Seediscussions,stats,andauthorprofilesforthispublicationat: https://www.researchgate.net/publication/262261116 Analysesémiologiquedela femmedanslapublicité Jordanienne ARTICLE·JANUARY2013 READS 163 1AUTHOR: SamiraMohammedMouta… HashemiteUniversity 13PUBLICATIONS0CITATIONS SEEPROFILE Availablefrom:SamiraMohammedMoutakil Retrievedon:22March2016 115 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » NOM : Moutakil Prénom : Samira Centre de Langues Université Hachémite/Jordanie [email protected] 115 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 116 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » ANALYSE SEMIOLOGIQUE DE LA FEMME DANS LA PUBLICITE JORDANIENNE RESUME La publicité a une grande influence sur les gens car elle porte plusieurs significations ; elle tire sa signification de la vie quotidienne qu’elle reflète d’ailleurs. À travers elle, nous pouvons comprendre une culture. Selon des matériaux spécifiques, le monde de la publicité relève du concret et de l’abstrait. Il entretient un grand lien avec la vie réelle dont il donne une forme d’illusion. Dans ce projet de mise en code, le culturel et le social revêtent une importance certaine. J'ai choisi trois publicités jordaniennes où la femme est présente et j’ai fait une analyse détaillée de chaque niveau sémiotique, y cherchant le dénoté et le connoté, au service de l’étude de la réalité dont la pièce publicitaire émane. J'ai noté les différents aspects : culturels, sociaux et religieux, en trois étapes: des publicités, l’analyse sémiotique de chacune d’elles, les résultats. Il est important d'avoir un background et des connaissances du pays de provenance de la publicité repérée, afin de la comprendre. Mots clés : la culture, la femme, la publicité. ABSTRACT The advertisinghas a great influenceon peoplebecause itcarriesmany meanings, it draws its meaning from everyday life and reflects it and through it we can understand a culture. The advertising world is the concrete and abstract according to specific materials because it is a great link between it and the life which it draws the direction of the source and especially for all that is culturally and socially. I chose three Jordanian commercials where we see the presence of the wife and I made a detailed analysis on each semiotic level, seeking denoted, connoted the meaning and effect while connecting to the reality of where it comes from. I noted the different aspects, cultural, social and religious in three 116 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 117 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » steps :with ads, semiotic analysis of each and results. It is important to haveabackgroundand knowledge of thecountrywhere it came fromin order tounderstand it. Key words: culture, women, advertising 117 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 118 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » INTRODUCTION La sémiologie est la vie des signes. Depuis Saussure et même bien avant la sémiotique s’est développée soit avec Platon, Locke, Peirce, Hjelmslev, Barthes, Porcher, et Eco et bien d’autres. Ainsi, ces deux termes, notons-le, sémiologie et sémiotique, sont apparus à la même époque ; ils sont équivalents lorsqu’ils désignent cette science des signes qui devient science des significations -la production du sens ou le sens produit. Les deux termes sont donc presque synonymes : ils ont, d’ailleurs, coexisté longtemps jusqu’à ce que chaque discipline se spécifie en gardant cette équivalence (sémiologie de l’image, sémiotique visuelle). Ils se sont cependant opposés en travaillant sur des objets ou des domaines différents -sémiologie de l’image, sémiotique littéraire. Le mot sémiotique a été utilisé par Greimas, qui s’est intéressé à la sémantique structurale, à l’analyse littéraire avec l’Ecole Sémiotique de Paris, soit à l’analyse du sens en langue et des signes ou valeur dénotée, autrement dit à la sémantique et à l’analyse de la désignation (le sens dans le discours), de la référence et aussi de la narrativité. Quelques notions ont été empruntées à la linguistique mais la sémiologie a pu inventer ses propres concepts et outils. Ainsi, l’un des outils les