Tortue-molle à épines espèce menacée au Québec Sommaire La tortue-molle à épines (Apalone spinifera) fait partie de la famille des Trionychidés, c’est-à-dire les tortues à carapace molle. Seule représentante de sa famille au Québec, elle est l'une des neuf espèces de tortues présentes dans la province. La tortue-molle à épines tient son nom du fait qu'elle possède une carapace sans écailles, rappelant la texture du cuir, et munie sur le bord antérieur d’une série de petites épines coniques. L’aire de répartition historique de l’espèce se limite à trois secteurs de grands plans d’eau, soit la baie Missisquoi au lac Champlain, les eaux entourant Montréal et la rivière des Outaouais. Des données archéologiques et historiques indiquent que l’espèce y était relativement abondante. Aujourd'hui, la tortue-molle à épines est très rare au Québec et les observations sont irrégulières et très localisées. L'aire de répartition de l'espèce s’est en effet restreinte puisque la seule population connue est confinée à la baie Missisquoi. Les habitats utilisés sont d’une faible superficie et leur dégradation est prévisible. L'espèce est affectée par l’augmentation des différentes pressions d’origine humaine. Les dérangements, la circulation nautique, la modification des rives, l’augmentation des prédateurs et la dégradation de la qualité de l’eau constituent différents facteurs qui nuisent à ces tortues et qui contribuent à la perte d'habitats propices à l'espèce. Au Québec, la tortue-molle à épines a été désignée espèce menacée car sa population est très réduite et isolée géographiquement des autres populations de l’Amérique du Nord. L’espèce est susceptible de disparaître de la province, à court terme, en raison de la petite taille de ses effectifs, de la faible superficie des habitats actuellement utilisés et des multiples facteurs qui l’agressent. Description On identifie la tortue-molle à épines à sa carapace sans écailles, recouverte d’une peau ressemblant à du cuir et aux petites épines coniques qui garnissent le bord antérieur de sa carapace. Sa coloration varie de olive à brun pâle avec des petites taches noires en forme d'ocelles. Le plastron est petit, uni et de couleur blanche ou jaune. La tête et les membres sont de couleur olive à gris avec des marques noires bien définies. De chaque côté de la tête, deux bandes claires bordées de noir s'étendent de l'arrière de l’œ il et de l'angle de la mâchoire jusqu'à la base du cou. La tête effilée se termine par un nez en petite trompe. Le mâle est plus petit que la femelle bien que sa queue soit plus longue. À l’âge adulte, il conserve les marques en forme d'ocelles et la ligne marginale foncée qui borde sa carapace. Chez la femelle, ces marques disparaissent, possiblement avant l’âge d'un an lorsque la longueur de la carapace atteint environ 5,2 centimètres. Elle arbore alors des taches plutôt diffuses. La longueur de la carapace peut atteindre une cinquantaine de centimètres chez les femelles tandis que la longueur maximale de la carapace du mâle serait de 24 centimètres. Les tortues vivant à la limite nord de 2 leur aire de répartition, comme c’est le cas au Québec, ont tendance à croître plus lentement et à atteindre la maturité sexuelle plus tardivement que celles qui vivent plus au sud. Répartition L'aire de répartition de la tortue-molle à épines est vaste à l’échelle de l’Amérique du Nord. Elle s'étend du sud des Grands Lacs jusqu'à la côte du golfe du Mexique, et des montagnes Rocheuses jusqu’aux Appalaches. Ainsi, l’espèce est généralement absente de la plaine côtière atlantique, au nord de la Caroline du Sud, et de la péninsule floridienne. Au Canada, elle n’est présente que dans le sud de l’Ontario et du Québec. La répartition historique de la tortuemolle à épines au Québec s’étendait à la rivière des Outaouais, au fleuve SaintLaurent jusqu'au lac Saint-Pierre, à la rivière Richelieu et au lac Champlain. Aujourd’hui, sa présence n’est connue qu’à la baie Missisquoi, au lac Champlain, où l’espèce y vit en milieu frontalier (Vermont) et peut y être observée Figure 1- Aire de répartition de la tortue-molle à épines en Amérique du Nord. périodiquement. Cette population serait isolée géographiquement des autres populations de l’Amérique du Nord. Ailleurs au Québec, quelques mentions non confirmées laissent croire à sa présence dans l’Outaouais. Habitat La tortue-molle à épines est une espèce aquatique qui utilise une grande variété de milieux : larges rivières, petits ruisseaux lents, lacs, étangs temporaires ou permanents et baies marécageuses. Elle fréquente des habitats distincts pour accomplir les différentes activités de son cycle vital, c’est-àdire pour l’alimentation, l’exposition au soleil, la ponte et l’hibernation. L'espèce préfère les fonds mous, sablonneux ou vaseux, où elle peut s'enfouir facilement. Mais elle peut également être observée là où le fond est davantage rocheux ou rocailleux. La tortue-molle à épines est souvent trouvée près de buissons