la lettre de IâInSHS
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janvier 2016
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Ă lâaube dâune annĂ©e nouvelle, il est coutume de sâinterroger sur
les grands chantiers qui lâanimeront. En 2016, peu auront autant
dâimportance pour lâenseignement supĂ©rieur et la recherche en
France que la question de la politique de site. Elle se déclinera, en
effet, dans un grand nombre dâactions, en particulier la poursuite
de la mise en place des CommunautĂ©s dâUniversitĂ©s et dâEtablis-
sements (COMUE), lâĂ©valuation des Idex de la premiĂšre vague
du Plan dâInvestissement dâAvenir ainsi que la dĂ©signation des
laurĂ©ats Idex et Isite de la deuxiĂšme vague du mĂȘme PIA.
OpĂ©rateur de lâEtat, organisme de recherche national, le CNRS
est trÚs impliqué dans la politique de site, qui a été mise en place
et développée par les gouvernements successifs depuis le mi-
lieu des annĂ©es 2000, et confortĂ©e par la loi sur lâEnseignement
Supérieur du 22 juillet 2013. Elle a été pensée pour rendre plus
efîcace un systĂšme dâenseignement supĂ©rieur et de recherche,
qui occupe une des premiĂšres places mondiales et compte des
îgures internationalement reconnues, mais dont chacun peut
constater quâil souffre dâune relative fragmentation. La multi-
plicitĂ©, Ă peu de distance gĂ©ographique, dâacteurs de taille, de
nature et de stratégie différentes, mais aux objectifs en principe
communs, en particulier en matiĂšre de recherche, entraĂźne une
perte dâefîcacitĂ© dans un certain nombre de cas. La politique de
site a donc pour vocation de rapprocher sur un mĂȘme territoire
les UniversitĂ©s et les diffĂ©rents Ă©tablissements dâenseignement
supĂ©rieur aîn de dĂ©velopper leurs synergies. La mise en place
de la politique de site est passée par la constitution des Com-
munautĂ©s dâUniversitĂ©s et dâEtablissements qui peuvent prendre
plusieurs formes. Le CNRS en est trÚs souvent, mais pas systé-
matiquement, membre. Il sâest lui-mĂȘme rĂ©organisĂ© pour suivre
au mieux la politique de site. Son représentant sur un site est le
Directeur scientiîque rĂ©fĂ©rent, qui est un directeur dâInstitut, et
il est assistĂ© du DĂ©lĂ©guĂ© RĂ©gional et dâun Adjoint au Directeur
Scientiîque RĂ©fĂ©rent. Tous les Instituts comptent Ă prĂ©sent un
Directeur Adjoint Scientiîque chargĂ© de la politique de site.
Au sein du CNRS, lâInstitut des Sciences Humaines et Sociales
a un intĂ©rĂȘt tout particulier au dĂ©veloppement de la politique
de site. La répartition de ses forces sur le territoire national est,
en effet, le fruit dâune histoire longue dont les dynamiques ont
pu parfois aboutir à des déséquilibres, dans certains domaines,
entre lâĂle-de-France et les autres rĂ©gions. Cette histoire a Ă©ga-
lement favorisĂ© lâĂ©mergence dâune grande variĂ©tĂ© de types
dâUnitĂ©s Mixtes de Recherche (UMR), au sein desquelles lâimpli-
cation du CNRS est trĂšs variable. Pour certaines dâentre elles, les
raisons scientiîques de la prĂ©sence du CNRS parmi les tutelles
ont eu tendance Ă sâeffacer au-delĂ de la qualitĂ© gĂ©nĂ©rale des
recherches qui y sont menĂ©es. LâInSHS a, en effet, choisi, depuis
plusieurs années, et à la demande de ses tutelles, de porter un
certain nombre dâopĂ©rations transversales au paysage national
de lâEnseignement SupĂ©rieur et de la Recherche, en particulier
les deux TGIR, Huma-Num et Progedo, les Maisons des Sciences
Humaines (MSH) et, plus généralement, les grands dispositifs de
lâinternationalisation de la recherche en SHS (UMIFRE et UMI, rĂ©-
