Texte : © Texte Yves Thonnérieux / outbackimages.fr 2/8
Il est un monde où le sexisme n’a pas droit de cité. Les expressions « femme au foyer », « comportement machiste », « réaction de
femmelette », « chant viril » se heurtent à un mur d’incompréhension dans cet univers qu’est celui des gastéropodes ! Car tout individu
y est à la fois mâle et femelle … sans toutefois faire l’impasse sur les plaisirs de la chair ! Bienvenue en « hermaphrodie », un voyage
sans visa puisqu’il se passe tout simplement dans votre jardin ou l’espace vert voisin !
La nature est ainsi faite : escargots et limaces sont en effet à la fois mâles et femelles dans leur grande majorité. Et pour assurer sa descendance,
chaque individu bisexué doit recevoir et donner en rencontrant son alter ego hermaphrodite.
Prenons un exemple : deux limaces de belle taille, l’une à dominante sombre, l’autre beige ponctuée de brun, se courtisent sur la paroi verticale d’un
mur. Tout commence par un flirt timide au cours duquel les protagonistes semblent s’apprivoiser du bout des délicats tentacules qui coiffent leurs
têtes. Puis en quelques minutes, le flirt évolue en enlacements sophistiqués, avec la lenteur qui sied à tout préliminaire amoureux, un Kâmasûtra tête
en bas, qui tient aussi du numéro de trapéziste… mais non sans fil puisqu’un arrimage à un lien de mucus (de la bave solide) relie les deux
mollusques au mur accueillant leurs ébats. Lentement, les pénis - identiques chez les 2 individus- sortent de leur réserve, s’extraient de chacun des
corps par un orifice situé sur le côté droit de la tête et s’érigent, triomphants. Ils se cherchent et s’enroulent en spirales. La torsade, d’abord allongée,
se tasse en toupie et se fige, permettant l’échange de matériel génétique… Arrivés mâles, les mollusques se séparent alors et repartent désormais
résolument femelles.
Au creux du sol ou sous un abri, les pontes des limaces et escargots (composées de 20 à une centaine d’œufs, sinon davantage) attendront plus ou
moins longtemps (entre 2 semaines et 3 mois) pour libérer leur précieux contenu, selon la température ambiante et l’humidité.
Ainsi, par un exhibitionnisme désinhibé et avec leur anatomie d’aliens, se reproduisent les gastéropodes, dans un monde parallèle à celui des
humains…