Hf
Année.
Ou
s'abonne
ù Paris,
97,
rue Bicklicu;
Dans
les
départements
et
S
l'étran-
ger, du»
tous
les
marchanda
île
muslime
les
libraires
etani
bu-
reaui
dra
Messageries
géiuíraltS.
le
Journal
parafi
te dimanche.
ar
16.
REVUE
ET
18 Avril 1847.
fris
it
i'31 bonnement
:
Paris, un an S* fr.
Départements
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ranger
38 »
Annonces.
BOc. la
ligne
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lettre»
p. 4 fois.
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S fui».
25c
pour
6 Ibis.
GAZETTE MUSICALE
SOMMAIRE.
Luther musicien
; par BD.
FBTIS.—Société
des
concerts
:
Séances
du
vendredi-saiiil,
du jour, de
Pâques
et du
dimanche
de
Quasimodo
; par
MAURICE
BOURGES.
Coup
d'ail
musical
sur
lesconcerls.de
la saison; par
II, RLANCIIAItD. Feuilleton: les
Sept
Notes
de la gamme; par
PAUL
SMITn.
Nouvelles. Annonces.
If oui
publions
arec
ce
nntnéro
la
troisième
livraison
de lia
musique
mue
& la
portée
de
tout
le
monde
, par Ht.
Fétu,
père..
LUTHER MUSICIEN.
Une liasse de vieilles paperasses me fut adjugée dernièrement
à Anvers dans une vente de livres et de manuscrits faite après
décès.
Au nombre des documents enfantés dont je me trouvai
possesseur moyennant une bien modique somme, se trouvaient
plusieurs lettres relatives ans. troubles religieux dont la Belgique
l'histoire de nos'provinces à .cfettë^fo^ue', mais'dont il est ina-
Ule que je
YOUS
entretienne, attendu qu'ils' sonlétrangers à l'objet
spécial de la Revue. Deux d'entre elles, écrites d'Allemagne par
lin jeune artiste à son maître, musicien de la cathédrale d'Anvers,
me paraissent au contraire offrir à vos lecteurs un véritable in-
térêt. Comme elles sont rédigées en flamand , je ne vous les com-
muniquerai pas textuellement; mais je ferai en sorte que ma
traduction soit aussi conforme que possible aux originaux. Ces
lellressont relalives à Luther et aux travaux du réformateur
comme musicien. Voici la première :
A mon
vénirable
professeur,
M'Jean
Van
Stiegen.
MON
CHER
ET
HOSORÉ
MAÎTRE,
3e suis depuis près de huit jours dans la ville de Wittenfeergoù
je complais demeurer à peine vingt-quatre heures pour prendre
un peu de repos. Savez-vous ce qui m'a retenu? Non , vous ne le
savez pas; il est impossible que vous !e deviniez; je Yais donc
vous le dire. Vous avez entendu parler de Luther, de cet homme,
bien coupahle assurément /qui soutient les doctrines les pins
impies, et que les ordres de notre saint père le pape n'ont
pu jusqu'à présent faire rentrer dans le devoir. Je l'ai vu cet
homme, je lui ai parlé,
j'ose
vous en Taire l'aveu , bien que je
sois sans doute en cela très répréltensible. Je vous raconterai
comment les choses se sont passées.
qu'il convenait à un voyageur médiocrement chargé iï'àrg'
L'hôle est nu brave ftomine tout rond au moral comme au
sique, et fort communicatif. H entendit à mon accent qu'il av;
affaire à un étranger, et apprenant que
j'étais
Flamand, il i
demanda ce qui se passait, quant à la religion, dans notre pays.
Pendant que je salîsfaisaîs sur ce point «a curiosité, il me versail
d'un petit vin blanc fort agréable avec une générosité dont je
trouverai, sans nul doute, l'explication sur mon compte. Dans
sura
.bmhu
es M
mmil
CHAPITRE VIL*
Les
coulisses
de
Sulnt-CIirysosldme.
Il fallût bien se conformer à l'ordre élabli. Gabriella comparut devant l'aréo-
page lyriquei accompagnée de sou père et de son frerê ;
elle
chanta les mêmes
morceaux qu'elle avait chantés a Galuppi, et puis elle se retira pour attendre
la décision de ses juges. Le cœur de Giuseppe ne battait pas moins fort que le
sien,
et Angelo n'était pas non plus exempt d'inquiétude. Ils se tenaient tons
les trois blottis dans un coin obscur du théâtre, espèce de monde à part, où il
fait nuit tant que le jour dure, et où il ne fait jour que la nuit. Angelo guettait
au passage quelqu'un des membres dn redoutable tribunal. Le premier qui se
présenta, ce fut le jeune Mocenîgo, dont la physionomie sévère n'annonçait
rien de bon. Heureusement le présage était trompeur. Apercevant Angelo,
qui le saluait profondément, il alla droit à lui :
Mon compliment, dit-il, Buranelio ne s'était pas trompé; tu as des en-
fan'tsqni promettent, qui déjà même ont du talent. La noble compagnie m'a
chargé de te dire qu'elle les encouragera, qu'elle les aidera par tous les moyens
possibles. D'abord elle entend qu'ifs viennent tous les soirs au théâtre..., c'est
cè qu'il y a de mieux pour les former. Toi, qiil.ês de là maison, tu dois èn sentir
l'avantage...;. Après cela, noua verrons, nous essaierons.... Buranelio m'a
O -voir les numéros 51 et 52 de l'année
18i6,
et les numéros I, 9, i, 5, 6,7, 8,
0, II, 12,_ttet i5do cetioannée. ' \
parlé'd'un opéra de lui, d'une Si rat onice... Il faut d'abord connaître l'ouvrat-e
et savoir si le rdle convient à la signora; quani à ton fils, qu'il continue â
bien travailler, et l'année ne se passera pas sans que nous l'employions à
quelque chose.