plus importants pour l’analyse sémiologique, c’est le découpage en niveaux. La sémiologie à laquelle nous nous référons, relève de ces différents aspects. Elle cherche à discerner dans le ou les produits devant constituer l’objet de l’étude, c’est-à-dire, le corpus à analyser, les invariances, à en décrire les processus, en ayant pour objectif essentiel la compréhension de leur fonctionnement en fonction de l’observation et de l’expérience. Les divers objets analysés sont donc considérés comme formant chacun une entité autonome qui, s’agençant aux autres, permettrait de dégager le système d’ensemble. Comment analyser une image ? Quelles sont les démarches à suivre ? D’où faut-il commencer et comment ? Quel modèle suivre ? Il existe deux niveaux, corollaires, sur lesquels repose l’analyse : le niveau descriptif et le niveau interprétatif, convergeant au dégagement des angles de perception : forme/figure, signifiant/signifié, 118 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 119 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » connoté/dénoté. On en décèlerait les sens supposés et leurs probables effets sur l’opinion. La sémiologie est une science qui est apparue depuis la fin du XIXème siècle avec deux linguistes bien connus ; Ferdinand de Saussure (1857-1913) en Europe et Charles-Senders Peirce (1874-1913) en Amérique. Leurs préoccupations étaient les mêmes et chacun a développé une théorie similaire qu’il a nommée différemment mais avait la même étymologie : « sémiotikê », terme apparu avec Platon et désignant l’étude des signes. Pour Saussure, c’était « sémiologie » et, pour Peirce, « sémiotique ». Mais, des années plus tard, les deux termes se sont différenciés et chacun traitait d’un domaine ; la sémiologie s’intéresse à tout ce qui est visuel, à l’image, les symboles, les signes de tous types, contrairement à la sémiotique qui était consacrée à l’étude des textes littéraires, c’est-à-dire, tout ce qui est linguistique. Ainsi, la sémiologie relève tant de la psychologie sociale que de la psychologie générale, selon la définition que lui a donnée Saussure. Ce faisant, l’image inscrit un fait social et inter-social. L’homme vit dans un environnement qu’il ne cesse de transformer. Le résultat de ces modifications constitue son milieu culturel, qui s’oppose au milieu naturel, dont l’image tente de témoigner, plus ou moins intentionnellement. Cette préoccupation ambivalente assurerait sa complexité. C’est pourquoi, l’image nous échappe ; elle est polysémique et un simple regard ne peut en aucun cas révéler ce qu’elle signifie. En plus, nous ne pouvons la découvrir que par le biais d’une étude tant détaillée que méticuleuse de ses éléments, constituants ou signes. 1-DEGAGEMENT D’UNE STRUCTURE Comment analyser une image ? Quelles sont les démarches à suivre ? Par où faut-il commencer et comment ? Ces questions se posent à chaque fois qu’on se trouve en face d’une image. En ce qui me concerne, j’ai choisi l’image publicitaire puisqu’elle est considérée comme le miroir de 119 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 120 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » la société qui la diffuse ; elle nous permet de la connaître et la comprendre. Pour toute étude sémiologique, l’analyste commence par délimiter le champ d’action. Il fixe son corpus et définit, avec précision, le texte d’analyse. Ce peut être un seul programme, comme ce peut être constitué de tout un ensemble ayant quelques aspects communs. Ainsi, mes images sont liées entre elles par un trait repérable qui est la présence de la femme dans toutes les publicités. L’objet compose à lui seul l’image, l’objet ne saurait être à la fois lui-même et son propre contexte. Mon article a l’objectif d’approfondir et de déterminer un aspect d’analyse sémiologique de l’image publicitaire : la signification ou, plus exactement, l’interprétation. Ainsi, ce sont les éléments qui mettent en scène le produit, l’intègrent dans un contexte qu’ils investissent. Ils traduisent également une densité de significations émotionnelles et sociales. La distinction entre le concret et l’abstrait, la théorie et son application, reste relative. De ce fait, la démarche raisonnée passe par trois phases. Les séries d’expériences induisent des propriétés que l’on considère provisoirement comme vraies (axiomes) ; on en déduit logiquement d’autres propriétés et relations ; lesquelles sont utilisées pour résoudre les problèmes posés au départ et ceux qui peuvent se poser en cours d’analyse. Le stade de vérification fait partie des applications, transforme le circuit en "boucle". 