Observations et datations précises des occultations stellaires Méthode visuelle Philippe Bernascolle www.boulines.com Résumé : Ce document présente les différentes étapes : préparation, observation, dépouillement et diffusion des résultats, du protocole expérimental que j’utilise pour l’observation visuelle et la datation précise des occultations stellaires par des astéroïdes. Mots clés : Datation précise – Occultations – Astronomie – EAON – Euraster – Planocult – Astéroïdes – GPS – Horloge parlante Observation visuelles des occultations Sommaire 1 Introduction ____________________________________________________________ 3 2 Objectifs _______________________________________________________________ 3 3 Prédictions _____________________________________________________________ 4 4 3.1 Les prédictions initiales ____________________________________________________ 4 3.2 Les prédictions de dernière minute ___________________________________________ 4 3.3 La carte de prédiction______________________________________________________ 5 Matériels_______________________________________________________________ 6 4.1 L’instrument _____________________________________________________________ 6 4.2 Le capteur _______________________________________________________________ 7 4.3 La base de temps __________________________________________________________ 7 4.4 L'enregistrement__________________________________________________________ 7 5 Protocole expérimental ___________________________________________________ 8 6 Dépouillement _________________________________________________________ 10 6.1 Le temps de réaction______________________________________________________ 11 6.2 Les incertitudes __________________________________________________________ 11 7 Publication des résultats _________________________________________________ 12 8 Conclusions ___________________________________________________________ 13 9 Bibliographie __________________________________________________________ 13 9.1 Livres utiles _____________________________________________________________ 13 9.2 Utilitaires disponibles sur Internet __________________________________________ 13 P. Bernascolle Février 2008 Page 2 Observation visuelles des occultations 1 Introduction L'observation d'une occultation stellaire par un astéroïde consiste « simplement » à dater les instants de passage d'un astéroïde devant une étoile. Considérons l'étoile comme ponctuelle. L'astéroïde possède un certain diamètre apparent, l'étoile va disparaître brutalement pendant quelques secondes à quelques dizaines de secondes... puis réapparaître. Comme pour une éclipse totale de Soleil, le phénomène ne sera observable qu'à l'intérieur d'une bande d'occultation, représentant la trajectoire de l'ombre de l'astéroïde sur la surface de la Terre. De part et d'autre de cette bande, l'astéroïde n'occultera pas l'étoile. Connaissant la vitesse apparente de l'astéroïde, la durée de disparition de l'étoile (en secondes) sera directement reliée à une dimension sur l'astéroïde (en kilomètres). Les temps précis de disparition et de réapparition seront nécessaires pour positionner cette mesure dans l'espace et assembler ainsi les observations en provenance de différents observateurs. 2 Objectifs Comme on vient de le voir, l'observation d'une occultation stellaire permet de réaliser une mesure des dimensions d'un astéroïde. Cette mesure a deux grandes qualités : 1. Elle est directe : c'est à dire qu'on ne fait pas d'hypothèse sur les propriétés du corps mesuré comme c'est le cas avec d'autres méthodes (radiométrie infrarouge, photométrie...). 2. Elle est très précise : la vitesse angulaire apparente d'un astéroïde de la ceinture principale est de l'ordre de 30 secondes d'arc par heure. Si la précision du chronométrage de l'occultation est de 0,1 seconde (c’est l’objectif de précision à atteindre), la précision angulaire correspondante est alors meilleure que la milliseconde d'arc (mas). A titre de comparaison, la résolution que peuvent atteindre, en imagerie directe, un télescope de 2,40 mètres spatial ou un de 8 mètres terrestre avec optique adaptative est de 40 à 50 mas. La mesure obtenue par un seul observateur est appelée une corde. Elle représente en effet un seul segment, mesuré d'un bord à l'autre du contour de l'astéroïde. Si plusieurs observateurs