Pendant cette courte allocution , dont chaque syllabe n'avait pas pins toi
touché son oreille qu'elle pénétrait jusqu'à son cœur, Angelo lâchait de se re-
cueillir assez pour trouver une forme de remerciement digne de l'extrême
bienveillance qu'on lui témoignait
;
mais 11 n'eut pas le temps d'exprimer
sa gratitude. Mocenigo disparut lestement, les laissant, lui et ses enfants,
plongés dans une sorte d'extase qui leur coupait à tous trois la parole. Ils se
regardaient, souriaient en silence, et ce ne fut qu'au bout de quelques minuits
qu'ils retrouvèrent assez de force pour se communiquer leurs sensations.
—.Mes enfants! s'écria le père,
Mou père
I
s'écria ia fille.
Chère Gabriclial dit Giuseppe, en serrant tendrement la maiu de sa
sœur.
Allons vite chez Galuppi, reprit Angelo; noire premier devoir est de re-
mercier l'homme Illustre qui nous a recommandés à ce noble seigneur.
Et ils prirent en toute haie le chemin de la maison du vieux maestro, qui,
lorsqu'ils arrivèrent, se disposait à sortir. Angelo le pria de l'excuser s'il le re-
tenait un instant, mais il éprouvait le besoin impérieux de lui raconter com-
ment les choses s'étaient passées. Galuppi écouta ce récit avec unecertniae
froideur et d'un air de défiance auquel Angelo, dans son enthousiasme, in-
fit aucune attention. Quand le récit fut à peu près terminé, Galuppi dit a
Angelo :
Ainsi donc, tu es content
Si je le suis qse pouvais-je désirer de plus?
130
т^тгттч
чт GAZETTE MUSICALE DE PABÌ0
K±iV UJGi л* и<ь.» .
...или.—IU.
la conversation, je lui avais appris que j'exerçais" la profession
de musicien. Il me demanda, car il n'est pas, comme vous voyez,
avare de ses questions , si je connaissais les cantiques donHês
airs ont étécomposésparle docteur Martin Luther. Je lui répon
dis que non. Sa surprise t grande; il se récria et Ctsiiien que*
je fus ol>iigé dé lui promettre d'aller avec lui chez le dfleteuroqb'it
connaît pour lui fournir
la.
bière dont il fait une ample consom
mation. Vous trouverez peutÊtre que de justes scrupules reli
gieux auraient dû m'empêcher d'avoir aucune communication
avec un pees&anage* si malheureusement célèbre ;;rnaïs l&aeife*
riosité et l'amour désmomart n]'èiiA;enîmîriéV;Si
j'p:comiHï&am=|
péché, priéVçommei..je prie
mc4Rmâme^pouxiq^.'iLtneitsoii4nBit'
donné. Je safô'deoïeoTé férnie.dâns?ma Î4i, malgré cetqae
JMSVUBI
et entendu, de contraire à notre sainte religion. N'y aLil pas
aussi à cela quelque mérite?
Nous nous sommes donc rendus, mon hôte efcmoij cn%z le
Ï
docteur Martin qui demeure dans le couvent des Angustins, on il
n'est resté , après le départ des moines, que le prieur et lui. Au
moment où nous arrivâmes, le docteur était dans le jardin, cul
tivant de ses mains des fleurs, qu'il aime., à ce que me dit mon
hôte , avec passion. Il enlevait les mauvaises herbes d'une plaie
bande de violettes qui embaumaient
l'air.
Luther rendit a. maître
Schulz, mon hôte, le salut que celuici lui fit humblement, et
m'accueillit bien lorsqu'il sut que
j'étais
uu musicien flamand,
estimant beaucoup, me ditil, les artistes de mon pays. Il nous
conduisit dans le logement fort propre, mais très simple, qu'il
occupe dans le couvent, et il nous fit voir avec bonhomie les trois
pjèces dont se compose.son habitation. La première est son. ca
binet de travail qui lui sert aussi de salle de réception. Les mars
sont blanchis à ta^haux.; on y voit le portrait.d'un, de ses dis
ciples appelé Helanchton, et celui de l'électeur Frédéric, par le
maître peintre Lucas Cranacb, puis aussi, je mugis de le dire,
s caricatures contre notre saint père le pape. Deslivres en petit
nombre, ettousde théologi,e,ï.s.onl rangés,ave.c,peu,d?prdr,e.sur .
fies,
planches de chêne. Le jour pénètre à travers des vitraux co^
loriés,
et éclaire gaiement la chambre. Prés delà porte d'entrée, "|
pendent, entre des pipes diversement arrangées, une flûte et une
guitare. Le docteur joue de ces deux instruments.; c'est luimême
ttiji me l'apprit, et jé puis vous citer ses propres paroles.
« VoiGi, me ditil, mes deux compagnons de travail. Quand je
suis fatigué d'écrire, quand mou cerveau s'allourdit, ou bien
lorsque le démon vient raejoueT un lourde sa Façon,je prends
nia., flûte et
je.
joue quelque caprice. Mes idées alors redeviennent
,1'aïches
comme la fleur qu'on trempe dans;l'eau, le démon
s'enr
fuit, et je me remets à l'œuvre avec une ardeur nouvelle, La mu
sique est une révélation divine; l'homme, sans Dieu, ne l'eût
jamais trouvée. Il n'y a pas de remède plus efficace pour chasser
les mauvaises pensées, les penchants à la colère, les inspirations
ambitieuses^ les désirs coupables. C'est la voix la.plus sûre dont
NIOIUMET^Husse
se servir pour faire parvenir jusqu'à Dieu ses
peines, ses soucis, ses pleurs, ses souffrances , son amour et sa
reconnaissance; c'est la langue des anges r'.ans le ciel; etsur la
terre , celle des anciens prophètes. »
J'ainraisfà
entendresappiécièiiraiiiaEi'Ert que&ousjo&tez appris
à connaifcÉe., in torcher
nmîtretJBflri^yoi
falMifeil que mon émo
tion fûtttoublérkpar laqipnséè e
de4Êlle3spa*olésîétaienL
dites
par
uraibËFétique?
