1916 Choix du mois Janvier Février Mars Avril Mai Juin

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-1Le texte provient de l’ensemble du journal des instituteurs, les photos proviennent d’internet, de
documents allemands et de photographies personnelles.
Les textes en rouge et italique proviennent de Paris Match ou de données personnelles (1)
Les textes en bleu et italique proviennent du site Wikipédia (2)
Les textes en vert proviennent de « Mémoires du XXème siècle » de Bordas (3)
(Il apparaît que les faits peuvent être à des dates légèrement différentes)
Janvier
Juillet
Février
Août
1916
Choix du mois
Mars
Avril
Septembre Octobre
Mai
Juin
Novembre Décembre
Du lundi 3 janvier 1916 (520ème jour de la guerre) au dimanche 9 janvier 1916 (526ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Nos bombardements gardent, en Belgique, le même caractère de violence et bouleversent
quotidiennement les organisations défensives de l’ennemi; des tirs réussis sont à signaler dans les
régions de Steenstraete, Hel-Sas et Boesinghe.
De violents combats sont engagés autour de Loos, où l'artillerie lourde anglaise développe un feu
terrible.
Nos batteries canonnent la gare de Boisleux-au-Mont, située à 7 ou 8 kilomètres au sud
d'Arras, d'infime importance en temps de paix et, actuellement, très précieuse pour les Allemands:
point terminus d'une voie ferrée venant de Cambrai, elle rejoint la grande ligne Paris-Calais et
permet les relations rapides avec Cambrai et, de là, avec la Belgique et le Nord occupé; la
destruction de cette gare cause la plus grande gêne au ravitaillement des Allemands.
Nous détruisons une partie des tranchées ennemies au nord de la ferme de Navarin et
détruisons tout un matériel pour gaz asphyxiants prêt â servir.
Sur les autres parties du front, la canonnade habituelle se poursuit, particulièrement vive à
l'Est de Saint-Mihiel, en Champagne, et en Artois. Entre Mesnil-les-Hurlus et Tahure, dans le
voisinage de la Courtine, une tentative d'attaque allemande est enrayée en pleine organisation. Les
Allemands s'agitent beaucoup au nord de l'Aisne : les canons français répondent par une rude
répression en détruisant les moulins de Chatillon, à 10 kilomètres à l'ouest de Soissons, enlevant un
utile point d'appui à l'ennemi dans la vallée de l'Aisne.
L'événement dominant de la semaine est la reprise des attaques allemandes sur les
contreforts méridionaux du Viel-Armand : la préparation d'artillerie a été formidable et les
colonnes d'assaut renforcées prirent deux sommets que nos troupes enlevèrent le soir même, après
une charge irrésistible.
Nancy, ville ouverte, est bombardée une troisième fois par de fortes pièces allemandes,
sans résultat appréciable : M. Poincaré, président de la République, va féliciter la population de son
calme et de son sang froid.
En Angleterre, par 403 voix contre 105, la Chambre de commerce, après une ardente
discussion, adopte, en première lecture, le projet du gouvernement sur le service militaire
obligatoire pour les célibataires : 8 ministres travaillistes démissionnent, mais l'union subsiste
toujours, tous les partis veulent « la continuation de la guerre jusqu'à la victoire complète »
-2-
Sur le front russe.
Les communiqués russes donnent les meilleures nouvelles de la bataille engagée depuis les
marais du Pripet jusqu'au Pruth.
Dans la zone nord, la bourgade de Czarterisk d'abord conquise, puis reperdue, est à
nouveau enlevée par les Russes; le cimetière de Tcharkorysk et toute une agglomération y attenant
sont conquis: c'est un nouveau pas en avant vers Kovel.
Au centre, le long de la Strypa moyenne, de nouvelles positions fortifiées avec un millier de
prisonniers tombent au pouvoir de nos alliés; par ailleurs, ils conservent tout le terrain occupé au
cœur même des lignes autrichiennes.
C'est en Bukovine que la lutte est plus âpre sous la direction du général Mackensen: arrivés
en hâte des Balkans, les renforts austro-allemands font des efforts acharnés et les plus onéreux
sacrifices d'hommes afin de retarder la chute de Czernowilz; mais toutes leurs contre-attaques se
brisent cette semaine devant le nouveau front russe.
Sur le front italien.
Dans la zone de Riva, les troupes italiennes réalisent de nouveaux progrès, en occupant la
position de San Giovanni, sur les pentes méridionales du Mont-Sperone
Dans la région du col de Lana, l'ennemi attaque nos alliés, mais il est partout repoussé.
Sur le reste du front, il se produit de vives actions d'artillerie dans lesquelles l'ennemi
emploie des projectiles à gaz asphyxiant.
-3Le mauvais temps entrave en montagne les opérations d'infanterie.
Des avions ennemis apparaissent sur la vallée du Haut-Fella, ou celle du Haut-Isonzo : ils
laissent tomber quelques bombes qui ne causent aucun dommage.
Dans les Balkans.
Les Austro-Allemands hâtent leur concentration dans la région de Monastir; des troupes
bulgares exécutent des mouvements stratégiques sur la ligne Guevgheli-Stroumitza et des
bataillons turcs se rassemblent au nord de Cavalla : il semble que l'attaque de Salonique va
commencer.
Les Autrichiens entament une nouvelle offensive générale contre l'héroïque petite armée
monténégrine : bien qu'ils aient lancé des forces supérieures à leurs adversaires et qu'une forte
artillerie appuie leur attaque, ils n'obtiennent encore que des succès locaux, enlevant ça et là
quelques villages.
Les Bulgares continuent à poursuivre l'armée serbe d'Albanie.
Les ministres de l'Entente ont communiqué au gouvernement grec que les consuls arrêtés à
Salonique ont été mis en liberté : le gouvernement grec s'est déclaré satisfait.
L'arrestation des agents consulaires allemands, autrichiens et turcs de Mitylène est
décidée par les autorités militaires de l'Entente, pour les mêmes raisons d'espionnage qui ont
amené les arrestations des consuls de Salonique.
Bombay
(1) Grande-Bretagne : Le 1er janvier, torpillage du paquequot « Persia » en route pour
(1) Bombardement de Nancy le 1er janvier
(3) 1er janvier : Le gouvernement grec proteste auprès des Alliés contre l’arrestation à
Salonique des consuls allemand, austro-hongrois, bulgare et turc, accusés d’espionnage. Les pays
concernés prendront des mesures de représailles.
(1) 3 janvier, à Sofia, arrestation du vice-consul de France en réponse à l’arrestation à
Paris du chancelier bulgare Naydenoff.
(1) 6 janvier, le parlement de Londres vote une loi sur l’introduction du service militaire
obligatoire pour les célibataires.
(1) 6 janvier, à New-York, effondrement du mark qui perd 20% de sa valeur en 2 mois.
(1) 8 janvier, dans les Dardanelles, les troupes franco-britanniques évacuent la presqu’île
de Gallipoli, c’est un échec des opérations militaires alliés
(3) 8 janvier: En Chambre des communes vote la conscription
(3) 8 janvier: Le colonel Edward House, ami et conseiller du président Wilson, arrive à
Londres afin de proposer une « paix honorable » à tous les belligérants
(3) 8 janvier: Fin de la conquête du Cameroun : les dernières troupes alliées entrent dans
Yaoundé, évacuée par les Allemands.
(3) 8 janvier: Sous le commandement du feld-maréchal Weber von Webeneau, les troupes
austro-hongroises attaquent les positions monténégrines sur le mont Lovcen.
(2) 9 janvier : Offensive allemande en Champagne.
(3) 9 janvier : Les Allemands lancent une offensive en Champagne.
(3) 9 janvier : Echec de l’offensive alliée dans les Dardanelles. Les troupes ottomanes dont
une partie est commandée par Mustapha Kémal obligent les forces anglo-françaises à évacuer la
presqu’ile de Gallipoli.
Du lundi 10 janvier 1916 (526ème jour de la guerre) au dimanche 16 janvier 1916 (532ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Semaine peu féconde en événements importants, sur notre front : en Belgique, c'est la
canonnade habituelle avec abstention à peu près complète de l'infanterie.
Les Anglais repoussent entre Souchez et Givenchy une petite attaque.
La T. S. F. allemande avoue une explosion formidable survenue à Lille, dans un magasin de
munitions; mais cette explosion provient-elle d'une imprudence d'artificiers allemands ou d'un
bombardement par nos avions? l'agence Wolff ne le dit pas.
-4Les Allemands font un très gros effort en Champagne, lançant à l'assaut, en masses
compactes, une cinquantaine de mille hommes : nous leur infligeons de si lourdes pertes qu'ils
arrêtent toute offensive, sauf dans les parages de la butte du Mesnil, où nos batteries les
foudroient violemment.
Sur le front italien.
L'activité de l'artillerie, aidée et complétée par l'action des avions, continue sur tout le
front.
Les batteries ennemies lancent des projectiles, généralement des obus incendiaires, sur les
positions italiennes entre le lac de Garde et l'Adige, dans la vallée de Terragnolo (Adige) et sur le
Borgho : ces obus ne causent aucun dommage.
L'artillerie de nos alliés détruit des abris ennemis à l'est du col Orogono et de Visdende.
Dans le secteur de Javorcock (bassin de Plezzo) et de San-Martino del Carso, les troupes
italiennes repoussent de petites attaques.
Sur le bas Isonzo, l'artillerie autrichienne tire sur Gradisca, Sagrado et Monfalcone : les
canons italiens répondent en bombardant Devetaki et Oppacchiasella.
Sur le front russe.
L'accalmie règne à nouveau sur le front russe, mais les Allemands reçoivent dans les
secteurs de Riga et de Dvinsk des renforts importants composés de troupes du landsturm.
En Galicie, les contre-offensives austro-allemandes se développent : sur la Strypa moyenne
ainsi qu'au nord-est de Czernovitz, l'ennemi évacue une partie de ses retranchements. Au cours de
leur poussée, les Russes ont avancé d'environ 25 à 30 kilomètres vers la capitale de la Bukovine et
d'une quinzaine de kilomètres le long de la Strypa, et se mettent en mesure de garder ce qu'ils ont
conquis.
(2) 11 janvier : Les Austro-hongrois occupent le Monténégro.
(1) 12 janvier, Paul Deschanel est réélu président de la Chambre
(1) 13 janvier, Le Monténégro capitule après de sévères défaites contre les troupes
austro-hongroises.
(2) 16 janvier : Occupation française de Corfou. Les troupes serbes débarquent dans l’île.
(3) 11 janvier : Les troupes monténégrine abandonnent le mont Lovcen avant d’évacuer
Cettigné. Les Austro-Hongrois occupent le Monténégro.
(3) 11 janvier : En Grande-Bretagne, la chambre des communes vote le service militaire
obligatoire pour les célibataires et les veufs sans enfants.
(3) 16 janvier : Après l’occupation française de Corfou, les premières troupes serbes
débarquent dans l’ile
Du lundi 17 janvier 1916 (534ème jour de la guerre) au dimanche 23 janvier 1916 (540ème jour)
Sur les fronts Belge et Français.
Les aviateurs britanniques, en dépit de la surveillance exercée par les nouveaux gardescôtes aériens, puissamment armés (pour la défensive continuent à montrer une activité remarquable
au-dessus et en arrière des lignes ennemies des Flandres et de l'Artois.
De la mer du Nord aux Vosges, activité coutumière de l'artillerie qui ne laisse, de jour
comme de nuit, aucun répit à l'adversaire.
Dans la région picarde, nous bombardons l'importante gare de Chaulnes, dont l'ennemi a
fait un de ses centres de ravitaillement : des bâtiments abritant des dépôts de munitions sautent.
C'est encore nos batteries qui entretiennent l'animation dans la région de Berry-au-Bac, au
Nord-ouest de Reims : une colonne allemande, surprise sur la route de Laon par Corbeny, éprouve
des pertes sensibles; la ferme du Choléra, à 1 500 mètres de Berry-au-Bac, à la jonction du chemin
conduisant à Soissons par les bords de l'Aisne, subit un bombardement copieux, avec de gros obus
qui désorganisent les tranchées adverses.
-5En dehors de ces tirs de destruction, les communiqués de la semaine ne signalent que des
incidents sans intérêt, tels que des explosions de mines dont les adversaires se disputent les
entonnoirs.
Deux de nos groupes d'avions; au total 24 appareils, bombardent les gares et les casernes
de Metz: 130 obus sont lancés sur les objectifs désignés. Un seul appareil est contraint d'atterrir
au sud-est de Metz; tous les autres rentrent indemnes.
Les principaux ministres français et anglais ont eu une entrevue à Londres: M. Asquith a
annoncé à la Chambre des Communes que l'unité de direction chez les Alliés se resserrait. Il y a lieu
de conclure, par les déclarations du premier ministre anglais, que l'Italie et peut-être la Russie
participeront aux prochaines conférences.
Sur le front Italien
Sur tout le front les communiqués signalent une action intermittente d'artillerie:
l'artillerie autrichienne cause quelques dommages dans les villages de la vallée de Sugana.
L'artillerie italienne disperse des détachements ennemis dans la vallée de San Pellegrino
(torrent de l'Avisio) et de Corvara (torrent de Gador).
Dans la zone du Plezzo et sur le Slome (Monte Nero), de petites actions d'infanterie se
terminent à l'avantage de nos alliés.
Sur le Carso, les Italiens s'emparent de fusils, d'outils et de bombes à main.
Les avions ennemis montrent quelque activité.
Sur le front russe.
Les Russes font preuve de ténacité et d'acharnement dans l'offensive qu'ils continuent: au
nord, sur le front Riga-Dvinsk, les armées d'Hindenbourg sont réduites à l'impuissance; la moindre
tentative, d'attaque de leur part est annihilée par l'artillerie de nos alliés, et, par crainte d'une
brusque poussée des Slaves, le maréchal n'ose pas affaiblir ses effectifs de la Dvina, malgré le
besoin de renfort qui se manifeste à l'autre extrémité du front.
Sur la Styr, les Allemands cherchent à réoccuper Tchartorysk et les hauteurs voisines,
récemment tombées au pouvoir des Russes.
Les combats continuent aux confins de la Galicie et de la Bukovine : les pertes sont
énormes de part et d'autre. Les Autrichiens ne peuvent reprendre les fortes positions que les
troupes du général Ivanoff ont conquises sur le plateau de Karantze, à 12 kilomètres au nord-est de
Czernovitz. La récente progression de nos alliés met en péril les grandes forces ennemies
concentrées devant Bojan.
L'effort actuel des armées moscovites au Caucase prend des proportions imposantes : une
première fois, il y a douze mois, nos alliés avaient marché sur Erzeroum, mais ils ne disposaient pas
du matériel et des effectifs suffisants; aujourd'hui l'entreprise se présente dans des conditions
plus favorables.
Dans les Balkans
La situation du Monténégro est grave : après une bataille terrible de cinq jours et un
bombardement continu par la flotte autrichienne et les forts de Cattaro, combinés avec un assaut
général par terre, les Monténégrins ont perdu le mont Lovcen qui commande Cettigné, puis Cettigné
elle-même. L’émotion est très grande en Italie : l'Autriche, en effet, prend sur l'Adriatique une
grande prépondérance, et, par Scutari, une voie d'accès en Albanie et sur toute la côte orientale.
Les troupes austro-allemandes et bulgares continuent leur concentration : nos
reconnaissances aériennes confirment la grande activité qui règne depuis Monastir jusqu'à la
Strouma où les ingénieurs allemands établissent des voies pour le transport de la grosse artillerie.
Le général Sarrail fait sauter le pont de chemin de fer de Demir Hassa et de Kilindir; notre corps
expéditionnaire, sans cesse renforcé, bien retranché, muni d'une artillerie puissante et soutenu par
les escadres, attend le choc des adversaires.
L'armée des Dardanelles, qui comprenait 70000 Anglais occupant la baie de Suvla, est
transportée, en partie en Egypte et en partie dans les Balkans pour renforcer les troupes alliées.
Les gouvernements de l'Entente ont chargé leurs représentants à Athènes d'exposer au
gouvernement hellénique qu'ils considéraient comme un devoir d'humanité de transporter dans l'île
-6de Corfou une partie de l'armée serbe : il s'agit d'un bref séjour, toutes garanties ont été
données à ce sujet.