observent depuis différents endroits dans la largeur de la bande d'occultation, on obtient plusieurs cordes, de différentes longueurs, correspondant à différents segments parallèles traversant le contour de l'astéroïde. Si les observateurs sont très nombreux, on va obtenir le profil complet de l'astéroïde, véritable « photographie » de son contour au moment de l'occultation, avec ses creux et ses bosses. P. Bernascolle Février 2008 Page 3 Observation visuelles des occultations Plusieurs profils obtenus lors de différentes occultations par le même objet permettront enfin d’en construire un modèle en trois dimensions. L'observation d'une occultation stellaire par un astéroïde permet également : • • D’améliorer la connaissance de l'orbite de l'astéroïde. Si la position de l'étoile est connue avec précision, on va pouvoir assimiler cette position à celle du centre de l'astéroïde au moment de l'événement, et obtenir un point astrométrique extrêmement précis (meilleur que 10 mas). De détecter des astéroïdes binaires. L'observation d'une étoile alors qu'un astéroïde croise à proximité de la ligne de visée est un moyen de scanner l'espace autour de l'astéroïde. Une disparition secondaire peut alors être détectée, révélant la présence d'un satellite de l'astéroïde. 3 Prédictions Avant d'observer une occultation stellaire, encore faut-il prédire l'événement. On peut diviser actuellement les prédictions en deux types. 3.1 Les prédictions initiales Elles sont réalisées longtemps à l'avance avec les données orbitales des astéroïdes disponibles, données qui ne sont pas forcément très précises. Mais l'objectif est ici de recenser l’ensemble des événements, sans traitement individuel fastidieux. C'est ce genre de prédictions que produit annuellement Edwin Goffin pour le monde entier, ou que l'on peut faire soi-même avec le logiciel WinOccult. Les prédictions d'Edwin Goffin pour l'Europe sont accessibles sur la page de Ludek Vasta. Jean Schwaenen produit sur le site de l'EAON des prédictions avec des données astéroïdales mises à jour peu de temps avant l'occultation. On trouve enfin sur Euraster les prédictions pour la France. 3.2 Les prédictions de dernière minute Il s'agit de mises à jour des prédictions existantes, optimisées parfois jusqu'à la veille de l'événement. Elles sont plus fastidieuses à réaliser et ne sont effectuées que pour des événements particulièrement intéressants. L'objectif est ici de donner la prédiction la plus fiable possible. Le calculateur se procure des mesures astrométriques récentes de bonne qualité pour l'astéroïde et pratique une sélection parmi les mesures historiques. Il reconstruit alors une orbite personnalisée à partir de ces données, cette orbite est de meilleure qualité que celle obtenue directement depuis une base de données orbitales. Il recalcule enfin la P. Bernascolle Février 2008 Page 4 Observation visuelles des occultations prédiction avec la position astrométrique de l’étoile la plus adéquate, et publie le résultat avec une incertitude pour la trajectoire obtenue qui est la combinaison des incertitudes sur les positions de l'astéroïde et de l'étoile. Les mises à jour des occultations européennes sont accessibles sur le site dédié aux occultations dans le monde de Steve Preston. Lorsque une mise à jour existe pour un événement donné, elle prime évidemment sur la prédiction initiale. Si aucune mise à jour n'est disponible, on doit se contenter de la prédiction de base. L'incertitude sur la position de la trajectoire de l’ombre sera alors plus grande. 3.3 La carte de prédiction Voici pour l’exemple la prédiction de l’occultation d’une étoile de magnitude 8.4 par l’astéroïde 856 Backlunda le 16 février 2008 : P. Bernascolle Février 2008 Page 5 Observation visuelles des occultations Sur cette carte on retrouve un certain nombre d’informations. Le titre de la carte donne le numéro de l'astéroïde suivi de son nom, le numéro de l'étoile, la date et les heures de contact de l'ombre de l'astéroïde avec la Terre. La colonne de gauche donne les paramètres de l'étoile, la colonne centrale donne les conditions de l'occultation, la suivante donne les probabilités d’observation du phenomène, et enfin, la colonne de droite donne les paramètres de l'astéroïde. La carte donne la trajectoire de l'occultation, avec éventuellement de part et d'autre la zone