PARACHAT VAYIGACH L’ANNEAU ET LA FENÊTRE LES INFOS DU LYCEE… Yoni ASSOULINE - Classe de Première Directeur Rédacteur Publication E.Benarroch Jacky Milewski A I U Nice Sur les lettres de créance… La Guemara de Roch Hachana (18b) rappelle que les grecs ont interdit aux juifs de mentionner le nom de Hachem « al pihem », littéralement « sur leur bouche ». Autrement dit, les juifs n’étaient pas autorisés à évoquer leur croyance en D.ieu. Quand les ‘hachmonaïm remportèrent la victoire, ils instituèrent le devoir d’inscrire le Nom de D.ieu sur les lettres de créance. La formule était la suivante : « A telle et telle année depuis Yo’hanan, Grand Prêtre de Kel Eliyon… ». Plus tard, les Sages mirent fin à cette institution en expliquant : une fois la dette remboursée, la lettre de créance est jetée et le Nom de Hachem est ainsi bafoué. La Guemara conclut : le jour où l’on mit fin à cette institution fut considéré comme un yom tov. C’était un 3 tichri. Deux questions se posent sur ce passage : comment justifier que les ‘hachmonaïm n’aient pas pris en considération le risque de voir les créances jetées et le Nom divin maltraité ? Et pourquoi avoir fait du jour où cette institution pris fin un yom tov ? Nous nous inspirons d’une leçon du Rav Avraham Winfeld dans son Even Ye’hezkel (New York 5710) : selon des midrachim connus, les grecs ordonnèrent aux juifs de graver sur les cornes de leurs taureaux qu’ils renonçaient à leur croyance dans le D.ieu d’Israël. De même, les grecs commandaient aux juifs de graver sur les verrous de leur maison qu’ils abandonnaient leur croyance dans le D.ieu d’Israël. Le Midrach poursuit : les juifs vendirent leurs taureaux et brisèrent leurs verrous. Le projet des grecs est clair : supprimer le lien qui unit Israël à son D.ieu, dans tous les domaines de la vie, au champ (le taureau), à la maison (le verrou). Il s’agissait aussi d’étouffer l’expression de la croyance juive ; les juifs ne devaient pas la verbaliser (« al pihem »). La religion juive devenait abstraite, détachée du monde, elle devenait une idée éthérée. Copyright © 2015 - AIU NICE Nous vous remercions de ne pas transporter le Daf le Chabbat HANOUKA 5776 Allumage 1ère bougie : Dimanche 6 décembre – 16h 35 Du Lundi 7 décembre au lundi 14 décembre 5776 בס''ד Lycée de l'alliance israélite universelle www.aiu-nice.org 22, rue Michelet 06100 NICE Tél. 04.92.07.88.10 Fax 04.92.07.88.11 Email : [email protected] Les chariots de pharaon Les ‘hachmonaïm remportent la victoire et propagent le Nom du D.ieu d’Israël. Partout et jusque sur les lettres de créance, le juif doit se souvenir de son lien avec D.ieu. La Torah éclaire toutes les dimensions de l’existence. Il est alors urgent de nourrir les âmes d’Israël contaminées par l’athéisme et un pseudo judaïsme purement philosophique et intellectuel. Alimentés par une telle ambition, les juifs qui avaient renoué avec leur D.ieu, grâce aux petites choses de la vie, grâce à des lettres de créance, ne risquaient pas de maltraiter un document sur lequel le Nom de Hachem figurait. Du temps a passé ; la émouna s’est de nouveau enracinée au cœur du peuple. Les Sages ont alors jugé qu’il n’était plus nécessaire de mentionner le Nom divin sur les créances puisqu’Il était à nouveau inscrit dans les consciences. Ils ont jugé que l’on risquait de ne plus voir ce Nom à force de Le voir, que le temps de l’éducation, de la rééducation de la émouna était terminé. Le yom tov est la célébration d’un temps où il n’est plus nécessaire de convaincre les juifs de la véracité, de la beauté, de la Torah car ils en sont déjà convaincus. Rabbin Jacky Milewski Quand pharaon apprend que la famille de Yossef est vivante, il ordonne à Yossef de dire à ses frères : « Prenez pour vous du pays d’Egypte des chariots pour vos enfants, vos femmes, et vous emmènerez votre père… Que vos yeux ne se préoccupent pas de vos