Considérer le chaos comme un Tout ludique, car il y a
de l’humour dans l’univers. La réponse n’est jamais là
où on la cherche, elle habite souvent un infime point,
si proche qu’on ne peut le voir ni le concevoir, mais il
induit des fausses réponses pour cacher ailleurs la
réponse. Il rappelle l’homme à l’humilité en créant des
bulles de fausses certitudes, d’habitudes, de faux
savoirs dont on ne peut sortir. On n’échappe pas à son
identité, à ce que l’on est. Reste à regarder le réel qui
offre le spectacle extraordinaire du vivant et du cos-
mos. On peut voir des étoiles à des milliers d’années
lumière et qui n’existent plus et passer à côté d’une
vérité lumineuse qui nous crevait l’oeil.
Il faut prendre conscience du fait que la particule
quantique est une entité tout à fait nouvelle, irréduc-
tible aux représentations classiques : la particule quan-
tique n’est pas une simple juxtaposition d’un corpus-
cule et d’une onde. La particule quantique peut se
comprendre comme une unité de contradictoires mais
les physiciens trouvent plus juste de dire qu’une parti-
cule n’est ni corpuscule ni onde. L’unité des contradic-
toires est plus que la simple somme de ses compo-
santes classiques.
La découverte du monde quantique attribue une valeur
scientifique à la notion de «degré de matérialité» et
associe la subtilité de la matière à la fréquence des
vibrations, ainsi l’expression «densité de vibrations»
correspond à celle de «fréquence de vibrations» et son
sens est opposé à celui de «densité de matière». La
matière la plus subtile correspondrait par conséquent à
la plus grande «densité de vibrations». Deux niveaux
de réalité différents gouvernés par des lois différentes.
«L’existence de différents degrés de matérialité a per-
mis d’envisager la possibilité de plusieurs matières, dit
B. Nicolescu, la physique quantique retrouve ou révèle
un matérialisme dans une forme d’alchimie intérieure
de l’homme.
Entrons dans ce monde de l’infiniment petit : un
retour à la Nature
L’étude du monde et l’étude de l’homme sont indisso-
ciables, simplement parce que l’humain fait partie de
ce monde. C’est en l’observant qu’il découvre sa
propre relation d’altérité avec ce monde. Son regard
sur toute la nature se modifie alors qu’il apprend de
plus en plus de cette symbiose avec elle. Pourtant la
vision de la nature comme objet connu, déchiffrable,
au service de l’homme et de ses caprices, nous a
menés dans une impasse. Le mot même de nature dis-
paraît du vocabulaire, on lui préfère l’écologie.
«La Nature a perdu son mystère, devenue machine
avec ou sans Dieu horloger, elle se décompose en
pièces détachées. Plus besoin d’un Tout cohérent et
transcendant, la nature cède la place à la complexité,
dit B. Nicolescu. Une complexité inouïe qui envahit
tous les domaines de la connaissance de l‘infiniment
petit à l’infiniment grand. Que reste t-il de la nature? Il
répond : Et si la nature n’était pas un livre mort à notre
disposition pour être déchiffré, mais un livre vivant
sans cesse en train de s’écrire».
Les niveaux de réalité, la logique du tiers inclus
et la non contradiction.
Pour comprendre ce monde avec de nouveaux termes
Basarab Nicolescu, propose la notion de niveau de
réalité et de logique du tiers inclus. Il définit la réalité
par ce qui résiste à nos représentations, descriptions,
images.
Par niveau, il entend un système invariant à l’action de
certaines lois, par exemple les atomes, le monde ato-
mique le monde corpusculaire. Ainsi deux niveaux de
réalité sont différents si en passant de l’un à l’autre, il y
a rupture des lois et rupture des concepts fondamen-
taux.
On voit bien la différence de ces niveaux de réalité
quand on parle du niveau microphysique et du niveau
macrophysique. Entre la physique classique et la phy-
sique quantique, la rupture est radicale. C’est pourquoi
l’interprétation des phénomènes quantiques en langage
macrophysique entraîne des paradoxes. Personne n’a
encore trouvé une mise en forme qui permette le pas-
sage d’un monde à l’autre. Et cependant ces deux
mondes coexistent, nous en sommes la preuve. Nous
sommes faits de vide et dans ce vide il y a des grains
de matière : c’est le niveau atomique. Au niveau
macrophysique nous présentons une consistance de
corps avec une forme déterminée qui persiste grâce à
la vitesse qui anime ces particules dans le monde
quantique. Que nous partagions avec les particules ce
double aspect corpusculaire et vibratoire faisant de
nous des micro cosmos à l’image du cosmos, que nous
soyons aussi matière et vibration, les grandes traditions
l’avaient dit bien avant Planck.
Ce qui a causé et cause encore le plus de scandale dans
les neurones c’est «la logique du tiers inclus». La méca-
nique quantique à mis en lumière des couples de contra-
dictoires, mais qui le sont uniquement si l’on veut à tout
prix s’en tenir à la logique classique. Stephane Lupasco
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Recherche en soins infirmiers N° 79 - décembre 2004
VERS UN MODÈLE TRANSDISCIPLINAIRE DE LA SANTÉ