N °35 - Septembre 2013 page 3
Régime alimentaire
Comment les observer ?
Comment les préserver ?
Les araignées sont très polyphages, mais peuvent être clas-
sées en différents groupes selon leur stratégie de chasse :
r Araignées qui ne tissent pas de toile pour capturer leur
proie: elles chassent « à courre » ou « à l’affût ».
r Araignées qui construisent des toiles pour capturer leur
proie: on trouve des familles qui construisent des toiles
tubulaires, d’autres des toiles irrégulières et encore, bien
entendu, des toiles géométriques planes.
De par leur présence tout au long de l’année, les araignées ont
la capacité de consommer les ravageurs des vergers dès leur
émergence ou leur arrivée, et ce avant la phase de multipli-
cation de ces ravageurs. Elles peuvent ainsi avoir un impact
important sur la régulation des populations de bioagres-
seurs. C’est le cas par exemple du puceron cendré du pom-
mier que certaines espèces d’araignées consomment à un
stade précoce (fondatrice) au tout début du printemps. Ces
araignées, telles que Anyphaena accentuata (Anyphaenidae)
et Philodromus sp. (Philodromidae), hivernent à l’état juvé-
nile au niveau des branches et de l’écorce du tronc.
Quant aux araignées du sol, elles consomment essentielle-
ment des collemboles, mais également des Diptères et des
Lépidoptères. Le carpocapse et la tordeuse orientale du pê-
cher font ainsi partie des proies des Lycosidae, aussi bien au
printemps, probablement sur des adultes émergents, qu’à
l’automne sur des larves à la recherche d’un abri pour leur
diapause. Pour ces ravageurs, en plus de leur action directe
par prédation, la présence des araignées dans la frondaison
perturbe le comportement des larves qui fuient et quittent
le feuillage en se laissant tomber au sol où elles finissent par
mourir ou se faire manger.
Enfin, les araignées consomment également d’autres in-
sectes auxiliaires et font preuve de cannibalisme, ce qui
peut altérer le contrôle biologique, mais peu de travaux
permettent de se prononcer sur ce point. Il est par ailleurs
intéressant de noter que les abeilles entrent dans le régime
alimentaire des Thomisidae et Oxyopidae.
Différentes méthodes de capture et d’observation doivent
être combinées, si l’on souhaite étudier l’ensemble de la
diversité de la communauté des araignées d’un milieu sans
introduire de biais. Toutefois, il est possible de se limiter à
une seule technique de capture si l’on souhaite cibler davan-
tage un habitat ou une proie particulière. On peut citer :
r pour les araignées du sol : pots Barber, capture manuelle,
r pour les araignées des arbres : frappage du feuillage,
bandes pièges cartonnées sur branches et tronc.
Il est rare de pouvoir identifier les araignées jusqu’à l’es-
pèce et, bien souvent, on se contente d’une détermination
jusqu’à la famille, ce qui est déjà suffisamment informatif.
Les individus sont conservés dans de l’éthanol à 70 % afin
de garder la souplesse des organes.
Les araignées font partie des arthropodes les plus vulné-
rables aux produits phytosanitaires. Elles sont sensibles en
premier lieu aux traitements insecticides, notamment ceux
à base de matières actives non spécifiques, telles que les
organophosphorés, les pyréthrinoïdes et les carbamates
(exemple diméthoate, deltaméthrine). Cette sensibilité
dépend de l’espèce d’araignée, en liaison avec sa biologie
et sa répartition dans la végétation, ainsi que du mode et
du moment de l’application. On sait que les araignées qui
chassent « à courre » sont plus affectées que celles construi-
sant des toiles. Toutefois, ces dernières sont touchées par
les pulvérisations lorsqu’elles ré-ingurgitent quotidienne-
ment leur toile avant d’en tisser une nouvelle. Des effets
indirects sont également observés comme la diminution de
la ressource en proies, et la destruction de la qualité de leur
habitat par l’utilisation d’herbicides.
De manière générale, l’augmentation du pourcentage d’ha-
bitats semi-naturels joue positivement sur la richesse spé-
cifique et l’effet favorable se fait ressentir jusqu’à 3 000 m
selon les espèces. C’est essentiellement la qualité de l’habi-
tat (structure, microclimat) et sa gestion qui vont influencer
l’abondance et la diversité des araignées. L’impact du pay-
sage sur la communauté des araignées dépendrait davan-
tage de leur capacité de dispersion et de leur spécialisation
pour un type d’habitat.
En ce qui concerne les araignées du sol, chaque famille pos-
sède son microhabitat et la diversité des espèces serait plutôt
liée à la richesse en espèces de plantes du couvert végétal.
Pour les Lycosidae, l’abondance augmente avec celle de la
densité de la couverture herbacée et sa complexité structu-
rale. Elle augmente également avec l’abondance de proies,
notamment les collemboles.
Les araignées de la frondaison, quant à elles, sont affec-
tées de manière contrastée par l’isolement des vergers de
la végétation boisée, car certaines espèces sont favorisées
par l’isolement, alors que d’autres sont plutôt défavorisées.
Parmi les mesures de gestion favorables, on peut donc citer :
r La réduction au maximum tous les produits phytosani-
taires et notamment les insecticides les plus toxiques.
r La réduction de la taille des parcelles et du travail du sol.
r La limitation du broyage de l’enherbement (araignées du sol).
r La pose expérimentale de paillages (paille, trèfle) a été
montrée favorable sur la densité des araignées. Son applica-
tion à grande échelle est cependant difficile.
r La préservation et la mise en place d’habitats non cultivés en
bordure de champs. Même si certains travaux ne confirment
pas toujours l’effet positif de ces habitats dans l’augmentation
de l'abondance des araignées dans les parcelles, les haies pluris-
tratifiées semblent être un moyen prometteur pour préserver
la communauté des araignées de la frondaison. La présence de
zones enherbées gérées de façon extensive serait quant à elle,
utile aux araignées du sol. L’efficacité de ces aménagements vis
à vis du contrôle biologique reste à étudier.
Les Araignées en verger