2- L’ANALYSE Que raconte l’image ? Comment l’image raconte-t-elle à son tour les événements ? La publicité se compose de deux systèmes : l’un, linguistique et l’autre, iconique. Je m’intéresse surtout à l’iconique. C’est pourquoi, je ne traite pas du système linguistique. Comme nous le mentionnions plus haut, Il existe deux niveaux, constituant une paire, 120 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 121 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » sur lesquels repose l’analyse : le niveau descriptif et le niveau interprétatif. Durant l’analyse et pour l’interprétation de l’image, j’ai dégagé : - les mécanismes du procès de signification - l’opposition signification explicite/implicite - l’étude, l’analyse et la description de la dénotation/connotation - l’analyse du discours iconique : la fonction grammaticale des signes, la position de l’énonciateur par rapport à l’énoncé. 2-1 Étapes de l’analyse 1- la description consiste à dégager tous les éléments composant l’icône, les organiser, ensuite, en /sa/ et <sé>. 2- l’analyse après le dégagement des unités : on associe chaque élément à un sens, le dénoté et le connoté, et on le met en rapport avec les autres unités de l’image. Forme/figure Signifiant/Signifié Dénoté Signifiant/Signifié dénoté Hypothèse de sens Effet de sens Le signe ou la forme représente le référent, soit en le représentant, soit en faisant allusion, soit en faisant représenter une partie, de telle façon que la relation se présente sous forme de symbole. L’homogénéité du sens se traduit dans la façon d’organiser la relation entre les unités tout en sachant que l’image fonctionne globalement. Le corpus est analysé avec une hypothèse ou règle méthodologique qui consiste à le décrire en recherchant son fonctionnement, c’est-à-dire, en émettant l’hypothèse qu’il s’agit d’un système, d’une structure ; hypothèse qui reste à vérifier et qui permet de dégager deux grandes classes de possibilités de codification et, partant, de fonctionnement du corpus : celle de deux types de structures : l’une, dite ferme, l’autre, dite souple. On a procédé de la même manière pour tous le corpus, sachant 121 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 122 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » que chaque image possède sa propre structure interne qui diffère des autres. Cette méthode a ses exigences et ses étapes que nous allons présenter ; mais il faut également préciser l’autre objectif, plus sémantique, et culturel. La réflexion porte sur la méthode d’analyse retenue, sur les procédures mises en œuvre ; car la sémiologie doit s’interroger sur ses présupposés, sur sa propre démarche, être consciente que ses résultats dépendent très largement de la théorie et de la méthode à laquelle appartient le modèle d’explication et que le point de vue choisi constitue et détermine l’étude elle-même. 2-2 La démarche globale d’analyse et de l’interprétation Pour pouvoir analyser avec méthode, de façon à la fois globale et précise, en évitant de tomber dans toutes sortes de simplifications nécessairement réductrices, il s’avère indispensable de distinguer des niveaux et de procéder progressivement en allant des niveaux et des degrés les plus simples ou les plus évidents vers les plus complexes. Puisque les images visuelles, on l’a vu, ne sont pas toujours représentatives de quelque chose que l’on appelle le référent analogique ; tout objet pouvant revêtir une valeur symbolique, qu’il soit naturel (pierres, métaux, arbres, fleurs, animaux, etc.) ou qu’il soit abstrait (forme géométrique, couleur, etc.). On peut donc distinguer trois stades d’analyse : dégager, classer puis interpréter ainsi que plusieurs strates. L’apparition des êtres humains dans les publicités, ces dernières années en Jordanie, constitue à la fois un acte référentiel et une description" et, plus exactement, "un cas de nom propre"1. La présence d’êtres humains dans le visuel, contrairement aux monuments, induit le fait que rien n’est plus résistant que la nature humaine. 