FICHE DE PRESENTATION Concert de clôture Sir Alice, Ave Maria (création mondiale) W.A. Mozart, Requiem en ré mineur K.626 Chœur Symphonique Avignon-Provence, Orchestre Régional Avignon-Provence Distribution Samuel Jean, direction Thomas Enhco, piano Jennifer Michel, soprano Sarah Laulan Ani Sargsyan, mezzo-soprano Olivier Dumait, Ténor Renaud Delaigue, Basse Pas moins que l’ouvrage ultime et inachevé du grand Mozart pour refermer la saison… Chaque exécution de ce chef d’œuvre du répertoire spirituel permet d’apprécier sa noble grandeur, sa proche beauté. La couleur céleste des lignes vocales entre en parfaite résonance avec l’architecture complexe des passages choraux. Un monument, introduit de manière originale par un Ave Maria composé par la performeuse et compositrice Sir Alice dont l’esthétique suscite l’admiration. Répétition générale ? La répétition générale est la dernière répétition avant le concert. Généralement, pour un concert exécuté le vendredi soir, l’orchestre a six services de répétition et une générale. Le lundi est un jour de repos. L’Orchestre Régional Avignon-Provence répète dans une salle adaptée, en Courtine. La répétition générale a lieu dans la salle de concert : l’Opéra du Grand-Avignon, le plus régulièrement. Au cours de cette générale, chaque œuvre doit être exécutée dans son intégralité. Puis, le chef peut décider de faire des « raccords » et faire rejouer certains passages. La générale est une ultime séance de travail qui doit se dérouler dans le silence et la concentration. Cette fiche pédagogique a pour objectif de présenter le programme : les compositeurs, les œuvres, le contexte de création ainsi que le chef d’orchestre. Elle propose par ailleurs différentes écoutes. Pour vous accompagner dans cette future expérience de spectateur, un cahier pédagogique « À la découverte du monde de l’orchestre » a aussi été élaboré par nos soins. Très complet, chacun pourra y trouver son chemin. Des informations sur les différents types d’orchestre, les instruments qui les composent, le répertoire symphonique, les métiers qui l’entourent... autant d'entrées dans cet univers fascinant ! http://www.orchestre-avignon.com/outils-pedagogiques/ Orchestre Régional Avignon-Provence Plus de deux cents ans d’histoire Fondé à la fin du XVIIIème siècle, l’Orchestre Régional Avignon-Provence appartient à ces orchestres qui, depuis longtemps, structurent la vie musicale française et y accomplissent les missions de service public à savoir la création, la diffusion et l’accompagnement des publics dans la découverte de programmes musicaux classiques et contemporains de qualité. En outre, la création du département Nouveaux Publics en 2009 permet aujourd’hui à des milliers de spectateurs d’assister aux concerts de l’Orchestre et de participer à des parcours d’éducation et de sensibilisation artistiques. Il est également le compagnon fidèle de l’Opéra Grand Avignon dont il accompagne toute la saison lyrique et chorégraphique. Grâce à sa politique artistique, l’Orchestre Régional Avignon-Provence offre une profonde intelligence musicale et une rare souplesse dans l’approche des œuvres, quels que soient leur époque et leur style. Sollicité pour participer à de prestigieux festivals comme le Festival d’Avignon et le Festival International de Piano de la Roque d’Anthéron, l’Orchestre Régional Avignon-Provence est présent aussi bien en France qu’à l’international. De grands chefs le dirigent et de prestigieux solistes viennent se produire à ses côtés, qu’ils soient musiciens ou chanteurs. Parallèlement, la mise en place d’une politique discographique dynamique atteste de la haute qualité de cette formation orchestrale. Fidèle à son approche du jeune public, l’Orchestre a réalisé un livre disque pour le centenaire de Peter Pan à partir d’une œuvre commandée au compositeur Olivier Penard. En 