submergés, d'arbres tombés ou d'autres débris pouvant lui servir d'abri. Parmi les habitats les plus propices à fournir une ressource alimentaire abondante, il y a les secteurs d'eau peu profonde comme certaines portions de rivières, les herbiers aquatiques et les marais. Les bancs de sable, les berges herbeuses et les marécages boueux et peu profonds sont généralement utilisés comme sites d'exposition au soleil. L'espèce utilise également des billots, des rochers et autres objets émergés lorsque des bancs sablonneux ou vaseux sont absents. Les milieux 3 terrestres en bordure de l’eau sont utilisés pour la ponte. Dans le nord de son aire de répartition, la tortue-molle à épines hiberne; il semble qu'une eau bien oxygénée soit requise pour assurer sa survie à cette période. La profondeur de l’eau est également importante afin de limiter le risque de gel; le courant doit être faible au fond pour ne pas engendrer de grandes dépenses énergétiques. Biologie L'accouplement a lieu au printemps au sortir de l'hibernation et probablement tout au long de l'été. La ponte a lieu en juin ou en juillet. Les femelles pondent généralement près de l’eau, mais s'aventurent parfois jusqu'à 100 mètres de la rive. Elles pondent habituellement dans les sols sablonneux ou de graviers fins dépourvus de couvert végétal dense. Des nids creusés dans l’argile, dans des amas de fragments de schiste ou dans des galets ont aussi été trouvés. Comparativement à d'autres espèces de tortues, ses œ ufs sont relativement imperméables; cela peut leur permettre de se développer dans des sols susceptibles de s'assécher complètement durant l’été, comme les plages de sable. Les œ ufs sont blancs et sphériques. Au Québec, les femelles ne pondent qu'une seule fois par année et le nombre d'œ ufs varie de 8 à 28. L'émergence des jeunes a lieu de la fin d'août à octobre, après 52 à 95 jours d'incubation, selon l'accumulation de chaleur de la saison. Les jeunes mesurent alors de 30 à 40 millimètres de longueur. Puisque les tortues n’offrent pas de soins parentaux aux œ ufs ou aux jeunes éclos, l'alimentation serait la principale activité des adultes en été. À partir de la fin d'août, les tortues retournent à leur lieu d’hibernation. La tortue-molle à épines est de mœ urs diurnes et est principalement carnivore; elle se nourrit de faune benthique, surtout d'écrevisses et d'insectes (larves et adultes) mais aussi de vers, de mollusques, de poissons, de têtards et de grenouilles. C’est une espèce aquatique qui passe la presque totalité de sa vie dans l’eau, enfouie dans les sédiments, flottant à la surface ou se déplaçant près du fond pour chasser. Au printemps, elle se chauffe souvent au soleil en flottant à la surface de l’eau ou en sortant hors de l’eau, juchée sur un rocher, un billot ou sur la rive. Ce comportement est nécessaire au métabolisme des tortues. En effet, la chaleur du soleil active leur métabolisme, ce qui leur permet de s'alimenter. Cette alimentation est nécessaire à l'accomplissement du cycle vital des tortues (croissance, reproduction et hibernation). Les femelles profitent aussi de cette exposition au soleil pour la maturation de leurs œ ufs. Lorsqu'elle prend un bain de soleil hors de l'eau, la tortue-molle à épines est particulièrement farouche. Pendant la ponte, la femelle évite la présence humaine et choisit des sites à l’abri de toute source de dérangement. Elle cessera de creuser son nid et retournera à l’eau si elle est surprise avant le début de la ponte. La tortue-molle à épines est une bonne nageuse et possède la capacité de s’orienter et d’effectuer de longs déplacements. La dimension du domaine vital de l’espèce semble varier selon la configuration du milieu, l’animal devant se déplacer pour rejoindre les habitats d’hibernation, de ponte et d’alimentation. Dynamique des populations Les données portant sur la croissance, la maturité sexuelle et la longévité des tortues-molles sont peu abondantes, ce qui entraîne une méconnaissance de leur dynamique de populations. Toutefois, 4 cette dernière se caractérise généralement par un faible taux de recrutement dans la population et une espérance de vie élevée chez les adultes. La prédation est un important facteur de mortalité des œ ufs et des nouveau-nés. Sur 16 nids de tortue-molle à épines trouvés en 1995 au Québec, 13 avaient été dévastés par les prédateurs et les trois autres ont pu être protégés à l’aide de grillages. Les tortues adultes ont peu de prédateurs et, par conséquent, présentent généralement un taux de survie annuel élevé. Il est fort probable que la dynamique des populations de tortue-molle à épines au Québec se compare à celle d'autres populations de tortues vivant à la limite nord de leur répartition. Le taux d'accroissement naturel des populations est probablement près du minimum nécessaire pour assurer le maintien des populations. Dans les conditions naturelles, la capacité de l’espèce à compenser pour une hausse de la mortalité, aussi petite soit-elle, paraît donc très