2-3 Les caractéristiques de l’image et sa structure 1 ECO, Umberto, Ouv. Cité, p.118. 122 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 123 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » La publicité fait appel à la mise en contexte. Elle présente aussi les rapports homme/femme : supériorité de l’homme et infériorité de la femme (pub.1) ; ceci nous emmène à la place de la femme dans les publicités jordaniennes et, surtout, dans la société où elle tient un rôle second, elle est en retrait (pub.2)) ou en bas de l’échelle sociale (pub.1). Mais avec l’évolution elle commence à avoir une place plus ou moins égale à l’homme. Publicité n°1 P.1 Signe iconique Sa indiciel Sé dénoté Hyp. sens 1 de 123 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 124 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » Personnes Objet Visage de femme voilée Homme Luth Keffieh Habit traditionnel Bijoux Musulmane Supériorité Montre Temps Regardons à la publicité n°1 ; on y trouve une présence « féminine » et « masculine » ; l’homme ici tient un rôle d’artiste : quelqu’un qui est entrain de faire la cour à une femme en jouant du luth. Quand l’Occidental fait la cour à une femme, il se met dans la rue au bas de sa fenêtre ; on en déduit qu’il donne à la femme une certaine supériorité car il la désire et la veut pour lui ; or elle est difficile à obtenir. Il supplie donc pour qu’elle accepte et descende quand il se met à genoux pour demander sa main. Par contre, chez l’oriental, c’est le contraire : il la veut mais ne veut pas dépasser cette idée de supériorité par rapport à la femme ; aussi il n’est pas prêt à faire des concessions pour l’obtenir car elle est inférieure à lui. La femme ici est un « objet, quelque chose » que l’homme désire et il recourt à la musique pour lui exprimer son attirance et ses sentiments et attirer son attention vers lui. Il est bien connu que les chants de musique montent et ne descendent pas mais l’image ici représente bien l’état d’esprit de l’homme oriental et expose sa vision de la femme dans la société concernée : un être au bas de l’échelle. De plus, l’image des deux montres signifie que, pour atteindre la femme, il faut pouvoir lui offrir ce dont elle a envie. Ainsi, cette publicité représente un homme oriental, romantique. Et même quand il doit faire l’effort d’oublier sa différence d’avec la femme pour obtenir ce qu’il désire d’elle, il accentue, fût-ce inconsciemment, sa supériorité. 124 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 125 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » L’image se découpe en deux et en diagonale, c’est-à-dire, elle représente deux parties distinctes et presque opposées l’une à l’autre ; l’homme occupe la partie supérieure, la plus importante dans l’image, celle qui attire l’attention puisqu’on commence toujours de droite à gauche et du haut en bas et même au niveau des couleurs, c’est la partie la plus éclairée, il est donc mis en avant par cette clarté alors que la femme se trouvant dans la partie inférieure avec des couleurs foncées, cette partie sombre connote un rideau qui, dans la tradition orientale, sépare les hommes des femmes. L’effet de sens de cette image est cet esprit oriental qui ne met jamais l’homme en position d’infériorité, surtout, pas vis-à-vis de la femme. Publicité n°2 P.2 Signe Sa indiciel Sé dénoté Hyp. de Hyp. de 125 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 126 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » iconique Personne Habit Traditionnel Personne Habit moderne Enfant Femme Mère Homme Père Garçon Fils sens 1 Tradit ion sens 2 Amalgame Moder nité Aveni r Appareil Ordinateur Technol ogie Distan Temps ce Cette image représente une famille unie à un moment de la journée devant l’ordinateur. Le père est entrain d’enseigner à son fils. La mère regarde et suit ce qui se passe, le père transmet un savoir à son fils qui commande. Il