Les Annélides Introduction

publicité
Les Annélides
par Jon G. Houseman
Introduction
On retrouve des animaux ayant la forme de vers (vermiformes) et ne possédant pas de
pattes dans environ 14 embranchements d'invertébrés Protostomiens. Le mot ver
désigne donc un grand nombre d'animaux qui ne sont ni des Mollusques ni des
Arthropodes. Ces 14 embranchements dérivent tous d'un ancêtre commun
Plathelminthe, mais ont peu d'autres choses en commun.
Au cours de ce laboratoire, vous examinerez trois différentes architectures chez les
Annélides: un Polychète marin, un lombric et une sangsue. Le lombric (ver de terre)
servira à illustrer l'architecture générale des Annélides, et vous observerez les
principaux organes ainsi que les caractéristiques externes et internes des membres de
l'embranchement. Vous comparerez ensuite le lombric au Polychète qui est plus
primitif. Finalement, vous examinerez l'arrangement des muscles chez la sangsue et
tenterez de relier cet arrangement musculaire au mode de locomotion des trois
représentants de l'embranchement.
Le lombric est l'Annélide qui vous est le plus familier mais il n'est pas nécessairement
représentatif des formes variées chez les différentes espèces dans l'embranchement.
Les Annélides sont l’un des embranchements actuellement les plus diversifiés (le
7ième) et possèdent plusieurs adaptations importantes qui ont assuré leur succès. À
l’image des membres de l'embranchement des Arthropodes, le plus diversifié
actuellement, ils dérivent d'un ver plat. Leur caractéristique la plus évidente lorsque
l'on examine leur anatomie externe est leur segmentation (ou métamérisation). Un
examen attentif de l'anatomie interne révèle que les organes internes reflètent
également cette segmentation et sont souvent répétés dans chaque segment ou
métamère.
Quelques architectures d'Annélides
Certains des Annélides les plus primitifs vivent dans les sédiments marins où ils
s'enfouissent plus ou moins profondément. Certains vers sédentaires vivent dans des
tubes qui les protègent et utilisent leurs tentacules pour capturer leur nourriture à la
surface des sédiments alors que d'autres, plus spécialisés, se nourrissent en filtrant
l'eau qu'ils font circuler dans leur terrier. Certains Polychètes errants ont complètement
quitté leur terrier et peuvent nager en se servant de leur parapodes comme rames pour
augmenter l'efficacité des ondulations du corps comme mode de locomotion. Chez ces
vers errants, le côté droit et le côté gauche de chaque métamère sont cloisonnés et ce
cloisonnement augmente l'efficacité de la locomotion. Pourquoi?
Les Annélides © Houseman – page 1
Les vers de terre illustrent bien les adaptations de l'architecture des Annélides à la vie
en milieu terrestre. Leur impact sur les sols est d'ailleurs aussi important que celui des
Polychètes sur les sédiments marins. Les lombrics permettent un enrichissement des
sols en accélérant le recyclage des éléments nutritifs en milieu terrestre. Il n'y a pas de
cloison entre le côté gauche et le côté droit du coelome chez ces vers qui se déplacent
en fouissant dans le substrat en ligne droite.
La sangsue est atypique des Annélides. Son coelome est réduit à une série de sinus qui
entourent les organes internes et le système circulatoire.
Clitellata
Lumbricus terrestris
Le spécimen classique du corps segmenté des Annélides est le lombric ou ver de terre
commun, Lumbricus terrestris. Le jour, cet animal reste enfoui dans un terrier, dont il
sort la nuit pour se nourrir de feuilles et d’autres débris végétaux. Même lorsqu’il se
nourrit, le lombric ne quitte jamais complètement son terrier, la queue restant ancrée
dans la terre pendant que le reste du corps s’étire à l’extérieur pour chercher de la
nourriture. Le lombric tient la nourriture dans la bouche et la ramène dans son terrier
en se rétrécissant par contraction. À toutes fins pratiques, on ne voit un lombric
complètement sorti de son terrier que lorsque ce dernier est inondé d’eau mal
oxygénée. Pourquoi une eau mal oxygénée force-t-elle le lombric à sortir de son
terrier? Rappelez-vous que le corps du lombric a évolué pour pouvoir creuser dans un
milieu terrestre, et que de nombreuses modifications du corps primitif des Annélides
sont propres à cette espèce.
On peut attraper des lombrics vivants la nuit ou en acheter chez un fournisseur
d’appâts pour la pêche. La plupart des entreprises de fournitures biologiques vendent
des lombrics conservés. Des lombrics qui ont été anesthésiés par immersion pendant
10 à 20 minutes dans de l’éthanol à 20 % conviennent particulièrement bien à
l’observation de l’anatomie interne. Lorsque vous étudiez l’anatomie interne d’un
spécimen conservé, couvrez-le d’eau; dans le cas d’un ver anesthésié, couvrez-le
d’une solution 0,15 M de NaCl.
