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Géopolitique du culte musulman en France :
des rivalités locales aux enjeux internationaux
jeudi 23 juin 2016, par Thomas CIRET
De par la diversité des acteurs et des enjeux qui lui sont liés, le culte musulman en France
s’inscrit dans une dynamique complexe qui semble être un frein à sa gestion et à sa
représentativité cultuelle. Illustré d’une carte disponible sous deux formats : JPEG et PDF.
La surreprésentation de la dimension sécuritaire, d’autant plus forte depuis les attentats de janvier et de
novembre 2015, pourrait amener à penser que le djihadisme résume les enjeux géopolitiques liés à l’islam
en France. Si le djihadisme mouvance et idéologie politique radicale et fondamentaliste qui diffère de
l’islam [1] et légitime la violence armée « par un vocabulaire religieux islamique » [2] représente bien un
enjeu en soi, la géopolitique de l’islam en France est avant tout liée à la question de la représentation du
culte musulman. Environ 4 millions de personnes [3] vivant en France sont musulmanes, soit 6 % de la
population. Diverse, discriminée [4] et disposant de lieux de culte manquant de ressources, la «
communauté musulmane » [5] représente des enjeux multiples pour des acteurs aux intérêts géopolitiques
propres. Ces intérêts sont disputés dans un mélange subtil d’influences, de rivalités, de contrôle,
d’alliances et d’intérêts communs. En détaillant les contextes géopolitiques locaux (I) puis internationaux
(II), nous essaierons d’analyser en quoi ils peuvent être générateurs de blocages concernant la
structuration et la représentativité du culte musulman en France (III).
I. L’échelle locale, un déterminant majeur
En France, le rapport à la religion est largement façonné par la laïcité et la loi de 1905. Localement
comme nationalement, cette conception ne se traduit évidemment pas par une ignorance du religieux par
l’État [6] mais façonne les représentations concernant la visibilité du culte dans l’espace public. Cela peut
se traduire par des tensions entre partisans d’une laïcité rigoureuse et défenseurs d’une approche plus
ouverte ainsi que par des recours en justice – de l’extrême-droite notamment – à l’encontre de projets de
construction de mosquées, comme cela a été le cas pour le projet de la Grande Mosquée de Marseille.
Dans ce contexte complexe, l’État français a pour principal intérêt le bon déroulement de l’exercice du
culte et son « intégration » [7] à la vie de la cité (protection de mosquées, campagne contre les actes anti-
musulmans) bien que ces actions soient parfois contestées. Il existe aussi un intérêt sécuritaire fort (lutte
contre le djihadisme et l’intégrisme) et les mosquées et les imams peuvent être surveillés de près [8]
(fermeture de mosquées pour insalubrité, non renouvellement de cartes de séjour [9]). En fonction des
situations et des stratégies, l’État est à même de favoriser certains notables (voir définition plus bas)
comme des représentants légitimes de la « communauté musulmane », quitte à utiliser les rivalités dans
un souci d’influence. Parfois, parce qu’ils encadrent et limitent la radicalisation, des imams se
revendiquant du salafisme ont pu émerger « en tant qu’interlocuteurs privilégiés des maires, des préfets
et des Renseignements généraux » [10].
La « communauté musulmane » en France est principalement représentée par des notables [11] (imams,
dirigeants d’associations séculières ou religieuses, élus, chargés de mission, bouchers, commerçants,
voyagistes spécialisés dans les pèlerinages [12]). Les notables sont des personnes auxquelles la situation
sociale confère une certaine autorité dans les affaires publiques [13]. Dans le cadre du culte musulman en
France, la société civile locale est souvent définie par des critères confessionnels ou communautaires [14].