seaux, affectations Ă lâĂ©tranger, dispositif « Soutien Ă la MobilitĂ©
Internationale » et contrats doctoraux). LâInSHS intervient aussi
en complĂ©mentaritĂ© des universitĂ©s et Ă©tablissements aîn de
mieux dĂ©velopper : lâinterdisciplinaritĂ© et la pluri-disciplinaritĂ© ;
les humanités numériques ; les méthodes de recherche liées à la
quantiîcation, Ă la modĂ©lisation ou Ă la formalisation ; le soutien
aux études aréales ou aux études de genre, en particulier. La mise
en place de la politique de site est donc le moment oĂč lâInSHS
et ses partenaires, sur un site donné, peuvent se retrouver et
conîrmer leur engagement commun dans les UMR, autour de
ces grandes actions structurantes appliquées à des thématiques
de recherche fondamentale, qui peuvent ĂȘtre originales sur le
site Ă lâĂ©chelle nationale ou complĂ©mentaires dâautres recherches
menées ailleurs. La politique de site est donc une chance, pour
lâInSHS et pour ses partenaires, de refonder une politique scien-
tiîque partagĂ©e, en particulier lĂ oĂč les sciences humaines et
sociales sont trÚs présentes, et pour faire en sorte que tous ses
personnels sây sentent pleinement impliquĂ©s.
Nous ne pouvons ouvrir cette premiĂšre lettre de lâannĂ©e 2016
sans nous rappeler les terribles événements que nous avons vé-
cus, en janvier, en novembre, et, pratiquement, tout au long de
lâannĂ©e passĂ©e. En ce dĂ©but de janvier, la France commĂ©more les
premiĂšres victimes dâune annĂ©e sanglante et nous savons que,
comme nous, vous vous associez de cĆur Ă ces hommages. Sans
doute avez-vous aussi remarqué à quel point ces événements
commencent Ă changer le regard que beaucoup de nos com-
patriotes portent sur les chercheurs en sciences humaines et so-
ciales. Apportant un regard différent de celui des commentateurs
qui dominent lâespace mĂ©diatique, nos collĂšgues spĂ©cialisĂ©s sur
les formes de radicalisation, sur la place des religions dans la cité,
sur le Proche et le Moyen-Orient, sur les phĂ©nomĂšnes dâinclusion
et dâexclusion, ou encore sur les conîits de mĂ©moire, ont appor-
té au débat national, dans la presse, à la télévision ou dans les
nouveaux mĂ©dias, des contributions scientiîques fondamentales
et comprises comme telles par les décideurs et le public.
La réussite des premiÚres actions engagées par le CNRS et ses
partenaires pour cartographier les recherches entreprises depuis
longtemps dans ces domaines, et dans bien dâautres qui leur sont
connexes, est aussi un Ă©lĂ©ment rĂ©confortant. Lâappel Ă projet «
attentats-recherche », lancĂ© en novembre 2015, a suscitĂ© dĂ©jĂ
plus de deux cents quarante réponses, dont une majorité issues
des SHS, tĂ©moignant du dĂ©sir de lâensemble des personnels
dâassumer une des missions historiques des sciences humaines et
sociales qui est de rendre plus lisibles les complexités du monde
dans lequel nous vivons.
Nous savons que chacun, Ă sa place, dans le remarquable dispo-
sitif de lâEnseignement SupĂ©rieur et de la Recherche dont dispose
la France, continuera cet effort et attestera de sa profonde inser-
tion dans la citĂ©. Câest le vĆu que nous formulons et que nous
ajoutons aux traditionnels souhaits de nouvel an que nous vous
adressons chaleureusement.
Patrice Bourdelais, Directeur de lâInSHS, & François-Joseph
Ruggiu, DAS InSHS, en charge de la politique de site
Ă
d
i
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Patrice Bourdelais, Directeur de lâInSHS
François-Joseph Ruggiu, DAS InSHS
© CNRS / Nicole Tiget