Proceedings
of the International Congress of Mathematicians
August 16-24, 1983, Warszawa
YVES MEYEE
Intégrales singulières, opérateurs
multilinéaires,
ana-
lyse complexe et équations aux
dérivées
partielles
1.
La continuité
J?
des opérateurs définis par des intégrales singulières
Soit, avec
los notations
usuelles,
T:
@(Rn)->@'(Rn)
un opérateur linéaire
continu. Appelons E(x,y)
e@'(Rn
xRn)
le noyau-distribution de
T,
T*
le transposé de T dont le
noyau-distribution
est
E
(y, x), <•,> la forme
bilinéaire de dualité entre
S(Rn)
et
@'(Rn)
et
Q c
Rn
x
Rn
l'ouvert défini
par y
x, x e
R11,
y
eB'1.
Nous dirons que le noyau E(x,y) vérifie les
estimations de
Galderón-Zygmund
s'il existe un exposant
e
> 0, e
<
1, et
une constante
0^0
tels que la restriction de E(x,y) à l'ouvert Ü soit
une fonction continue ayant les trois propriétés suivantes:
\E(x, y)\
<
0\x-y\~n
pour
tout (x, y)
G
Q,
(1)
\E(x',
y)-E(x,
y\
<
G\x-x'\Ë\x-y\-n~*
si (x, y)
G
ßet
|*-a>'|<l|0-y|
(2)
et
finalement
\E(x,
y)-E(x9
y')\
<
0|2/
2/'ri^
—2/r9l"~e
si
(0,
y)
e ûet
|y-y'l<ll*-0|.
(3)
Nous désignerons par
ê Vensemble
des opérateurs
T:
<3(Rn)->!3'(Rn)
dont le noyau
vérifie
(1), (2) et (3).
Un opérateur linéaire continu
T:
<2i(Rn)-><2>f(Rn)
est appelé dans cet
exposé (ceci n'est pas la terminologie usuelle) un opérateur de Galderón-Zyg-
mund s'il existe une constante
G >
0 telle que pour toute fonction
fe2(Rn),
T(f) appartienne à
L2(Rn;dx)
et vérifie
||T/||a< ü||/||2,
et si,
en outre, le noyau-distribution E (x, y) de X vérifie les estimations de
Oal-
derón-Zygmund.
Les célèbres
méthodes
de variable réelle de
Oalderon
et
[1001]
1002 Section 9: Y. Meyer
Zygmund s'appliquent alors et l'on obtient
\\Tf\\p
<
Gp\\f\\p
si 1 < p < + oo
tandis que T envoie continûment
i°°(Bn)
dans l'espace
BMO(JRM)
de John
et
îTirenberg
([20]). Enfin pour 1 < p < +
oo
et tout poids
co
e
Ap
de la
classe de Muckenhoupt, tout opérateur de Galderón-Zygmund se prolonge,
par continuité, en un opérateur linéaire continu de
^(JB^;
cadx)
dans
lui-même ([4]).
Nous désignerons par
E cz ê
l'espace vectoriel des
opérateurs
de Gal-
derón-Zygmund. Le problème fondamental de cette
théorie
est de trouver un
critère commode permettant de déterminer si un opérateur T e
S
appartient,
en fait, à
JE.
Le critère que nous allons donner porte sur l'objet T(l) que
nous allons maintenant
définir
si T
G
ê-,
1 désigne la fonction identique-
ment égale à 1.
Soit
@0(Rn)
cz 9(Rn)
le sous-espace des fonctions
<p
telles que f
<p(x)dx
= 0. Si
<p
e0o
et T
G
ê,
la distribution
T*(<p)
est, en fait, continue hors
du support de
<p
et est
0(\x\~~n~~8)
à l'infini. Alors
(T*(<p),
1> a un sens et
T(l) = 8 est une forme linéaire continue sur
2}Q
définie par
<#,
ç?>
=
<T*(cp),
1>. De même
T*(l)
est une forme linéaire continue sur
@0(Rn).
