Vol.5 No 3 (septembre 2013) - Centre intégré de santé et de

Bulletin régional ITSS Laurentides
Vol. 5 No 3 – septembre 2013
Traitement de l’hépatite C et toxicomanie : un mariage possible?
Pour ce numéro du BRIL, nous avons sollicité un auteur externe,
Dre Marie-Eve Morin, Directrice médicale addiction/santé mentale et Hépatite C,
Clinique OPUS inc. | médecine urbaine, Montréal
Transmission sanguine exclusive
Le 28 juillet dernier, nous soulignions la Journée mondiale contre l’hépatite. Parmi ces hépatites figure l’hépatite C, une maladie
transmise exclusivement par contact sanguin qui, depuis son identification à la fin des années ’80, a souvent été surnommée
« l’hépatite des junkies ». En effet, l’hépatite C est un virus qui se transmet principalement par partage de matériel de consommation
de drogues, que ce soit les seringues ou autre matériel utilisé pour s’injecter des drogues, ou encore les pipes à crack et pailles
utilisées pour « sniffer ».
Le virus de l’hépatite C (VHC) peut également se transmettre par toute procédure qui implique un contact avec le sang, c'est-à-dire les
tatouages, les transfusions (avant 1992 au Canada), et le perçage corporel. De plus, certaines pratiques sexuelles à risque élevé, dont
le « fist fucking » (introduction d’un poing dans l’anus), peuvent aussi permettre la transmission du VHC, en raison du risque de lésions
et de saignements.
Actuellement, au Canada, il y aurait entre 250 000 et 300 000 cas d’hépatite C active. Cette maladie étant souvent asymptomatique,
c’est plus du quart des personnes atteintes qui ignorent leur diagnostic. C’est l’une des raisons pour laquelle on qualifie souvent
l’hépatite C « d’épidémie silencieuse ». On évalue la prévalence de l’hépatite C à environ 1 % de la population canadienne, et il y a
chaque année entre 3200 et 5000 nouvelles personnes qui s’infectent. Malheureusement, seulement 5 % à 10 % des patients atteints
de ce virus ont ou ont eu accès au traitement.
En 2011, 1356 cas d’hépatite C ont été déclarés. Dans les Laurentides, une moyenne de150 cas est déclarée chaque année.
Un traitement difficile d’accès
Encore aujourd’hui, un très grand nombre de patients atteints d’hépatite C ignorent qu’il existe un traitement efficace pour guérir cette
maladie. Dans le milieu médical, la situation semble encore plus aberrante : un sondage réalisé en septembre 2012, par la firme Ipsos
Reid1 pour le compte de la Fondation canadienne du foie, révélait que 57 % des omnipraticiens canadiens ignoraient que l’hépatite C
peut être guérie et que 61 % ne font pas de test de dépistage chez tous les patients pour qui c’est indiqué.
La stigmatisation reliée à la clientèle touchée contribue à rendre l’accès au traitement, voire même au dépistage, encore difficile.
Et ce, malgré le fait qu’au Québec, il est recommandé de dépister toute personne ayant déjà consommé des drogues par injection ou
inhalation ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie. De son côté, depuis août 2012, le Center for Disease Control recommande
d’effectuer un dépistage systématique de l’hépatite C à tous les baby-boomers (personnes nées entre 1945 et 1965).
La guérison de l’hépatite C est définie comme une réponse virologique soutenue (RVS) à la suite d’un traitement, soit l’absence de
virus détectable dans un prélèvement sanguin, et ce, au moins 24 semaines après la fin du traitement.
1Sondage réalisé auprès de 1000 Canadiens et 300 omnipraticiens par l’entremise du panel en ligne canadien d’Ipsos. La marge d’erreur est de +/-6,5 points de pourcentage et les
résultats sont jugés justes 19 fois sur 20 par rapport à l’ensemble des omnipraticiens du pays, s’ils avaient été interrogés. http://www.liver.ca/files/1_HepC-
Survey/Hepatitis_C_Survey_Fact_Sheet_FR.pdf
B.R.I.L.