2013, il a édité un enregistrement du Docteur Miracle, opéracomique de Bizet, salué unanimement par la critique (Choc Classica). En juin 2014, est paru L’Amour Masqué de Messager, premier volet d’une collection Le Guitry musical chez Actes Sud. Le deuxième volet, La SADMP a été édité fin 2016, ainsi que l’Homeriade de Dimítris Dimitriádis avec Robin Renucci. En mai 2015, un disque avec le harpiste Emmanuel Ceysson est paru chez Naïve. En 2017 sortira un disque avec Nathalie Manfrino chez Decca Universal. Soutenu par l’État (Ministère de la Culture et de la Communication), le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Général de Vaucluse, la Communauté d’Agglomération du Grand Avignon et la Ville d’Avignon, l’Orchestre Régional Avignon Provence apporte son concours à un territoire régional dont le patrimoine culturel et l’histoire musicale, tant passés que présents, sont parmi les plus riches d’Europe. Sous l’impulsion de Philippe Grison, son Directeur Général et de Samuel Jean, son Premier Chef Invité, l’Orchestre Régional Avignon-Provence rayonne désormais sur son territoire, en France et à l’international. Orchestre Régional Avignon-Provence Samuel Jean, direction Samuel Jean, nommé Premier Chef Invité en 2012, contribue largement au rayonnement de l’Orchestre Régional Avignon Provence. Il a entre autre dirigé les enregistrements de Peter Pan d’Olivier Penard, paru en novembre 2012 (Le Sablier), du Docteur Miracle de Bizet (Timpani), paru en mai 2013 (Choc Classica), de L’Amour Masqué de Messager, paru en janvier 2014 chez Actes Sud, du disque « Belle Epoque » avec le harpiste Emmanuel Ceysson (Naïve, 2015) et plus récemment la SADMP de Louis Beydts et la création mondiale Homériade de Martin Romberg avec le comédien Robin Renucci à paraitre fin 2016. Après une riche expérience de chef de chant, chef de chœur et assistant dans des maisons telles que l’Opéra National de Paris, le Théâtre du Châtelet, le Festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence ou le Grand théâtre de Genève, Samuel Jean décide de se consacrer à la direction d’orchestre dès 2006. Lauréat du concours de jeunes chefs de l’orchestre National d’Ile de France en 2006, il est dès lors engagé par l’orchestre Philharmonique de Radio-France, l’orchestre National de Montpellier, l’orchestre National d’Ile de France, l’orchestre National des Pays de la Loire, l’orchestre de l’Opéra de Rouen, l’orchestre de Cannes PACA, l’orchestra La verdi di Milano, l’orchestre Lamoureux, l’orchestre national de Lille pour n’en citer que quelques-uns… Dans le domaine lyrique, Samuel Jean est un invité régulier du théâtre Royal de la Monnaie où il dirige Cendrillon, Rigoletto et Béatrice et Bénédict. Il dirige également au Théâtre du Châtelet (On the town), à l’Opéra-Comique (La Périchole, La Veuve Joyeuse), à l’Opéra National de Bordeaux et à l’Opéra de Marseille (Orphée aux Enfers) mais aussi aux Opéras de Rouen, Saint-Etienne, Toulon ou Dijon… Samuel Jean est également invité à diriger prochainement l’Orchestre Philharmonique de Liège, l’Orchestre National de Lille, l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, l’Orchestre de Picardie, l’orchestre Pasdeloup à la Philharmonie de Paris, mais aussi Anna Bolena et les Dialogues des Carmélites à l’Opéra du Grand-Avignon et Barbe-Bleue de Bartók au théâtre Royal de la Monnaie. Le rôle du chef d’orchestre […] Le but du chef d'orchestre est d'unifier le jeu des instrumentistes en tenant compte de sa propre vision musicale, pour servir l'œuvre du compositeur devant le public. Pour cela, les connaissances musicales nécessaires sont très vastes, et le rôle du chef est multiple. La technique, parfois appelée gestique, répond à des conventions générales, mais doit être appliquée particulièrement à chaque partition. La fonction primordiale du bras droit, tenant la baguette, est