1
SOMMAIREIIIII
AVANT PROPOS
2
LE FILM
1 - Génériques
3
3 - Résumé
4
4 - Le réalisateur
4
5 - Filmographie
7
5 – Propos du réalisateur
8
APPROCHES DU FILM
1 – Découpage séquentiel
11
2 – Les personnages
20
3 – Le traitement cinématographique
24
4 – La critique
27
AUTOUR DU FILM
1 - Contexte de production du film!: les tensions
politiques et sociales dans l’Etat d’Israël
29
2 – Des pistes autour du film
31
PETIT LEXIQUE DU JUDAÏSME
35
BIBLIOGRAPHIE
42
2
AVANT-PROPOS .
Le fanatisme contre l’histoire
« Car quand on n’a pas conscience de l’oubli, de l’épaisseur du passé, il est impossible de mener à bien le
travail de l’anamnèse, de mettre à distance le texte pour le poser devant soi tel un objet à commenter et à
critiquer. » (…)
Car il y a toujours une intense et terrible revendication de pureté dans le discours intégriste, un retour à la
pureté afin de nier la modernité et ses impuretés. C’est une pensée très sereine qui vise à l’élimination des
autres systèmes. »1Abdelwahab Medded, 1997
« Cette volonté de figer le judaïsme dans un refus de la modernité n’en est pas moins elle-même une nouveauté.
(…)Les orthodoxes contemporains (…) ont fabriqué un judaïsme fondamentalement moderne contre la
modernité, à partir d’une sélection des sources susceptibles de faire autorité et d’imposer les normes de
comportement retenues, d’une lecture elle même sélective de ces sources, et d’une interprétation fortement
biaisée du passé juif
- en fait, ils nient l’histoire. Ce qu’on nous présente dans sa pureté est une tradition réinventée. 2»
Jean Christophe Attias, 2001
Il est tout autant amer que symptomatique, que le sujet de ce quatorzième Festival international de film
et d’histoire, consacré au fanatisme, accorde une large place à la représentation cinématographique de
l’intégrisme religieux contemporain.
Il s’agit non pas de réfléchir sur un discours narratif et historique sur une période donnée mais de
projeter des témoignages culturels différents sur un phénomène toujours contemporain qui révèle que
le cinéaste, les personnages et les spectateurs sont aussi des personnes appartenant à l’Histoire en train
de se faire, responsables, ou tout du moins parti prenant des choix de société.
Dans la société mondiale contemporaine meurtrie par les dissensions et les violences nationales et
religieuses, la question du fanatisme, des codes de vie intégristes, de l’interprétation des préceptes et
des écritures, et celle de la vie en communauté l’intérieur et au-delà d’une confession, dans un
territoire national multiconfessionnel) est un enjeu primordial pour tenter de favoriser la paix politique
et sociale entre les peuples et les pays.
Kadosh qui se situe à Jérusalem, terre des trois monothéismes, n’est pas un film sur le racisme et la
xénophobie du fanatisme religieux. Kadosh est un film qui préfère réfléchir sur les conséquences
dramatiques et suicidaires dont l’intégrisme menace les propres individus de sa communauté. À partir
de là, le cinéaste Amos Gitaï a mis en exergue la vie des femmes que les trois religions monothéistes
ont traditionnellement cantonné à un rôle mineur au service de la communauté.
Ce film porte en lui l’horizon de la vision moderne et laïque de l’émancipation et de
l’épanouissement individuel de la femme dans la société contemporaine. Il souligne de fait la violence
de la mort physique ou sociale (hors de la communauté) de la femme. Face à une interprétation
univoque des textes par certains courants religieux, les femmes, personnes et personnages aimantes et
souffrantes, se débattent tragiquement au cœur d’une lutte qui tente de concilier leur rôle sacré
ancestral de mère et d’épouse et la reconnaissance moderne de leur désir.
Ce film est un magnifique témoignage de l’importance, pour la laïcité, de débattre, à côté de
l’exclusion des autres cultures, de la lourde menace de destruction psychique et physique des individus
qu’engendrent les communautés monothéistes intégristes.
1 Réplique à l’intégrisme, Cahiers du Cinéma n°517, octobre 1997, entretien d’Abdelwahab Medded avec
Antoine de Baecque
2 Les juifs ont-ils un avenir ?, Esther Benbassa et Jean Christophe Attias, Edition J.C Lattès, 2001, p127
3
LE FILM .
