Panorama Ethique professionnelle et juridicisation Koen Korevaar 1 Résumé Dans un contexte sociétal de juridicisation, quelques développements récents en psychologie (clinique) augmentent l’importance de la perspective juridique lors du traitement de cas éthiques. Les cas déontologiques peuvent être abordés sous trois angles : juridique, moral et psychologique (clinique). Cet article plaide en faveur d’une importance équivalente pour ces trois perspectives lors de la discussion de cas déontologiques et esquisse quelques inconvénients de l’approche uniquement juridique. Mots clés Déontologie 1 KOEN KOREVAAR enseigne la déontologie au sein de la formation en psychologie appliquée de la Thomas More hogeschool, et travaille comme psychologue clinicien pour The Human Link.. E-mail: [email protected]. Cet article est paru en néerlandais dans Tijdschrift Klinische Psychologie, 2015. La réaction de Psychologos remercie vivement JOHAN VEREYCKEN et KOEN KOREVAAR pour leur aimable autorisation d’en publier la traduction. Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 1 Panorama Samenvatting Binnen een maatschappelijke context van juridisering vergroten enkele recente ontwikkelingen in de (klinische) psychologie het belang van het juridisch perspectief in de omgang met ethische casussen. Deontologische casussen kunnen echter vanuit drie perspectieven worden benaderd: het juridische, het morele, en het (klinisch-)psychologische. Dit artikel pleit voor een evenwaardig belang van deze drie perspectieven bij het bespreken van deontologische casussen en schetst enkele nadelen van een eenzijdig juridische benadering. Trefwoorden Beroepsethiek Summary Within a social context of juridicisation, some recent developments in the (clinical) psychology enlarge the importance of the legal perspective in dealing with ethical cases. Ethics cases, however, can be approached from three perspectives: legal, moral, and (clinically) psychological. This article argues for an equal importance of these three perspectives in discussing ethics cases and outlines some disadvantages of a unilateral legal approach. Key words Deontology Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 2 Panorama n 2014, une percée significative s’est produite dans quelques dossiers importants dans le domaine de la psychologie (clinique) en Belgique. Tout d’abord, il y a la reconnaissance de la psychologie clinique comme profession des soins de santé et la réglementation de la psychothérapie dans la loi sur les professions des soins de santé mentale (2014). Ajoutons à cela, la liaison d’un nouveau code de déontologie au registre de la Commission des psychologues et la création d’un conseil de discipline (www.compsy.be/deontologie). Ces deux développements vont de pair avec une forme de surveillance de l’exercice de la profession. E Peut-être est-ce parce que la surveillance de l’exercice de la profession gagne en importance que la discussion de cas d’éthique professionnelle lors de formations, d’inter- et de supervisions se focalise souvent sur les droits et les obligations. Cela ressort de questions telles que : « Que dois-je faire dans tel ou tel cas ? » « Quelles informations puis-je transmettre aux parents? » « Suis-je dans l’obligation d’informer le père dans ce cas précis? », « Ai-je besoin de l’accord de…? » Ce sont des questions ‘déontologiques’. Cependant, la manière dont les questions sont formulées, implique qu’il ne s’agit pas nécessairement de normes ou de valeurs personnelles mais plutôt de lois et de règles dont les professionnels veulent savoir comment les appliquer. Il serait donc plus exact d’appeler ces questions des questions juridiques, maintenant que le code de déontologie pour les psychologues a été publié sous la forme d’un arrêté royal au Moniteur belge (Arrêté royal fixant les règles de déontologie du psychologue, 2014) Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 3 Panorama Cette contribution éclaire les esquisses de développements de l’exercice de la profession sous l’angle de la juridicisation de l’éthique professionnelle. Nous en décrivons quelques effets négatifs possibles et nous plaidons pour que l’on discute de cas de déontologie lors de formations, d’inter- ou de supervisions plus largement que ce qu’en dit le code de déontologie ou la loi relative aux droits du patient. Trois points de vue sur des cas d’éthique professionnelle Les cas d’éthique professionnelle sont habituellement abordés