Les Annélides et les Nématodes Introduction

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Les Annélides et les Nématodes
par Jon G. Houseman
Introduction
On retrouve des animaux ayant la forme de vers (vermiformes) et ne possédant pas de
pattes dans environ 14 embranchements d'invertébrés Protostomiens. Le mot ver
désigne donc un grand nombre d'animaux qui ne sont ni des Mollusques ni des
Arthropodes. Ces 14 embranchements dérivent tous d'un ancêtre commun
Plathelminthe, mais ont peu d'autres choses en commun.
Au départ, Carl von Linné a classifié tous les animaux sans appendices dans
l’embranchement Vermes et depuis ce temps, les taxinomistes continuent de
subdiviser ce groupe artificiel en embranchements plus appropriés.
On retrouve les vers annelés dans l’embranchement Annelida. Ces animaux se
caractérisent par leur corps métamérique avec une série linéaire de cavités cœlomiques
tapissées de mésoderme. Les vers ronds ou Nématodes sont, par contre, des animaux
qui possèdent une cavité corporelle simple, le pseudocœlome. Les animaux dans ces
deux embranchements se servent d’un squelette hydrostatique afin d’effectuer leurs
mouvements. Ceci est un des sujets d’étude pour le labo de cette semaine. Vous verrez
comment l’organisation des muscles varie entre le ver de terre, un Polychète marin,
Nereis, une sangsue et le nématode Ascaris. Lorsque vous complétez vos observations,
prenez le temps de réfléchir comment ces différences au niveau de la musculature et
du squelette hydrostatique peuvent influencer la locomotion de chaque animal.
Aujourd’hui vous dissèquerez trois de ces vers : le ver de terre, Nereis et Ascaris.
Parmi les Annélides, on vous demande d’observer l’organisation métamérique des
organes mésodermiques et ectodermiques parce que les structures endodermiques ne
montrent aucune indication de la métamérie. Puisque le liquide dans les cavités
cœlomiques isolées sert de milieu hydraulique pour le mouvement, le sang remplace
ce liquide cœlomique comme liquide circulatoire. Bien que les vaisseaux sanguins
montrent une organisation métamérique, les vaisseaux dorsaux et ventraux assurent
que toutes les parties du corps reçoivent du sang oxygéné et riche en nutriments. Chez
les vers ronds, les liquides retrouvés dans le pseudocœlome sont le liquide circulatoire
principal de l’animal. La plupart des Nématodes sont petits et il y a eu une
simplification des organes internes. N’oubliez pas de faire attention à ce changement
pendant votre dissection du ver rond.
Au cours de ce laboratoire, vous examinerez quatre différentes architectures chez les
vers annelés et le ver rond. À part de vos dissections, vous aurez aussi la chance
d’observer des lames microscopiques de coupes transversales des mêmes animaux.
Essayez de trouver les mêmes structures sur les lames et dans vos dissections.
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Finalement, vous examinerez l'arrangement des muscles chez chaque animal et
tenterez de relier cet arrangement musculaire au mode de locomotion des quatre vers.
Le lombric est l'Annélide qui vous est le plus familier mais il n'est pas nécessairement
représentatif des formes variées chez les différentes espèces dans l'embranchement.
Les Annélides sont l’un des embranchements actuellement les plus diversifiés (le
7ième) et possèdent plusieurs adaptations importantes qui ont assuré leur succès. À
l’image des membres de l'embranchement des Arthropodes, le plus diversifié
actuellement, ils dérivent d'un ver plat. Leur caractéristique la plus évidente lorsque
l'on examine leur anatomie externe est leur segmentation (métamérie ou
métamérisation). Un examen attentif de l'anatomie interne révèle que les organes
internes reflètent également cette segmentation et sont souvent répétés dans chaque
segment ou métamère.
Quelques architectures d'Annélides
Certains des Annélides les plus primitifs vivent dans les sédiments marins où ils
s'enfouissent plus ou moins profondément. Certains vers sédentaires vivent dans des
tubes qui les protègent et utilisent leurs tentacules pour capturer leur nourriture à la
surface des sédiments alors que d'autres, plus spécialisés, se nourrissent en filtrant
l'eau qu'ils font circuler dans leur terrier. Certains Polychètes errants ont complètement
quitté leur terrier et peuvent nager en se servant de leurs parapodes comme rames pour
augmenter l'efficacité des ondulations du corps comme mode de locomotion. Chez ces
vers errants, le côté droit et le côté gauche de chaque métamère sont cloisonnés et ce
cloisonnement augmente l'efficacité de la locomotion. Pourquoi?
Les vers de terre illustrent bien les adaptations de l'architecture des Annélides à la vie
en milieu terrestre. Leur impact sur les sols est d'ailleurs aussi important que celui des
Polychètes sur les sédiments marins. Les lombrics permettent un enrichissement des
sols en accélérant le recyclage des éléments nutritifs en milieu terrestre. Il n'y a pas de
cloison entre le côté gauche et le côté droit du cœlome chez ces vers qui se déplacent
en fouissant dans le substrat en ligne droite.
La sangsue est atypique des Annélides. Son cœlome est réduit à une série de sinus qui
entourent les organes internes et le système circulatoire.
Embranchement : Annelida, Classe : Clitellata
Lumbricus terrestris
Le spécimen classique du corps segmenté des Annélides est le lombric ou ver de terre
commun, Lumbricus terrestris. Le jour, cet animal reste enfoui dans un terrier, dont il
sort la nuit pour se nourrir de feuilles et d’autres débris végétaux. Même lorsqu’il se
nourrit, le lombric ne quitte jamais complètement son terrier, la queue restant ancrée
dans la terre pendant que le reste du corps s’étire à l’extérieur pour chercher de la
nourriture. Le lombric tient la nourriture dans la bouche et la ramène dans son terrier
en se rétrécissant par contraction. À toutes fins pratiques, on ne voit un lombric
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complètement sorti de son terrier que lorsque ce dernier est inondé d’eau mal
oxygénée. Pourquoi une eau mal oxygénée force-t-elle le lombric à sortir de son
terrier? Rappelez-vous que le corps du lombric a évolué pour pouvoir creuser dans un
milieu terrestre, et que de nombreuses modifications du corps primitif des Annélides
sont propres à cette espèce.
On peut attraper des lombrics vivants la nuit ou en acheter chez un fournisseur
d’appâts pour la pêche. La plupart des entreprises de fournitures biologiques vendent
des lombrics conservés. Des lombrics qui ont été anesthésiés par immersion pendant
10 à 20 minutes dans de l’éthanol à 20 % conviennent particulièrement bien à
l’observation de l’anatomie interne. Lorsque vous étudiez l’anatomie interne d’un
spécimen conservé, couvrez-le d’eau; dans le cas d’un ver anesthésié, couvrez-le
d’une solution 0,15 M de NaCl.