objets [laissés en terre de Canaan] car le bien de toute la terre d’Egypte est à vous » (Genèse 45, 19 et 20). N’y avait-il pas de chariots en Canaan pour conduire la famille de Yaacov en Egypte ? Et pourquoi Yaacov et les siens ne pourraient-ils pas emporter leurs biens, leurs objets ? C’est là une curieuse hospitalité. On saisit bien que le problème n’est pas la disponibilité de chariots. Pharaon accepte d’accueillir la famille de Yaacov en Egypte mais à condition qu’elle renonce à ses traditions, à ses spécificités, à son mode de vie. En un mot, à condition qu’elle s’assimile. Même les chariots de la terre des patriarches ne doivent pas toucher le pays des pyramides. « De la terre promise, il ne faut rien emporter, ni promesse ni souvenir ! » clament pharaon et avec lui tous les assimilationnistes. « Quant à vos objets, à ces objets qui n’appartiennent qu’à vous, vos tefiline, vos livres sacrés, vos talitot et mezouzote, ne les emportez pas ! » (ce dernier point est expliqué dans le Cheérite Mena’hem du Rav Rubinstein, volume I p. 152). Pharaon accepte donc d’accueillir les hébreux s’ils renoncent à être des hébreux. « Les enfants d’Israël agirent ainsi, Yossef leur donna des chariots selon la parole de pharaon et il leur donna des provisions pour la route » (45, 21). « Les enfants d’Israël agirent ainsi » c'est-à-dire qu’ils ont agi en considérant les paroles de pharaon mais en tant qu’enfants d’Israël sans rien renoncer à leur identité. De même, il n’est pas dit que Yossef a donné les chariots à ses frères « comme pharaon l’avait ordonné » mais qu’il leur donna « selon la parole de pharaon ». La nuance est de taille. Et plus tard, la Torah dira : Yaacov «a vu les chariots que Yossef a envoyés pour le transporter et l’esprit de Yaacov leur père revient à la vie » (45, 27). Le commentaire de Rachi est édifiant : il n’est pas dit « les chariots que pharaon a envoyés » mais « les chariots que Yossef a envoyés ». Yaacov retourne à la vie, s’attache à la vie, quand il acquiert la certitude que les chariots qui le transporteront, lui et sa famille, pourront emporter tefiline, tsitsit, sifré Torah, mezouzote… Plus loin encore, la Torah dit : « Yaacov s’est levé de Beer Chéva, les enfants d’Israël transportèrent Yaacov leur père, leurs enfants et leurs épouses dans les chariots que pharaon avait envoyés pour le transporter » (46, 5). Yaacov est contraint de ne pas contrarier la volonté de pharaon mais il ne s’en inquiète guère car il sait que les chariots envoyés par Yossef l’accompagnent aussi et portent en eux la tradition d’Israël. Preuve en est : le verset suivant affirme : « ils prirent leurs troupeaux et tous leurs biens, ceux qu’ils avaient acquis en terre de Canaan » (46, 6). Les enfants de Yaacov ont emporté la Torah dans leurs bagages. Rabbin Jacky Milewski Les dernières lignes du traité talmudique Souca (56b) évoquent un épisode bien triste qui se produisit à l’époque de ‘Hanouka. Une certaine Myriam, issue de la famille de prêtres Bilga, renie son judaïsme et se marie avec un gouverneur grec. Quand les grecs pénètrent dans le Sanctuaire, cette femme les accompagne. Avec sa sandale, elle frappe l’autel s’écriant: « Loukous, loukous ! Loup, loup ! Jusqu’à quand feras-tu disparaître l’argent des juifs sans les soutenir dans les moments difficiles ? ». Quand les Sages apprirent ces faits, après la victoire des ‘Hachmonaïm, ils immobilisèrent l’anneau de Bilga et firent boucher sa fenêtre. Expliquons-nous : les prêtres sont composés de vingt-quatre groupes (michmarote). Chacun d’eux disposent d’un anneau fixé dans la cour du Temple qu’ils utilisaient pour procéder à la che’hita des offrandes. Par ailleurs, chacun d’eux disposent d’une fenêtre en profondeur d’un mur d’une salle du Temple qu’ils employaient pour entreposer les instruments nécessaires à leur service. L’anneau de la famille Bilga