sous trois angles : juridique, moral et psychologique (clinique). Du point de vue juridique, il est important de vérifier si des règles légales s’appliquent au cas. Du point vue de la morale, il s’agit, entre autre, de normes et de valeurs auxquelles se réfère le professionnel. Dans la perspective de la psychologie (clinique), il s’agit de voir comment la méthodologie choisie est mise en pratique, tenant compte de la relation de travail et des caractéristiques spécifiques du client/système du client. Le point de vue juridique Dans l’introduction, il a déjà été avancé que l’importance du domaine juridique s’accentue. Une première raison à cela sont les règles disciplinaires pour les psychologues. Les clients étant en mesure d’introduire une plainte, le psychologue devra connaître l’Arrêté royal fixant les règles de déontologie du psychologue (2014). Le conseil de discipline utilisera ces normes dans le cadre de plaintes formulées par les Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 4 Panorama clients. Le nouveau code se base sur le code de déontologie établi par Fédération Belge des Psychologues (2004) et comprend en outre des articles sur le secret professionnel. A l’heure où le psychologue clinicien se voit reconnu comme profession en soins de santé dans l’A.R. N° 78 (1967; Loi réglementant les professions des soins de santé mentale, 2014), les autres articles de l’Arrêté royal concernant le psychologue clinicien sont également d’application, par exemple, sur la continuité des soins ou le devoir de réorientation. Plus encore, la Loi réglementant les professions des soins de santé mentale (2014) élargit le champs d’application de la Loi concernant les droits des patients (2003) aux psychologues cliniciens. Cette loi porte, entre autres, sur l’administration de soins de santé de qualité, le libre choix du prestataire, le consentement éclairé, le dossier du patient, la vie privée et le droit de porter plainte. Mais avec cela, la liste des obligations légales est loin d’être complète. S’il s’agit de gestion des données (la conservation et la transmission d’informations sur les clients), il y a la loi sur le respect de la vie privée (Loi relative à la protection de la vie privée à l'égard des traitements de données à caractère personnel, 1992) ; si on travaille dans le secteur de l’aide à la jeunesse, c’est le décret du 4 mars 1991 relatif à l'aide à la jeunesse (1991) qui est applicable en Communauté française (1991) (ndlr) (Decreet betreffende de rechtspositie van de minderjarige in de integrale jeugdhulp (2004) en Communauté flamande). Par ailleurs, il existe encore de nombreuses lois importantes pour les psychologues, par exemple sur la protection du titre, sur les admissions forcées, sur l’autorité parentale ou sur le secret professionnel. Nous vous présentons ci- Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 5 Panorama dessous un exemple (cas numéro1) dans lequel tant le code de déontologie que la loi sur la vie privée sont applicables et, en fonction du setting professionnel, la loi sur les droits des patients ou le décret sur l’aide à la jeunesse. Cas numéro 1: enregistrements audio Durant son stage, une étudiante en psychologie a commencé le traitement d’un adolescent sans l’accord du père. En outre, les sessions avec l’enfant furent enregistrées. Le père en fut informé ultérieurement, sur quoi il exigea l’arrêt immédiat de l’accompagnement. Lorsqu’il apprit que les sessions avaient été enregistrées, il exigea une copie des enregistrements en se basant sur la loi sur la vie privée. Lorsque le cas fut débattu entre collègues, la discussion s’orienta rapidement sur la question (juridique) du droit du père à disposer d’une copie des enregistrements ou encore s’il pouvait les écouter. La perspective morale Les personnes émettent constamment des jugements moraux, tant dans la cadre professionnel qu’en dehors. Les jugements moraux ne décrivent pas l’état des choses tel qu’il est à un moment donné (descriptif), mais tel qu’il devrait être (normatif). Ces jugements moraux personnels incitent à agir de façon éthique, surtout si ces actes sont en lien avec nos propres valeurs. Les normes sont souvent concrètes et déterminent partiellement le cadre du comportement (exemple : « je refuse toute demande de devenir ami sur les réseaux sociaux venant de clients »). Par contre, les valeurs sont souvent formulées positivement en Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 