d'incertitude de la prédiction. La trajectoire elle même porte une graduation pour chaque minute. Et finalement la carte du ciel montre la position de l’étoile. Que faut-il regarder sur la carte de prédiction ? Tout bien sur ! Mais pour une observation visuelle, on vérifiera plus particulièrement : • que l'étoile est visible confortablement avec l’instrument, • que la chute de magnitude est supérieure à 1 magnitude, • que la durée prévue est d'au moins quelques secondes, • que la trajectoire est compatible avec la position de l'observateur. Mais, même à plusieurs largeurs de la trajectoire, une observation est toujours intéressante pour une recherche de satellite, • que les conditions de visibilité sont satisfaisantes (hauteur sur l'horizon, proximité de la lune, conditions crépusculaires). 4 Matériels 4.1 L’instrument Le matériel est celui de mon observatoire personnel, c’est un bâtiment à toit roulant, qui abrite le télescope. La description de cette installation est sur mon site Internet. A l’adresse suivante : www.boulines.com L’observatoire avec le C11 Le télescope est un C11 . Le diamètre de 280 mm est largement suffisant pour ces observations, les étoiles occultées étant généralement de magnitude inférieure à 12. La motorisation, le goto et la chaise d’observatoire améliore aussi le confort pour ce genre d’observation. P. Bernascolle Février 2008 Page 6 Observation visuelles des occultations 4.2 Le capteur C'est l’œil, c’est le capteur le plus facile à mettre en œuvre. Bien maîtrisée, la méthode visuelle permet des résultats surprenants et il est parfaitement possible d'atteindre presque la précision de 0.1 seconde recherchée. Le grossissement est choisi de manière à ce que le fond de ciel soit suffisamment sombre pour permettre de voir l'étoile sans ambiguïté. Il est toujours judicieux d'avoir plusieurs étoiles dans le champ surveillé, pour lever l'incertitude sur une disparition douteuse de l'étoile cible (passages de nuages par exemple). 4.3 La base de temps Les mesures devant être référencées par rapport au Temps Universel (TU), la qualité de la base de temps et son insertion sur le support d'enregistrement sont cruciaux. L'horloge parlante Disponible par téléphone en France depuis le numéro : 3669, l'horloge parlante de l'observatoire de Paris est en fait un ensemble de 4 horloges atomiques contrôlées par un comparateur. Les tops qu'elle dispense sont précis à mieux que 20 ms près sur l'ensemble du territoire français métropolitain. Elle doit impérativement être consultée depuis un téléphone filaire classique (surtout pas avec un GSM). L’heure GPS On utilise ici l'heure des horloges atomiques embarquées sur chaque satellite de la constellation GPS. Le télescope Nexstar possède un récepteur GPS, un des modes de fonctionnement permet d’afficher l’heure sur l’écran de la raquette de contrôle. La détermination du temps se fait ici uniquement par lecture de la chaîne NMEA et il n’est donc pas synchronisés avec précision. On observe systématiquement un retard dans l'heure affichée : d'abord parce qu'il faut un certain temps au récepteur pour interpréter les informations de la chaîne NMEA, ensuite parce que l'affichage proprement dit de l'heure, sur l'écran de la raquette, demande du temps. Dans la pratique, je n'utilise l’heure du GPS du télescope que pour dater le début et la fin des observations négatives. 4.4 L'enregistrement Le principe d'une mesure d'occultation consiste à réunir, sur un même enregistrement, les événements et le temps absolu. La méthode utilisée, est l'enregistrement de tops sur un chronomètre. Mon chronomètre est un appareil à mémoires que l’on trouve (environ 30 Euros) dans tout les bons magasins d’articles de sports. Le mien possède 100 mémoires, c’est à dire que je peux enregistrer 100 temps « intermédiaires ». La précision est de 0,01 seconde. L’observation est démarrée environ 2 minutes avant l'heure prévue pour l'occultation, et poursuivie environ 2 minutes après, même en cas d'occultation positive. L'utilité de cet intervalle de surveillance est de scanner l'espace à l'avant et à l'arrière de l'astéroïde dans l'hypothèse de l'observation d'un événement secondaire (satellite). Aujourd'hui, l'événement principal est généralement prédit avec une précision inférieure à 10 secondes, s'il bénéficie d'une mise à jour de dernière