s’agirait d’une famille moderne d’orient. Ici, Le discernement hérité de l’observation de l’image porterait à faire croire que c’est un monde d’hommes, le statut de la femme, lui, semble être passif et second, sa présence se serait réduite à son absence ; elle n’aurait pas une présence participative, telle un décor esthétique, inerte, pour meubler l’espace. Au niveau dénoté, c’est une famille typique jordanienne, à l’exception qu’elle ne dispose que d’un enfant : 3 membres, le père qui est le chef, le fils qui assure la descendance, la femme qui vient en soutien, juste pour les seconder. C’est que de notoriété ordinaire, une famille jordanienne se compose d’au moins 3 enfants. Ici, on n’en a qu’un, un garçon, de surcroît. Ainsi, cette image véhiculerait la vision phallocrate de la société décrite. 126 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 127 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » Dans ce message, la banque évoque la tranquillité d’esprit et offre à ses clients un monde meilleur pour la prospérité familiale, d’où quelque chose de magnifique. C’est un moment de détente et de complicité entre le père et son fils. Contrairement aux deux autres publicités, cette dernière promouvrait la liberté et l’ouverture à la modernité : la femme ne se couvre pas les cheveux. Cette image représente une famille unie à un moment de la journée, devant l’ordinateur. Le père est entrain d’enseigner à son fils. La mère regarde, avec une passivité approbatrice, ce qui se passe à l’écran ; le père transmet un savoir à son fils qui qui commande. Publicité n°3 127 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 128 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » P.3 Signe iconique Personnes Nourrit ure Sa indiciel Sé dénoté Femme voilée Fille Mère Fille Plateau Hyp. de sens 1 Lien Avenir Tradition Hyp. de sens 2 Transmissi on Gâteau x 2 boîtes Huile Quant à la publicité n°3, puisqu’il n’y a pas de présence masculine, la femme est au centre de l’image ; elle tient son rôle de mère qui consiste à faire la cuisine. On remarque que le rôle de la femme consiste à seconder l’homme ou à accomplir les tâches ménagères quand elle n’est pas désirée. Par ailleurs, le connoté de cette image est justement dans cette femme au foyer qui inculque à sa fille l’art culinaire qui est, par excellence, le premier rôle de la femme orientale. L’image, contrairement à son essence d’être le reflet de l’extérieur, est, pour nous, à la fois, aspect (expression) et contenu. Ici, en tant que substance, l’image est matière et forme. De ce fait, la signification s’en dévoile au fur et à mesure qu’on la scrute ; l’expression et le contenu étant liés, à l’exemple de l’esprit et du corps. L’image suggère, donc, du sens aux sensations visuelles. L’image est le lien entre le concret et l’abstrait, ou bien, elle entretient un lien avec le concret. Elle puise des deux mondes concret et abstrait, les matières et les bases pour sa construction. Il y a un grand lien entre l’image et la vie ou la réalité quotidienne. Cette réalité peut être tirée de 128 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 129 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » la vie religieuse et des histoires qui se racontent, en tout cas, l’image représente la vérité, elle est l’amalgame de l’artistique et du réel, inséparables, dans ce contexte. Creuset de vraisemblance, donc, elle est révélatrice de sens caché. Ainsi, la structure est plus importante et significative que la construction/composition ? Nos images représentent implicitement la réalité tout en essayant de garder cette influence ; elles exposent et mettent en avant des moments quotidiens et des objets et produits familiers aux personnes. Ainsi, les images sont construites en dénoté ou en connoté mais elles sont très riches en connotations et très variées dans la façon d’exposer les messages à transmettre. De ce fait, les images ont une très grande capacité d’influencer puisqu’elles se basent sur la réalité pour déconstruire et construire en même temps. De plus, l’imagination joue un rôle important dans le fait d’assembler des données contradictoires ou, tout au moins, disparates. En d’autres