Anatomie externe
Pour observer l’anatomie externe du lombric (Figure 1), il est préférable d’utiliser un
spécimen conservé. La plus grande partie du corps est cylindrique, et la face ventrale
légèrement aplatie est plus pâle que la face dorsale de l’animal. Tous les Annélides ont
sur chaque segment véritable deux paires de soies, à raison d’une paire de chaque côté
du corps. Si vous passez délicatement le doigt sur la face ventrale plus claire de
l’animal, vous pourrez sentir les soies. Il se peut que vous deviez essayer à différents
endroits le long du corps de l’animal, parce que dans certaines régions, les soies se
sont rétractées. Assurez-vous de localiser les deux paires de soies d’un segment. Après
Les Annélides © Houseman – page 2
Figure 1 Caractéristiques externes de la partie antérieure d’un lombric
avoir trouvé une partie du corps où les soies sont sorties, mettez le ver sous le
microscope à dissection et examinez-les de plus près. Comment les soies sont-elles
orientées et regroupées? D’après vous, comment cela est-il lié à leur rôle dans la
locomotion? Comment la disposition des soies est-elle liée à l’autapomorphie qui
définit les Annélides?
Les Annélides sont connus pour leur structure métamérique, mais tout ce qui
ressemble à un segment n’en est pas toujours réellement un. Ce qui ressemble au
premier segment du corps n’est pas un véritable segment. C’est le prostomium, qui
est à peine davantage qu’une lèvre surplombante située devant la bouche, elle-même
située sur la face ventrale du péristomium. À l’extrémité postérieure de l’animal,
l’anus est entouré du pygidium, qui n’est pas non plus un véritable segment. Ce qui
est ou n’est pas un véritable segment est lié à la morphologie de la larve trochophore.
La larve trochophore possède ces trois régions (prostomium, péristomium et
pygidium), mais on ne s’entend pas sur le fait de savoir si la deuxième de ces régions
est un segment. Les zoologistes s’entendent pour dire que lorsque des segments
s’ajoutent, ils apparaissent entre les régions moyenne et postérieure de la larve
trochophore, et tous s’entendent sur le fait que le prostomium et le pygidium, qui sont
les parties les plus antérieure et postérieure de la larve, ne sont pas de véritables
segments. Par contre, certains zoologistes croient que le péristomium, qui constitue la
région moyenne de la larve trochophore, est le premier véritable segment, alors que
d’autres sont d’avis que ce n’est pas un segment. Nous pouvons laisser ce débat à
d’autres, mais faites attention lorsque vous comptez les segments. Les numéros de
segment indiqués dans ce guide sont fondés sur l’hypothèse selon laquelle le
péristomium n’est pas un véritable segment. Si vous croyez que c’en est un, ajoutez 1
aux numéros de segment qui servent de repères.
Les Annélides © Houseman – page 3
Figure 2 Alignement de deux lombrics qui s’accouplent
Examinez la face dorsale de l’animal. Les segments nos 32 à 37 sont modifiés pour
former le clitellum, qui joue deux rôles importants dans la reproduction : il forme la
gaine muqueuse qui favorise l’accouplement (Figure 2) et il produit le cocon qui
protège les œufs fécondés une fois qu’ils sont pondus.
Pour observer les orifices externes de l’appareil reproducteur, vous devrez peut-être
laisser sécher l’agent de conservation de votre spécimen. Les orifices des oviductes
sont situés sur le segment no 14, près de la ligne médioventrale. Les deux pores
génitaux mâles, aux bords très proéminents et situés sur le segment no 15, sont
beaucoup plus faciles à voir. Cherchez les sillons sexuels, qui s’étendent vers l’arrière
jusqu’au bord antérieur du clitellum. Pendant que les vers qui s’accouplent sont
entourés de la gaine muqueuse sécrétée par le clitellum (Figure 2), les spermatozoïdes
d’un ver se déplacent le long des sillons sexuels jusqu’aux orifices des réceptacles
séminaux situés entre les segments nos 9 et 10 ainsi que 10 et 11 de l’autre ver. Ces
orifices peuvent être difficiles à voir parce qu’ils sont situés entre des segments.