Le ddcleuiBl^liîrânsnsafiiQf
dè*n»Hs
rafraî
chir, ce que nous acceptâmes, car il faisait une grande chaleur.
ILalla luitinéruetà la cave, et nous versa d'un vin si délicieux que
jamais
je;n!ci]jasais
bu de semblable: c'était du malvoisie. Le
docteur nous dit de ne point nous en faire faute, car ii n'en
nianquaîtpas, rélecteur lui ayant fait présent de tout ce que
contenaient les.celliers du..couvenl,.lors de la sécularisation des,
moines. Pour m'engagera vider monverre, il but à la sauté'des
musiciens de notre pays et surtout à celle du célèbre maître Jos
quin, sur lequel il porta ce jugement: «Josquin gouvernera
note,
tandis que les autres sonl gouvernés par elle. » Et il con
tinua : « Je n'aime pas ceux qui n'aiment pas la musique , cet
art céleste par lequel sont dissipées les inquiétudes et lespeines
de cœur. Chantons, chantons souvent. Il faut que tout maître
d'école soit musicien, il Faut qu'aucun prédicateur ne puisse
monter en chaire
3vant
d'avoir appris à solfier. » En disant ces
mots,
le docteur entonna un chant dont il a composé les paroles
et la musique, à ce que nie dit l'hôte de
l'Ours
blanc, et qu'il ût
entendre pour la première fois lors de son entrée à Worms.
Ma H in Luther a voulu me faire connaître, en ma qualité de
musicien, les changements qu'il a introduits dans le chant de.
l'Eglise. Mon introducteur
s'est
retiré, et nous sommes restés,
le,:Céfèbre hérétique et u$oi, devant un.Jiureau sur lequel étaient
étalés des livres de musique. Mes yeux se portèrent sur un beau
Christ en ivoire merveilleusement sculpté par
UD
artiste de Nu
remberg. Je demandai pardon au divin Sauveur de considérer,
ainsi l'œuvre de l'impiété; mais c'était comme artiste que je Je
faisais, et toute mon attention, était concentrée sur la note, sans
préoccupation du texte.
Vous ne reconnaîtriez.pas> mon cher, maître, dans, le livre.de
chant, de la nouvelle Église lamusique que vous croye*, .comme
jele crois aussi, être, la vraie musique de lareligion, et à laquelle
El tu conduiras tous les soirs ton fils... cl la
П
Ile
au théâtre?,,.
Puisqu'on leur fait l'honneur de les y admettre!.... N'estce pas dans,
leur intérêt?...
Certainement...; mais il pourrait se faire que cet intérêt ne fut. pas.le
seul I... Ecoute, Angelo, continua Galuppi en le tirant à
l'écart
et en,baissant
considérablement la voix,....je te dois cet aiis en. conscience, ne icCe pas
trop au
JL'unc
Mocenjgo, et prends garde a ta filial...
Ma lillc, reprit vivement. Angplo, est Éluvée dans les bons principes. JE
mettrais ma main au feu qu'elle est absolument comme
l'enfant
qui vient de
naître.
Raison, de plnsl elle n'en sera quesplus. facile à. étourdir, ,h en
flammer.
Ne scraije pas toujours là ?...
5ars doute, mais tu as les fonctions i remplirj et quand le régisseur
est occupé d'un e6lé,]eperene saurait exercer.sa surveillance de l'antre...,
Eniin, tu es averti... j'ai cru devoir le parler en homme d'e\périence.
Et moi, doncl.... ЛЬ Dieu! J'eypérience !.... ce
n'est
pas ce qui me
manque J'en ai шйте beaucoup trop, et je sais comme vous que les
femmesI... Mais pour.iita fille, voyezvous, j'en répondrais sur ma 101e et sur
celle de ions mes autres enfants.
Alors, tulto «« bene; puisque lu es tranquille, je le suis aussi, et je me
réjouis avec toi de ion baalienr.
En regardant Angelo s'en aller, le viens maître ne put
s'empêcher
de rire
tout bas de sa confiance, mais peulOlie
l'eûLil
partagée s'il se fut doute que
la jeune fille avait pies
d'elle
un gardien â
l'œil
sévère et vigilant, qui l'en
tourerait des
riiêmes
soins, de la
шйте
sollicitude que la
Bit
ce la plus
du
vouée. Ce gardien , ce Mentor, cet Argus,
c'était
son frire, Giuseppe, pour
qui Gabriella! nbveitrjamaistcesséíd'éiKíl'objeM'une.amilié participant de
l'adoralion'iar'saohakur'.ct du Culle parsa;pureté. En s&.qnalité.d'a'Iné de la
famille, Giuseppe
s'était
habitué 5 étendre sur Ions ses frères une espece de
protection quasi paternelle. 11 les aimait ions, mais a des degrés différents, et
avec des nuances diverses. Dans
l'ordre
ite ses affections, aprts Gabriella ve
nait son frère Rafaela; qui pourtant lui ressemblait peu de caractère et
d'esprit,
et dont Vétourderie prolongeait indéfiniment l'enfance. Cette faiblesse
morale, qui
s'alliait
à uneJjouiéde cœur excessive, contribuait à Je lui rendre
cher ; il le.choyait d'an tantplus que
l'autre
était mnins.cap.ablc do se,proté.
r luimême.
Au. contraire, l'attachement de.Giuseppe pour Gabriella se foriifiait dei
toutes lessympathìcsd'msiiuci, detous les rapports diintclligence.
C'était
elle
qu'il avait toujours trouvée le plus pris de lui dans ses éludes, dan
s,
ses. pro
grès; ils avaient marché du m'Ourcpas et grandi dans des proportions égales en
fige et en,talent. Leurs voixsc mariaient admirablement lopsqu'ils.chaniaient
ensemble. Si le frère accompagnait. In sœur, on t dit qu'ils ne faisaient
qu'une seule cl тете personne. Si la .musique était.de..Giuseppe, Gabriella
en devinait les plus fines intenlions avec une:sagacilé merveilleuse. Dans .ses
rives de сот posi leur, Giuseppe
n'imaginait
pas de félicité .comparable a celle
d'être
chanté par Gabriella, comme dans ses rêves de cantatrice, Gabriella ne
se souhaitait pas.
d'autre
gloire que celle de bien: chanter la musique de .Giu
seppe !