Nous
désignerons par
E1(Rn)
l'espace de Stein et Weiss dont le dual
est
BMO(IT).
Alors
SfQ
est dense dans
H1
et nous écrirons T(l)
eBMO
pour exprimer que la forme linéaire continue
T(l)9
définie sur
2iïQ,
se prolon-
ge à
El(Rn).
De même
T*(l)
eBMO
a un sens.
Une dernière définition nous sera utile. Soient
y
e
@(Rn),
u e
Rn,
ô>0.
Alors on pose
<p{u^(x) = <p((x-u)ld)
et l'on dit que
T:@(Rn)->2i'(Rn)
est un opérateur
d'ordre
0 si, pour toute partie bornée
^ c
@(Rn),
il existe
une constante G
= G
(SS) telle que
|<T^M^,^>|
<
n
pour tout
q>±
G
âS9
tout
0>2
G
âS,
tout u
G
Rn
et tout ô > 0.
THéORèME
1. 8oit
T:
3i(Rn)->@'(Rn)
un opérateur linéaire et continu
dont le
noyau-distribution E(x9y)
vérifie les estimations de
Galderón-Zyg-
mnnd.
Alors les deux conditions suivantes sont équivalentes:
T se prolonge en un opérateur continu sur
L2(Rn)9
(4)
^(1)
eBMO,
T*(l)
eBMO
et T est
d'ordre
0. (5)
Soit
Pt,
t^0,
le semi-groupe de Poisson. Pour toute
fonction.
ß
GBMO(BW),
désignons par
Zß
l'opérateur défini (formellement) par
?
dt d
4
f
Qt{(Qtß)(Ptf)}-r = -W) où Qt =
~*l£pt-
Mo Lß est
-
°Péra"
o
f dt
teur de
Calderón-Zygmund
tel que
Lß(l)
=
ß et
£j(l) =
0. Si ß et y
appartiennent à
BMO(JRn),
L =
Lß+L*
est aussi un opérateur de
Cal-
Intégrales singulières, opérateurs et analyse complexe 1003
derón-Zygmund
tel que L(l)
=
ß,
L*(l)
=
y.
Gela
montre que les deux
fonctions de BMO intervenant dans (5) sont arbitraires.
L'ensemble
A
cz &
(L2
(Rn),
L2
(Rn))
des opérateurs
TeS
tels que
T(l)
=
T*(l)
=
0 est, en fait, une algèbre ([25]) et le théorème 1
peut
être précisé en
B ~
A
0BMO (Rn)
©BMO(Rn).
(6)
L'isomorphisme
est
T->(B,
T(l),
2*(1))
où B
-
T-Lß-L*
si ß
=
T(l)9
y
=
T*(l).
Pour démontrer le théorème 1, on se ramène, grâce à l'isomorphisme
précédent, au cas où le
noyau-distribution
B(x,y) de B vérifie les estima-
tions de Oalderón-Zygmund et où
JS(1)
=
J2*(l) =
0. Alors la continuité
de B sur
L2
se démontre grâce au lemme de
Ootlar
([15],
[19], [26]).
Si
E:
Q->C
vérifie les estimations de Oalderón-Zygmund et si
E
(y, x)
=
-E(x,y),
on pose
EB(x9y)
=
E(x,y) si \x-y\
>
E,
Ee(x9
y) =
0
sinon. Alors
limEB(x,
y) existe dans
2'(Rn
xRn)
et définit une distribution
40
notée
v.p.If(œ,
y) et un
operateur
T:
<2)(Rn)-+3}'(Rn)
d'ordre
0. La con-
tinuité de T
sui1
L2
est alors équivalente à
^(1)
G
BMO.
Oes
remarques fournissent une démonstration particulièrement simple
des résultats de [3].
On appelle
Th,heN,
les opérateurs dont les noyaux-distribution
sont
(A(x)—A(y))h(x
y)~]i~l
lorsque
A:R->C
est
lipschitzienne.