Si vous avez un lombric vivant, mettez-le sur un plateau recouvert de terre et observez
comment il se déplace. Vous pouvez aussi observer les vers vivants sur le plateau de
démonstration. Quand vous avez pris votre spécimen au début de la séance, avezvous remarqué comment il a réagi lorsque vous avez voulu le sortir du
contenant? La forme de l’extrémité postérieure de votre ver a-t-elle changé? Ce
changement de forme est-il lié à la manière dont le ver s’ancrerait dans le terrier
où il vit? Vous auriez dû observer un réflexe de fuite par lequel l’animal est rentré
dans son terrier. Quel est le lien entre ce réflexe et ce que vous venez d’observer?
Plus tard au cours de la séance, vous allez voir sur les lames de coupes transversales
les axones géants spécialisés responsables de la coordination de ce réflexe.
Anatomie interne
Utilisez autant que possible un lombric vivant anesthésié pour vos observations de
l’anatomie interne (Figure 3 et Figure 4). Cette préparation présente un certain nombre
d’avantages par rapport à un spécimen conservé. En particulier, des structures
Les Annélides © Houseman – page 4
Figure 3 Principales caractéristiques internes d’un lombric
délicates telles que les métanéphridies, le sperme et les oviductes sont plus faciles à
voir à cause des différences de couleur. Les agents de conservation ont tendance à
donner à tous les tissus internes du lombric la même couleur brune plutôt fade.
L’organisation de l’appareil circulatoire est également plus facile à voir dans un
spécimen vivant, parce que l’hémoglobine conserve sa couleur rouge caractéristique
au lieu du brun foncé que l’on trouve dans les spécimens conservés.
Anesthésiez votre ver en le mettant dans de l’éthanol à 20 % pendant 10 à 20 minutes
ou jusqu’à ce qu’il cesse de se débattre. Même si l’animal est anesthésié dans de
l’éthanol à 20 %, les mouvements de l’appareil circulatoire et de l’appareil digestif
sont encore visibles lorsque vous ouvrez l’animal. Une démonstration courante à
l’époque de la prohibition et dans les réunions de mouvements antialcooliques
consistait à montrer les effets de l’alcool diabolique en plongeant un lombric dans un
verre d’eau et dans un verre de boisson fortement alcoolisée. Le ver se débat et
meurt dans l’alcool mais pas dans l’eau. Pourquoi? Pourquoi l’éthanol dilué agitil comme anesthésique?
Pour observer votre ver au microscope à dissection, placez votre spécimen anesthésié,
la face dorsale vers le haut, contre un côté du plateau à dissection. En épinglant votre
spécimen, vous allez déclencher le réflexe de fuite, et vous ne voulez pas que l’animal
se libère. Pour vous en assurer, mettez des épingles de chaque côté dans le
prostomium et à trois ou quatre endroits à travers les côtés du ver derrière le clitellum.
Mettez une autre épingle dans un segment postérieur.
Avant d’inciser le ver, rappelez-vous que les organes internes situés derrière le
clitellum se répètent dans chaque segment, et que ces segments n’ont aucune structure
en propre. C’est donc derrière le clitellum que vous pouvez mettre à l’épreuve vos
talents de chirurgien. Faites l’incision à l’aide d’une paire de ciseaux fins plutôt que
d’un scalpel. Si vous utilisez un scalpel, veillez à ce qu’il soit bien affûté. Mettez la
pointe du scalpel dans l’incision et coupez en soulevant. Si vous utilisez des ciseaux
fins, soulevez la paroi du corps tout en coupant. Cette manière de faire minimisera les
Les Annélides © Houseman – page 5
dommages accidentels aux structures sous-jacentes. À mesure que vous faites
l’incision, remettez les épingles qui maintiennent la paroi du corps, de manière à ce
que le ver reste bien en place sur le plateau. Lorsque vous tirerez la paroi du corps vers
le côté, vous devrez sectionner les parois des septums de chaque segment. Après avoir
terminé l’incision, inondez votre spécimen de solution salée et sectionnez les parois
septales restantes. Si vous travaillez sur un spécimen conservé, couvrez-le d’eau.
Figure 4 Structures internes contenues dans un métamère de lombric
La première caractéristique manifeste est le cœlome, cavité à l’intérieur du corps. Ce
cœlome est spacieux, et l’on voit bien qu’il est divisé par des septums en métamères
distincts. Comment les septums sont-ils alignés avec les anneaux externes du
corps? Examinez la surface externe de la paroi du corps. Une fine cuticule externe la
rend opalescente.
