Place de l'imagerie morphologique et fonctionnelle dans l'exploration du cancer colo-rectal
62 Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2005 - vol.29 - n°2
vement en simple ou double con-
traste) l’avènement des nouvelles
techniques scannographiques a modi-
fié les choses.
L’endoscopie
!C’est la méthode diagnostique de
référence [2] car elle seule visualise la
lésion et apporte la preuve de sa mali-
gnité par la biopsie qu’elle permet de
réaliser dans le même temps. Cet exa-
men présente cependant certains in-
convénients. Il peut être incomplet
dans 2 à 30% des cas [3,4,5]. Il expose
à des complications dont les plus gra-
ves sont représentées par la perfora-
tion et nécessite une anesthésie géné-
rale avec les risques et les contraintes
inhérentes à cet acte.
La radiologie conventionnelle
!Historiquement le lavement en sim-
ple contraste a été le premier moyen
diagnostique du cancer colo-rectal. Il
consistait à remplir le colon avec un
produit de contraste radio -opaque de
type baryte fluide ou hydrosoluble. Le
processus tumoral n’était pas visualisé
mais on observait à sa place un défaut
localisé de remplissage de la lumière
digestive donnant la classique image
en "trognon de pomme". (FF
FF
Figurigur
igurigur
igure 1e 1
e 1e 1
e 1).
Il s’agissait donc d’une imagerie en
négatif de la tumeur. La technique a
été améliorée avec le lavement baryté
en double contraste [6]. Après admi-
nistration première d’une fine couche
de baryte on insufflait le colon avec
de l’air sous pression afin de déplisser
la lumière colique et d’obtenir une
mucographie. Jusqu’aux progrès ré-
cents de l’endoscopie, le lavement
baryté en double contraste est long-
temps resté la technique diagnostique
de référence. Cependant de nombreux
inconvénients le caractérisaient. Si la
mucographie procurait une séméiolo-
gie radiologique plus fine, elle ne four-
nissait elle aussi qu’une imagerie en
négatif de la tumeur. Elle exposait par
ailleurs à des complications et s’avé-
rait surtout très opérateur et patient
dépendante avec une sensibilité très
faible de 44 à 89 %. Actuellement elle
ne garde que de très rares indications.
La tomodensitométrie
!C’est elle qui constitue les bases de
la nouvelle imagerie diagnostique du
cancer colo-rectal grâce aux avancées
technologiques majeures dont elle a
bénéficié ces dernières années
[7,8,9,10].
Initialement incrémentale, puis spira-
lée, la technique scannographique est
maintenant de type multi-coupes.
Grâce aux multiples détecteurs dont
sont équipés les anneaux des scanners
de dernière génération (TDM multi-
barrettes) un volume très important
est acquis en un temps très bref (un
body scanner dans le contexte de l’ur-
gence peut être réalisé en moins de
20 secondes).Les coupes ainsi obte-
nues sont de très faible épaisseur pou-
vant descendre jusqu’à 0.75 mm. L’ac-
quisition étant de type volumique des
reconstructions peuvent alors être
réalisées dans tous les plans de l’es-
pace à partir de ces coupes natives.
Ces deux derniers éléments facilitent
grandement l’interprétation radiologi-
que.
Ces avancées technologiques ont été
appliquées à l’imagerie du cancer
colo-rectal donnant naissance au colo-
scanner. A la différence des techniques
radiologiques conventionnelles cette
imagerie en coupes fournit une ima-
gerie positive de la lésion .Celle ci est
directement visualisée sous la forme
d’une image tissulaire pariétale à dé-
veloppement endo et extra luminal
plus ou moins marqué selon l’impor-
tance de la néoplasie (FF
FF
Figurigur
igurigur
igures 2,3es 2,3
es 2,3es 2,3
es 2,3).
La TDM visualise aussi les éléments de
voisinage : péritoine, graisse
mésentérique bordante, vaisseaux ,
structures digestives et urinaires... et
permet ainsi d’apprécier leur éventuel
envahissement. De la même manière
il permet de détecter la présence de
métastases à distance : ganglionnaires,
pulmonaires, hépatiques, osseuses,
surrénaliennes, cutanées…En un
même examen le diagnostic positif et
le bilan d’extension sont donc réalisa-
bles permettant ainsi d’établir d’em-
blée une stratégie thérapeutique. Ce
colo-scanner peut être réalisé à l’air
ou plus volontiers à l’eau [11,12].
Dans les deux cas on obtient une dis-
tension colique facilitée par l’adminis-
tration préalable d’un anti-spasmodi-
que. L’injection concomitante d’un
produit de contraste intra-veineux
augmente le contraste spontané tu-
meur-paroi digestive. L’acquisition de
coupes très fines et les reconstruc-
tions multi-planaires réalisables en
post-traitement permettent alors une
analyse fine du relief muqueux diges-
tif et la détection de lésions tumora-
les. Par ailleurs on dispose de nom-
breux procédés de traitement d’ima-
ges avec la possibilité notamment de
réaliser une colonoscopie virtuelle as-
sociant à la visualisation de la paroi
colique une notion dynamique par
l’animation des images. La validation
de ces méthodes est en cours par des
travaux prospectifs. En l’absence du
résultat définitif de ces séries le colo-
scanner à l’eau est actuellement ré-
servé aux échecs de la colonoscopie
(exploration incomplète), aux
contrindications de celle-ci liées à l’âge
ou au terrain du patient et enfin à la
recherche d’un primitif recto-colique
devant la découverte de métastases
hépatiques sur une TDM motivée par
des signes digestifs et généraux. Ce-
pendant le souci de prévention de
cette néoplasie pourrait dans l’avenir
repositionner le colo-scanner. En effet,
en raison de son innocuité et de sa
facilité d’accès et de réalisation, cette
technique pourrait peut-être trouver
sa place dans la surveillance des su-
jets à risques (néoplasies familiales,
maladie de Lynch…) à la recherche de
polypes bien que l’on sache que le
seuil de détection en TDM de ces der-
niers soit encore de 10 mm. De la
même manière le colo-scanner à l’eau
pourrait être proposé chez les patients
présentant un hémocult® positif
[13,14].
La colo-IRM
!Méthode prometteuse, la colo-IRM
est en cours de développement [15].
Basée également sur l’acquisition de
coupes fines et sur les reconstructions