En Allemagne.
La maladie du kaiser et les bulletins de santé publiés par les journaux mettent en émoi
toute la presse : les uns affirment que l'empereur Guillaume, atteint d'un cancer à la gorge, est à
toute extrémité et que les opérations des chirurgiens ne le sauveront pas; les autres, qu'il ne s'agit
que d'une bronchite bénigne et de surmenage.
Le kaiser, guéri de son mystérieux malaise, est allé à Belgrade et à Nich où il s'est
rencontré avec le roi de Bulgarie : il s'agit de resserrer l'étroite union qui existe entre l'Allemagne
et ses alliés et de se concerter pour l'attaque de Salonique.
Dans les Balkans.
Le général Sarrail a fait couper autour de Salonique les derniers ponts qui existaient.
Le roi de Grèce, qui multiplie les interviews, affirme toujours sa neutralité : « Ni les
amabilités, ni les violences du dehors, dit-il, de quelque part qu'elles viennent, ne me feront changer
d'idée. »
L'évacuation de la presqu'île de Gallipoli continue dans les meilleures conditions : la flotte
alliée a empêché les sous-marins de troubler les opérations d'embarquement.
Le fait saillant de la semaine, dans les Balkans, est l'attitude du Monténégro après la prise
de Cettigné. Les bruits les plus divers ont couru. A Berlin et à Vienne, les gouvernements ont publié
que le roi et l'armée des Monténégrins s'étaient rendus sans conditions. Le président du Conseil du
Monténégro, M. Mioukokovitch, télégraphie qu'il n'en est rien : « Les démarches pour une
suspension d'armes visaient à gagner du temps, à assurer la retraite et l'évacuation vers
Podgoritza et Scutari; les troupes autrichiennes furent retardées dans leur marche en avant d'au
moins une semaine. » L'armée monténégrine, commandée par l'ancien président du Conseil, le
général Voukotitch, continue à lutter contre l'ennemi dans le but de se joindre à l'année serbe.
La reine du Monténégro et les princesses royales sont à Lyon, où les rejoindront les
diplomates accrédités auprès de la Cour.
(1) 17 janvier, début d’une grande offensive russe contre les Turcs dans la Caucase
(3) 18 janvier : L’amiral Reinhard Scheer devient commandant en chef de la flotte de haute
mer de la marine allemande et décide de rendre plus offensives les opérations navales.
(3) 20 janvier : L’armée russe sous commandement du grand-duc Nicolas lance une
offensive dans le Caucase direction d’Erzeroum
(1) 22 janvier, arrivée en exil de la reine Milena, épouse de Nicolas 1er, roi de Serbie
(3) 22 janvier : Le nouvel ambassadeur d’Espagne à Paris, le marquis Muni, propose à
Aristide Briand d’inclure Tanger dans la zone du Maroc espagnol afin de combattre la propagande
allemande dans son pays.
Du lundi 24 janvier 1916 (541ème jour de la guerre) au dimanche 30 janvier 1916 (547ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Bombardement de Nancy le 24 janvier 1916
-7L'ennemi a renouvelé ses tentatives pour percer nos lignes : les
environs d'Ypres, d'Armentières et de Loos sont les secteurs les plus
agités de la ligne anglaise. L'activité des Allemands autour de Loos fait
partie du plan conçu par le prince Rupprecht de Bavière de prévenir toute
avance des alliés vers la plaine de Gohelle dont nos offensives nous avaient
sensiblement rapprochés, tant au nord de Lens que dans la région de Vimy.
L'ennemi s'est livré à une série d'attaques sans résultats, à l'est de
Prince Rupprecht
Neuville-Saint-Vaast.
Une attaque directe contre Arras n'a pas mieux réussi : la malheureuse ville a vu
s'accroître ses ruines par un bombardement prolongé, sous le couvert duquel les colonnes
bavaroises se portaient de Saint-Laurent sur Saint-Nicolas, principal accès de la cité; mais notre
artillerie a brisé l'élan des vagues allemandes.
En Argonne, la lutte de mines et les combats pour la possession des excavations prennent
de l'intensité.
Au nord-est de Verdun, les canons à longue portée qui défendent l'accès du camp
retranché effectuent des tirs heureux sur des buts éloignés : convois allemands, dépôts de
munitions, etc.
Furieux de ne pouvoir obtenir aucun succès appréciables contre nos troupes, les barbares
ont voulu frapper quand même l’opinion publique en assassinant quelques Parisiens. Protégé par le
brouillard, un zeppelin a survolé la capitale et lancé une quinzaine de bombes, faisant quarante huit
victimes, dont une vingtaine de morts.
Sur le front italien.
Sur tout le front, les communiqués du général Cadorna signalent l'activité de l'artillerie
appuyée par les avions; l'artillerie autrichienne a provoqué un incendie, aussitôt maîtrisé, dans la
vallée de Terragnolo.
Les avions ennemis lancent des bombes dans la vallée de Lagarina et dans la vallée de
Sugana; ils ne causent aucun dommage. L'artillerie italienne détruit les postes et observatoires de
batteries dans la vallée de Fanes, sur Croderossa (Haut Sexten) et sur Maznik (Monte Nero).
Dans la zone de Gorizia, l'offensive ennemie est-arrêtée: les troupes italiennes tiennent
solidement les positions occupées.
Sur le Carso, nos alliés gagnent du terrain vers l'église de San Martine où ils se renforcent
et se maintiennent.
Sur le front russe.
Aucun changement notable dans la situation des Russes, tant sur le front occidental que
sur le front asiatique : sur le front de la Dvina, l'artillerie russe se montre très active.
Autour de Czernovitz et plus au sud, vers Bojan, les Allemands en sont réduits à la guerre
de mines : deux corps de Barvarois ont été transportés de France vers ce secteur. L'armée du
grand-duc Nicolas poursuit, au Caucase et en Perse, la série de ses succès; l'armée turque
d'Arménie est disloquée et l'ennemi reconnaît que la situation devient critique.
Dans les Balkans.
La retraite des troupes monténégrines s'effectue en bon ordre dans la direction de
Durazzo où Essad-Pacha a centralisé sa résistance. L'armée autrichienne de von Koevess, maîtresse
de Saint-Jean-de-Medua et d'Alessio, rencontre des difficultés de toutes sortes dans les
montagnes albanaises.
Une longue dépêche de Vienne apporte le texte des stipulations relatives à la reddition de
l'armée monténégrine, mais le gouvernement provisoire qui l'a signée ne possède aucun mandat
régulier, le seul gouvernement monténégrin légal étant celui qui s'est transporté à Lyon avec le roi.
La flotte alliée embarque sur la côte de l'Adriatique les derniers contingents serbes
demeurés en Albanie.
Les troupes du général Sarrail, à Salonique, ne sont pas inquiétées, les opérations d'Albanie
absorbant l'activité germano-bulgare.
-8A la défense de Salonique et du golfe, minutieusement préparée, il manquait la forteresse
grecque de Karabournou dont les donjons abritaient des sous-marins ennemis : nous l'avons occupée
malgré les protestations du gouvernement grec.
(3) 24 janvier : Une attaque allemande est repoussée par les Alliés entre Neuville-SaintVaast et Thélus près d’Arras
(3) 24 janvier : A la suite de la défaite des Monténégrins, le roi Nicolas 1er s’exile en
France
(3) 24 janvier : Le Premier ministre roumain Ion Bratianu propose à la Russie un plan de
défense commune contre une agression bulgare. Le ministre des Affaires étrangères Sazonov
communique cette demande à la France et à la Grande-Bretagne mais l’état-major russe accueille
l’initiative avec réserve.
(3) 28 janvier : Nouvelle offensive allemande en Artois
(1) 28 janvier, Entrée des troupes françaises et belges à Yaoudé au Cameroun.
(3) 29 janvier : Un Zeppelin atteint pour le 1ère fois Paris et lâche une dizaine de bombes
sur la capitale. Plusieurs immeubles du 19ème arrondissement sont touchés, 26 personnes sont tuées
(3) 29 janvier : Au terme d’une correspondance de 7 mois, le résident britannique au Caire,
Henry Marc-Mahon, et le chérif de la Mecque Hussein ibn Ali parviennent à un accord ; en échange
de la reconnaissance par la Grande-Bretagne de l’indépendance du « royaume arabe », le chérif
s’engage à combattre à combattre les Turcs aux côtés des Alliés.
(1) 30 janvier, attaque aérienne sur Paris, les dégats sont importants.
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Février : Le Royaume-Uni demande au Portugal d’arraisonner et de réquisitionner les navires de commerce
allemands présents dans ses ports.
Du lundi 31 janvier 1916 (548ème jour de la guerre) au dimanche 6 février 1916 (554ème jour)
Sur les fronts Belge et Français.
Les dépêches hollandaises signalent dans l'intérieur de la Belgique des passages de troupes
allemandes du Landsturm, dirigées sur le front de l'Yser.
Dans les Flandres, les Allemands continuent leur agitation, ainsi qu'en témoigne la violente
lutte d’artillerie près de Dixmude; on se dispute toujours à coups de grenades les abords du pont
de Steenstraete sur le canal d’Ypres, et, plus au sud, sur la rive droite, les Anglais ont eu à
réprimer une attaque dirigée contre leurs tranchées bordant la route d'Ypres à Pilken; mais, devant
les lignes anglaises, c'est entre la Bassée et Lens que se concentre l'activité réciproque.
Au nord d'Arras, les engagements importants ne se renouvellent pas : la guerre de mines
recommence.
Si la tranquillité semble renaître en Picardie, en revanche les bords de l'Aisne attirent à
nouveau l'attention, et l'ennemi cherche à tâter nos lignes dans la région de Berry-au-Bac.
La guerre de mines est plus ardente que jamais en Argonne : les explosions déterminées
par nos pionniers se sont produites entre Vauquois-Boureuilles et le Four-de-Paris.
En Woëvre et dans les Vosges, actions locales d'artillerie,
Un raid de zeppelins sur les côtes anglaises du Norfolk, le comté de Stafford et le comté
de Lincoln a pour résultat de faire redoubler d'efforts les Anglais pour aboutir à la punition des
Allemands: 300 bombes ont été lancées par l'expédition aérienne; on compte 59 tués, 101 blessés
et deux usines sans importance militaire détruites.
Sur le front italien.
Dans la vallée de l'Agarina, les troupes italiennes, appuyées par le feu de l'artillerie,
attaquent et dispersent des groupes ennemis, au nord-ouest de Mori.
Dans la zone entre Astico et Morra, les ennemis, vêtus d'uniformes blancs et appuyés par
des mitrailleuses, se sont avancés contre les positions de nos alliés, le long du front de la cime
Norre-Millegrobe : ils sont contre-attaqués et repoussés.
-9Dans la vallée de Sugana, l'activité offensive de l'infanterie italienne provoque de nouvelles
rencontres défavorables aux Autrichiens, entre Rougégno et Ronchi.
Sur l'Isonzo, action intermittente de l'artillerie.
Sur le Carso, les Italiens pénètrent dans un retranchement ennemi, dans la zone de San
Martino, y font des prisonniers et s'emparent de fusils et de munitions.
Sur le front Russe:
Du côté russe, les nouvelles présentent un intérêt médiocre, en ce qui concerne le front
principal : quelques tentatives allemandes sur le front de la Dvina et principalement à l'ouest de
Dwinsk sont annihilées dès le début. Un raid aérien des Allemands sur Dwinsk attire de belles
représailles : les aviateurs russes bombardent violemment les bâtiments militaires de Ponerwieje;
ils détruisent sur un long parcours la voie ferrée et font sauter un train de munitions.
L'ennemi s'est empressé, d'amener de la grosse artillerie en Galicie et en Bukovine, sur les
points menacés par l'offensive du général Ivanoff : sous la protection de ce feu, l'infanterie
austro-allemande s'est lancée à l'attaque des positions russes, en bordure du Dniester, mais les
tirs de barrage de nos alliés ont dispersé les assaillants. De grands mouvements de troupes
s'opèrent au nord de la Bessarabie, à proximité de la frontière roumaine.
En Arménie et en Perse, les troupes russes développent avec succès leur progression,
notamment à leur aile droite qui remonte la vallée du Tchorok et dans la région du lac de Van.
Les Turcs ont fait évacuer d'Erzeroum les bouches inutiles et une partie de la population
non combattante.
Dans les Balkans.
L'expédition contre Salonique, si longtemps différée, serait en voie d'aboutir, s'il faut en
croire les dépêches : «ils signalent qu'une, partie des forces autrichiennes de von Koevess
s'achemine par le Sandjak de Novn-Bazar vers la Macédoine, tandis que d'autres troupes
continuent la conquête de l'Albanie. Les Bulgares ne paraissent pas avoir dépassé El-Bassan ».
Le débarquement de troupes italiennes dans l'île ottomane de Rhodes est une preuve de
l'entente des Alliés quant aux opérations d'Orient.
Un zeppelin ayant évolué sur Salonique en causant quelques morts et plusieurs millions de
dégâts, 14 avions français ont bombardé le camp ennemi de Petritch : volant bas, nos aviateurs ont
pu infliger des pertes considérables à l'ennemi.
(3) 1 février : A la suite du bombardement du mois de janvier, le général Galliéni est
interpellé à propos de la défense antiaérienne de la capitale. La discussion est reportée en
commission.
(1) 3 février, en Allemagne, début de la réquisition des industries textiles.
(1) 3 février, en Russie Goremykine est remplacé par Sturmer à la présidence du Conseil
des ministres.
Du lundi 7 février 1916 (555ème jour de la guerre) au dimanche 13 février 1916 (561ème jour)
(1) 8 février, le sous-marin allemand U-51 coule le cuirassé « Amiral Charner »
(1) 8 février, à Berlin, émeute provoqué par les problèmes de ravitaillement.
(2) 8 février : Le gouvernement allemand fixe au 1er mars le début de la guerre sousmarine sans restriction : les navires marchands pourvus de canons seront torpillés.
(3) 8 février : Le gouvernement allemand décrète qu’à partir du 1er mars la guerre sousmarine sans restriction pourra commencer : les navires marchands pourvus de canons seront
assimilés à des bâtiments de guerre et torpillés sans restrictions préalables pour évacuer les
passagers.
(3) 9 février : Aristide Briand se rend à Rome avec une mission militaire afin d’établir avec
le gouvernement italien une liaison similaire à celle existant entre Londres et Paris
(3) 11 février : Les services de renseignements des Alliés apprennent que les Allemands
sont sur le point de lancer une offensive de grande envergure dans la région de Verdun.
(1) 11 février, à Berlin, Guillaume II ordonne l’intensification de la guerre sous-marine.
- 10 (1) 13 février, les alliés s’engagent à garantir dans l’avenir, la neutralité du territoire belge
et lui promettent la récupération des territoires annexés par l’Allemagne.
(2) 13 février : Dans l'Est africain sous domination allemande, les troupes britanniques
venant de Rhodésie lancent une attaque dans le but de s'emparer du chemin de fer qui relie Kigoma,
sur le lac Tanganyka, à l'océan Indien. Les troupes du Congo belge sont chargées de diviser les
forces allemandes en attaquant celles-ci à l'Ouest.
(2) 13 février : La 1re brigade russe constituée (2 régiments), quitte Moscou par
le transsibérien et arrive en Mandchourie à Dairen le 28 février, d'où elle embarque pour la France
sur des navires français.
Du lundi 14 février 1916 (562ème jour de la guerre) au dimanche 20 février 1916 (568ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Notre front garde la même physionomie que la semaine dernière : un peu de mines,
beaucoup de tirs d'artillerie, peu d'actions d'infanterie. Les Allemands ne restent cependant pas
inactifs : on signale en Belgique de grands passages de troupes vers Ypres; ils usent de tous les
moyens de locomotion pour envoyer sur le front hommes et matériel : des transports à vapeur
immenses, portant des poids considérables, parcourent les canaux, surtout ceux de la région de
Gand. Le kaiser a été signalé à Namur, se rendant à Charleville, où est le grand quartier général
allemand.
Depuis que l'ennemi a occupé quelques centaines de mètres de tranchées britanniques en
Belgique, parallèlement au canal d'Ypres à Commines, nos alliés ne leur laissent pas de répit, depuis
le nord d'Ypres jusqu'aux abords de la Lys.