d'assurer le tempo et ses variations éventuelles […] ou par volonté, de souligner la mise en place rythmique des différents instruments, d'indiquer la nuance dynamique par l'amplitude du geste et simultanément l'articulation musicale [rôle que peut aussi jouer la main gauche] (staccato, legato, etc.). Le bras gauche rappelle les entrées des instruments [quand les mains sont déjà occupées ça peut être le regard voire même une autre partie du corps] et exprime le sentiment musical. La symétrie entre les deux bras reste donc exceptionnelle chez les chefs bien formés. Cependant, ces critères sont généraux, et les fonctions sont fréquemment interverties ou modifiées suivant les exigences de la musique. Le fait que cette action ne puisse être décrite d'une manière à la fois globale et précise indique en même temps l'impossibilité d'une pédagogie rationnelle et unifiée : les plus grands maîtres ne sont pas issus d'écoles de direction. L'observation des répétitions d'autrui, l'étude des partitions et une longue expérience personnelle [travail avec les orchestres amateurs notamment] sont des facteurs déterminants. Le chef d'orchestre doit ajouter à une gestique efficace de sérieuses connaissances psychologiques. Arrêter un orchestre et dire la chose juste n'est rien sans le « bien-dire ». Le chef doit, en effet, s'assurer une collaboration, compliquée du fait que l'on ne s'adresse pas avec le même vocabulaire à un hautboïste, un corniste ou un timbalier. Cet art difficile rejoint la question de l'autorité, dont Gounod dit qu'elle émane de celui qui s'attire non l'obéissance à contrecœur, mais la soumission volontaire, l'adhésion du consentement intime. […] Le public favorisé par une place située en arrière de l'orchestre aura eu la chance de comprendre l'importance du regard ou de l'absence de regard d'un chef sur les musiciens. Le rayonnement de sa présence, sensible au concert, trouve ici un puissant moyen d'expression. […] au début du XXème siècle, la plupart des chefs dirigeaient-ils très droits, figés dans une position qui laissait subsister une énergique battue. Les jeunes chefs plus décontractés ont été accusés d'être des danseurs gesticulateurs, mais l'excès en ce sens souvent inefficace et gênant pour les musiciens a été freiné par la radio et le studio d'enregistrement, d'où le public est absent. Quelques chefs, par conviction personnelle, ont abandonné la baguette pour ne diriger qu'avec les mains. Ce moyen a pu servir la métrique complexe de certaines pages contemporaines, mais la baguette bien employée comme prolongement du bras est d'une lecture plus aisée pour l'orchestre, et surtout les musiciens éloignés. Enfin, la question du « par cœur » revient périodiquement depuis son introduction par le grand chef allemand Hans Richter. Ce procédé est désavoué par ceux qui savent son influence déterminante sur le public, enthousiasmé de prouesses touchant à l'acrobatie. En réalité, la malhonnêteté serait foncière si le chef ne faisait que suivre par la battue une ligne mélodique prépondérante mémorisée. Or Toscanini, par exemple, dont la mémoire était légendaire, dirigeait ses répétitions par cœur, prouvant ainsi sa connaissance des partitions jusque dans les moindres détails. Les grands chefs actuels trouvent deux avantages à ce système : d'une part, la sensation de posséder tout à fait la partition permet d'en suivre le déroulement mental, tout en la réalisant avec l'orchestre ; d'autre part, un contact permanent avec les musiciens assure la continuité expressive de l'œuvre. Cependant, le grand E. Ansermet dédaignait le « par cœur », en lui reprochant de renforcer le côté spectaculaire de la direction. Ce dernier aspect prend, de nos jours, une importance croissante, car le public s'identifie volontiers au chef d'orchestre, incarnation de l'activité musicale au-dessus de l'anonymat de