Anatomie externe
Pour observer l’anatomie externe du lombric (Figure 1), il est préférable d’utiliser un
spécimen conservé. La plus grande partie du corps est cylindrique, et la face ventrale
légèrement aplatie est plus pâle que la face dorsale de l’animal. Tous les Annélides ont
sur chaque segment véritable deux paires de soies, à raison d’une paire de chaque côté
du corps. Si vous passez délicatement le doigt sur la face ventrale plus claire de
l’animal, vous pourrez sentir les soies. Il se peut que vous deviez essayer à différents
endroits le long du corps de l’animal, parce que dans certaines régions, les soies se
sont rétractées. Assurez-vous de localiser les deux paires de soies d’un segment. Après
avoir trouvé une partie du corps où les soies sont sorties, mettez le ver sous le
microscope à dissection et examinez-les de plus près. Comment les soies sont-elles
orientées et regroupées? D’après vous, comment cela est-il lié à leur rôle dans la
locomotion? Comment la disposition des soies est-elle liée à l’autapomorphie qui
définit les Annélides?
Les Annélides sont connus pour leur structure métamérique, mais tout ce qui
ressemble à un segment n’en est pas toujours réellement un. Ce qui ressemble au
premier segment du corps n’est pas un véritable segment. C’est le prostomium, qui
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Figure 1 Caractéristiques externes de la partie antérieure d’un lombric
est à peine davantage qu’une lèvre surplombante située devant la bouche, elle-même
située sur la face ventrale du péristomium. À l’extrémité postérieure de l’animal,
l’anus est entouré du pygidium, qui n’est pas non plus un véritable segment. Ce qui
est ou n’est pas un véritable segment est lié à la morphologie de la larve trochophore.
La larve trochophore possède ces trois régions (prostomium, péristomium et
pygidium), mais on ne s’entend pas sur le fait de savoir si la deuxième de ces régions
est un segment. Les zoologistes s’entendent pour dire que lorsque des segments
s’ajoutent, ils apparaissent entre les régions moyenne et postérieure de la larve
trochophore, et tous s’entendent sur le fait que le prostomium et le pygidium, qui sont
les parties les plus antérieure et postérieure de la larve, ne sont pas de véritables
segments. Par contre, certains zoologistes croient que le péristomium, qui constitue la
région moyenne de la larve trochophore, est le premier véritable segment, alors que
d’autres sont d’avis que ce n’est pas un segment. Nous pouvons laisser ce débat à
d’autres, mais faites attention lorsque vous comptez les segments. Les numéros de
segment indiqués dans ce guide sont fondés sur l’hypothèse selon laquelle le
péristomium n’est pas un véritable segment. Si vous croyez que c’en est un, ajoutez 1
aux numéros de segment qui servent de repères.
Figure 2 Alignement de deux lombrics qui s’accouplent
Examinez la face dorsale de l’animal. Les segments nos 32 à 37 sont modifiés pour
former le clitellum, qui joue deux rôles importants dans la reproduction : il forme la
gaine muqueuse qui favorise l’accouplement (Figure 2) et il produit le cocon qui
protège les œufs fécondés une fois qu’ils sont pondus.
Pour observer les orifices externes de l’appareil reproducteur, vous devrez peut-être
laisser sécher l’agent de conservation de votre spécimen. Les orifices des oviductes
sont situés sur le segment no 14, près de la ligne médioventrale. Les deux pores
génitaux mâles, aux bords très proéminents et situés sur le segment no 15, sont
beaucoup plus faciles à voir. Cherchez les sillons sexuels, qui s’étendent vers l’arrière
jusqu’au bord antérieur du clitellum. Pendant que les vers qui s’accouplent sont
entourés de la gaine muqueuse sécrétée par le clitellum (Figure 2), les spermatozoïdes
d’un ver se déplacent le long des sillons sexuels jusqu’aux orifices des réceptacles
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séminaux situés entre les segments nos 9 et 10 ainsi que 10 et 11 de l’autre ver. Ces
orifices peuvent être difficiles à voir parce qu’ils sont situés entre des segments.
Si vous avez un lombric vivant, mettez-le sur un plateau recouvert de terre et observez
comment il se déplace. Vous pouvez aussi observer les vers vivants sur le plateau de
démonstration. Quand vous avez pris votre spécimen au début de la séance, avezvous remarqué comment il a réagi lorsque vous avez voulu le sortir du
contenant? La forme de l’extrémité postérieure de votre ver a-t-elle changé? Ce
changement de forme est-il lié à la manière dont le ver s’ancrerait dans le terrier
où il vit? Vous auriez dû observer un réflexe de fuite par lequel l’animal est rentré
dans son terrier. Quel est le lien entre ce réflexe et ce que vous venez d’observer?
Plus tard au cours de la séance, vous allez voir sur les lames de coupes transversales
les axones géants spécialisés responsables de la coordination de ce réflexe.
Anatomie interne
Figure 3 Principales caractéristiques internes d’un lombric
Utilisez autant que possible un lombric vivant anesthésié pour vos observations de
l’anatomie interne (Figure 3 et Figure 4). Cette préparation présente un certain nombre
d’avantages par rapport à un spécimen conservé. En particulier, des structures
délicates telles que les métanéphridies, le sperme et les oviductes sont plus faciles à
voir à cause des différences de couleur. Les agents de conservation ont tendance à
donner à tous les tissus internes du lombric la même couleur brune plutôt fade.
L’organisation de l’appareil circulatoire est également plus facile à voir dans un
spécimen vivant, parce que l’hémoglobine conserve sa couleur rouge caractéristique
au lieu du brun foncé que l’on trouve dans les spécimens conservés.
Anesthésiez votre ver en le mettant dans de l’éthanol à 20 % pendant 10 à 20 minutes
ou jusqu’à ce qu’il cesse de se débattre. Même si l’animal est anesthésié dans de
l’éthanol à 20 %, les mouvements de l’appareil circulatoire et de l’appareil digestif
sont encore visibles lorsque vous ouvrez l’animal. Une démonstration courante à
l’époque de la prohibition et dans les réunions de mouvements antialcooliques
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 109
consistait à montrer les effets de l’alcool diabolique en plongeant un lombric dans un
verre d’eau et dans un verre de boisson fortement alcoolisée. Le ver se débat et
meurt dans l’alcool mais pas dans l’eau. Pourquoi? Pourquoi l’éthanol dilué agitil comme anesthésique?
Pour observer votre ver au microscope à dissection, placez votre spécimen anesthésié,
la face dorsale vers le haut, contre un côté du plateau à dissection. En épinglant votre
spécimen, vous allez déclencher le réflexe de fuite, et vous ne voulez pas que l’animal
se libère. Pour vous en assurer, mettez des épingles de chaque côté dans le
prostomium et à trois ou quatre endroits à travers les côtés du ver derrière le clitellum.