Figure 5 Détail d’une coupe dans la paroi du corps d’un lombric au
voisinage d’une soie
Examinez la paroi du corps sur une lame d’une coupe transversale du lombric (Figure
5). Regardez attentivement la surface externe afin de voir l’épithélium (hypoderme)
et la fine cuticule qui le recouvre. Si elle était ininterrompue, elle pourrait constituer
un obstacle aux échanges entre l’animal et son milieu; pour contourner ce problème,
elle comporte de petits pores. Pourquoi est-il important que la cuticule soit
Les Annélides © Houseman – page 6
perforée? La partie la plus épaisse de la paroi du corps est constituée des muscles
longitudinaux; les muscles circulaires forment une couche plus mince entre les
muscles longitudinaux et l’épithélium. Qu’arrive-t-il au diamètre et à la longueur
de l’animal lorsque tous les muscles circulaires se contractent? Si votre lame ne
comprend pas de soie, prenez-en une autre. Il est toutefois peu probable que vous
trouviez une lame où les quatre paires de soies seront visibles. Les soies sont faites de
chitine bêta et ne constituent pas des tissus vivants. C’est pourquoi elles sont de
couleur rouge vif sur les lames vendues dans le commerce. Repérez une soie et sa
musculature dans votre coupe transversale. Ces muscles ont-ils pour effet de faire
rentrer ou sortir les soies? Les soies et leurs muscles introduisent des discontinuités
dans les muscles longitudinaux, créant des blocs distincts de tissu musculaire. La
surface interne de la paroi du corps est bordée d’un péritoine qui la sépare du
cœlome. Repérez le péritoine sur votre lame.
L’appareil digestif
Examinez les principaux éléments du tube digestif : la bouche, le pharynx,
l’œsophage, le jabot, le gésier et l’intestin (Figure 3). Servez-vous d’une sonde
mousse pour tâter chacune de ces structures. Lesquelles sont dures et rigides?
Lesquelles sont molles et souples? Quel lien cela a-t-il avec leurs diverses
fonctions? Le pharynx est très musculeux; cherchez les fibres musculaires qui le
fixent à la paroi du corps. Sur la surface de l’intestin, juste derrière la dernière crosse
aortique, on trouve les glandes calcifères, qui interviennent dans la régulation du
calcium. Pourquoi le lombric a-t-il besoin de glandes calcifères pour réguler le
taux de calcium dans le sang et les liquides corporels?
Figure 6 Coupe des principaux vaisseaux sanguins d’un lombric et des
organes qu’ils irriguent
Sur une lame d’une coupe transversale, identifiez les principales structures de
l’intestin. La partie centrale de l’intestin est constituée du typhlosole, où l’intestin se
replie sur lui-même. Quel est l’avantage de la présence d’un typhlosole? Examinez
attentivement la paroi de l’intestin, afin de voir la différence entre l’épithélium
Les Annélides © Houseman – page 7
intestinal et le tissu chloragogène qui recouvre la surface de l’intestin. Ce tissu joue un
rôle important dans la désamination des acides aminés. Voyez la différence entre les
cellules épithéliales intestinales et la musculature adjacente.
L’appareil circulatoire
L’appareil circulatoire fermé (Figure 6 et Figure 7) est bien développé et comprend
des vaisseaux contractiles et des réseaux de capillaires. Une partie de l’appareil
circulatoire est imbriquée dans un tissu chloragogène jaunâtre qui intervient dans le
métabolisme intermédiaire et la désamination des acides aminés.
Figure 7 Vue longitudinale des principaux vaisseaux sanguins d’un lombric et
des organes qu’ils irriguent
Examinez l’appareil circulatoire au microscope à dissection et familiarisez-vous avec
le schéma de circulation du sang. Le gros vaisseau sanguin rouge sur la surface
supérieure du tube digestif est le vaisseau dorsal. Surveillez les contractions du
vaisseau dorsal. Dans quel sens le sang coule-t-il? Cinq paires de crosses aortiques,
aussi appelés cœurs mais qui sont en réalité des vaisseaux latéraux (transversaux)
modifiés, sont situés dans les segments nos 7 à 11. Ils relient le vaisseau dorsal au
vaisseau ventral. Dans les crosses aortiques, le sang ne coule pas dans le sens
généralement associé aux vaisseaux latéraux. Au lieu d’aller du vaisseau ventral au
vaisseau dorsal, le sang coule en sens contraire dans les crosses aortiques. Pourquoi
en est-il ainsi dans ces segments? Au microscope à dissection, vous devriez
également voir une variété de vaisseaux sanguins qui se ramifient dans la cavité
corporelle. Ces vaisseaux comprennent les lits capillaires de la paroi de corps, de
l’intestin et des métanéphridies. Le vaisseau dorsal reçoit du sang de la région
intestinale par le vaisseau dorso-intestinal et est relié au vaisseau sous-neural par le
vaisseau dorso-sous-neural. Les autres vaisseaux sont situés sous l’intestin. Ils
comprennent le vaisseau ventral situé au-dessus du cordon nerveux et le vaisseau
sous-neural, situé en dessous. Pour voir le vaisseau ventral, repoussez délicatement
vers le côté, à l’aide d’une sonde mousse, une partie de l’intestin située derrière les
crosses aortiques et les structures reproductrices.