Au nord de Soissons, nous bombardons durement les défenses ennemies, après avoir
repoussé une furieuse attaque de plusieurs jours.
A l'autre extrémité de l'immense front, l'ennemi s'efforce, sans succès, de nous harceler :
les actions qu'il engage depuis peu en Haute-Alsace se font remarquer par leur intensité et leur
continuité. A peine remise de son échec de Seppois, l'armée du kronprinz attaque nos positions de
Largitzen, à quelques kilomètres d'Altkirch : grâce à une furieuse préparation d'artillerie, les
troupes allemandes ont pu aborder un instant nos tranchées, mais une intervention de nos réserves
a brillamment rétabli la situation.
Sur le front italien.
Sur le long du front, on signale différents combats d'artillerie avec des tirs de
représailles contre les localités habitées.
En réponse aux nombreuses violations du droit des gens effectuées par les aviateurs
autrichiens qui ont tenté, notamment, de bombarder Milan, des escadrilles italiennes effectuent
plusieurs raids sur des positions ennemies (Lubrania, Nabresina, etc.).
Sur le front russe.
Du côté des Russes, une activité réciproque continue à se manifester aux deux ailes du
front principal entre Riga et Dvinsk, d'une part, en Bukovine et en Galicie, de l'autre : il s'agit
surtout d'un duel d'artillerie.
L'intérêt se porte principalement sur le théâtre d'Arménie : le siège d'Erzeroum a été
conduit avec une rapidité foudroyante et la chute de cette importante place forte n'a suivi que de
quelques jours la destruction du premier fort. Les journaux russes évaluent la garnison d'Erzeroum
à 100 000 hommes avec 467 canons dans les forts avancés, 374 dans les forts centraux et 200
canons de campagne. Nos alliés ont recueilli plus de mille canons turcs.
Pendant que leur groupe central taille en pièces les débris de l'armée turque en déroute au
cours d'une poursuite vigoureuse, leur aile droite, progressant le long du littoral de la mer Noire et
par la vallée de Tchorok, dessine un mouvement tournant vers le port de Trébizonde.
Deux autres villes tombent au pouvoir de l'armée russe du grand-duc Nicolas : Mouch et
Aklat.
- 11 -
Dans les Balkans.
En Albanie, les Bulgares et les Autrichiens assiègent Durazzo défendue par les Serbes : les
troupes autrichiennes paraissent vouloir atteindre la mer, au sud de Durazzo; le gros de l'armée
austro-bulgare se groupe près de la rivière Arzen, au nord de Durazzo.
En Macédoine, on ne signale qu'une certaine activité des avions ennemis qui se montrent
fort curieux de nos dernières fortifications. Les troupes françaises de Salonique continuent leurs
travaux et l'occupation de positions stratégiques le long du Vardar et des ponts de ce fleuve. Seize
avions français de bombardement ont lancé sur Stroumitza-station (à 20 kilomètres de
Stroumitzaville), où sont arrivés des renforts allemands, 165 bombes de gros calibre : selon les
rapports et photographies, les résultats de ce bombardement sont considérables.
Le général Sarrail, invité par le roi des Hellènes, projette un voyage à Athènes : la presse
grecque espère que cette entrevue « resserrera les liens de cordialité entre le pays et l'Entente,
cordialité que les menées des Empires centraux n'ont pas réussi à faire disparaître ».
La conquête du Cameroun.
La garnison allemande de Mora, dans le nord du Cameroun, s'est rendue : cette reddition
complète la conquête de la colonie allemande.
(1) 14 février, le gouvernement britannique approuve le plan de guerre du général Joffre.
(3) 14 février : La France, la Grande-Bretagne et la Russie garantissent que la Belgique
participera aux négociations de paix et qu’elles ne mettront pas fin aaux hostilités tant que
l’indépendance politique et économique du pays ne sera pas rétablie.
(3) 14 février : Aristide Briand achève sa visite à Rome après avoir reçu l’assurance que
l’Italie participerait aux futures réunions interalliées.
(3) 15 février : Les autorités coloniales mettent fin à la rébellion, à la frontière entre le
Dahomey et le Nigéria, déclenchée en 1915 contre le recrutement forcé.
(3) 16 février : Les forces russes s’emparent d’Erzeroum en Arménie turque. L’entrée des
troupes révéle l’ampleur de la déportation des Arméniens dans cette ville.
(3) 17 février : Le Portugal ordonne la saisie de navires allemands surpris dans les eaux
territoriales avant de les mettre à la disposition des Alliés. Berlin proteste.
(3) 18 février : Le général Joffre commandant en chef des armées française, et le
maréchal Douglais Haig commandant en chef des armées britannique, se mettent d’accord pour
reporter la prochaine grande offensive sur le front de la Somme.
- 12 -
Du lundi 21 février 1916 (569ème jour de la guerre) au dimanche 27 février 1916 (575ème jour)
Sur les fronts Belge et Français.
Semaine marquée par de nombreux combats aériens : à l'est d'Altkirch, un de nos avions
fait tomber un fokker allemand; dans la région d'Epinal, un albatros est abattu par notre artillerie;
dans la région de Bures, au nord de la forêt de Parroy, un appareil allemand tombe dans nos lignes;
dans la région de Vigneulles-les-Hattonchâtel, deux taubes sont contraints d'atterrir; un avion
ennemi est atteint à Givry-en-Argonne; un zeppelin, en marche de Sainte-Menehould vers le sud,
est atteint par un obus lancé par un auto-canon de la section de Revigny et tombe enflammes aux
environs de Brabant-le-Roi.
Un raid d'avions allemands a lieu sur le Comté de Kent, en plein jour : il cause, après avoir
lancé 18 bombes des dégâts insignifiants. Les aviateurs anglais, par représailles, font un raid de
nuit contre l'aérodrome allemand de Cambrai : leurs bombes frappent les hangars et font explosion
à l'intérieur.
Les troupes allemandes prononcent une attaque importante en Artois, dans le bois de
Givenchy, à l'est de la route reliant Souchez à Angres : deux régiments d'infanterie bavaroise, sur
un front d'un kilomètre, gagnent l'emplacement de notre première tranchée et, en quelques points,
notre tranchée de doublement, malgré nos tirs de barrage qui déciment les assaillants. En Picardie,
une offensive aussi sérieuse se produit près de Chaulnes, où se croisent les lignes d'Amiens à
Chaumont et de Paris à Cambrai : notre artillerie brise la tentative.
Le secteur de Verdun est le théâtre de la plus formidable bataille qui ait eu lieu : malgré la
rage de l'offensive allemande, nos ennemis n'ont obtenu aucun résultat appréciable. La prise de
quelques tranchées évacuées par ordre de notre commandement (les Allemands ont par endroits
deux lignes de batteries) ne peut être considérée comme un succès, et cet effort coûta beaucoup.
Depuis la bataille de l'Yser, les Germains n'avaient pas fait pareille dépense de forces : les experts
militaires évaluent à 200000 hommes les armées qui attaquent Verdun, c'est-à-dire 10 soldats par
mètre. Or, la décision, à l'heure actuelle, est toujours pendante; les pertes allemandes sont
énormes; les corps s'amoncellent au point de former comme un mur. Un communiqué spécial
allemand annonce la prise du fort de Douaumont; un communiqué français annonce la reprise de ce
fort par notre contre-attaque et la stabilité du front français en avant de la position reconquise.
Douaumont
Sur le front italien.
Abondante chute de neige sur tout le front : les opérations sont arrêtées en partie.
Dans la vallée de Popona (Rienz), l'artillerie autrichienne développe une action particulière,
sans causer de gros dommages.
Sur les hauteurs au nord-ouest de Gorizia, les détachements ennemis lancent des bombes
asphyxiantes; le feu italien repousse les agressions.
Sur le front russe.
Les aéroplanes allemands se montrent au dessus de la région de Riga et dans le secteur de
la Dvina.
Sur la position de Dvinsk, dans la région du chemin de fer, les Russes refoulent l'ennemi et
progressent.
- 13 En Galicie, échange de bombes et combats locaux autour d'entonnoirs.
Les communiqués russes donnent des détails officiels sur la prise d'Erzeroum : sont
prisonniers: 235 officiers turcs, 12000 soldats; ont été enlevés : 9 drapeaux, 313 canons et de
grands dépôts d'armes, de munitions et d'approvisionnements. L'armée russe du Caucase continue
sans répit la poursuite du reste des forces turques; sur la chaussée de Trébizonde, elle occupe
quelques villages.
Dans les Balkans
L'entrevue du général Sarrail et du roi des Hellènes est l'objet d'articles optimistes dans
la presse grecque et la presse française, mais aucune déclaration n'est faite par les gouvernements.
L'effort bulgare et autrichien se porte autour de Durazzo, serrée de près. Un fort
contingent de troupes anglo-françaises est débarqué dans cette ville pour aider les Italiens qui
construisent fiévreusement des fortifications autour de la place; Essad-Pacha, à la tête de 20 000
Albanais, apporte son concours aux alliés.
21 février, début de l’offensive allemande de Verdun.
(2) 21 février : Début de la bataille de Verdun (fin le 11 décembre à 11 heures du matin).
(3) 21 février : L’artillerie lourde allemande pilonne les positions françaises sur un front de
12 kilomètres du village d’Ornes à la Meuse. C’est le début de la bataille de Verdun.
(3) 22 février : Sous le commandement du colonel Driant, 1300 chasseurs défendent avec
acharnement le bois des Caures, dans la zone de Verdun. Aucun homme ne survivra.
(1) 22 février en France, 3 600 000 casquesfabriqués à ce jour pour la guerre.
(1) 23 février, au Portugal, embargo sur un navire de commerce allemand.
(3) 23 février : Devant la puissance de feu de l’armée allemande, les troupes françaises
doivent évacuer Brabant-sur-Meuse, situé entre Samogneux et Consenvoye.
(3) 24 février : Continuant l’offensive sur Verdun, les Allemands occupent Beaumont.
(1) 25 février Joffre place Pétain à la tête de la 2ème armée.
(2) 25 février : Verdun : après avoir pris Beaumont et le fort de Douaumont, les Allemands
suspendent l’offensive devant le village de Douaumont qu’ils n’ont pas réussi à occuper.
(3) 26 février : Bataille de Verdun, les forces allemandes (24e Brandebourgeois)
s’emparent du fort de Douaumont.
(3) 26 février : Le général Joffre confie le commandement du secteur de Verdun au
général Philippe Pétain qui commande la IIème armée.
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Du lundi 28 février 1916 (576ème jour de la guerre) au dimanche 5 mars 1916 (582ème jour).
Sur les fronts Belge et Français
Entre Ypres et Arras, de violents combats se livrent : les armées en présence sont entrées
en action. Les rapports venus de Belgique accordent que les préparatifs allemands ont été faits sur
une telle échelle qu'on peut prévoir des batailles longues et rudes.
En Champagne, les attaques qu'on pouvait craindre se bornent à des opérations purement
locales qui ne paraissent pas devoir s'étendre.
L'attaque sur Verdun, d'une violence inouïe, est enrayée; près de 120 000 Allemands, le
tiers des effectifs engagés par le kronprinz, sont hors de combat : des milliers et des milliers de
cadavres jonchent tout le secteur. Après une accalmie de quelques jours, pendant laquelle l'ennemi
a essayé de combler ses vides, les attaques recommencent, à la fin de la semaine, aussi terribles et
aussi furieuses. Des bataillons entiers sont fauchés par notre artillerie, surtout autour du fort et
du village de Douaumont en ruines, pris et repris plusieurs fois par les troupes adverses dans des
assauts acharnés. La boucle de la Meuse, au nord de Verdun, battue à la fois par les deux
artilleries, est intenable pour chacun des adversaires. En résumé, l'armée allemande se trouve
tenue en échec à 8 ou 10 kilomètres au nord de Verdun tandis qu’à l’est elle patauge dans la plaine
de Woëvre, en contrebas des côtes de Meuse, à 10 kilomètres de la place.
- 14 Le président de la République visite Verdun et la région fortifiée; il
décore, près de Revigny, la station d'autos-canons qui abattit un zeppelin et
reçu par le général Pétain, il prie les commandants de transmettre aux troupes
ses félicitations chaleureuses.
La Provence, grand paquebot français transformé en croiseur auxiliaire,
est torpillé par un sous-marin ennemi, dans la Méditerranée : un millier de
soldats français périt.
Gal Pétain
Chez nos amis.
La Chambre italienne, en reprenant ses travaux, rappelle, les batailles autour de Verdun et
envoie son salut chaleureux à la France. La Chambre française répond par une adresse de
remerciements en exprimant les sentiments fraternels de la France pour l'Italie.
Recevant, de l'ambassadeur du Japon, les insignes du Chrysanthème, M. Poincaré, président
de la République, constate que le Japon, notre allié, et nous, soutenons une cause commune et
trouverons « dans une commune victoire une nouvelle garantie d'union durable et féconde ».
Le roi du Cambodge, Sisowath, dans une proclamation adressée à son peuple, invite ses
sujets à contracter pour la durée de la guerre des « engagements dans les armées, les arsenaux et
les ateliers de France ».
Sur le front italien.
Dans la zone de Lagazuol, au nord du col de Falzsrago, l'ennemi ouvre un feu intense
d'artillerie et de mousqueterie : il est contrebattu et réduit au silence par les troupes italiennes.
Dans la vallée de Fella, nos alliés exécutent des tirs efficaces sur des colonnes en marche
de Uggowizt à Malborghetto.
Sur les hauteurs, au nord-ouest de Gorizia, l'artillerie italienne canonne efficacement des
détachements ennemis de première ligne.
Sur le Carso, une atmosphère brumeuse entrave l'activité de l'artillerie.
Sur le front russe.
Sur le front occidental, accalmie, sauf dans la région au nord de Czartorysk, où les
Allemands tentent une offensive facilement dispersée par l'artillerie russe.
Sur le front du Caucase, les Russes continuent à presser l'ennemi; dans la région de Bitlis,
la lutte se poursuit dans des conditions de difficultés exceptionnelles : les chemins sont défoncés,
le froid est rigoureux et la neige épaisse.
Nos alliés s'emparent de vive force de la ville de Bitlis : ils prennent 6 canons, et parmi les
Turcs faits prisonniers se trouvent 17 officiers, dont un colonel. La prise de cette ville, après celle
d'Erzeroum, enfonce pour la seconde fois le front turc.
La population civile turque de Trébizonde évacue cette ville que les Russes serrent de près.
Dans les Balkans.
Le calme le plus complet règne sur le front de Salonique.
Plusieurs ponts, gares et voies ferrées sont détruits à Smyrne, au cours d'un
bombardement effectué par les Alliés. Une escadrille de 7 aéroplanes français fait un raid
remarquable : Partis de l'île de Chio, nos aviateurs sont venus bombarder les batteries turques de
Smyrne; après une action très effective, ils revinrent à Salonique, ayant couvert 600 kilomètres.
Les forces roumaines actuellement sous les drapeaux se montent à 300 000 soldats sur les
frontières et à 200000 en réserve : la mobilisation est donc un fait accompli.
(2) 29 février : Le croiseur britannique Alcantara et le navire allemand Grief se coulent
mutuellement après un combat épique dans la Manche.
(3) 29 février : Après avoir tenté en vain de s’emparer du village de Douaumont, les
Allemands suspendent leur offensive.
(3) 2 mars : Bataille de Verdun : les Allemands prennent Douaumont
(3) 4 mars : La Grande-Bretagne et la France signent un acord pour le partage du Cameroun
qu’elles viennent de conquérir
- 15 -
Du lundi 6 mars 1916 (583ème jour de la guerre) au dimanche 12 mars 1916 (589ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Activité réciproque d'artillerie dans la région d'Ypres, sur le front défendu par les
Anglais.
Les attaques allemandes, toujours violentes, échouent contre nos lignes au nord de Verdun;
voilà, résumée en quelques mots, la situation actuelle. L'effort ennemi porte principalement sur nos
ailes, du côté de Béthincourt et du bois des Corbeaux à l'ouest, puis sur le plateau qui domine Vaux,
devant Damloup, à l'est : partout il est brisé, après avoir entraîné des pertes énormes auxquelles il
est impossible que notre adversaire puisse suffire longtemps; à cet égard, des chiffres, que nous
ne pouvons reproduire, ont été donnés à la commission de l'armée par le ministère de la Guerre.