Cet environnement pousse sciemment ou inconsciemment des notables à utiliser une « symbolique
communautaire » [15] qui utilise la représentation de la « communauté musulmane », notamment lors de
prises de positions ou de « discours sur la légitimation et la reconnaissance de la population musulmane »
[16]. Par ces prises de position, les notables ont « l’espoir de négocier des avantages matériels, financiers
ou symboliques » [17] pour leur situation personnelle/mosquée/fédération/réseau. Ils peuvent ainsi se
positionner comme des représentants légitimes auprès de la « communauté musulmane », des pouvoirs
publics, de grandes fédérations nationales, de réseaux transnationaux ou bien des États étrangers. Pour
ces notables, il est difficile de séparer la pratique religieuse des intérêts propres [18] et le culte peut ainsi
être porteur d’enjeux interliés : économiques (halal, pèlerinage, dons), politiques (clientèle, influence
médiatique et communautaire) ou cultuels (élections du Conseil Régional du Culte Musulman, CRCM). À
la croisée de ces enjeux, les mosquées importantes peuvent être des lieux stratégiques, d’autant plus
qu’elles confèrent un rayonnement, une représentation de licéité [19] et de confiance, ou encore des
délégués aux élections du CRCM. D’où l’existence de rivalités fortes concernant le contrôle des
associations cultuelles ou culturelles qui en ont la gestion. Ces rivalités peuvent notamment résulter en
des poursuites judiciaires contestant les assemblées générales associatives, comme cela a pu être le cas
au sein de l’Association des musulmans de Gironde à Bordeaux [20], de l’Association cultuelle islamique
de Marseille de la mosquée de la Porte d’Aix [21], ou bien au sein de la mosquée Adda’wa à Paris [22].
De par son pouvoir administratif et politique, la municipalité, et principalement le maire, est un acteur
déterminant [23] de la question cultuelle car il définit le cadre de la pratique locale du culte musulman
[24]]. Il choisit la personne (élu ou membre de cabinet) qui s’occupera de cette mission, il peut mettre en
place des subventions pour des associations, financer la partie culturelle d’un projet, faciliter l’obtention
d’un permis de construire ou encore mettre à disposition un terrain via un bail emphytéotique [25]. En
fonction du contexte local (extrême droite puissante), de leurs intérêts (besoin de voix lors d’élections
municipales [26], contrôle des réseaux, collecte d’information, paix sociale) et représentations (de la
laïcité [27], de l’islam, du fondamentalisme), les maires sont en mesure de légitimer un acteur ou de faire
avancer ou reculer un projet [28] de construction de mosquée. Ainsi, ils s’insèrent dans le « processus
d’organisation de la minorité musulmane » [29], comme cela a pu être le cas à Montreuil [30] ou
Montpellier [31], au risque parfois d’être source d’une forme de clientélisme électoral [32].
Certains États étrangers, principalement l’Algérie, le Maroc et la Turquie, exercent une influence [33] sur
les expatriés et binationaux qui résident en France. Localement, leurs enjeux en France peuvent être la
collecte de renseignements, un certain contrôle sur les mosquées, ou la victoire de notables proches de
leurs intérêts lors d’élections du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). Parmi les grandes
fédérations qui structurent la représentation de l’islam en France, certaines sont liées à des États
étrangers, comme l’Union des mosquées de France (UMF), proche du Maroc, la Fédération Nationale de
la Grande mosquée de Paris (FNGMP ou GMP), proche de l’Algérie, le Comité de coordination des
musulmans turcs de France (CCMTF), proche de la Turquie. Néanmoins, il ne s’agit pas de surévaluer le
rôle des États qui sont en fait pris dans des relations complexes : ils peuvent être sollicités par des
notables locaux ou par des fédérations dans le cadre d’intérêts communs ou afin de tirer parti de leurs
ressources [34] (influence auprès des pouvoirs publics locaux, place sur des listes électorales du CFCM,
financements) et ne contrôlent pas forcément les dons privés de mécènes de leurs nationalités qui peuvent
financer des projets [35]. Il existe également d’autres fédérations, comme l’Union des Organisations
Islamiques de France (UOIF), proche de l’idéologie islamiste des Frères musulmans [36], qui dispose d’un
réseau important [37] dont des associations (les Jeunes Musulmans de France, la Ligue Française de la
Femme Musulmane, etc.), des écoles privées [38], une soixantaine de mosquées [39], et un rassemblement
annuel au Bourget, la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF). Enfin, il existe aussi des
réseaux transnationaux islamistes comme le mouvement Tabligh (notamment l’association Foi et
Pratique), le Millî Görüş (principalement la Tendance nationale union islamique en France dans l’est de la
France) [40] ou encore les salafistes, avant tout quiétistes (une centaine de mosquées) [41].