Telle était la.situation.respective du frÈrcel delà sentir,lorsqu'ils lirent lous
les deux leur entrée dans les coulisses du théâtre de SainNCIirysosiamej.Où,
sur la'demanded'Angelo, [iafaele ne tarda pas non plus h Etre admis.
PAUL
Sainm
( La suite au prochain, numéro.)
DEPARTS.
vous êtes
si
bien accbutumé'dcpuis trenteans_qnevousl'exécutez
sons les voûtes
de
notre belle cathédràle'd'Anvcrs.
Le
docteur
a
supprimé
les
cantiques
à la
"Vierge,l'offertoire,
les
chants
de
vigiles
et
des messes des .morts. Les proses ont été aussi
retranv
chées
par lui
comme
né
faisant point essentiellement partie'du
cuIlc.'De nos anciennes pièces,
il n'a
conservé, suivant
ce
qu'il
me dit Iniméme, que .celles
qui
contiennent
les
louanges
de
l'Éternel
et
l'expression
de la
reconnaissance des hommes pour
ses bienfaits. On
a
imprimé ici,
il y a
deux ans, sous
sa
direc
tion
,.
le recueil desmorceaux qui .doivent être chantés pendant
ïa messe, selon lanouvelle religion;
ce
recueil forme deux vo^
lûmes
, et
est intitulé :
Formula
niissœ
et
communionis
pro
ecclef
siâ.
La langue latine
a été
remplacée
par la
langue allemande^
dans la plupart des chants ; bientôt celleci régne га. sans partage.
е vous sembletîl, pas cependant que
le
latin
et
la musique re^
ligieuse
se
marient
si
bien qu'on
ne
peut, sans barbarie,songer'
a les séparer? Certes j'aime
la
langue
de
nos provinces.,,
j'aime,
notre vieux flamand
;
mais je ne voudrais pas le voir prendre dans;
le chant des offices la. place de cette belle langue latine
si
noble,
si sonore
et
si religieuse.
La
sincérité me fait
un
devoir
de
vous'
dire que le docteur Luther ue proscrit.pas complètement les
an
ciens cantiques latins, lime disait
à ce
propos
: « Je
blâme tout
le,
premier ceux qui, par
un
zèle outré, hannisseul
de
l'église
.
tous chants latins, les croyant contraires
à
l'esprit de l'Evangile ;;
mais ceux qui
ne
veulent admettre, que
des
cantiques latins
ne
font pas mieux,
car
ceuxci ne servent nullementà l'instruction
du peuple. Les psaumes allemands sont les plus utiles pour
la.
messe, tandis que les cantiques latins ne sont bons que pour les
savants
et
pour exercer
la
jeunesse. » Vous comprenez, mon cher,
maître, que Tai pris acte de l'aveu que faisait
le
docteur
de
l'uti
lité des chanls latins, mais que J'ai repoussé
ses
dangereuses
idées au.sujet
de la
messe allemande.
Il est bien dommage que Luther n'ait pascompos.é des motets,
des madrigaux ,ou des chansons,
au
lieu
de
ces cantiques impies
qu'aucun, hon .chrétien ne. peut entendre, san.s^ pécher contre
la
religion
et
contre lejiape. Je.voasl^
âî^jarMjqiie
ce)a'eèi;i,c|tf
homme est musicien par nature."le tiens'de lui.qu'il
a
commencé
à s'instruire dans l'art'dès son enfance
au
collège
de
Mansfeld,
puis
à
Eiseuach,
où
il fut reçu parmi les choristes. Vous
ne
pour
riez vous empêcher d'admirer
les
airs de ses hymnes
et de ses.
odes,
si
vous les lui .entendiez chanter, car
il a une
belle voix;
vous
en
aimeriez
le
chant
et
l'harmonie.
Ne
croyez
pas
que
cet
homme
ait
seulement
le
goût
de la
musique,
ou
qu'il se borne
à
quelques connaissances superficielles
;
il pratique.notre art selon
toutes
ses
règles. «Dès. que mes affaires me;dounent
uu peu de
relâche,, me disaitil
il y a
quatre jours,
ou
quand j'éprouve
le
besoin
de
quelqne distraction,'je m'occupe
de
musique
: j'en
fais ou j'en écoule.
Je
consacre
à ce
bel
art
mes soirées
que je
passe au milieu
de
mesamis
;
nous chantons des motets
de
Jos
quln
et
d'autres grands maîtres.
»
Ne me Wâmerezvous pas, maître, si je vous avoue que je
m
e
suis
rendu, le surlendemain de ma première visite audocteur Martin,
à
l'invitalion^u'ilmefit de partager son repas"? J'arrivai à midi,
et
nous nous mîmes immédiatement
à
table. Nous n'étions pas
en
tête
a
tête
: il
y avait deux amis
de
mou hôte,
sa
femme
et ses
enfants, car vous savez que
le
docteur, est marié. J'éprouvai
de
l'embarras de me trouver, moi bon catholique, dans une pareille
compagnie; mais,
je
vous
l'ai
déjà
dit, je
sépare l'artiste
du
moine schismalique : c'est chez celuilà et non chez l'autre que je
dînais. Le repas
fut
gai
,
simple
et
proprement servi
;
з!Ъз mets
étaient peu nombreux, le vin Fut abondant, en revanche, et excel
lent, qui plus est. On parla dé beaucoup
de
choses, de tout, ose
raije dire
:
de
la
religion
,
des moines,
du
pape dont
le
pouvoir
tem,poreI
et
spirituel
ne
devrait pins être
de
longue durée,
s'il
fallait
en
croire les convives.. Je'
fis
tout
ce
que
je
pus pour
ne
jpas entendre ces hérésies.
Le
docteur,
qui
s'apercevait
de
mon
embarras,, souriait souvent
en me
regardant; mais
il ne
m'a
dressa
pas la
parole
de
manière
à.
attaquer directement
ma
croyance.
