communauté avec ses parents) et aux mouvements syndicaux en Palestine. Sa grand-mère a
certainement influencé son petit-fils pour le tournage de Berlin Jérusalem (1989) qui raconte
la rencontre de deux femmes étrangères en Terre Promise.
Son père, Munio Gitaï, né en Pologne en 1909, a étudié à l’école architecturale allemande du
Bauhaus et a travaillé à Berlin. Dès 1934, Munio Gitaï, s’exile hors de l’Allemagne pour
rejoindre la Palestine. Dès lors, il enseigne l’architecture à Haïfa et réalise plusieurs édifices
collectifs publics (école, théâtre) et urbains (kibboutz et pans de quartiers d’Haïfa et de
Jérusalem).
La première vocation scolaire d’Amos Gitaï prolonge tout d’abord la carrière paternelle!: il
étudie de 1971 à 1975 l’architecture à Haïfa. Il couronne ses études en 1976 par un diplôme
supérieur de l’Université californienne de Berkeley, où il demeure de 1976 à 1979. Il est
aujourd’hui titulaire d’un doctorat d’architecte. Parallèlement, et cela dès 1972, il commence
à tourner ses premiers films en caméra super 8. Son premier court-métrage s’intitule Faces.
Amos Gitaï a tourné ses images dans le ghetto de Memphis. Suivent des documentaires d’art
architectural.
1973 fut l’année de son incorporation militaire. Cette année correspond à la riposte d’Israël
dans la guerre du Kippour. Il a été blessé lors de la chute de son avion, abattu en territoire
ennemi. Il témoigne de ce conflit et de son expérience traumatisante dans le film Kippour
(2000) et dans un documentaire du même nom tourné en 1996 où il n’hésite pas à souligner
son engagement dans la carrière cinématographique après le cauchemar que fut cette guerre.
1973, c’est aussi l’année de tournage de son premier film en 16 mm Ahare qui signifie Après,
un film personnel sur la guerre d’octobre 1973.
En 1976, il inaugure sa carrière de documentariste politique avec Charisma.
En 1977, il commence sa carrière audiovisuelle en travaillant pour la télévision israélienne,
pour laquelle il tourne différents documentaires et plusieurs émissions. Selon ses propos, ce
sont ses difficultés avec la télévision et la censure israélienne, devenue paroxysmique lors du
tournage de La Maison (Bait, House, 1981) qui l’ont conduit à embrasser définitivement le
choix cinématographique de documentaire et de fiction. Ce désormais célèbre documentaire
commandé par les autorités israéliennes, et toujours censuré jusqu’à maintenant, évoquait la
reconstruction d’une propriété palestinienne en faveur d’un nouveau propriétaire juif israélien.
Bait, film de transition entre l’intérêt du cinéaste pour l’architecture et le cinéma, porte déjà
une interrogation sur les enjeux de territoire pour la nation israélienne.
Les oppositions politiques et idéologiques n’ont, en outre, pas cessé d’accompagner les
productions du réalisateur, qu’il s’agisse du documentaire antimilitariste Journal de
Campagne (1982) ou du plaidoyer contre l’orthodoxie religieuse qu’est Kadosh (1999).
Loin d’être découragé par les réticences politiques de son gouvernement vis-à-vis de ses
films, Amos Gitaï se consacre dans la première partie des années 80 à une fastidieuse
réflexion sur la mémoire et l’identité juive. Wadi (1981) filme une vallée qui abrite Juifs et
Arabes!; In search of identity (1981) interroge l’identité et la définition du peuple juif!; Yoman
Sade (Field Diary, Journal de Camapagne, 1982) évoque la guerre au Liban. La chaîne
anglaise Channel Four, qui finança une partie du dernier court-métrage cité, est resté un
producteur fidèle pour Amos Gitaï. Après plusieurs documentaires militants sur la lutte
sociale et économique tournés à travers le monde, notamment en Asie (sur la main d’œuvre
populaire avec Ananas (1983) et Bangkok-Bahrein (1984)), Amos Gitaï a réalisé son premier
long-métrage de fiction cinématographique en exil en 1985 avec Esther. Le film a été présenté
à la semaine de la critique à Cannes. L’histoire port sur une des rares héroïnes de la Bible.
C’est une parabole pessimiste qui rappelle que les anciennes victimes peuvent très facilement,
avec le pouvoir et la passion de la vengeance, devenir les nouveaux bourreaux. «!Je voulais