Claude Valette [email protected] Ivry, le 15 janvier 2011 Retraité, anciennement Directeur de Recherche au CNRS Principe optique d’un télescope Sommaire 1. Introduction ................................................. 1 2. Lentilles minces, foyer et plan focal ........... 1 3. Objectif, oculaire, association d’un oculaire à un objectif ................................... 2 4. Grossissement, ouverture numérique, pupille de sortie, champ .............................. 3 5. Renvoi coudé, défaut de vignettage ............ 8 6. Introduction au télescope: diffraction, défauts optiques, baffle ...............................8 7. Considérations pratiques .............................9 8. Annexe 3D: réflexion sur un miroir plan ..11 9. Annexe: optique d’un miroir parabolique, hyperbolique ou elliptique .........................12 1. Introduction Il s’agit ici d’expliquer, au moyen d’une lentille convergente d’entrée équivalente à l’objectif du télescope et d’une lentille convergente de sortie équivalente à l’oculaire, comment cette association objectif/oculaire fonctionne et quelles sont les formules utiles qu’on en tire. L’agencement réel d’un télescope est très différent : un télescope Schmidt-Cassegrain (voir figure12 p.13) fonctionne avec deux miroirs permettant de replier le faisceau, complétés par un oculaire, éléments auxquels s’ajoute, à l’entrée, une lame assurant la correction des défauts optiques. Mais, pour ce qui est du principe et des formules, il suffit de considérer (voir figure 2) une lentille équivalente d’entrée et une lentille équivalente de sortie. 2. Lentilles minces, foyer et plan focal L’optique des lentilles minces est une approximation, dans laquelle une lentille convergente comporte deux foyers symétriques (voir figure 1). Dans cette approximation, trois règles1 permettent de déterminer le trajet optique des rayons lumineux: • l’image d’un point lumineux est un point lumineux. • un rayon lumineux parvenant sur une lentille en son centre poursuit son chemin en ligne droite. • un rayon lumineux parvenant sur une lentille parallèlement à son axe ressort en étant dévié sur le foyer. Un rayon lumineux parvenant sur une lentille depuis son foyer ressort en étant dévié parallèlement à l’axe. Au centre d’une lentille, la surface avant et la surface arrière sont localement parallèles comme les faces d’une vitre, c’est pourquoi un rayon lumineux traversant une lentille en son centre n’est pas dévié. Ailleurs localement, les faces convergent, comme celles d’un prisme, qui dévie la lumière vers sa base, d’autant plus fortement que l’angle entre les faces est plus grand. 1. Ces règles se démontrent à partir des lois fondamentales de l’optique. 2 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 B C A P O Q foyer foyer D D J I C P A O Q foyer foyer Figure 1 : construction de l’image dans une lentille convergente. Lorsque l’objet est en amont du foyer (dessin du haut), l’image se forme en aval de la lentille, là où passent les rayons lumineux. On dit que l’image est réelle (on peut la matérialiser sur un morceau de carton). Lorsque l’objet est entre le foyer et la lentille, l’image se forme en amont de la lentille, les rayons lumineux sortants n’y passent pas, seul leur prolongement en ligne droite passe par l’image. On dit que l’image est virtuelle (elle n’apparaît pas sur un morceau de carton). Une loupe est une lentille convergente utilisée selon le dessin du bas. Si on avance un peu la loupe, son foyer P se rapproche de l’objet A: la droite PJ tourne autour de P en sens inverse des aiguilles d’une montre, le point J se déplace vers le haut jusqu’à partir à l’infini quand P arrive sur A. La droite QI restant fixe, l’intersection D part à l’infini dans la direction de la flèche verte en pointillés. Quand P arrive sur A, on dit que l’image virtuelle D est à l’infini dans la direction de cette flèche. 