Protection des plantes de votre jardin potager (suite2) 4. Actions préventives Bien qu'elles ne soient pas nécessairement immunisées contre les maladies ni épargnées par les ravageurs, les plantes vigoureuses et bien cultivées se révèlent plus résistantes et moins vulnérables aux attaques. Si l'on peut prodiguer un conseil, il y a lieu tout d'abord de choisir les espèces et les variétés les mieux adaptées aux particularités écologiques de votre jardin. Le matériel végétal le plus cher est souvent celui qui vous donnera le plus de satisfaction : gros bulbes sains ou plantes vigoureuses ne présentant aucun symptôme suspect. Les plantes saines ne présentent aucun signe apparent d'attaques de parasites et de champignons pathogènes. On choisira de préférence les plantes compactes aux feuilles bien vertes ayant développé un système racinaire puissant. 4.1. Réalisation de certains choix et adoption de techniques appropriées. Choix de la variété On trouve actuellement dans le commerce des variétés de plantes résista nt mieux aux maladies les plus courantes dues aux champignons, aux bactéries ou aux attaques de certains ravageurs. Il est prouvé expérimentalement que certaines variétés d'arbres fruitiers et de légumes diminuent considérablement le risque de devoir lutter inlassablement contre des maladies endémiques. A titre d'exemple, on citera le chou brocoli Tixie pour sa résistance à la bernie du chou, maladie très grave. Concernant le chancre du pommier, les variétés Granny Smith et Melrose offrent une bonne résistance. Nutrition rationnelle Vous savez certainement que les épandages d'engrais provoquent un accroissement des rendements ou une amélioration de la floraison et de la fructification. En jardinage, on privilégie surtout l'emploi des engrais organiques à action lente et à forte rémanence : compost de jardin, fumier de ferme, poudre d'os, sang séché, etc. Ils contiennent une grande variété d'éléments nutritifs, mais dont l'équilibre ne favorise pas toujours une croissance optimale des plantes. Les engrais minéraux qui permettent une certaine correction des déséquilibres alimentaires, se présentent selon soit des formules simples (nitrate d'ammoniaque, superphosphate) ou soit des composés qui contiennent les éléments nutritifs majeurs. Les formes de présentation sont des granulés à incorporer au sol, des solutions à administrer par arrosage ou par pulvérisation sur les feuilles (engrais foliaire). A présent, des engrais à action lente sous la forme de granulés sont disponibles pour les plantes en pot afin de leur fournir les éléments nutritifs selon un équilibre adéquat. Les engrais sont épandus au printemps et au début de l'été, à l'époque de pleine croissance des plantes. Les plantes en repos en dehors de cette période n'ont pas besoin d'engrais et les éléments nutritifs non utilisés sont perdus et polluent les nappes aquifères. Toutefois, on peut pratiquer certaines fumures de fond en automne ; le phosphore, le potassium et le calcium qu'elles procurent, échappent au lessivage et se fixent aux particules argilo-limoneuses du sol. Compostage des déchets Le compostage des déchets végétaux permet de restituer au sol les éléments nutritifs et les matières organiques. La plupart des agents pathogènes ne peuvent survivre à la chaleur dégagée lors du processus de fermentation de la matière organique. Il faut néanmoins éviter d'incorporer au compost les plantes atteintes de pourriture de racines et les branches portant des chancres.. Rotation des cultures Il faut éviter de cultiver des années de suite la même plante, ou des plantes apparentées, sur la même parcelle. Toutefois, cette précaution ne protège pas nécessairement les plantes très sensibles, car de nombreuses maladies se propagent rapidement et sur de longues distances par leurs spores transportées par le vent. Mais certains parasites localisés dans le sol sont nettement moins mobiles et alors le système de rotation des cultures peut se révéler très efficace. Par ailleurs, la rotation des cultures favorise le renouvellement des éléments nutritifs disponibles dans le sol. En pratique, on procède à un regroupement des plantes apparentées sur la même parcelle et on effectue une rotation sur trois ans. Tableau 1 – Exemple de regroupement des cultures et rotation sur trois ans Groupe 1 Chou vert Chou-fleur Chou de Bruxelles Chou frisé Brocoli Navet Radis Rotation des cultures sur trois ans Groupe 2 Pomme de terre Tomate Carotte Céleri Persil Betterave Groupe 3 Haricot Pois Oignon Echalote Poireau Laitue Courge 4.2. Surveillance permanente de l'état de santé de vos plantes Du printemps à l'automne, la surveillance doit être continue, une inspection journalière est souhaitable afin de vous permettre de déceler rapidement le moindre problème avant qu'il ne s'aggrave et de traiter précocement. On remarquera tout d'abord les plantes qui se développent mal et qui présentent des symptômes de décoloration, de déformation ou de dégradation du feuillage. On supprimera sans tarder les individus anormaux afin de stopper au plus tôt l'extension d'une éventuelle affection. Certaines plantes se développent très rapidement et forment des massifs denses qui compromettent le développement harmonieux des individus par manque d'alimentation et de lumière suffisante. Il est impératif d'éclaircir les massifs afin de créer une circulation suffisante d'air autour des tiges et des feuilles, d'améliorer la pénétration de la lumière et de réduire le taux d'humidité élevé favorable à la prolifération et à la germination des spores de champignons parasites. 