II. L’échelle internationale, une géopolitique indépassable ?
Pour des raisons historiques, l’échelle internationale tient un rôle important dans la question du culte
musulman en France. La mise en place de l’Empire colonial français a créé un véritable lien entre la
France, l’islam et les musulmans. L’édification en 1926 de la Grande Mosquée de Paris en est le symbole.
Si la construction rend hommage aux morts de confession musulmane qui ont combattu pour la France,
elle est aussi un outil d’affirmation de l’Empire comme « puissance musulmane » [42] dans la rivalité avec
le Royaume-Uni sur le Levant et illustre une logique de contrôle de l’islam par l’État [43]. Cette logique
continue en partie à façonner la représentation qu’a l’État français de l’islam en France, « au risque même
de privilégier une option diplomatique ou sécuritaire au détriment de l’existence d’un islam « réel » au
sein des territoires » [44]. Au vu des deux attentats djihadistes de 2015 et des 1 090 ressortissants
français ou résidents en France qui se trouvent, sont en transit ou sont revenus de la zone irako-syrienne
[45], cette perception sécuritaire de l’État français reste majeure et s’est traduite, à la suite de la mise en
place de l’état d’urgence, par la prononciation de 49 expulsions d’imams et la fermeture de 12 mosquées
[46]. Bien que le djihadisme soit avant tout une mouvance politique fondamentaliste et radicale qui n’est
pas proprement liée au culte, il crée un besoin spécifique aux services de renseignement qui peut amener
à une surveillance de lieux et de personnes liés au champ cultuel (imams, mosquées).
En France, ce sont principalement les États d’origine des musulmans installés dans le pays qui sont
impliqués dans la question cultuelle, particulièrement l’Algérie et le Maroc, rivaux historiques. Leur
intérêt, au-delà de la dimension sécuritaire qu’ils partagent avec l’État français, est, on l’a vu, de
conserver une influence locale et un certain contrôle auprès de ressortissants et binationaux et « de jouer
un rôle dans le processus d’organisation de la minorité musulmane en vue d’acquérir des ressources
supplémentaires dans les négociations avec l’État français » [47]. L’enjeu tient autant de la diplomatie que
d’un soft power symbolique et religieux lié à une question de prestige au sein de la « communauté des
croyants » française ou mondiale [48] sans forcément être porteur de contraintes doctrinales [49]. États et
réseaux transnationaux, qui ne sont pas uniformes et dans lesquels il existe des rivalités internes, ont ainsi
développé une politique d’influence via de grandes fédérations, l’envoi d’imams salariés ou encore les
financements de mosquées, bien qu’ils soient rares et proviennent essentiellement de musulmans vivants
en France [50]. À titre d’exemple, les frais de fonctionnement de la Grande mosquée de Paris étaient
financés à hauteur de 1,8 million d’euros par an [51] par l’Algérie, la Grande mosquée de Strasbourg a été
financée à hauteur de 53 % de 10,6 millions d’euros par le Maroc, l’Arabie Saoudite et le Koweït [52] et la
Grande mosquée de Saint-Étienne à hauteur de 6 millions d’euros par le roi du Maroc, Mohammed VI
[53].
Carte. L’islam en France
Cliquer sur la vignette pour agrandir la carte. Réalisation : T.