Je fus
plus à^mon aiseqnafid la1 conversation roula
sur
l'empereur,sur.les femmes
et
môme
sur le
diable,.Quelqu'un
parla
de la
danse .et. demanda si c'était un. péché. Luther répon
:
dit
: «
Dansaiton parmi les Juifs?
Je ne
saurais trop
le
dire.
De
.
tout temps
on a
dansé chez nous saus qu'il en advînt aucun mal,
'
cela me suffit.
La
danse est un besoin comme
la
parure chez
les
;
femmes, comme les repas chez nous tous.
En
vérité,
je ne
vois
'
pas pourquoi on défendrait la danse ;
si
l'on pèche
ce
n'est pas
la
faute de ce divertissement, onpé'cheràit bien sans
lut:
dansez
.donc,
enfants.
»
Un aulre convive exprima des doutes
au
sujet de
la
comédie;
Ce plaisir ne. lui semblait
pas
plus dangereux que
la
danse.
« II
ne faut pas, ditil, condamner
le
théâtre parce qu'on
y
dit quel
quefois des choses malséantes, car alors
ne
devraiton pas con
damner
la
Bible? Mais rien
de
tout cela
,
ajoutalil,
ne
vaut
la
musique.Buvonsdonc
à
la musique; elle rend les hommes meil
leurs
et
adoucît leurs mœurs; c'est
le
meilleur baume pour
les
affligés.
II
n'y.
a
pas
de
doute que. les esprits sensibles
à la
mu
sique
ne
renferment
lé
germe
de
toutes les vertus; mais ceux
qu'elle ne saurait toucher, je ne puis mieux les comparer qu'à des
morceaux de bois
ou de
pierre. La jeunesse doit être élevée dans
cet
art
divin qui fera d'eux
des
hommes
et qui les
fera bons.
»
.
FauLil vous dire, maître, que je vidai mon verre tout d'un trait?
J'étais heureux de nè plus entendre tenir des dîsconrs pernicieux;
j'étais
heureux de voir
la
conversation
se
porler
sur un
terrain
où je pouvais la suivre sans remords.
On
apporta
au
dessert les
parties d'un recueil de motets de Josquïn,
et
nous les chantâmes
avec le respect que méritent les œuvres du maître
à
qui l'on peut
donner
le
nom
de
prince de
la
musique.
Lé dîner terminé, nous quittâmes
la
table et nous allâmes nons
'
promener au jardin
1
Le temps était superbe; l'air était embaumé
1
des suaves parfumsdes violettes, des roses
et
des chèvre feuilles.
Le docteur Martin nous
fit
admirer ses fleurs, en nous indiquant
celles
qui lui
avaient coûté
le
plus
de
soins,
et
qu'il préférait
;
.pour celle raison même. Ensuite
il
nons convia
à
une partie
de
.'Sp^le,.sôn ifeu îâvç*ïi"3[t 'ôtà sbn.hàbit,
HAUS
tfmes'de' infimefet
nous nous mîmes
a
jouer. Luther
est
très adroit aux'bôùles, il
nous gagna tous. Mélanchton,
son
disciple,
est
seul capable
de
lutter contre lui; encore n'estil pas,
à ce
qu'il paraît,
à
beau
coup près aussi habile.
Le
docteur nous disait
en
riant
Î
«"Mé
lanchton sail mieux
le
grec que moi, mais
je lui en
revendrais
aux quilles.
»
~Voiei,
mon
cher maître,
ce
que j'ai
à
vous dire de l'homme
dont
la
malheureuse célébrité remplît tonte l'Allemagne,
et
que
je
ne
m'attendais pas
à
voir de
si
près' lorsque
je me
suis mis en
rouie pour visiter ce pays. Quand vous verrez M. le curé de Nolre
"Daine, ne lui dites pas que
je me
suis assis
à ta
table de Luther,
cela
lui
ferait
de la
peine
, et il a
toujours été
si bon
pour moi.
"Maintenant, adieu et bonne santé.
.,
Je.
me recommande, à vos prières.
JÉRÔME
OE
COCKX.
'
La seconde Iettrede l'artiste flamand, que j'ai traduite égale
vinènt et que j'aurai l'honneur de vous envoyer,
est
relative à.uue
séance de l'auberge de
VAiglenoir,
où Luther allait chaque après
midi
, et
où notre jeune Auversois Je
vit
entouré des principaux
de ses disciples. C'est encore
à la
musiqne qu'est spécialement
consacrée cette secunde lettre; c'est encore Luther musicien,
bien plus que Luther réformateur, qu'on
y
voit en scène.
Agréez, etc. En.
FÉTIS.
REVUE ET GAZETTE MUSICALE
Manees
da Vendredi-Saint, da Jour de Paques
et
du dimanche de
Cuasimodo.
Entre un concert dit
spirituel
et un concert ordinaire, il n'y
a guère de différence que le saint caractère du jour où le premier
se donne et Tin terca lali on de quelques morceaux religieux, plus
souvent religieux par le texte que par la couleur, te reste du
programme appartient forcément à l'ordre profane, les compo-
siteurs de musique inslruuienlale n'ayant point encore songé à
écrire de symphonie sacrée. Mais cela peut venir en ce lemps-çi,
où
l'art
des sons vise à traduire, à peindre toute chose. Au fait,
savez-votis qu'une symphonie catholique, apostolique et ro-
maine, aurait honne figure sur t'affiche un jour de Vendretli-
Saiul? Faute de cet élément tout spécial, la société a dû se con-
tenter de quelqu'une de ces œuvres riches d'effet pins que de
piété, qui forment son répertoire. Elle a choisi la symphonie en
la
mineur de Mendelssolin-Barlholdy, celte mélancolique-
gende, inspirée des souvenirs du moyen-âge. Là aussi il y a
bien quelque parfum de cathédrale gothique; c'est une des faces
saillantes de ce roman musical à la fois fantastique et chevale-
resque.