4.3. Interventions préventives indispensables Entretien des jeunes plantes Planter ou semer sont des moments importants pour la production de plants vigoureux. Vous n'obtiendrez que des spécimens faibles et sensibles si vous semez en dehors des périodes favorables de l'année, soit trop tôt ou trop tard lorsque la terre est devenue froide et humide, si vous plantez les bulbes trop profondément ou si vous ne démêlez pas les racines enchevêtrées dans les pots. Les règles élémentaires doivent être respectées : semis à la densité recommandée, repiquage et mise en pot dans les délais les plus appropriés. Les jeunes plants ne doivent pas être trop serrés car ils ne disposeront pas d'éléments nutritifs et d'eau en quantité suffisante. Ils demeureront chétifs, suite à une compétition trop forte et ils ne fourniront jamais des plants vigoureux. Le jardinier avisé respecte toujours la règle suivante : "plus une plante est jeune, mieux elle supporte le repiquage et donne ensuite la plus grande satisfaction". Désherbage Dans le respect de l'environnement, on vous conseille un désherbage manuel, plutôt que l'emploi d'un herbicide. Le désherbage chimique est destiné aux allées et aux massifs d'arbres et d'arbustes. Les herbicides sélectifs sont par ailleurs utilisés pour détruire les dicotylédones dans les pelouses. On soulignera que les herbes indésirables constituent un refuge idéal pour les ravageurs, les virus et les champignons pathogènes et favorisent leur survie en l'absence de plantes hôtes. Arrosage Un bon arrosage est déterminant dans la réussite de votre jardin. Une plante comporte plusieurs stades sensibles à une bonne alimentation hydrique : les jeunes semis, la floraison, la formation et la maturation des fruits. L'arrosage se fera de préférence le soir afin de réduire les pertes d'eau dues à l'évaporation, et de réaliser une ambiance humide à la fois au niveau du sol et de la plante. On évitera d'arroser en plein soleil, car vous risquez de brûler les parties les plus délicates de vos plantes. Le paillage abondant permet de maintenir un sol humide et de réduire les apports d'eau. L'eau de pluie récupérée dans des citernes convient parfaitement à la plupart les plantes. Toutefois, elle pourrait véhiculer des spores de champignons pathogènes à l'origine de la fonte des semis ou de pourritures diverses. Drainage du sol Le drainage parfait n'existe pas dans un sol argileux lourd. Il faudra nécessairement l'améliorer par des apports réguliers de matières organiques : compost, terreau de feuilles ou fumier. Ils favoriseront l'aération de la structure et dès lors la percolation de l'excès d'eau. Au niveau de certains sols possédant une faible rétention pour l'eau de pluie : sols superficiels, sables grossiers, sols dérivant de dépôts calcaires, là aussi, on aura recours à des apports massifs de matières organiques, du fumier par exemple ; elles amélioreront considérablement la rétention de l'eau. Les sols sablonneux sont appréciés des jardiniers car ils se travaillent sans beaucoup d'effort et se réchauffent très tôt au printemps. Toutefois, il faut augmenter leur rétention pour l'eau par l'apport de matières organiques et leur fertilité par des apports réguliers d'engrais, mais ils sont faciles à travailler et se réchauffent vite au printemps. Nettoyage judicieux des arbres et arbustes Il est essentiel de supprimer régulièrement les rejets indésirables émis par les racines et les branches. Il faudra surveiller tout particulièrement les plantes greffées, notamment comme les rosiers et la plupart des arbres fruitiers. Les porte-greffes sont à l'origine de ces rejets appelés gourmands. : ils sont en général plus vigoureux que les autres pousses et leur font une concurrence dangereuse. Il faut les couper le plus bas possible afin d'éviter la formation d'autres rejets. On finit par déceler les plantes sujettes au drageonnage et on évite alors de blesser les racines lors des entretiens ce qui aurait pour effet de stimuler la formation de rejets indésirables. Lors de la taille d'entretien, on élimine les branches mortes, malades ou endommagées. En ce qui concerne les grosses branches cassées par le vent, il faut réaliser une coupe et favoriser la formation d'un cal cicatriciel par l'application d'un goudron de protection. Les rameaux atteints de maladies cryptogamiques seront éliminés dès leur apparition afin d'éradiquer l'extension des dégâts. Précaution à prendre lors de la taille Il est conseillé de réaliser une taille d'éclaircissage pour certains arbres fruitiers (pommier) afin d'inciter le développement de rameaux fructifères. Chez d'autres plantes, il est utile d'éliminer les rameaux poussant dans la mauvaise direction ce qui permet d'aérer le centre des arbres ou des arbustes trop touffus. La pénétration de la lumière permet aussi le développement de fleurs et de fruits et empêche la germination des spores de champignons parasites. En ce qui concerne les arbustes à fleurs, la suppression chaque année d'environ un tiers des tiges les plus âgées relance la floraison de la plante en stimulant l'apparition des jeunes pousses. La taille doit être réalisée avec soin, notamment à l'aide d'outils propres et aiguisés. Faites une coupe oblique en rabattant la tige au-dessus d'un gros bourgeon sans laisser de chicot car des champignons parasites peuvent s'y installer. Il faut aussi respecter le col de la branche, épaississement de base qui facilite la cicatrisation. Les grosses branches très lourdes seront sectionnées en plusieurs tronçons afin d'éviter un déchirement endommageant une partie de l'écorce du tronc. Afin d'éviter ce dégât, on réalise d'abord une entaille sous la branche avant de la scier de haut en bas. Le badigeonnage des grandes plaies par des cicatrisants est recommandé pour les arbres et les arbustes afin de prévenir l'apparition de certaines affections, comme le chancre.