L'état-major allemand n'a réussi qu'à faire porter légèrement en arrière, quelques
avancées en saillant des lignes françaises.
En Alsace, nos batteries bouleversent les tranchées allemandes à l'est de Thann.
Notre aviation se montre particulièrement active : de nombreux combats sont livrés par
nos appareils, la plupart dans les lignes ennemies.
Dix avions allemands, dont un fokker, sont détruits.
Sur le front italien.
Dans la zone alpine, malgré les neiges et les avalanches dans les plaines, malgré une pluie
torrentielle, les troupes italiennes persistent dans leurs opérations offensives.
Sur l'Isonzo, l'activité de nos alliés oblige l'ennemi à regarnir ses retranchements
efficacement frappés; sur le bas Isonzo, l'artillerie ennemie montre quelque activité.
Sur le front russe.
Sur le front austro-allemand, la défensive se change peu à peu en offensive, de la part des
Russes, dans la région de Riga et de Courlande.
Les Allemands annoncent que leur flotte de Kiel va attaquer Riga : rien ne vient confirmer
cette menace.
Dans la région de Dvinsk, la situation reste stationnaire; de même dans la région de la
Strypa supérieur et en Galicie. La neige tombe presque partout en abondance et ne permet pas
d'action d'ensemble.
Dans la région du Caucase, l'armée russe continue sa progression : elle est divisée en deux
colonnes dont l'une, partant du lac Van après la prise de Bitlis, va chercher à opérer sa jonction
avec l'expédition anglaise sur Bagdad; l'autre, qui a pénétré en Arménie avec une rapidité
merveilleuse, s'avance sur Trébizonde que les Turcs continuent à évacuer. Déjà l'armée russe,
appuyée sur sa flotte, s'est emparée de Mapawre et du port important de Rizeh, à 40 kilomètres
de Trébizonde.
Dans les Balkans.
A Salonique, le général Sarrail attend l'heure qui lui sera fixée et reçoit toujours des
compléments de renforts, armes et munitions; de plus, l'armée serbe se reconstitue rapidement et
de forts contingents rejoignent l'armée anglo-française
Les ministres des Empires centraux font une démarche significative auprès du
gouvernement grec, lui offrant l'Albanie du Sud et Vallona, et affirmant que l'Autriche n'a aucune
prétention sur Salonique.
La guerre entre le Portugal et l'Allemagne.
En remettant une longue note au gouvernement du Portugal, le gouvernement allemand
déclare la guerre à ce pays : cette rupture des relations diplomatiques ne fait que préciser une
situation qui, en fait, existait depuis les premiers mois de la guerre européenne actuelle.
L'Allemagne, au début des hostilités, avait, d'ailleurs, envahi la colonie portugaise de
l'Angola.
- 16 Les troupes portugaises une cinquantaine de mille hommes : n'auront sans doute pas à
intervenir sur les champs de bataille; mais les vaisseaux portugais aideront à faire la police des
mers et, désormais, les Alliés utiliseront, pour leur trafic maritime affecté par la crise du fret, les
cinquante transatlantiques allemands réfugiés dans les ports du Portugal.
(1) 6 mars, de violents combats se déroulent autour du fort de Douaumont.
(1) 7 mars, Démission de Galliéni, ministre de la guerre.
(3) 7 mars : En Conseil des ministres, le ministre de la Guerre Galliéni dresse un
réquisitoire contre le haut-commandement militaire et demande la restitution au ministre de
l’intégralité de ses fonctions.
(3) 7 mars : L’armée russe s’empare de Rizeh en Arménie turque, sur la mer Noire
(1) 9 mars, l’Allemagne déclare la guerre au Portugal
(2) 9 mars : L’acte de réquisition provoque la déclaration de guerre de l’Allemagne au
Portugal. Un gouvernement d’Union sacrée est organisé au Portugal avec mission de préparer un
corps expéditionnaire et de renforcer les troupes qui combattent en Afrique.
(2) 9 mars : Verdun : prise du fort de Douaumont : les Allemands se heurtent à la
résistance du fort de Vaux.
(3) 9 mars : Bataille de Verdun : l’armée allemande lance une offensive sur le front
Douaumont-Vaux qui échoue contre le fort de Vaux.
(3) 9 mars : Après avoir dressé une liste de toutes les atteintes au statut de pays neutre
(vente de matériel à l’Entente, actes d’hostilité à la frontière de l’Angola et saisie récente de
navires allemands), le gouvernement allemand déclare la guerre au Portugal
Du lundi 13 mars 1916 (590ème jour de la guerre) au dimanche 19 mars 1916 (596ème jour)
Sur les fronts Belge et Français.
Une grande activité règne sur la ligne Dixmude-Gand.
Les Anglais bombardent avec succès les tranchées allemandes, près de la voie ferrée
d'Ypres à Roulers.
A l'ouest de Lens, l'artillerie allemande tonne jour et nuit.
Mais l'attention de l'Europe, du monde entier, est concentrée sur Verdun, où la troisième
phase de la bataille commence. Les lignes françaises sont formées par une première position :
Béthincourt-Mort-Homme-Gumières et par une deuxième position : Malancourt-Esnes-BoisBourrus-Fort de Marre. Les Allemands ayant attaqué toute la longueur de notre première ligne ont
pénétré dans les tranchées à la gauche qui se trouve en saillant: quand on voit des attaques si
violentes aboutir à la prise de quelques mètres de tranchées, il faut garder sa confiance entière.
Deux membres de la commission de l'armée à la Chambre répètent les paroles qu'ils ont
recueillies de la bouche du général Pétain, qui défend Verdun : « J'ai maintenant l'esprit libre, j'ai
la certitude du succès final. » L'ennemi paraît moins s'acharner sur Vaux, et porter son effort vers
le secteur du sud de Verdun.
Notre aviation de combat, malgré la brume et les nuages bas, effectue
dans la région de Verdun de nombreux vols de chasse et bombarde les gares de
Conflans et de Metz, et l'aérodrome allemand de Dieuze.
4 hydravions allemands survolent Douvres : l'un d'eux est abattu.
Pour raisons de santé, le général Galliéni donne sa démission de ministre
de la Guerre; il est remplacé par le général Roques.
Gal Roques
.La piraterie allemande.
Le torpillage de bâtiments neutres, et notamment du Tubanlia, navire hollandais, émeut les
puissances : la presse hollandaise demande une entente avec les Etats-Unis pour faire cesser ces
actes de piraterie. Le gouvernement de Washington ordonne une enquête sur les circonstances de
la perte du Tubanlia et de la tentative de torpillage dont la Patria aurait été l'objet.
L'amiral Tirpitz, ministre de la Marine allemande, donne sa démission, ses conceptions de la
guerre navale n'étant pas conformes à celles du cabinet militaire du kaiser; les journaux
pangermanistes estiment que « ce départ est une catastrophe nationale ».
- 17 -
ennemi.
Le torpilleur d'escadre français le Renaudin est coulé, dans l'Adriatique, par un sous-marin
Sur le front italien.
Dans la région montagneuse, les communiqués signalent une activité intense d'artillerie :
l'artillerie autrichienne s'acharne avec une violence particulière contre les positions de nos alliés
sur la hauteur de Santa-Maria, dans la zone de Tolmino; les Autrichiens font un large emploi de
bombes et de fusées.
Sur le Carso, les Italiens font une démonstration de large envergure et empêchent les
divisions adverses d'être distraites du front.
Les avions ennemis lancent des bombes incendiaires près du golfe Panzano, sans causer de
dommage.
Le généralissime italien Cadorna vient à Paris : il se rendra au grand quartier général
français, puis à Londres, où lord Kitchener l'attend.
Sur le front russe.
Accalmie sur les fronts russes, sauf en Arménie où, en poursuivant les Turcs dans la
direction d'Erzindjan nos alliés occupent, après un combat, le village de Kotur, au sud-ouest de la
ville de Mamahatun.
Dans les Balkans.
Accalmie complète sur le front de Salonique.
Le bureau de la presse fait connaître la façon dont l'ennemi, surtout les Bulgares,
exterminent la population serbe : les villes et villages sont dévastés, les blessés achevés; la terreur
règne sur l'ancienne frontière de la Serbie; le nombre des Macédoniens fuyant en Grèce devant les
Autrichiens et les Bulgares augmente quotidiennement.
Les avant-gardes autrichiennes sont signalées à Voyontza, près de Valona.
Le Portugal dans la bataille.
Le ministère d'Union nationale, au Portugal, déclare qu'il peut mettre à la disposition de
l'Entente 100 000 hommes d'infanterie et plusieurs batteries.
L'Autriche rappelle son ministre à Lisbonne et fait remettre ses papiers au ministre de
Portugal à Vienne.
Allemagne et Brésil.
Le gouvernement du Brésil a l'intention de réquisitionner 30 bâtiments allemands internés
dans ses ports : l'Allemagne proteste contre cette réquisition.
(1) 13 mars, la 5ème offensive des Italiens sur l’Izonso est un échec.
(1) 14 mars, les allemands prennent d’assaut les hauteurs du Mort-Homme devant Verdun.
(1) 15 mars, L’amiral Von Tirpitz démissionne du ministère allemand de la Marine. L’amiral
Von Capelle lui succède.
(3) 15 mars : En Afrique-orientale allemande, avec l’appui des troupes indiennes,
rhodésiennes et belges, le général sud-africain Smuts lance une offensive générale en direction du
Mozambique
(2) 16 mars : Le ministre français de la guerre Gallieni démissionne pour raisons de santé
(3) 16 mars : Devant l’opposition des civils à sa stratégie très offensive, le secrétaire
d’Etat à la marine Alfred von Tirpitz démissionne. Eduard von Capelle lui succède.
(3) 16 mars : Le ministre de la Guerre Galliéni démission pour raison de santé. Sur les
conseils de Joffre, le général Roques lui succède.
(3) 16 mars : A l’occasion du vote des crédits militaires, le député radical Léon Accambray
met en cause le haut commandement. La chambre lui reire la parole et vote les crédits le lendemain.
(1) 17 mars, le général Roques succède au général Galliéni au ministère de la Guerre
(3) 17 mars : Les Russes occupent Ispahan
(2) 18 mars : Victoire des Russes sur les Allemands en Lettonie, au sud de Dwinsk
(3) 18 mars : L’armée russe défait les Allemands au sud de Daugpils (Dwinsk), en Lettonie
- 18 (1) 19 mars, les troupes Russes occupent Ispahan
Du lundi 20 mars 1916 (597ème jour de la guerre) au dimanche 26 mars 1916 (603e jour).
Sur les fronts Belge et Français.
En Belgique, notre artillerie exécute des tirs sur les tranchées et boyaux de la seconde
ligne ennemie, dans la région de Steenstraete.
Au nord de l'Aisne, nous canonnons un large secteur.
L'effort allemand continue autour de Verdun, que nos ennemis appellent un « nouveau
Sébastopol ». Malgré la violence du bombardement et les attaques en masses compactes de
l'infanterie allemande, nous, ne perdons cette semaine que la corne sud du bois d'Avocourt, qui est
à 16 kilomètres de Verdun.
Le général Cadorna, accompagné du générallissime Joffre, a visité une partie du front
français.
Le prince Alexandre de Serbie, accompagné de M. Poincaré, président de la République, est
allé saluer le général Joffre, au grand quartier général, puis a visité une partie du secteur de
Verdun.
La campagne sous-marine allemande continue : de nombreux torpillages sont relevés par
l'amirauté anglaise. Par suite du blocus sous-marin de l'Angleterre, les navires neutres sont
exposés à être coulés en entrant dans les eaux britanniques.
Sur le front italien.
Sur tout le front, depuis Rovereto jusqu'aux hauteurs de Gorizia, l'ennemi multiplie son
action moyennant une grande dépense d'artillerie et de petites avances d'infanterie : cette action
a pour but de chercher de faciles succès contre quelques-unes des positions italiennes les plus
avancées.
Des duels d'artillerie particulièrement intenses ont lieu dans la vallée de Sugana et le haut
Cordevole, le long de la frontière de Carnie.
Sur le haut Isonzo et sur les hauteurs de Gorizia, l'artillerie italienne endommage plusieurs
points des lignes ennemies.
La lutte est plus intense dans le bassin de Plezzo, où, après une longue préparation par
l'artillerie et les mitrailleuses, l'ennemi réussit à atteindre quelques tranchées avancées italiennes,
Calme relatif sur le Carso.
Sur le front russe.
Sur le front de Riga, duel d'artillerie et de mousqueterie.
La percée des lignes allemandes au sud de Jacobstadt permet aux Russes de continuer une
avance lente, mais méthodique, tout en paralysant les contre-attaques de diversion de l'adversaire.
Les troupes russes du rayon fortifié de Dvinsk se mettent également en mouvement.
En Galicie et sur le front du Caucase, la progression russe continue lentement.
Dans les Balkans.
A la Chambre grecque, M. Dragonnis déclare que le gouvernement fera tout son possible
pour activer le transport de la population habitant dans la zone des combats, qui seraient
imminents.
Guevgueli étant le point où a lieu l'invasion des troupes centrales, la population serait
condamnée à subir les conséquences du choc.
22 avions de bombardement ont survolé les campements allemands, dans la région de
Salonique, lançant avec plein succès un grand nombre de bombes et faisant de gros dégâts dans les
camps ennemis.
Les gouvernements alliés ont des preuves, qui seront bientôt publiées, que les Autrichiens
et les Bulgares ont perpétré d'atroces massacres en Serbie et au Monténégro
(1) 20 mars, à Berlin, le ravitaillement devient difficile, apparitions des cartes de
rationnement.
- 19 (1) 21 mars, les troupes austro-hongroises massacrent 9 000 civils serbes
(1) 24 mars, au large de Folkestone, un sous-marin allemand coule le paquebot « Sussex ».
(2) 24 mars : Un sous-marin allemand torpille dans la Manche sans sommation le paquebot
« Sussex ».
(3) 24 mars : La paquebot britannique Sussex est torpillé sans sommation dans la Manche
par un sous-marin allemand. On dénombre 80 disparus
Du lundi 27 mars 1916 (604ème jour de la guerre) au dimanche 2 avril 1916 (610ème jour)
Sur les fronts Belge et Français,
L'armée anglaise étend son front dans la région d'Arras, de manière à relever plusieurs
divisions françaises : les Anglais défendent aujourd'hui 130 kilomètres de front.
Au nord de l'Aisne, les communiqués signalent une assez grande activité des deux
artilleries, dans les régions de Moulin-sous-Touvent et de Fontenoy.
En Argonne, nous exécutons des tirs de destruction sur les routes et voies ferrées
ennemies.
La bataille de Verdun qui, pendant quelques jours, s'était calmée,
reprend presque l'ampleur du début; l'ennemi passe rapidement d'un
point à un autre : tantôt il attaque furieusement notre aile gauche à
Malancourt, tantôt notre centre au Mort-Homme, tantôt notre aile droite
à Vaux; quant aux résultats, les voici : à l'ouest, c'est la prise de
Malancourt; à l'est, la prise de Vaux; mais le Mort-Homme et le fort de
Vaux sont toujours à nous. Les communiqués de l'état major français
disent que Malancourt et Vaux sont des amas de ruines dont la possession
n'a plus d'importance pour nous.
Jean CAILLOU né le 13 octobre 1875 à Cestas, appartenant au
360 ème RI, tué à l’ennemi le 28 mars à Fleury Douaumont (Meuse). Son
corps sera retrouvé, au printemps 2013, parmi 26 autres victimes, dont 7
seulement seront identifiées. Il est inhumé dans le cimetière de Cestas en Gironde le 11 novembre
2013.
Les autres corps retrouvés sont :
Albert Hennequin né le 17 février 1891 à Garches (92) - 269ème RI – tué à l’ennemi le 31
mars 1916 à Douaumont (Meuse)
Jules Le Bœuf né le 14 avril 1880 à Hottot-les-Bagues (14) - 279ème RI – tué à l’ennemi le
29 mars 1916 à Douaumont (Meuse)
Jules Letellier né le 13 juillet 1880 à Saint Pierre la Vis (76) - 129ème RI – tué à l’ennemi le
5 avril 1916 à Fleury (Meuse)
Charles Louis Desplanques né le 8 novembre 1892 à Armentières (59) - 360ème RI – tué à
l’ennemi à Fleury Douaumont (Meuse)
André Giansily né le 18 novembre 1984 à Vescovato (Corse) - 140ème RI – mort des
blessures de guerre le 25 mai 1916 à Fleury (Meuse).
