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THEME III : PUISSANCES ET TENSIONS DANS LE
MONDE DE LA FIN DE LA 1ERE GUERRE
MONDIALE A NOS JOURS
CHAPITRE 11 : LE PROCHE ET LE MOYEN ORIENT, UN FOYER DE
CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
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I. Une région à forts enjeux
A. Une région d’enjeux géostratégiques et économiques (recherche à partir d’un questionnaire)
1. Une position de carrefour (voir carte)
Le Moyen-Orient est historiquement une zone de passage entre l’Europe et l’Asie, ce qui n’a pas manqué de susciter l’intérêt
des grandes puissances, notamment au XIXème siècle. Le Rôle géostratégiques des détroits et des canaux est majeur : le détroit
de Bab-el-Mandeb entre la mer rouge et l’océan indien, le canal de Suez entre la mer rouge et la Méditerranée, mais aussi le
détroit d’Ormuz entre l’océan indien et le Golfe persique (point de passage majeur pour les hydrocarbures, présence militaire
notamment américaine (voir carte), sans oublier les détroits du Bosphore et des Dardanelles entre la Méditerranée et la Mer
Noire.
Exemple : La Turquie a été neutre jusqu’en février 1945, date à laquelle elle se range du côté des alliés. C’est alors que Staline
veut réaliser une vieille ambition russe : le contrôle des détroits (Bosphore et Dardanelles) et réclame la révision de la
convention de Montreux, signée en 1936, qui confie la défense des détroits à la Turquie tout en prévoyant leur fermeture en cas
de conflit. En 1946, l’URSS réclame à la Turquie le droit de participer avec elle à la défense des détroits. Les anglo-saxons
inquiets fournissent aussitôt une importante aide militaire à la Turquie qui est précipitée aussitôt dans le camp occidental.
2. Les plus importantes réserves mondiales d’hydrocarbures ( voir carte)
L’importance des réserves pétrolières et gazières est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands
équilibres géopolitiques de la région. Avec près des 2/3 des réserves pétrolières conventionnelles estimées (‘or noir’) et 40%
des réserves gazières connues, le Moyen-Orient est un lieu majeur de production d’hydrocarbures et couvre une part
importante des besoins énergétiques mondiaux. Les premiers gisements ont été découverts en Perse en 1908 et leur contrôle
est rapidement devenu un enjeu majeur pour les grandes puissances. Dès la première guerre mondiale (accords Sykes-Picot) les
français et les britanniques se partagent Mossoul (en Afghanistan). La pénétration américaine au Moyen-Orient va aussi se faire
via le pétrole : en 1927 les aricains obtiennent 23,75% de l’Irak Petroleum Compagny. De 1938 à 1948, les EU grimpent de
13,9 à 55,2% de la production de pétrole moyen-orientale. Les occidentaux et leurs compagnies les sept sœurs ») dominent le
marché : 5 américaines dont Texaco et Exxon, 1 anglaise (british petroleum) et une anglo-néerlandaise (Royal Dutch Shell).
D’immenses concessions sont accordées pour 60 à 94 ans contre des royalties (redevance) de seulement 12% environ ce qui
permet de gros profits ! Le pétrole devient alors le premier facteur de croissance pour l’occident. La part du Moyen-Orient dans
la production mondiale augmente alors : de 17 à 30% entre 1940 et 1960, et donc aussi la dépendance des occidentaux vis-à-vis
du MO. Dans le même temps les nationalismes se développent et font de la récupération des richesses naturelles un cheval de
bataille. Ensuite les gisements sont devenus une chance et une arme pour les pays du Moyen-Orient qui disposent de cette
manne. La reprise en main va se faire de diverses manières : de la restitution partielle par les compagnies à la nationalisation. En
1960 : création de l’OPEP : créée à Bagdad en 1960, par les 5 principaux exportateurs d’alors : Arabie Saoudite, Irak, Iran,
Koweit, Vénézuela. L’OPEP domine le marché du pétrole dans les années 70. Depuis la guerre du Kippour, l’OPEP a fait monter
le prix du baril de pétrole de 2.9$us en juin 1973 à 34$us en octobre 1981. Depuis la situation lui échappe à nouveau en partie,
à cause de la diminution de la consommation des pays industrialisés qui ont pratiqué des politique d’économie d’énergie et
accéléré le développement de leur programme nucléaire, mais aussi du fait de l’apparition de nouveaux grands producteurs non
membres de l’OPEP.