minute. P. Bernascolle Février 2008 Page 7 Observation visuelles des occultations 5 Protocole expérimental Voici en quelque mots les préparatifs et l’enchaînement des différentes actions pour l’observation visuelle d’une occultation. J’ai la « chance » d’avoir construit dans mon jardin un observatoire à toit roulant. Le télescope est un Celestron Nexstar GPS sur table équatoriale. C’est donc un télescope vas-y (goto) que j’utilise en général avec un oculaire Plössl de 15 mm (grossissement de 185x, pupille de sortie de 1,5 mm, avec un champ de 17 minutes d’arc). Je fait partie de l’EAON depuis plusieurs année et je reçois donc par courrier les cartes de prédictions. Régulièrement (disons une fois par mois) je regarde aussi sur les sites Euraster et de l’EAON les cartes d’occultations proches de mon lieu d’observation. Enfin je reçois les messages de la liste de diffusion planocult, qui m’informe des mises à jour de dernières minutes, et me rappelle l’occultation du lendemain que j’avais oublier de noter. Parmi toutes ces prédictions je fais un choix en fonction : • De la distance entre la trajectoire de l’ombre et mon lieu d’observation, • De la date et de l’heure de l’événement, • De la magnitude de l’étoile, • De l’importance du phénomène… Le nouveau logiciel Occult Watch de Hristo Pavlov fait ça tout seul, c’est un super outil que j’utilise maintenant pour la préparation de mes observations. Si une occultation est sélectionnée je fais, quelques jours avant, une carte du champ de l’étoile avec le logiciel Carte du Ciel, je vérifie aussi que l’étoile sera bien au dessus de mon horizon local à l’heure H… Je prépare sur mon cahier de manip une page avec les renseignements suivants : • • • • • • • • • • • • Date Heure TU prévue pour l’occultation Astéroïde N° et nom Etoile N° Coordonnées RA et DEC 2000 Température en °C Humidité en % Vent Astéroïde visible ou non Oculaire utilisé : P15mm en général De la place pour d’éventuels commentaires sur la météo… Et enfin un tableau à remplir avec les tops enregistrés sur le chronomètre et qui comporte en général une bonne vingtaine de lignes : P. Bernascolle Février 2008 Page 8 Observation visuelles des occultations # top Heure Chrono Heure TU 1 2 3 4 5 6 7 8 9 … mm:ss,ss hh:mm:00 hh:mm:15 hh:mm:30 hh:mm:45 hh:mm+1:00 hh:mm+1:15 hh:mm+1:30 hh:mm+1:45 hh:mm:ss hh:mm:ss Observation 8 Tops de références temps GPS Début d’observation … Fin d’observation 8 Tops de références temps GPS … 2 ou 3 Tops de références horloge parlante … Quelques heures avant l’heure H j’ouvre l’observatoire pour la mise en température du télescope. Je démarre le télescope, je fais le calibrage des codeurs de la monture sur deux étoiles de références proche de la cible. Je rentre sur la raquette les coordonnées de la cible et le miracle du vas-y fait que j’ai toujours mon étoile dans le champ. Je note sur le cahier de manip la température, l’humidité, si l’astéroïde est visible, les condition météo… Je met l’affichage de la raquette du télescope en mode pendule GPS pour avoir l’heure. L’enchaînement des opérations est alors le suivant : • Démarrage au hasard du chronomètre, le chrono tourne... • Prise de 8 temps intermédiaires (toutes les 15 secondes) sur l’affichage du temps GPS du télescope (je note l'heure TU sur le cahier de manip), • Je m’installe confortablement et j’observe la bonne étoile, • Temps intermédiaire au début de l'observation (2 min avant l'heure prévue), je ne quitte plus l'étoile des yeux... • Temps intermédiaires sur d’éventuels passages de nuages (grâce à une deuxième étoile dans le champ), • Temps intermédiaire sur la disparition de l'étoile... • Temps intermédiaire sur la réapparition de l'étoile... • Temps intermédiaire sur la fin de l'observation (2 min après l'heure prévue)... • Prise de 8 temps intermédiaires supplémentaires sur l’affichage du temps GPS du télescope (je note l'heure TU sur le cahier de manip), • Si l’occultation est positive, je prend encore quelques tops par téléphone sur l’horloge parlante (je note l'heure TU sur le cahier de manip), • Arrêt du chrono, • Je met à jour le cahier de manip, je remplis le tableau avec les valeurs des temps intermédiaires en mémoires dans le chronomètre (avant de les effacer de la mémoire du chronomètre !). • Je ferme l’observatoire… • Je peux aller dormir. Et voilà, le lendemain je ferais