PTHP4 2013/14 (L. Jaeger) - 5 -
homosexuels). Homosexuel aux multiples partenaires, expérimentant le sadomasochisme
consensuel, Foucault meurt comme une des premières victimes du Sida.
Christian DELACAMPAGNE, Histoire de la philosophie au XXe siècle, Paris, Seuil, 20002, p. 322-334.
John COFFEY, « La Vie après la mort de Dieu ? : Michel Foucault et l'athéisme postmoderne », Forum de
Genève IV, 2, 2001, 4 p.
Principaux ouvrages :
Folie et déraison : histoire de la folie à l'âge classique
(1961) : Notre conception de la folie comme
maladie mentale n'est qu'une compréhension parmi d'autres.
Les Mots et les choses : une archéologie des sciences humaines
(1966) ;
L'Archéologie du savoir
(1969) : L'agent de l'histoire des idées n'est pas l'individu pensant ; car à chaque époque, la
structure du langage dominant (
épistèmè
) décide du pensable. Seule une rupture ― anonyme et
souterraine ― permet de changer d'
épistèmè
.
Surveiller et punir : naissance de la prison
(1975) : En prolongement de la méthode
« archéologique », Foucault adopte un style d'analyse « généalogique » (terme introduit par
Nietzsche). Le changement dans les systèmes de langage est rattaché à de multiples petits
changements, sans lien entre eux, dans les structures du pouvoir social.
Histoire de la sexualité
: vol. 1 :
La Volonté de savoir
(1976) ; vol. 2 :
L'Usage des plaisirs
(1984) ;
vol. 3 :
Le Souci de soi
(1984) : Avec la disparition du Créateur, l'homme est appelé à la
« construction de soi », de faire de sa vie une « œuvre d'art », de se créer une existence de
plaisir, libérée de la recherche d'un soi pré-existant.
Jacques Derrida (1930 – 2004) : Philosophe d'origine juive, né en Algérie ; étudiant à l'École
normale supérieure à partir de 1952, il y enseigne de 1964 à 1984, date à laquelle il devient
directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Il fonde le Collège international
de philosophie en 1983. Derrida trouve sa plus grande audience aux États-Unis ; l'influence de ses
idées dépasse les milieux de philosophie professionnelle : Paul de Man (1919 – 1983), professeur
à Yale, adapte la « déconstruction », pour en faire une méthode de critique littéraire. Principaux
ouvrages :
De la grammatologie
(1967),
Écriture et différence
(1967),
Marges ― de la philosophie
(1972),
Spectres de Marx
(1993).
Manola ANTONIOLI (dir.), Abécédaire de Jacques Derrida, Vrin/Sils Maria, Paris/Mons, 2007, 248 p.
Christian DELACAMPAGNE, Histoire de la philosophie au XXe siècle, Paris, Seuil, 20002, p. 339-347.
Alain PROBST, « Une critique de la métaphysique occidentale : la philosophie de Jacques DERRIDA », Revue
Réformée XXIV, 1973, p. 29-43.
Thèmes-clés :
Dénonciation du « logocentrisme » ou « phonocentrisme » : la pensée occidentale a déprécié
l'écriture par rapport à la parole, car celle-ci procure (l'illusion de) la transparence. Au contraire,
l'écriture, marquée par l'absence de l'auteur, révèle le véritable statut du langage : il n'y aucun
accès direct au sens et à la pensée. Du coup, tout langage est nécessairement équivoque.
Différance : substantif formé par Derrida sur le participe présent du verbe « différer ». Il désigne
l'impossibilité de nommer un fondement quelconque, dans lequel la pensée pourrait s'enraciner.
Déconstruction : Derrida s'efforce de rendre ainsi le terme allemand de
Destruktion
de Heidegger,
qui signifie la fin de toute métaphysique : La réalité n'est jamais ce que nous disons d'elle ; il y a
toujours un aspect inattendu, qui vient en contradiction d'une affirmation quelconque. En
particulier, nous ne pouvons pas accéder à un quelconque point de départ « originel », fondement
de la pensée et du sens. Cf. la «voie du milieu» du bouddhisme Mahâyâna, enseignée par
Nagarjuna au deuxième siècle de notre ère
:
Où que ce soit, quelles qu’elles soient
Les choses ne sont jamais produites
A partir d’elles-mêmes, d’autres,
Des deux ou sans cause6.
6 NAGARJUNA, Traité du milieu, chap. I, 1, trad. G. DRIESSENS, 1995, p. 29.