Cahier du «Monde»N
o
21658daté Vendredi5septembre2014 -Nepeut êtrevenduséparément
Festival d’automne
Du 4septembreau31décembre
«LeCapital et sonsinge »
de Sylvain Creuzevault.
DR
Classe
contre
classe
Al’imagedujeune
metteur en scène
Sylvain Creuzevault, qui
s’emparedeKarlMarx ,
le 43eFestival d’automne
promet de grands
moments de dialectique
Dans Le 18 Brumaire de Louis Bo-
naparte (1852), Karl Marx saisit,
d’une formulecinglante,lapart
de théâtralité quitraversel’His-
toire: «Tous les grands événe-
ments et personnages histori-
ques se répètentpour ainsi dire deux fois (…) la
première fois comme tragédie, la seconde fois
comme farce.»
Ôjoiedeladialectique!Plusd’un siècle et
demi plus tard, c’estautour de Marx lui-même
de devenir un personnagedethéâtre:adapdu
célébrissime essaiduphilosophe allemand, Le
Capitaletson singe,deSylvain Creuzevault, est
l’un desspectacles lesplusattendus du 43eFesti-
vald’automne àParis.
Chaque année, àl’oedumois de septembre,
le début de la manifestation francilienne sonne
comme une rentedes classes pour lesama-
teurs de théâtre, de danse, de musique classi-
que, d’arts plastiquesetdecinéma.
Cettesaison, le mot «classes»résonnera
d’une bellepolysémie:il faudra l’entendredans
sonacception marxiste donc, mais aussi dans
sonacception générationnelle,tantl’édition
2014 fait la partbelle auxjeunesmetteurs en
scène français. Agésde25à45ans, regroupés
autour de Sylvain Creuzevault, VincentMacai-
gne, Julien Gosselin, FannydeChailléetquel-
ques autres,ces créateurs «enculottecourte»
évoluent àlacroisée desidiomesetdes discipli-
nes, avec l’ambition, la fraîcheur et la radicali
de leurs vertes années.
Ne pascroire, cependant, queParis ne sera la
capitale qued’une classed’âge. Parles «por-
traits»qu’il consacre àtrois figures tutélaires
–lechographe William Forsythe, le composi-
teur Luigi Nono,lemetteur en scène Romeo
Castellucci–,par leshommages qu’ilrend à
Marguerite Duras ou Jérôme Bel, auxquels
s’ajoutentles nouvelles créations d’artistes
aussi reconnus queMatthewBarney, Robert
Wilson ou Claude Régy, par cettemanièrede
fairecohabiter lesgénérations, lesformesetles
continents, le Festival d’automne promeut une
certaine idée de l’excellence –delaclasse, au
sens le plus aristocratique du mot, cettefois. p
aurelianotonet
2|festival d'automne VENDREDI 5SEPTEMBRE2014
0123
Dynamiter
le théâtre,
disent-ils
Çabourgeonne cet automne. Le Festival
ararementaccueilliautantdejeunesartistes
français. Qui, chacun àleur manière,
cherchentunnouveau langage
Dans le Midi, «adieu»
s’utilise parfois pour
direbonjour ou sa-
luer un proche, avec le
sourireetles bras
ouverts. Et pas seule-
mentpour tourner
lestalons et prendre
congédequelqu’un. Ce mot charnière,
quisignifie une choseetson contraire,
illustre parfaitementles tensions à
l’œuvredans le théâtrecontemporain.
«Adieu le langage!»,clame en subs-
tance une nouvellegénérationdemet-
teurs en scène français, comme pour si-
gnifierson aptitdes formes… et sa vo-
lontédetri. Ilsl’affirment:il faut donner
du jeu au théâtre, comme on parlerait
d’une portequi n’ouvreplustsbien.
Alors, bienvenueaulangage, un champ
bien plus vasteque le texte, quivadela
danseaux arts plastiques, en passant
par le cinéma. Queretient-on de l’héri-
tagedes aînés? Qu’est-ce qu’oninvente,
qu’est-ce qu’onreformule,qu’est-ce
qu’onoublie?