3. Objectif, oculaire, association d’un oculaire à un objectif L’objectif, de distance focale F, donne de l’objet une image inversée (voir figure2, haut). Celle-ci se forme en aval du plan du foyer P, dit plan focal, et d’autant plus près de celui-ci que l’objet est plus éloigné de la lentille. Cette image est dite réelle, au sens que les rayons lumineux y passent effectivement. L’oculaire est une loupe avec laquelle on regarde cette image réelle (voir figure 2, bas). Pour ce faire, on place le plan du foyer P de la loupe un peu en arrière de l’objet à regarder. L’image que l’on voit est dite virtuelle, c’est-à-dire que les rayons lumineux n’y passent pas, seule leur direction pointe vers l’image (la vision recompose l’image à partir de la direction des rayons qui parviennent à l’œil). L’outil qu’est le télescope accomplit une triple tâche: • il capte autant de lumière qu’il est possible. • il concentre cette lumière en sorte qu’elle entre entièrement dans la pupille de l’œil. • il grossit le diamètre apparent des objets et la distance angulaire entre les étoiles. À partir d’une lentille d’entrée de grand diamètre captant la lumière, on associe une loupe qui grossit l’image tout en concentrant les rayons lumineux dans la pupille. Le dessin complet est montré sur la figure3 p.4). Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 D F foyer Objectif: focale F, diamètre D 3 Q objet image l’image que produit l’objectif est l’objet que l’oculaire considère: Oculaire: focale f, diamètre d objet foyer image haut P œil bas f d Figure 2 : on associe un oculaire à un objectif, qui est une lentille convergente de distance focale F, donnant de l’objet éloigné une image réelle (voir figure1 haut). L’oculaire est une loupe, lentille convergente de distance focale f avec laquelle on regarde cette image (voir figure1bas). Dessin complet: voir figure3 p.4. 4. Grossissement, ouverture numérique, pupille de sortie, champ Objectif: focale F, diamètre D D étoile dans cette direction rayon passant par O, non dévié F plan focal En astronomie, l’objet est à l’infini (à une distance très grande devant la distance focale) et l’image se forme dans le plan focal de l’objectif (voir figure4). Les rayons lumineux incidents provenant d’un objet ponctuel à l’infini (tel qu’une étoile) sont parallèles. Inversement, des rayons lumineux parallèles proviennent d’un objet situé à l’infini dans la direction de ces rayons. O point image de l’étoile Figure 4 : l’image, dans l’objectif, d’une étoile située dans la direction considérée est un point du plan focal. Le rayon passant par le centre de l’objectif n’étant pas dévié, il permet de déterminer la position de l’image dans le plan focal. Ci-dessus, les rayons lumineux ne sont pas dessinés en aval. Cette image est dite réelle car les rayons lumineux y passent effectivement: on peut s’en assurer en plaçant un morceau de carton à cet endroit. o objet foyer de l’objectif position de l’objectif image e ag im lle tue vir image virtuelle i position de l’oculaire foyer de l’oculaire i f pupille de sortie oculaire image/objet objectif (pupille d’entrée) Figure 3 : en haut, construction géométrique des images, à travers deux lentilles minces dont on donne la position et la distance focale. Le grossissement angulaire est le rapport i/o des angles. Le diamètre des lentilles n’interviendra que plus tard, sur la quantité de lumière transmise. En bas, construction de la pupille de sortie (quatre droites en bleu), construction des faisceaux lumineux. L’image est virtuelle (aucune lumière n’y passe). En astronomie, l’objet est à l’infini à gauche, les trois rayons verts sont donc parallèles, de même que les trois rayons magenta. o F 4 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 Objectif: focale F, diamètre D Oculaire: focale f, diamètre d plan focal commun D F o o Grossissement : 5 i F G = --- ≈ --o f d f i i Champ : œil f o ≈ i × --F Figure 5 : formules avec le plan focal commun. Le grossissement est le rapport i/o de l’angle i sous lequel on voit l’image à l’angle o sous lequel se trouve l’ojet. La formule, qui résulte de la considération des deux triangles, est approchée: on assimile en effet la tangente de l’angle avec l’angle lui-même (taille de l’image/F pour o, taille de l’image/f pour i). La formule du champ résulte du même raisonnement. Elle permet de calculer le champ qu’observe le télescope connaissant le champ de l’oculaire, donné par le constructeur. En astronomie, la distance focale de l’oculaire est très petite, 