9 phases de lecture ouvertes (ORF ou open reading frame).
Les deux tiers du génome viral du côté de l’extrémité 5’
sont occupés par les ORF chevauchantes 1a et 1b codant
deux polyprotéines (pp1a et pp1ab) qui sont ensuite clivées
en 13 protéines non structurales (Nsp1a, Nsp1bet Nsp2 à
12). Celles-ci sont impliquées dans la réplication du gé-
nome viral et la synthèse d’ARNm subgénomiques (ORF2
à ORF7) codant les protéines structurales du virus. L’extré-
mité 3’ du génome viral code ainsi 4 glycoprotéines d’enve-
loppe (GP2a, GP3, GP4 et GP5), 2 protéines de membrane
non glycosylées (2b et M) et la nucléocapside (N).
Bien que les isolats européens et nord-américains présen-
tent les mêmes morphologie et organisation génomique, ils
se distinguent nettement les uns des autres au niveau géné-
tique et antigénique. On distingue deux génotypes de virus
du SDRP ayant très vraisemblablement divergé d’un ancê-
tre commun : le génotype 1, dit « européen » (type I-EU),
ayant pour prototype la souche Lelystad (LV), et le géno-
type 2, dit « nord-américain » (type II-NA), représenté par
la souche VR2332. Ces deux génotypes ne présentent que
63 % d’identité nucléotidique entre eux, les différences
majeures étant retrouvées dans les extrémités 5’ et 3’ non
codantes ainsi que dans les ORF1a et ORF1b, principale-
ment les régions codant Nsp2 et Nsp12 [5]. La diversité
génétique est également importante au sein de chacun des
deux génotypes, dans lesquels on distingue plusieurs sous-
groupes [6]. Cette diversité est surtout mise en évidence au
niveau des ORF5 et ORF7, codant respectivement GP5,
glycoprotéine d’enveloppe la plus variable, cible d’anti-
corps neutralisants, et la nucléocapside N, protéine virale la
plus abondante dans les cellules infectées.
Comme tous les artérivirus, le virus du SDRP est capable de
persister dans le sang périphérique pendant4à6semaines
après l’infection, voire plus, cela en dépit de la production
d’anticorps décelables dans le sérum dès 5 jours. La syn-
thèse tardive d’anticorps neutralisants permet de réduire la
virémie, et donc la contagiosité des porcs, mais le virus peut
persister encore plusieurs semaines dans les organes lym-
phoïdes.
Chez la truie, les infections survenant dans le dernier tiers
de la gestation sont particulièrement lourdes de conséquen-
ces, entraînant des avortements tardifs avec fœtus momi-
fiés, des mises bas anticipées et une augmentation du nom-
bre de porcelets mort-nés ou de porcelets chétifs qui
meurent peu après la naissance. Ces effets seraient liés à la
multiplication du virus dans les cellules du système
monocyte-macrophage des fœtus après passage de la bar-
rière transplacentaire. L’infection des porcelets pendant la
période de sevrage entraîne de la fièvre, de l’anorexie, de la
dyspnée, des tremblements, de l’érythème cutané, de la
conjonctivite, de l’œdème péri-oculaire et de la diarrhée. Le
taux de mortalité peut alors être élevé. Les lésions macros-
copiques et microscopiques concernent essentiellement le
poumon (destruction des macrophages alvéolaires, lésions
de pneumonie interstitielle) et les ganglions lymphatiques
(hyperplasie folliculaire). Le muscle cardiaque et
l’encéphale peuvent parfois être touchés. Chez les porcs
sevrés et les porcs en croissance, les mêmes symptômes et
lésions sont observés, mais sont moins prononcés. Les taux
de mortalité peuvent cependant être augmentés dans le cas
d’infections concomitantes à tropisme respiratoire, d’ori-
gine bactérienne ou virale (virus influenza porcin, corona-
virus porcin). Chez les porcs en fin de croissance, les verrats
et les truies, les infections sont d’ordinaire inapparentes.
Dans le cas de l’épizootie chinoise, les porcs de tous âges
sont affectés, y compris les truies adultes et les porcs en fin
d’engraissement. La fièvre (40-42 °C) et les taux de morta-
lité (20 à 30 %) atteignent des valeurs encore rarement
relevées lors d’épidémies de SDRP. Tous les signes clini-
ques classiques sont exacerbés. Des lésions de pneumonie
sont observées ainsi que des points hémorragiques sur les
ganglions. Le muscle cardiaque et l’encéphale sont atteints.
Cependant, on relève également des lésions non typiques
de l’infection SDRP : un infarcissement de la rate, une
dilatation de la vessie, des pétéchies sur les reins, des points
de nécrose sur le foie. La maladie dure5à20jours et se
propage rapidement, affectant l’ensemble d’un troupeau en
3 à 5 jours.
Comme évoqué plus haut, la très forte fièvre et ces lésions
non typiques du SDRP peuvent évoquer la peste porcine
classique (PPC) ou la peste porcine africaine (PPA), et
valurent à cette maladie d’être au départ identifiée comme
une maladie hog-cholera like [1]. Le rapport de l’OIE du
12 septembre 2006 (www.oie.int) évoque d’ailleurs l’hy-
pothèse que la maladie pourrait être due à une infection
mixte par le virus du SDRP, le virus de la PPC et le
circovirus porcin de type 2 (PCV2). En effet, sur 582 pré-
lèvements issus de porcs malades, 45 % étaient positifs au
SDRP, 29,2 % à la PPC et 22,3 % au PCV2. La présence de
la PPA aurait été exclue. Des experts relèvent également
que de nombreuses exploitations chinoises sont infectées
par le virus de la PPC et se questionnent sur le rôle de cet
agent (McOrist and Done, Report on recent visit to China,
www.aasv.org/news/story.php?id=2165). Cependant, les
agents pathogènes qui auraient apparemment fait l’objet de
recherches dans les études publiées impliquant un nouveau
variant de virus SDRP, sont Streptococcus, E. coli, Myco-
plasma, Haemophilus parasuis, le virus du SDRP, le PCV2
et le virus de la maladie d’Aujeszky [1-3]. A aucun mo-
ment, le virus de la PPA n’est cité par les auteurs, et seule
une équipe évoque la recherche du virus de la PPC par
RT-PCR [2]. Le SDRP serait l’agent pathogène majoritai-
rement retrouvé dans les prélèvements cliniques, mais il
n’est pas dit à quelles fréquences sont retrouvés les autres
agents pathogènes recherchés, notamment le virus de la
PPC. Rappelons que l’isolement du virus de la PPC néces-
éditorial
Virologie, Vol. 12, n° 1, janvier-février 2008
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