En écho àces questionnements, la qua-
rante-troisième édition du Festival
d’automne programme une dizaine de
jeunesartistes, venusdetous leshori-
zons. Certes,ils sont déjà bien identifiés
sur la scène contemporaine, mais ilssont
peuconnus du grand public. Tout en ex-
plorantleur proprevoie, certains se ré-
clamentdegrandes figures du théâtre
contemporain, lesClaude Régy, François
Tanguy, Roméo Castelluci–desauteurs
quelefestivalcépar Michel
Guyen1972accompagne depuis long-
temps. Il yauraitdonc une filiation. Ci-
tons-les,par ordre alphabétique:outrele
tandem PatriciaAllio-Eléonore Weber
sont présentsàl’affiche Jeanne Candel,
FannydeChaillé, Sylvain Creuzevault, Ju-
lieDeliquet, Yves-Noël Genod, Julien Gos-
selin, VincentMacaigne ou encore Phi-
lippeQuesne. Celui-ci, âgé de 44 ans, issu
desartsplastiques, estleseul, parmi le
groupe,àdiriger un lieu:leThéâtreNan-
terre-Amandiers (Hauts-de-Seine), de-
puis novembre2013. Cetteannée, il pré-
sente Next Day,une pièceavecdes en-
fants âgésde8à13ans, quidécouvrent
l’adolescence. Quand on demandeàce
metteur en scène des «microcosmes hu-
mains» commentilentend pilotercette
scène embmatique,ilrépond sur un
terrain inattendu: «Ilyaunrépertoire
contemporain, au théâtre,qui est sous-ex-
posé et que je souhaiterais mettre en va-
leurVincentMacaigne ne luidonnera
pas tort. «Unfilmd’auteur,onenparle
toujours plus que d’un spectacle qui adu
succès», confirme la star montante du ci-
néma français, alisateur,comédien et
aussi metteur en scène. Actuellement, il
estenpleine tition d’Idiot !parce que
nous aurions nous aimer !, apsavoir
créé Idiot !,en2009. Il extraitlamatière
du chef-d’œuvre de Dostoïevski, plus
qu’ilnel’adapte. «Jeveuxréentendre le
texteque j’en avais tiré il yaquatre ans,
voir où cela en est. Ne pas baisser la
garde »,dit-ilsimplement. «Tous ontune
grande ambition intellectuelle. Ça brûle,
c’estrouge et ça chauffetoutletemps»,
souligneMarieCollin, directrice artisti-
queduFestivald’automne pour la danse,
le théâtreetles arts plastiques. Paraphra-
sant le titredudernier film de Godard,
Adieuaulangage,Eonore Weberré-
sume la flexionqu’elle mène avec Pa-
triciaAllio: «Nous, ce n’estpas “A dieu au
langage”,mais adieuaulangage et aux
images.» Philosophesdeformation, les
deux auteures et metteuses en scène
s’emparentdsympmede la so-
ciété–la question migratoire, par exem-
ple–afindeproduireune pensée,et
aussi desformesscéniques. Leur pro-
chaine création, Natural BeautyMuseum,
interrogelafascination desindividus
pour la contemplation de la nature.
Avantd’arriversous lesprojecteurs du
prestigieux festival, certains de cesartis-
tes(Creuzevault, Deliquet…) onre-
spar desprogrammateurs avisés,
tels José Alfarroba, directeur du Théâtre
de Vanves,ouMarie-Thérèse Allier, de la
Ménageriedeverre, àParis, consac
la danse. «Comme dans le cinéma fran-
çais, et dans la danse, on observe un re-
nouveau dans le théâtre.AVanves, on ale
«Ilyaunrépertoire
contemporain,
au théâtre,
qui estsous-exposé.
Je voudrais
le mettreenvaleur »
philippe quesne
directeur du ThéâtreNanterre-
Amandiers
«Idiot !
parce que
nous
aurions
nous aimer»
de Vincent
Macaigne,
création
de 2009,
recréée
en 2014.
PHILIPPE DELACROIX
Non identifiable,inclassable…Bien-
venuedans la danse!Depuis une
dizaine d’années,jamais la scène
chographique n’aautant accueilliles ar-
tistesqui fuient lescadres,les étiquettes et
lesgenres pour inventer une œuvreau
carrefour desdisciplines, voirecarrément
dans la marge.
Lorsque,en2004, PhilippeQuesne crée
sonpremier spectacle, La mangeaison
des ailes,iltrouvepreneur au Manège, à
Reims. Entrecanettes de bièreelucubra-
tions entrecopains, sa piècenavigueàvue
sur le thème du volavecsimulation vir-
tuelle,interviews filmées d’un dentiste ou
d’un expert en tai-chi, créantunespace
scénique la vraievie et l’illusion théâ-
tralejouentlaconfusion. Aucune danse
dans cettebulle de sensations. Philippe
Quesne raconte: «Jemelançais dans une
aventure artistique sans présumer de rien
et je me suis soudain retrouchorégraphe
parce que remarqué par le milieu de la
danse.» Jusqu’àceque le théâtrelerécu-
re (apparemment!)etlenomme cette
annéedirecteur de Nanterre-Amandiers,
scène historique embmatique.
Ouverteetcurieuse, la dansenede-
mandeses papiers àpersonne. Philippe
Quesne vientdes arts visuels, Fannyde
Chailléafaitses apprentissages du côtéde
la dansemais aaussi collaboavec le met-
teur en scène Gwenaël Morin, Yves-Noël
Genodetl’Italien AlessandroSciarroni ont
étécomédiens. Générationdequadras,
apparus au tournantdes années 2000, ils
ontd’abord étéreconnus par le milieu cho-
graphique,etpar deslieux comme la Mé-
nageriedeverreetleThéâtredelaCitéin-
ternationale, àParis, le Manège, àReims,
amateurs de formesidites.
Yves-Noël Genod, nourri par ses dixans de
travailaupsdeClaude Régy, tissedepuis
2003 desespacesconçus sur le mode d’ap-
paritions, maillaglastique de corps, voix,
lumières. «S’ilfaut mettre un nom surmes
spectacles, je parlerai de théâtre chorégraphi-
que ou de son et lumière,pcise-t-il.La
danse m’adonné une libertéincroyable.»
FannydeChailléseconsidère, elle, «plus
comme un metteur en scène que comme un
chorégraphe»,etcompose despartitions so-
noresetgestuellesoùlerythme descorps
ne tore aucune improvisation. Souvenir
inoubliable de son Ta Ta Ta (2005), comédie
de ronflements et de claquements de porte
chographiée pour cinq interprètes.
Un pointcommun sauteaux yeux:aucun
textethéâtral dans le sens classique du
terme ne vientsoutenir le propos scénique.
«Tantque j’ai misenscène mes propres tex-
tes, je n’étais pas repérée par le milieu théâ-
tral, affirme FannydeChaillé, par ailleurs
experteenpoésie sonore. Depuis que je
m’attaque àdes auteurs référencés comme
Thomas Bernhardetaujourd’huiHugo von
Hofmannsthal, on veutmemettre l’étiquette
théâtre.Mêmesi, pour le moment, les gens de
ce milieu ne viennentpas encore souvent voir
mon travail. » Plus prosaïquement, impossi-
blededécrocher dessubventions du côtédu
théâtresionnesignalepas une œuvre
comme socle du spectacle. Exception ita-
lienne, AlessandroSciarroni, comédien, a
d’abord séduitquatrefestivals de danseita-
liens en 2007,mais estaujourd’huisoutenu
par une maison de production théâtrale.
La méthode de fabrication de cesartistes
se tache aussi de celle desmetteurs en
scène au sens classique du terme. Fannyde
Chaillénetravaille jamais àlatable sur un
texte, mais directementsur le plateauàpar-
tir de thèmesqui génèrentune idée de texte
(ou pas). Même concentrationsur l’espace
pour Yves-Noël Genod, quiaime d’abord
«habiterles lieuxpour en faire les personna-
ges principaux de sespièce.Lequel ve de
mettreenscène un ballet, «àcondition que
les danseurs me fassentplusconfiance ». p
rosita boisseau
La dansenedemandeses papiers àpersonne
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www.vidy.ch
CRÉATIONS ÀVIDY
VINCENT MACAIGNE
RODOLPHE BURGER
PERRINE VALLI
SÉVERINE CHAVRIER
MASSIMO FURLAN
ROMEO CASTELLUCCI
MARTIN ZIMMERMANN
CHRISTOPH MARTHALER
GUILLAUME BÉGUIN
MATTHIAS LANGHOFF
STANISLAS NORDEY
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ANGELICALIDDELL
CINDYVAN ACKER
MATHIEU BERTHOLET…
Et àvoir
aussi
RIMINI PROTOKOLL
SHE SHE POP
MARIELLE PINSARD
BORIS CHARMATZ
ARTHUR NAUZYCIEL
ALEXIS FORESTIER
FOOFWAD’IMOBILITÉ
DIEUDONNÉ NIANGOUNA
CHRISTIAN RIZZO
MAGUY MARIN
JULIEN GOSSELIN
NICOLAS BOUCHAUD…
0123
VENDREDI 5SEPTEMBRE2014 festival d'automne |3
3
«LeCapital
et sonsinge »
de Sylvain Creuzevault.
DR
C’estunpeu de sa faute.
Si tantdecollectifsse
sont imposés sur les
scènes, cesdernières années,
si une nouvelleesthétique a
bousculé le regardetsil’artde
l’improvisationaretrouune
vigueur qu’ilavait perdue,c’est
parce queSylvain Creuzevault
estentdans le paysagedu
théâtrefrançais un beau soir
de 2005 où, dans une salledu
sous-sol du Théâtredes Deux-
Rives, àCharenton-le-Pont
(Val-de-Marne), certains onteu
la chance de voir Visage de feu,
de Marius vonMayenburg. Un
spectaclebricoléavec3francs
6sous, mais d’une facturesi
remarquable qu’aussitla
question s’estposée :qui sont
cesjeunesgens ?Uncollectif,
fut-ilrépondu, en précisant
queson nom, D’oresetdéjà,
avaichoisi comme ça, au
hasardd’une discussion entre
lesquatregarçons quil’avaient
fondé, en 2002 :ArthurIgual,
Damien Mongin, Sylvain Creu-
zevaultetLouis Garrel.
En ce temps-là, ilsavaient
autour de 20 ans, mais leur his-
toires’étaitsouequand ils
étaientlycéens, et que, jà, ils
faisaientduthéâtre. Depuis,
beaucoupd’eau acousous
lesponts de Charenton:le col-
lectif, quiapsenté Baal,
en 2006, puis Le re Tralalère,
en 2008, et Notre terreur,
en 2009, n’existe plus. L’ami-
tié, elle,est indéfectible :vous
pouvez la voir àl’œuvre dans
Mes copains,lecourt-métrage
de Louis Garrel, devenu une
star.Sylvain Creuzevault, lui, a
faitunchoixradical:setairele
plus possible,nepas rencon-
trer la presse et travailler loin
de l’agitation du monde, dans
lesCévennes.
C’estlà, sur lesterres séres
et magnifiquesoùfut tourné
Michael Kohlaas,lefilmd’A r-
naud desPallières (2013), qu’il
s’estinstal,ilyaplusdedeux
ans. Aprèsletriomphe de Notre
terreur,qui aurait pu tourner des
années,ilaeubesoin de prendre
du champ. Tous lesgrands théâ-
tres le courtisaient, mais il adit :
«Jeferai quelque chose quand
j’en sentirai la nécessiIl est
parti, armé de sa conviction, et
d’une multitude de livres,dont
Le Capital,deKarlMarx. Aprèsla
volution française, il s’est
ainsi immergé dans un autre
grand momentdel’Histoire:ce-
luidelarévolution économique.
Il afallu beaucoupdetemps
pour quenaisse Le Capitaletson
singe.Ason habitude,etavecla
hauteexigence quilecaracté-
rise, Sylvain Creuzevaultatra-
vailsans reche avec lesco-
médiens quil’ont rejointdans
lesCévennes. En suivant le pro-
cessus de création dont il afait
soncredo,lui, l’ancieve de
l’écoleJacquesLecoq:improvi-
ser, encore et toujours, en par-
tantdesolides connaissances,
jusqu’aumomentoù, de l’im-
provisation, naîtralerécit.