Sur une lame préparée de coupe transversale du lombric, repérez les principaux
éléments de l’appareil circulatoire. Le vaisseau dorsal, le vaisseau ventral et le
vaisseau sous-neural sont tous les trois faciles à voir. Selon la lame, vous pourrez aussi
Les Annélides © Houseman – page 8
peut-être voir des vaisseaux latéraux reliés au vaisseau dorsal, ainsi que des
vaisseaux sanguins du typhlosole.
L’appareil reproducteur
Les lombrics sont hermaphrodites. Les organes reproducteurs mâles et femelles sont
dans des segments situés devant le clitellum (Figure 8). La partie mâle de l’appareil
reproducteur comprend trois grandes vésicules séminales, visibles dans votre
dissection sous forme de grandes structures semblables à des sacs qui commencent des
segments nos 8 à 10 et s’étendent jusqu’au segment no 13. Le sperme mûrit et est
entreposé dans les vésicules séminales avant l’accouplement. La base des vésicules
séminales d’un ver anesthésié est beaucoup plus blanche que le reste de la structure,
parce que le sperme est visible à travers la fine paroi des vésicules. Deux pavillons et
Figure 8 Appareil reproducteur du lombric
leurs canaux déférents (conduits spermatiques) aboutissent dans les vésicules
séminales à partir des testicules situés sur les parois septales qui séparent les segments
nos 9 et 10 ainsi que 10 et 11. Ces parties de l’appareil reproducteur mâle sont difficiles
à voir parce qu’elles sont enveloppées dans le complexe formé par les grandes
vésicules séminales. Si vous disséquez un ver anesthésié, ouvrez une vésicule
séminale, videz-la à l’aide d’une pipette et essayez de localiser les pavillons ciliés des
canaux déférents. Les testicules sont devant les pavillons, mais ils peuvent être
difficiles à voir. Si vous ne trouvez pas les pavillons des canaux déférents et les
testicules, essayez à nouveau en ouvrant une autre vésicule séminale.
Deux paires de réceptacles séminaux, qui font partie de l’appareil reproducteur
femelle, sont de petites structures sphériques, situées dans les segments nos 8 et 9, qui
reçoivent et conservent le sperme. L’unique paire d’ovaires est située sur les parois du
septum qui sépare les segments nos 11 et 12. Vous n’arriverez peut-être pas à voir les
ovaires ou les pavillons de l’oviducte, parce que cela exige une dissection minutieuse.
Les Annélides © Houseman – page 9
L’appareil excréteur
Les métanéphridies sont situées dans chaque segment, entre les parois septales
(Figure 9). Examinez-les au microscope à dissection et notez les différences de
diamètre du tubule de l’organe excréteur, qui apparaît fortement enroulé. Repérez la
grande vessie. Vous pourrez peut-être voir que la vessie des Annélides vivants est
parasitée par des Nématodes. Si elle est disponible, examinez la lame préparée des
métanéphridies d’un lombric.
Figure 9 Structure d’une métanéphridie de lombric
Le système nerveux
Le ganglion cérébral (cerveau, ganglion sus-pharyngien) est situé devant le
pharynx (Figure 10), mais il peut être partiellement enfoui dans les muscles qui relient
Figure 10 Principales structures du système nerveux central du lombric
le pharynx à la paroi du corps. Il se peut que vous deviez enlever délicatement une
partie de la musculature pharyngienne pour voir le tissu blanc du cerveau. Recherchez
avec soin les connectifs qui s’étendent vers l’avant à partir du cerveau, de même que
Les Annélides © Houseman – page 10
ceux qui se dirigent vers le bas et autour du pharynx pour rejoindre le ganglion souspharyngien.
Enlevez avec soin de 3 à 5 cm d’intestin dans la région située derrière les organes
reproducteurs et près du clitellum. Une paire de cordons nerveux ventraux (Figure
10) relie les ganglions de chaque segment. À l’intérieur d’un segment, des nerfs issus
de chaque ganglion innervent les septums et la paroi du corps. Si vous n’avez pas
examiné les vaisseaux sanguins qui entourent le cordon nerveux, repérez le vaisseau
ventral du côté dorsal du cordon nerveux. Si vous poussez délicatement le cordon
nerveux de côté, vous verrez en dessous le vaisseau sanguin sous-neural.
Repérez le cordon nerveux sur une lame de coupe transversale. Trois grandes régions
claires du côté dorsal de ce cordon sont les axones géants qui courent le long du
cordon nerveux. Ils jouent un rôle important dans la réaction de fuite que vous avez
observée plus tôt. Lorsque les axones géants se déchargent, tous les muscles
longitudinaux de la paroi du corps se contractent, et le ver rentre rapidement dans son
terrier pour échapper au danger.