18mm par exemple. Sauf à être très myope, l’observateur ajuste la position du plan focal de façon à ce que l’image virtuelle soit à une distance très grande par rapport à 18mm. Il place donc le plan du foyer P de l’oculaire sur l’image réelle produite par l’objectif, qui se trouve dans le plan du foyer Q de l’objectif. Pour ces deux raisons, en astronomie, les foyers Q et P sont donc confondus, ce qui simplifie beaucoup la construction des images (voir figures5). Selon la conception de l’oculaire, le champ que l’œil peut voir est plus ou moins grand. Un oculaire de très grand champ, 82° par exemple, évite l’effet “lucarne” et donne une vision plus naturelle, beaucoup plus agréable. http://www.promo-optique.com/ultrawideangleuwaserie500018mm3175mm-p-1960.html?cPath=140_157_181 http://www.promo-optique.com/ultrawideangleuwaserie500047mm3175mm-p-1954.html?cPath=140_157_181 Le grossissement du télescope est le rapport de l’angle i sous lequel l’œil voir l’image à l’angle o sous lequel le télescope regarde l’objet. Le champ du télescope dépend doublement de l’oculaire utilisé: d’une part par le champ propre à cet oculaire, d’autre part par le grossissement. La simple considération des deux triangles rectangles sur la figure 5 donne immédiatement la formule du grossissement (rapport des focales) et le champ de l’instrument (quotient du champ de l’oculaire par le grossissement). On appelle pupille d’entrée le “trou” par lequel les rayons lumineux pénètrent dans le télescope. On appelle pupille de sortie l’image, dans l’oculaire, de la pupille d’entrée. La pupille d’entrée étant généralement circulaire, de diamètre D, diamètre de l’objectif, son image dans l’oculaire, la pupille de sortie, est de même circulaire, de diamètre d. On dessine facilement la pupille de sortie (figure6), dont le diamètre d est le quotient du diamètre de la pupille d’entrée par le grossissement. Il est inférieur au diamètre de l’oculaire. Pour profiter de toute la lumière recueillie par le télescope, il faut placer l’œil de sorte que la pupille de sortie soit entièrement dans la pupille de l’œil. Le rapport F/D s’appelle ouverture numérique: par exemple, F/D=10 avec F=2000mm, alors D=200mm, en fait 8’’=203mm (valeurs typiques pour un Schmidt-Cassegrain). http://www.promo-optique.com/lx90acfgpsmeade8schmidtcassegrain-p-1898.html Plus ce rapport est élevé pour une même focale, plus le télescope est lumineux, mais plus les rayons lumineux (voir figure 7) sont inclinés par rapport à l’axe, ce qui est cause de défauts optiques. Un télescope de type Dobson, de 10’’=254mm ouvert à F/5, n’a pas une optique assez bonne pour observer les planètes en détail, mais il donne de belles images très lumineuses du ciel à faible grossissement et grand angle. http://www.promo-optique.com/dobsonmeadelightbridge10deluxe-p-1891.html?cPath=95_174 L’ouverture numérique caractérise le type de télescope (faible grossissement, grand diamètre et grand champ, ou bien optique de grande qualité permettant un grossissement très fort). La figure7 montre la configuration des faisceaux lumineux pour trois étoiles. 6 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 D F pupille (“trou”) d’entrée, de diamètre D, à la distance F du plan focal de l’oculaire f plan focal plan focal Oculaire: focale f, diamètre d d P l’homothétie de centre P conduit à: f d = D --F pupille (trou) de sortie, de diamètre d bas im l’é age to d ile e œil e ed ag ile im ’éto l haut Figure 6 : construction géométrique de la pupille de sortie au moyen de 6 droites (en bleu). La pupille d’entrée étant circulaire, la pupille de sortie l’est aussi. Tout rayon lumineux qui entre par la pupille d’entrée et qui n’est pas arrêté dans le télescope sort par la pupille de sortie : ceci est vrai y compris pour les rayons entrants qui sont hors du champ du télescope. Le champ de l’oculaire, qui détermine le champ du télescope, est un concept sans rapport avec celui de la pupille de sortie. L’observateur place la pupille de sortie, qui est une image réelle, entièrement à l’intérieur de la pupille de son œil, de sorte qu’il reçoit tous les rayons lumineux qui ont franchi la pupille d’entrée et qui n’ont pas été arrêtés dans le