l'orchestre. Son prestige en vient à attirer dans cette activité des interprètes ayant acquis leur renommée dans d'autres disciplines (M. Rostropovitch, D. Fischer-Dieskau). La direction d'orchestre n'est donc pas une, mais multiple, et les différentes personnalités qui s'y intéressent lui apportent des réponses aussi variées que sont leurs tempéraments. À cette richesse s'oppose un avenir compromis par le dédain des compositeurs vivants à l'encontre de l'orchestre symphonique, institution musicale historique qui ne répond plus tout à fait à leurs besoins d'expression.1 Quelques pistes pour découvrir le rôle du chef d’orchestre Écouter différents enregistrements d’une même œuvre pour réaliser l’importance des choix effectués par le chef d’orchestre Exemple : Scherzo de la 9ème symphonie de Beethoven Partir à la découverte… De l’importance des expressions du visage dans la direction - Visionner la Symphonie n°88 de Haydn dirigée par Leonard Bernstein (sans les bras !) https://www.youtube.com/watch?v=oU0Ubs2KYUI Du parcours d’un chef d’orchestre - Interview d’Oswald Sallaberger https://www.youtube.com/watch?v=S3T1UCX6Aps De l’exigence du chef d’orchestre dans une scène humoristique - La grande vadrouille, scène de la répétition https://www.youtube.com/watch?v=l30ONNO50So Du métier de directeur artistique exercé par certains chefs d’orchestre - Portrait de Valéry Gergiev 1 Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ». Sir Alice Alice Daquet commence par produire une musique comme on pétrit de la matière faite de samples qu’elle fabrique et d’arrangements électroniques. À 20 ans, elle est la première signature d’auteur-compositeur du sélectif label Tigersushi et se fait connaître à travers le personnage de Sir Alice qu’elle créé pour véhiculer sa musique sous forme de performance. Parallèlement, étudiante en sciences cognitives et neuropsychologie, elle intègre le laboratoire de perception et cognition musicale de l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) sous la direction de Stephen Mc Adams qu’elle suivra à l’Université de McGill au Canada. De retour en France, Alice Daquet est chercheuse invitée du laboratoire application temps réel de l’IRCAM, pendant que Sir Alice est invitée par la Fondation Cartier, le Centre Pompidou, les Nuits Blanches et d’autres manifestations internationales. Elle collabore avec des artistes confirmés tel que la chorégraphe Julie Nioche, les designers frères Bouroullec ou encore le styliste Bernhard Willhelm. La performeuse multiplie ainsi les apparitions mais aussi les supports de créations. Auteur de vidéos, photos et installations, Xavier Douroux l’invite pour sa première exposition personnelle au Consortium à Dijon en 2008. Sir Alice n’est alors plus seulement un personnage mais devient la signature reconnaissable du travail de l’artiste. Résidente à la Cité des Arts de 2010 à 2012, elle se consacre alors à l’art contemporain et à la pop musique, publiant deux albums chez Pan European Recording/Sony, écrivant pour des chanteurs français et exposant ses pièces en France, en Chine et au Japon. Désireuse d’approfondir son travail sur le timbre musical en se détachant de son univers électronique, Alice Daquet se forme, à la Schola Cantorum, à la musique écrite et à l’orchestration, tout en poursuivant ses recherches en neuropsychologie sur le traitement de l’information musicale, désormais sous un angle clinique. Lien vers son site internet http://www.siralice.com/ Ave Maria « Le 20 juin 2010, vers 8h30, j’ai été témoin du vol d’un cœur sacré de la cathédrale de Chartres. Il a été décroché d’une stalle pour m’être offert. J’oubliais que le voleur, s’en appropriant les qualités, me tendait le cœur d’un autre et je l’acceptais. J’endossais alors, sans en avoir conscience, la culpabilité d’être le détenteur d’un objet sacré volé et prenais à