Mettez une autre épingle dans un segment postérieur.
Avant d’inciser le ver, rappelez-vous que les organes internes situés derrière le
clitellum se répètent dans chaque segment, et que ces segments n’ont aucune structure
en propre. C’est donc derrière le clitellum que vous pouvez mettre à l’épreuve vos
talents de chirurgien. Faites l’incision à l’aide d’une paire de ciseaux fins plutôt que
d’un scalpel. Si vous utilisez un scalpel, veillez à ce qu’il soit bien affûté. Mettez la
pointe du scalpel dans l’incision et coupez en soulevant. Si vous utilisez des ciseaux
fins, soulevez la paroi du corps tout en coupant. Cette manière de faire minimisera les
Figure 4 Structures internes contenues dans un métamère de lombric
dommages accidentels aux structures sous-jacentes. À mesure que vous faites
l’incision, remettez les épingles qui maintiennent la paroi du corps, de manière à ce
que le ver reste bien en place sur le plateau. Lorsque vous tirerez la paroi du corps vers
le côté, vous devrez sectionner les parois des septums de chaque segment. Après avoir
terminé l’incision, inondez votre spécimen de solution salée et sectionnez les parois
septales restantes. Si vous travaillez sur un spécimen conservé, couvrez-le d’eau.
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La première caractéristique manifeste est le cœlome, cavité à l’intérieur du corps. Ce
cœlome est spacieux, et l’on voit bien qu’il est divisé par des septums en métamères
distincts. Comment les septums sont-ils alignés avec les anneaux externes du
corps? Examinez la surface externe de la paroi du corps. Une fine cuticule externe la
rend opalescente.
Examinez la paroi du corps sur une lame d’une coupe transversale du lombric (Figure
5). Regardez attentivement la surface externe afin de voir l’épithélium (hypoderme)
et la fine cuticule qui le recouvre. Si elle était ininterrompue, elle pourrait constituer
un obstacle aux échanges entre l’animal et son milieu; pour contourner ce problème,
elle comporte de petits pores. Pourquoi est-il important que la cuticule soit
perforée? La partie la plus épaisse de la paroi du corps est constituée des muscles
longitudinaux; les muscles circulaires forment une couche plus mince entre les
muscles longitudinaux et l’épithélium. Qu’arrive-t-il au diamètre et à la longueur
de l’animal lorsque tous les muscles circulaires se contractent? Si votre lame ne
comprend pas de soie, prenez-en une autre. Il est toutefois peu probable que vous
trouviez une lame où les quatre paires de soies seront visibles. Les soies sont faites de
chitine bêta et ne constituent pas des tissus vivants. C’est pourquoi elles sont de
couleur rouge vif sur les lames vendues dans le commerce. Repérez une soie et sa
Figure 5 Détail d’une coupe dans la paroi du corps d’un lombric au
voisinage d’une soie
musculature dans votre coupe transversale. Ces muscles ont-ils pour effet de faire
rentrer ou sortir les soies? Les soies et leurs muscles introduisent des discontinuités
dans les muscles longitudinaux, créant des blocs distincts de tissu musculaire. La
surface interne de la paroi du corps est bordée d’un péritoine qui la sépare du
cœlome. Repérez le péritoine sur votre lame.
L’appareil digestif
Examinez les principaux éléments du tube digestif : la bouche, le pharynx,
l’œsophage, le jabot, le gésier et l’intestin (Figure 3). Servez-vous d’une sonde
mousse pour tâter chacune de ces structures. Lesquelles sont dures et rigides?
Lesquelles sont molles et souples? Quel lien cela a-t-il avec leurs diverses
fonctions? Le pharynx est très musculeux; cherchez les fibres musculaires qui le
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 111
fixent à la paroi du corps. Sur la surface de l’intestin, juste derrière la dernière crosse
aortique, on trouve les glandes calcifères, qui interviennent dans la régulation du
calcium. Pourquoi le lombric a-t-il besoin de glandes calcifères pour réguler le
taux de calcium dans le sang et les liquides corporels?
Figure 6 Coupe des principaux vaisseaux sanguins d’un lombric et des
organes qu’ils irriguent
Sur une lame d’une coupe transversale, identifiez les principales structures de
l’intestin. La partie centrale de l’intestin est constituée du typhlosole, où l’intestin se
replie sur lui-même. Quel est l’avantage de la présence d’un typhlosole? Examinez
attentivement la paroi de l’intestin, afin de voir la différence entre l’épithélium
intestinal et le tissu chloragogène qui recouvre la surface de l’intestin. Ce tissu joue
un rôle important dans la désamination des acides aminés. Voyez la différence entre
les cellules épithéliales intestinales et la musculature adjacente.
L’appareil circulatoire
L’appareil circulatoire fermé (Figure 6 et Figure 7) est bien développé et comprend
des vaisseaux contractiles et des réseaux de capillaires. Une partie de l’appareil
circulatoire est imbriquée dans un tissu chloragogène jaunâtre qui intervient dans le
métabolisme intermédiaire et la désamination des acides aminés.
Examinez l’appareil circulatoire au microscope à dissection et familiarisez-vous avec
le schéma de circulation du sang. Le gros vaisseau sanguin rouge sur la surface
Figure 7 Vue longitudinale
sanguins
Les Annélides des
et lesprincipaux
Nématodesvaisseaux
© Houseman
– page d’un
112 lombric et
des organes qu’ils irriguent
supérieure du tube digestif est le vaisseau dorsal. Surveillez les contractions du
vaisseau dorsal. Dans quel sens le sang coule-t-il? Cinq paires de crosses aortiques,
aussi appelés cœurs mais qui sont en réalité des vaisseaux latéraux (transversaux)
modifiés, sont situés dans les segments nos 7 à 11. Ils relient le vaisseau dorsal au
vaisseau ventral. Dans les crosses aortiques, le sang ne coule pas dans le sens
généralement associé aux vaisseaux latéraux. Au lieu d’aller du vaisseau ventral au
vaisseau dorsal, le sang coule en sens contraire dans les crosses aortiques. Pourquoi
en est-il ainsi dans ces segments? Au microscope à dissection, vous devriez
également voir une variété de vaisseaux sanguins qui se ramifient dans la cavité
corporelle. Ces vaisseaux comprennent les lits capillaires de la paroi de corps, de
l’intestin et des métanéphridies. Le vaisseau dorsal reçoit du sang de la région
intestinale par le vaisseau dorso-intestinal et est relié au vaisseau sous-neural par le
vaisseau dorso-sous-neural. Les autres vaisseaux sont situés sous l’intestin. Ils
comprennent le vaisseau ventral situé au-dessus du cordon nerveux et le vaisseau
sous-neural, situé en dessous. Pour voir le vaisseau ventral, repoussez délicatement
vers le côté, à l’aide d’une sonde mousse, une partie de l’intestin située derrière les
crosses aortiques et les structures reproductrices.
