La doxa occidentale et la diabolisation de l'Islam
membres, l'Islam est devenu sinon un ennemi, du moins un problème commun. Partout semble décrétée « la fin de
la dictature de l'euphémisme », selon la formule du ministre français de l'Intérieur annonçant que nous sommes "en
guerre" contre le "djihadisme global". En 1989, l'Europe avait cru sortir des tensions de l'Histoire avec l'effondrement
de l'hydre soviétique. (...) Comme si, dans l'histoire longue du continent, la parenthèse refermée de la courte
confrontation Est-Ouest du XXe siècle laissait à nouveau la place au face-à-face entre Islam et Occident balisé par
quelques dates immémoriales dans l'histoire de l'Europe et du monde musulman : 732, la victoire de Poitiers ; 1492,
la reconquête de la péninsule Ibérique ; 1571, la bataille de Lépante ; 1683, le siège de Vienne, et 1918, la chute de
l'Empire ottoman. Une histoire qui a laissé des traces profondes dans la vie quotidienne des Européens, dont
beaucoup trempent tous les jours un "croissant" dans leur café sans savoir que ce rite date de la défaite de la
"Horde" (l'armée turque) devant les remparts de Vienne »(2)
« Aujourd'hui, la plupart des pays européens révisent cette vision optimiste en reconnaissant, de manière
simultanée, avoir négligé deux phénomènes plus puissants que prévu. D'une part, l'intensité de la crise du monde
musulman face à la modernité : les violents conflits internes que connaît cette religion, au bénéfice croissant des
islamistes - dont des milliers de musulmans dans le monde sont les premières victimes - se propagent sur le sol
européen. D'autre part, la redécouverte de la prégnance religieuse dans une Europe qui s'en était affranchie au point
de ne même pas vouloir en garder trace dans le préambule de sa Constitution. L'Européen moyen qui feuillette
vaguement un quotidien gratuit dans le métro, s'étonne de voir son voisin psalmodier sur le Coran avec une ferveur
oubliée, y compris en Espagne ou en Italie. » (2)
« Gilles Kepel, qui l'étudie depuis vingt ans, explique que cet islam de l'Ouest, divisé, n'a pas encore choisi entre
deux destins : soit un aggiornamento à valeur exemplaire pour le reste du monde, soit devenir la tête de pont d'un
prosélytisme qui, à en croire les plus exaltés, assurerait la troisième - et victorieuse - expansion islamique sur le sol
européen » (...)Cet abandon par l'Europe de ses propres valeurs a ainsi livré des millions d'individus à la propagande
très organisée du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, créé en 1997 pour fédérer 27 organisations
islamiques sur le continent. (...) Si la vieille Europe est malade, c'est surtout d'oublier le prix des valeurs que son
histoire a forgées. Elle semble en être lasse ou honteuse au point de ne pas entendre ceux qui, au sein de cet islam
en convulsion, lui rappellent combien ce trésor doit être protégé et préservé des extrémistes qui veulent le détruire.
(...) Publiée l'été dernier, la fiction Mosquée Notre Dame de Paris, d'Elena Chudinova, fait un tabac dans les librairies
de Russie. L'auteur imagine la France en 2040, sous l'emprise de l'Islam, devenu majoritaire et proclamé religion
d'Etat, avec application de la charia. Un groupe de chrétiens se lance dans la résistance armée.(2)
On remarque que l'Islam est chaque fois associé à la violence en faisant l'impasse sur les textes sur la violence
occidentalo-judéo-chrétienne qui est apocalyptique. Entre immigration et conversions, la religion musulmane fait de
plus en plus d'adeptes sur le Vieux Continent. Voilà trempé dans le vitriol l'état d'esprit des biens-pensants
européens qui dénient à l'Islam tout apport civilisationnel, le contenant dans un catalogue de règles
antidémocratiques et surtout qui asservissent la femme ; cheval de bataille de l'Europe qui veut libérer la musulmane
pour en faire un objet, certes libre mais esclave d'une vision matérialiste et consumériste qui lui fait perdre son rôle
de matrice de la cohésion familiale et partant responsable de l'effritement des valeurs de la société occidentale.
Pourtant, à toutes les époques il s'est trouvé des penseurs, des poètes, des intellectuels, en un mot, occidentaux qui
ont loyalement décrit l'Islam.
Alphonse de Lamartine (1865) a écrit : « Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées,
restaurateur de dogmes rationnels, d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire
spirituel, voilà Mohammed ! A toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?
» Georges Bernard Shaw, protestant, dramaturge, prix Nobel de littérature en 1925, disait du Prophète Mohammed,
dans l'Islam authentique,1935 : « J'ai toujours eu une grande estime pour la religion prêchée par Mohammed parce
qu'elle déborde d'une vitalité merveilleuse. Elle est la seule religion qui me paraît contenir le pouvoir d'assimiler la
phase changeante de l'existence, pouvoir qui peut la rendre si alléchante à toute période. J'ai étudié cet homme
merveilleux, et, à mon avis, loin d'être un antéchrist, il doit être appelé le Sauveur de l'humanité. »
Copyright © Oulala.net Page 3/5