Jean Peyrelongue né le 23 avril 1881 à Briscous (64) - 49ème RI – mort des blessures de
guerre le 31 mai 1916 à Fleury Douaumont (Meuse)
Deux nouveaux raids de zeppelins sont effectués sur les comtés de l'est de l'Angleterre :
organisés en deux escadrilles, ces dirigeables ont jeté 76 bombes et tué ou blessé 100 personnes
environ. L'un des zeppelins, atteint par un canon anglais, est descendu au large de l'embouchure de
la Tamise : l'appareil a coulé.
La commission du Reichstag, en Allemagne, souscrit à l'aggravation de la guerre sousmarine: mais les puissances neutres se plaignent des violations du droit international : la Norvège
conseille à ces puissances une action commune, la Hollande convoque ses deux Chambres et
supprime les permissions de ses militaires.
Les représentants des huit gouvernements de l'Entente, réunis à Paris les 27 et 28 mars
1916, ont affirmé l'entière communauté de vues et la solidarité des Alliés et confirmé toutes les
mesures prises pour réaliser l'unité d'action sur l'unité de front : les gouvernements alliés
décident, en outre, de coordonner l'action économique à exercer pour empêcher les ravitaillements
- 20 de l'ennemi. La presse du monde entier commente l'important texte désormais historique des
résolutions des puissances de l'Entente.
Le général Cadorna adresse, de Modane, une dépêche au générallissime Joffre dans
laquelle il exprime sa « pleine certitude de la victoire finale >>.
Sur le front italien.
Les communiqués officiels ne parlent que d'escarmouches sur tout le front.
Sur l'Isonzo, l'archiduc héritier d'Autriche semble vouloir imiter le Kronprinz à Verdun, en
lançant à l'assaut des masses compactes de troupes provenant, pour la plupart, de Transylvanie : ce
nouveau système d'attaque aboutit à des hécatombes d'Autrichiens.
Sur le Carso, les tentatives d'attaque contre les positions conquises par les Italiens, à
l'est de Seltz sont repoussées.
Sur le front russe.
Le dégel arrête les opérations, les conditions du terrain devenant très difficiles; mais dans
trois secteurs, nos Alliés font des progrès considérables.
Dans le secteur de Jacobstadt, les Russes consolident leur avance.
En Galicie, ils traversent deux nouvelles tranchées ennemies et repoussent toutes les
contre-attaques.
Dans les Balkans.
La Grèce incorpore, au Royaume, la Haute Epire, interrogé, à la Chambre, à propos des
explications réclamées par les puissances à cette incorporation, M. Skouloudis président du Conseil,
répond qu'il croit préférable de ne faire aucune déclaration à ce sujet. Répondant à une question
relative aux agissements et aux violences des Bulgares en Macédoine et sur le territoire grec, M.
Skouloudis déclare que la Grèce a adressé des représentations énergique au gouvernement bulgare
et aux Alliés de la Bulgarie.
Devant le camp retranché français de Salonique, les détachements allemands et bulgare qui
avaient occupé des villages grecs, ont été ramenés à la frontière, après des escarmouches qui leur
ont valu des pertes relativement importantes. Les Allemands ont vengé cet échec en envoyant des
avions sur Salonique: vingt civils grecs ont été tués et vingt cinq blessés.
(3) 27 mars : Ouverture à Paris de la conférence des 8 puissances alliées. L’ambassadeur
Isvolski et le général Gilinski représente la Russie. Pachitch et Vesnitch la Serbie, Broqueville et le
général Wielemans la Belgique, Joao Chagas le Portugal, Matsui le japon, Salandra, Sonnino et le
général Dall’Olio l’Italie, Asquith, Llyod George, Edward Grey, les généraux Kitchner et Robertson
la Grande-Bretagne et Aristide Briand, Léon Bourgeois, Albert Thomas, Jules Cambon et les
généraux Joffre et Castelnau la France
(3) 28 mars : La conférence ouverte la veille se clôt par un communiqué final affirmant
« l’entière communauté de vues des Alliés » et par la création d’un comité permanent chargé de
renforcer le blocus imposé aux pays ennemis.
(3) 1 avril : Promu général de brigade, Mustapha Kémal est envoyé par les autorités
ottomanes sur les fronts du Caucase.
(3) 2 avril : Le chef du gouvernement albanais arrive à Paris et confirme la sympathie de
son pays envers les Alliés.
(3) 2 avril : A Verdun, après une courte trêve, l’armée allemande repasse à l’offensive
(3) 2 avril : Devant le refus de l’Entente de désarmer les navires civils, le gouvernement
américain renonce à son projet de compromis destiné à éviter le torpillage des bâtiments de
commerce.
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Du lundi 3 avril 1916 (611ème jour de la guerre) au dimanche 9 avril 1916 (617ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
- 21 Les Allemands font des préparatifs en vue d'une forte attaque sur le front belge : des
canons de campagne sont envoyés d'Ostende et des défenses, tout le long de la côte, sont
fortement renforcées; le nombre des hôpitaux préparés est triplé.
Les Anglais sont en action incessante de Diximude à la Somme : les opérations autour de
Saint-Eloi deviennent nombreuses. Depuis deux mois, l'ennemi dispute, aux troupes britanniques, ce
point situé à une lieue d'Ypres et à un kilomètre au sud du canal : deux routes y bifurquent, l'une
vers Warneton, l'autre par Messine vers Armentières. Les Anglais ont dû évacuer une partie du
saillant de Saint-Eloi.
La solidité du front au nord de Verdun, depuis si longtemps balayé par la rafale, n'a pas
diminué. Dans la région de Douaumont-Vauxi-Damloup, les Allemands sont en léger recul. La côte du
Poivre oppose à l'ennemi une barrière infranchissable, et le bois de la Caillette, au sud ouest de
Douaumont, est actuellement repris aux Allemands. Près de Malancourt, l'ennemi a occupé un
hameau sans importance stratégique. Dans la semaine qui vient de s'écouler, les Allemands n'ont
donc fait aucun progrès : malgré le discours retentissant du chancelier Bethmann-Holweg, la
population n'est plus dupe des affirmations mensongères du gouvernement de Berlin.
Sur le front italien.
Sur le front italien, l'activité reste soutenue : les canons tonnent sans relâche et nulle
journée ne se passe sans une série de ces petites opérations, de ces coups de mains, surprises et
escarmouches où nos Alliés déploient de merveilleuses qualités de décision et de hardiesse.
Fidèles à la tactique adoptée par les commandements des armées de l'Entente, les Italiens
abandonnent dans la zone du Cristallo une ligne de positions récemment conquises, sur laquelle
l'ennemi concentrait un feu violent et dont la conservation eût coûté un trop grand nombre de vies
humaines. En revanche, ils repoussent une attaque, dispersent des colonnes en marche et font
prisonnier un poste ennemi dans la zone de l’Isonzo moyen.
Sur le front russe.
En Russie, dans les régions plates et humides du Nord, le dégel empêche toute action
d'infanterie: aussi les communiqués ne signalent que des tirs d'artillerie ou de mousqueterie et
quelques explosions de mines.
En Galicie, dans la région de la Strypa moyenne, les Autrichiens essaient de lancer une
forte offensive contre les positions russes; mais, soit préparation d'artillerie insuffisante, soit que
le moral des colonnes d'assaut ne se trouve pas à la hauteur de la tâche, l'ennemi n'aborde pas la
ligne russe.
Les troupes russes sont près de la ville de Surmeneh, à 25 kilomètres de Trébizonde.
Dans les Balkans.
En Macédoine, l'agitation persiste sur le front Guevgheli-Doiran : duels d'artillerie,
rencontres d'avant-postes, raids de patrouilles se multiplient; on ne saurait dire si ce sont les
signes de la grande bataille qui, d'un jour à l'autre, peut s'engager.
Au Congo.
La France reprend la partie du Congo cédée à l'Allemagne en 1911.
XV
(1) 4 avril, entrevue entre Lord Asquith (premier ministre britannique) et le pape Benoit
(2) 9 avril : Echec de l’offensive générale allemande sur le front de Verdun.
(3) 9 avril : 12 régiments allemands tentent sans succès une offensive générale sur le
front de Verdun
Du lundi 10 avril 1916 (618ème jour de la guerre) au dimanche 16 avril 1916 (624ème jour)
Sur les fronts Belge et Français.
Dans les lignes anglaises, la lutte a été presque entièrement restreinte cette semaine à des
combats d'artillerie et à des opérations de mines : dans les combats d'infanterie, nos Alliés ont
- 22 réussi à reprendre, autour de Saint-Eloi trois des cinq cratères de mines qu'avaient occupées les
Allemands. Mais le résultat principal de leur action est de ne pas permettre à l'état-major ennemi
de distraire de troupes, sur ce front, pour les porter sur Verdun. Nous participons, du reste, à
cette action par l'appui de notre artillerie lourde, dirigeant son feu au nord-est d'Ypres sur les
positions allemandes de Langemark.
En Champagne, nous avons pu croire, un moment, à une offensive, entre Souain et SommePy, à la suite d'un violent bombardement provenant des lignes allemandes : notre répliqué semble
avoir changé les dispositions de nos adversaires.
Les Allemands continuent leur grande offensive sur le front de Verdun. Grâce à nos
contre-attaques au « Réduit d'Avocourt », à la Caillette, à Vaux, nous avons repris les positions
perdues la semaine dernière. Le gros effort de l'ennemi a été dirigé sur le point du Mort-Homme,
avec tentative d'enveloppement par l'est, vers Cumières; il a échoué, sauf sur un point où il a pu
prendre pied dans quelques petits éléments de tranchées. Comme conclusion des opérations de
cette semaine, donnons l'aveu découragé, échappé jeudi au journal le « Deutsche Tageszeitung » :
L'avance sur Verdun s'effectue beaucoup trop lentement, et ceux qui sont en arrière du front
mettent un jugement sceptique quant à l'issue de l'attaque. »
Le Président de la République, accompagné de M. Léon Bourgeois, est allé voir les
différentes lignes de la région fortifiée de Belfort.
Recevant les parlementaires français à Londres, M. Asquith, premier ministre, a répondu au
discours du chancelier allemand sur les conditions de la paix future : les Alliés veulent le respect
des nationalités, mais la destruction de la domination militaire de la Prusse.
Sur le front italien.
L'offensive italienne commencée simultanément avec l'attaque allemande contre Verdun,
donne les meilleurs résultats : les lignes italiennes se sont étendues à plusieurs kilomètres au sudest du Trentin, dans l'Isonzo, sur le Carso, dans les vallées de l'Adige et de la Sugana. Trente
villages sont passés dans les mains, des Italiens. Le lac de Garde et huit forts autrichiens sont
littéralement entourés. Rovereto, Tolmino, Doberdo sont sous le feu des Italiens.
Les Autrichiens ont reçu de nouvelles batteries de renfort, avec des recrues des classes;
1916 et 1917.
L'aviation italienne porte le combat sur les voies ferrées ennemies chaque jour, presque
sans interruption. En dehors des avions, un seul dirigeable a pu lancer, dans un voyage, 500 kilos
d'explosifs sur des travaux autrichiens.
Sur le front russe.
Dans la région de Dvinsk, les communiqués russes ne signalent guère que des actions
d'artillerie: la débâcle des glaces est loin d'être achevée.
Rien d'important ne s'est produit en Bessarabie: la situation est stationnaire devant
Czernovitz.
Au Caucase, nos Alliés signalent de nouveaux progrès sur le territoire situé à l’ouest
d'Erzeroum : cependant les Turcs semblent avoir porté des renforts dans celte région.
Rien d'important à signaler autour de Trébizonde.
Dans les Balkans.
Aucune action importante n'est signalée sur la frontière grecque; mais l'activité des deux
artilleries et des patrouilles est assez grande : il en est résulté quelques petites escarmouches,
notamment à Pataros, à Sedgeli et au sud-ouest de Doiran, où une forte reconnaissance allemande a
été repoussée.
Les avions ennemis ont lancé quelques bombes sur les villages de Karasouli et de Sarigol,
sans causer aucun dommage. Une de nos escadrilles a bombardé les établissements militaires de
Guevgueli; une autre escadrille de 23 appareils a lancé des projectiles nombreux sur les camps et
les batteries ennemies de Bogorodica.
(1) 10 avril, l’offensive allemande est arrêtée entre le Mort-Homme et Cumières
- 23 (3) 10 avril : Le Premier ministre grec Skouloudis proteste violemment contre la décision
des Amirautés française et britannique de miner la baie d’Argostoli (ile de Céphalonie), pour
empêcher le passage d’une escadre autrichienne en route pour les Dardanelles, sans avoir reçu
l’autorisation de son gouvernement. Athènes devra pourtant s’incliner devant la détermination de
l’Entente.
(2) 11 avril : Arrivée à Marseille, où elle reçoit un accueil triomphal, de la 1re brigade russe
(2 régiments) partie de Moscou par le transsibérien le 13 février, via la Mandchourie, où elle a
embarqué sur des navires français.
(3) 12 avril : Reprenant sa place aux côtés des forces alliées, l’armée serbe commence à
quitter l’ile de Corfou pour Salonique
(1) 14 avril, en France, pour éviter la spéculation sur les denrées alimentaires, le Sénat
décide de taxer le lait, le café et le sucre.
(3) 15 avril : Le chancelier allemand Théobald von Bethmann-Hollweg revendique pour son
pays le protectorat sur la Pologne
Du lundi 17 avril 1916 (625ème jour de la guerre) au dimanche 23 avril 1916 (631ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
L'armée anglaise retient avec succès les renforts que l'armée allemande voulait envoyer
sur Verdun : actuellement les armées britanniques ont la garde du front de la mer à la Somme; en
face d'elles, on peut compter 40 divisions allemandes, soit environ 500 000 combattants.
Quelques symptômes d'offensive, dans la région d'Ypres, sont à signaler. De même, en
Picardie, près d'Albert, les Allemands ont tenté d'atteindre les tranchées de nos Alliés : partout
les contre-attaques britanniques les ont repoussés.
Sur le front français, dans la région de Verdun, au sud de Douaumont comme aux Eparges
et au flanc nord du Mort-Homme, nous obtenons des avantages. Trois affaires importantes ont
dominé autour de Verdun : l'attaque des Eparges, violente offensive du Kronprinz, est repoussée;
au nord-ouest de l'Etang-de-Vaux, prenant l'offensive, nous nous installons sur les positions
allemandes; enfin une attaque ordonnée par notre commandement au nord et dans le bas de la côte
du Mort-Homme, où les Allemands nous avaient enlevé des éléments de tranchées tourne à notre
avantage.
L'événement dominant de la semaine est l'arrivée à Marseille de régiments russes : chacun
s'est senti rempli d'espérance en lisant l'ordre du jour du généralissime saluant la venue de nos
Alliés et s'inclinant devant les drapeaux de ces régiments « sur lesquels, dit-il, s'inscriront bientôt
les noms de communes victoires ».
Sur le front italien.
Pour nos alliés d'Italie, la lutte se continue sur l'Isonzo comme dans le Trentin, mais leurs
communiqués ne fait pas prévoir une offensive générale.
Les Autrichiens poursuivent avec ténacité leur offensive, dans le val Sugana (Trentin); mais
leurs attaques sont vigoureusement enrayées.
Des troupes, prélevées en Serbie, sont arrivées sur le front italien pour combattre sous le
commandement de von Koevess, abandonnant aux Bulgares la garde de la Macédoine.
Sur le front russe.
Les Russes conservent et consolident leurs positions dans la région du Niémen supérieur,
près de Krevo et en Galicie dans le secteur de Strypa.
En Asie-Mineure, après la chute d'Erzeroum, l'état-major germano-turc jeta toutes ses
troupes disponibles contre les armées du grand-duc Nicolas qui visait la conquête de Trébizonde
clef de l'Arménie sur la mer Noire, centre de l'alimentation de toute l'Asie-Mineure. Les Russes
ont pris, cette semaine, cette place forte de Trébizonde, à deux journées de Sébastopol, base
navale excellente; mais les critiques militaires sérieux pensent qu'il ne faut rien exagérer, ni
préjuger déjà la marche des Russes sur Constantinople.