Sur une lame préparée de coupe transversale du lombric, repérez les principaux
éléments de l’appareil circulatoire. Le vaisseau dorsal, le vaisseau ventral et le
vaisseau sous-neural sont tous les trois faciles à voir. Selon la lame, vous pourrez aussi
peut-être voir des vaisseaux latéraux reliés au vaisseau dorsal, ainsi que des
vaisseaux sanguins du typhlosole.
L’appareil reproducteur
Les lombrics sont hermaphrodites. Les organes reproducteurs mâles et femelles sont
dans des segments situés devant le clitellum (Figure 8). La partie mâle de l’appareil
reproducteur comprend trois grandes vésicules séminales, visibles dans votre
dissection sous forme de grandes structures semblables à des sacs qui commencent des
segments nos 8 à 10 et s’étendent jusqu’au segment no 13. Le sperme mûrit et est
Figure 8 Appareil reproducteur du lombric
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 113
entreposé dans les vésicules séminales avant l’accouplement. La base des vésicules
séminales d’un ver anesthésié est beaucoup plus blanche que le reste de la structure,
parce que le sperme est visible à travers la fine paroi des vésicules. Deux pavillons et
leurs canaux déférents (conduits spermatiques) aboutissent dans les vésicules
séminales à partir des testicules situés sur les parois septales qui séparent les segments
nos 9 et 10 ainsi que 10 et 11. Ces parties de l’appareil reproducteur mâle sont difficiles
à voir parce qu’elles sont enveloppées dans le complexe formé par les grandes
vésicules séminales. Si vous disséquez un ver anesthésié, ouvrez une vésicule
séminale, videz-la à l’aide d’une pipette et essayez de localiser les pavillons ciliés des
canaux déférents. Les testicules sont devant les pavillons, mais ils peuvent être
difficiles à voir. Si vous ne trouvez pas les pavillons des canaux déférents et les
testicules, essayez à nouveau en ouvrant une autre vésicule séminale.
Deux paires de réceptacles séminaux, qui font partie de l’appareil reproducteur
femelle, sont de petites structures sphériques, situées dans les segments nos 8 et 9, qui
reçoivent et conservent le sperme. L’unique paire d’ovaires est située sur les parois du
septum qui sépare les segments nos 11 et 12. Vous n’arriverez peut-être pas à voir les
ovaires ou les pavillons de l’oviducte, parce que cela exige une dissection minutieuse.
L’appareil excréteur
Les métanéphridies sont situées dans chaque segment, entre les parois septales
(Figure 9). Examinez-les au microscope à dissection et notez les différences de
diamètre du tubule de l’organe excréteur, qui apparaît fortement enroulé. Repérez la
grande vessie. Vous pourrez peut-être voir que la vessie des Annélides vivants est
parasitée par des Nématodes. Si elle est disponible, examinez la lame préparée des
métanéphridies d’un lombric.
Figure 9 Structure d’une métanéphridie de lombric
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 114
Le système nerveux
Le ganglion cérébral (cerveau, ganglion supra-pharyngien) est situé devant le
pharynx (Figure 10), mais il peut être partiellement enfoui dans les muscles qui relient
Figure 10 Principales structures du système nerveux central du lombric
le pharynx à la paroi du corps. Il se peut que vous deviez enlever délicatement une
partie de la musculature pharyngienne pour voir le tissu blanc du cerveau. Recherchez
avec soin les connectifs qui s’étendent vers l’avant à partir du cerveau, de même que
ceux qui se dirigent vers le bas et autour du pharynx pour rejoindre le ganglion souspharyngien.
Enlevez avec soin de 3 à 5 cm d’intestin dans la région située derrière les organes
reproducteurs et près du clitellum. Une paire de cordons nerveux ventraux (Figure
10) relie les ganglions de chaque segment. À l’intérieur d’un segment, des nerfs issus
de chaque ganglion innervent les septums et la paroi du corps. Si vous n’avez pas
examiné les vaisseaux sanguins qui entourent le cordon nerveux, repérez le vaisseau
ventral du côté dorsal du cordon nerveux. Si vous poussez délicatement le cordon
nerveux de côté, vous verrez en dessous le vaisseau sanguin sous-neural.
Repérez le cordon nerveux sur une lame de coupe transversale. Trois grandes régions
claires du côté dorsal de ce cordon sont les axones géants qui courent le long du
cordon nerveux. Ils jouent un rôle important dans la réaction de fuite que vous avez
observée plus tôt. Lorsque les axones géants se déchargent, tous les muscles
longitudinaux de la paroi du corps se contractent, et le ver rentre rapidement dans son
terrier pour échapper au danger.
La sangsue
Les sangsues, contrairement aux autres groupes d'Annélides, ont toujours 34 segments.
L'examen de la surface externe laisse toutefois croire qu'il y a beaucoup plus que 34
segments parce que les anneaux visibles à l'extérieur ne correspondent pas aux
divisions internes entre les métamères. Les deux structures anatomiques externes
caractéristiques sont les ventouses antérieure et postérieure.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 115
Vous ne disséquerez pas la sangsue mais examinerez une coupe transversale pour
observer l'organisation interne (Figure 11). Notez que le cœlome spacieux a disparu
pour être remplacé par des sinus et petites cavités qui entourent les divers organes
internes. Observez attentivement le vaisseau sanguin dorsal ou le cordon nerveux
ventral pour identifier les sinus cœlomiques dans ces régions. Les muscles circulaires
et longitudinaux sont combinés à une musculature dorso-ventrale (oblique). Quel
autre type d'organismes ayant ce type d'arrangement musculaire avez-vous
observé précédemment? Le système digestif de la sangsue apparaît comme trois
cavités sur la lame microscopique.
Figure 11 Coupe transversale d'une sangsue
Classe: Polychaeta
Nereis
Les néréides ou néréis, vers du genre Nereis, sont présentes dans presque tous les
milieux marins, depuis la zone intertidale jusqu’à des profondeurs de plus de mille
mètres. Comme Nereis possède un grand nombre des caractéristiques primitives des
Annélides, on l’utilise souvent comme exemple d’introduction à l’embranchement des
Annélides, et plus précisément à la classe des Polychètes. Cependant, au cours de vos
observations, n’oubliez pas que les Annélides primitifs creusaient des terriers dans les
sédiments et ne possédaient pas les extensions latérales charnues de la paroi du corps,
appelées parapodes, que vous verrez dans ce spécimen.