télescope. pupille de sortie O P oculaire plan focal haut œil (re mir nv oir oi à co 45° ud é) bas Figure 8 : adjonction d’un renvoi coudé, miroir à 45° sur lequel tous les rayons lumineux se réfléchissent symétriquement (la figure s’obtient au moyen d’une simple symétrie). L’axe de visée tourne de 90° en sens inverse des aiguilles d’une montre, il faut tourner l’œil de l’observateur de la même façon. Après adjonction du miroir, l’image de l’étoile magenta, qui était en bas, est désormais en haut pour cet observateur dans sa nouvelle position. o o construction géométrique (rayons passant par O) image de l’étoile magenta image de l’étoile cyan pupille de sortie oculaire O plan focal objectif Figure 7 : tracé des faisceaux lumineux. Focale F=1700mm, diamètre D=400mm, oculaire f=100mm. Ouverture numérique de ce télescope F/D=4,25. Grossissement i/o=F/f=17 fois. Pour un champ de l’oculaire de 90°, le champ du télescope est de 5°18’. Pupille de sortie 23,5mm. Cette pupille est beaucoup trop grande pour l’œil, l’instrument est inutilisable. Il faut un oculaire de focale beaucoup plus petite, ce qui donnera un grossissement beaucoup plus fort, mais le dessin deviendra illisible. Un instrument déduit par homothétie a les mêmes caractéristiques de grossissement et de champ: on peut, par exemple, diviser toutes les longueurs par deux si l’on divise également tous les diamètres par deux. Grossissement et ouverture numérique restent alors inchangés. étoile cyan étoile magenta i i Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 7 8 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 5. Renvoi coudé, défaut de vignettage L’image de l’étoile magenta, située en haut, est vue en bas dans l’oculaire. Supposons que la figure7 représente maintenant la coupe horizontale vue du dessus: l’étoile, qui est à droite, est vue à gauche dans l’oculaire. Le système renverse haut/bas ainsi que gauche/droite. Un gros télescope étant inutilisable pour regarder le paysage (turbulence excessive), ceci n’est pas très grave. Cependant, pour une monture “altitude/azimut”, il y a beaucoup plus gênant. Une telle monture tourne autour d’un axe vertical (réglage de l’azimut, l’angle de la boussole), et d’un axe horizontal réglage de l’angle d’altitude. Pour un angle d’altitude de 90° (zénith), il est impossible d’accéder au viseur. Pour cette dernière raison, on utilise toujours un renvoi coudé (voir figure8), qui a, de plus, l’avantage d’éliminer l’inversion haut/bas, la plus gênante en pratique. L’inversion gauche/droite subsiste (attention à l’Atlas de la Lune et aux Cartes du ciel). Ce renvoi coudé pose néanmoins un problème aux très grands champs : le champ devient trop grand pour le renvoi coudé si une partie de la lumière de l’étoile magenta, au lieu de se réfléchir dans la partie gauche, la plus basse, du miroir, tombe en dehors du miroir (c’est la plus proche de l’objectif et le faisceau des rayons est plus gros). Une ombre se rajoute alors dans le coin de l’oculaire: ce défaut s’appelle “vignettage”. Aux plus grands champs, il faudrait utiliser un renvoi coudé de plus grande taille, mais on atteint alors rapidement les limites du télescope: la pupille de sortie devient de l’ordre de la pupille de l’œil et les défauts optiques du télescope sont de plus en plus gênants quand les rayons lumineux deviennent plus inclinés sur l’axe et éloignés de celui-ci. http://www.promo-optique.com/ultrawideangleuwaserie500024mm508mm-p-1956.html?cPath=140_157_181 http://www.promo-optique.com/renvoicoudemeade508mmdielectricserie5000-p-1993.html?cPath=140_163 6. Introduction au télescope : diffraction, défauts optiques, baffle Un Schmidt-Cassegrain de 8 pouces tel que le LX90-ACF http://www.promo-optique.com/lx90acfgpsmeade8schmidtcassegrain-p-1898.html est un système optique limité par la diffraction (“diffraction limitted”) et corrigé de la coma (“Advanced Coma Free”, “ACF”). Le schéma d’un télescope est montré en annexe, figure12 p.13. La nature ondulatoire de la lumière est responsable du phénomène de diffraction. Les vagues arrivant sur l’ouverture d’une jetée (voir figure9) ne continuent en ligne droite ( θ = 0 ) que si l’ouverture D est grande devant la longueur