Dans les Balkans.
- 24 Semaine calme, à l'exception de quelques engagements de patrouilles et de duels
d'artillerie.
Par contre, une grande activité aérienne s’est produite; deux escadrilles françaises ont
bombardé le campement allemand de Petritch; une autre escadrille a bombardé une concentration
allemande dans la région de Doiran. Deux aéroplanes alliés ont survolé Sofia, bombardant un hangar
de zeppelins.
La guerre sous-marine.
L'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin remet à la Chancellerie allemande une note du
président Wilson mettant l'Allemagne en demeure de choisir entre la cessation de sa campagne
sous-marine ou la rupture des relations diplomatiques : le Président expose au Congrès américain le
sens et la portée de cette note où se trouve cette phrase : « à moins que l'Allemagne n'annonce
immédiatement qu'elle abandonne ses méthodes d’attaque sous-marine contre les navires
transportant des passagers et des marchandises, les Etats-Unis n’auront d'autre choix que la
rupture des relations diplomatiques. »
(1) 17 avril, en Afrique orientale, les troupes britanniques et portugaises entament leur
avance dans les possessions allemandes.
(3) 18 avril : A la suite du torpillage du paquebot britannique Sussex au mois de mars, les
Etats-Unis menacent l’Allemagne de rompre leurs relations diplomatiques si cette dernière continue
de couler les navires de commerce sans avertissement.
(1) 18 avril, le président Wilson (Etats-Unis) menace de rompre les relations diplomatiques
avec l’Allemagne, si celle-ci continue la guerre sous-marine à outrance.
(3) 19 avril : Mort à Bagdad de Colmar Goltz, dit Goltz pacha, feld-maréchal allemand né à
Bielkenfeld le 12 août 1843. Il fut envoyé en 1915 au Proche-Orient où il commanda les 1ère et
VIème armées turques.
(1) 19 avril, les italiens prennent le col de Di Lana
(1) 20 avril, combat naval entre bâtiments anglais et allemands au large des côtes
flamandes
(3) 20 avril : Les Russes s’emparent de Trébizonde.
(3) 23 avril : Le général Joffre décide de limiter à 24 divisions les effectifs de l’armée sur
le front de Verdun.
Du lundi 24 avril 1916 (632ème jour de la guerre) au dimanche 30 avril 1916 (638ème jour).
Sur les fronts Belge et Français.
Sur le front anglais, l'activité des canonnades ne semble pas se ralentir : les mêmes noms,
Saint-Eloi, Ypres, Souchez, Neuve-Chapelle, Carency, reviennent dans presque tous les bulletins
officiels.
En Picardie, une certaine recrudescence d'action est signalée dans la région de Santerre :
c'est une offensive d'artillerie qui provient de notre propre initiative; nous avons bombardé les
positions allemandes de Chaulnes et celles de Puzeaux, sur la ligne de Tergnier.
En Champagne, dans cette région de Tahure et de Massiges, dont on a tant parlé déjà, nous
bombardons des dépôts de munitions et des parcs ennemis.
Dans la région de Verdun, l'ennemi, cette semaine, n'a engagé aucune action importante : il
a dirigé sur nos positions entre Avocourt et la Meuse, des bombardements continus et violents;
nous avons non seulement repoussé l'ennemi, mais encore réalisé quelques gains : au nord du MortHomme, nous enlevons une tranchée et dans la région de la Ville-aux-Bois nous enlevons un petit
bois. Le comte Andrassy, un des hommes d'Etat les plus considérables de l'Autriche-Hongrie, après
un voyage au front allemand, écrit dans ses impressions cette phrase : « Il n'y a aucune chance pour
l'armée allemande de s'emparer de Verdun.» il ajoute cette note caractéristique : « Il me faut
modifier mon opinion sur la valeur de l'armée allemande. »
De nouveaux contingents russes (la censure ne permet pas de donner aucun chiffre) ont
débarqué cette semaine à Marseille.
- 25 L'Angleterre est atteinte par trois événements
douloureux: pour la quarantième fois, les zeppelins survolent la
côte, trois raids en trois nuits font, d'ailleurs, peu de victimes; un
mouvement de rébellion en Irlande, fomenté par l'Allemagne, met
la plus grande partie de Dublin aux mains des insurgés; aucune
personnalité éminente irlandaise qui ne proteste très
énergiquement contre les fauteurs de désordre; les forces
Insurrection Irlandaise
militaires britanniques rétablissent peu à peu l'ordre; l'armée
anglaise de Mésopotamie, commandée par le général Townshend, se trouve cernée dans Kut-elAmara, et obligée de se rendre, incident de peu d'importance, si l'on considère qu'il s'agit de
10000 hommes arrêtés sur un front secondaire.
Sur le front italien.
Les communiqués italiens semblent faire prévoir une large offensive prochaine des
Autrichiens sur toute la région du Trentin : 200000 ennemis seraient concentrés dans la partie
orientale, avec l'artillerie que comportent des forces aussi importantes.
En attendant, les escarmouches se continuent sur l’Amadello et dans le Val Sugana.
Sur la ligne de l'Izonzo, nos Alliés conquièrent sur le Carso quelques positions avancées.
Sur le front russe.
En Europe, les combats continuent avec une certaine activité dans le
nord, dans la région des lacs et à la têe du pont d'Uskul devant Dvinsk
(Dunabourg). Le maréchal allemand Hindenbourg s'acharne en de nouvelles
offensives, qui, jusqu'à présent, n'obtiennent aucun succès.
En Bessarabie, les Autrichiens, tout en luttant pied à pied, rendent
du terrain.
Au Caucase, l'avance russe sur le littoral reprend nettement : les
Mal Hindenbourg
Turcs sont délogés d'une forte position sur la rive gauche de Kara-Déré, à 25
kilomètres de Trébizonde. Plus haut, dans les montagnes, à l'ouest d'Erzeroum et au sud de Bitlis,
les attaques turques sont partout repoussées, mais aucun événement important n'est à signaler.
Dans les Balkans.
Les envois successifs de troupes serbes, réorganisées à Corfou, au corps expéditionnaire
anglo-français de Salonique, commandé par le général Sarrail, ont soulevé un incident : ces départs
de l'armée serbe par le chemin de fer de Patras à Salonique déplaisent à la Grèce. Les puissances
de l'Entente ont répondu que la Grèce avait sa part de responsabilité dans le pullulement des sousmarins austro-allemands et que, pour cette raison, il y avait nécessité à envoyer les troupes serbes
par voie de terre.
Les journaux roumains annoncent que 140 000 de leurs soldats ont été provisoirement
licenciés pour les travaux des champs : il n'y a donc à prévoir aucune entrée prochaine dans la lutte
de la Roumanie, pour ou contre les Alliés.
(3) 25 avril : Les forces anglo-indiennes du général Townshend capitulent à Kout-el-Amara,
en Mésopotamie, devant les troupes turques, après 143 jours de siège.
(2) 27 avril : Une loi créant un diplôme de « mort pour la France » délivré à chaque homme
tué au combat, pour rappeler que leur sacrifice n'a pas été vain.
(3) 27 avril : Le Code de justice militaire modifié par l’admission de circonstances
atténuantes, du sursis, des pénalités et de l’instruction judiciaire contradictoire.
(1) 29 avril, en Irak, le corps expéditionnaire britannique sous le commandememnt du
général Townsen, capitule davant les Turcs qui font 10 000 prisonniers.
Divers : Mata Hari est engagée par des services de renseignements allemands sous le nom
de code H21.
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Du lundi 1er Mai 1916 (639ème jour de la guerre) au dimanche 7 Mai 1916 (645ème jour).
- 26 -
Sur les fronts Belge et Français.
Si l'on excepte Verdun, le front britannique est actuellement plus actif que le front
français : l'ennemi n'a d'ailleurs pris l'offensive que sur quelques parties de ce vaste front, en
Artois; en Picardie, au contraire, ce sont les troupes britanniques qui ont l'initiative de l'attaque.
Plus au nord, en Flandre française, entre Armentières et Frelinghien, comme entre Ypres
et la Lys, les bombardements se continuent, terribles, sans que nos Alliés faiblissent : les Anglais,
commandés par le général Haig, tiennent, comme nous tenons à Verdun, soutenus par les Belges qui,
dans le secteur de Dixmude, ont pris sous le feu de leur artillerie les batteries allemandes et les
chalands qui servent au transport des munitions, sur le canal d'Oandzaense.
Cette semaine, regain d'activité en Champagne, consistant presque exclusivement en des
combats d'artillerie,.
Il y a 76 jours écoulés depuis le moment où le Kronprinz a lancé ses armées à l'assaut de
Verdun : toujours repoussé, souvent refoulé, il renouvelle ses attaques, mais on sent son élan et sa
détermination mollir; il serait prématuré de considérer la bataille de Verdun comme terminée,
l'attaque, repoussée d'ailleurs, de la cote 304, le montre; cependant les critiques militaires
constatent que l'action devient ici languissante.
Actuellement, au nord du Mort-Homme, nous avons repoussé les Allemands au-delà de la
ligne qu'ils occupaient dans la première quinzaine de mars.
Sur le front de Douaumont et en Woëvre, nos troupes ne restent pas
non plus inactives : elles occupent, dans la région de Douaumont, 500 mètres de
tranchées ennemies, et en Woëvre notre artillerie lourde canonne
inlassablement les chemins de fer militaires et les magasins de ravitaillement
allemands.
Le général Pétain est nommé commandant en chef des armées du
Centre, comprenant le secteur de Soissons à Verdun, et le général Nivelle,
colonel lui aussi au début de la guerre, lui succède à la tête de l'armée spéciale
Gal Nivelle
de Verdun.
Sur le front italien.
L'offensive autrichienne qui devait prévenir celle de nos Alliés parait mal se dessiner.
Dans le Trentin, à la frontière occidentale, les Autrichiens se font battre sur le massif de
l'Amadello, aux cols de Cavento et de Lares, à plus de 3 000 mètres d'altitude.
Dans le haut Cordevole, sur la Marmolada et sur la ligne de l'Isonzo, vers Plezzo, Podgora
et Selz, les attaques autrichiennes sont repoussées.
Sur le front russe.
Aucune bataille importante ne s'est produite cette semaine, ni sur le nord du front russe,
ni en Galicie.
En Asie-Mineure, l'occupation du littoral de la mer Noire par une partie de l'armée du
grand-duc Nicolas se poursuit. L'autre partie, qui avait occupé Bitlis, marche sur Diarbékir; l'aile
gauche occupe Sert Diarbékir se trouve à 170 kilomètres au sud-ouest de Bitlis, dans la région
montagneuse la plus voisine de la Mésopotamie : de là, l'armée devra se diriger sur Bagdad, par
Mossoul.
Dans les Balkans.
Rien de nouveau, ou à peu près, vers Salonique : nous étendons notre front jusqu'à 30
kilomètres de Monastir, par l'occupation de Florina : dans cette région, le paysan grec, sous l'égide
des Alliés, se sentira de nouveau en sécurité et les bombes des Comitadjis verront le terrain de
leurs opérations sensiblement réduit; d'autre part, nous barrons la route vers Monastir, nouvelles
inquiétudes pour les Bulgares, nouveaux dangers pour les communications germano-turcs par la
Serbie et la Bulgarie.
Les Etats-Unis et l'Allemagne.
- 27 La controverse entre l'Amérique et l'Allemagne, à l'occasion de la guerre sous-marine,
semble réglée : la note allemande, longue et verbeuse et mettant en cause l'Angleterre à cause du
blocus resserré de plus en plus des puissances centrales, promet en résumé de prévenir, de visiter
les navires marchands et d'assurer le salut des non-combattants à bord de ces navires.
Le Cabinet des Etats-Unis étudie la note allemande : il semble que l'excitation des jours
derniers soit passée en Amérique.
(2) 1er mai : Pétain, nommé commandant du armées du Centre, laisse la direction de
la bataille de Verdun à Nivelle.
(1) 1er mai, à Berlin, suite aux violentes manisfestations contre la guerre, le dirigeant
socialiste et fondateur de la ligue Spartakus, Karl Liebknecht est arrêté.
(3) 1er mai : Le général Pétain est nommé au commandement du groupe des armées au
Centre et laisse la direction de la bataille de Verdun au général Nivelle
(3) 2 mai : Entrée en service dans l’escadrille française 57 du Nieuport 17, un avion de
chasse plus résistant et plus léger que les précédents, équipé d’une mitrailleuse synchronisée
Vickers. L’appareil affrontera avec succès les Fokkers Et les HalberstadtD-2 allemands.
(1) 2 mai, à Paris, le général Pétain est en désaccord avec Joffre.
(1) 4 mai, le gouvernement allemand cède à l’ultimatum américain au sujet de la guerre
sous-marine à outrance.
(3) 4 mai : Devant la menace d’une rupture des relations diplomatiques, Berlin promet que
les navires marchands ne seront plus coulés sans avertissement et que les vies humaines seront
préservées.
(3) 7 mai : Bataille de Verdun ; une première offensive allemande échoue entre Malancourt
et la butte de Mort-Homme
Du lundi 8 mai 1916 (646ème jour de la guerre) au dimanche 14 mai 1916 (652ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Bien que l'empereur allemand continue à concentrer sur Verdun l'action principale de ses
armées, une offensive importante de l'ennemi paraît se dessiner dans le secteur nord : déjà, vers
Ypres, vers Albert, vers Carency, vers Hulluch, le kronprinz de Bavière, le prince Ruprecht, tâte le
terrain, et l'objectif de la percée serait Arras; entre Ypres et Armentières, le bombardement
réciproque est d'une telle violence que, par endroits, les tranchées des deux côtés sont démolies et
que l'infanterie combat en quelque sorte à découvert.
Voici trois mois que continue la bataille de Verdun : après chaque ruée formidable de
l'armée du kronprinz, le combat languit, s'éteint, semble terminé et, tout à coup, reprend avec plus
de violence. Au commencement de cette semaine, la 92ème semaine de la guerre, les pentes du
Mort-Homme et celles de la cote 304 ont subi les plus violents bombardements qui aient marqué
cette guerre pourtant si fertile en grandes actions d'artillerie; à la cote 304, après une effroyable
canonnade de trente-six heures, l'assaut allemand s'est déclenché : les trois colonnes, fortes d'une
division chacune, ont été repoussées et brisées par nos feux. Nous avons même repris des éléments
de tranchées et de boyaux qu'avait occupés l'ennemi. Les attaques allemandes ont donc été inutiles
et leur échec signifie une fois de plus qu'au nord-ouest de Verdun la route est barrée.
MM. Viviani et Thomas sont en Russie : après avoir été reçus par le tsar au grand quartier
impérial, ils visitent plusieurs usines de guerre.
Sur le front italien.
Les journaux autrichiens annoncent « une intensive et vaste offensive » sur le front
italien: des attaques aériennes auraient lieu simultanément dans les régions de Brescia et de Milan,
et deux nouveaux corps d'armée et de nombreuse artillerie de gros calibre renforceraient les
contingents du Trentin.
En attendant, les duels d'artillerie se continuent sur la vallée d'Assa, le Haut-But, dans le
haut Isonzo, le bassin de Plezzo, au val Sugana, etc.
Une escadre italienne, composée de grosses unités, a bombardé Durazzo, provoquant des
dégâts considérables.
- 28 Sur les fronts russes.
Dans les cercles compétents russes, l'opinion prévaut que les Allemands préparent une
grande offensive sur ce front avec une action combinée des forces de terre et de mer : ils
débarquent à Libau des canons qui sont transportés dans la direction de Muravievo, derrière le
front Riga-Dwinsk; l'évacuation de postes inutiles dans les régions de Mitau et de Touckou indique
que les Allemands font, leurs préparatifs pour une lutte qui comprendra tout le vaste secteur de la
ligne de combat de Riga.
Pour le moment, les communiqués russes ne signalent que des duels d'artillerie dans les
régions de Jacobstadt et de Dvinsk et dans la direction de Baranovitchi, puis à l'est de Kolki et au
nord de Tsirin. Les communiqués allemands donnent la même note : on doit conclure qu'aucune
action d'ensemble n'est encore engagée.