Les parapodes sont un caractère autapomorphique qui définit la classe des
Polychètes. Lorsque l’ancêtre primitif des Polychètes a quitté son terrier, les deux
paires de soies de chaque segment qui l’aidaient à s’ancrer dans le sol se sont intégrées
aux parapodes, utilisés pour ramper sur le fond de l’océan.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 116
Cette nouvelle forme de locomotion a contribué au succès évolutif des Polychètes.
Que ce soit à la nage en utilisant leurs parapodes comme des rames, ou en marchant à
l’aide de leurs parapodes servant de « pattes », les néréides se déplacent de manière
active. En se déplaçant ainsi, Nereis a besoin de savoir où il va; c’est pourquoi il
possède une variété de structures sensorielles qui jouent un rôle important dans son
existence d’animal errant. Les yeux pigmentés et les tentacules sensoriels sont les
structures sensorielles les plus visibles de Nereis. Même si certaines espèces se
nourrissent de grandes algues, la plupart des néréides sont des animaux prédateurs.
Elles se nourrissent principalement de petits invertébrés marins qu’elles attrapent avec
les mâchoires d’une trompe qui peut être tournée vers l’extérieur.
Figure 12 Anatomie externe de la région céphalique de Nereis
Certains Polychètes sont sédentaires et vivent dans des terriers ou tubes qu’ils
sécrètent. Les parapodes des formes sédentaires sont souvent absents ou réduits, ou
sont modifiés pour devenir des branchies ou des structures qui pompent l’eau à travers
les tubes ou les terriers où vivent ces animaux, cela dans le but d’oxygéner le sang.
Anatomie externe
Le corps de Nereis comporte deux régions : la tête et le tronc segmenté.
Contrairement à la tête du lombric, qui vous est peut-être plus familière, celle de
Nereis possède diverses structures sensorielles qui jouent un rôle important dans la
capture des proies. Le tronc est quelque peu aplati, et chaque segment possède une
paire de parapodes. Sauf pour ce qui est des petits segments de l’extrémité
postérieure du tronc, il n’y a pas beaucoup de différences entre les quelque 200
segments (ou plus) qui forment la plus grande partie du corps. À cause de leur
ressemblance, ces segments sont dits homonomes. Les segments postérieurs du
tronc sont plus petits. Comment cela est-il lié à la manière dont le ver grandit?
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La tête
La tête (Figure 12) comprend deux parties : le prostomium à l’avant, puis le
péristomium. Tout à fait à l’avant du prostomium, observez les deux tentacules et,
derrière ceux-ci, les deux palpes prostomiaux coniques. Ce sont des structures
sensorielles chimioréceptrices (pour le goût) et mécanoréceptrices (pour le toucher).
La face dorsale du prostomium porte deux paires d’yeux. Ces yeux peuvent-ils
former des images? Comme son nom l’indique, le péristomium entoure la bouche.
Celle-ci contient deux mâchoires qui capturent la nourriture. Vous verrez ces
mâchoires plus tard lorsque vous disséquerez le spécimen et que vous examinerez
l’appareil digestif. Le péristomium possède quatre paires de cirres sensoriels.
Le tronc
Chaque segment du corps porte une paire de parapodes (Figure 13). Enlevez un
parapode du milieu du tronc, examinez-le au microscope à dissection et comparez-le
avec une lame préparée de parapode. Identifiez le lobe dorsal, qui forme le notopode,
et le petit lobe ventral, le neuropode. Le notopode se subdivise à son tour en un
grand lobe branchial, lingual supérieur et dorsal, et un petit lobe lingual inférieur.
Le neuropode possède les mêmes subdivisions. Le notopode et le neuropode portent à
leur surface des cirres et des faisceaux de soies. Sur la lame préparée, repérez les
acicules chitineux à l’intérieur des parapodes. Combien y a-t-il d’acicules dans
chaque parapode? Quelle est leur fonction? Des muscles obliques élèvent et
abaissent les parapodes, alors que les contractions des muscles segmentaires font
bouger les parapodes de l’avant vers l’arrière, créant les mouvements de pagaie qui
permettent à l’animal de ramper ou de nager. Les parapodes sont également des
organes respiratoires importants. Le sang venant du vaisseau ventral circule dans les
capillaires des langues supérieure et inférieure des notopodes et des neuropodes. Dans
ces capillaires, le sang est oxygéné, puis poursuit son cours dans le vaisseau dorsal,
d’où il est distribué dans le reste du corps.
Figure 13 Structure d’un parapode typique
Le pygidium, qui forme l’extrémité postérieure du corps, n’est pas un véritable
segment et il est plus long que tout segment du tronc. Il comprend l’orifice anal et
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 118
possède des cirres sensoriels, mais pas de parapodes. Pourquoi les parapodes sont-ils
absents du pygidium?
Anatomie interne
Fixez votre spécimen, la face dorsale vers le haut, contre un côté du plateau à
dissection en plantant des épingles dans les parapodes des troisième et quatrième
segments, et une autre paire d’épingles environ 30 segments plus loin. Aux environs
du treizième segment, faites une incision dans la face dorsale de l’animal à l’aide
d’une paire de ciseaux fins plutôt que d’un scalpel. Si vous utilisez un scalpel, veillez
à ce qu’il soit bien affûté. Mettez la pointe du scalpel dans l’incision et coupez en
soulevant. Si vous utilisez des ciseaux fins, soulevez la paroi du corps tout en coupant.
Cette manière de faire minimisera les dommages accidentels aux structures sousjacentes. À l’intérieur, tous les segments sont identiques. En commençant aussi loin
vers l’arrière, vous aurez raffiné votre technique avant d’atteindre la partie antérieure
du corps. À mesure que vous faites l’incision, remettez les épingles qui maintiennent
la paroi du corps, de manière à ce que le ver reste bien en place sur le plateau. Lorsque
vous tirerez la paroi du corps vers le côté, vous devrez sectionner les parois des
septums de chaque segment. Enlevez temporairement les épingles lorsque vous faites
l’incision dans la région qu’elles maintiennent en place. Après avoir complété
l’incision et remis les épingles en place à travers la paroi de votre spécimen, inondezle avec de l’eau et sectionnez les parois septales restantes. Il arrive souvent que la
paroi intestinale soit accidentellement perforée et que le contenu de l’intestin
s’échappe. Si cela se produit, rincez avec de l’eau pour éliminer les débris de votre
spécimen disséqué.
Observez votre spécimen au microscope à dissection. Les parois septales situées à
Figure 14 Anatomie interne du ver polychète
Nereis
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 119
l’avant et à l’arrière de chaque segment divisent la grande cavité corporelle en une
suite de cases fermées. Repérez le vaisseau sanguin dorsal, qui longe la surface du
tube digestif. Selon la manière dont s’est faite l’incision, il se peut que ce vaisseau soit
encore attaché à la paroi dorsale du corps. Le vaisseau ventral situé en dessous du
tube digestif est généralement plus facile à voir. Poussez délicatement de côté le tube
digestif et observez le vaisseau ventral, de même que les vaisseaux latéraux de chaque
segment qui irriguent les parapodes. Comment le sang circule-t-il dans ces
vaisseaux et dans le corps de l’animal?
