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чт GAZETTE MUSICALE DE PABÌ0
K±iV UJGi л* и<ь.» .
...или.—IU.
la conversation, je lui avais appris que j'exerçais" la profession
de musicien. Il me demanda, car il n'est pas, comme vous voyez,
avare de ses questions , si je connaissais les cantiques donHês
airs ont étécomposésparle docteur Martin Luther. Je lui répon
dis que non. Sa surprise fût grande; il se récria et Ctsiiien que*
je fus ol>iigé dé lui promettre d'aller avec lui chez le dfleteuroqb'it
connaît pour lui fournir
la.
bière dont il fait une ample consom
mation. Vous trouverez peutÊtre que de justes scrupules reli
gieux auraient dû m'empêcher d'avoir aucune communication
avec un pees&anage* si malheureusement célèbre ;;rnaïs l&aeife*
riosité et l'amour désmomart n]'èiiA;enîmîriéV;Si
j'p:comiHï&am=|
péché, priéVçommei..je prie
mc4Rmâme^pouxiq^.'iLtneitsoii4nBit'
donné. Je safô'deoïeoTé férnie.dâns?ma Î4i, malgré cetqae
JMSVUBI
et entendu, de contraire à notre sainte religion. N'y aLil pas
aussi à cela quelque mérite?
Nous nous sommes donc rendus, mon hôte efcmoij cn%z le
Ï
docteur Martin qui demeure dans le couvent des Angustins, on il
n'est resté , après le départ des moines, que le prieur et lui. Au
moment où nous arrivâmes, le docteur était dans le jardin, cul
tivant de ses mains des fleurs, qu'il aime., à ce que me dit mon
hôte , avec passion. Il enlevait les mauvaises herbes d'une plaie
bande de violettes qui embaumaient
l'air.
Luther rendit a. maître
Schulz, mon hôte, le salut que celuici lui fit humblement, et
m'accueillit bien lorsqu'il sut que
j'étais
uu musicien flamand,
estimant beaucoup, me ditil, les artistes de mon pays. Il nous
conduisit dans le logement fort propre, mais très simple, qu'il
occupe dans le couvent, et il nous fit voir avec bonhomie les trois
pjèces dont se compose.son habitation. La première est son. ca
binet de travail qui lui sert aussi de salle de réception. Les mars
sont blanchis à ta^haux.; on y voit le portrait.d'un, de ses dis
ciples appelé Helanchton, et celui de l'électeur Frédéric, par le
maître peintre Lucas Cranacb, puis aussi, je mugis de le dire,
dés caricatures contre notre saint père le pape. Deslivres en petit
nombre, ettousde théologi,e,ï.s.onl rangés,ave.c,peu,d?prdr,e.sur .
fies,
planches de chêne. Le jour pénètre à travers des vitraux co^
•
loriés,
et éclaire gaiement la chambre. Prés delà porte d'entrée, "|
pendent, entre des pipes diversement arrangées, une flûte et une
guitare. Le docteur joue de ces deux instruments.; c'est luimême
ttiji me l'apprit, et jé puis vous citer ses propres paroles.
« VoiGi, me ditil, mes deux compagnons de travail. Quand je
suis fatigué d'écrire, quand mou cerveau s'allourdit, ou bien
lorsque le démon vient raejoueT un lourde sa Façon,je prends
nia., flûte et
je.
joue quelque caprice. Mes idées alors redeviennent
,1'aïches
comme la fleur qu'on trempe dans;l'eau, le démon
s'enr
fuit, et je me remets à l'œuvre avec une ardeur nouvelle, La mu
sique est une révélation divine; l'homme, sans Dieu, ne l'eût
jamais trouvée. Il n'y a pas de remède plus efficace pour chasser
les mauvaises pensées, les penchants à la colère, les inspirations
ambitieuses^ les désirs coupables. C'est la voix la.plus sûre dont
NIOIUMET^Husse
se servir pour faire parvenir jusqu'à Dieu ses
peines, ses soucis, ses pleurs, ses souffrances , son amour et sa
reconnaissance; c'est la langue des anges r'.ans le ciel; etsur la
terre , celle des anciens prophètes. »
J'ainraisfà
entendresappiécièiiraiiiaEi'Ert que&ousjo&tez appris
à connaifcÉe., in torcher
nmîtretJBflri^yoi
falMifeil que mon émo
tion fûtttoublérkpar laqipnséè qçe
de4Êlle3spa*olésîétaienL
dites
par
uraibËFétique?
Le ddcleuiBl^liîrânsnsafiiQf
dè*n»Hs
rafraî
chir, ce que nous acceptâmes, car il faisait une grande chaleur.
ILalla luitinéruetà la cave, et nous versa d'un vin si délicieux que
jamais
je;n!ci]jasais
bu de semblable: c'était du malvoisie. Le
docteur nous dit de ne point nous en faire faute, car ii n'en
nianquaîtpas, rélecteur lui ayant fait présent de tout ce que
contenaient les.celliers du..couvenl,.lors de la sécularisation des,
moines. Pour m'engagera vider monverre, il but à la sauté'des
musiciens de notre pays et surtout à celle du célèbre maître Jos
quin, sur lequel il porta ce jugement: «Josquin gouvernera
note,
tandis que les autres sonl gouvernés par elle. » Et il con
tinua : « Je n'aime pas ceux qui n'aiment pas la musique , cet
art céleste par lequel sont dissipées les inquiétudes et lespeines
de cœur. Chantons, chantons souvent. Il faut que tout maître
d'école soit musicien, il Faut qu'aucun prédicateur ne puisse
monter en chaire
3vant
d'avoir appris à solfier. » En disant ces
mots,
le docteur entonna un chant dont il a composé les paroles
et la musique, à ce que nie dit l'hôte de
l'Ours
blanc, et qu'il ût
entendre pour la première fois lors de son entrée à Worms.