Nous avons analysé, à son apparition, cette composition si
remplie d'intérêt. Notre opinion n'a pas plus changé sur ses-
rites nombreux que sur le défaut capital qui la privera toujours
de popularité. Ce défaut, c'est la monotonie et je ne sais quelle
teinte de langueur, propre à assoupir la verve de l'enthousiasme, j
Telle est la cause' de l'accueil assez froid que le public fait tou-
jours à cet ouvrage, supérieur à tant d'égards. .Artiste conscien-
cieux, plus désireux de chercher la vérité que les effets à succès,
Mendelssohn s'oublie trop parfois dans sa contemplation indivi-
duelle. La prolixité et l'amour exagéré des petits détails, voilà
le double écueil de son talent. En Ira vaillant.sur des dimensions
plus resserrées et à plus, grands traits, MendelssôUn arriverait
immédiatement à celle complète réussite, qu'il côtoie, qu!il
effleure chez nous sans pouvoir l'attaquer de front ni l'enlever
d'assaut.
Le programme rapprochait de cet ëminent artiste le souvenir
d'un grand compositeur, qui possède à un bien haut degré
l'esprit du succès. Cherubini , en dépit de l'auréole scieniïlique
répandue autour de son nom, était doué de ce tact délicat qui
fait pressentir l'à-propos, la portée réelle des moyens, des effets.
Son
AgnusDei
est en ce genre un des morceaux les plus habiles
qui se puissent imaginer. Le procédé du
decrescendo
et du ¿na- !
nissimo
admirablement prolongé, qui termine cette belle page , '
est l'idéal du pittoresque
expressif,
de.ee pittoresque poétique,
saisissant, susceptible de frapper l'imagination. Cet
Agnus,
en
quelque lieu qu'il soit chanté, transporte la pensée sous les
voûtes d'une immense et mystérieuse basilique. II éveille , avec
une énergie souveraine, des'sensations éminemment religieuses.
C'est par là qu'il surpasse de beaucoup, en portée, les fragments
du
Requiem
de Mozart, exécutés dans le même concert ( si tant
est que ce
Requiem
soit réellement de Mozart, ce dont les do-
cuments historiques permettent de douter). Le Otes
irte,
le Rex
tremenda,
le
Confutatis
ri'ont pas, au point de vue religieux,
la centième partie de la puissance d'action de cet
Agnus.
Le
Lacrymosa
est le seul morceau de celle messe funèbre qui porte
an cœur et réponde à la poésie du sujet. La réputation classique
du
Requiem
de Mozart pâlit toujours lorsque l'œuvre est exécu-
e à l'église même. On y reconnaît trop l'absence presque totale
de l'esprit sacré. L'école y masque la foi. Combien plus d'onclion
pieuse , d'éloquence vivifiante , de vérité évangélique n'y
a-t-il
pas dans le petit Ave
verum
écrit par l'immortel auleur de Don
Giovanni
! Certes on n'y trouve ni grand style fugué, ni re-
cherches scientifiques, ni travail compliqué, digne d'être re-
commandé par un professeur de contrepoint. Mais il y a mieux
que cela, il y a le goût, c'est-à-dire l'intelligence précise du
texte et de la situation. C'est un simple élan de l'âme en présence-
du tabernacle. Mais quel élan t et aussi quelle âme
I
Cet Ave
verum,
dont l'Allemagne savante est restée longtemps
sons faire grand cas, est une des compositions de Mozart les
plus aimées en France. Il ne manque, jamais son effet. On l'a re-
demandé avec transport au.Conservatoire, le jour de Pâquesjet
remarquez que le public des concerts spirituels est presque en-
tièrement renouvelé. Ce n'est donc pas là une admiration routi-
nière, mais franche et sincère , pure de tout alliage. L'ouverture
de
Le'onore,
de Beethoven, une des trois préfaces qu'il a eu le
caprice de mettre tour à tour en tête de son
Fidelio,
a également
reçu l'estimable accueil qui lui est bien dit. Les honneurs du
Iriomphe ont élé réservés pour la symphonie
Pastorale,
que la
Société a exécutée avec plus de splendeur, s'il est possible , qu'à
l'ordinaire. Les deux concerts spirituels, on le voit, étaient de
véritables solennités, auxquelles il ne manquait même pas le
prestige de la soirée et des brillantes parures. Cependant, pour
ue venir
qu'tD
plein midi, le concert du dimanche de Quasi-
modo n'a pas élé moins remarquable sous le rapport musical.
Le programme se composait des
Ruines
d'Athènes,
du chœur des
cliassc-urs
d'^Kn'nn/Ac.desfragmentsduicpiiiordeBeelhoven,
et
delà symphonie en ut
mineur.
On pouvait se contenter à moins.
Nous l'avouerons même, le publiese serait fort bien trouvé qne la
Sociétét failentendredes
Ruines
d'iiAe'wesseulemenllechœur
des
Derviches,
la
Marche
turque,
la grande marche si connue et
le finale. Il n'y a pas à se le dissimuler, tout le reste est assez-
diocre. L'ouverture est incohérente, insignifiante. Le duo des
Grecs modernes, que quelques rares assistants ont essayé de
chaudement applaudir, ne s'élève pas au-dessus de cent petits
duos de l'ancien répertoire de l'Opéra-Comique, qu'on n'écoute-
rait pas signés d'un autre nom. Pour le chœur d'introduction et
l'air
de basse , ils n'ont aucune importance. En vérité , personne
ne pousse plus loin que nous l'admiration et même le fanatisme
ponr les œuvres de Beethoven dignes de cet immense génie ; mais
notre vénération nevapas jusqVà croire que tout ce qu'il a laissé
soit nécessairement et fatalement beau. Ceei tiendrait de la su-
perstition, de l'idolâtrie. Or, comme nous pensons que si
l'ar-
tiste provoque l'admiration ,
l'art,
de son côté, mérite un culte
plus pur, plus désintéressé , nous persistons à dire que la So-
ciété ne sert ni
l'art
ni l'artiste en donnant de la publicité à une
œuvre, dont quelques parties seulement devaient êlre produites.