La plus grande partie de l’appareil digestif consiste en un simple tube s’étendant sur
toute la longueur de l’animal jusqu’à l’anus, qui fait partie du pygidium (Figure 14).
Les seules variations de ce tube sont le grand pharynx musculeux, que l’animal peut
tourner vers l’extérieur, et les cæcums œsophagiens situés derrière le pharynx. Dans
la plupart des spécimens, le pharynx et les mâchoires qu’il contient sont rétractés à
l’intérieur du corps. Observez la musculature qui s’étend de la paroi du pharynx
jusqu’à la paroi du corps. La contraction des muscles pharyngiens, combinée à la
pression hydrostatique créée par la contraction de la paroi du corps, a pour effet de
faire sortir la trompe. Des muscles rétracteurs permettent de la faire rentrer. Après
avoir identifié les muscles, faites une incision dans le pharynx, maintenez-le ouvert en
plantant des épingles dans la paroi. Si vous examinez attentivement la surface interne
du pharynx, vous pourrez y voir les mâchoires et les denticules. Pour se nourrir, la
néréide fait sortir rapidement le pharynx et ouvre les mâchoires pour capturer sa proie.
Lorsque le pharynx est rétracté, les mâchoires se referment et emprisonnent la proie,
qui est maintenue à l’intérieur par les mâchoires et les denticules.
Enlevez le tube digestif de votre spécimen et, au besoin, rincez-le à l’eau pour
éliminer les débris digestifs. Avant d’examiner la paroi du corps, localisez les deux
métanéphridies contenues dans n’importe quel segment. Ces petites structures en
forme de sac peuvent être difficiles à voir et facilement endommagées au cours de la
dissection. Examinez donc la paroi du corps jusqu’à ce que vous en trouviez qui soient
intactes.
La surface interne de la paroi corporelle est divisée en quatre bandes de muscles
longitudinaux. Immédiatement en dessous des muscles longitudinaux, repérez la
pointe de l’acicule, l’endroit où il est fixé dans la cavité corporelle, ainsi que les
muscles aciculaires qui rayonnent à partir de sa base. Veillez à bien distinguer les
muscles aciculaires des muscles obliques des parapodes. Le muscle oblique ventral
est le plus facile à voir puisqu’il passe par-dessus le muscle longitudinal ventral pour
aller rejoindre le parapode.
Le cordon nerveux ventral est enveloppé d’une gaine fibreuse qui masque sa
structure de deux cordons pairs et ses ganglions contenus dans chaque segment. Ces
ganglions ne sont visibles que sous forme de légères enflures du cordon nerveux.
Suivez le cordon nerveux jusqu’à la tête de l’animal et essayez de voir les connectifs
circumœsophagiens. Ces connectifs remontent jusqu’au cerveau et se ramifient pour
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 120
innerver les structures sensorielles du péristomium. Des nerfs issus du cerveau
innervent les structures sensorielles du prostomium.
Les néréides sont sexuellement dimorphes, mais les organes reproducteurs ne sont pas
bien visibles. Pendant la saison de l’accouplement, les gamètes sont formés à partir
des tissus des parois septales et libérés par les orifices des métanéphridies. Dans
certains cas, la paroi du corps se rompt pour laisser sortir les œufs ou le sperme.
Lame préparée
Examinez les coupes du tronc au microscope à dissection et comparez-les avec le
spécimen que vous venez de disséquer (Figure 13). Pour orienter les coupes, repérez le
vaisseau dorsal et le cordon nerveux ventral. Il est plus facile de voir la structure
paire du cordon nerveux dans une coupe que dans un spécimen disséqué. Le vaisseau
ventral est au-dessus du cordon nerveux, et vous pourrez peut-être voir des vaisseaux
latéraux à proximité. La paroi du corps comporte une fine couche cuticulaire, un
épiderme sous-jacent, puis une fine couche de muscle circulaire. Les muscles les plus
visibles sont les quatre bandes de muscles longitudinaux, à raison d’une paire du côté
dorsal et une paire du côté ventral. Comment cette disposition des muscles expliquet-elle les changements de forme d’un segment lorsque Nereis se déplace? L’intestin
tubulaire occupe la plus grande partie du cœlome. Selon l’endroit où la coupe a été
faite, il se peut que vous ayez du mal à voir les diverses parties des parapodes.
Examinez donc quelques coupes pour voir toutes les parties. Repérez les muscles
obliques, qui vont de la surface médioventrale du corps jusque dans les parapodes.
Observez aussi les acicules, de même que les nombreuses soies associées au notopode
et au neuropode.
Les Nématodes, Embranchement : Nematoda
Dans ce labo vous allez observer un groupe d’animaux, les Nématodes, qui ont une
symétrie bilatérale et qui montrent une cuticule externe composée de collagène.
Les spécimens de l’embranchement des Nématodes ou vers ronds possèdent un corps
allongé et cylindrique qui se termine souvent en pointe à l'extrémité postérieure. Ils
sont les animaux triploblastiques et pseudocœlomates. Chez ce groupe, une cavité
(pseudocœlome) se développe à partir du blastocœle embryonnaire, et n'est pas
complètement revêtue de mésoderme à l'intérieur.
Le phylum des Nématodes a connu un grand succès évolutif en termes de diversité,
avec plus de 90,000 espèces décrites. On les retrouve dans une grande variété
d'habitats, en milieu marin, d'eau douce et terrestre. Bien que les espèces vivantes
librement sont plus nombreuses, les formes parasites ont fait l’objet d'attention à cause
de leur impact sur la santé humaine, les animaux domestiques, et les plantes agricoles.
Comme chez les Plathelminthes, les nématodes ont des adaptations morphologiques,
physiologiques ou reproductives pour un mode de vie parasite. Essayer de trouver
quelques exemples de ces adaptations lorsque vous faites des observations des
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 121
systèmes corporels, pendant votre dissection d’un nématode mâle ou femelle d’Ascaris
lumbricoides.
Ascaris suum
Les Nématodes constituent probablement l’un des groupes d’animaux qui comportent
le plus d’espèces, peut-être même davantage que les Arthropodes. On ne connaît pas
bien le nombre d’espèces de Nématodes, parce qu’ils ont tous une morphologie
semblable et qu’il est difficile de dire si un spécimen appartient ou non à une espèce
déjà répertoriée. Une autre difficulté vient du fait que la plupart des Nématodes sont
de taille microscopique.
