
3
Gresea Echos N°77
Aux côtés de ces deux organes se
trouve le comité monétaire et nancier in-
ternational (CMFI). Il propose aux gouver-
neurs les grandes orientations concernant
le fonctionnement du FMI et le système
monétaire international. Dans les faits, les
grandes orientations du FMI sont désor-
mais décidées lors des réunions du G20. Le
comité de développement est chargé de
conseiller les gouverneurs du FMI en ce qui
concerne le transfert de ressources vers les
pays en développement. Son rôle n’est que
consultatif.
Généralement, les décisions sont
prises par consensus des membres. Les
décisions faisant l’objet d’un vote à la ma-
jorité absolue (50% des voix +1). Une règle
de majorité qualiée s’applique pour les
décisions importantes (70% des voix +1) et
les décisions engageant l’avenir du Fonds,
la distribution de DTS (Droits de tirage spé-
ciaux, voir ci-dessous) ou des changements
dans les quotes-parts se prennent à une
majorité de 85%. Certains pays ou groupes
de pays peuvent ainsi exercer un droit de
veto pour certaines décisions.
Le directeur général est à la tête
du FMI. Il dirige les services du Fonds
et préside le conseil d’administration.
Traditionnellement, le directeur du FMI est
européen et celui de la Banque mondiale
américain. Cette convention tacite n’est
inscrite nulle part dans les statuts et sou-
lève régulièrement les critiques des pays
dits «émergents».
Les droits de tirage spéciaux (DTS).
Les DTS sont une unité de compte
internationale crée par le FMI en 1969. Les
DTS devaient pallier le manque éventuel
de liquidité à la n des années 60 et per-
mettre l’essor du commerce international.
Les DTS n’existent pas sous forme maté-
rielle (billets, pièces) mais uniquement
sous forme d’écriture comptable. Chaque
membre se voit attribuer un montant de
DTS en fonction de sa quote-part. Les DTS
sont utilisés dans les transactions entre le
Fonds et les membres, entre les membres
pour la réduction de la pauvreté et de la
croissance» qui s’appuyait sur les DSRP2.
Un des outils également forte-
ment tourné vers les pays à faible revenu
est l’assistance technique. Cette assistance
consiste à «aider» les pays à gérer leurs -
nances publiques, à appliquer les standards
de comptabilité et statistiques internatio-
naux, et à la mise en place de «politiques
économiques ecaces» – autrement dit
libérales. L’assistance technique représente
un quart des budgets de fonctionnement
du Fonds et les principaux bénéciaires en
sont les pays à faible revenu et les émer-
gents. Les pays sous assistance du FMI
comme la Grèce en bénécient également.
Comment sont prises les décisions?
Le conseil des gouverneurs est
l’instance dirigeante du FMI. Chaque pays
membre dispose d’un gouverneur (en gé-
néral le ministre des Finances). Le conseil
des gouverneurs se réunit une fois par an
lors de l’assemblée générale du Fonds. Les
gouverneurs s’intéressent aux activités du
FMI et votent pour les décisions impor-
tantes (révisions des statuts, adhésion d’un
nouveau membre...).
Le conseil des gouverneurs ne se
réunissant qu’une fois par an, une partie
des décisions est déléguée au conseil d’ad-
ministration qui est le véritable organe de
décision permanent. Le conseil d’adminis-
tration est composé de 24 membres (dési-
gnés ou élus par les pays membres3).
2. Document de stratégie pour la réduction de la
pauvreté. Les pays requérant l’aide du FMI doivent
rédiger un rapport avec leurs priorités nationales
pour lutter contre la pauvreté à soumettre au
FMI. Pour pouvoir être éligibles, les pays devaient
présenter des rapports allant dans le sens des
volontés du FMI, c’est-à-dire un retour à l’équilibre
budgétaire, des politiques d’ouverture commer-
ciale, un accroissement du rôle du privé...
3. Huit d’entre eux sont désignés par leurs pays
(États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-
Uni, Russie, Chine et Arabie Saoudite), le reste est
élu par des groupes de pays formés au sein du FMI
(ex: pays scandinaves, pays hispanophones, pays
africains francophones...).
des explications est que le FMI a tendance
à être plus sévère dans sa surveillance
et ses recommandations avec les «petits
pays». Les gouvernements des pays riches,
Etats-Unis en tête ont tendance à exercer
des pressions pour inuencer le contenu
des rapports et demeurent réticent au fait
qu’une organisation extérieure s’ingère
dans leur politique.
Pire, le FMI voyait plutôt d’un
bon œil les politiques nancières et éco-
nomiques menées aux Etats-Unis et en
Angleterre. Une étude du bureau indé-
pendant d’évaluation du FMI1 fait même
la critique suivante: « La capacité du FMI à
détecter convenablement les risques qui
prenaient de l’ampleur a été freinée par
un degré élevé de pensée doctrinaire, un
a priori intellectuel, l’état d’esprit général
selon lequel une crise nancière était peu
probable dans les pays avancés et des
méthodes d’analyse incomplètes» avant
d’évoquer «les lacunes de gouvernance in-
terne, [...] et l’absence d’incitation à une ré-
exion transversale et à l’expression d’opi-
nions divergentes».
Depuis 2010, la mission de sur-
veillance est réévaluée par le Fonds qui
s’est engagé à approfondir ses analyses des
risques pour le système nancier.
La lutte contre la pauvreté
Un autre volet de l’action du FMI
est le soutien aux pays à faibles revenus.
Initialement, cela ne faisait pas partie de
ses mandats. Mais depuis les années 70
et jusqu’à la crise de 2008, l’assistance aux
pays à faible revenu est devenue l’une des
missions principales du FMI. La formalisa-
tion d’une aide particulière aux PED date
de la n des années 90 et le constat d’échec
des plans d’ajustement structurel. A ce mo-
ment, avait été mise en place la «facilité
1. IEO, (2011) «Évaluation de l’action du FMI au
cours de la période qui a précédé la crise nan-
cière et économique mondiale
Pyramidal