
au  point de  vue  de  la  poësie, nous devons considérer  ce que l’observation 
et le raisonnement nous en ont fait connaître.  Ne  craignons point do  voir 
s’évanouir,  à la suite  d’une  étude  approfondie, les illusions dont notre ima
gination aime  à se bercer;  dans les  œuvres de Dieu la  réalité  surpasse la 
fiction, et c’est un de  leurs caractères que mieux on les  connaît, plus elles 
paraissent dignes d’admiration.
Les anciens ne  possédaient aucun de3 puissants appareils que  la  science 
met  au  service  des  astronomes  modernes ; on  ne  s’étonnera  donc  point 
qu’ils n’aient eu  sur Vénus  que  des  données  imparfaites.  Son  éclat, sa 
position, ses mouvements,  voilà ce qui les avait surtout frappés et  les  noms 
qu’ils  lui  donnèrent  nous  traduisent  le  résultat  de  leurs  observations. 
Chez les Egyptiens elle  s’appelle  la  belle  étoile:  chez  les Indiens,Sukra, 
c’est-à-dire 
l'éclatante.
  Homère  en  fait le plus bel  astre  qui  ait été  placé 
dans  le  ciel, et les Romains, évidemment, ont été guidés par la même pensée 
lorsqu'ils  l’ont consacrée  à  la déesse  Vénus.
Les noms si connus d 
Etoile du matin, d'Etoile du soir
, nous viennent des 
Grecs qui  croyaient  à  l’existence  de  deux astres dont  l’un  se lève avec 
l’aurore  pendant  une  partie  de  l’année, et  l’autre  brille  dans le  crépuscule 
du soir le  reste du temps.
I'ythagore  les  tira  de  cette  erreur.  Il  leur fit  rem arquer que l’étoile 
du matin, leur 
Eosphoros,
 change continuellement de  place dans le  ciel.  A 
une certaine époque, elle précède  le soleil  de  plus de trois heures, mais  son 
lever retarde ensuite graduellement  et bientôt elle est tellement  rapprochée 
de  l’astre du jour, qu’elle  se  perd  dans  ses  feux.  Dans  cet  état,  elle est 
complètement  invisible  pour nous.
Continuant  son chemin  vers  l’orient, elle  passe  à droite du soleil  et s’en 
dégage  peu  a peu, mais  cette  fuis  elle le  suit  au  lieu  de  le  précéder ;  ce 
n est plus l’étoile  du  matin,  c’est 
JIesj>eron
 ou  l’étoile  du soir.
Ces déplacements de  V énus, déjà si remarquables, se compliquent d’une 
bizarrerie  apparente :
Après avoir  longtemps  cheminé  d’un  pas grave  d’occident  en Orient, 
notre étoile  semble hésiter,  comme  si  elle était incertaine  du parti  qu’elle 
doit  prendre, s’arrête, rebrousse chemin, puis  tâtonne encore, et reprend la 
route  quVlle  venait  d’abandonner.  Elle finit cependant, après  plusieurs 
stations  et rétrogradations,  par  accomplir  une  révolution  complète autour 
du ciel dans  l’espace  de  11 mois  environ.
Les astronomes  (ïrecs,  qui  faisaient  de  la  terre  le centre du  monde, ne 
comprirent rien aux  déplacements  que  nous  venons  de décrire.  Il  était 
réservé  a  Copernic  de nous  en  donner l’explication.
L illustre  savant  d’Allem agne, rcnouvcllant  une  idée  heureuse  «loa 
égyptiens, supposa que  le  soleil  est  le centre de  tous les mouvements  pla
nétaires  et  que  Vénus  circule  autour de  lui  en  décrivant une  courbée 
t'aucoup  moins grande  que  celle  de  la terre.  Cette  hyphothèse, dont la