Exemple du choc pétrolier après la guerre du Kippour en 1973. Contexte : Quatrième conflit entre Israël et ses voisins. Spécificité :
percée temporaire des troupes égyptiennes et syriennes dans les lignes israéliennes. Vue par les pays arabes comme une
revanche. Jour de la fête juive du Kippour et pendant le Ramadan. Une semaine avant que les généraux israéliens se
ressaisissent. 17 octobre : 2 événements majeurs : à Koweït une décision d’embargo qui déclare la « guerre du pétrole » + dans le
Sinaï une des plus grandes batailles de chars de l’Histoire. Menace soviétique d’envoyer ses troupes et alerte nucléaire
américaine : superpuissances qui interviennent.
Ainsi, plusieurs conflits régionaux ou internationaux sont directement ou indirectement liés à des enjeux pétroliers : la guerre
Iran/Irak entre 1980 et 1988 avec la volonde contrôle de zones pétrolifères du golfe arabo-persique, le coup d’Etat de 1953
en Iran soutenu par les Etats-Unis contre le docteur Mossadegh qui voulait nationaliser l’industrie pétrolière, et la guerre puis
l’ invasion de l’Irak en 2003 par les EU.
Exemple de la Guerre du Golfe : La Guerre du Golfe (1990-1991) montre , d’une certaine manière, la volonté des EUA de freiner
l’émergence de puissances régionales. La guerre du golfe en 1991 illustre aussi à la fois la déqualification de l'URSS (leur
proposition de règlement négoc du conflit n'est guère écoutée), la suprématie et l'ambition politique des Etats-Unis,
l'instrumentalisation de l'ONU par ces derniers (c'est sous couvert de l'ONU que les Américains interviennent en Irak tout en
menant une politique conforme à leurs intérêts). A l'origine, il y a l'ambition de Saddam Hussein de faire de l'Irak un Etat
puissant au Moyen-Orient. Après le conflit avec l’Iran qui n’a pas permis à l’Irak d’obtenir un meilleur débouché sur le Golfe
persique, Saddam Hussein envahit en août 1990 le Koweït, entraînant une riposte sans précédent de la part des EUA en février
1991 au nom de l’ONU (opération "Tempête du désert"). L'enjeu pour l’Irak est le contrôle des champs pétroliers du golfe
persique (parmi les plus grandes réserves mondiales) et le leadership régional. A cette occasion, les EUA ont su créé une
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« solidarité internationale » pour soutenir une opération de maintien de l’ordre dans un monde où, du fait des alliances déjà
existantes, les EUA ne peuvent se permettre de jouer seul le grand méchant loup. L'intervention des Etats-Unis en février 1991 au
nom de la communauté internationale (et avec le soutien du Royaume-Uni et de la France) a pour but de protéger les
monarchies pétrolières conservatrices pro-occidentales et de contrôler la route du pétrole. Elle permet également de désarmer
l'Irak (menaces chimique, bactériologique et peut-être nucléaire alors mises en avant) et de protéger ainsi Israël et les Etats de
la région engagés dans le processus de paix au Proche-Orient.
Il ne faut pas oublier aussi l’enjeu de l’eau, et en particulier les tensions entre Turquie, Syrie et Irak pour maîtriser les eaux du
Tigre et de l’Euphrate. La région étant majoritairement en situation de stress hydrique.
3. Exemple du canal de Suez et de la crise de 1956
C’est un exemple qui permet à la fois d’illustrer l’importance des enjeux géostratégiques et du pétrole. La création du canal de
Suez par Ferdinand de Lesseps en 1859-69 montre déjà l’intérêt des occidentaux pour ce passage des le XIXème siècle. Ce canal
permet de relier la Méditerranée (Port-Saïd) à la mer Rouge. Le premier canal remonte à 2000 av JC mais c’est Bonaparte qui,
lors de sa campagne en Egypte, imagine à nouveau une voie d’eau. Le projet est mené à bien par Ferdinand de Lesseps : la
compagnie universelle du canal maritime de Suez est créée en 1855, les travaux commencent en 59 et s’achèvent 10 ans plus
tard. Pour la Gde Bretagne, ce canal est une ligne vitale entre Londres et ses colonies car il abrège de moitié le trajet
Londres/Bombay. C’est pourquoi le gouvernement britannique, en 1875, profite d’une crise financière en Egypte pour racheter
177000 actions (sur 400000). A ce contrôle financier s’ajoute en 1882 un contrôle physique : les soldats britanniques resteront
jusqu’en 1954 ! Le canal a été fermé à plusieurs reprises lors des conflits qui ont touché le Moyen-Orient : 76 jours durant la
GM2 à la suite de raids allemands, 5 mois et demi après la crise de 1956, de 1967 (début de la guerre des six jours) jusqu’en
1975 sont signés des accords de désengagement entre israéliens et égyptiens et il a fallu plus d’un an de travaux pour
déminer le canal (+ de 730000 engins explosifs dans le canal !). Des travaux de remise en état en 1975 ont permis d’améliorer la
navigabilité sur le canal : élargissement et approfondissement : des navires de 150000 tonnes en charge peuvent traverser le
canal.