termes, la lecture interprétative d’une image sollicite, chez le spectateur-analyste, un sens aigu de l’imagination, le poussant à se référer à l’expérience qui est sienne, à partir du temps et de l’espace qui déterminent son existence quotidienne, inhérente à la sociologie locale. On a l’image unique et l’image composée. La 1ère est toute simple pour la comprendre, il suffit de la comprendre seule sans avoir recours à autre chose car elle tient à l’intérieur d’elle-même ses propres composants pour la construire. Quant à la 2ème, elle est attachée au contexte et à la composition. Elle est composée de plusieurs images et chacune d’entre elles est une image à elle seule qui la différencie des autres. Ainsi, on a l’image seule et l’image globale, image limitée et l’image illimitée. L’image commence par représenter analogiquement les choses puis se développe et représente un paysage, un être puis un fait réel concret puis abstrait puis va encore plus loin pour représenter un événement de la vie puis dépasse ce stade pour raconter une histoire et évolue dans l’espace et le temps à travers les époques. Puis, elle dépasse l’espace et le temps pour devenir un exemple valable à tout moment. 129 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 130 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » 3-L’ISLAM ET L’IMAGE On pourra s’étonner du fait que notre corpus jordanien, donc arabe, soit constitué de publicités contenant des images puisque beaucoup pensent le monde arabe comme iconoclaste ; c’est pourquoi je donne quelques remarques concernant l’image et le monde arabo-musulman. Le musulman a un rapport important avec la photographie ou le dessin figuratif, apparemment, en contradiction avec ce qui est considéré comme texte sacré, le Coran. Peut-on réellement confirmer qu’il existe un anti-iconisme dans l’islam ? Selon des idées reçues, dans le milieu arabo-musulman, la représentation de la figure d’un être humain (dessin ou photo) est interdite par la religion. Dans le Coran, il existe un seul passage qui interdit les idoles, et, par conséquent, toute traduction par l’image d’un thème religieux : selon le Hadith, dans les propos du Prophète Mohammed (Mahomet), on lit bien : « Gardez-vous de représenter le seigneur ou la créature2 ; ne peignez que les arbres, les fleurs, les objets inanimés car au jour du jugement les êtres représentés viendront réclamer une âme à l’artiste, qui, impuissant à les satisfaire subira les tourments du feu éternel »3. Ainsi, dans une composition où l’élément corporel n’est pas présent, il suffit plus ou moins de lui substituer, soit des formes purement abstraites, soit des formes corporelles transposées dans l’abstrait4. Il conviendra de s’en souvenir au moment de l’interprétation des icones puisque même des images qui ne représentent pas de l’humain peuvent y référer – ce qui confirme ce que nous avons dit dans le 2 Souligné par moi. 3 Hadith est le récit, mais dans la religion musulmane il est la tradition orale des paroles de Mohammed (Mahomet), il est une source de la législation coranique. 4 KANDINSKY, Wassily, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, p.126. 130 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 131 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » chapitre précédent concernant le fait que les images peuvent être strictement analogiques (devenir symboliques ou connotées). Il faut donc constater cet interdit de la représentation proche de celle de la Bible, du même que dans la Bible où toute représentation iconique pour l’idolâtrie est interdite : Tu ne feras point d’image taillée ni aucune représentation des choses qui sont en haut du ciel, ici bas sur terre ou dans les eaux au-dessous de la terre, Tu ne feras aucune sculpture ou représentation d’êtres créés5. En fait plus qu’une théologie de l’image, on trouve dans le Coran un interdit de l’idolâtrie : ô ! Croyants, le vin, les jeux du hasard, les idoles et les flèches divinatoires sont des abominations inventées par Satan; abstenez-vous en et vous serez heureux6. Pourtant, j’ai constaté que l’influence du monde contemporain non islamique joue, en particulier, dans la publicité puisque des