Nous persistons encore à soutenir que l'abrégé en prose et vers
du mauvais mélodrame de Kotzebuë pouvait subir encore d'utiles
amputations.
Les sympathies profondes qui nous lient aux destinées de la So-
ciété des concerts nous portentàexprimeravecfraiichisedcs ob-
servations qne nous tenons pour justes. Celle haute estime, dont
nous nous Taisons honneur, nous impose la loi de prendre parti
pour les intérêts positifs de
l'art
et d'émettre le bl;ïme , lorsque
l'occasion, bien rare , il est vrai, vient à s'en présenter.
C'est ainsi que nous nous étonnerons d'entendre exécuter par
une société si profondément dévouée au culte d» beau, le chœur
des chasseurs
à'Eurianthe,
non pas tel que Weber l'a écrit et
qu'on le lit dans la partition allemande, mais tel qu'il a été
arrangé
en France pour un pastiche. Bans la partition originale
de Weber, ce chœur si chaud, si coloré se compose de deux cou-
plets tout bonnement séparés l'un de l'aulre par une fanfare de
cors de quatre mesures. Au contraire , dans le morceau arrangé
ou plutôt dérangé, à cttle courte ritournelle a été substituée une
période médiaire vocale et instrumentale. Qu'elle soit emprun-
e à Weber ou à un autre compositeur, qu'elle ait même du
mérite considérée en elle-même, ce n'est pas la question. Le
point incontestable et condamnable, c'est que celle période
n'appartient pas au morceau conçu par l'anteur. Fûl-elle cent et
cent fois plus belle , a-t-on le droit de défigurer ainsi un frag-
ment original, d'y coudre le premier passage venu, de l'étendre,
de le raccourcir à volonté, de modifier au gré du caprice la pensée
d'un artiste? et de quel artiste, s'il vous plaît! de celui qui rite-
DE PARIS. 13
dilail
le
plus ses «ompesilions avant
de
leur donner
la
forme
finitive, La Société des concerts
ne
peut ignorer
le
sacrilège dont
elle se rend depuis si longtemps coupable
:
nous le signalons avec
d'autant plusde forcé, que
le
sens
des
paroles françaises adap
'
tées
à ce
chœur change absolument
la
situation,
en
dénature
le'
caractère
et
ternit
le
coloris frais
et vif,
impétueux
et
brillant
dontWeber
a
revêtu celte riche inspiration. L'auteur
du
pas
tiche niellait en scène des chasseurs inquiets, troublés cherchant
tristement
et
de nuil leur prince égaré dans
la
forêt, tandis qu'au
troisième acte de YEurianihe
de
Weber la troupe des chasseurs,
joyeuse, insouciante, salue,
au
grand.soleil, avec acclamation
et
transport, l'arrivée du
roi qui
vient s'ébattre dans
les
bois. D'une
part anxiété mystérieuse
et
teinte sombre,
de
l'autre joie
im
pétueuse, franche
et
respirant
le
bonheur.
On ne
peut guère
choisir deux situations plus opposées, et. parlant, défigurer plus
nettement
une
musique
qui
suit malgré elle
le
caractère
des
idées nouvelles auxquelles
on
veut l'accoupler.
En voilà suffisamment,
ce
nous semble, pour démontrera
quel point
on
altère
la
physionomie d'une
des
pages
les
plus
brillantes
de
l'auteur
du
Freischutz.
Si nos
paroles trouvent
de
l'écho, espérons
que la
partition primitive sera désormais pré
sentée sous son véritable aspect.
Cela
dit
pour l'acquit
de
notre conscience
et le
repos de l'âme
du composileur, achevons
ce
compterendu
en
poussant avec
l'auditoire
une
dernière exclamation adniirative
en
présence
du
septuor
de
lîeellioven
et de la
symphonie
en ut
mineur, qu'il
est impossible de rendre,
l'un
avec plus
de
délicatesse, de grâce,
de fini, l'autre avec plus
de
verve,
de
largeur,
de
solennité.
Cet
éloge peut
se
donner sans restriction,
nul ne
songera
a
nous
contredire.
MAURICE
BOURGES.
COUP
D'OEIL MUSICAL
SUR;
bES CONCEHTS
SE IA
ЗАЩОХ.
C'est
une
bonne fortune pour nous, analyseurs
de
concerts, de
virtuoses très connus
et de
leurs fantaisies
un peu
trop connues
aussi, lorsque nous avons à signaler quelques artisl es nouveaux qui
viennPnl
rompre
la
monotonie de nos soirées musicales. Dans une
de ces soirées, deux jeunes enfants delà Germanie se sont fait en
tendre
sur le
violon
et sur le
piano.
M.
Cari Hohuslock, premier
violon du duc de Brunswick, possède bien
le
mécanisme de son
iu
sirumenl
; il a
compose
de
plus une symphonie intitulée
: Sur la
mer,
couvre curieuse
de
musique imitalive dont nous avons
lu la
partition,
et qui,
conçue dans
les
idées
nouvelles,
a
peutêtre
la prétention
de
peindre trop
de
choses, mais
qui
témoigne
de
l'imagination
du
compositeur
qui l'a
écrite. Mademoiselle Adèle
Hohnsloclt, âgée
de
seize
ans et
sœur
de ce
violoniste,
est
pianiste
de la
princesse régnante
de
BensheimTecklembourg.