C’estceprocessus quiaval
Notre terreur d’atteindreàlafois
la rigueur sans failledelavéri
historique,etlajouissance, pour
le spectateur,d’une flexionin-
carnéed’une manièreonne
peut plus simple:vêtus comme
àlaville,les comédiens étaient
autour d’une table placée
sur l’airedejeu, entredes
gradins quisefaisaientface.
Déjà, dans Le re Tralalère,
il yavait une table.Depuis,
c’estfou ce qu’onenavu,
destables, dans desspectacles
de collectifsrompus àl’improvi-
sation. En cidant de sonhis-
toire, Sylvain Creuzevault
alibéréd’autres comédiens et
metteurs en scène. Et ouvert
une despages lesplusexcitan-
tesduthéâtred’aujourd’hui. p
brigitte salino
Sylvain Creuzevault,
lider maximo
2
«Les Particules
élémentaires»
de Julien Gosselin,
créé au Festival
d’Avignon 2013.
SIMON GOSSELIN
1
«NextDay »
de PhilippeQuesne.
PHILIPPE DIGNEFFE
droit d’expérimenter, et de se tromper»,
explique José Alfarroba.
JulieDeliquet, justement, n’apas peur
de l’accident. Ses comédiens du collectif
In Vitrosontconnus comme desasde
l’improvisation. Pour une scène de re-
pas, elle apules embarquer dans une
maison, en banlieueparisienne, les
plongeantdans une improvisationde
sept heures.Elles’interroge: «Quand
j’étudiais le théâtre,onnousdemandait
d’articuler le mot “maintenant” en trois
syllabes. Ça me perturbait, car dans la vie
de tous les jours, on dit maint’nant!» Ju-
lieDeliquetrevendique un théâtredu
el:ellevapsenter une trilogie, une
saga générationnelle desannées 1970 à
nos jours, dont le troisième voletaé
écrit collectivement, avec lescomédiens.
Mais rien n’estfigé dans le marbre. Cha-
quesoir,les acteurs adaptent la trame…
Yves-Noël Genod, lui, crée àpartir de
ses comédiens, «comme Coco Chanel le
faisaitavecses modèles », sourit-il. Cet
elfe, ce dandyaux cheveux longs,
blonds, comme une mèche quible,est
uneperformance àlui seul.Ilpeut en-
voûter lesspectateurs en lisantduBau-
delaire. Pourtant, l’essentielest ailleurs,
dit-il. «Jen’aiabsolumentrien contre la
découverted’un texteauthéâtre,mais
l’obédience du théâtre au textesouvent
me gêne.FrançoisTanguydisait:“Le mot
que je déteste le plus quand on parle du
théâtre,c’est le mottexte.” » «YvNo »fait
«duthéâtre d’aprèsles lieux et d’après les
personnes». La surprisedesaprochaine
création sera totale, une fois de plus.
Avec Jeanne Candel, aussi, «onnesaitja-
mais ce quel’onvavoir », assurelapro-
grammatrice du Festival d’automne.
Forméeauthéâtre, la jeune femme est
égalementmarquée par le travaildela
chographe Pina Bausch. Elle ne part
pas d’un texte, mais de plusieurs, et se li-
vreàdes collages.
La méfiance àl’égarddulangageetde
son «absurdité» estassurémentunmo-
teur de création. C’estlecas pour Fanny
de Chaillé, quiatravailavec Daniel Lar-
rieu au Centre chographique national
de Tours. «Jeviens de la danse. Pour
créer,jepars d’une forme et non d’un
text,dit-elle.Lespectaclequ’elle va
présenter, Le Groupe,d’après La lettre de
Lord Chandos, de Hugo vonHofmanns-
thal,est «une sorted’adieu auxmots»,le
personnageneparvenantplusàécrire,
parce que, dit-il, lesmots ontperdu
toutevaleur. «Faire groupe, c’estcréer
une langue ensemble», explique-t-elle.
«C’est aussi jongler avec tous les arts»,
conclut Julien Gosselin, le plus jeune
d’entretous, 27 ans. «Lethéâtre estunart
impur,iln’a pas d’actedenaissance. Il est
né de la réuniondeladanse,delamusi-
que, de la poésie, du chant. Cettediversi
des disciplines surleplateau estlàdepuis
le début.Mais on s’estenfermé dans une
conception patrimoniale du théâtre»,
dit-il.En2013, il amis en scène àAvi-
gnon Les Particules élémentaires,deMi-
chel Houellebecq. Pourquoi Houelle-
becq?«Parce que, dans ce livre, il yaune
variétédelangages et de formes narrati-
ves, entre le décryptage de la sociétélibé-
rale,lapoésie, etc. Cela permet de tra-
vailler surlerythme, l’arme numéroun
du théâtre pour capter l’attention du
spectateur », estime-t-il. La piècesera
joe, ànouveau,dans le cadreduFesti-
vald’automne. Il couvreles metteurs
en scène de sa génération, voit leurs
spectaclesasecontamine, dit-il, mais
chacun estdifférent, poursuitsarecher-
che esthétique: «Ilnefaut pas parler
d’une nouvellevague, ce seraitréducteur.
