Premier changement : la Réforme (de 1517 à 1648) = développement de l'État
Martin Luther -personnage central de l'histoire telle qu'elle est enseignée en Allemagne- avec ses 95
propositions (1517) remet tout en question :
✔la légitimité du Pape, « seul représentant de Dieu sur terre », et de l'Église romaine, « Hors
de l'Église, point de salut » ≠ « Rome, nouvelle Babylone »,
✔et donc tout l'édifice de la souveraineté médiévale et en particulier celle de l'Empereur
(Charles Quint), qui reposait depuis la fin de l'Empire romain sur une religion unique, catholique
romaine, le Pape déléguait aux empereurs, rois et princes . Voir le « testament de Constantin », faux
apocryphe d'après lequel l'empereur Constantin (mort en 337) aurait légué la souveraineté sur
l'Orient à l'empereur de Byzance, et sur l'Occident au Pape.
Avec la Réforme (Luther, Calvin), on a plusieurs religions => situation de conflit, plus d'un siècle
de guerres de religion qui ravagent toute l'Europe (sauf l'Espagne, unifiée depuis le mariage des
« rois catholiques » Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon 1469, fin de la Reconquista en 1492)
–en France, « fille aînée de l'Église », État déjà développé depuis les Capétiens et centralisé
depuis François 1er (édit de Villers-Côteret 1539), renforcement de l'État central avec les
Bourbons : Richelieu et le siège de La Rochelle (1628), « Pré carré » de Vauban (fin des
enclaves et territoire national protégé par des forts).
Un État fort, incarné dans la personne du Roi [Louis XIV : « L'État c'est moi »] ;
des sujets, mais ni citoyens ni sentiment national. Appartenance à la Province.
–En Angleterre, fondation de l'Église anglicane par Henry VIII Tudor (1534), puis unification
Angleterre – Écosse qui deviennent la Grande-Bretagne au retour des Stuart (mort
d'Elisabeth I en 1603). Profond clivage religieux.
–Dans le Saint-Empire Romain-Germanique, guerre de 30 ans, peu étudiée chez nous, qui se
termine par le Traité de Westphalie (1648, Louis XIV avait 10 ans) : « cujus regio, ejus
religio » c.àd. le peuple embrasse la religion de son prince. Développement de la notion
d'État et de frontières et formation d'une mosaïque de principautés dans le Saint Empire .
1648, c'est aussi La Fronde en France, Cromwell et la décapitation de Charles I en Grande-
Bretagne, l'indépendance des Provinces-Unies au détriment de l'Espagne, etc.
==> Ça craque de partout !
2ème changement : Révolution française et guerres napoléoniennes = apparition de la nation
En France : Conscription, Valmy, « la Patrie est en danger » ; la nation se superpose à l'État.
En Allemagne : Fichte « discours à la nation allemande » alors qu'il n'y a pas d'État allemand.
En France (+ Grande-Bretagne et Espagne), l'État a précédé la nation => jacobinisme
En Allemagne (et dans les futurs États de l'Empire), la nation a précédé l'État => fédéralisme
Puis 1848 et l'échec du « Printemps des Peuples », première tentative de se débarasser des
Empires. Construction des unités italienne (Cavour, Garibaldi) et allemande (Bismarck) et
développement des puissances industrielles impérialistes et colonialistes.
Opposition pan-germanisme / pan-slavisme
Sentiment national de destin partagé qui se construit autour de grands récits historico-mythiques et
de la haine de l' « ennemi héréditaire » : Alsace-Lorraine, ligne bleue des Vosges .
Rôle de l'école, interdiction des langues régionales.
Déroulède (Ligue des Patriotes), Boulanger, montée en puissance des Ligues, affaire Dreyfus.