La sangsue
Les sangsues, contrairement aux autres groupes d'Annélides, ont toujours 34 segments.
L'examen de la surface externe laisse toutefois croire qu'il y a beaucoup plus que 34
segments parce que les anneaux visibles à l'extérieur ne correspondent pas aux
divisions internes entre les métamères. Les deux structures anatomiques externes
caractéristiques sont les ventouses antérieure et postérieure.
Figure 11 Coupe transversale d'une sangsue
Vous ne disséquerez pas la sangsue mais examinerez une coupe transversale pour
observer l'organisation interne (Figure 11). Notez que le coelome spacieux a disparu
pour être remplacé par des sinus et petites cavités qui entourent les divers organes
internes. Observez attentivement le vaisseau sanguin dorsal ou le cordon nerveux
ventral pour identifier les sinus coelomiques dans ces régions. Les muscles circulaires
et longitudinaux sont combinés à une musculature dorso-ventrale (oblique). Quel autre
type d'organismes ayant ce type d'arrangement musculaire avez-vous observé
Les Annélides © Houseman – page 11
précédemment? Le système digestif de la sangsue apparaît comme trois cavités sur la
lame microscopique.
Polycheata
Nereis
Les néréides ou néréis, vers du genre Nereis, sont présentes dans presque tous les
milieux marins, depuis la zone intertidale jusqu’à des profondeurs de plus de mille
mètres. Comme Nereis possède un grand nombre des caractéristiques primitives des
Annélides, on l’utilise souvent comme exemple d’introduction à l’embranchement des
Annélides, et plus précisément à la classe des Polychètes. Cependant, au cours de vos
observations, n’oubliez pas que les Annélides primitifs creusaient des terriers dans les
sédiments et ne possédaient pas les extensions latérales charnues de la paroi du corps,
appelées parapodes, que vous verrez dans ce spécimen.
Figure 12 Anatomie externe de la région céphalique de Nereis
Les parapodes sont un caractère autapomorphique qui définit la classe des Polychètes.
Lorsque l’ancêtre primitif des Polychètes a quitté son terrier, les deux paires de soies
de chaque segment qui l’aidaient à s’ancrer dans le sol se sont intégrées aux
parapodes, utilisés pour ramper sur le fond de l’océan. Cette nouvelle forme de
locomotion a contribué au succès évolutif des Polychètes. Que ce soit à la nage en
utilisant leurs parapodes comme des rames, ou en marchant à l’aide de leurs parapodes
servant de « pattes », les néréides se déplacent de manière active. En se déplaçant
ainsi, Nereis a besoin de savoir où il va; c’est pourquoi il possède une variété de
structures sensorielles qui jouent un rôle important dans son existence d’animal errant.
Les yeux pigmentés et les tentacules sensoriels sont les structures sensorielles les plus
visibles de Nereis. Même si certaines espèces se nourrissent de grandes algues, la
plupart des néréides sont des animaux prédateurs. Elles se nourrissent principalement
Les Annélides © Houseman – page 12
de petits Invertébrés marins qu’elles attrapent avec les mâchoires d’une trompe qui
peut être tournée vers l’extérieur.
Certains Polychètes sont sédentaires et vivent dans des terriers ou tubes qu’ils
sécrètent. Les parapodes des formes sédentaires sont souvent absents ou réduits, ou
sont modifiés pour devenir des branchies ou des structures qui pompent l’eau à travers
les tubes ou les terriers où vivent ces animaux, cela dans le but d’oxygéner le sang.
Anatomie externe
Le corps de Nereis comporte deux régions : la tête et le tronc segmenté.
Contrairement à la tête du lombric, qui vous est peut-être plus familière, celle de
Nereis possède diverses structures sensorielles qui jouent un rôle important dans la
capture des proies. Le tronc est quelque peu aplati, et chaque segment possède une
paire de parapodes. Sauf pour ce qui est des petits segments de l’extrémité
postérieure du tronc, il n’y a pas beaucoup de différences entre les quelque 200
segments (ou plus) qui forment la plus grande partie du corps. À cause de leur
ressemblance, ces segments sont dits homonomes. Les segments postérieurs du
tronc sont plus petits. Comment cela est-il lié à la manière dont le ver grandit?