6 Panorama indiquent la manière dont les personnes devraient se comporter (Van Tongeren, 2003). Elles encouragent le comportement éthique. Si les dispositions légales ne sont pas soutenues par des normes et des valeurs personnelles, ne subsiste alors qu’une motivation négative à suivre des règles (exemple : éviter les problèmes au travail ou les plaintes). La philosophie morale tente de faire la clarté conceptuelle sur les normes et les valeurs que nous portons dans la vie quotidienne. Les nombreuses théories éthiques peuvent être subdivisées en plusieurs courants. Certains courants mesurent la valeur morale d’un comportement, alors que pour d’autres c’est plutôt l’intention qui sous-tend un comportement qui détermine la valeur morale. Un troisième courant analyse si certains traits de la personnalité ou des manières de vivre sont intrinsèquement meilleures que d’autres. Il existe aussi des formes d’éthique qui s’attachent à certains domaines, telle que la bio-éthique (exemple: Beauchamp & Childress, 2009). Nous explicitons l’importance des valeurs morales personnelles à l’aide d’un exemple (cas numéro 2). Dans cet exemple, les dispositions légales offrent peu de prise : il y a trop peu d’articles traitant explicitement de l’acceptation de cadeaux de clients. Il se pourrait que le psychologue dont il est question dans le cas ait mauvaise conscience en acceptant une bouteille de vin. Cela peut être dû, d’une part aux caractéristiques spécifiques du client et à la relation de travail (cf. infra, ‘la perspective de la psychologie clinique’). Il se pourrait également que le clinicien sente qu’il a dépassé ses propres normes, même s’il n’apparaît pas encore clairement à ses yeux de quelle norme il s’agit. La réflexion à ce propos peut aider à formuler, argumenter Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 7 Panorama et critiquer cette norme. De plus, cette règle peut être affinée dans la pratique, éventuellement en consultant des collègues. Expliciter les valeurs (exemples : l’orientation client, l’altruisme, les bonnes pratiques) et réfléchir à leur application concrète peut aider les jeunes praticiens à construire une attitude professionnelle de base. Cas numéro 2: le cadeau d’un client. Un psychologue traite un client souffrant d’anxiété sociale. Durant le traitement, le client remet au psychologue une bouteille de vin en remerciement des progrès réalisés. Cependant, le traitement n’en est qu’à mi-chemin. Par ailleurs, il est apparu lors des contacts qu’il se pourrait que le client soit dépendant à l’alcool. Le psychologue accepte la bouteille de vin. La perspective de la psychologie clinique Les deux premiers domaines offrent des arguments pour ou contre une certaine façon de faire. Le psychologue doit ensuite mettre la stratégie choisie en pratique. Et, parfois, c’est l’aspect le plus difficile d’un cas. Dans le cas de la maltraitante d’enfant, on peut décider que l’article 458bis du Code pénal autorise le praticien à enfreindre le secret professionnel. Mais qui faut-il informer ? De quelle manière ? Est-ce que l’équipe prévient d’abord les parents que la situation sera signalée ? Et sur quel ton le fait-elle ? Il s’agit de voir comment les décisions sont mises en pratique. Cela peut se faire de manière respectueuse ou moins respectueuse, patiemment ou dans la précipitation. La façon de faire est souvent tout aussi importante que l’option qui est choisie. Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 8 Panorama Accorder de l’attention à la communication et avoir une écoute active peuvent résoudre bon nombre de problèmes ‘déontologiques’, tels qu’illustrés dans le cas numéro 1 à propos du consentement éclairé pour les enfants et les enregistrements audio. Cas numéro 1: enregistrements audio (suite) Au lieu de limiter la discussion à la question de savoir si le père pouvait obtenir une copie des enregistrements, on s’est demandé quels étaient ses objectifs. Il fut décidé d’inviter le père et de bien écouter ce qu’il voulait. Il est apparu que le fait de donner l’occasion au père d’exprimer sa colère, sans réagir de façon défensive, a été essentiel dans la résolution de ce conflit. Finalement, il fut décidé de permettre au père d’écouter des fragments des sessions, via des écouteurs, en présence de la fille et de la mère. Ce compromis a permis au père d’être rassuré et aux autres parties concernées de s’y retrouver. Lors de l’évaluation des options en situation de