ma charge le sacrilège. A l’intérieur de cet ex-voto représentant le cœur sacré de Marie se trouve une photo d'identité oxydée et un morceau de papier plié sur lequel, écrit à la plume en pleins et déliés, une femme prie la vierge Marie de rendre la santé à son mari malade, en date du 23 mai 1891. Pétrifiée d’avoir violé l’intimité d’une prière, j’ai gardé ce cœur enfermé dans une boîte pour l’oublier. C’est seulement récemment, devant une représentation de la vierge Marie dans une église Napolitaine que j’ai compris qu’il me fallait écrire un « AVE MARIA » et rendre le cœur à la Cathédrale de Chartes avec la partition de l’œuvre. » Au texte religieux, se mélangent des questions concernant le modèle féminin véhiculé par Marie. Incarné par une femme s’adressant à elle sous forme de prière, le texte profane est chanté dans un registre de poitrine caractéristique des chants populaires. Le soprano en contrepoint élève cette prière au sacré. Les deux voix s’unissent ensuite pour évoquer le féminin au-delà du symbole religieux qui fait de Marie, ventre choisi par Dieu, une bonne mère tout en restant éternellement une vierge immaculée. Propositions d’écoutes Interview sur son parcours http://www.dailymotion.com/video/xhud3_zerotv-sir-alice-entrevue_na Sir Alice - Le Cargo ! Fête la musique (2012) https://www.youtube.com/watch?v=UzvOb_HCgp0 Wolfgang Amadeus Mozart Mozart voulait plaire, et d’ailleurs Mozart avait besoin de plaire, premier musicien de l’histoire de la musique qui, rompant avec le service des Grands, ait pris le risque d’aller chercher son argent dans la poche du public payant. Mais il entendait plaire dans ses termes propres. André Tubeuf André Tubeuf écrit ceci à l’occasion du bicentenaire du compositeur. Celui-ci se définit luimême, dans une lettre à son père, de la façon suivante, en 1777 : Papa chéri, Je ne puis écrire en vers, je ne suis pas poète. Je ne puis distribuer des phrases assez artistement pour leur faire produire des ombres et des lumières, je ne suis pas peintre. Je ne puis non plus exprimer par des signes et une pantomime mes sentiments et mes pensées, je ne suis pas danseur. Mais je le puis par les sons : je suis musicien. Musicien. Un musicien engagé, même s’il ne théorise jamais sur sa musique. En 1878, au moment où il compose Don Giovanni, Mozart a 31 ans. Il ne lui reste que quatre années à vivre. Quatre années pendant lesquelles les embarras financiers qui sont depuis longtemps son lot ne cessent de le harceler. Les années les plus noires de sa vie, au cours desquelles il compose ses ultimes chefs d’œuvre. Sa carrière a commencé, incroyablement, 29 ans plus tôt. Grâce à son père, Leopold, violoniste compositeur, maître de chapelle du Prince-Archevêque de Salzbourg et auteur du plus important manuel de violon du XVIIIème siècle, le jeune Mozart, à peine âgé de six ans, parcourt alors l’Europe entière en compagnie de sa sœur : Paris, Londres, où il se lie avec Jean-Chrétien Bach, l’Italie, Vienne et Munich, Amsterdam... Il compose sa Première symphonie à huit ans, puis, quatre ans plus tard, un singspiel Bastien et Bastienne et son premier opéra, La finta Semplice. Des voyages successifs en Italie entre 1770 et 1773 confirment sa renommée de musicien prodige. Son opéra Mitridate, re di Ponto reçoit un accueil triomphal à Milan. De retour à Salzbourg, les Mozart doivent subir les humeurs et les caprices du nouveau PrinceArchevêque, le comte de Colloredo. En dépit de cette situation difficile, Mozart n’arrête pas de composer : six quatuors viennois, un opéra-bouffe La Finta Giardiniera (La Fausse jardinière), son Premier concerto pour piano. En 1777, Mozart excédé par le comportement de Colloredo, se démet de ses fonctions et ce, contre l’avis de son père. Un voyage à Mannheim puis à Paris lui réserve pourtant quelques désillusions : l’enthousiasme d’autrefois