Je suis juste content que nous soyons
nombreux »,sefélicite-t-il. Et d’insister:
«Cen’est pas du vent.Ilyaquelque chose
qui existeC’estmaint’nant. p
clarissefabre
«Lethéâtreest un artimpur,
il n’apas d’actedenaissance.
Il estnédeladanse, de la poésie,
du chant. Cettediversiest
sur le plateaudepuis le débu
julien gosselin
metteur en scène
1
23
FESTIVAL D’AUTOMNE ÀPARIS
Théâtre du Radeau Passim
FESTIVAL D’AUTOMNE ÀPARIS
Claudia Triozzi Boomerang
ou le retour à soi
cRéATION FESTIVAL D’AUTOMNE ÀPARIS
Grand Magasin Inventer
de nouvelles erreurs
cRéATION FESTIVAL D’AUTOMNE ÀPARIS
Pascal Rambert Répétition
Jan Fabre Le Pouvoir
des folies théâtrales
Jan Lauwers &Needcompany
Place du marché 76
Julie Nioche &A.I.M.E
En classe
Le festival (tjcc)
Programmation Joris Lacoste
+ Art contemporain, Claudine Doury
+Philosophie Emmanuel Alloa +Radio Lab
Joëlle Gayot
Pass & carte vos places à partir de 9
L’Art comme expérience. Théâtre de Gennevilliers. Direction : Pascal Rambert
Centre Dramatique National de Création Contemporaine.
41 avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers. Métro Gabriel Péri [13]
www.theatre2gennevilliers.com. Réservations : +33 [0]14
13
22
62
6.
design
Laurent Fétis +sarah Martinon
4|festival d'automne VENDREDI 5SEPTEMBRE2014
0123
Romeo Castellucci,fauteur de trouble
Il divise,irrite,bouleverseaussi. Si l’artiste italien provoque un rangementsiintime, c’estparce qu’ilsondeles âmesauplus
profond. Dans sestrois spectacles àl’affiche, dont un stupéfianSacre du printemp,ilvatoujours plus loin derrièrelemiroir
Romeo Castellucci,
le 24 août, àBochum,
il taiNeither»,
l’opéradeMortonFeldman.
FRANK BEER POUR «LEMONDE »
duisburg(allemagne)
Envoespéciale
L’ imagesemble à
millelieuesdec
quoi on s’attendait
–maisàquoi donc
s’attendait-on?
Longuesilhouette
tuedenoir,fragile au milieu
desimposants vestiges d’une
acrieembmatique de la Ruhr,
Romeo Castellucci pédale tran-
quillementsur sonvélo. En ces
jours d’août, il te Le Sacre du
printemps programmé au festival
de la Ruhrtriennale. Depuis quel-
ques années,ilest devenu l’artis-
te-cultedelascène contempo-
raine. Le Festival d’automne a
choisi de luiconsacrerungrand
portrait sur deux ans. Stéphane
Lissner, le nouveau directeur de
l’OpéradeParis, luiademandéde
fairel’ouverturedelasaison 2015-
2016avec Moïse et Aaron,de
Schönberg.
Le grand public, pourtant, le
connaîtmal.Ses spectacles divi-
sent,fontpeur,voireprovoquent
le scandale, àl’imagedeSulcon-
cetto di voltonel figlio di dio (Sur
le conceptduvisage du fils de
Dieu), qui, en octobre2011, au
ThéâtredelaVille,àParis, futpris
pour ciblepar un petitgroupe
d’ingristescatholiques. Mais ils
bouleversent, aussi, et troublent
au plus profond –ainsi de son Or-
phée et Eurydice,deGluck, quia
triomphé en juin au Théâtredela
Monnaie, àBruxelles.
L’homme quisuscitedes ac-
tions aussi extrêmesest d’une
douceur et d’une simplicicon-
fondantes. Du moins, il l’estde-
venu :onsesouvientdelui,
fermé, tendu, torturé, «caché der-
rière une barrière formelle »,
comme il le reconnaîtavechu-
mour.En2008, il futl’artiste as-
sociéduFestivald’Avignon.
Est-ce la rencontred’un public
plus large? Toujours est-ilque
l’homme s’estouvert. Et sonart,
cetart du choc,del’effroi, aussi.
Sans rien cédersur sa radicali
profonde, sa recherche formelle,
sonthéâtreprend aujourd’huien
chargeladouleur,lamortetles
exriencesles plus limite,les
plus universelles.
Ce futtouteune histoirepour
en arriverlà. Romeo Castellucci
semble aujourd’huiheureux
d’yrevenir,lui quinevoulait par-
lerque de théorie. Il étaitune fois,
donc, en Emilie-Romagne, un pe-
titgarçon et une petite fillequi
n’auraient jamais croiser la
routedel’art. Le re estmineur
en Belgique,ilmourrajeune, de
la silicose, la mèreest institu-
trice. Mais Claudia Castellucci,la
grande ur,décide d’allerfaire
lesbeaux-arts àBologne. Romeo,
quiatoujours étémauvais élève,
estdans une écoled’agriculture
«J’aimais les animaux ».
Et puis un jour de 1975, il a
15 ans, il croiselaroutedeCar-
meloBene, le déconstructeur fu-
rieux du théâtreitalien, quis’ar-
te àCesena, la petiteville vi-
vent lesCastellucci.Romeo se
glissedans le théâtre, l’observe,
fasciné, sans oser luiparler. Il ren-
contreChiaraGuidi, une jeune
femme qui, comme eux, estpas-
sionnéepar lesquestions d’es-
thétique,etqui deviendrasa
femme. Et il partlui aussi faireles
beaux-arts àBologne.