d’onde λ des vagues. Pour la lumière d’une étoile dans l’axe du télescope franchissant une pupille d’entrée circulaire, l’ouverture angulaire θ des rayons lumineux est proportionnelle à la longueur d’onde et inversement proportionnelle au diamètre D de cette pupille (voir figure 9). Du fait de la nature ondulatoire de la lumière, un système même optiquement parfait ne donnerait pas d’une étoile une image ponctuelle, mais une tache d’Airy (avec des anneaux secondaires). Pour un Schmidt-Cassegrain, la diffraction est un peu augmentée du fait de l’obstruction du angle θ Tache d’Airy: (dessin applosciences.com) λ sin θ = 1, 22 ---D λ longueur d’onde D diamètre de la pupille 2 θ diamètre angulaire de la tache d’Airy Figure 9 : diffraction des vagues par l’ouverture d’une jetée, tache d’Airy. http://fr.wikipedia.org/wiki/Diffraction Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 9 miroir secondaire et la tache d’Airy est un peu inférieure à 1 seconde d’arc pour D=203mm. On dit que le système optique est limité par la diffraction si l’ensemble des aberrations de l’optique géométrique contribuent à une dégradation du point image du même ordre que la diffraction. En l’absence de turbulence, la résolution du LX90 8 pouces est de l’ordre de 1 seconde d’arc. Dans un verre, l’indice de réfraction de la lumière dépend de la longueur d’onde. Un soin tout particulier est donc apporté aux oculaires, en associant des verres de différents indices de réfraction, afin de corriger l’aberration chromatique. À une longueur d’onde donnée, les aberrations géométriques monochromatiques, c’est-à-dire les dégradations produites par le fait que les rayons lumineux ne convergent pas parfaitement, consistent principalement en l’aberration sphérique, pour les rayons axiaux, et la coma, pour les rayons inclinés par rapport à l’axe optique (voir figure11). La distorsion donne d’un carré une image dans laquelle les droites sont courbées. Figure 10 : aberration sphérique et coma, distorsion. http://fr.wikipedia.org/wiki/Aberration_g%C3%A9om%C3%A9trique http://fr.wikipedia.org/wiki/Pouvoir_de_r%C3%A9solution Qu’il soit ou non dans le champ du télescope, tout rayon lumineux franchissant la pupille d’entrée sortira par la pupille de sortie, sauf s’il est arrêté dans le télescope : il convient donc de stopper tout le rayonnement ambiant diffus, qui produirait un fond continu dégradant le contraste de l’image. Pour cette raison, un Schmidt-Cassegrain est soigneusement “bafflé” au moyen d’un tube situé en amont de l’ouverture du miroir principal, qui empêche la lumière diffuse de sortir en direction du miroir coudé. On peut ainsi observer sur un site de forte pollution lumineuse. 7. Considérations pratiques Le pointage d’un télescope nécessite le repérage de la direction, au moyen de deux angles. Une monture équatoriale est alignée sur l’axe de rotation de la Terre (proche de l’étoile polaire), et une étoile est repérée par l’angle de déclinaison (90° pour l’étoile polaire) et l’angle d’ascension droite (dans le plan 0° de déclinaison). Les progrès de l’informatique ont rendu possible le calcul automatique de ces angles lorsque la monture utilisée est de type “altitude/azimut”. Une telle monture possède un axe de rotation vertical et un axe de rotation horizontal, fournissant une position d’observation plus naturelle (renvoi coudé vertical à l’arrière du télescope). Une monture informatisée (système dit “Go-To”) comporte un processeur et une base de donnée, rendant l’utilisation d’un télescope extrêmement simple et permettant d’observer un grand nombre d’objets en un minimum de temps. Mise en station : on règle l’horizontalité du trépied (niveau à bulle), celle du tube, le calage du tube sur le zéro d’azimut et l’alignement de ce zéro sur le nord (boussole). On renseigne le lieu d’observation (coordonnées GPS), le jour et l’heure. Le processeur propose une première étoile très brillante, on la centre et on valide. Le télescope pourrait alors pointer. Cependant, il propose une seconde étoile, on la centre et on valide : le processeur analyse alors toutes les erreurs (défaut d’horizontalité, d’alignement sur le nord etc.) et détermine un réglage les minimisant au