La tête
La tête (Figure 12) comprend deux parties : le prostomium à l’avant, puis le
péristomium. Tout à fait à l’avant du prostomium, observez les deux tentacules et,
derrière ceux-ci, les deux palpes coniques. Ce sont des structures sensorielles
chimioréceptrices (pour le goût) et mécanoréceptrices (pour le toucher). La face
dorsale du prostomium porte deux paires d’yeux. Ces yeux peuvent-ils former des
images? Comme son nom l’indique, le péristomium entoure la bouche. Celle-ci
contient deux mâchoires qui capturent la nourriture. Vous verrez ces mâchoires plus
tard lorsque vous disséquerez le spécimen et que vous examinerez l’appareil digestif.
Le péristomium possède quatre paires de cirres sensoriels.
Le tronc
Chaque segment du corps porte une paire de parapodes (Figure 13). Enlevez un
parapode du milieu du tronc, examinez-le au microscope à dissection et comparez-le
avec une lame préparée de parapode. Identifiez le lobe dorsal, qui forme le notopode,
et le petit lobe ventral, le neuropode. Le notopode se subdivise à son tour en un
grand lobe branchial, lingual supérieur et dorsal, et un petit lobe lingual inférieur.
Le neuropode possède les mêmes subdivisions. Le notopode et le neuropode portent à
leur surface des cirres et des faisceaux de soies. Sur la lame préparée, repérez les
acicules chitineux à l’intérieur des parapodes. Combien y a-t-il d’acicules dans
chaque parapode? Quelle est leur fonction? Des muscles obliques élèvent et
abaissent les parapodes, alors que les contractions des muscles segmentaires font
bouger les parapodes de l’avant vers l’arrière, créant les mouvements de pagaie qui
permettent à l’animal de ramper ou de nager. Les parapodes sont également des
organes respiratoires importants. Le sang venant du vaisseau ventral circule dans les
Les Annélides © Houseman – page 13
capillaires des langues supérieure et inférieure des notopodes et des neuropodes. Dans
ces capillaires, le sang est oxygéné, puis poursuit son cours dans le vaisseau dorsal,
d’où il est distribué dans le reste du corps.
Figure 13 Structure d’un parapode typique
Le pygidium, qui forme l’extrémité postérieure du corps, n’est pas un véritable
segment et il est plus long que tout segment du tronc. Il comprend l’orifice anal et
possède des cirres sensoriels, mais pas de parapodes. Pourquoi les parapodes sont-ils
absents du pygidium?
Anatomie interne
Fixez votre spécimen, la face dorsale vers le haut, contre un côté du plateau à
dissection en plantant des épingles dans les parapodes des troisième et quatrième
segments, et une autre paire d’épingles environ 30 segments plus loin. Aux environs
du treizième segment, faites une incision dans la face dorsale de l’animal à l’aide
d’une paire de ciseaux fins plutôt que d’un scalpel. Si vous utilisez un scalpel, veillez
à ce qu’il soit bien affûté. Mettez la pointe du scalpel dans l’incision et coupez en
soulevant. Si vous utilisez des ciseaux fins, soulevez la paroi du corps tout en coupant.
Cette manière de faire minimisera les dommages accidentels aux structures sousjacentes. À l’intérieur, tous les segments sont identiques. En commençant aussi loin
vers l’arrière, vous aurez raffiné votre technique avant d’atteindre la partie antérieure
du corps. À mesure que vous faites l’incision, remettez les épingles qui maintiennent
la paroi du corps, de manière à ce que le ver reste bien en place sur le plateau. Lorsque
vous tirerez la paroi du corps vers le côté, vous devrez sectionner les parois des
septums de chaque segment. Enlevez temporairement les épingles lorsque vous faites
l’incision dans la région qu’elles maintiennent en place. Après avoir complété
l’incision et remis les épingles en place à travers la paroi de votre spécimen, inondezle avec de l’eau et sectionnez les parois septales restantes. Il arrive souvent que la
paroi intestinale soit accidentellement perforée et que le contenu de l’intestin
s’échappe. Si cela se produit, rincez avec de l’eau pour éliminer les débris de votre
spécimen disséqué.
Les Annélides © Houseman – page 14
Figure 14 Anatomie interne du ver polychète Nereis
Observez votre spécimen au microscope à dissection. Les parois septales situées à
l’avant et à l’arrière de chaque segment divisent la grande cavité corporelle en une
suite de cases fermées. Repérez le vaisseau sanguin dorsal, qui longe la surface du
tube digestif. Selon la manière dont s’est faite l’incision, il se peut que ce vaisseau soit
encore attaché à la paroi dorsale du corps. Le vaisseau ventral situé en dessous du
tube digestif est généralement plus facile à voir. Poussez délicatement de côté le tube
digestif et observez le vaisseau ventral, de même que les vaisseaux latéraux de chaque
segment qui irriguent les parapodes. Comment le sang circule-t-il dans ces
vaisseaux et dans le corps de l’animal?