Ensemble,les trois jeunesgens,
«les»Castellucci,vontinventer
un nouveauthéâtre, totalement
hors descircuits officiels. Pour-
quoi le théâtre?«Parce que c’était
beaucoup plus puissantetdange-
reux que la performance. Dans la
performance, il yacertes les trois
unités aristotéliciennes, mais le
théâtre,lui, réinventelaréalité,
produitduréel, et il estleseulàle
faire. Alors, on aplongé dedans:
on atoutréinterrogé, tout réex-
ploré, de manière barbare, sau-
vage. »
Avec comme sainte trini,la
Bible,latragédieantique et le
conte de es.Lamythologie con-
trel’anecdote. Et l’histoiredel’art
comme une arme au poing. Ils
cident d’appelerleur compa-
gnieSocietas Raffaello Sanzio. Le
choixdupeintreembmatique
de la beautélumineusedelaRe-
naissance surprend. «Cela peut
d’autantplutonner que nous
avons choisi ce nom dans la pé-
riode où nous étions le plus fâ-
chés,révoltés contre l’art officiel,
s’amuseRomeo Castellucci. Mais
il yadéjà chez Raphaël le doute,
l’inquiétude quivonts’exprimer
dans le baroque. Dans un tableau
comme La Muette, on peut obser-
verdans cette beautéparfaite,le
petitpli dans la bouche qui est
déjàledébut de la crisequi va tra-
verser toutel’histoire de l’art occi-
dental, le signal du mal-être… »
Leur tout premierspectacle,
destiné auxenfants –une cons-
tante dans leur trajet–, unit
300 animaux vivants. L’animal,
l’homme et la machine:l’autre
trinité quisous-tend tout leur tra-
vail.Ensemble,Romeo et Chiara
ontsix enfants –une familleita-
lienne commeonn’enfaitplus.
Leur premier spectaclpour
adulte, Santa Sofia, théâtre kh-
mer,met au centrelanotion fon-
damentalepour eux d’«icono-
clasti,enconfrontantPol Pot
et l’empereur byzantin Léon III.
On n’avaitjamais vu ça, en Italie.
Et en France non plus, où lesCas-
tellucci boulentàlafin desan-
es 1990 avec Jules sar, Ge-
nesi, L’Orestie ou Hamlet. La hé-
menteExtérioride la mort d’un
mollusque.Des obèses, desano-
rexiques, une endoscopieprati-
quée en direct, Auschwitz mon-
trédans la blancheur et la dou-
ceur talesd’une nurseriepleine
d’enfants…
Lesuns crient au génie, les
autres àl’impostureouàl’her-
métisme. L’artdes Castellucci ne
se laissepas aborder facilement.
Chez eux, «l’image ne doit jamais
se figer en un objet saisissable, lisi-
ble et esthétiquementapprécia-
ble, mais toujours inquiéter,viser
àune violence et àune effectivi
sensitive et mentale, àuneffet de
Pour sa piècSurle
concept du visage du fils
de Dieu», en octobre2011
au ThéâtredelaVille,
il futpris pour cible
par un petitgroupe
d’ingristescatholiques
scandale», analysentChristian
Biet et Christophe Triaudans
Qu’est-ce que le théâtre ? (Ed. Gal-
limard, Folio).
Aujourd’hui, Romeo Castellucci
travailleseul. Luiqui passepour
ne pasaimer lesmots litinlassa-
blementdes romans américains,
surtout ceux de DavidFoster
Wallace, écrivain-cultequi s’est
suicien 2008. Dans l’artactuel,
la provocationaété tellement
cueetdigérée par le mar-
ché, il estl’un desrares àsusciter
un dérangementintime si pro-
fond et si authentique. «C’est un
théâtre qui entraîne derrière le mi-
roir», constate MarieCollin, la di-
rectrice artistique du Festival
d’automne pour le théâtre.
Lestrois spectacles présentés
parceFestivalentémoignent,
qu’ils’agissederevenir sur la reli-
gion comme impensé, avec Go
down, Moses,delever lesvoiles
de la douleur et de la mort,avec
Schwanengesang D744,oud’in-
terroger encore et encore l’idée
de sacrifice, et la mort indus-
trielle àl’œuvre,aveccestupé-
fiant Sacre du printemps.Romeo
Castellucci n’apas fini de nous
aspirer dans ses trous noirs. p
fabienne darge
0123
VENDREDI 5SEPTEMBRE2014 festival d'automne |5
Luigi Nono
en pointd’orgue
Hommageaucompositeur nitien àtravers un dialogue
entresamusique et celle de musiciens amis ou émules
En1987,leFestival
d’automne présentait
un cycledeneuf con-
certs, consacàl’une
desfiguresmusicales
lesplusinsaisissables
du XXesiècle,lecompositeur ita-
lien Luigi Nono (1924-1990). Le -
nitien –personnalicomplexeet
radicale–avait suscitédenom-
breuses polémiquesvisantno-
tammentl’apparente dichotomie
entreson engagementmilitant(il
estinscritauParti communiste
italien s1951) et sa musique
avant-gardiste,voire«élitiste », en
lien avec la pensée postrielle de
Darmstadt.
