Le Forez pendant la seconde guerre mondiale
2e colloque
Aspects et prolongements
Communications
Printemps de l'histoire 2012
Cahiers de Village de Forez
2
Sommaire
Présentation Maurice Damon 3
Le groupe de résistance d’Arthun Claude Latta 5
Le groupe Ange Pascal Chambon 17
Liberté, liberté chérie Paul Bouchet 25
Les Groupements de travailleurs étrangers (GTE) Pascale Moiron 39
dans la Loire
La grève des mineurs de 1948 : Jean-Michel Steiner
une fin d’après-guerre 54
Quand j'étais maquisard Charles Galletti 62
Les arrestations tragiques à Feurs et à Chazelles-sur-Lyon Gérard Aventurier
après le débarquement du 6 juin 1944 71
Couverture :
Le monument en hommage aux morts du groupe Ange aux Limites, sur la route de Montbrison à Saint-Anthème
3
Présentation
En 2009, Village de Forez avait déjà consacré son Printemps de l’histoire au Forez pendant
la seconde guerre mondiale. Le sujet était loin d’être épuisé. Et comme le public avait été nombreux
à manifester son intérêt, nous avons jugé bon de reprendre le sujet au cours de ce Printemps de
l’histoire 2012. Un deuxième colloque traite donc à nouveau du sujet cette année.
Il faut dire que le thème de la guerre, et particulièrement celui de la Résistance, occupe
plusieurs d’entre nous ou d’autres, proches de notre groupe Village de Forez, soucieux de
transmettre au public le fruit de leurs recherches. Ce sont, pour la plupart, des professeurs d’histoire
qui, outre leur tâche d’enseignement, interrogent les archives, recueillent des témoignages, et ont à
cœur de comprendre et faire comprendre en quoi notre région forézienne apporte sa part à l’histoire
du monde. Aujourd’hui, nous entendrons donc quatre historiens : Pascal Chambon, Claude Latta,
Pascale Moiron, Jean-Michel Steiner. Le cinquième conférencier vient d’un autre horizon, celui du
droit : Paul Bouchet, avocat, a occupé de nombreuses fonctions importantes, conseiller d’Etat,
président d’ATD-quart monde, d’autres encore… Il est bien connu dans la région pour avoir été
l’initiateur de la restauration et de la renaissance du château de Goutelas, devenu un actif centre
culturel ouvert à l’expression d’un humanisme renouvelé. Mais, s’il est ici aujourd’hui, c’est pour
témoigner de son action de résistant de la première heure dans sa région de Panissières et faire part
des convictions qui, dès sa première jeunesse, l’ont animé.
L’histoire de la Résistance donnera lieu à deux communications, celle de Claude Latta à
propos du groupe d’Arthun constitué autour du comte de Neufbourg et de Marguerite Gonon, puis
celle de Pascal Chambon, qui traitera du groupe "Ange-Buckmaster", qui eut un maquis dans les
monts du Forez.
Puis Paul Bouchet évoquera, parmi les sept utopies qui ont guidé sa vie, et dont il a livré la
teneur dans un récent ouvrage
1
, celle liée à la Résistance, et qu’il nomme « Liberté, liberté chérie ».
La politique répressive de Vichy donnera lieu à un exposé de Pascale Moiron sur les
groupements de travailleurs étrangers (GTR) de la Loire, dans lesquels furent incorporés de
nombreux réfugiés espagnols contraints au travail forcé.
Enfin, Jean-Michel Steiner, co-auteur d’un important ouvrage sur les grèves des mineurs
stéphanois en 1948
2
, explorera quels rôles les réseaux tissés pendant la guerre et la Résistance ont
joué dans ce conflit social.
Deux autres textes ont été ajoutés à ces cinq exposés. Ils n’ont pas donné lieu à
communication, faute de temps. Plutôt que de les publier ailleurs et plus tard, et parce qu’ils
s’intègrent parfaitement au sujet, il nous est apparu plus judicieux de les inclure dans la publication
des actes de ce Printemps de l’histoire. Il s’agit du travail qu’a effectué Gérard Aventurier sur le
sort de résistants arrêtés à Feurs et à Chazelles-sur-Lyon, puis du témoignage de Charles Galetti,
résistant de base dans les maquis foréziens.
1
Paul. Bouchet, Mes sept utopies, éd. de l’Atelier, 2010.
2
Maurice Bedouin, Jean-Claude Monneret, Corinne Porte, Jean-Michel Steiner, 1948 : les mineurs
stéphanois en grève, publications de l’université de Saint-Etienne, 2011, 503 p.