La Crise de Suez. : L’opération « mousquetaire » est montée en secret en 1956 et entraîna la la crise du canal de Suez : une
opération franco-britannique pour récupérer le canal de Suez nationalisé par Nasser.
Nasser : officier nationaliste égyptien, il prend le pouvoir après un coup d’Etat contre la monarchie. Leader arabiste et non-
aligné, il se rapproche de l’URSS. Son prestige est immense après la nationalisation du canal.
Contexte / « rappels » : En 1956, alors que l’URSS est au prise avec des velléités d’indépendance de la Pologne et de la Hongrie,
la France et le RU, qui veulent prouver qu’elles sont encore des puissances avec lesquelles il faut compter, s’engagent dans
l’expédition punitive contre l’Egypte du Colonel Nasser, au pouvoir depuis 1952. Celui-ci, pour sortir l’Egypte du sous-
développement, souhaite mener une politique de grands travaux qui passe par la construction du barrage d’Assouan. Or les
fonds manquent. Nasser s’adresse donc à la France et au RU principaux actionnaires de la Compagnie du canal de Suez. Les
deux puissances refusent car Nasser mène une politique très violemment anti-israélienne et soutient la lutte du peuple algérien
pour son indépendance. Face à ce refus, le 26 juillet 1956, Nasser nationalise la Compagnie du Canal de Suez.. La Réaction
franco-britannique ne se fait pas attendre. Le RU et la France poussent l’Etat d’Israël à porter une attaque dans le désert du
Sinaï et bombardent Port-Saïd sous prétexte de protéger la zone du canal. Derrière cela, les occidentaux rêvent de rééditer
l’exploit des EU qui ont renversé le docteur Mossadegh en Iran trois ans plus tôt. En 6 jours seulement l’armée israélienne
occupe le Sinaï. 5 jours plus tard les soldats français débarquent à Port-Saïd et à Ismaïlia. Les Etats-Unis demandent à l’ONU
d’intervenir. De son côté, l’URSS envoie un ultimatum au RU et à la France. Les français et les britanniques comprennent très
vite qu’ils doivent s’incliner. L’ONU envoie une force d’interposition dans le désert du Sinaï pour une durée de dix ans. La France
et le RU sont discrédités non seulement aux yeux des pays arabes mais aussi aux yeux du Tiers monde en pleine formation et en
pleine guerre d’Algérie pour la France, dans laquelle Nasser soutenait vigoureusement le FLN !. Le canal est bloqué et donc le
ravitaillement pétrolier fortement gêné. De son côté, grâce notamment à l’appui de l’URSS, Nasser a transformé une défaite
militaire en l’une des plus brillantes victoires diplomatique du siècle. Il apparait alors comme le Raïs, champion du panarabisme.
La France et le RU sont bien obligés de constater quelles ne peuvent plus agir librement sans le consentement des deux
supergrands. Elles sont désormais des puissances secondaires. Enfin, l’affaire de Suez a permis à l’URSS de faire passer au
second rang son intervention en Hongrie. Au même moment en effet, l’armée rouge écrasait dans le sang la révolte des
hongrois contre la domination soviétique.