Dans la secondemoitiédes an-
es 1970,ils’oriente vers un lan-
gaglaboàpartir desstudios
exrimentaux de musique élec-
tronique.Parmi lescinq créations
françaises de 1987,son grand
œuvre, Prometeo,Tragedia
dell’ascolto Prométhée, tragédie
de l’écout)–deux heures d’abs-
traction éthéeentre hypnoseet
extase–,donné sixfois au Théâtre
de Chaillot. Trois cennies plus
tard, la musique de Nono n’atou-
jourspas troule chemin de nos
salles. «Depuis plus de dixans,
ses grandes œuvresn’ont pas été
jouées àParis », constate José-
phine Markovits, directrice ar-
tistique responsable de la pro-
grammation musicaleauFesti-
vald’automne. Aussi a-t-elle
imaginé un portrait de Luigi
Nono au miroir d’autres compo-
siteurs amis (KarlAmadeus
Hartmann, BrunoMaderna,
Wolfgang Rihm, Karlheinz
Stockhausen...) et émules (Hel-
mutLachenmann, GérardPes-
son, Olga Neuwirth...), lequel
sera couronné en 2015 par une
nouvelleproduction du génial
Prometeo, cettefois àlaPhilhar-
moniedeParis.
Quel’héritagedeLuigiNono
soit toujours probmatique
n’étonne pas le pianiste et com-
positeur français Jean-Frédéric
Neuburger, interprètedeComo
una ola de fuerzayluz Comme
un fleuve de forceetdeclarté»),
sortedeconcerto pour piano vo-
calement«commentarisé»de
1971-1972, composé apsla
mortdu Chilien Luciano Cruz, fi-
guredelagauche volution-
naire, mystérieusementassas-
siné en septembre1971. «Encore
au-jourd’hui, la perception de
Nono reste tributaire de la violence
de sonengagementantifasciste et
socialist,affirme-t-il. Ainsi des
trois Cantidivitaed’amore :Sul
pontediHiroshima Chants de
vieetd’amour :sur un pont àHi-
roshima») de 1962, nonçantla
bombeatomique comme artefact
de l’apocalypse,larépression fran-
quiste et la sistance algérienne
contrel’oppression coloniale,
avantlechantfinal d’utopie em-
prunàCesare Pavese.Ainsi de
Ricorda cosa ti hanno fatto in Aus-
chwitz Souviens-toi de ce qu’ils
t’ontfaitàAuschwitz») pour
bandemagnétique,composé en
1966 ;dAFloresta éjovem echeja
de vida La fotest jeune et
pleine de vi), égalementde
1966, condamnantl’imrialisme
américain et la guerreauVietnam.
Rencontres et amitiés ontjalonné
Le nitien
asuscité
de nombreuses
pomiques
en raison de
sonengagement
politique
LuigiNono en 1988.
MARCELLOMENCARINI/LEEMAGE
la viedeLuigiNono;musiciens,
philosophes, écrivains, peintres
(lui-même étaitpetit-filsdupein-
treLuigiNono),donttémoigne sa
musique: rPaulDessau pour
bandemagnétique (1974), dié
au compositeur allemand et par-
tenairedeBertolt Brecht et Heiner
ller Paul Dessau,etOmaggio a
György Kurtag (1983-1985), élaboré
au studio exrimental de la Fon-
dation Heinrich Ströbel, àFri-
bourg,enréponseàunOmaggio a
Luigi Nono quelui avaitoffertle
musicien hongrois en 1979.
«Toutesmes œuvrespartent
d’une stimulation humaine:un
événement, une expérience, un
texteentre en contact avec mon
instinct et avec ma conscience et
exige de moi en tant que musicien
et en tant qu’être humain–deté-
moignerNono,témoin àcharge
desfureurs du temps, s’orientera
peuàpeu vers une pluraliplus
grandedes mondes sonores.
Une manièred’écouteintérieure
auxportesdusilence dans le mi-
roitementd’un drame «hölderli-
nien»aux confins de la raison.
C’estlecas de Risonanze erranti.
Liederzyklus aMassimo Cacciari
sonanceserrantes. Cyclede
lieder pour Massimo Cacciari»),
de 1986, sortedVoyage d’hive
Tout vu,toutconnu,
tout entendu
Le Festival ases fidèles. Et ilssont
exigeants. Rencontreavecl’un deux
S’il fallait cerner le prix
du spectateur le plus as-
siduduFestival
d’automne, Dany
NGuyen, 57 ans, serait probable-
ment un bonfinaliste.Araison de
20 à30billets achetés par édition,
ce professeur de philosophiepari-
sien ypasseune bonne partiede
sa find’année: «Cela fait partie
des joies de la rentrée.» Sonpre-
mier souvenir du festival date de
1977.Ilyavait vu La Classe morte,
du metteur en scène polonais Ta-
deusz Kantor.
«Unsouveniternel!Sans paro-
les ni musique, blafard, très loin des
déclamations desgrands textes.»
Depuis, ce spectateur enthou-
siaste aenchaîné lesspectacles,
principalementdethéâtre, parfois
de danse, plus rarementdemusi-
que. «Iln’y ajamais de spectacles
franchementmauvais, ajoute-t-il
en souriant, et ceux-là, je les ai
oubliés… » Spectateur exigeant,il
préfèreles grandes salles auxplus
petits théâtres: «AuThéâtre de la
Bastille ou au Théâtre de la Ciin-
ternationale, je trouve qu’ilya
quelque chose dans la scène qui ne
marche pas.» DanyNGuyena,en-
treautres,découvert et appréciéle
travaildeSimon McBurneyetde
sa compagnie, Complicite: «Une
grande surprise!C’est quelqu’un
dont je suis désormais le travail.» Il
se souvient,avemotion, s’être
«roulé parterre» devant lesspec-
tacles de Romeo Castellucci,
«ébloui» notammentpar Surle
concept du visage du fils de Dieu,
cettepce du metteur en scène
italien quiavait suscitél’iredes ca-
tholiquesintégristesen2011.