1 – Générique technique
Production
Amos GITAÏ, Michel PROPPER et Laurent
TRUCHOT
Producteur exécutif
Shuky FRIDMAN
Distribution
Océans Films (Paris)
Scénario original
Eliette ABECASSIS, Jacky CUKIER et Amos
GITAÏ
Réalisation
Amos GITAÏ
Assistant réalisateur
Shai GANI
Monteur
Kobi NETANEL et Monica COLEMAN
Directeur de la photographie
Renato BERTA
Ingénieur son
Michel KHARAT
Compositeurs Musicaux
Charlie HADDEN, Michel PORTAL et Louis
SCLAVIS
Décors
Miguel MARKIN
Maquillage
Ziv KATANOV
Costumes
Laura DINULASCO
Scripte
Gadi NEMAT
Durée : 110 minutes
Sortie en France : 1er septembre 1999
Le film a été sélectionné au Festival de Cannes.
2 – Générique artistique
Rivka
Yaël ABECASSIS
Meir
Yoram HATTAB
Malka
Meital BARDA
Yossef
Uri Ran KLAUZNER
Rav Shimon, le rabbin
Yussef ABU WARDA
Yaakov
Sami HORI
Elisheva, la mère
Lea KOENING
La gynécologue
Rivka MICHAELI
Nota!: Le personnage du rabbin est un véritable clin d’œil du réalisateur Amos Gitaï, homme
laïc et ami de grands réalisateurs palestiniens comme Elie Souleman, à la situation
contemporaine de conflit entre Israël et l’entité politique palestinienne. En effet, le rabbin est
joué par un acteur palestinien!!
4
3 - Résumé
Le quartier Mea Shearim, à la périphérie de la ville de Jérusalem, est le lieu de regroupement
de la communauté juive orthodoxe. Ce quartier maintient des codes de vie traditionnels et
archaïques qui en font un quartier à part. La population refuse d’utiliser la télévision et la
radio, qui propagent les méfaits profanes de la modernité. Les annonces qui concernent
l’ensemble de la communauté sont communiquées par différents placards sur les murs du
quartier.
Chaque couple marié du quartier vit selon un rythme immuable et une lecture à la lettre de la
Torah qui circonscrit très précisément la place de l’homme et de la femme. La femme
s’occupe de la maison et des enfants mais elle est aussi celle qui a la responsabilité de
pourvoir aux besoins financiers du couple en travaillant. Le mari du couple juif orthodoxe met
à profit son temps quotidien pour apprendre et discuter les enseignements et les prescriptions
de la Torah.
Amos Gitaï utilise pour sa fiction ce quartier pour lequel toute image est suspicieuse. Il nous
met en présence de deux sœurs Rivka, l’aînée, et Malka, la cadette.
Rivka, mariée depuis dix ans et amoureuse comme au premier jour de Meir, est écartée de la
communauté car malgré la beauté des liens qui les unissent son couple reste stérile.
Malka, amoureuse d’un chanteur marginalisé par la communauté car il a porté les armes, est
mariée de force à un jeune talmudiste proche du rabbin.
La souffrance de sa sœur aînée et la violence de son désir d’émancipation personnelle,
permettront à la cadette de prendre le chemin de la révolte.
La compassion et l’amour des deux sœurs, en butte à la violence inique de la Loi religieuse et
à l’incompréhension des hommes, n’empêcheront pas leur déchirement et leur fuite (physique
ou mortelle) en dehors de la communauté.
3 – Le réalisateur
Amos Gitaï, cinéaste israélien né à Haïfa le 11 octobre 1950.
Lors de sa venue au 20ème Festival des Trois Continents de Nantes, Amos Gitaï a été
interviewé par Emmanuel Burdeau et Olivier Joyard au sujet de sa reconnaissance en dehors
de (son) pays”. “Quelle responsabilités cela vous donne par rapport à votre pays?“Vous
sentez-vous le porte parole d’un cinéma national?”Amos Gitaï répondit :
Je peux soutenir mes idées, pas toujours populaires et en tous les cas, jamais majoritaires.
Celles-ci correspondent au désir d’une partie des Israéliens d’entretenir avec les Régions un
rapport alternatif à l’officielle confrontation.”3
Amos Gitaï, 1999
Ses grands parents maternels, Eliahu et Esther Munchick Margalit, combattants pour la
réalisation d’une utopie communautaire laïque sont à l’origine de sa nationalité israélienne.