Le canal de Suez est marqué fortement pour les égyptiens par une histoire ancienne. Il a été creusé par 12000 égyptiens qui
pour beaucoup sont morts durant les travaux.. En outre la nationalisation du canal est perçue par les égyptiens comme une
victoire du Tiers-Monde sur les grandes puissances, dans un contexte de décolonisation (1955 Bandoung !) . Dans le contexte de
la guerre froide, c’est le moyen pour l’Egypte de peser, de ne pas apparaitre comme une puissance secondaire. Enfin c’est une
source de revenus. En 2001, le canal a rapporté près de 2 milliards de dollars avec plus de 14000 navires sur l’année.
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B. Une grande diversité ethnique et culturelle
1. Une mosaïque de peuples et de religions (voir carte)
Le Moyen-Orient est l’espace les confusions entre ethnie, religion, nationalité et culture prennent leur dimension la plus
caricaturale. L’identification de l’arabité à l’islam en particulier est imprégnée fortement chez les occidentaux. De plus, de
nombreux discours gouvernementaux font volontairement l’amalgame en décrétant leur culture arabo-musulmane. Il existe
trois grandes cultures dont l’influence se fait ressentir dans la région : perse, turque et arabe.
Les peuples arabes peuvent être définis comme des groupes sociaux ayant en commun l’usage de la langue arabe.
(arabe = arabophone). De nombreux pays du Moyen-Orient ont l’arabe comme langue officielle ou culturelle, même si
des langues locales coexistent. (par exemple le kurde en Irak). Historiquement, l’arabe aurait été le véhicule de la
propagation du judaïsme puis du christianisme. C’est aussi dans cette langue que le coran aurait été prêché par la suite,
favorisant l’extension rapide de l’islam. L’islamisation a rapidement écarté de nombreuses langues au profit de l’arabe.
(exemple : l’araméen n’est plus parlé que dans quelques villages isolés de Syrie, ponctuellement aussi au sud-est de la
Turquie, en Azerbaïdjan et en Iran). C’est donc cette langue et non la religion musulmane qui doit être le critère
distinctif de l’arabité (= on peut être arabe et chrétien, juif …).
Le peuple turc : il forme depuis 1923 un Etat national. Les turcs sont à l’origine des éleveurs nomades de Mongolie
occidentale. Ils se sont répandus au XIème siècle en Anatolie. Le turc est une langue altaïque. La langue turque a été
remodelée par Mustapha Kemal, notamment en effaçant les tournures et mots arabes et persans. L’alphabet latin s’est
substitué à l’alphabet arabe. Des minorités turcophones existent : les azeris en Iran par exemple.
Les perses : parlent le persan (farsi). Ils Vivent en Iran : Eran = pays des aryens (traduit par pays des iraniens). Le nom
de Perse a été utili jusqu’en 1934, date à laquelle Reza Palhavi a demandé aux diplomates d’appeler leur pays Iran,
comme les iraniens ont toujours appelé leur pays.
Des minorités multiples : des minorités iraniennes sont présentes dans le Golfe arabo-persique : les Turkmènes en Irak
et en Syrie, les nubiens en Haute-Egypte. Les kurdes : ont une langue indo-européenne s’apparentant à l’iranien, avec
alphabet arabe. Ils vivent sur un territoire, le Kurdistan, qui n’existe pas en tant qu’Etat (sauf un statut spécifique en
Irak accordé à la suite de la guerre du Golfe), et est écartelé entre Turquie, Iran, Irak et Syrie. C’est la minorité type
résultant des vicissitudes historiques du XXème siècle : en l’occurrence ici le démantèlement de l’empire ottoman et
son partage entre les puissances coloniales au lendemain de la première guerre mondiale. L’identité kurde est très
inégalement admise : en Irak une reconnaissance très contrôlée et entrecoupée de répressions, complètement niée en
Turquie où il n’existe officiellement que des « turcs des montagnes » + forte répression.
L’islam est la religion dominante dans la région mais il existe plusieurs branches de l’islam. De plus, l’islam unifie mais n’efface
pas la diversité ! A l’anement de l’islam il existait des influences religieuses multiples (christianisme, judaïsme, polythéisme) et
l’islam a admis la légitimité des religions monothéistes, en l’occurrence le judaïsme et le christianisme.
Les minorités non musulmanes :
- Les minorités chrétiennes : 10M de fidèles environ, en majorité parlent arabe. Les coptes en Egypte : usage de la langue
copte dans la liturgie, ancienne langue des pharaons. On les trouve notamment au Caire. Les maronites : ils sont
environ 1M et vivent essentiellement au Liban ; secondairement en Syrie. Ils forment une minorité mais détiennent une
grande part du pouvoir économique au Liban. Les grecs orthodoxes et les grecs catholiques en Syrie, au Liban et en
Jordanie. Les fidèles de l’église de Mésopotamie : orthodoxes nestoriens et chaldéens catholiques.
- Les minorités juives : environ 100000 en Egypte, en Irak, en Syrie ; 50000 au Yémen, quelques dizaines de milliers en
Palestine.
Les islams : dès la mort du prophète en 632 des luttes se sont engagées à propos l’orthodoxie = la bonne ligne à suivre.
- Le sunnisme = la diversité dans l’unité. suivent la sunna (tradition). La sunna = ensemble des paroles, faits et actes du
prophète rapportés dans des hadiths. Ils n’estiment pas nécessaire que le calife soit de la famille de Mahomet. Ils
suivent non seulement les enseignements du Coran, mais aussi ceux de la Sunna, ensemble de commentaires (hadith)
sur le Coran et la vie du prophète. Ils considèrent que le califat revient aux dynasties victorieuses. Il est majoritaire dans
les pays arabes sauf au Liban, en Irak, au Bahreïn, dans le sultanat d’Oman et au nord du Yémen. En fait il existe une
grande diversité dans le sunnisme, différentes écoles : école hanafite qui laisse une place capitale au jugement
personnel, l’école malékite qui accorde une confiance absolue au consensus des savants religieux (les oulémas), l’école
chaféite prédominante en Basse-Egypte mais aussi dans le monde indonésien et malais, l’école hanbalite qui est
rigoriste et que certains assimilent à un intégrisme.
- Le chiisme : c’est le schisme majeur de l’islam. Les chiites, qui dominent en Egypte au 12ème, ne reconnaissent comme
califes que le descendant du gendre de Mahomet, Ali. Ils n’admettent que l’enseignement du Coran. Ali, cousin et
gendre du prophète. Même pratiques religieuses que les sunnites mais deux points de désaccord : ils reconnaissent
l’autorité religieuse d’un chef, un imam descendant du prophète et de son gendre. Selon la tradition chiite il n’est pas
mort mais a été occulté et reviendra à la fin des temps. Les chiites se considèrent comme des légitimistes face aux
« usurpateurs sunnites ». Le chiisme n’échappe pas aux divisions : duodécimains, ismaéliens, zaïdites.
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- Certaines branches (sectes) issues du chiisme peuvent être considérées comme des religions à part entière : les druzes
surtout présents au Liban et en Syrie, les alaouites (600000 en Syrie) dont la famille du Président en lutte contre une
grande partie du pays, Bachar el Assad.
Petits rappels sur l’islam : Comme le christianisme, l’Islam et une religion monothéiste. Selon la tradition musulmane, l’islam
naît de la révélation faite par Allah (dictée), le Dieu unique, à son prophète (inspiré par Dieu et par Muhammad (Mahomet).
Cette religion se fonde sur un certain nombre de préceptes qui ont été consignés à la suite de la mort de Muhammad, dans le
Coran (la récitation). Livre sacré composé de 114 chapitres (sourates), divisés versets (petit paragraphe, division d’un chapitre) ;
écrits en prose rimée (+ sourates : étym, rangée de pierres, unité du Coran formée d’un ensemble de versets).
Le prophète Muhammad : Pour l’historien, sa vie pose un problème de sources. Les sources arabo-musulmanes sont unilatérales
+ très postérieures à sa mort (première biographie plus d’un siècle après). Né vers 570 à la Mecque, au sein d’une puissance tribu,
les Quraychites. Tribu (groupe social de familles de même origine) organisée en clans (lien de parenté très fort) : les Omeyyades
organisaient la sécurité des caravanes ; les Hachémites détenaient le pouvoir religieux et gérait les pèlerinages à la Kaaba
(=cube, avant l’islam, bâtiment dans lequel on venait vénérer les divinités/ après, au centre de la grande mosquée de la Mecque,
pierre noire). Orphelin et pauvre, Muhammad fut élevé par son oncle Abou Talib, chef du clan Hachémite. Vers trente ans semble
t-il Muhammad prit l’habitude de méditer dans une grotte, près de la Mecque. Les musulmans pensent que vers 40 ans, un ange
lui apparut et dit ‘iqra’ (‘lis’). Muhammad s’excusa de ne pas savoir lire mais l’ange Gabriel, insista par trois fois et lui enseigna la
parole divine, le marquant comme le messager de Dieu. Muhammad se présenta alors comme prophète et transmis à son
entourage l’enseignement reçu. La majorité des Quraychites voulant l’éliminer il fuit à Yathrib, qui deviendra Médine (ville du
messager). Cette migration, appelée hijra en arabe, et Hégire en français : considérée comme acte fondateur de l’islam et
marque le début du calendrier musulman. Durant ses dix années d’exil, Muhammad transmit ses révélations successives et posa
pour la communauté musulmane les bases d’une organisation sociale, politique, juridique. Les Tribus locales le soutinrent dans
une guerre de 8 ans contre les Quraychites, qui s’acheva par la conquête de la Mecque. Ce Succès marque le début de l’expansion
de l’islam. Mais la rédaction du Coran est postérieure. La transcription a été faite par les compagnons du prophète.
Le Coran contient à la fois la révélation faite au prophète ainsi que la loi (charia, shari’a = voie, avenue menant à Dieu) qui régit
aussi bien la vie quotidienne que l’organisation sociale et politique. L’islam repose ainsi sur certains préceptes : pratiques
recommandées ou interdites : les 5 piliers, les interdits alimentaires, la guerre sainte (djihâd). L’adhésion à la foi musulmane
implique 5 obligations rituelles, appelées les 5 piliers de l’islam.
- la profession de foi (Shahada) : en plusieurs circonstances : « j’atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu, et que Muhammad
est le messager de Dieu ».
- la prière : le musulman adulte se doit de faire 5 prières par jour.
- L’aumône légale : acte de charité et de solidarité envers les plus pauvres, l’aumône purifie le donateur.
- Le jeûne du mois de ramadan : but spirituel.
- Le pèlerinage à la Mecque (hadj) : chaque musulman doit effectuer le pèlerinage à la Mecque une fois dans sa vie
adulte, si cela lui est financièrement et physiquement possible.
De plus le Coran est l’une des sources du droit (+ tradition (sunna), et recherche un consensus de la communauté + intellectuels).
Les dispositions juridiques qui sont à la base de la loi de l’islam sont désignées par le terme arabe de shari’a : ‘voie’, ‘avenue’ : la
voie désignée par Dieu et menant à lui. Elle Englobe les 5 piliers de l’islam + des principes de droit civil pour la vie sociale.
2. La présence des lieux saints des trois grands monothéismes
Les enjeux religieux restent souvent en toile de fond de rivalités territoriales. L’exemple central est celui de Jérusalem, ville
sainte des trois monothéismes. Il faut aussi signaler la place particulière de La Mecque, haut-lieu de l’islam mais aussi de la
tombe de l’iman Al Hussein ibn Ali en Irak, lieu saint pour les musulmans chiites. La liste des lieux saints au Moyen-Orient pour
les trois grandes religions monothéistes est considérable : La Mecque, Médine, Bethléem, Nazareth, Antioche, Hébron …
C. La pression démographique
Le facteur démographique est aussi très important pour comprendre les tensions régionales. La population du MO est dans
l’ensemble très jeune et en forte croissance, avec une transition démographique très rapide dans tous les Etats de la région
(sauf Liban). Cela pose notamment la question des formes du développement économique et de la pression sur les ressources
naturelles, notamment l’eau. Le Moyen-Orient est une région du monde qui enregistre un accroissement démographique des
plus élevés dans le monde. Par exemple, la population arabe croît à un taux annuel moyen de 3 %, ce qui place le monde arabe
parmi les pays ayant le taux de croissance démographique le plus élevé de la planète. En effet, mis à part le Liban, la transition
démographique n’est pas encore réellement entamée au Moyen-Orient. Ainsi la population arabe du Moyen-Orient devrait
atteindre 279,8 millions en l’an 2025. Des raisons religieuses, politiques, familiales et sociales, ancrées depuis des siècles,
expliquent cette croissance démographique effrénée. En effet, certains pays en voie de développement trouvent dans la
croissance démographique une arme stratégique de première importance : plus on est nombreux, plus on est puissant (exemple
des Palestiniens). D’ailleurs, il existe une opinion assez répandue au Moyen-Orient - amplifiée par les groupes fanatiques
musulmans - qui rejette toute idée de planning familial comme faisant partie d’un complot international ourdi par les grandes
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