Non seulement les petits Nématodes sont difficiles à identifier, mais les gros aussi
posent des problèmes d’identification. Par exemple, les vers ronds du genre Ascaris
sont parmi les plus gros Nématodes et ils parasitent le tube digestif d’un certain
nombre de Mammifères, dont les humains et les cochons. On utilise pour cette séance
de laboratoire des ascarides récoltés dans le tube digestif de cochons envoyés à
l’abattoir, ainsi que des vers issus des déchets de l’industrie du porc. Le protocole de
laboratoire de premier cycle mentionne souvent la faible possibilité d’être infecté par
les œufs des spécimens et il insiste sur l’importance de se laver soigneusement les
mains après la dissection. De toute manière, c’est ce qu’il faut toujours faire. La
difficulté d’identification est illustrée ici par deux espèces en particulier : Ascaris
suum, qui infecte les cochons, et Ascaris lumbricoides, qui parasite les humains.
Même si le spécimen que vous allez étudier aujourd’hui est identifié A. lumbricoides,
c’est-à-dire le parasite de l’être humain, ce n’est pas un A. lumbricoides; votre
spécimen vient d’un cochon, et ses œufs ne peuvent pas vous infecter.
Spécimen conservé
Anatomie externe
Comme tous les Nématodes, les ascarides ont un long corps cylindrique qui se termine
en pointe à chaque extrémité. Les Nématodes sont sexuellement dimorphes, et
Figure 15 L’extrémité antérieure d’un Ascaris.
l’extrémité postérieure du mâle est recourbée, alors que celle de la femelle est
normalement droite. Votre spécimen est-il mâle ou femelle? Est-ce le mâle ou la
femelle qui a le corps le plus long? Si vous avez un spécimen mâle, examinez
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 122
attentivement l’extrémité postérieure à la recherche des deux spicules copulateurs qui
s’insèrent dans le gonopore (pore génital) de la femelle et maintiennent le mâle en
place pendant l’accouplement. Chez certains spécimens, il se peut que les spicules
copulateurs soient rétractés et donc non visibles. Examinez un autre spécimen mâle si
vous ne pouvez pas voir les spicules copulateurs sur le vôtre. Si vous avez une
femelle, n’oubliez pas d’examiner aussi un spécimen mâle. Si vous avez un mâle,
n’oubliez pas d’examiner aussi un spécimen femelle, afin d’observer les différences
entre les deux sexes.
Le corps est couvert d’une cuticule. Examinez attentivement la surface de la cuticule
au microscope à dissection. La surface de la cuticule est-elle lisse? Comment la
décririez-vous? Voyez la coloration de la cuticule et identifiez les deux paires de
bandes longitudinales foncées qui courent le long du ver. Deux de ces bandes sont plus
larges que les deux autres : ce sont les lignes latérales. Vis-à-vis les lignes latérales,
en dessous de la cuticule il y a les canaux excréteurs. Comme leur nom l’indique, les
lignes latérales sont sur les côtés de l’animal. Situées sur la face dorsale et la face
ventrale, les deux bandes les moins larges correspondent à l’emplacement des cordons
nerveux. Les quatre divisions délimitées à l’extérieur du corps par les quatre bandes
correspondent aux quatre masses de muscles longitudinaux qui sont à l’intérieur.
Vous ne pourrez pas distinguer les faces dorsale et ventrale tant que vous n’aurez pas
examiné l’extrémité antérieure du ver.
Identifiez les extrémités antérieure et postérieure du ver. Dans le cas d’un spécimen
mâle, c’est facile puisque l’extrémité postérieure est recourbée. Dans le cas d’une
femelle, les deux extrémités ont le même aspect. Recherchez alors les trois lèvres qui
entourent la bouche, tant chez les mâles que chez les femelles. Il y a une lèvre dorsale
et deux lèvres latéro-ventrales (Figure 15). Pour identifier la lèvre dorsale, regardez
sa position par rapport aux lignes latérales. Juste derrière les lèvres, repérez les deux
amphides latérales sensorielles. Ces structures sensorielles de la tête constituent le
caractère autapomorphique des Nématodes. Elles font toutefois l’objet de controverse
parce qu’elles semblent être des cils modifiés. Pourquoi la présence de ces
structures ciliaires modifiées est-elle inhabituelle pour un Ecdysozoaire? Vus de
leur extrémité antérieure, les Nématodes semblent avoir une symétrie triradiale, ce qui
est à l’origine de leur nom vernaculaire de vers ronds.
Sur la surface ventrale, localisez l’unique pore excréteur quelques millimètres
derrière la bouche.
Anatomie interne
Pour disséquer un ascaride, fixez le spécimen immergé sur un côté du plateau, afin que
vous puissiez voir le détail des structures internes au microscope à dissection. Il est
facile d’ouvrir le ver. À l’aide d’un scalpel, faites une incision sur toute la longueur du
corps. Faites attention de ne pas couper trop profondément, afin de ne pas
endommager les tissus sous-jacents. Si votre scalpel est muni d’une pointe acérée,
insérez le scalpel juste en dessous de la cuticule, le côté coupant vers le haut, et faitesLes Annélides et les Nématodes © Houseman – page 123
le glisser vers l’avant. Utilisez des épingles pour fixer la paroi du corps en l’éloignant
des organes internes.
Figure 16 Anatomie interne d’une femelle et d’un mâle Ascaris.
L’organisation interne (Figure 16) de ces animaux est simple. L’une des premières
choses que vous allez remarquer est la manière dont les organes internes sont
suspendus dans la cavité corporelle sans qu’il y ait de mésentères pour les ancrer sur la
paroi du corps. Comment l’organisation pseudocœlomate des Nématodes expliquet-elle cette absence de fixation mésentérique des organes à la paroi du corps?
Examinez la surface interne de la paroi du corps et repérez les deux lignes latérales et
les cordons nerveux que vous avez observés de l’extérieur.
Le tube digestif : La bouche s’ouvre sur le stomodeum (tube digestif antérieur),
composé d’une cavité buccale à la paroi mince, suivie d’un pharynx musculeux. Une
constriction marque la limite entre le pharynx et l’intestin (intestin moyen), qui a
l’aspect d’un ruban plat passant entre les circonvolutions de l’appareil reproducteur.
Le liquide pseudocœlomique des Nématodes est constamment soumis à la pression
créée par la contraction des muscles de la paroi du corps. Cette pression interne élevée
et l’absence de musculature de l’intestin moyen donnent à l’intestin son aspect de
ruban plat. Un court rectum (intestin postérieur) plus fin et musclé se termine par
l’anus à l’extrémité postérieure des ascarides mâles et femelles.
L’appareil reproducteur : Tant chez les mâles que les femelles, l’appareil
reproducteur serpente dans tout le corps et est enroulé autour de l’intestin. L’appareil
reproducteur femelle comporte deux tubules, alors que chez le mâle, il y a une seule
gonade tubulaire. Quel est l’avantage de cette association étroite entre les
appareils digestif et reproducteur?
