Ce paysage a un intérêt géologique : les roches présentent renseignent sur les conditions de sa formation (le
paysage). Des pitons de cargneules aux silhouettes caractéristiques émergent d'un immense éboulis (une
casse) dolomitique en provenance de la crête de Côte-Belle.
L'eau est à la fois un agent d'altération chimique (cargneulisation) et physique (cryoclastie), cette dernière
étant favorisée par la porosité caractéristique des cargneules.
La morphologie rend compte des différentes actions de l’eau sur les roches :
o Altération chimique de la cargneule (la dissolution différentielle des constituants de la cargneule lui
donne son aspect carié (photo) caractéristique) et des gypses (formation d’entonnoirs de dissolution)
o Gélifraction des calcaires dolomitiques fissurés : en gelant, l’eau augmente de volume et provoque le
détachement de fragments de roche (les cryoclasts) qui alimentent les éboulis
La dolomie et le gypse sont des roches sédimentaires souvent associées car elles se forment dans des
environnements similaires, sous un climat chaud entraînant une forte évaporation (lagunes côtières peu
profondes, sebbkra…).
Il en résulte une précipitation de sulfate de calcium et une augmentation de la concentration en
magnésium dans l'eau de la lagune.
Les ions Mg2+ peuvent alors épigéniser la calcite en dolomite en se substituant partiellement aux ions Ca2+.
La dolomite, (Ca, Mg) (CO3)2, et la calcite, CaCO3, sont deux carbonates constituant en proportions variables,
les dolomies et les calcaires dolomitiques.
Les cargneules associées aux chevauchements alpins sont des brèches de dolomies. Elles doivent leur aspect
alvéolaire à la dissolution préférentielle des fragments anguleux de dolomie enfermés dans une trame
calcaire. Le calcaire fait effervescence à froid avec de l'acide dilué (HCl à 10%) alors que les fragments
dolomitiques ne font effervescence à l'acide dilué que si la roche est réduite en poudre.
Or, La mise en place des nappes de charriage grâce à la «couche-savon» de gypse (CaSO4, 2 H2O) s’est
accompagnée d’une fracturation hydraulique des dolomies et calcaires dolomitiques. La libération des ions
SO42- (sulfates) et d’H2O (eau) a favorisé la précipitation de carbonate de calcium et cimenté les éléments
de la brèche dolomitique.
Ainsi, les cargneules visibles au col de l’Izoard n’ont pu être mise en place (cargneulisation) qu’en
présence de calcaires dolomitiques et de gypses, d’une part, et d’eau, d’autre part.
Les calcaires dolomitiques et gypses sont des sédiments marins mis en place lors de la formation de
l’océan alpin.
Mais leur altération chimique par l’eau (hydrolyse) n’a été possible qu’après émersion puis fracturation
hydraulique.
Ce qui témoigne d’une tectonique convergente accompagnée de la mise en place de nappes de
charriages, caractéristiques d’une orogénèse.
Les structures rencontrées au col de l’Izoard, témoins d’une tectonique convergente, s’inscrivent donc dans
l’histoire des Alpes.