le dépouillement. P. Bernascolle Février 2008 Page 9 Observation visuelles des occultations Enfin, voici les erreurs à ne pas commettre, évidemment si je les cite c’est qu’elles me sont arrivées au moins une fois : • Oublier de mettre le réveil pour l’occultation « super importante » qui doit avoir lieu dans la nuit à 4 heures de matin, • Oublier de noter les heures de références GPS ou de l’horloge parlante sur le cahier, • Observer la mauvaise étoile, • Observer la bonne étoile à la bonne heure mais pas le bon jour (occultations du matin), • Observer la bonne étoile mais pas à la bonne heure (légale ≠ TU), • Effacer les mémoires du chronomètre avant d’avoir noter les valeurs enregistrées… 6 Dépouillement Le dépouillement des mesures est fait avec une feuille de calcul Excel. Le modèle de cette feuille de calcul Excel est téléchargeable sur mon site (occul_analyse_f.xlt). • Je saisie mes datations sur le tableau pré formaté. • Excel transforme tout mes temps qui était en hh:mm:ss,ss en secondes. • Excel me calcule la meilleure droite qui passe par mes différents tops de calibrage du chronomètre. J’obtiens donc les coefficients A et B de l’équation : heure TU GPS en seconde = A x (heure chrono en seconde) + B • • • • A est le coefficient de pente qui représente la dérive du chrono pendant l’expérience, il est toujours très proche de la valeur 1. B est l’offset, c’est l’heure TU en seconde de l’instant du démarrage du chronomètre. Grâce à ces deux valeurs A et B je peux calculer en secondes les heures réelles de mes tops de mesures (début et fin d’observation, interruption et disparition réapparition…). Je transforme ensuite ces instants en hh:mm:ss,ss TU pour le rapport d’observation (attention au changement de date pendant l’observation). Si l’occultation est positive, la précision de mon afficheur GPS n’étant pas suffisante, j’utilise les tops de synchronisations sur l’horloge parlante pour recaler mon offset (la valeur de B) calcul non présent sur ma feuille de calcul Excel. Si l’occultation est positive je retranche mon temps de réaction aux mesures de disparition et réapparition de l’étoile. Je peux maintenant faire mon rapport d’observation, puis l’envoyer par mail sur la liste planocult et à Gilles Regheere qui réalise la centralisation des données pour l’EAON. P. Bernascolle Février 2008 Page 10 Observation visuelles des occultations 6.1 Le temps de réaction Dans le cas d'une observation visuelle positive, je dois soustraire mon temps de réaction des temps de disparition et de réapparition que j’obtiens. La méthode de mesure de mon temps de réaction moyen est très simple. Je prend le chronomètre dont je cache la partie affichant les secondes. Je démarre le chrono et je l’arrête immédiatement lorsqu'il se produit un changement de minute. La fraction de seconde affichée dans la partie cachée, est une mesure de mon temps de réaction. L’inconvénient de cette méthode c’est l’utilisation du pouce pour arrêter le chrono (je suis droitier), donc, je prend des temps intermédiaire avec l’index, pour utiliser le même doigt que celui utilisé pendant les observations. Je recommence l'expérience plusieurs dizaines de fois, en notant chaque valeur trouvée. Lorsque j’en ai au minimum 20 ou 30, j’en fait la moyenne c’est mon temps de réaction moyen (= 0.43s). Je calcule l'écart type (sigma = 0.06s) sur l'ensemble de ces mesures avec Excel, je multiplie par 2, j’obtient l'incertitude sur mon temps de réaction. Cette incertitude couvre 95% de mes mesures et c'est généralement celle qu'on utilise en physique. Je peux donc écrire que mon temps de réaction est de 0,43 +/- 0,12s. Dans la pratique, il est évident qu'il peut en être autrement, notamment si je suis anormalement surpris par le phénomène. Je suis alors obligé d'estimer un temps de réaction spécifique, en prenant comme point de départ mon temps de réaction mesuré. L'incertitude sur ce temps de réaction est bien entendu plus grande. 