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Chez la femelle, les organes lumineux des segments 6 et 7
ou avant-derniers de l'abdomen sont tous deux divisés en cinq lo-
bes,
un médian plus large et deux.plus étroits sur les côtés. Ces
lobes,
déjà figurés par Targioni Tozzetti (1866), séparés par des
sillons assez profonds, offrent, au point de vue physiologique, une
indépendance bien manifeste. On remarque en effet, si, après avoir
brillé pendant quelques heures, les écharpes phosphorescentes com-
mencent à pâlir, que les différents lobes ne s'éteignent pas tous en
même temps, mais que certains d'entre eux (par exemple les deux
latéraux) continuent de briller pendant que les autres sont déjà
obscurs. .
La luminosité du L. noctiluque n'est pas intermittente comme
celle de la Luciole, mais continue ou persistante pendant un temps
assez long. Chacun sait qu'on peut prendre le Lampyre adulte
dans la main, le retourner, le mettre dans un tube, sans avoir à
craindre qu'il éteigne son flambeau. Le fonctionnement des organes
lumineux est en revanche régulièrement périodique; il cesse à peu
près complètement pendant le jour et, quanti le moment est favo-
rable (époque de la maturité sexuelle), reprend chaque soir son
éclat habituel.
La larve qui n'a que deux lampions minuscules (au niveau
du 8me segment) diffère de la femelle adulte en ce que sa luminosité
est beaucoup plus fugitive et passagère. L'insecte, au moment où
on le touche, éteint d'ordinaire ses lumignons. Aussi, lorsqu'un
Lampyre encore à l'état de larve brille dans la nuit au milieu des
herbes, a-t-on (s'il n'est pas pris du premier coup) parfois beau-
coup de peine à le saisir.
Tandis que le Ver-luisant adulte ne prend que peu ou point
de nourriture, sa larve est au contraire des plus voraces. Son ré-
gime, exclusivement carnassier, consiste principalement en Escar-
gots de petite taille appartenant au genre Helix.
Choisissant d'ordinaire le moment où l'Escargot est rentré
dans sa coquille, le Lampyre s'introduit dans l'ouverture et, per-
çant avec ses mandibules la peau du mollusque, instille un violent
poison dans la chair de ce dernier. Devenu flasque et inerte, désor-
mais incapable de se mouvoir, l'Escargot se fond en une sanie li-
quide qui, dans les jours qui suivent, est absorbée par son ennemi.
Ces faits remarquables ont été signalés déjà par Ellis et par
Newport (1857, p. 53). Si l'Escargot est petit, il suffit, d'après ces