cède la place à un accueil plutôt mitigé de la part du public. Le décès de sa mère, l’année suivante, le ramène dans sa ville natale. Mozart s’aperçoit alors qu’il n’est plus l’enfant prodige qui a tant ému les foules. Il doit donc à vingt-trois ans, se plier de nouveau à la volonté paternelle et à l’autorité du Prince-Archevêque. Tout en occupant, à contrecœur, un poste d’organiste à la Cour de Colloredo, Mozart compose la Symphonie concertante pour violon et alto et achève l’opéra Thamos, Roi d’Egypte. En 1781, il se rend à Vienne pour la création d’Idoménée. À cette occasion, un nouveau différend avec le Prince-Archevêque entraîne une rupture définitive entre les deux hommes. Désormais installé à Vienne, Mozart doit donner des leçons pour vivre. Contre le gré de son père, il se marie avec Constance Weber à qui il dédie L’Enlèvement au Sérail en 1782. Les symphonies Haffner et Linz sont également composées à cette époque. Le bonheur avec Constance est de courte durée. Le couple perd son premier enfant et les dettes commencent à s’accumuler. En 1784, Mozart entre dans la franc-maçonnerie. Il manifeste tout son génie musical en écrivant cinq concertos pour piano et six quatuors à cordes qu’il dédie à son ami Joseph Haydn. Il met en musique la pièce de Beaumarchais, le Mariage de Figaro qui devient Les Noces de Figaro. L’opéra obtient un succès très relatif à Vienne, mais triomphe à Prague l’année suivante. Il compose encore la Petite musique de nuit, la Symphonie Prague et surtout Don Giovanni qui remporte un grand succès à Prague. En 1787, Mozart est nommé par l’Empereur Joseph II compositeur de la Chambre Royale, succédant ainsi à Gluck qui vient de mourir. Mais ses gages modestes ne le délivrent pas des soucis matériels : peu à peu, la misère s’installe chez les Mozart. C’est toujours dans les moments tragiques que Mozart écrit ses musiques les plus fortes. Malgré le récent décès de son père, des difficultés financières inextricables et la maladie de Constance, il compose en 1789 Cosi fan tutte, un opéra bouffe pour Joseph II. Mais la mort de ce dernier le laisse sans protecteur. Mozart va d’échec en échec. Les concerts qu’il tente d’organiser sont désertés. Dans les derniers mois de sa vie, Mozart, dont la santé se détériore, trouve pourtant la force d’écrire des pages exceptionnelles : deux opéras, La Flûte enchantée et la Clémence de Titus, un Concerto pour clarinette et un Requiem qu’il ne pourra pas achever. Épuisé, Mozart meurt le 5 décembre 1791. Le mauvais temps oblige la dizaine d’amis venus accompagner le cercueil à déserter le cimetière. Ses deux fils resteront célibataires, la lignée du génie s’éteint. Chronologie 1756 : Naissance de Wolfgang Amadeus Mozart. 1762 : Mozart part en tournée dans toute l’Europe, où on lui fit triomphe. 1767 : Premier opéra de Mozart, Apollo et Hyacinthus, à l’âge de 11 ans. 1769 : Il est nommé maître de concert auprès de l’archevêque de Salzbourg. 1770 : On lui commanda son premier opéra seria 1777 : Wolfgang Amadeus Mozart compose Une petite musique de nuit et l’opéra Don Giovanni. 1781 : Succès de son œuvre Idoménée et rencontre avec Haydn. 1785 : Mozart devient maître de la franc-maçonnerie. 1782 : Mozart compose L’Enlèvement au Sérail. 1791 : Mozart compose La Clémence de Titus et La flûte enchantée. 