limitée. Une augmentation de la mortalité chez les adultes aura un impact important, car cela se traduira par une diminution du potentiel de reproduction sur plusieurs années. Facteurs limitatifs De façon générale, le climat limite le succès de reproduction des tortues qui vivent à l’extrême nord de leur aire de répartition. Le taux de recrutement est compromis par une saison estivale souvent trop courte et le climat froid retarde la croissance des tortues. Ces populations ont alors une très faible capacité de réaction face à une augmentation de la mortalité des individus. L'adulte a peu ou pas de prédateurs. Cependant, les oeufs et les nouveau-nés sont souvent la proie des ratons laveurs (Procyon lotor), des mouffettes rayées (Mephitis mephitis) ainsi que de plusieurs autres mammifères, oiseaux et reptiles. En milieu aquatique, les jeunes tortues-molles à épines sont également la proie de poissons, de reptiles, d'oiseaux et de mammifères. Les activités humaines favorisent l’augmentation de prédateurs occasionnels tels que le chien (Canis familiaris), le chat (Felis cati) ou plus particulièrement de prédateurs comme le raton laveur, qui connaît un important accroissement de ses populations, ce qui représente une menace pour plusieurs espèces de tortues en Amérique du Nord. Le dragage, la construction de barrages, la modification des rives par la construction d'infrastructures ou par la création de remblais ainsi que le contrôle des eaux causant des fluctuations anormales du niveau des eaux entraînent une perte d'habitats riverains nécessaires à la ponte et à l’exposition au soleil des tortues-molles à épines. La modification des habitats riverains occasionne parfois la disparition des secteurs d'eau peu profonde utiles pour l’alimentation, le repos et l’exposition au soleil tandis que les fluctuations du niveau de l’eau peuvent causer l’inondation des nids. Des variations hivernales du niveau de l’eau peuvent également occasionner la mort des tortues en hibernation si elles se trouvent exposées au gel. La destruction ou la modification d'un site d'hibernation peut avoir des conséquences majeures sur l’avenir d'une population puisque de nombreuses tortues peuvent s'y concentrer. La circulation et le dérangement sur les aires de ponte par des véhicules, du bétail ou des villégiateurs peuvent entraîner la destruction de nids au point de compromettre la survie des œ ufs ou des nouveau-nés. Un dérangement des tortues en hibernation peut réduire leurs chances de 5 survie étant donné leur métabolisme au ralenti. Une trop grande consommation d'énergie les rend donc vulnérables à cette période. Des blessures ou la mort de tortues surviennent à l’occasion de collisions avec des véhicules ou suite à l’ingestion d'hameçons appâtés pour la pêche. La circulation nautique peut aussi occasionner des blessures (coupures causées par les hélices de bateau) ou même la mort des individus. Différents aspects de la biologie de l’espèce suggèrent que la tortue-molle à épines ne possède qu'une faible capacité d'adaptation aux changements subits de conditions du milieu et à l'augmentation des activités humaines. Son comportement nerveux et farouche la rend vulnérable aux dérangements causés par l'humain et ce, tant en période de reproduction qu'en période d'hibernation. La tortue-molle à épines démontre une fidélité d'année en année pour les sites de ponte et les hibernacles; il semble donc possible qu'elle puisse s'adapter difficilement à la disparition et à la modification d'habitats. D'un autre côté, ses capacités de déplacement et son régime alimentaire varié pourraient lui permettre de s'adapter à des changements dans la répartition ou dans la composition de la ressource alimentaire. Au Québec, le risque d'extinction de la tortue-molle à épine est élevé à cause de la taille réduite de sa population, du nombre limité d'habitats essentiels et de son isolement d’avec les autres populations nord-américaines. Tous ces éléments contribuent à la réduction des échanges génétiques et empêchent la recolonisation d'un site après la disparition d'une population locale. De plus, des problèmes de consanguinité et de diminution de la variabilité génétique peuvent survenir lorsque la taille d'une population animale est trop réduite. Importance particulière La tortue-molle à épines est peu connue du public. Toutefois, les gens trouvent les tortues généralement attrayantes, et l’apparence particulière de la tortue-molle à épines rend ce reptile encore plus fascinant. Son unicité confère aux rares milieux qu'elle fréquente une valeur particulière mais sa rareté réduit considérablement les possibilités de son utilisation à des fins scientifiques ou éducatives. Dans un contexte de conservation de la biodiversité, on ne peut négliger le caractère unique de cette tortue au sein de la faune québécoise. La tortue-molle à épines est en fait la seule représentante de la famille des Trionychidés au Québec. De plus, la population québécoise de cette espèce est isolée