La construction d'une mosquée près de Ground Zéro : Est-ce seulement une question d'emplacement ?
Deux écoles de pensée tout aussi légitimes l'une que l'autre s'affrontent nous dit Ross Douthat. Il y a dit-il : « une
Amérique où la fidélité à la Constitution l'emporte sur les différences ethniques, les barrières linguistiques et les
clivages religieux. Une Amérique où le nouveau venu est aussi américain que l'arrière-petite-fille des Pères pèlerins.
Mais il y a aussi une autre Amérique, une Amérique qui se voit comme une culture unique plutôt que comme un
ensemble de règles politiques.(...) Elle se reconnaît dans un héritage religieux en particulier : le protestantisme à
l'origine, et à présent dans un consensus judéo-chrétien intégrant aussi les juifs et les catholiques. Cette Amérique
attend des nouveaux venus qu'ils adoptent ces règles, et vite. Ces deux conceptions de l'Amérique, l'une
constitutionnelle et l'autre culturelle, ont été en tension tout au long de notre histoire ».(4)
« Sans surprise, la première Amérique considère le projet comme l'expression parfaite des nobles idéaux de notre
pays. « Nous sommes en Amérique », a scandé le président Obama le vendredi 13 août, « et notre attachement à la
liberté religieuse doit être inébranlable. » La deuxième Amérique n'est pas de cet avis. Elle voit ce projet comme un
affront à la mémoire du 11 septembre 2001 et comme un signe de manque de respect pour les valeurs d'un pays où
l'Islam n'est entré dans les consciences que récemment. Mais derrière ces inquiétudes se cache le soupçon que
l'Islam est incompatible avec le mode de vie américain ».(4)
Ian Gurvitz s'interroge quant à lui, sur la nécessité d'une mosquée à Ground Zéro. Il renvoie dos à dos les partisans
et les contempteurs du projet. « Il ne s'agit pas écrit-il, de savoir s'il faut ou non autoriser une association à construire
une mosquée-centre culturel si près de Ground Zero, mais de savoir pourquoi elle veut le faire. Même si l'on
soupçonnait les auteurs du projet d'être animés des pires intentions - de vouloir porter l'insulte à son comble -, en
quoi l'insulte pourrait-elle atteindre le degré des souffrances subies ? (...) Si l'on accepte le principe que la
compassion est à la base de toutes les traditions religieuses, et si l'intention même partielle de ce projet est de
tendre la main aux victimes, de leur montrer de la compassion, eh bien ce n'est tout simplement pas très
compassionnel. Si les gens à l'origine du projet tenaient sincèrement à révéler la vraie nature de l'Islam, pourquoi le
faire avec un édifice ?(...) »(5)
A l'opposé du tollé, l'éditorialiste du célèbre hebdomadaire international Newsweek Fareed Zakarya, a pris nettement
position en faveur du projet de mosquée géante près du WTC. Dans son éditorial du 16 août, il fustige très durement
l'Anti-Deafamation League (principal lobby antiraciste du pays de la communauté juive) qui s'est positionné contre le
délirant projet. Ce positionnement, écrit Jooachim Véliocas, se construit sur une argumentation légère, celle de la
supposée modération de l'imam pilotant le projet, au prétexte qu'il a condamné le terrorisme...même si il s'est
toujours refusé à condamner le Hamas. (..) Candide, Zakarya a été enthousiasmé par le dernier livre de l'imam Rauf,
celui-ci se félicitant que la promotion de la diversité permette l'épanouissement de l'Islam : « His last book, what's
right with Islam is What's Right With America, argues that the United States is actually the ideal Islamic society
because it encourages diversity and promotes freedom for individuals and for all religions »6)
En définitive, nous ne pouvons pas ne pas militer pour la paix et au risque d'être redondant, il est bon de rappeler les
périodes d'entente entre les deux grandes religions. A titre d'exemple, il est indéniable que l'esprit de tolérance qui a
animé les souverains musulmans a permis à toutes les spiritualités des autres religions de s'épanouir à l'ombre de
l'Islam. Ainsi à Béjaïa, l'histoire rapporte que le souverain avait demandé au pape de nommer un évêque à Béjaïa sa
capitale, pour sa petite communauté chrétienne dont le prêtre était mort. On sait la signification que revêt dans
l'histoire des relations entre l'Islam et le Christianisme, la célèbre lettre du pape Grégoire VII écrite de sa main au
Souverain hammadite Al Nacir : Votre Noblesse nous a écrit cette année pour nous prier de consacrer évêque,
suivant les constitutions chrétiennes. Le Dieu Tout-Puissant qui veut que les hommes soient sauvés et qu'aucun ne
périsse, n'approuve en effet rien davantage chez nous que l'amour de nos semblables, après l'amour que nous lui
devons, et que l'observation de ce précepte : « Faites aux autres ce que vous voudriez qui vous fût fait ». « Nous
devons, plus particulièrement que les autres peuples, pratiquer cette vertu de la charité, vous et nous qui, sous des
formes différentes, adorons le même Dieu unique, et qui chaque jour louons et vénérons en lui le créateur des
siècles et le Maître des mondes.... »(7)
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