Cette jeune artiste d'avenir exécute d'une manière brillanle,
de
ses
petites
et
vigoureuses
mains,
les
morceaux
les
plus difficiles
de
nos
compositeurspianistes,
en
laissant toutefois désirer
dans
la
mélodie, dans
les
passages d'expression,
un peu de
cette
malléabilité
de
loucher
qui
vient plus tard, quand
il
naît tant
de choses dans
la
tête
el le
cœnr d'une jeune fille. Celleci
dit
d'une
façon
charmante
de
fort jolies études
de
Charles Mayer,
excellent pianistecompositeur qui habile la Russie. Nous aimons
t
à prédire
un
riant avenir d'artiste
à ces
naïfs enfants
de
l'har
monie, dussentils mettre
en
oubli
nos
bienveillantes prédic
tions quand
ils
seront arrivés
à la
célébrité;
car le
virtuose
qui
vit dans l'état permanent de celte célébrité
s'en
grise assez
fa
cilement:
il se
distingue assez ordinairement
par
l'ingratitude
envers les organes
de la
publicité qoî presque toujours commen
cent, édifientleur réputation
et y
mettent
le
sceau. Le virtuose
'
pur
sang,
qui a
jeté toutes
ses
facultés intellectuelles dans
ses
doigts
el
dans une formule classique
de
concerto,
ou la
forme
romantique d'une fantaisie, est
un
type curieux
à
observer
et co
mique
à
peindre: nous nons donnerons quelque jour
ce
plaisir.
Le virtuose Vieuxtemps
a
donné
son
second concert, mer
credi
14,
dans
la
salle Herz. Celle soirée musicale ne lui a guère
rapporté plus
de
bénéfice
que la
première ,''mais
lui a
valu ail
lant d'applaudissements.
M.
Hermann, qui
a
autant d'homonymes
en
Allemagne
que
M. Lefebvre
en a
dans nos almanachs
du
commerce
et
des vingt
cinq mille adresses,
a
donné
un
concert dans
la
nouvelle salle
de
M. Sax.
Le
bénéficiaire, bon composileur vocal elpiaiiislecomme
tout
le
monde,
a
fait figurer quatorze fois surle programme son,,
nom, interligné par ceux de Tualberg,Hatévy,DonizeUi el ILossînU
.
On
a
entendu avec plaisir dans celte séance,
on a
même
ap 1
plaudi chaudement
de
fort jolies fantaisies bien exécutées
sur
Ie~
piano,
el de non
moins jolies chansons intitulées: Bonjour,
Su,
son!
puis:
Non,
Suzon,
pas
encore;
et
puis:
Adieu,
Suzonl'ic
tout rimant,
à ce
que nous croyons avoir entendu, avec
gazon..
|
A
la
suite
de ces
charmantes bergeries, mademoiselle Laure
Jankot
a
chaulé
le bel air de la
Reine
de
Chypre,
en
aspirante
;
à
la
succession
de
madame Stollz, méritant qu'on vérifie
ses
litres.
On
a
remarqué dans
ce
concert
un 0
salutaris
à
quatre
voix,
el une
fort jolie rêverie pour
le
piano inliluléc:
Une
nuit
à
Venise,
dite
en
bon pianiste
par le
bénéficiaire M. Hermann.
Le public des concerts, cette matière humaine
et
soidisant
musicale, imposable
et
corvéable
à
merci,
s'est
rendu
à
l'appel
de M. Salvator, pianiste
el
compositeur comme
le
précédent.
Ce
public,
qui ne
ressemble
en rkn au
public turbulent, cabalaut
et sîfOant des théâtres
; ce
public
qui
n'est point encore souillé
\
4u contact
des
claqueurs
de
profession
; ce
publicbienveillant
y
1
patient, indulgent
s'est
retiré paisiblement,
et pas
autrement
' ,
cîiô
de
n'avoir eutendu
que la
moitié des morceaux
que lui pro |
mettait
ie
programme
de
cette soirée musicale donnée dans
les. ;
salons
de
M. Èrard.
Ses
chanteurs
et
autres solistes
lui
ayant
I
fait défatfl,
NT
Salvator
a
fait lace
à
lotit;
il a
fait prendre pa
j
rïence
à
ses' auditeurs
et
leur
a
Tait même plaisir
en
leur disant
'
Un
voyage
en mer, un
Chant
de
berceuse,
une
Tarentelle,
un^ j
fragment de Symphonie funèbre, une Romance sans paroles
et un
boléro,
le
toul pour piano seul.
Un
printemps sans amour,
mè '
lodie pour voix
de
soprano, fort bien chantée
par
mademoi
selle Félix
et non
moins bien accompagnée
sur le
hautbois
par
M. Sabon,
ont
prouvé
que M.
Salvator comprend bien
les
effets
duslyle vocal légèrement instrumenté.
Madame JulienBoucher
est une
cantatrice —si
l'on
peut
donner
ce
titre
aux
personnes
qui
disent exclusivement
la ro
mance—chantanlavec goût, avec expression, avec esprit même,
mais tout cela
un peu
trop identique
el
comme stéréotypé dans
les trois invariables couplets dont
se
composent
ces
étincelles
musicales. Plusieurs de celles que madame JulienBoucher nous
a dites sont composées
par
elle,
du
moins
à ce
qu'annonçait
une note écrite
à la
main
sur le
programme.
Le
litre d'auteur
de quelques unes
de ces
romances dont
les
mélodies sont fraî
ches
et
spirituellement déclamées,
ne
pouvait qu'ajouter
du
prix,
et la
bénéficiaire
l'a
saus doute pensé,
à la
manière expres
sive
et
pleine
de
goût dont elle
les a
chantées. 31. Maurin, jeune
violoniste d'avenir,
a
joué
une
fantaisie d'AIard, dans
ce
con
cert,
de
façon
à se
faire justement applaudir.
Et
puisque nous sommes
en
voie de galanterie
à
l'égard
de
la plus jolie moitié
du
genre humain, pourquoi
ne
diriousnous
pas
que
mademoiselle Cécile Mainguet
est une
jeune personne
qui joue fort bien
du
piano
et qui l'a
prouvé dans
le
petit con
cert qu'elle
a
donné
à ses
connaissances dans
les
salons
de
M. Hesselbein? Pourquoi n'ajouterionsnous
pas que
made
moiselle Sophie Lefebvre, pins jeune pianiste encore, puisque
le programme
du
concert qu'elle
a
donné
le
lendemain, dans
le môme lieu,
la
douait
de
quatorze
ans
seulement,
s'est
mon
trée enfant précoce
au
physique ainsi qu'au moral? Nous
di
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