Climat : de Rio à Bali
2. A Bali, le GIEC a ainsi informé les délégués des conclusions de son Quatrième rapport d’évaluation, dont le Résumé à l’intention des décideurs avait été publié en novembre 2007.
Cette synthèse des dernières analyses scientifiques et économiques des causes, de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques, en constitue l’évaluation
scientifique la plus complète à ce jour. Elle souligne la possibilité d’impacts irréversibles et de grande ampleur dûs à ces changements, et affirme la nécessité de prendre
des mesures immédiates. (www.ipcc.ch)
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DIMENSION 3 • LE JOURNAL DE LA COOPÉRATION BELGE • 1/2008
Un développement économique et social respectueux de l’environnement
Le développement durable (ou développement soutenable), selon la définition le plus souvent citée, est “un développement qui répond aux
besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.” Bien qu’étonnamment le terme
environnement n’apparaisse pas dans cette définition, il s’agit bien d’un processus socio-écologique qui vise la satisfaction des besoins
humains tout en préservant simultanément les milieux naturels. Cette relation entre environnement et développement a été reconnue
en 1980, quand l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a publié sa Stratégie pour la Conservation Mondiale, et utilisé pour
la première fois le terme “sustainable development” (développement soutenable, ou durable). Ensuite, le concept est entré dans l’usage
courant en 1987 à la faveur de la publication du Rapport de la Commission Brundtland, la Commission mondiale sur l’environnement
et le développement.
Pour l’illustrer, le rapport avait encore cité le propos prêté à Antoine de Saint-Exupéry
:
“Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants”. On sait ainsi
que l’empreinte écologique mondiale a déjà dépassé la capacité “biologique” de la Terre à se
reconstituer vers le milieu des années 1970. Pour bon nombre d’analystes et scientifiques, le
modèle de développement industriel n’est donc pas soutenable - donc insoutenable sur
le plan environnemental - car ne permettant pas un “développement” qui puisse durer.
Le développement - qu’il soit industriel, agricole, ou encore urbain - génère en particulier
des pollutions massives, aux conséquences immédiates ou différées (exemples les mieux
connus : les retombées de pluies acides, les émissions de gaz CFC et à effet de serre), qui
contribuent aux changements climatiques et au tarissement des ressources naturelles vitales
(comme la déforestation des forêts équatoriales). Il s’accompagne d’une perte inestimable en
termes de biodiversité par l’extinction accélérée - et irréversible - d’espèces végétales ou animales. Enfin, il conduit dans le même temps à
une raréfaction des énergies fossiles et des matières premières, qui rend déjà imminent le “pic pétrolier” et nous rapproche du tarissement
d’autres ressources naturelles plus essentielles encore, au premier rang desquelles l’eau potable, absolument vitale.
Schéma du développement durable : à la
confluence des trois préoccupations, dites
“les trois piliers du développement durable”.
© Wikipédia / Johann Dréo
particulier – devenait tout à fait sans précédent. Et d’autre part,
grâce essentiellement aux rapports successifs du GIEC (le Groupe
intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat mis en place
en 1988), leurs effets sur le climat devenaient patents, s’annonçant
désormais dévastateurs partout : cyclones, inondations, sécheres-
ses… A contrario, la Conférence de Nairobi, 12
ème
conférence des
Nations Unies sur le changement climatique, qui s’est tenue du 6
au 17 novembre 2006, ne débouchait à nouveau que sur de timides
mesures, mais au moins elle actait le principe d’ouvrir la révision
du Protocole de Kyoto en 2008.
La Conférence de Bali
Finalement, la 13
ème
Conférence des Parties à la Convention cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques et la 3
ème
Réunion
des Parties au Protocole de Kyoto se sont donc tenues à Bali, en
Indonésie, du 3 au 15 décembre 2007. Au diapason de la sensibi-
lisation mondiale devenue très vive
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, et après les piètres résultats
de Nairobi, ces réunions étaient attendues comme essentielles, les
négociateurs devant discuter, cette fois, de ce qui succéderait au
Protocole de Kyoto, dont la première période d’engagements prend
fin en 2012. Elles allaient déterminer rien moins que l’orientation
de la politique mondiale sur les changements climatiques pour les
années à venir.
Les discussions s’annonçaient complexes : elles devaient se dérou-
ler au sein de plusieurs forums et mettre en présence un certain
nombre de groupes de négociation qui rassemblent les pays en
fonction d’intérêts communs. Les questions prioritaires inscrites à
l’ordre du jour incluaient notamment l’établissement du Calendrier
de Bali et d’un processus pour parvenir à un accord mondial fondé
sur le Protocole de Kyoto, la concrétisation de la mise en oeuvre
du Fonds d’adaptation, ainsi que des mesures visant à réduire la
déforestation dans les pays en développement afin de limiter les
émissions de gaz à effet de serre (lire en p. 10 et 11).
Quels résultats à Bali ?
Les pessimistes craignaient que les pays n’adoptent une approche
à court terme et continuent d’attendre que les autres fassent le
premier pas. Les optimistes espéraient eux que les délégués se
mettraient d’accord sur les éléments devant être négociés pour
doter le Protocole de Kyoto d’un successeur, les objectifs de réduc-
tion et de limitation des émissions de celui-ci ne s’étendant pas au-
delà de 2012. Le Calendrier de Bali qui a finalement été adopté (lire
en p. 5) établit en effet un calendrier de négociation de ce régime
post-2012, idéalement d’ici à 2009, date de la 15ème Conférence des
Parties à Copenhague, au Danemark.
Il aura fallu deux ans pour négocier le Protocole de Kyoto, de 1995 à
1997, lequel n’est entré en vigueur qu’en 2005. Les deux années de
négociations à venir seront donc déterminantes, car deux résultats
sont possibles à Copenhague... Soit, un accord équitable, responsa-
ble et maintenant adéquat, face à l’immense défi qui nous attend !
Soit, un accord incomplet et inadéquat qui ne préservera toujours
pas le système climatique mondial, ni les régions et les populations
les plus vulnérables à ses changements, au Sud comme au Nord...
Jean-Michel Corhay
Ecologique
Social
Durable
Vivable Viable
équitable économique