
EIFFAGERAILEXPRESS
- Avril - Juin 2016 - N°16
Les interventions sur la ligne
À l’intérieur du centre opérationnel, pas moins de dix-huit écrans entourent les trois
postes de travail. Signalisation ferroviaire, sous-stations électriques, réseaux de
télécommunications mais aussi vérifications des accès et vidéo-surveillance de la voie,
tout s’affiche en temps réel. « L’idéal du mainteneur, c’est d’intervenir juste avant la panne
afin de garantir la qualité de fonctionnement de la LGV, c’est-à-dire sa sécurité, reprend
Jean-Matthieu de Laferrière. D’ici, nous contrôlons à distance les installations électriques
et électroniques de la ligne. Nous réalisons également des surveillances directement sur le
terrain. » À pied ou avec des lorries, petits engins ferroviaires, les équipes procéderont aux
contrôles des rails, des ouvrages d’art ou des ouvrages en terre. Le matériel nécessaire
aux interventions : outillage (pinces à lever les rails…), matériel de remplacement
(rails, cartes électroniques pour dépanner la signalisation…) est en cours de livraison.
Des engins ferroviaires font également leur apparition sur les bases, comme ces deux
locomotives aux couleurs d’Eiffage, une bourreuse et bientôt deux draisines, véhicules
automoteurs légers spécialisés. L’un permettra l’entretien de la caténaire, l’autre est
necéssaire à l’entretien de la voie.
La formation du personnel
Aujourd’hui, les locaux du bâtiment de maintenance de Saint-Berthevin sont en réalité
un véritable centre de formation pour les équipes : si la vingtaine de salariés d’OPERE en
charge de l’encadrement est déjà en poste, environ 70 personnes, essentiellement des
opérateurs de maintenance y apprennent leurs nouvelles professions : « La direction travaille
à la rédaction des procédures de maintenance, des documents nécessaires pour expliquer la
manière dont se fait l’entretien de chaque installation sur la LGV BPL, conformément aux règles
en vigueur, poursuit Jean-Matthieu de Laferrière. Nous formons notre personnel en suivant
ces procédures. » Pendant quatre à neuf mois, cours en classe devant tableau et travaux
pratiques sont alternés. Une caténaire-école, un segment d’une centaine de mètres avec
poteaux et supports, fils de contact, câbles porteurs et contre-poids, identiques à ceux en
ligne, mais à hauteur d’homme permet de compléter les formations. « Avec des vitesses de
circulation des TGV de l’ordre de 320 km/h, la caténaire est soumise à des contraintes fortes.
Elle peut se dérégler, voire se casser. Sur cette caténaire-école, les opérateurs de maintenance
traction électrique apprennent les réglages sans avoir besoin d’aller sur la ligne. Une voie-
école est aussi en cours d’installation. » Pour certains, ces opérateurs viennent du chantier
de construction de la LGV et suivent une reconversion. D’autres ont été recrutés sur les
bassins de Mayenne et Sarthe, par le biais de Pôle emploi ou de salons locaux de l’emploi.
« Ces opérateurs viennent des bassins
d’emplois de Mayenne et de Sarthe. »
Le domaine d’intervention d’OPERE
Alors que les ateliers et garages des bâtiments de
maintenance sont situés au rez-de-chaussé, les
locaux de vie se trouvent à l’étage : les équipes s’y
relaieront quasiment 24h/24. « Nous aurons en effet
du personnel de jour, car nous devrons être capables
de réagir pendant les horaires de circulation des trains,
en cas de problème ; mais l’essentiel de notre travail
aura lieu la nuit, en dehors de créneaux de passage des
convois ferroviaires, entre minuit et six heures du matin,
afin de pouvoir accéder aux voies. » Car c’est bien sur
les infrastructures que veillera OPERE ; le suivi des
trains, TGV, TER et convois de marchandises circulant
sur la LGV BPL, sera assuré par SNCF Réseau. C’est
aussi eux qui pilotent les aiguillages, la signalisation
et la gestion du courant électrique dans les caténaires,
depuis son nouveau bâtiment de gestion centralisée à
Rennes. « Particularité du partenariat public-privé, c’est
aussi SNCF Réseau, propriétaire et exploitant de la ligne
qui se chargera des péages au passage de trains, termine
Jean-Matthieu de Laferrière. OPERE ne touche qu’un loyer de maintenance figé sur la durée
du contrat, à la différence d’une concession. » Une fois leur formation achevée, les nouveaux
opérateurs aideront CLERE, à maintenir la voie pendant les essais. Dès le 15 mai 2017, date
de la mise à disposition de la LGV BPL, ils officieront pour le compte d’OPERE.