Le pore génital de la femelle est situé à mi-longueur du corps. À l’intérieur, un vagin
unique part de l’avant et rejoint les deux utérus, qui peuvent être pleins d’œufs. Les
utérus poursuivent leur parcours vers l’arrière de l’animal, puis vers l’avant lorsqu’ils
se rétrécissent pour devenir les oviductes. Ceux-ci serpentent et s’enroulent tout en
devenant de plus en plus étroits. Chaque oviducte devient finalement deux ovaires
filamenteux. De l’extérieur, il est presque impossible de dire où un utérus devient un
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 124
oviducte, puis des ovaires. La seule modification physique apparente est le
rétrécissement des gonades depuis le large utérus jusqu’aux délicates circonvolutions
des ovaires.
Ouvrez un ver mâle en utilisant la même technique que pour la femelle et examinez
l’unique testicule de l’appareil reproducteur. Le pore génital mâle et le conduit
éjaculatoire sont situés à l’extrémité postérieure et marque la fin de l’appareil
reproducteur. En allant vers l’avant, le conduit éjaculatoire s’élargit pour devenir la
vésicule séminale, qui serpente dans le pseudocœlome jusqu’à ce qu’elle devienne le
canal déférent. Celui-ci serpente aussi dans le pseudocœlome et se rétrécit pour
former un testicule étroit et sans issue qui serpente lui aussi dans la cavité corporelle.
Comme chez la femelle, il est presque impossible de dire où commence et où se
termine chacune de ces structures dans les circonvolutions du tubule. Si vous n’avez
pas vu les spicules copulateurs lorsque vous avez examiné l’anatomie externe de
l’animal, identifiez-les maintenant.
En raison de la simplicité de ces animaux, il se peut que certains autres systèmes et
appareils soient absents. Y a-t-il un système nerveux? Qu’en est-il de l’appareil
circulatoire et de l’appareil respiratoire?
Lames préparées
Lorsque vous examinerez des lames préparées de coupes d’un mâle ou d’une femelle,
veillez à bien aligner l’éclairage de votre microscope, afin de voir toutes les structures
énumérées dans le présent guide d’observation.
Figure 17 Coupe transversale d’une femelle Ascaris.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 125
La paroi du corps
Examinez la paroi du corps sur une coupe d’un spécimen mâle (Figure 18) ou femelle
(Figure 17). La couche externe est une fine cuticule qui protège le ver contre les sucs
digestifs de son hôte. Par définition, une cuticule est une couche externe non vivante
sécrétée par un syncytium épidermique sous-jacent. Vous pouvez distinguer la
cuticule et l’épiderme par leur différence de coloration. La cuticule est une matrice
sécrétée. Sur la lame préparée, elle a une coloration plus uniforme que l’épiderme
cellulaire, où les diverses composantes cellulaires ont des intensités de coloration
Figure 18 Coupe transversale d’un mâle Ascaris.
différentes. Quelle est la différence entre un syncytium épidermique et un tissu
épidermique normal? Chez les Nématodes, la cuticule n’est pas renforcée par la
chitine que l’on trouve communément chez de nombreux Ecdysozoaires. Au lieu de la
chitine contenue dans la matrice cuticulaire, quel polymère fibreux renforce la
cuticule des Nématodes? Sous l’épiderme, repérez les quatre blocs de muscles
longitudinaux délimités par les lignes latérales de l’appareil excréteur et par les
cordons nerveux dorsal et ventral. Chez les Nématodes, les muscles longitudinaux ont
des ramifications directes sur les cordons nerveux, alors que chez d’autres animaux, il
y a des nerfs qui vont des cordons nerveux aux muscles. Comment cette connexion
unique entre les muscles et les cordons nerveux vous permet-elle de distinguer les
cordons nerveux des lignes latérales? La paroi du corps d’autres animaux possède
généralement une couche externe de muscles circulaires et une couche interne de
muscles longitudinaux. Les Nématodes sont dépourvus de muscles circulaires. Quel
est l’effet de l’absence de muscles circulaires sur les mouvements des Nématodes?
Examinez attentivement une ligne latérale; vous pourrez voir les deux composantes de
l’appareil excréteur qui forment un canal excréteur au centre.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 126
Anatomie interne
Le grand espace visible au centre de la coupe transversale est la cavité corporelle,
appelée pseudocœlome, qui contient les appareils digestif et reproducteur. Quelle est
la différence entre un pseudocœlome et un véritable cœlome?
Repérez le tube digestif qui consiste en un intestin aplati dans l’axe dorso-ventral. Y at-il des muscles associés au tube digestif? Comment cela est-il lié à la présence
d’un pseudocœlome?
Les autres organes contenus dans le pseudocœlome font partie de l’appareil
reproducteur enroulé que vous avez vu au cours de la dissection. Rappelez-vous que
l’ovaire, l’oviducte et l’utérus de l’appareil reproducteur femelle sont pairs, et que
les conduits les plus larges sont les utérus (Figure 17). Dans la coupe transversale,
vous pouvez voir que les utérus sont remplis d’œufs munis d’une coquille. Les
structures qui ont le plus petit diamètre (dont la coupe ressemble à des roues) sont les
ovaires. Les cellules germinales sont disposées en rayons autour d’un noyau plein
central appelé rachis, et cela donne aux ovaires l’aspect de roues de charriot. Les
oviductes sont plus larges et ressemblent aux ovaires, mais le rachis central est
remplacé par la lumière de l’oviducte. Vous pouvez aussi voir des œufs immatures à
l’intérieur des oviductes.
L’appareil reproducteur mâle (Figure 18) est moins complexe et n’est pas pair, mais il
serpente lui aussi entre l’avant et l’arrière de la cavité corporelle. La section la plus
grosse est la vésicule séminale, qui contient le sperme. Le testicule est petit et plein,
et possède un rachis central. Le canal déférent est creux et plus gros que le testicule.
Les deux sont toutefois difficiles à distinguer.
Figure 19 Une coupe transversale à travers la région pharyngienne de l'Ascaris.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 127
Si une coupe de la région du pharynx est disponible, identifiez le pharynx triradié
(Figure 19). C’est l’organisation de la musculature qui donne au pharynx sa structure
triradiée et son aspect triangulaire en coupe transversale. La contraction des muscles
pharyngiens ouvre le pharynx, et celui-ci suce la nourriture. Cela a pour effet d’étirer
le revêtement cuticulaire du pharynx, qui se referme par élasticité lorsque les muscles
se relâchent. La structure triradiée du pharynx est très efficace pour créer rapidement
un grand espace pharyngien. Il y a une valve entre le pharynx et l’intestin. Lorsque le
pharynx se referme, cette valve s’ouvre et laisse passer la nourriture dans le tube
digestif.
Les Annélides et les Nématodes © Houseman – page 128
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