Tous deux d’origine russe et de religion juive, ils ont collaboré activement, au début du siècle,
à la fondation des premiers kibboutz (Amos Gitaï a lui-même vécu brièvement dans une
3 L’interview est reproduite dans les Cahiers du Cinéma, n°532, février 1999, p59-60.
5
communauté avec ses parents) et aux mouvements syndicaux en Palestine. Sa grand-mère a
certainement influencé son petit-fils pour le tournage de Berlin Jérusalem (1989) qui raconte
la rencontre de deux femmes étrangères en Terre Promise.
Son père, Munio Gitaï, né en Pologne en 1909, a étudié à l’école architecturale allemande du
Bauhaus et a travaillé à Berlin. Dès 1934, Munio Gitaï, s’exile hors de l’Allemagne pour
rejoindre la Palestine. Dès lors, il enseigne l’architecture à Haïfa et réalise plusieurs édifices
collectifs publics (école, théâtre) et urbains (kibboutz et pans de quartiers d’Haïfa et de
Jérusalem).
La première vocation scolaire d’Amos Gitaï prolonge tout d’abord la carrière paternelle!: il
étudie de 1971 à 1975 l’architecture à Haïfa. Il couronne ses études en 1976 par un diplôme
supérieur de l’Université californienne de Berkeley, il demeure de 1976 à 1979. Il est
aujourd’hui titulaire d’un doctorat d’architecte. Parallèlement, et cela dès 1972, il commence
à tourner ses premiers films en caméra super 8. Son premier court-métrage s’intitule Faces.
Amos Gitaï a tourné ses images dans le ghetto de Memphis. Suivent des documentaires d’art
architectural.
1973 fut l’année de son incorporation militaire. Cette année correspond à la riposte d’Israël
dans la guerre du Kippour. Il a été blessé lors de la chute de son avion, abattu en territoire
ennemi. Il témoigne de ce conflit et de son expérience traumatisante dans le film Kippour
(2000) et dans un documentaire du même nom tourné en 1996 il n’hésite pas à souligner
son engagement dans la carrière cinématographique après le cauchemar que fut cette guerre.
1973, c’est aussi l’année de tournage de son premier film en 16 mm Ahare qui signifie Après,
un film personnel sur la guerre d’octobre 1973.
En 1976, il inaugure sa carrière de documentariste politique avec Charisma.
En 1977, il commence sa carrière audiovisuelle en travaillant pour la télévision israélienne,
pour laquelle il tourne différents documentaires et plusieurs émissions. Selon ses propos, ce
sont ses difficultés avec la télévision et la censure israélienne, devenue paroxysmique lors du
tournage de La Maison (Bait, House, 1981) qui l’ont conduit à embrasser définitivement le
choix cinématographique de documentaire et de fiction. Ce désormais célèbre documentaire
commandé par les autorités israéliennes, et toujours censuré jusqu’à maintenant, évoquait la
reconstruction d’une propriété palestinienne en faveur d’un nouveau propriétaire juif israélien.
Bait, film de transition entre l’intérêt du cinéaste pour l’architecture et le cinéma, porte déjà
une interrogation sur les enjeux de territoire pour la nation israélienne.
Les oppositions politiques et idéologiques n’ont, en outre, pas cessé d’accompagner les
productions du réalisateur, qu’il s’agisse du documentaire antimilitariste Journal de
Campagne (1982) ou du plaidoyer contre l’orthodoxie religieuse qu’est Kadosh (1999).
Loin d’être découragé par les réticences politiques de son gouvernement vis-à-vis de ses
films, Amos Gitaï se consacre dans la première partie des années 80 à une fastidieuse
réflexion sur la mémoire et l’identité juive. Wadi (1981) filme une vallée qui abrite Juifs et
Arabes!; In search of identity (1981) interroge l’identité et la définition du peuple juif!; Yoman
Sade (Field Diary, Journal de Camapagne, 1982) évoque la guerre au Liban. La chaîne
anglaise Channel Four, qui finança une partie du dernier court-métrage cité, est resté un
producteur fidèle pour Amos Gitaï. Après plusieurs documentaires militants sur la lutte
sociale et économique tournés à travers le monde, notamment en Asie (sur la main d’œuvre
populaire avec Ananas (1983) et Bangkok-Bahrein (1984)), Amos Gitaï a réalisé son premier
long-métrage de fiction cinématographique en exil en 1985 avec Esther. Le film a été présenté
à la semaine de la critique à Cannes. L’histoire port sur une des rares héroïnes de la Bible.
C’est une parabole pessimiste qui rappelle que les anciennes victimes peuvent très facilement,
avec le pouvoir et la passion de la vengeance, devenir les nouveaux bourreaux. «!Je voulais
1 / 43 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !