La Lettre du Neurologue • Vol. XVII - n° 2 - février 2013 | 69
VIE PROFESSIONNELLE
La Société française d’accompagnement et de soins
palliatifs (SFAP), société savante de médecine
palliative, a émis en 2012 une série de recomman-
dations concernant la mise en place et la gestion
des Lisp. Elle souhaite en particulier des engage-
ments au niveau des équipements et des locaux
(chambre seule, lit pour accompagnant, espace
réservé aux familles, etc.), de l’organisation du
service (psychologue, accompagnement social des
proches, bénévoles, réunions pluridisciplinaires,
projet de soins individualisé, convention avec une
EMSP ou un réseau de soins palliatifs, partenariat
avec une USP), et enfin d’un plan de formation
initiale et continue des personnels.
Financement des Lisp
Bien entendu, en contrepartie de cet élargissement
des compétences du service, et des contraintes
afférentes, il est proposé une meilleure valorisation
nancière des séjours.
Dans les services de court séjour, financés par
l’intermédiaire de la tarification à l’activité (T2A),
cette valorisation intervient par la création d’un
groupe homogène de séjour spécifique (7993),
permettant un abondement financier de l’ordre
de 30 % par rapport à un séjour “classique”. Il
doit naturellement correspondre à un diagnostic
principal de soins palliatifs (Z 51.5), qui exclut, pour
l’instant, toute comorbidité associée et tout degré
de sévérité.
Il s’agit donc d’une manipulation purement adminis-
trative, puisque le patient, lui, ne change ni d’unité
ni de lit. Ce financement complémentaire doit
cependant permettre à la structure concernée de
faire face à des exigences supplémentaires en termes
de locaux, d’aménagement et de personnel ; il est
donc légitime qu’il y soit investi. La SFAP recom-
mande, an de clarier leur utilisation, l’utilisation de
critères d’inclusion en Lisp, tenant compte de critères
médicaux, de la charge de soins, de l’environnement
social et du souhait du patient. La che d’inclusion
− intégrée au dossier patient − assure par ailleurs
la traçabilité et permet de répondre aux éventuels
contrôles de la Caisse nationale d’Assurance maladie
des travailleurs salariés (CNAMTS).
Dans les soins de suite et de réadaptation (SSR)
[qui concentrent actuellement environ 25 % des
Lisp], les séjours sont valorisés par un mécanisme
plus complexe et moins visible, qui devrait progres-
sivement faire place à une forme de T2A dans les
prochaines années.
Fonctionnement quotidien
des Lisp et formation
du personnel
Même si beaucoup de services accueillant des
patients en phase palliative de leur maladie ont
désormais acquis une compétence importante dans
ce domaine, il semble indispensable de pouvoir faire
appel à l’expertise d’une EMSP, qui peut participer aux
équipes de médecins et d’inrmiers ou aux réunions
de concertation pluridisciplinaire (RCP), au soutien du
personnel, aux débriengs de cas difciles, etc.
Le niveau d’exigence de formation de la circulaire du
8 mars 2008 est difcile à atteindre sur tous les plans ;
on pourra tomber d’accord sur la nécessité d’un plan
de formation de tout le personnel (puisqu’il n’y a pas,
par dénition, de personnel dédié), qui peut être réalisé
avec l’aide de l’EMSP. Les équipes pluridisciplinaires,
les groupes de parole, le compagnonnage pourront
être utilisés pour compléter une formation continue
spécique.
Les services devront, au mieux, se doter de référents
médicaux et paramédicaux de la prise en charge
palliative, avec une formation plus poussée (DU ou
DIU) et un rôle essentiel : animation des réunions pluri-
disciplinaires, interlocuteurs privilégiés de l’EMSP et des
structures de l’établissement (direction, Comité de lutte
contre la douleur, comité d’éthique), élaboration du plan
de formation, rédaction du rapport annuel d’activité.
Quelques problématiques
des Lisp
L’apport des Lisp, par rapport à l’expertise tradition-
nelle d’une équipe mobile extérieure au service, ne
doit pas faire passer sous silence la nécessité d’une
vigilance accrue sur le ressenti des équipes locales. Il
nous semble en effet important de ne jamais oublier
que ces “lits identiés” se trouvent dans un service
de spécialité, où surcharge de travail, turnover des
équipes, motivation graduée des soignants à l’égard
de l’approche palliative sont une réalité. Ainsi,
valoriser la démarche palliative dans un tel service
peut renforcer l’impression, pour l’équipe, d’une
augmentation du poids des décès, avec pour consé-
quence un risque d’épuisement professionnel. Le
passage d’un patient en Lisp, qui n’est qu’une codi-
cation administrative, un glissement en douceur,
sans rupture pour le malade et en respectant ses
ressources psychiques, peut générer une tension
inattendue chez certains soignants. Le déni de la