et sa fenêtre deviennent inutilisables. Selon le Maharcha, Myriam de Bilga a désigné l’autel de loup car le loup dévore les agneaux. Elle considère l’autel tel un loup puisque deux agneaux sont tous les jours consumés sur le feu qui y brûle. Elle le nomme ainsi à deux reprises pour faire référence à l’autel du premier Temple et à celui du deuxième (Ben Yehoyada sur la Guemara). La femme qui a trahi son peuple revient victorieusement dans l’espace où sa famille accomplit son service sacré, espace qui ne signifie plus rien pour elle. Elle participe à la désacralisation, frappe et fait violence à l’autel avec une sandale, lui parle sans considération particulière, et s’adresse en réalité aux juifs restés juifs qui se consacrent, selon elle, à un D.ieu qui ne fait que prendre sans jamais rien donner en retour. C’est en grec qu’elle s’adresse aux pierres de l’autel, dans cette langue de l’intellect qui juge les événements par sa seule intelligence. La défaite signifie s’être trompé et les juifs n’ont donc plus rien à espérer, pense-t-elle. Les Sages réagissent visà-vis de la famille de Myriam afin de la mettre en garde contre l’argumentation utilisée par son rejeton : ils immobilisent l’anneau (taba’at), signe de l’alliance, alliance inaltérable, inépuisable, absolue. Ce n’est pas parce que le peuple juif a perdu son Temple qu’il n’est plus le peuple juif. Ils bouchent aussi la fenêtre de Bilga. Myriam pensait que les juifs n’avaient plus d’avenir et que la victoire des grecs lui avait donné raison. Or c’est justement cette façon de concevoir les choses qui empêche toute nouvelle perspective de poindre à l’horizon. Si pour cette femme, la défaite est synonyme d’échec, elle n’a plus rien à attendre. Sa fenêtre est bouchée. Israël lui dépasse les événements, il ne les juge ni en tire aucune conclusion de sorte que la fenêtre d’Israël est toujours ouverte. On a bien l’habitude de placer les bougies de ‘Hanouka à la fenêtre comme pour signifier que rien n’est jamais jugé pour de bon. La Guemara citée plus haut poursuit : pourquoi sanctionner la famille de Bilga pour la faute de Myriam ? Sa trahison a été un choix personnel ! Le Guemara répond : « Ce qu’un enfant dit au marché, il l’a entendu de la bouche de son père ou de celle de sa mère ». Rachi explique : Myriam de Bilga a pu prononcer des propos si désinvoltes vis-à-vis de l’autel du sanctuaire car elle avait entendu son père mépriser ce même autel. En ce sens, sa famille porte une responsabilité dans la trahison de Myriam. Rachi a écrit qu’elle a entendu son père mépriser l’autel. Il ne précise pas la forme que ce mépris à adopté. Aussi, Rabbi Sim’ha Zissel Ziv (‘Hokhmat moussar, p. 221) enseigne que très certainement, le père de Myriam ne désignait pas l’autel de loup dévorant l’argent des juifs. Il était prêtre et officiait au cœur du Temple. Mais Myriam n’a pas entendu son père dire combien il était heureux de servir le Temple, combien il aimait sa mission et combien il la considérait comme un privilège, comme une chance. De ce silence, sa fille a compris – peut-être mal – que son père méprisait l’autel. En grandissant, elle a conservé au cœur de son esprit le sentiment qu’on lui avait laissé cultiver. ‘Hanouka vient de la racine qui donne le mot ‘hinoukh, l’éducation. Si des parents juifs ne parlent pas à leurs enfants de la Torah en termes éminemment positives, s’ils ne montrent pas à leur progéniture combien ils se sentent investis dans les mitsvot et combien le judaïsme importe à leur vie, alors l’enfant risque de comprendre que ses parents sont indifférents à la vie juive et il poursuivra sur ce qu’il pense être la route qui pour lui a été tracé. ‘Hanouka constitue ce temps où il est donné aux parents d’expliquer à leurs enfants que la Torah est notre vie, et de les inscrire ainsi pour de bon sur la route de notre identité. Rabbin Jacky Milewski