4
Nous avons eu l’occasion de traiter au centre social, et aussi au centre culturel de Goutelas,
des réalisations du Conseil national de la Résistance. Une dame, jeune à l’époque de la guerre, qui
a, entre autres modestes aventures, transporté la presse clandestine de Témoignage chrétien sur son
vélo, a donné ses souvenirs à Village de Forez
3
. Au détour de la conversation, elle porte un regard
reconnaissant sur l’œuvre de la Résistance :
Après la guerre, ça a changé énormément. Ah oui ! il faut le reconnaître. C’est grâce à tous
ces gens qui ont résisté, et qui en sont morts […] Tant de choses puis au point de vue
« santé ». C’est énorme, ce qui a été fait. […] Mais tout ça, il faut que les gens le sachent,
les jeunes le savent pas. Il faudrait que ce soit appris à l’école…
Comme nous y sommes invités, faisons, nous aussi, oeuvre pédagogique. Les contributions
de nos chercheurs et témoins de ce jour vont nous aider à nous convaincre davantage que, dans cette
période un peu trouble l’on voit pointer le risque du repli sur soi, l’esprit de la Résistance doit
veiller encore…
Maurice Damon
Village de Forez
3
Jeanne Moine, "Quartier du Calvaire, Montbrison 1930-1940. Souvenirs d’une habitante", Village de Forez,
2012, 36 p.
5
Le groupe de résistance d’Arthun
Claude Latta
Ce texte est celui de la communication orale (la version « courte » de notre étude sur le groupe d’Arthun) faite
au colloque du Centre social de Montbrison le 28 avril 2012. Des précisions ont été apportées grâce à l’enquête menée
en juin-juillet 2012 par Marie-Claudette Thévenet-Merle sur les compagnons de Résistance du comte de Neufbourg :
souvenirs recueillis, de leur vivant, auprès de son père Pierre Merle et de son oncle Jean Merle, mais aussi notices
biographiques des autres membres du groupe de résistance d’Arthun, rédigées d’après des entretiens avec les membres
des familles des six autres résistants et des documents prêtés par ces familles.
Quelques notes ont été ajoutées mais il faut, pour les sources, se reporter surtout à l’annexe (Source et la
bibliographie) qui a été placée après le texte de notre communication. Une « version longue » (29 p.) complétée par des
« encadrés » et une annexe (4 p. au total), des photos et toutes les références placées dans les notes infra-paginales est
publiée dans le Cahier de Village de Forez consacré au comte de Neufbourg, à Marguerite Gonon et à leurs
compagnons de Résistance.
Dans la Résistance forézienne le « groupe de résistance d’Arthun » - au sens large du terme -
est un cas particulier : il ne se rattache officiellement à aucun grand mouvement de Résistance -
même si certains de ses membres ont des liens avec Combat et Témoignage chrétien - et il
s’organise autour de deux personnalités hors du commun, le comte de Neufbourg (le sire), grand
propriétaire terrien porté aux innovations, aristocrate et royaliste, historien, animateur du groupe des
Chartes du Forez, personnage original et non conformiste et Marguerite Gonon (Christine), jeune
institutrice de 26 ans, devenue secrétaire de l’équipe des Chartes du Forez. Pendant la guerre, elle
avait repris du service comme institutrice remplaçante ce qui lui permit de courir la campagne pour
la Résistance.
En 2008, de nouvelles archives se sont ouvertes : les témoignages du comte de Neufbourg et
de Marguerite Gonon
4
, donnés « à chaud » en 1946 au comité d’histoire de la deuxième guerre
mondiale, sont enfin consultables et ont la fraîcheur de textes écrits avant que la mémoire ait joué
son rôle de filtre déformant. J’ai pu avoir aussi accès aux archives du docteur Patrick Guérin, le fils
du lieutenant Guérin, compagnon de la Libération, l’un des détenus évadés de la prison de Riom
grâce à l’action du groupe de résistance d’Arthun. L’enquête historique menée en juin-juillet 2012
par Marie-Claudette Thévenet-Merle nous a, en outre, éclairé sur le rôle joué par les paysans
d’Arthun membres du groupe de résistance organisé par le comte de Neufbourg et Marguerite
Gonon.
Autour de Neufbourg et de Marguerite Gonon et se trouvent trois « cercles » :
- Le « groupe d’Arthun » lui-même formé par le comte de Neufbourg, Marguerite Gonon et
M
lle
d’Havrincourt - une parente de Neufbourg - et les fermiers et ouvriers agricoles qui suivent le
« maître » dans ses engagements.
- Les membres de l’équipe des Chartes de Forez formée de grandes personnalités
intellectuelles comme Neufbourg et Marguerite Gonon eux-mêmes, mais aussi Edouard Perroy,
professeur à la Sorbonne et Georges Guichard (l’oncle Georges), mécène et historien des Chartes
de Forez.
4
ADL, 23 J 29, Fonds Peycelon, témoignages du comte de Neufbourg et de Marguerite Gonon au comité
d’histoire de la seconde guerre mondiale, 1946 [désormais : Témoignage Neufbourg, 1946 et Témoignage
Marguerite Gonon, 1946].
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