1791 : Mozart meurt à Vienne le 5 décembre 1791. Analyse musicale du Requiem I. Introïtus Requiem II. Kyrie III. Sequentia Dies iræ Tuba mirum Rex tremendæ Recordare Confutatis Lacrimosa IV. Offertorium Domine Jesu Hostias V. Sanctus VI. Benedictus VII. Agnus Dei VIII. Communio Lux Æterna Composition : 1791. Achevé par Franz Xaver Süssmayr. Publication : 1800, Breitkopf und Härtel. Effectif : soprano, alto, ténor et basse solistes – chœur à quatre voix – 2 cors de basset, 2 bassons – 2 trompettes, 3 trombones – timbales – cordes – orgue. Durée : environ 53 minutes. Peu d’œuvres ont généré une exégèse plus échevelée que le Requiem de Mozart. Très vite, on y a vu les ultimes prières d’un mourant se recommandant à Dieu, luttant sur son lit de mort pour coucher sur le papier autant de musique qu’il peut encore, avant d’être emporté dans l’au-delà. Pour corser la légende, tout un panel d’anecdotes à la véracité et à la crédibilité variables, comme les visites de plus en plus pressantes d’un mystérieux messager en noir ayant commandité l’œuvre, ou encore les rumeurs d’empoisonnement et de jalousie mettant en scène Salieri, présenté comme le rival malheureux de Mozart, rebondissant d’un Pouchkine à un Miloš Forman. Et voilà : le chant du cygne d’un génie fauché par une mort prématurée, l’ultime chef-d’œuvre, le parangon de tous les requiems à venir, l’inspiration d’innombrables pages religieuses, le morceau interprété aux funérailles des grands hommes, celui que l’on appelle « le » Requiem comme l’on parle de « la » Neuvième. La tâche n’est pas aisée pour qui veut faire la part des faits et de la fiction, car il faut bien dire que la situation se prêtait en effet aux interprétations romancées. Ainsi, il y eut bien un « messager en noir » : au mois de juillet 1791, alors que Mozart était pressé de dettes de toutes parts, il reçut la visite d’un homme qui lui passa commande d’un requiem, sous condition que le compositeur le livrât dans le plus grand secret, et promit pour l’œuvre une somme substantielle. Du commanditaire, l’identité est dorénavant connue ; il s’agissait du comte von Walsegg, désireux d’honorer la mémoire de sa femme bien-aimée, morte au début de l’année 1791, en s’attribuant (comme il en avait l’habitude) la paternité de la création. Le travail de Mozart fut retardé par nombre d’autres obligations : alors qu’il mettait la dernière main à La Flûte enchantée, il lui fallut composer en l’espace de trois semaines La Clémence de Titus pour honorer une commande pour le couronnement du roi Leopold II de Bohême. Après les créations de deux opéras et la composition du Concerto pour clarinette, Mozart put se mettre à l’œuvre, en parallèle avec la cantate maçonnique Laut verkünde unsre Freunde K. 623. Mais la maladie l’empêcha de mener le Requiem à bien : à sa mort, le 5 décembre, sa femme Constanze sollicita d’abord l’ami Joseph Eybler (qui abandonna en cours de route) puis Franz Xaver Süssmayr, ancien élève et assistant. Ce dernier compléta les parties manquantes en se fondant sur quelques esquisses et témoignages oraux des désirs de Mozart et acheva le Requiem en février 1792. Le manuscrit fut alors envoyé à Walsegg, mais sans la moindre allusion aux ajouts divers. Très rapidement se greffa autour de l’œuvre un ensemble de croyances et d’histoires initiées pour la plupart par Constanze, qui alimentèrent une incroyable quantité de récits, faisant de Mozart et du Requiem un sujet de choix dans l’imaginaire collectif. Seule partie totalement achevée à la mort de Mozart, l’introduction émerge petit à petit sur les battements de cœur des cordes tandis que les bassons et cors de basset – responsables en grande partie de la tonalité sombre et feutrée du Requiem, qui ne compte ni flûtes, ni hautbois, ni cors – dessinent des imitations navrées. Une écriture chorale ductile suit les moindres inflexions du texte, et débouche sur l’énergique double fugue du Kyrie eleison, avec son âpre chute de septième diminuée (le Père, premier sujet) et ses doubles-croches pressées (le Fils, second sujet). Des vingt strophes que compte la séquence, seules seize furent écrites par le compositeur, qui s’arrêta après les huit premières mesures du Lacrimosa. Quant à l’orchestration, elle fut réalisée après son décès, Mozart n’ayant noté que les voix et la basse continue. Sommet dramatique, le Dies iræ dépeint avec fièvre le tremblement de l’humanité face