B.R.I.L. Vol. 5 No 3 septembre 2013
L’espoir arrive avec les nouveaux traitements
Depuis le milieu des années ’90, l’hépatite C peut être traitée et même guérie grâce à un traitement qui s’échelonne sur une durée de
six à douze mois. Par ailleurs, ce que nous avions à offrir aux patients jusqu’à tout récemment, ne pouvait guérir globalement que 50 à
60 % des personnes traitées.
Ce traitement dit de bithérapie était constitué de deux molécules, soit l’Interféron-péguylé donné en injection sous-cutané une fois par
semaine, et la Ribavirine prise sous forme de comprimés deux fois par jour. Bien sûr, ce traitement pouvait provoquer de multiples
effets secondaires, à la fois hématologiques (anémie, neutropénie, thrombopénie), et neuropsychiatriques (dépression, anxiété,
psychose), qui lui ont malheureusement forgé une très mauvaise réputation.
Toutefois, le suivi hebdomadaire des patients en traitement, qui permet la gestion étroite des effets secondaires, conjugué à l ‘arrivée
de nouvelles molécules en 2011, qui elles peuvent diminuer la durée du traitement, facilitent l’accès au traitement de l’hépatite C. En
effet, l’introduction des inhibiteurs de la protéase du VHC a permis d’augmenter les taux de RVS de 40 % à 70 % pour le génotype 1
(le plus fréquent et le plus virulent des génotypes retrouvés en Amériques du Nord). Le plus encourageant vient du fait qu’une
multitude de nouvelles molécules contre l’hépatite C verront le jour sur le marché au cours des deux ou trois prochaines années,
pouvant même permettre un traitement sans interféron vers 2015!
Traiter les consommateurs actifs?
Jusqu’à 2011, les recommandations canadiennes de traitement de l’hépatite C suggéraient fortement d’attendre de 6 à 12 mois
d’abstinence avant d’envisager un traitement pour un patient consommateur de drogue, ce qui avait souvent pour effet de décourager
le patient. Depuis la révision des lignes directrices en 2012, il a été clairement établi que la décision de traiter ou non un patient
toxicomane doit reposer sur une évaluation au cas par cas. Désormais, le fait d’être encore utilisateur de drogues intraveineuses ou
alcoolique n’est plus une contre-indication absolue au traitement.
Pour ma part, je crois fermement que non seulement le traitement de l’hépatite C ne devrait pas être réservé exclusivement aux
patients abstinents, mais que ce même traitement peut souvent servir de levier pour qu’un patient cesse de consommer, et redonne un
sens à sa vie.
Vivement l’accès au traitement de l’hépatite C!
Dans notre région, l’accès au traitement de l’hépatite C se fait principalement via les médecins microbiologistes et gastroentérologues
des CSSS ou via la Clinique Santé Amitié. Le traitement est aussi disponible pour les détenus du Centre de détention Saint-Jérôme.
Pour s’abonner au bulletin,
veuillez communiquer avec
le secrétariat ITSS au 450 432-8734
Ce bulletin est aussi disponible à l’adresse suivante :
www.santelaurentides.qc.ca/acces_reseau_et_partenaires.html
Publication : Direction de santé publique des Laurentides
1000, rue Labelle, bureau 210, St-Jérôme (Qc) J7Z 5N6
Coordination : Diane Lambert, médecin
Collaboration : Denise Décarie, médecin
Révision : Myriam Sabourin, communications
Mise en page : Chloé Saintesprit, agente administrative
Information : Tél. : 450 432-8732 Télécopieur : 450 436-1761
ISSN 1911-8732 (Imprimé)
ISSN 1911-8740 (En ligne)
Deux documents sont maintenant disponibles sur le site internet du MSSS dans documentation publications :
1. L’Avis intérimaire de la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux sur la prophylaxie
préexposition au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) :
http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/961885cb24e4e9fd85256b1e00641a29/a4ab9c71d10a010a85257ba4006b8bc6?OpenD
ocument
2. L'examen médical périodique de l'adulte vivant avec le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) - Guide et outil pra
tique pour les
professionnels de la santé du Québec :
http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/961885cb24e4e9fd85256b1e00641a29/7536d25a5511236d85257b9c005f7606?OpenDo
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