figurations y apparaissent et les icones d’humains augmentent même au fil des années comme je l’ai montré dans l’analyse des images ci-dessus. CONCLUSION Le domaine de la publicité a connu un grand changement dans le Moyen-Orient et ces changements viennent du fait de l’expansion des médias. Ainsi, la consommation des images s’est développée, surtout, avec la parabole qui a envahi tous les foyers et l’icône fait partie de la vie quotidienne. On est confronté chaque jour et même quelques fois agressé par tous types de signes : image publicitaire, panneaux, affiches, vêtements, couleurs, pancartes, mimiques, etc. Notre esprit ou notre mémoire fait la sélection de ce qui l’intéresse et ce qui est en relation avec son besoin quotidien. C’est pourquoi, les publicistes essaient à chaque fois de chercher quelque chose de fort et d’agressif pour attirer et 5Bible, Exode XX, 4. 6Coran, Seurat 5, ‘‘Latable’’, Verset 90 : jä ‘ajjohallaïna ‘ämanö’innamälamrewalmajsirewa l’ansäbewa l’azlämeamalenrizsen min amalissajtanifaztanibühelaallakemteflihüna. 131 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 132 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » retenir le regard et, par la même occasion, s’incruster dans l’inconscient et le subconscient de l’individu pour le pousser, par la suite, à la consommation. Ces trois images s’dressent au public jordanien qui n’est pas habitué à ce type de scène dans sa vie de tous les jours. Sans l’ombre d’un doute, ces scènes font rêver plus d’un. Au début, la publicité visait à être simple et accessible à tout le monde et, surtout, facile à comprendre, mais, avec le temps, elle a commencé à se compliquer jusqu’au point qu’elle est devenue abstraite et dépasse l’imagination du spectateur. Parfois, elle frise l’absurde car, quelques fois, on ne trouve aucun rapport entre le produit et la publicité. Dans les trois publicités, le rôle de la femme est second, dans la 1ère et la 2ème images, l’homme est mis en avant et dans la 3ème image, l’homme est complètement absent car cette activité est unique aux femmes. Faire vendre cet idéal de liberté et de modernité alors que la réalité est tout autre chose, bien entendu, le rôle primordial d’une publicité est de faire rêver, de pousser la population à désirer et, par là, à acquérir le produit présenté par la publicité. Le symbolique porte donc au-delà de la signification, voir il est loin de la réalité concrète et cette dernière est belle et bien présente dans les 3 images mais en connoté et non en dénoté, on ne peut la comprendre qu’en faisant appel à l’effet de sens et à ce qui est caché pour les yeux. Il est des publicités qui suivent les interdits ; la morale, la religion, les mœurs et la politique du pays et oublient complètement de représenter le produit comme je l’ai démontré avec échantillon de 3 publicités. De ce fait, pour lire l’image, il faut que le spectateur-analyste soit très cultivé et ait connaissance des éléments socio-culturels afférents. Le spectateur doit comprendre, analyser et mettre les éléments en relation avant d’arriver à la signification et au sens caché et le plus important ici c’est de supposer. 132 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013 133 Moukatil Samira. “ Analyse sémiologique de la femme dans la publicité jordanienne. » R E F E R E N C ES B IB L IOGR A P H I E Barthes, R., (1985)L’aventure sémiologique, Paris, Seuil, Coll. Points. Eco, U., (1992)La production des signes, Paris, Le livre de poche. Gardies, R., (sous la dir.) (1987)Paroles aux images d’un média à l’autre, Paris, Armand Colin. Greimas, A. J. & Courtes, J., (1993)Sémiotique ; dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette, 324 p. Houdebine, A-M., (1985) ‘‘Pour une linguistique synchronique et dynamique’’, dans La linguistique n°21, Paris, pp.7-36. Houdebine, A-M., (sous la direction) (1994)Travaux de linguistique n°5,6 (Sémiologie), Université d’Angers. Kandinsky, W., (1989)Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, Paris, Folio/Denoël. Porcher, L., (1976)Introduction à une sémiotique des images ; sur quelques exemples d’images publicitaires, Paris, Didier Crédif. 133 Revue Le Didiga, n°8 du 1er semestre 2013