Cetteannée, fidèle,ilest impa-
tientderetrouverles œuvres de
Romeo Castellucci;etilsouhaite
mieux connaîtreletravail de met-
teur en scène de VincentMacai-
gne, quimonte Idiot !parce que
nous aurions nous aimer,
d’apsletexte de Dostoïevski.
Il se montrgalementtsim-
patientdevoir Le Capitaletson
singe, de Sylvain Creuzevault, au
ThéâtredelaColline. Et puis, dit-il,
faussementnonchalant, «j’irai
pointerchez Robert Wilson et
William Forsythe, car on n’estja-
mais déçu ».Bon prince, il ira «par
acquis de conscience» voir Inté-
rieur, de Claude Régy:«Ilnem’a ja-
mais tourneboulé.»
Et compteaussi allervoir les
œuvres de MatthewBarney, «un
type rigol, ou de Pascal Ram-
bert,dontilest «fan». Vastepro-
gramme, d’autantque Dany
NGuyendit ne pas allerauthéâtre
le restedel’année… p
johannaluyssen
de Nono convoquantbribes pho-
nétiquesdésespéréesd’Herman
Melvilleetd’IngeborgBachmann,
ainsi queles mânesdes maîtres de
musique ancienne –Machaut, Jos-
quin, Ockeghem. Et de sa dernière
piècede1989, «Hay que caminar»
soñando “Ilfautmarcher”enrê-
vant »), inspirée par l’inscription
murale –attribeàAntonioMa-
chado– luedans un monasre de
Tolède au mitan desannées 1980,
dont il avaitfaitsamoraleetsade-
vise: «Iln’y apas de chemins. Il
faut marcherp
marie-auderoux
SAISON 2014 /2015
ONCLE VANIA
Anton TCHEKHOV /Eric LACASCADE
Du 8au19octobre
1er Prix du Concours “La Défense Jazz Festival 2014”
OPUS 14
Kader ATTOU
Du 6au9novembre - Première en Ile-de-France -Coproduction
UN ÉTÉ AOSAGE COUNTY
Tracy LETTS /Dominique PITOISET
Du 12 au 16 novembre - Première en Ile-de-France
Jazz /Ibrahim Maalouf
CORRERIA /AGWA
Mourad MERZOUKI / CCN de Créteil et du ValdeMarne
HENRYVICYCLE 2
William SHAKESPEARE /Thomas JOLLY
Du 3au14décembre - Coproduction
Première en Ile-de-France -Festival d’Avignon 2014
Jazz /Stéphane Huchard quintet
MESURE POUR MESURE
William SHAKESPEARE /Declan DONNELLAN
(Londres-Moscou)
Du 9au31janvier - Création en France -Coproduction
Jazz /Thierry Maillard trio
Jazz /Giovanni Mirabassi quartet
LE PRINCE DE HOMBOURG
Heinrich VON KLEIST /Giorgio Barberio CORSETTI
Du 5au14février
Première en Ile-de-France -Coproduction
Création /Cour d’honneur Festival d’Avignon 2014
Jazz /Baptiste Herbin
LA PASSION SELON SAINT-JEAN /BACH /Benoît HALLER
La Chapelle Rhénane en résidence de production
Du 13 au 15 mars - Création
Jazz /Franck Tortiller
LA MÉGÈRE APPRIVOISÉE
William SHAKESPEARE /Mélanie LERAY
Du 24 au 29 mars
Jazz /Renaud Garcia-Fons
Rencontres Musicales de Bourg-la-Reine
Jazz /André Manoukian quartet
LES RENDEZ-VOUS CHORÉGRAPHIQUES
DE SCEAUX -du10avril au 30 mai
RENCONTRE
Kader ATTOU /CCN de la Rochelle et Andrès MARÍN (Séville)
ROBOT
Blanca LI
IN THE UPPER ROOM
Twyla THARP,Noé SOULIER
Ballet de Lorraine CCN de Nancy
TUETANO
Andrès MARÍN (Séville) -Première en Ile-de-France
RÉSERVATIONS :0146613667
Théâtee’Eoe2014–2015
3otobe –21oebe /Oéo 6e
lEsnÈgrEs
Je geet/robetWo
éto
9otobe –14oebe /Bethe 17e
lEsparTiculEmEnTairEs
mheHoeebeq /Je goe
3–14éebe /Oéo 6e
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aé le
10 éebe–31je /Bethe 17e
la rÉunificaTiOn dEsdEuxcOrÉEs
Joë poet
16 je –28ée
8–29/Oéo 6e
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éto
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TOuJOurs la TEmpÊTE
peteHke/afço
11 –29/Oéo 6e
dasWEissEvOm Ei
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Eèe lbhe /chtoh mthe
2–17 /Bethe 17e
HEnryvi
Wshkeee /Tho Jo
15  –27j /Oéo 6e
lEsfaussEs cOnfidEncEs
m /l Bo
28  –28j /Bethe 17e
liliOm
fee moá /JeBeo
otobe 2014 –j 2015
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ttéte, hoohe,oé
thete-oeo.e
01 44 85 40 40
Licence d’entrepreneur de spectacles 1064581et1064582
OD ON
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