La plus grande partie de l’appareil digestif consiste en un simple tube s’étendant sur
toute la longueur de l’animal jusqu’à l’anus, qui fait partie du pygidium (Figure 14).
Les seules variations de ce tube sont le grand pharynx musculeux, que l’animal peut
tourner vers l’extérieur, et les cæcums œsophagiens situés derrière le pharynx. Dans
la plupart des spécimens, le pharynx et les mâchoires qu’il contient sont rétractés à
l’intérieur du corps. Observez la musculature qui s’étend de la paroi du pharynx
jusqu’à la paroi du corps. La contraction des muscles pharyngiens, combinée à la
pression hydrostatique créée par la contraction de la paroi du corps, a pour effet de
faire sortir la trompe. Des muscles rétracteurs permettent de la faire rentrer. Après
avoir identifié les muscles, faites une incision dans le pharynx, maintenez-le ouvert en
plantant des épingles dans la paroi. Si vous examinez attentivement la surface interne
du pharynx, vous pourrez y voir les mâchoires et les denticules. Pour se nourrir, la
néréide fait sortir rapidement le pharynx et ouvre les mâchoires pour capturer sa proie.
Lorsque le pharynx est rétracté, les mâchoires se referment et emprisonnent la proie,
qui est maintenue à l’intérieur par les mâchoires et les denticules.
Enlevez le tube digestif de votre spécimen et, au besoin, rincez-le à l’eau pour
éliminer les débris digestifs. Avant d’examiner la paroi du corps, localisez les deux
métanéphridies contenues dans n’importe quel segment. Ces petites structures en
forme de sac peuvent être difficiles à voir et facilement endommagées au cours de la
dissection. Examinez donc la paroi du corps jusqu’à ce que vous en trouviez qui soient
intactes.
Les Annélides © Houseman – page 15
La surface interne de la paroi corporelle est divisée en quatre bandes de muscles
longitudinaux. Immédiatement en dessous des muscles longitudinaux, repérez la
pointe de l’acicule, l’endroit où il est fixé dans la cavité corporelle, ainsi que les
muscles aciculaires qui rayonnent à partir de sa base. Veillez à bien distinguer les
muscles aciculaires des muscles obliques des parapodes. Le muscle oblique ventral
est le plus facile à voir puisqu’il passe par dessus le muscle longitudinal ventral pour
aller rejoindre le parapode.
Le cordon nerveux ventral est enveloppé d’une gaine fibreuse qui masque sa
structure de deux cordons pairs et ses ganglions contenus dans chaque segment. Ces
ganglions ne sont visibles que sous forme de légères enflures du cordon nerveux.
Suivez le cordon nerveux jusqu’à la tête de l’animal et essayez de voir les connectifs
circumœsophagiens. Ces connectifs remontent jusqu’au cerveau et se ramifient pour
innerver les structures sensorielles du péristomium. Des nerfs issus du cerveau
innervent les structures sensorielles du prostomium.
Les néréides sont sexuellement dimorphes, mais les organes reproducteurs ne sont pas
bien visibles. Pendant la saison de l’accouplement, les gamètes sont formés à partir
des tissus des parois septales et libérés par les orifices des métanéphridies. Dans
certains cas, la paroi du corps se rompt pour laisser sortir les œufs ou le sperme.
Lame préparée
Examinez les coupes du tronc au microscope à dissection et comparez-les avec le
spécimen que vous venez de disséquer (Figure 13). Pour orienter les coupes, repérez le
vaisseau dorsal et le cordon nerveux ventral. Il est plus facile de voir la structure
paire du cordon nerveux dans une coupe que dans un spécimen disséqué. Le vaisseau
ventral est au-dessus du cordon nerveux, et vous pourrez peut-être voir des vaisseaux
latéraux à proximité. La paroi du corps comporte une fine couche cuticulaire, un
épiderme sous-jacent, puis une fine couche de muscle circulaire. Les muscles les plus
visibles sont les quatre bandes de muscles longitudinaux, à raison d’une paire du côté
dorsal et une paire du côté ventral. Comment cette disposition des muscles expliquet-elle les changements de forme d’un segment lorsque Nereis se déplace? L’intestin
tubulaire occupe la plus grande partie du cœlome. Selon l’endroit où la coupe a été
faite, il se peut que vous ayez du mal à voir les diverses parties des parapodes.
Examinez donc quelques coupes pour voir toutes les parties. Repérez les muscles
obliques, qui vont de la surface médioventrale du corps jusque dans les parapodes.
Observez aussi les acicules, de même que les nombreuses soies associées au notopode
et au neuropode.
Les Annélides © Houseman – page 16
Téléchargement