Pour
obtenir la continuité de
Tk
sur
L2(R)
il suffit de vérifier que
Tk(l)
GBMO(B).
Or
TJc(l)
^Tj^A').
Puisque
A'eL°°(R),
un raisonnement
par récurrence et le théorème 1 donnent immédiatement
||37A||
< ÖÄ+1||-4.'||*.
On sait
aujourd'hui
que
\\Tk\\
< 6400(1
+ ft)4||J./||* ([11]).
2.
Applications à l'analyse complexe
Soit
9?:JR->JRune
fonction
lipschitzienne:
\cp(x) (p(y)\^M\x
y\ pour
une certaine constante
M >
0, tout x ER
et
tout y
G
R.
Considérons le
noyau-distribution v.p.
(x y+i[q>[œ)
^(y)))'1
et l'opérateur
Tv:Si(R)
->3)'(R)
associé.
THéORèME 2.
L'opérateur
Tv
est borné sur
L2(R)
et sa norme
oie
dépasse
pas
G(l+M)\
Il existe, à l'heure actuelle, deux démonstrations du théorème 2. La
première (A. P.
Oalderon,
G. David) consiste à démontrer d'abord la con-
1004 Section 9: Y. Meyer
tinuitó
de
T^
sur
L2(R)
en appliquant soit le théorème 1, soit le théorème
de
Oalderon
présenté au congrès d'Helsinki ([3], [14]).
Une utilisation ingénieuse des inégalités aux bons
X
de Burkholder et
Gundy
permet alors de passer au cas général. La seconde ([11]) consiste
à étudier les opérateurs
Tk
définis ci-dessus par de nouveaux algorithmes
dus à A. Mcintosh. La signification géométrique du théorème 2 est la
suivante. Soit
r c jR2v
le graphe de la fonction
<p,
Qx
l'ouvert situé au-
dessus de r,
Q2
celui au-dessous de r. On appelle
S2±)
c
L2(r)
=
L2(r-,ds)
l'espace de Hardy défini comme la fermeture dans
L2(T)
des fractions rationnelles
P(z)IQ(%)
nulles à l'infini et dont les pôles ap-
partiennent à
û2.
On définit de même
H.2(Q2)
et le théorème 2 signifie
que
L2(r)
est la somme directe des
çous-espaces
B21)
et
H2(Q2).
Ob-
servons que
T9
est un opérateur de Oalderón-Zygmund.
Nous pouvons généraliser l'étude précédente.
Soit
r
une courbe de Jordan
fermée
et rectifiable du plan complexe,
limitant le domaine
Qx.
îTous
désignerons par
Û2
l'extérieur de J1
et par s e
[0,
Z]
la longueur d'arc sur
r (l
étant la longueur totale
de r).
Suivant
Keldysh,
Lavrentiev et Smirnov, on définit, pour 1
<
p < + oo,
deux sous-espaces fermés
HP1)
et
&tp(Qx)
de
LP(T\
ds).
L'espace de
Hardy
HPX)
est la fermeture dans
JL^I7;
ds) de l'ensemble des poly-
nômes
P(z).
D'après le théorème de Eunge, on peut également définir
HP(QX)
comme la fermeture des fractions rationnelles
P(z)IQ(z) dont
les
pôles appartiennent à
û2.
De même on définira ensuite
HP(Q2)
comme
la fermeture dans
i^JT;
ds) des fractions rationnelles
P(z)jQ(8)
nulles
à l'infini et dont les pôles appartiennent à
Qt.
Le second espace
3^P(QX)
est défini, de façon indirecte, comme l'en-
semble des / e
Lp(r-,
ds) tels que f
zkf(z)dz
= 0 pour tout
Je
eN.
Lavren-
r
tiev a
démontre
que ces deux espaces sont, en général, distincts. Leur
égalité ne dépend pas de p et, si elle a lieu, on dit que
Qx
est un domaine
de Smirnov.