Toute autre est la situation en Asie-Mineure où les Russes multiplient leurs avantages : en
Arménie, l'avance russe se continue dans trois directions, vers Erzingan, Diaberkir et Badgdad;
mais il faut se garder de croire que les assaillants soient déjà aux portes de ces villes, ces noms
indiquent seulement les directions des colonnes.
Dans les Balkans.
Le front de Salonique est toujours calme : le général Sarrail a occupé non seulement
Florina, mais presque toute la ligne qui sépare la Grèce de la Serbie.
Le différend germano-américain.
Une enquête a démontré que le bâtiment torpillé par un sous-marin allemand, le 24 mars,
est le « Sussex » : le gouvernement allemand a notifié au secrétaire d'État à Washington que le
commandant du sous-marin a été puni et qu'une réparation sera offerte.
Dans une réponse impérative à l'Allemagne, le président Wilson a pris note de la promesse
du Kaiser de modifier sa politique sous-marine, et il a repoussé de façon absolue l'ingérence
allemande dans la politique étrangère des Etats-Unis ou l'implication de l'Angleterre dans le conflit.
(1) 8 mai, violentes attaques allemandes sur les deux rives de la Meuse.
(3) 11 mai : En Afrique Orientale allemande, les troupes allemandes lancent sans succès une
contre-offensive contre les forces alliées du général Smuts à Kondoa Irangui
(3) 14 mai : L’armée austro-hongrois sous les ordres de l’archiduc Eugène lance une
offensive dans le Trentin
Du lundi 15 Mai 1916 (653ème jour de la guerre) au dimanche 21 Mai 1916 (659* jour).
Sur les fronts belge et français.
L'action est devenue de plus en plus active, cette semaine, la 93ème semaine de guerre, sur
presque tous les fronts.
Au nord d'Arras, près de Neuville, les Anglais ont pu pénétrer dans quelques tranchées
ennemies; de même, dans une autre partie de l'Artois, à Auchy, près de la Bassée. L'activité sur ces
lignes est due autant à l'initiative britannique qu'aux Allemands; mais ce sont des actions de détail.
Plus au nord, notre armée de liaison et l'armée belge continuent à appuyer l'action anglaise près de
Steenstraete, sur la rive droite de l'Yser. Le colonel Repington, au Times, explique à ses
compatriotes qu'il faut maîtriser leur impatience : « Nous ne pourrons songer à attaquer avec
succès quarante divisions allemandes solidement constituées, bien retranchées, que lorsque nous
aurons la supériorité nécessaire pour assurer le succès; d'ici là, les Anglais doivent contenir les
divisions allemandes et permettre aux Français d'épuiser l'ennemi devant Verdun. »
C'est sans nous causer aucune surprise qu'après une période d'accalmie les communiqués
nous annoncent de nouvelles attaques allemandes d'une extrême violence, dans la région d'Avocourt
et de la cote 304. Dans le secteur ouest et sur les pentes nord du Mort-Homme, l'ennemi, après
une série d'assauts infructueux, rendus meurtriers par nos tirs de barrage, est parvenu à occuper
quelques éléments de tranchées avancées.
- 29 Un communiqué de l'Amirauté britannique annonce qu'une rencontre a eu lieu au large de la
côte belge entre une force anglaise composée de contre-torpilleurs et de monitors et plusieurs
contre-torpilleurs allemands : ceux-ci, après un court engagement, ont battu en retraite.
Sur le front italien.
L'événement le plus important de la semaine est l'offensive que tentent les Autrichiens
sur le front italie, et principalement dans le Trentin : c'est le secteur de Rovereto qu'ils ont visé.
Nos Alliés ont repoussé les plus violentes attaques dans le val Lagarina, au sud de Rovereto. Ils
n'ont un peu reculé que dans le secteur compris entre la vallée de Terragneto et le Haut-Astico,
ainsi que dans la vallée de Lugana où leurs troupes avancées ont dû se replier derrière le val Maggio;
mais actuellement, comme nous devant Verdun, les voilà, rentrés dans leurs lignes rectifiées.
Sur les fronts russes.
Sur le front russe d'Europe, dans la partie nord, des contacts violents se produisent sans
que l'offensive soit déclenchée de part ni d'autre; les bulletins ne contiennent rien d'intéressant
sur les secteurs sud de Galicie et de Bessarabie.
Sur le front asiatique, les Russes progressent lentement, repoussant les attaques de
l'armée turque reformée.
Dans les Balkans.
75 000 Serbes prennent part aujourd'hui aux opérations des armées de Salonique : un
front serbe est reconstitué. Après avoir occupé le front de Dova-Tépé, le général Sarrail a étendu
les lignes avancées des troupes alliées du côté de Montbelles et au-delà, dans la direction de
Siderocastro.
De leur côté, les Bulgares organisent leur défense :
leurs plus grandes forces d'artillerie et d'infanterie se
trouvent dans le secteur Guevgheli-Stroumitza; elles
s'échelonnent jusqu'au défilé de Demir-Issar et dans le
secteur de Xanthi : dans toute cette dernière partie du
front germano-bulgare et sur la ligne de Giumuldjena, c'est
l'artillerie autrichienne qui garnit les lignes de défense. Il
sera facile, avec ces détails, de suivre les mouvements sur
les cartes.
Soldats bulgares et décrotteurs turcs
Les opérations d'avant-garde, canonnades à longue
distance vers Guevgheli, reconnaissances de patrouilles anglaises dans la direction de Cavalla, se
continuent. De grands mouvements de l'ennemi sont signalés dans la région d'Uskul où l'état-major
germano-allemand procède à un nouveau regroupement de ses forces
(1) 15 mai, offensive des troupes austro-hongroises contre les italiens dans le Tyrol.
(2) 15 mai : L’armée austro-hongroise perce les premières lignes de défense italiennes dans
le Trentin.
(3) 15 mai : L’armée austro-hongroise perce les premières lignes de défense italiennes dans
le Trentin.
(3) 16 mai : Le diplomate britannique Mark Sykes et Georges Picot, représentant de la
France en Egypte, signent un accord secret prévoyant après la guerre le partage entre les 2 pays
des possessions arabes de l’Empire ottoman ; le littoral syrien et la Cilicie seront placés sous
administration française, les vilayets de Bagdad et de Bassorah ainsi que le port de Haïfa en
Palestine sous administration britannique, et la Palestine à l’ouest du Jourdin sous l’administration
internationale dont la forme sera définie en accord avec la Russie. Seul le territoire compris entre
ces 3 zones reviendra à un Etat arabe ou à une confédération d’Etats arabes à créer après le
conflit.
(1) 20 mai, accord économique franco-britannique, le charbon anglais alimentera l’industrie
française. La majeure partie des mines françaises sont sous occupations allemandes.
(3) 20 mai : Bataille de Verdun ; une nouvelle offensive très meurtrière de l’armée
allemande contre la butte de Mort-Homme.
- 30 -
Du lundi 22 Mai 1916 (660ème jour de la guerre) au dimanche 28 Mai 1916 (666ème jour.)
Sur les fronts belge et français.
Actions isolées, dans lesquelles l'artillerie a joué le
principal rôle, sur les lignes belges et les lignes anglaises;
notons toutefois l'attaque constante des troupes britanniques
sur Vimy où elles avancent pied à pied, souvent en engageant
des corps à corps : Vimy est une crête importante comme point
d'observation et de défense.
La furieuse offensive allemande, reprise il y a huit
Vimy
jours, continue cette semaine. Revenant à leur plan du
commencement de mars, les Allemands reprennent l'attaque du Mort-Homme par l’est: ils occupent
Cumières (village de 205 habitants avant la guerre, situé à 14 kilomètres de Verdun).
Au nord de Verdun, sur la rive droite de la Meuse, nous avions repris le fort de Douaumont
occupé depuis la première quinzaine de mars par l'ennemi. Le kronprinz, pour réoccuper la position,
a lancé deux divisions fraîches composées de Bavarois : au prix des sacrifices énormes, ces troupes
ont enlevé la position, amas de ruines mais bon observatoire, où le général Nivelle n'a pas voulu se
maintenir au prix de sacrifices trop importants. Bien que le fort de Douaumont domine celui de
Vaux, nos ennemis, malgré leurs attaques multipliées, depuis deux mois, n'ont pu prendre pied dans
ce dernier fort.
Le général Galliéni, ancien ministre de la Guerre, l'un des principaux vainqueurs de la
bataille de la Marne, est mort des suites d'une opération : on lui a fait des obsèques nationales.
Sur le front italien.
L'offensive que l'Autriche développe dans le Trentin ne lui donne pas les résultats qu'elle
attendait en raison des forces accumulées et de l'artillerie lourde massée pour mettre ce plan à
exécution : l'offensive se précise entre l'Adamello à l'ouest et la Marmolata à l'est, dans la partie
où les Alpes du Trentin enchevêtrent leurs massifs.
A l'est de l'Adige, dans la direction de Schio et de Vérone, nos Alliés, après la perte de la
Zugua-Torta, ont dû se replier un peu en arrière entre l'Arsa et la Terragnola, au sud-est de
Rovereto.
Plus à droite, les Autrichiens maintiennent leur avance assez sensible dans la vallée de
l'Astico, à proximité immédiate de la frontière.
Sur les fronts russes.
Aucun changement n'est à indiquer sur le front russe d'Europe : dans la région du Pripet et
sur la Strypa les combats n'ont, aucune importance stratégique; en Galicie et en Bessarabie, la
situation reste stationnaire quoique le moment semble bien choisi pour une offensive russe, aux
dires des critiques militaires, plusieurs divisions autrichiennes ayant été retirées de cette ligne
pour renforcer l'armée qui opère actuellement dans le Trentin.
Du Caucase et des rives de la mer Noire, nous sommes à peu près sans nouvelles. Mais
Russes et Anglais prévoient leur jonction : déjà, la prise de la redoute de Dujailar par le général
Gorringe est un succès qui prépare la prise de Kut, et les Russes sont, du côté de leur base dans le
nord de la Perse, à 350 kilomètres de Kavin, centre de cette base.
Dans les Balkans.
M. Skouloudis, président du Conseil de la Grèce, le ministre de la Guerre et le chef d'étatmajor, ont eu une conférence ayant pour objet les déplacements des troupes grecques de la
Macédoine : ce déplacement est considéré comme nécessaire du fait que les opérations entre les
Alliés et les troupes germano-bulgares vont s'étendre à tout le front.
Les troupes germano-bulgares ont occupé le fort Ruppel, malgré les protestations du
commandant grec, et la gare et le pont de Demi-Hissar, à moitié détruit par les Français : de grands
- 31 mouvements de troupes bulgares sont signalés entre Okdjilar et Xanthi et sur la rive gauche du
fleuve Nestos.
Sur la rive droite du Vardar, de vifs engagements de patrouilles se sont produits,
principalement à Kupe.
Le roi de Grèce est rentré à Athènes, venant de Larissa : le gouvernement a protesté par
une note officielle contre les opérations militaires entreprises par les puissances centrales et la
Bulgarie en Macédoine.
(3) 21 mai : Le fort de Douaumont est partiellement repris par la 10ème brigade (division
Mangin), mais reconquis dès le 24 par le 1 er corps bavarois
(1) 22 mai, à Douaumont, 48 heures de combats très violents entre Français et Allemands.
(3) 23 mai : En Italie, à la suite de l’offensive autrichienne du 15, le Conseil des ministres
se réunit d’urgence. Le général Cadorna est de plus en plus contesté.
(2) 24 mai : Entrée dans Kigali, au Ruanda, des troupes du Congo Belge qui ont contourné
les troupes coloniales allemandes pour les attaquer de flanc.
(3) 27 mai : Mort à Versailles du général Joseph Simon Galliéni
(3) 27 mai : Le roi Constantin de Grèce ordonne la remise aux forces germano-bulgare du
fort de Rupel. Les Alliés protestent énergiquement
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Du lundi 29 Mai 1916 (667ème jour de la guerre) au dimanche 4 Juin 1916 (673ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Les opérations de guerre, prises dans leur ensemble, ne sont pas en apparence aussi
satisfaisantes pour les armées de l'Entente que pendant les semaines précédentes.
Un vif combat a eu lieu à l'avancée d'Ypres, sur un front d'environ 3 kilomètres, entre
Hooge et la ligne de chemin dé fer Ypres-Commines : l'infanterie ennemie a réussi à pénétrer dans
quelques éléments de tranchées anglaises.
Après plus de cent jours de bataille, la lutte gigantesque dans laquelle se trouvent
engagées en avant de Verdun les armées allemandes et françaises revêt un caractère d'une violence
inimaginable; depuis huit jours, l'ennemi, par ses assauts furieux et répétés, préparés par une
débauche de projectiles, a réussi à enlever un peu de terrain à gauche de la Meuse et à avancer
légèrement à droite. Le fort de Vaux et le plateau de Douaumont paraissent devenus l'objectif
principal de l'état-major allemand, sans cependant négliger les attaques de détail sur la rive gauche
du fleuve, du village de Cumières et du bois des Caurettes jusqu'au bois d'Avocourt, en passant par
la cote 286, versant sud du Mort-Homme, la cote 304 et la cote 287. Malgré les pertes effroyables
que subissent nos ennemis, la pénétration allemande est insignifiante.
Une grande bataille navale a
été livrée dans la journée de mercredi
et dans la nuit de mercredi à jeudi, par
une partie de l'escadre anglaise à la
flotte allemande de haute mer : le
théâtre de l'action a été le sud du
détroit de Skager-Rack, entre la côte
Jellicoe
Von Scheer
Beatty
norvégienne et la côte danoise et le
littoral du Jutland. La division allemande commandée par l'amiral von Scheer fut aux prises
d'abord avec une division de croiseurs anglais; puis apparurent les grands bâtiments de combat
sous les ordres des amiraux Beatty etJellicoe. L'amiral von Scheer, sentant la situation
compromise, donna l'ordre de la retraite : ses unités se réfugièrent, non sans désarroi, derrière
Heligoland; quelques-unes contournèrent le Danemark par les Belt. Les pertes anglaises sont
lourdes; celles des Allemands sont équivalentes par le tonnage et le nombre des existences
sacrifiées
Sur le front italien.
- 32 Sur le front du Trentin, du Fugazza au nord d'Asiago, les Autrichiens ont pris pied sur le
territoire italien, sur une ligne d'une vingtaine de kilomètres. Les Italiens amènent des renforts,
sans toucher aux forces du front de l'Isonzo. Les Autrichiens, en s'emparant d'Argerio et
d'Asiago cherchent à être maîtres de la route et de la voie ferrée qui débouchent de l'Astico dans
la plaine de Vicence; les Italiens sont encore maîtres de la route qui, plus à gauche, conduit de
Rovereto à Vicence et franchit la frontière au Passa delle Fugazze; mais ils défendent difficilement
ce col par suite du retrait de leur centre. De même, leur droite qui a tenu solidement sur la Brenta
court un danger analogue.
Sur les fronts russes.
Le front russe d'Europe semble stationnaire bien que, depuis trois semaines, les dépêches
de Petrograd aient annoncé qu'en Galicie et en Bessarabie, l'armée de nos Alliés était prête pour
l'offensive et que 150 000 Autrichiens aient été distraits, d'après les critiques militaires, pour
être envoyés au Trentin.
En Arménie et en Mésopotamie, les Turcs ont reçu des renforts austro-allemands et
l'avance du grand-duc Nicolas s'en trouve ralentie : les Russes ont même dû évacuer la position de
Mamahatoum, sur la route d'Erzeroum à Erzindjean. Les Turcs ont réussi, en effet, à amener, sur
ce point vital, des troupes nouvelles et, peu à peu, sont passés de la défensive à l'attaque.
Sur le front de Macédoine.
Le fait capital de la semaine est l'installation en territoire grec et dans plusieurs forts des
troupes bulgaro-allemandes, avec l'assentiment du roi et du gouvernement grec. M. Guillemin,
ministre de la France à Athènes, a signalé avec fermeté cette atteinte à la neutralité à M.
Skouloudis, et le général Sarrail a proclamé, au nom des Alliés, l'état de siège dans la zone: de la
Macédoine qu'ils occupent : la préfecture, le port, les postes et télégraphes et la télégraphie sans
fils ont été occupés sans incident. Il faut s'attendre à une action importante sur ce front.