Échos des travaux 3
Sur la voie
Conduire avec prudence, se protéger des réseaux aériens et souterrains, porter les
équipements individuels… Ce sont en tout 20 exigences fondamentales de sécurité
qu’Eiffage applique à tous les métiers de la Branche infrastructures, sur tous les sites,
partout dans le monde et à tout le personnel ainsi qu’aux intervenants extérieurs travaillant
pour le compte de l’entreprise. « L’objectif à atteindre est 0 accident et 0 faute », précise
Christophe Coipel, préventeur pour la partie pose de voie de la LGV BPL. Pour y parvenir,
Eiffage a lancé au début de l’année une application pour smartphone, Safety force, destinée
à l’encadrement pour évaluer le niveau de sécurité des équipes. Puis, comme chaque année
depuis trois ans maintenant, l’opération coup de poing « vis ma vie en sécurité » a eu lieu
au mois d’avril. « Les équipes travaux ont été évaluées à ce moment-là. Ce fut l’occasion
d’utiliser l’application pour faire remonter les éventuels problèmes et les corriger. » Christophe
Coipel, dont la fonction consiste à accompagner les équipes travaux afin que la sécurité du
personnel et son intégrité physique soient assurées, s’est déplacé sur les chantiers pour
favoriser l’utilisation du programme et apporter son soutien lors des évaluations. C’est
l’équipe de finition de voies qui a bénéficié de la note la plus haute lors de son évaluation,
avec 100 % des exigences fondamentales de sécurité atteintes.
L’opération « vis ma vie en sécurité » s’est déroulée en avril auprès de
l’ensemble des équipes d’Eiffage sur la LGV et dans le monde entier.
Réduction des risques
Un colloque en septembre
Comment, le long de la LGV Bretagne-
Pays de la Loire, les passages faune, les
ouvrages hydrauliques, les rescindements
de cours d’eau ou les nouvelles
plantations minimisent les discontinuités
écologiques ? Comment, bien au-delà de
la ligne, évoluent les trames bocagères
et le paysage agricole, suite au tracé du
projet et à l’aménagement foncier qui en
découle ? « Pour répondre à ces questions et
apprécier l’effet de la LGV sur la biodiversité
et le paysage des territoires traversés,
un Observatoire de l’Environnement
a été mis en place sur une durée de
dix ans (2012-2022), indique Vincent
Pereira, le responsable Environnement,
Observatoire et Partenariats chez ERE.
Cet Observatoire nous permettra de produire
des connaissances utiles pour améliorer
l’intégration d’une infrastructure dans son
territoire. Le fruit des études engagées sera
intégré au bilan environnemental de la LGV,
mais nous souhaitons que cet Observatoire
reste un outil partagé et accessible au plus
grand nombre. » Le vendredi 23 septembre,
acteurs locaux, élus, chercheurs, univer-
sitaires et associations pourront ainsi
participer au 1er colloque de l’Observatoire
de l’Environnement, au palais des congrès
du Mans. Au programme : entre autre les
mesures compensatoires et paysages suivi
de la visite d’un site l’après-midi.
LE MANS (72) - OBSERVATOIRE DE L’ENVIRONNEMENT
Sur les territoires
La pose des voies sur l’ensemble du tracé s’est symboliquement
achevée avec une soudure très médiatisée au nord du Mans.
Dernière soudure de rail
Forte activité le 30 mai dernier à la
Bazoge : c’est sur cette section de
la ligne à grande vitesse Bretagne-
Pays de la Loire qu’a été soudé le dernier
rail, marquant ainsi la fin de cette phase
de travaux. L’événement s’est déroulé
en présence de Dominique Le Méner,
président du Conseil départemental de
la Sarthe, et de Corinne Orzeckowski,
préfète de la Sarthe, ainsi que de nombreux
collaborateurs d’Eiffage œuvrant sur
ce chantier d’envergure. Sous le regard
des photographes et caméramans, une
équipe de soudeurs a assemblé deux rails
par aluminothermie en coulant entre les
deux sections de rails un acier chauffé à
2 800 °C. On commence par supprimer les
excédents de soudure puis on meule le rail
jusqu’à ce qu’il soit conforme aux normes
de circulation d’une LGV. « Nos vérifications
de précision sont soumises aux normes
européennes », indique Didier Managio,
contrôleur de soudure. Huit équipes de
soudures ont parcouru la ligne pendant un
an et demi pour réaliser ces soudures par
aluminothermie, presque 10 000 au total.
Les TGV pourront ainsi circuler sur un seul
long rail soudé entre Connerré et Rennes.
AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS
Dernières plantations en cours
Après une première campagne débutée
durant l’été 2014 avec la préparation des
sols, les plantations sont terminées depuis
le début du printemps sur l’ouest du
tracé. Situés pour l’essentiel à l’extérieur
de la clôture de la ligne, entre l’emprise
technique nécessaire à la réalisation
des travaux et l’emprise ferroviaire
définitive, ces boisements vont permettre
de recréer le paysage modifié par la
ligne. Sur certaines zones, différentes
essences ont été sélectionnées selon leur
vocation écologique : chênes pour abriter
certaines populations d’insectes, grands
capricornes ou pique-prunes par exemple,
boisements appétant pour la grande faune
ou végétation spécifique afin de favoriser le
maintien des berges près des cours d’eau.
La remise en état du paysage s’achèvera
en automne autour du Mans.
LES VOIRIES
Réparations d’itinéraires
Les voiries empruntées par le trafic
poids lourd du chantier de la LGV ont été
remises en état dans les départements
de la Mayenne et de l’Ille-et-Vilaine.
Les travaux sont en cours dans la Sarthe et
devraient se finir au cours de l’été.
Rétablissements routiers et chemins de randonnée
L’ensemble des nouvelles voiries qui
permettent les franchissements de la
ligne ont été remises aux gestionnaires
routiers, communes et conseils
départementaux, en Ille-et-Vilaine et
en Mayenne fin 2015. En Sarthe, ces
opérations se tiendront pendant l’été.
Dans ce département également, tous les
chemins de randonnées interceptés par la
ligne seront à nouveau ouverts au public
courant juillet. Les détours créés pour
permettre les franchissements de la LGV
ont été définis en concertation avec les
communes pour s’intégrer au mieux dans
le paysage ; les dernières passerelles sur
les ruisseaux sont en train d’être posées.
Les premiers voyageurs pourront circuler sur la
nouvelle ligne à partir de mai 2017.
J-360, le compte à rebours
a démarré
Presque quatre ans après le début
des travaux de terrassement, le
chantier de construction de la
LGV entame sa dernière ligne droite.
Fin juin, l’activité principale de pose
des voies et de ses équipements
(signalisation, caténaires, réseaux
de télécommunication, installations
d’énergie électrique) sera terminé.
Début août, la caténaire couvrant l’ouest
du tracé sera mise sous tension : les
premiers trains électri ques pourront
ensuite circuler. « Ces essais dynamiques
vont monter en allure pour s’achever avec
des tests en sur-vitesse, jusqu’à 10 % de
plus que celle maximale d’exploitation
qui est de 320 km/h », explique Michel
Oléo, directeur de projet, en charge de
la conception et de la construction de
la LGV. « Certains convois se déplaceront
jusqu’à 352 km/h, permettant ainsi
d’atteindre la vitesse d’homologation de
la ligne. » Les conclusions tirées par la
commission constituée après l’accident
à Eckwersheim seront intégrées.
La SNCF et Eiffage ont déjà fait savoir
que cela n’aurait pas d’incidence
sur la date de la livraison de la LGV.
S’ensuivra une phase documentaire
importante, instruite par l’Établissement
public de sécurité ferroviaire, qui
délivrera l’autorisation de circulation
commerciale. « Au vu du travail à
accomplir, cette dernière ligne droite ne
sera pas un chemin de tout repos mais
Eiffage met en place les organisations et
mobilise les compétences nécessaires
pour livrer la LGV dans les temps. »
Informations sur
www.ere-lgv-bpl.com/observatoire
2 Dossier
Finalisation
de la sous-station du Pertre
Quelques kilomètres
au sud du Pertre, à la
frontière entre l’Ille-et-
Vilaine et la Mayenne. Sur le
territoire de cette commune
bretonne a été construite la
sous-station électrique qui
alimentera les caténaires de
l’ouest de la LGV BPL. « Une
partie assure l’interface avec
le réseau RTE de 225 000 V,
intervient Olivier Babilotte,
le directeur opérationnel des
équipements ferroviaires
hors voie. Une dérivation de
la ligne haute-tension passant
au Pertre y amène le courant
de manière souterraine, ce
qui évite toute gêne visuelle
pour les habitants et assure
une meilleure protection en
cas d’intempéries. » Puis, à
l’intérieur de la sous-station,
les câbles électriques portés
par de grands portiques
parafoudres sont reliés aux
transformateurs. Deux d’entre
eux produiront les 25 000 V
qui alimenteront la ligne, le
troisième étant là en secours.
Enfin, un petit bâtiment abrite le
contrôle des commandes et des
armoires de protections. « Pour
assurer son bon fonctionnement,
la sous-station est protégée
par vidéosurveillance et les
installations sont sous alarmes.
Sa mise sous tension permettra
aux premières rames d’essai de
circuler dès la fin de l’été. »
Les trois transformateurs de cette sous-station électrique sont en cours
d’installation. Elle sera mise sous tension au cours du mois de juillet.
Sécurité Électrification
Sur la ligne