Ciret pour Diploweb.com
III. Un culte musulman français structuré par les contextes géopolitiques locaux et
internationaux
Ces contextes géopolitiques ont – et ont eu – une influence sur la structuration du culte en France. Les
gouvernements français ont eu tendance à prendre comme interlocuteurs les principaux États d’origine
jusqu’au début des années 1980 [54]. Ces États ont ainsi longtemps joué un rôle important dans la
représentation du culte, d’autant plus qu’ils ont été sollicités par des notables locaux (associations
cultuelles et fédérations) [55], que ce soit par nationalisme, par intérêt personnel ou par manque de
ressources. À partir des années 1980, les changements sociologiques propres aux musulmans en France
[56] « ont érigé l’organisation de l’islam en enjeu politique national » [57] et l’État français a organisé par
le haut plusieurs instances de réflexion et de construction de l’islam qui ont débouché sur la création du
CFCM en 2003. L’instance a rapidement été sujette aux rivalités entre l’État, des notables, les États
étrangers et les grandes fédérations représentant le culte. Bien que le bilan du CFCM ne soit pas nul
(structuration d’aumôneries musulmanes, création d’un Observatoire national de l’islamophobie), cette
situation a entraîné une certaine paralysie (boycott des élections par la GMP en 2008, 2011 et l’UOIF en
2011 et en 2013). Jugé comme étant trop proche des États étrangers, le CFCM souffre d’un manque de
crédibilité, d’autant plus que l’institution est peu représentative : la participation aux élections, non
obligatoire, est en baisse [58] et le nombre de délégués votant pour des listes se mesure principalement
en fonction du nombre de m² de la salle de prière [59]. À cause des contextes géopolitiques locaux et
internationaux qui donnent un pouvoir important aux notables et aux États étrangers, le CFCM a permis
un certain « renforcement, voire la constitution d’une emprise nouvelle des États d’origine sur les lieux de
culte » [60], bien que la situation semble plus complexe (affirmation de grandes mosquées régionales,
notables plus autonomes, modification des statuts du CFCM en 2013).
Si l’État français était sans doute conscient de cette situation de blocage, il semble que les attentats
djihadistes de 2015 l’aient poussé à faire évoluer la question du culte. Sans remettre en cause le CFCM,
qui y est bien représenté [61], le gouvernement a mis en place une « instance de dialogue avec l’islam »
censée « mieux refléter la diversité des musulmans, à travers notamment ses intellectuels et ses leaders
associatifs » [62]]. Si cette instance peut être une mesure d’affichage, elle semble manifester la volonté de
dépasser les rivalités pour faire avancer les problématiques cultuelles. Elle pourrait aussi être un signal
envoyé au CFCM afin qu’il essaie de gagner en indépendance et devienne force de proposition, ce qui,
selon les déclarations de son président Anouar Kbibech [63], semble plutôt fonctionner. Néanmoins,
Bernard Godard, ancien fonctionnaire du Bureau central des cultes, décrit l’instance de dialogue comme «
une première étape positive mais non suffisante » [64]. Les problématiques restent en effet nombreuses –
formation des imams, financement du culte, transparence et bonne gestion des fonds [65], statut pour les
aumôniers musulmans, meilleure représentativité du culte, etc. – et on peut craindre que les rivalités au
sein du CFCM [66], entre États et entre grandes fédérations ne bloquent la situation. Focalisé sur les
aspects sécuritaires, l’État français pourrait également être tenté de renforcer sa collaboration avec les
États étrangers plutôt que de réformer profondément la représentation du culte (quitte à faire perdre un
certain pouvoir à ces États) [67].
De par la diversité des acteurs et des enjeux qui lui sont liés, le culte musulman en France s’inscrit dans
une dynamique complexe qui semble être un frein à sa gestion et à sa représentativité cultuelle.
Néanmoins, à en croire les annonces récentes du CFCM et du gouvernement (mise en place d’un Conseil
théologique et de l’instance de dialogue), les attentats de 2015 ont aussi créé une fenêtre politique. Une
place plus grande à un « islam réel » [68], français, local, plus représentatif des 4 millions de musulmans
et éloigné des consulats, serait-elle en train de se faire ? Si le pari est stratégique et de longue haleine, les
enjeux le sont tout autant (renforcement du soft power français, accès à un culte digne qui a toute sa
place dans la cité et qui définit sa propre théologie, loin de notabilités parfois léthargiques). Cela
permettrait peut-être d’enrayer le risque de dissociation entre l’opinion publique et l’islam [69] – qui
pourrait être utilisée par « l’ultra-droite » [70] comme par les djihadistes – ainsi que le repli identitaire
[71] qui peut parfois caractériser la société française.