Pour définir
M}p(Q2),
on remplace
zk
par
(z
a)~k,
a e
Ql9
7s >
1.
On dit que
jTest
une
courbe
de Lavrentiev si en désignant par
z(s),
s e RßZ,
le paramétrage de
r
par la longueur d'arc, on a
|*# «f <
G\z(s')—
$(s)\
pour tout s et tout s'. On dit que
r
est lipschitzienne si
r
est localement
le graphe d'une fonction lipschitzienne.
Enfin
r
est une courbe régulière
d'AMfors
si, en désignant par \E\ la
mesure
de
Lebesgue d'un borélien
23 c
RßZ,
il existe une constante
(7^2
telle que, pour tout nombre complexe
#0
G
C et tout r > 0, on a
\{seRßZ;
|*(*)-a0l
<*}l
<
Cr-
Intégrales singulières, opérateurs et analyse complexe 1005
Avec ces notations on a ([14])
THéORèME 3.
L'espace
Z2(JH;
ds) est la somme directe de
E2(Q1)
et de
M2(Q2)
si et seulement si
r
est une
courbe régulière
d'Ahlfors.
Alors
Qx
et
Q2
sont des domaines de
Smimov
et pour 1 < p <
+
oo,
Lp(Fm,
ds) est la somme
directe de
HP(QX)
et de
MP(Q2).
Donnons quelques indications sur la preuve du théorème 3. On appelle
T
l'opérateur
défini (formellement) par le noyau de Oauchy
(z(s)—z(t))"19
s
G
RßZ,
t
G
RßZ,
et tout se ramène à l'étude de la continuité de T sur
L2(RßZ).
On utilise, dans cette étude, trois ingrédients:
le fait que T soit borné sur L2 lorsque F est lipschitzienne
(théorème 2);
-
une décomposition de tout intervalle d'une courbe régulière d'Ahl-
fors en deux parties: la première, après rotation des axes, est contenue
dans le graphe d'une fonction lipschitzienne et la seconde a une petite
mesure relative;
l'utilisation des inégalités aux bons
l
de Burkholder et Gundy
pour passer du cas local au cas global.
Le succès de cette
application
à l'analyse complexe vient de la déci-
sion de traiter le problème à l'aide des méthodes de l'analyse réelle. On
peut d'ailleurs remplacer le noyau de
GauChy
1/(8
w)
par n'importe
quel noyau
E(z w)
où
E:
R2\{0}->C
est impaire, homogène de degré
1
et indéfiniment
derivable.
3STous
allons poursuivre l'étude de l'opérateur défini par le noyau de
Oauchy dans le cas des courbes de Lavrentiev ouvertes; elles sont para-
métrées par la longueur d'arc s e R et l'on a
|s
1\
<
G\z(s)
z(t)\
pour
tout
s
G
B
et tout t
G
B.
Ces
courbes de Lavrentiev sont donc caractérisées par le fait que
l'opérateur
Tr
défini
par le noyau de Oauchy soit un opérateur de Oalderón-
Zygmund.
Nous
allons définir la variété
"K
des courbes de Lavrentiev, la para-
métrer à l'aide d'un ouvert V de
BMO(B)
et enfin démontrer que l'ap-
plication qui à
r
associe
Tr
(ou la représentation conforme) est réelle-
analytique sur V.
La variété
iT
des courbes de Lavrentiev orientées sera d'abord décrite
comme une ensemble. On part des couples (T,
z0)
d'une courbe de Lavren-
tiev orientée
r
et d'un point
#0
G
r. Ensuite on considère que deux tels
couples sont équivalents si l'on peut trouver un déplacement plan g
(g(#)
=
e*z
+ y) tel que
g(T) =
J"
et
g(z0) =
g(z'0).
Désignons par
BMO(JB)
l'espace de
Ba.nach
des fonctions réelles
b:
R-^R
appartenant à l'espace de John et
Nirenberg.
Il existe alors une
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