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En dehors de ces tirs de destruction, les communiqués de la semaine ne signalent que des
incidents sans intérêt, tels que des explosions de mines dont les adversaires se disputent les
entonnoirs.
Deux de nos groupes d'avions; au total 24 appareils, bombardent les gares et les casernes
de Metz: 130 obus sont lancés sur les objectifs désignés. Un seul appareil est contraint d'atterrir
au sud-est de Metz; tous les autres rentrent indemnes.
Les principaux ministres français et anglais ont eu une entrevue à Londres: M. Asquith a
annoncé à la Chambre des Communes que l'unité de direction chez les Alliés se resserrait. Il y a lieu
de conclure, par les déclarations du premier ministre anglais, que l'Italie et peut-être la Russie
participeront aux prochaines conférences.
Sur le front Italien
Sur tout le front les communiqués signalent une action intermittente d'artillerie:
l'artillerie autrichienne cause quelques dommages dans les villages de la vallée de Sugana.
L'artillerie italienne disperse des détachements ennemis dans la vallée de San Pellegrino
(torrent de l'Avisio) et de Corvara (torrent de Gador).
Dans la zone du Plezzo et sur le Slome (Monte Nero), de petites actions d'infanterie se
terminent à l'avantage de nos alliés.
Sur le Carso, les Italiens s'emparent de fusils, d'outils et de bombes à main.
Les avions ennemis montrent quelque activité.
Sur le front russe.
Les Russes font preuve de ténacité et d'acharnement dans l'offensive qu'ils continuent: au
nord, sur le front Riga-Dvinsk, les armées d'Hindenbourg sont réduites à l'impuissance; la moindre
tentative, d'attaque de leur part est annihilée par l'artillerie de nos alliés, et, par crainte d'une
brusque poussée des Slaves, le maréchal n'ose pas affaiblir ses effectifs de la Dvina, malgré le
besoin de renfort qui se manifeste à l'autre extrémité du front.
Sur la Styr, les Allemands cherchent à réoccuper Tchartorysk et les hauteurs voisines,
récemment tombées au pouvoir des Russes.
Les combats continuent aux confins de la Galicie et de la Bukovine : les pertes sont
énormes de part et d'autre. Les Autrichiens ne peuvent reprendre les fortes positions que les
troupes du général Ivanoff ont conquises sur le plateau de Karantze, à 12 kilomètres au nord-est de
Czernovitz. La récente progression de nos alliés met en péril les grandes forces ennemies
concentrées devant Bojan.
L'effort actuel des armées moscovites au Caucase prend des proportions imposantes : une
première fois, il y a douze mois, nos alliés avaient marché sur Erzeroum, mais ils ne disposaient pas
du matériel et des effectifs suffisants; aujourd'hui l'entreprise se présente dans des conditions
plus favorables.
Dans les Balkans
La situation du Monténégro est grave : après une bataille terrible de cinq jours et un
bombardement continu par la flotte autrichienne et les forts de Cattaro, combinés avec un assaut
général par terre, les Monténégrins ont perdu le mont Lovcen qui commande Cettigné, puis Cettigné
elle-même. L’émotion est très grande en Italie : l'Autriche, en effet, prend sur l'Adriatique une
grande prépondérance, et, par Scutari, une voie d'accès en Albanie et sur toute la côte orientale.
Les troupes austro-allemandes et bulgares continuent leur concentration : nos
reconnaissances aériennes confirment la grande activité qui règne depuis Monastir jusqu'à la
Strouma où les ingénieurs allemands établissent des voies pour le transport de la grosse artillerie.
Le général Sarrail fait sauter le pont de chemin de fer de Demir Hassa et de Kilindir; notre corps
expéditionnaire, sans cesse renforcé, bien retranché, muni d'une artillerie puissante et soutenu par
les escadres, attend le choc des adversaires.
L'armée des Dardanelles, qui comprenait 70000 Anglais occupant la baie de Suvla, est
transportée, en partie en Egypte et en partie dans les Balkans pour renforcer les troupes alliées.
Les gouvernements de l'Entente ont chargé leurs représentants à Athènes d'exposer au
gouvernement hellénique qu'ils considéraient comme un devoir d'humanité de transporter dans l'île