travail, la relation de travail avec le client jouera presque toujours un rôle, quand il s’agit par exemple de clients qui représentent un danger pour des tiers. A la question de savoir si le secret professionnel peut être brisé, il est important d’évaluer la relation thérapeutique avec le client (Leijssen, 2005). Tant que cette relation est bonne, le praticien est le mieux placé pour diminuer le danger. Les caractéristiques individuelles d’un client peuvent également déterminer l’approche d’un cas « déontologique ». Prenez l’exemple d’un client qui envoie régulièrement des sms en dehors des heures de travail à son clinicien. Avec certains clients, il est avisé de passer des accords clairs à ce sujet et de ne pas Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 9 Panorama renforcer ce comportement en y répondant. Avec d’autres clients, il peut être avisé de l’autoriser (temporairement), parce qu’il se pourrait que, sans cela, le client ne soit pas être aidé convenablement. Conséquences d’une approche uniquement juridique Restreindre les problèmes déontologiques à des questions juridiques cadre avec l’évolution sociétale de la juridicisation, décrite par Put et Van Assche (2013) comme un ‘processus d’influence croissante du droit’ (p.94) qui comprend tant une réglementation croissante des rapports sociaux qu’un recours croissant au droit et à la procédure juridique. Ces tendances sociétales ont des explications sociologiques qui ont un rapport avec le développement de l’Etat providence, une population plus critique et mieux formée, une cohésion sociale amoindrie et à une instrumentalisation du droit (Put & Assche 2013). Considérer ces questions déontologiques comme étant des questions principalement juridiques peut avoir des effets négatifs. Une première conséquence est que des options d’approche peuvent être négligées si la question se limite à ce qui est ou n’est pas ‘autorisé’. Ecouter attentivement ce que recherchent les parties intéressées et leur demander si ces objectifs peuvent être atteints d’une autre manière offrent parfois de nouvelles perspectives sur le cas. Une seconde conséquence est que l’éthique professionnelle risque d’être rapidement sous traitée par des ‘spécialistes’ en droit de la santé, en déontologie et par des commissions d’éthique. Leur Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 10 Panorama contribution peut être utile mais ce sont finalement les professionnels eux-mêmes qui doivent tenir un dossier, préserver l’intégrité de leur rôle avec leur client, et savoir dans quels cas ils peuvent partager des informations avec des tiers. Le code de déontologie stipule clairement que les professionnels portent la responsabilité finale de leur actes (Art. 25, A.R. fixant les règles de déontologie du psychologue, 2014). Laisser la sous-traitance des questions éthiques à des spécialistes peut être plus un piège qu’un avantage. A cela il faut ajouter que les cours de déontologie donnés lors de la formation des psychologues risquent de mettre plus l’accent sur le contenu du code que sur son application pratique (Europen federation of Psychologists’ Association, 1999). Une troisième conséquence négative possible est la juridicisation de la relation psychologue-client. D’autres secteurs, tels que l’enseignement, ont déjà précédé la psychologie en ce domaine. Les relations de soin et les personnes sont ramenées à un ensemble de droits et d’obligations qui privilégient la résolution de conflits à la communication et au dialogue. Les soignants peuvent être enclins à agir de manière plutôt défensive afin d’éviter les plaintes plutôt que d’agir dans l’intérêt général, voire même dans l’intérêt du client. Ce développement peut provoquer l’accroissement des charges administratives en vue de pouvoir définir les responsabilités à postériori. Par ailleurs, la juridicisation peut avoir quelques effets positifs, tels que la protection juridique, la sécurité juridique et un point d’appui ainsi qu’un stimulant à la professionnalisation et à des soins de qualité (Put & Van Assche, 2013). Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 11 Panorama Ethique procédurale et juridicisation La juridicisation en matière d’éthique a une longue histoire. En matière d’éthique, on peut distinguer morale substancielle (éthique au sens large) et morale procédurale (au sens étroit) (Strawson, 1970). L’éthique ‘large’ est basée sur une interprétation en matière de contenu de ce que représente une vie humaine de qualité. Une éthique ‘étroite’ repose sur quelques principes minimaux généralement acceptés. Ainsi l’éthique est ramenée à une procédure de décision formelle et rationnelle (Taeks, 1994). Un exemple centré sur la psychologie l’éclairera. Une idée de fond élaborée de ce que l’aide psychologique devrait apporter aux clients doit être considérée comme une éthique ‘large’. Le but est-il de supprimer les plaintes du client ? Une vie ‘sans plaintes’ est-elle possible et souhaitable ? Le développement personnel des clients fait-il partie des missions des soin de santé mentale ? Une réponse circonstanciée à ces questions demande que l’on détermine ce qu’est une bonne manière de vivre et comment un psychologue clinicien peut y contribuer. Par contre, un code de déontologie doit être vu comme un ensemble de principes minimaux qui valent pour tous les psychologues : donc une forme d’éthique ‘étroite’. Les formes d’éthiques ‘larges’ sont souvent basées sur et portées par des convictions personnelles fortes, mais difficiles à soutenir d’un point de vue scientifique. Une des raisons étant qu’une ‘preuve’ empirique et scientifique d’une conception morale est impossible. Une science empirique repose sur une séparation des faits et des valeurs. Cela rend les convictions morales fragiles face à la critique dans une société où l’on demande d’abord des ‘preuves scientifiques’ comme Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 12 Panorama fondement des convictions. C’est pourquoi se développent des formes d’éthique ‘étroites’ légitimées par le consensus et l’efficacité. En matière d’éthique professionnelle pour les psychologues, cela se traduit par des discussions de cas du fait que les convictions morales personnelles sont plutôt considérées comme ‘subjectives’, alors que le code professionnel prévaut. Conclusions Dans un contexte sociétal de juridicisation, quelques développements récents en psychologie (clinique) augmentent l’importance de la perspective juridique dans le traitement des cas d’éthique. Une discussion de fond d’un cas va au-delà de la discussion du cadre légal : les convictions morales personnelles et l’exécution pratique des actes choisis méritent autant d’attention. Le domaine le plus souvent perdu de vue lors de la discussion d’un cas sont les convictions morales personnelles, peut-être parce que ces convictions sont considérées comme ‘purement subjectives’. Une pluralité de convictions morales ne mène pas nécessairement au scepticisme moral (Beauchamps & Childress, 2009). Toutes les convictions morales n’ont pas la même valeur : elles peuvent se contredire, reposer sur des informations fausses ou incomplètes, sans nuances ou témoigner de peu de connaissance de soi. La discussion de cas peut offrir au psychologue la possibilité de nuancer ces convictions, de les corriger ou de les compléter. Son importance est indirectement reconnue par les commissions de discipline. En cas de plainte, la commission de discipline ne se laissera pas uniquement guider par ce que le psychologue aura fait. La commission de discipline analysera la motivation et la qualité de sa décision. Et c’est précisément dans la Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 13 Panorama motivation et la décision que les convictions morales jouent un rôle central. Littérature Beauchamp, T.L., & Childress, J.F. (2009). Principles of biomedical ethics. Sixth edition. New York, NY: Oxford University Press. Belgische Federatie van Psychologen. (2004). Deontologische code voor Belgische psychologen. Brussel: BFP-FBP. Decreet van de Vlaamse gemeenschap betreffende de rechtspositie van de minderjarige in de integrale jeugdhulp (7 mei 2004). Belgisch Staatsblad, 4 oktober 2004. European Federation of Psychologists’ Associations. (1999). Recommendations for teaching ethics for psychologists. Brussel: EFPA. 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Loi relative aux droits du patient (22 août 2002). Moniteur belge, 26 septembre 2002. Loi relative à la protection de la vie privée à l'égard des traitements de données à caractère personnel (8 décembre 1992). Moniteur belge, 13 mars 1993. Loi réglementant les professions des soins de santé mentale et modifiant l'arrêté royal n° 78 du 10 novembre 1967 relatif à l'exercice des professions des soins de santé (4 avril 2014). Moniteur belge, 20 mai 2014. Psychologos 3/2016 ©2016 BFP-FBP – Alle rechten voorbehouden. Tous droits réservés 15