mieux. Ensuite, on choisit un objet dans la base de données, on demande “Go-To” et on observe. L’erreur 10 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 principale est, en général, celle de pointage au nord. On peut la rattraper, lors du pointage de la première étoile, en tournant l’ensemble du télescope. Pour pointer le Soleil, on valide sans pointage les deux étoiles proposées, on entre les coordonnées du Soleil, on demande “Go-To”, puis on corrige l’erreur sur le nord en tournant l’ensemble du télescope pour pointer le Soleil. Il faut éduquer l’œil à la vision nocturne, qui utilise les bâtonnets. Cette vision, après 30 minutes dans le noir, n’est sensible qu’à 20° de l’axe optique. Or, habituellement, pour examiner un détail, on centre l’œil dans cette direction. Au télescope, il faut au contraire apprendre à regarder en décentrant le regard de 20°, gymnastique qui nécessite un apprentissage particulier. Pour choisir un site d’observation bien noir et les objets à observer, utiliser les cartes du Gresac sur Google Earth et Cartes du ciel, logiciel libre utilisant les catalogues professionnels: http://www.avex-asso.org/dossiers/wordpress/?page_id=85 http://www.ap-i.net/skychart/fr/start Un réducteur de focale est une lentille convergente que l’on ajoute avant le renvoi coudé : elle diminue la distance focale, par exemple dans un rapport 10/6,3. http://www.promo-optique.com/reducteurdefocalemeadefd63-p-2031.html?cPath=140_191 La définition de l’image est donnée par le nombre de points qui la constitue (pour un appareil photo, le nombre de pixels). Pour un LX90 de 8 pouces, la résolution dans de bonnes conditions de turbulence est de l’ordre de 1’’ (1 seconde d’arc). • Avec un oculaire de 18mm de focale et 82° de champ, le grossissement est de 2000/18 soit 111 fois, la pupille de sortie est de 203x18/2000=1,8mm, le champ du télescope est de 82°x60x18/2000=44’, soit 2657 taches d’Airy de 1’’. Ce champ comporte donc un nombre de points utiles égal au rapport des aires, soit (2657)2= 7 millions environ. La qualité de l’image est celle d’un appareil photo de 7 millions de pixels. • Avec l’oculaire de 18mm et 82° et un réducteur de focale 10/6,3, le grossissement devient (2000/18)/(10/6,3)=70 fois, la pupille de sortie (203x18/2000)/(10/6,3)=1,2mm, le champ du télescope (82°x60x18/2000)/(10/6,3) = 70’=1°10’, soit 4200 taches d’Airy. L’image a une qualité de (4200)2=17,8 millions de pixels. • Pour un oculaire 8,8mm et 82° de champ, le grossissement est de 2000/8,8 =227 fois, la pupille de sortie 203x8,8/2000=0,9mm, le champ 82°x60x8,8/2000=22’, soit 1299 taches d’Airy. La qualité de l’image est celle d’un appareil photo de (1299)2=1,7 millions de pixels, qualité encore très honnête. • Pour un oculaire de 4,7mm et 82°, le grossissement est de 2000/4,7=426 fois, la pupille 203x4,7/2000=0,5mm, le champ 82°x60x4,7/2000=12’, soit 694 taches d’Airy. L’image a une qualité de (694)2=481000 pixels, qualité assez médiocre esthétiquement parlant. Pour un objet bien lumineux, on estime (notion subjective) que le grossissement maximum avec un télescope de bonne taille est de 2xD fois (D en millimètres), limite à ne pas dépasser. La luminosité de l’image est un second facteur d’une très grande importance. Pour tous les objets qui ont une certaine taille (à l’exception des étoiles, qui restent ponctuelles, on dit qu’elles ne sont pas “résolues” dans le télescope), la quantité totale de lumière qui entre dans la pupille d’entrée (diamètre D) se trouve répartie sur une surface d’autant plus grande que le grossissement est plus fort. L’image est donc d’autant moins brillante que l’on grossit davantage. C’est l’erreur que font la plupart des débutants : ils cherchent à grossir le plus possible, sans se rendre compte qu’ils voient en fait moins bien car l’image n’est plus assez brillante. En observation visuelle, il faut apprendre à moins grossir pour bénéficier d’une image plus brillante. Le grossissement optimum, qui est lui aussi une notion assez subjective, est bien inférieur au grossissement maximum. On l’estime à 0,6xD fois (D en millimètres). L’utilisation de filtres interférentiels apporte une spectaculaire amélioration dans l’observation