Copyright Juin 2016-Ciret/Diploweb.com
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La carte en haute qualité au format PDF
Carte de l’islam en France
Réalisée par T. Ciret pour le Diploweb.com
P.-S.
Thomas Ciret est étudiant en Master 2 à l’Institut Français de Géopolitique (IFG, Université Paris VIII).
Ses recherches de Master 1 ont porté sur l’analyse géopolitique du projet d’aménagement de la Grande
Mosquée de Marseille. Il est également titulaire d’un Bachelor en journalisme et a travaillé dans diverses
rédactions, notamment : 01 net, L’Express et Ouest-France.
Notes
[1] Larroque Anne-Clémentine, (2014), Géopolitique des islamismes, Paris, Presse Universitaire de
France, p. 3 et 99.
[2] Bonnefoy Laurent, Lacroix Stéphane, « Le problème saoudien », La Revue du Crieur, n° 3, mars
2016, p. 37.
[3] Selon une étude de l’Institut national d’études démographiques qui utilise la méthodologie suivante
: « La définition retenue pour qualifier les « Musulmans » est l’affiliation religieuse auto-déclarée. [...]
L’information est disponible dans l’enquête pour les personnes âgées de 18 à 60 ans, ce qui représente
2,4 millions de Musulmans. Comme l’information n’est pas disponible dans les mêmes termes pour les
groupes d’âges inférieurs et supérieurs, nous avons construit des estimations à partir des effectifs des
pays d’origine des personnes ou de leur(s) parent(s), […] ». Cf. Simon Patrick et Tiberj Vincent, (2013),
Document de travail n° 196 : « Sécularisation ou regain religieux : la religiosité des immigrés et de
leurs descendants », Institut national d’études démographiques, p. 6.
[4] Observatoire national contre l’islamophobie, Communiqué de presse : Bilan des actes
antimusulmans 2015, [en ligne], 20 janvier 2016.Disponible sur :
http://www.lecfcm.fr/wp-content/uploads/2013/11/bilan-actes-antimusulmans-annee-2015.pdf [consulté
le 31 mai 2016] ; Collectif contre l’islamophobie, (2015), Rapport annuel 2016 sur l’année 2015, [en
ligne], p. 15. Disponible sur http://www.islamophobie.net/sites/default/files/Rapport-CCIF-2016.pdf
[consulté le 31 mai 2016].
[5] La « communauté musulmane » est avant tout une représentation géopolitique. Cette
représentation préfigure l’existence d’une communauté des musulmans existant localement ou à
l’échelle de la planète, l’Oumma islamiyya. Pourtant, quel est le lien entre une jeune française urbaine
de confession musulmane et un vieux bédouin qui vit en Arabie Saoudite, en dehors de leur
appartenance à la même religion ? S’il existe un « référent communautaire islamique », le rapport à la
société et les pratiques religieuses divergent selon les courants, langues, ethnies et nations, la
connaissance de la religion, les idéologies et les rites. Ces champs influent les manières de vivre l’islam
et d’être musulman. C’est pourquoi nous choisissons de parler de communauté musulmane entre
guillemets. Néanmoins, la représentation de la « communauté musulmane » produit des effets
politiques. Certaines municipalités peuvent ainsi aimer croire en l’existence d’un « vote musulman ». «
La variable religieuse n’est, très généralement, qu’un paramètre parmi d’autres dans la détermination
du choix ultime » rappelle pourtant Haoues Seniguer, maître de conférences en science politique à
l’Institut d’Études Politiques de Lyon. Cf. Telhine Mohammed, (2010), L’islam et les musulmans en
France : une histoire de Mosquées, Paris, L’Harmattan, p. 31. ; Larroque Anne-Clémentine, (2014),
Géopolitique des islamismes, Paris, Presse Universitaire de France, p. 121 ; Auteur inconnu, « Le vote
musulman n’existe pas », Atlantico, 7 janvier 2015. Disponible sur :
http://www.atlantico.fr/rdv/politico-scanner/pourquoi-vote-musulman-existe-pas-haoues-seniguer-19413
85.html [consulté le 18 juin 2016].
[6] Duvoux Nicolas, « L’islam et les pouvoirs publics en France…, Op. Cit.
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