6.2 Les incertitudes Il est nécessaire de fournir une incertitude pour chacune des mesures données dans le rapport final. Pour cela, j’essaie de déterminer l'incertitude amenée par chaque élément ou étape de la méthode utilisée. L'incertitude globale sur la mesure est la moyenne quadratique des incertitudes, à savoir la racine carré de la somme des carrés des incertitudes. La précision de l’affichage de l’heure GPS sur la raquette du télescope est mauvaise (de l’ordre de la seconde) dans l’absolu mais bonne en relatif, je n’utilise ces tops que pour calculer le dérive éventuelle de mon chronomètre. Mes dates de début et de fin d’observations sont donc arrondi à la seconde sans valeurs d’incertitudes. C’est logique, l’observation effective de l’étoile commence avant l’enregistrement du top début et se termine après l’enregistrement sur le chronomètre du top fin. En revanche si l’observation de l’occultation est positive alors, la précision des tops de synchronisations sur l’horloge parlante est de +/- 0,12s à 2 sigmas. La précision sur la valeur de mon temps de réaction est de +/- 0,12s à 2 sigmas. L’incertitude globale sur mes mesures d’occultation est donc au minimum de +/- 0,18 secondes. On tiens donc presque l’objectif de 0,1 seconde de précision. P. Bernascolle Février 2008 Page 11 Observation visuelles des occultations 7 Publication des résultats Une fois les dépouillement terminés, il faut remplir le rapport d’observation, voici celui de mon observation positive de l’occultation par 306 Unitas le 10 novembre 2004 : ASTEROIDAL OCCULTATION - REPORT FORM - EAON EUROPEAN ASTEROIDAL OCCULTATION NETWORK 1. DATE : 2004/11/10 STAR : HIP 95577 ASTEROID : 306 Unitas 2. OBSERVER Name : Philippe Bernascolle Phone : Address : Les Boulines – 83170 Tourves - France Email : [email protected] 3. 4. OBSERVING STATION Nearest city : Saint Maximin la Sainte Baume Longitude : 05°52’28’’EST Latitude : 43°24’39’’NORTH Altitude : 335 m Abbr : BCL Station : Single TIMING OF EVENTS Occultation recorded : Positive Type of event : "S"tart observation; "I"nterrupt-start; "D"isappearance; "B"link; "F"lash; "E"nd observation; "I"nterrupt-end; "R"eappearance; "O"ther (specify) Personal Equation Substracted : Yes Event : Time (UTC) P.E. +- Accuracy + Comments Code : HH:MM:SS.ss S.ss - S D R E : : : : 16:51:04 16:51:49.99 16:51:50.92 16:52:12 0.50 0.40 +- 0.20 +- 0.15 Duration : 0.93 sec 5. TELESCOPE Type : Schmidt Cassegrain (C11) Aperture : 0.28 m Magnification : 186 x Mount : Equatorial Motor drive : Yes 6. TIMING & RECORDING Timekeeping : Phone clock after event Mode of recording : Visual Device of recording : Stopwatch with memories 7. OBSERVING CONDITIONS Atmospheric transparency : Good Star image stability : Good Wind : No Temperature : + 5°C Humidity : 65% Minor Planet Visible : No 8. ADDITIONAL COMMENTS Ce document est finalement envoyé par courriel à Gilles Regheere qui centralise les observations et à la liste de diffusion Planocult. P. Bernascolle Février 2008 Page 12 Observation visuelles des occultations 8 Conclusions Ce papier devrait inciter les astronomes amateurs à participer à ce type de mesures. Car finalement le matériel nécessaire n’est pas très important, c’est même ce qui ce fait de plus simple pour de l’astronomie scientifique. Avec un télescope, un chronomètre, un récepteur GPS ou un téléphone fixe pour interroger l’horloge parlante et l’on peut mesurer des occultations d’étoiles avec une précision meilleure que 0.2 s. 9 Bibliographie 9.1 • Livres utiles La bible Astronomie - Le guide de l’observateur - Tome 1 et 2 Collectif sous la direction de Patrick Martinez Edition Société d’Astronomie Populaire - 1987 9.2 • Utilitaires disponibles sur Internet Logiciel de cartographie Carte du ciel de Patrick Chevalley http://www.astrosurf.org/astropc/cartes/index.html • Sites sur les occultations (prédictions…) Le site de l’EAON (European Asteroidal Occultation Network) http://www.astrosurf.com/eaon/ « Le site » en Français d' Eric Frappa http://www.euraster.net Le site de l’IOTA (International Occultation Timing Association) http://www.lunar-occultations.com/iota/iotandx.htm Prédiction pour l’Europe d'Edwin Goffin sur la page de Ludek Vasta http://mpocc.astro.cz/ Le site de Steve Preston http://www.asteroidoccultation.com/ Le site de téléchargement du logiciel Occult Watch http://www.hristo.pavlov.co P. Bernascolle Février 2008 Page 13 Observation visuelles des occultations • Diffusion des résultats Courriel de Gilles Regheere [email protected] Liste de diffusion Planocult http://www.aula.com/EAON/ • Sites perso Le site des Boulines http://www.boulines.com Le miroir du site astro sur Astrosurf http://www.astrosurf.com/boulines/ P. Bernascolle Février 2008 Page 14