de la plupart des nébuleuses diffuses et des nébuleuses planétaires. Celles-ci émettent principalement sur deux raies de l’oxygène et deux raies de l’hydrogène. Un filtre UHC (ultra high contrast) laisse passer cette lumière émise mais supprime très efficacement les autres longueurs d’onde, donc toutes les pollutions lumineuses. Le contraste de l’image en est fortement amélioré, par assombrissement du bruit de fond. Une galaxie émettant dans toutes les longueurs d’onde, tout filtrage du bruit de fond dégraderait malheureusement l’image en filtrant aussi sa lumière. http://www.promo-optique.com/filtrestellaireuhcscoulant3175mm-p-1710.html?cPath=140_153_242 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 11 8. Annexe 3D: réflexion sur un miroir plan bas œil avec le miroir droi te gauc he haut L’intérêt de cette figure est de bien comprendre que, pour l’observateur qui tourne sa direction de visée de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre, l’inversion haut/bas produite par l’objectif se trouve corrigée, alors que l’inversion gauche/droite subsiste telle quelle. e ho riz e n he roug ontale e droi te haut M gauc coup avant P R • partie du miroir derrière la coupe verticale e al ir rm ro no mi au coupe verticale en noir haut • œil sans le miroir O bas • coupe verticale du miroir miroir à 45° coupe horizontale du miroir bas •N construction de l’image dans la coupe verticale construction de l’image en avant de cette coupe •S •Q rayon incident (plan vertical) rayon incident (plan horizontal) Figure 11 : miroir plan à 45°. Pour bien voir la figure en 3D, tourner l’image de 90° dans le sens des aiguilles d’une montre, puis revenir à l’orientation initiale et alterner les deux orientations. Les rayons sont réfléchis en O à angle égal avec la normale au miroir. L’image du point M est le point N, symétrique dans le miroir. Celle du point P est le point Q, celle du point R est le point S. L’image de l’objet MR est NS (virtuelle). En l’absence de miroir, l’œil voit M dans l’axe, il voit P au-dessus de M, il voit R à gauche de M. En présence du miroir, l’observateur se déplace: l’axe tournant de 90° en sens inverse des aiguilles d’une montre, il faut tourner l’œil de la même façon. On voit alors N (image de M) dans l’axe, on voit Q (image de P, qui est au-dessus de M) en dessous de N, on voit S (image de R, qui est à gauche de M) à gauche de N. Le miroir à 45° du renvoi coudé inverse donc haut/bas, mais il n’inverse pas gauche/droite. 12 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 9. Annexe : optique d’un miroir parabolique, hyperbolique ou elliptique Cette question, plus mathématique, fait l’objet d’un second article: voir “Newton, Kepler: trajectoires, miroirs”. Un miroir elliptique (excentricité e < 1 ) et un miroir hyperbolique ( e > 1 ) ont la propriété de donner d’un point objet situé à l’un des foyers un point image situé à l’autre foyer. Le cas de la parabole ( e = 1 ) est celui où l’un des foyers se trouve rejeté à l’infini: une étoile située dans l’axe (foyer) a donc son image au foyer de la parabole. Indépendamment de leur position, la forme d’une ellipse ou d’une hyperbole est complètement déterminée par la connaissance de deux paramètres: sa distance focale et son excentricité. La forme d’une parabole, dont l’excentricité est l’unité, est complètement déterminée par la connaissance du seul paramètre restant: sa distance focale. La réflexion de foyer à foyer, qui permet d’imager un foyer sur l’autre, est mise à profit. Pour un télescope, le premier foyer doit être à l’infini dans l’axe, le miroir primaire est donc parabolique. On lui adjoint un miroir secondaire hyperbolique qui transfère cette image du premier foyer P au second foyer Q de l’hyperbole: le foyer P est donc commun à la parabole et à l’hyperbole. Pour construire la figure12, on utilise la réflexion au centre du miroir, point M ou point N , qui se produit symétriquement par rapport à l’axe optique. Ce miroir secondaire divergent fait reculer le foyer Q du télescope, allongeant la distance focale F d’autant plus que la divergence du miroir hyperbolique est plus forte. L’image d’un point situé près d’un foyer n’est pas