à la colère de Dieu – mais le grandiose s’efface rapidement pour laisser la place aux voix solistes du trombone et de la basse du Tuba mirum, auquel l’entrée du ténor donne un tour plus haletant, puis interrogatif (avec l’alto et le soprano). Le Rex tremendæ renoue avec une expression plus tragique : grande gamme pointée descendante, cris du chœur sur « Rex », avant un double canon entre voix aiguës et voix graves. Une belle introduction, entre cors de basset et violoncelles, ouvre à la consolation du Recordare, appel à la bonté de Jésus où tout le génie de Mozart triomphe. Fortement contrasté, le Confutatis met face à face le chœur masculin angoissé, sur fond de basses orageuses teintées de cuivres, et les tendres voix féminines évoquant « ceux qui sont bénis ». Le début du Lacrimosa retrouve l’esprit de l’Introïtus avant de bifurquer vers un douloureux crescendo homophone de tout le chœur. Là s’arrête l’écriture de Mozart : Süssmayr reprend le flambeau avec le plus de discrétion possible, usant autant qu’il le peut du matériel écrit par le maître et des esquisses sur lesquelles il met la main. L’Offertoire, qui mêle à nouveau le travail de Süssmayr aux notes de Mozart, commence dans la splendeur chorale et l’agitation, avec une évocation intensément colorée des épaisses ténèbres de l’enfer. La seconde partie, Hostias, est plus apaisée; mais son enchâssement entre les deux fugues associées au « Quam olim Abrahæ », malgré l’intense lumière de sa cadence finale, souligne la fugacité de cette consolation. Les prières suivantes sont cette fois l’œuvre de Süssmayr seul, piochant pour son travail de couturier dans les sources qui sont à sa disposition. Le court Sanctus, avec sa tonalité de ré majeur, sa puissance chorale ainsi qu’orchestrale (timbales, trompettes) et son tempo, renvoie d’ailleurs assez fortement à la tradition. Après une rapide fugue sur « Hosanna in excelsis Deo », le Benedictus prend des accents plus caressants, plus mozartiens aussi; on y retrouve les sonorités boisées des cors de basset et des bassons, en écho aux quatre solistes qui entremêlent leurs voix sans hâte. Retour de la fugue, puis douloureux Agnus Dei, marqué par les coups de timbales et les sinuosités des cordes ; répété trois fois, en alternance avec « Dona eis requiem », plus consolateur, il débouche sur la Communio finale, où l’on retrouve le solo de soprano de l’Introïtus, cette fois sur les paroles « Lux aeterna ». La suite confirme les emprunts au matériau inaugural, jusqu’à la double fugue sur « Cum sanctis tuis », Süssmayr ayant affirmé agir ainsi conformément à la volonté de Mozart – et l’œuvre inachevée revient à son début.2 Angèle Leroy Partition du Requiem 2 Note de programme rédigée par Angèle Leroy, Mozart Requiem : vendredi 24 novembre 2016 Pierre-Henri Dutron, Isabelle Werck, Angèle Leroy 2016 Edité par : Philharmonie de Paris. Paris Propositions d’écoutes Captations Herbert von Karajan, direction https://www.youtube.com/watch?v=ia8ceqIDSJw Leonard Bernstein, direction https://www.youtube.com/watch?v=m3wFdajeAwU René Jacobs, direction https://www.youtube.com/watch?v=WHteR4iUGjM Arsys Bourgogne https://www.youtube.com/watch?v=neDnpgZPPvY Ballet Ballet d'Europe Jean-Charles Gil, chorégraphe https://www.youtube.com/watch?v=_71HId0WFvY Ballet Eifman Boris Eifman, chorégraphe https://www.youtube.com/watch?v=BfD2Uy3Nrkg Ballet Cincinnati Adam Hougland, chorégraphe https://www.youtube.com/watch?v=RS1VaiKX5WI Oper Leipzig Mario Schröder, chorégraphe https://www.youtube.com/watch?v=XA9Km4Wc1jI Film Amadeus https://ok.ru/videoembed/39632702022 Extraits Introitus : https://youtu.be/vU83BYbSqpI Lacrimosa : https://youtu.be/tFFfT_uSF2w Interview du chef René Jacobs et du compositeur Pierre-Henri Dutron à propos du Requiem https://www.youtube.com/watch?v=9mCP0yCpDRQ https://www.youtube.com/watch?v=y9OprCC5-lY