Ma H in Luther a voulu me faire connaître, en ma qualité de
musicien, les changements qu'il a introduits dans le chant de.
l'Eglise. Mon introducteur
s'est
retiré, et nous sommes restés,
le,:Céfèbre hérétique et u$oi, devant un.Jiureau sur lequel étaient
étalés des livres de musique. Mes yeux se portèrent sur un beau
Christ en ivoire merveilleusement sculpté par
UD
artiste de Nu
remberg. Je demandai pardon au divin Sauveur de considérer,
ainsi l'œuvre de l'impiété; mais c'était comme artiste que je Je
faisais, et toute mon attention, était concentrée sur la note, sans
préoccupation du texte.
Vous ne reconnaîtriez.pas> mon cher, maître, dans, le livre.de
chant, de la nouvelle Église lamusique que vous croye*, .comme
jele crois aussi, être, la vraie musique de lareligion, et à laquelle
—
El tu conduiras tous les soirs ton fils... cl la
П
Ile
au théâtre?,,.
—
Puisqu'on leur fait l'honneur de les y admettre!.... N'estce pas dans,
leur intérêt?...
—
Certainement...; mais il pourrait se faire que cet intérêt ne fut. pas.le
seul I... Ecoute, Angelo, continua Galuppi en le tirant à
l'écart
et en,baissant
considérablement la voix,....je te dois cet aiis en. conscience, ne icCe pas
trop au
JL'unc
Mocenjgo, et prends garde a ta filial...
—
Ma lillc, reprit vivement. Angplo, est Éluvée dans les bons principes. JE
mettrais ma main au feu qu'elle est absolument comme
l'enfant
qui vient de
naître.
—
Raison, de plnsl elle n'en sera quesplus. facile à. étourdir, ,h en
flammer.
—
Ne scraije pas toujours là ?...
—
5ars doute, mais tu as les fonctions i remplirj et quand le régisseur
est occupé d'un e6lé,]eperene saurait exercer.sa surveillance de l'antre...,
Eniin, tu es averti... j'ai cru devoir le parler en homme d'e\périence.
—
Et moi, doncl.... ЛЬ Dieu! J'eypérience !.... ce
n'est
pas ce qui me
manque J'en ai шйте beaucoup trop, et je sais comme vous que les
femmesI... Mais pour.iita fille, voyezvous, j'en répondrais sur ma 101e et sur
celle de ions mes autres enfants.
—
Alors, tulto «« bene; puisque lu es tranquille, je le suis aussi, et je me
réjouis avec toi de ion baalienr.
En regardant Angelo s'en aller, le viens maître ne put
s'empêcher
de rire
tout bas de sa confiance, mais peulOlie
l'eûLil
partagée s'il se fut doute que
la jeune fille avait pies
d'elle
un gardien â
l'œil
sévère et vigilant, qui l'en
tourerait des
riiêmes
soins, de la
шйте
sollicitude que la
Bit
ce la plus
du
vouée. Ce gardien , ce Mentor, cet Argus,
c'était
son frire, Giuseppe, pour
qui Gabriella! nbveitrjamaistcesséíd'éiKíl'objeM'une.amilié participant de
l'adoralion'iar'saohakur'.ct du Culle parsa;pureté. En s&.qnalité.d'a'Iné de la
famille, Giuseppe
s'était
habitué 5 étendre sur Ions ses frères une espece de
protection quasi paternelle. 11 les aimait ions, mais a des degrés différents, et
avec des nuances diverses. Dans
l'ordre
ite ses affections, aprts Gabriella ve
nait son frère Rafaela; qui pourtant lui ressemblait peu de caractère et
d'esprit,
et dont Vétourderie prolongeait indéfiniment l'enfance. Cette faiblesse
morale, qui
s'alliait
à uneJjouiéde cœur excessive, contribuait à Je lui rendre
cher ; il le.choyait d'an tantplus que
l'autre
était mnins.cap.ablc do se,proté.
gçr luimême.
Au. contraire, l'attachement de.Giuseppe pour Gabriella se foriifiait dei
toutes lessympathìcsd'msiiuci, detous les rapports diintclligence.
C'était
elle
qu'il avait toujours trouvée le plus pris de lui dans ses éludes, dan
s,
ses. pro
grès; ils avaient marché du m'Ourcpas et grandi dans des proportions égales en
fige et en,talent. Leurs voixsc mariaient admirablement lopsqu'ils.chaniaient
ensemble. Si le frère accompagnait. In sœur, on eût dit qu'ils ne faisaient
qu'une seule cl тете personne. Si la .musique était.de..Giuseppe, Gabriella
en devinait les plus fines intenlions avec une:sagacilé merveilleuse. Dans .ses
rives de сот posi leur, Giuseppe
n'imaginait
pas de félicité .comparable a celle
d'être
chanté par Gabriella, comme dans ses rêves de cantatrice, Gabriella ne
se souhaitait pas.
d'autre
gloire que celle de bien: chanter la musique de .Giu
seppe !
Telle était la.situation.respective du frÈrcel delà sentir,lorsqu'ils lirent lous
les deux leur entrée dans les coulisses du théâtre de SainNCIirysosiamej.Où,
sur la'demanded'Angelo, [iafaele ne tarda pas non plus h Etre admis.
PAUL
Sainm
( La suite au prochain, numéro.)