géographiquement des autres populations nord-américaines. Bien qu'elle ne représente qu'une petite portion de la population totale de l’espèce en Amérique du Nord, la population québécoise est possiblement mieux adaptée que d'autres aux contraintes environnementales liées à sa position nordique, comme cela fut démontré pour d'autres populations de tortues vivant à la limite nord de leur aire de répartition. Les mesures de protection de la tortue-molle à épines La désignation juridique de la tortue-molle à épines en tant qu’espèce menacée démontre l’intention du gouvernement du Québec de protéger cette espèce et ses habitats afin d’assurer la 6 survie de l’espèce pour le bénéfice de tous. Ainsi, la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune interdit de chasser, de capturer, de garder en captivité ou de vendre cette tortue. Cette mesure vise plus directement à protéger les individus et les populations de tout prélèvement, de risque d’introduction de sous-espèces d’origine exotique ou d’affaiblissement du bagage génétique. D’importants efforts sont consacrés à la protection de la population et des habitats qui subsistent dans la partie québécoise du lac Champlain. Une importante campagne de sensibilisation y est menée pour assurer cette protection de même que l’information du public au sujet de cette espèce méconnue de notre faune. Cette dernière vise à réduire les facteurs de mortalités des œ ufs et des nouveau-nés ainsi qu’à contrôler les facteurs de dérangement et de mortalité accidentelle des tortues. De plus, différents intervenants en conservation travaillent à protéger des habitats. Il y a eu l’acquisition récente de certains sites jugés importants pour la survie de l’espèce et la création de la réserve écologique de la Rivière-aux-Brochets. Enfin, il existe une collaboration entre les biologistes du Québec, de l’Ontario et du Vermont pour assurer la conservation de l’espèce dans son aire de répartition. Un plan d’intervention sur la tortue-molle à épines au Québec Devant la situation préoccupante de la tortue-molle à épines, un plan d’intervention a été élaboré par la Société de la faune et des parcs du Québec, en collaboration avec plusieurs partenaires; le plan est en œ uvre depuis 1997. Celui-ci vise à éliminer les facteurs limitatifs ou à contrer leurs effets afin d’améliorer la situation actuelle de la tortue-molle à épines. Les objectifs poursuivis sont : - d’assurer la protection des sites essentiels du côté québécois du lac Champlain afin de maintenir les populations de tortue-molle à épines de cette région; - d’assurer la protection des sites essentiels au maintien d’une autre population à l’extérieur du lac Champlain; - d’assurer l’utilisation de ces sites par la tortue-molle à épines; - d’assurer la reproduction chez ces deux populations de tortue-molle à épines; et - d’assurer le maintien à long terme des populations de tortue-molle à épines. Des travaux importants ont été menés afin d’atteindre ces objectifs. Au lac Champlain, un suivi télémétrique a permis l’acquisition de connaissances sur l’utilisation de l’espace et l’identification d’habitats importants. De plus, des travaux sont en cours afin d’assurer la protection de certains habitats jugés cruciaux dans la réalisation du cycle vital de la tortue-molle à épines. Ailleurs, l’équipe de rétablissement recherche d’éventuelles autres populations afin de constituer un nouveau foyer de dispersion. Des herpétologues amateurs contribuent aussi au réseau de surveillance de la tortue-molle à épines. 7 Rangs et statuts Quelques organismes publient une liste d’espèces pour lesquels un statut ou un rang de précarité a été établit selon certains critères. Ces résultats sont regroupés ci-dessous selon l’échelle considérée. Échelle Mondial Rang ou statut Définition G5 Large répartition, abondant et stabilité démontrées mondialement En péril Espèce pour laquelle une évaluation officielle détaillée du risque a été effectuée et pour laquelle il a été déterminé qu’elle risque de disparaître de la planète ou de la Canadien région Menacé Espèce susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants auxquels elle est exposée ne sont pas inversés Menacé* La disparition de l'espèce est appréhendée Québécois S1 Sévèrement en péril dans la province Organisme Association for Biodiversity Information (ABI) Conseil canadien pour la conservation des espèces en péril (CCCEP) Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) Société de la faune et des parcs du Québec Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) * statut légal Sources d’information Bonin, J. 1997. Rapport sur la situation de la tortue-molle à épines (Apalone spinifera) au Québec. Ministère de l’environnement et de la faune. Direction de la faune et des habitats. 62 p. Ministère de l’environnement et de la faune. 1997. Plan d’intervention sur la la tortue-molle à épines (Apalone spinifera) au Québec. Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines. 68 p. octobre 2001