ponctuelle, mais, par continuité, elle est peu différente d’un point si l’objet est proche du foyer. Pour une parabole, cette règle approchée implique que l’image d’une étoile proche de l’axe optique est pratiquement ponctuelle, sa position dans le plan focal étant déterminée par le rayon arrivant au centre M du miroir et réfléchi symétriquement par rapport à l’axe de la parabole. L’étoile verte, dans l’axe, détermine le foyer. En prolongeant à gauche les deux rayons verts à partir du foyer, l’intersection avec les deux rayons verts à l’entrée détermine la position de la lentille équivalente. On obtient ainsi la distance focale du télescope. L’image est inversée haut/bas et gauche/droite. On adjoint un renvoi coudé qui redresse l’inversion haut/bas. Le dessin de la figure12, pour lequel l’hyperbole a une excentricité e = 2, 42 , l’oculaire donnant un grossissement G = 48 fois , est fait avec une échelle qui reste à fixer. Le télescope a une distance focale F = 48, 24 unités pour une longueur hors tout NQ = 17, 083 unités , un diamètre D = 9 unités , avec un oculaire de distance focale f ocu = 1 unité . Par exemple, si l’unité représente 20 mm , l’oculaire a une focale f ocu = 20 mm , le télescope a une focale d’environ F ≈ 1 m , une longueur d’environ 35cm , et, sur la figure, un diamètre d’environ D ≈ 180 mm (ouverture à F ⁄ 5,4 ). On peut utiliser la même parabole et la même hyperbole en les faisant travailler sur un diamètre différent. On diminue l’obstruction apportée au miroir principal par le miroir secondaire en augmentant l’excentricité de l’hyperbole, tout en gardant la distance PQ constante. Le miroir principal, concave, rassemble la lumière. Le miroir secondaire renvoie les rayons vers l’arrière. Il est convexe, ce qui augmente la distance focale en repoussant le foyer vers la droite. L’adjonction d’une lentille convergente (réducteur de focale) ramène le foyer vers la gauche, ce qui diminue le grossissement, donc agrandit le champ. L’adjonction d’une lentille divergente (lentille de Barlow) repousse au contraire le foyer vers la droite, augmentant ainsi le grossissement: ce dispositif est classique en photographie des planètes. Le baffle, constitué d’un tube noir, empêche très efficacement la lumière parasite de parvenir dans l’oculaire. Un Schmidt-Cassegrain permet de réaliser une grande distance focale (2 mètres) avec un tube très court (42,5cm de long pour le LX90). Le miroir secondaire est fixé sur la lame correctrice. L’obstruction qu’il apporte au miroir principal est le principal inconvénient du Schmidt-Cassegrain (perte de lumière et, pire, dégradation de la tache de diffraction). On construit le miroir secondaire aussi petit que possible. C’est pour rendre le dessin plus lisible que le miroir secondaire ainsi que l’ouverture centrale du miroir principal (laissant passer les rayons lumineux) sont ici grossis. foyer Lame correctrice R 12 N Miroir Hyperbolique échelle: F grossissement G = -j = ------i f ocu 0 1 2 P O 3 0 2 4 4 6 8 diamètre d échelle: ici : F = 48, 24 G = 48, 2 +1 distance focale F = RQ = e-----------f e – 1 par 2 passe par P, 3 passe par Q 11 parallèle à 10 passe par M 12 symétrique de 11 donne I IN=13, 14 symétrique de 13 14 donne J image de I 14 N 14 M Oculaire et renvoi coudé Miroir parabolique diamètre D Lentille équivalente K 7 4 8 3 R foyer S Q J Q Figure 12 : association d’un miroir primaire parabolique et d’un miroir secondaire hyperbolique, avec foyer commun P. Le foyer Q du télescope est le second foyer de l’hyperbole. Le télescope équivaut à une lentille de distance focale F placée en R. Le miroir à 45° du renvoi coudé redresse l’inversion haut/bas. L’oculaire est une loupe. Le grossissement du télescope est le rapport des angles j/i (image/objet). I 13 8 3 Baffle j 5 foyer P 11 9 2 9 6 œil bas Hyperbole foyers P et Q exentricité e , focale f hyp Oculaire focale f ocu 2 1 10 haut f par = 20 f hyp = 7, 08 e = 2, 42 f ocu = 1 Parabole foyer P, focale f par étoile i angle étoiles magenta/verte Grossissement : G = j ⁄ i magenta j angle images magenta/verte10 i 1 étoile verte Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011 13 14 Principe optique d’un télescope, Ivry, le 15 janvier 2011