(3) 31 mai : En mer du Nord, au large de la côte ouest du Jutland (Danemark), les flottes
de haute mer des amiraux Jellicoe et Beatty affrontent la marine allemande sous le commandement
de l’amiral Hipper. Cette première grande bataille navale, qui sera la seule importante du conflit, se
termine sur un léger avantage pour les Allemands. Néanmoins, la flotte allemande n’osera plus sortir
de ses ports pour se mesurer aux escadres britanniques
(2) 31 mai : Bataille navale indécise entre les flottes allemande et britannique au Jutland.
(1) 31 mai : Début de la bataille navale de Skagerrak qui met aux prises les armadas
anglaise et allemande. (Bataille de Jutland)
(3) 1 juin : Sous le haut-commandement du général Broussilov, les Russes lancent une
offensive générale en bombardant les positions austro-hongroises.
(3) 1 juin : Bataille de Verdun ; l’armée allemande lance une offensive en direction du fort
de Vaux (Hauts de Meuse).
(1) 2 juin, début de la bataille de la Somme.
(2) 3 juin : Les Alliés proclament l’état de siège à Salonique à la suite de la prise du fort de
Rupel par les troupes germano-bulgares.
(3) 3 juin : A la suite de la prise du fort de Rupel par les troupes germano-bulgares, les
Alliés proclament l’état de siège à Salonique
(3) 4 juin : Les attaques d’infanterie russe commencent sur un front allant du fleuve Pripet
à la frontière roumaine
(1) 4 juin, en Russie, début de l’offensive russe contre les armées austro-hongroises menée
par le général Broussilov.
4 juin : Offensive russe du général Broussilov contre les forces allemandes
de Mackensen (fin en août).
Du lundi 5 juin 1916 (674ème jour de la guerre) au dimanche 11 juin 1916 (680ème jour).
Sur les fronts belge et français.
- 33 L'activité se continue sur la partie du front occupée par l'année britannique : aux environs
d'Ypres les attaques violentes sont réciproques, surtout à l'est de la ville; mais le centre de
l'action se porte sur Hooge ainsi que près du chemin de fer et du canal d'Ypres à Comines.
Si les Allemands ont pu prendre possession des tranchées de première ligne anglaises
établies dans le village en ruines d'Hooge, de leur côté, à l'est du Bois-Grenier, les troupes
australiennes ont pénétré chez l'ennemi; d'autres fractions anglaises ont occupé des tranchées
adverses, à la Boisselle. Beaucoup d'autres actions sont signalées à Olivers, Souchez, Loos, Liévin,
Neuve-Chapelle, Neuville-Saint-Vaast et Givenchy; mais rien ne fait encore prévoir une offensive
générale, quoique l'ennemi concentre des forces importantes en Belgique et principalement à
Tournai.
Les Allemands viennent d'occuper le fort de Vaux : avec Douaumont, c'est deux forts, sur
les dix-huit qui entourent Verdun, dont nos ennemis se sont emparés après quatre mois d'attaque
et avoir subi des pertes effroyables de 400000 hommes mis hors de combat. L'ennemi continue,
malgré ces pertes, à appliquer le programme de von Falkenhayn qui ordonne d'arriver à la prise de
Verdun, quelque coûteux que soit l'effort.
« Le Hampshire », qui portait lord Kitchner, ministre de la guerre anglais, a heurté une
mine, près des Orcades, par une mer furieuse lord Kitchner et toute sa suite ont trouvé la mort.
C'est une très grosse perte pour les Anglais et les Alliés.
M. Briand, président du Conseil, et le général Joffre, sont allés à Londres s'entretenir
avec les principaux ministres anglais.
Sur le front italien.
L'offensive autrichienne parait brisée par la résistance italienne que Vienne reconnaît être
« extrêmement opiniâtre. » Les Italiens, en effet, n'ont pas perdu courage pendant leurs insuccès
consécutifs des dix-huit premiers jours. Peu à peu, ils ont installé de nouvelles lignes puissamment
organisées et accumulé des renforts en arrière.
C'est ainsi que de l'Adige à Posubio leur front n'a plus été entamé; sur certains points
même, c'est maintenant la contre-offensive italienne qui fait pression.
Les Italiens ont réalisé quelques progrès sur la route de Vallarsa, dans le secteur du MontNovegno, au fond de la vallée de l'Astico et sur les pentes occidentales du Mont Cengio.
Dans les hautes vallées du Boite et de l'Ansiei, la marche en avant méthodique des troupes
italiennes a continué.
La Chambre italienne, surprise par les événements du Trentin, a voté un ordre du jour de
défiance contre le cabinet Salandra; mais rien n'est changé dans la direction de la guerre.
Sur le front russe.
Sur le front de Russie d'Europe, l'irruption soudaine de nos Alliés en Galicie et en
Volhynie, sur une longueur de 160 kilomètres, a mis hors-de-combat 100 000 Austro-Hongrois et
fait plus de 100000 prisonniers. Le général en chef russe, Broussiloff, a déclaré que ce n'était
pourtant pas encore l'attaque générale. Ces résultats ont produit une diversion considérable sur le
front du Trentin où le contre-coup s'est fait utilement sentir.
Le commandement russe ne veut rien dire encore, en dehors de l'occupation de Loutsk, sur
les unités engagées et les lieux où se poursuivent les opérations. Mais la poussée russe est telle que
Kovel, Lemberg et Czernovitz sont menacées : les autorités autrichiennes et la population civile
évacuent ces villes.
Dans les Balkans.
L'entente officieuse de la Grèce et des puissances centrales a obligé la France et ses
Alliés à établir le blocus économique des côtes grecques: aucun navire hellénique ne peut sortir des
ports ou y rentrer. Le capitaine grec du port de Salonique a été remplacé par un officier de la
marine française: c'est un coup grave porté aux compagnies de navigation helléniques, lesquelles
gagnaient des sommes considérables, et l'arrêt du ravitaillement de la Grèce.
Le gouvernement grec a chargé ses représentants près de l'Entente de remettre une
protestation contre ce blocus et un mémorandum destiné à établir la sincérité de la Grèce, ainsi que
- 34 ses raisons de maintenir la neutralité. La démobilisation partielle de l'armée grecque (classes de
1892 à 1903 inclusivement) a été ordonnée pour répondre aux désirs de l'Entente.
(1) 6 juin, naufrage du bâteau britannique « Hampshire ».
(3) 6 juin : En Chine, mort de Yuan Che-k’ai (Yuan Shikai)
(1) 7 juin, chute du fort de Vaux.
(2) 7 juin : Offensive allemande à Verdun. Chute du fort de Vaux puis
de Thiaumont, Fleury-devant-Douaumont.
(3) 7 juin : Bataille de Verdun ; les forces allemandes s’emparent du fort de vaux
(3) 7 juin : Devant la double opposition de la gauche neutraliste et des interventionnistes
qui se reprochent le manque de fermeté dans la conduite de la guerre, Antonio Salandra
démissionne.
(3) 8 mai : Les forces du général Kaledine s’emparent de la ville de Loutsk (Volhynie), sur la
Styr
(3) 8 mai : Pour faire pression sur le gouvernement grec, soupçonné de complaisance envers
l’Allemagne, les Alliés imposent un blocus maritime du pays
(3) 9 mai : Le président du Conseil Aristide Briand et le général Joffre tentent sans succès
de convaincre les Britanniques d’envoyer 2 nouvelles divisions à Salonique en vue de participer à la
grande offensive Alliés.
(3) 9 mai : Le gouvernement allemand somme la Suisse de laisser introduire en Allemagne
tous les produits achetés par ses agents, faute de quoi il interdira toute livraison de charbon. Le
gouvernement de Berne demande aux Alliés d’assouplir le blocus économique des pays ennemis ce
que la Grande-Bretagne et la France refuse de faire.
(3) 10 mai : Le chérif Hussein ibn Ali proclame la révolte des Arabes contre les Turcs
Du lundi 12 Juin 1916 (681ème jour de la guerre) au dimanche 18 Juin 1916 (687ème jour).
Sur les fronts belge et français.
La situation est bonne cette semaine : nos Alliés de Russie multiplient leurs succès et
augmentent leur avance; les Italiens résistent victorieusement et reprennent aux Autrichiens les
positions importantes, et sur le front français, il y a une accalmie relative depuis notre perte du
fort de Vaux.
Sur les lignes anglaises, les communiqués enregistrent l'activité d'artillerie déployée de
part et d’autre; mais pas plus au canal de la Bassée qu'à la redoute Hohenzollern, vers Souchez qu’à
Hooghe, les résultats obtenus par les uns ou les autres n’ont de véritable importance sur l'action
générale. M. Asquith, premier ministre du Royaume-Uni, vient de répéter ce qu'avait dit le général
sir Douglas Haig : « Le concours de nos forces est acquis au général Joffre et les décisions qui
seront prises le montreront.» En attendant, l'armée anglaise se renforce chaque jour.
Sur les points du front les plus divers, ouest et est de Soissons, Champagne, Argonne,
Vosges, les actions de détail de plus en plus fréquentes ne semblent avoir pour but que d'empêcher
des déplacements de troupes ennemies.
Autour de Verdun, les communiqués de la semaine, à part deux ou trois actions de détail,
n'ont relaté que des combats d'artillerie. L'effort de l'ennemi se porte actuellement sur la zone
fortifiée de Souville à Tavannes qui défend l'étranglement des côtes de Meuse, au point où il
atteint à peine 5 kilomètres de large, traversé par là route nationale de Verdun à Metz et par la
voie ferrée : les Allemands n'ont pu encore aborder directement cette ligne et ils se trouvent
arrêtés à 2 kilomètres environ au nord, entre la ferme de Thiaumont et le ravin de Damloup.
Sur le front italien.
Les Italiens non seulement repoussent les armées austro-hongroises, mais regagnent du
terrain; au nord-est d'Asiago, nos Alliés ont commencé une vigoureuse marche en avant entre la
vallée de Frenzela et le bassin de Marcesina; l'aile droite italienne a pris d'assaut de fortes
positions.
En Carnie et sur l'Isonzo, actions d'artillerie.
- 35 La crise ministérielle italienne est dénouée avec M. Boselli, président du Conseil, qui garde
aux Affaires étrangères le ministre actuel, M. Sonnino; la presse de la Péninsule déclare que,
désormais, la guerre sera, pour l'Italie, plus intensive, « moins limitée » et souhaite que les
opérations s'étendent de l'autre côté de l'Adriatique
Sur le front russe.
Pour les Russes, la situation continue à être brillante et, depuis huit jours, les diversions
tentées sur leur front, vers le Nord, par le maréchal Hindenbourg, n'ont donné aucun résultat utile.
Un combat naval qui s'est produit, dans la nuit du 13 juin, dans la Baltique, à quelques
relations avec les projets, allemands contre ce front nord : des vapeurs allemands convoyés par des
chalutiers armés, un croiseur auxiliaire et deux destroyers ont été attaqués par une flottille russe;
le croiseur et la plupart des bâtiments allemands ont été coulés.
Les Russes étendent rapidement leur avance aux points où ils ont percé le front ennemi.
Sur la Strypa inférieure, où ils ont occupé déjà de nombreuses positions au nord-ouest de Buczaz,
l'aile droite autrichienne est complètement débordée.
A la suite des succès russes sur le front méridional, les Allemands ont évacué quelques
unes de leurs positions dans la région de Pinsk et travaillent à se fortifier sur la rive gauche du
Pripet.
Sur la frontière de Galicie, au sud de Loutsk et au nord-est de Lemberg dont ils ne sont
plus qu'à 50 kilomètres environ, les Russes ont occupé Radzivillow, ville de 7000 habitants.
Ils ont occupé également Czernowitz. Entre Czemowitz et la frontière roumaine, sur un
front de 15 kilomètres, les Autrichiens ont accumulé les travaux de défense: leurs adversaires
s'efforcent depuis plusieurs jours d'y faire une trouée dans le secteur de Bojan; ils ont tenté à
diverses reprises de passer le Pruth.
Dans les Balkans.
En Macédoine, pour que le corps expéditionnaire franco-anglais, renforcé par les Serbes,
puisse donner le signal de l'action, il faut que l'ensemble des forces dont dispose le général Sarrail
soit puissant par le nombre; dans ce but, la presse anglaise propose de prélever en Egypte, que
l'ennemi ne menace plus, les contingents qui y sont inutiles.
Les autorités militaires grecques en Macédoine ont reçu le texte d'un décret royal
démobilisant douze classes, mais aucune indication n'est donnée sur la façon dont se fera le renvoi
des hommes.
Des manifestations germanophiles ayant eu lieu devant les légations alliées d'Athènes, les
puissances de l'Entente ont rappelé que les traités franco-russo-anglais confiant aux trois pays
alliés la sauvegarde de l'indépendance constitutionnelle de la Grèce sont toujours en vigueur.
Les puissances de l'Entente s'opposent aux transactions annoncées entre le gouvernement
grec et la Banque nationale d'Athènes en vue du nouvel emprunt et de l'émission de 30 millions de
papier-monnaie.
(1) 12 juin, 20 000 soldats autrichiens sont faits prisonniers par les Russes en Volhynie.
(3) 12 juin : En Arabie, les troupes du chérif Hussein s’empare de La Mecque, de Djeddah
et de Taïf avant d’assiéger Médine, en faisant plusieurs milliers de prisonniers turcs.
(3) 12 juin : Thiaumont tombe aux mains des troupes allemandes
(3) 15 juin : Les troupes italiennes réussissent à contenir l’avance autrichienne dans le
Trentin
Verdun.
(1) 16 juin, à Paris, 1ère réunion à la Chambre des députés du comité secret de défense de
(3) 16 juin : La Chambre des députés se réunit pour la première fois en comité secret afin
d’examiner les responsabilités mises en cause par l’attaque allemande contre Verdun, André
Maginot, suivi par d’autres députés, critique le haut-commandement
(3) 16 juin : A l’annonce des premiers succès de l’offensive russe Aristide Briand demande
à la Roumanie d’intervenir aux côtés de l’Entente
(3) 17 juin : Réunis au ministère des Affaires étrangères, les Alliés décident d’interdire
toute relation commerciale directe ou indirecte avec les pays ennemis.
- 36 -
Pruth
(3) 17 juin : Les Russes s’emparent de la tête de pont de Czernowitz (Bukovine), sur le
(3) 18 juin : Les autorités anglo-françaises exigent d’Athènes la démobilisation de l’armée
grecque, le remplacement du gouvernement actuel, de nouvelle élections, le remplacement du chef
de la police d’Athènes et l’expulsion des propagandistes germanophiles.
Du lundi 19 juin 1916 (688ème jour de la guerre) au dimanche 25 juin 1916 (694ème jour)
Sur les fronts belge et français.
La discrétion des bulletins de sir Douglas Haig ne fait pas ressortir l'importance des
opérations sur la ligne anglaise : il en résulte qu'à la période de préparations des organisations de
tireurs d'élite d'équipée de grenadiers et d'artillerie lourde, a succédé une série de chocs dont
l'intensité grandit progressivement. Le 24 juin a été le premier jour de l'application de la nouvelle
loi sur le service militaire en Grande-Bretagne : tous les hommes de dix-huit à quarante et un ans
sont considérés, désormais, comme dûment enrôlés pour la durée de 1a guerre.
De nombreuses attaques de détail ont eu lieu en Picardie, entre l'Avre et l'Oise : l'Avre
passe à Roye et l'Oise à Noyon; c'est ce qui donne de l'importance à ces opérations préparatoires.
Bien que continuant leurs attaques dans la région d'Avocourt et au Mort-Homme, les
Allemands cherchent à tout prit à nous enlever devant Verdun notre ligne de résistance sur la rive
droite de la Meuse, de Thiaumont et Tavannes par Fleury et Souville, c'est cette partie qui détend
l'étranglement des côtes de Meuse où passent la voie ferrée et la route de Verdun à Metz.
L’ennemi n'a pu aborder cette ligne de défense mais il a pu s'emparer de la redoute de la ferme de
Thiaumont. Quels que soient ses pertes effroyables en hommes et l'usure de son matériel,
l'ennemi, depuis le mois d'avril, n'a avancé que de 14 mètres par jour.
Sur le front italien.
Dans le Secteur du Pasubio, nos Alliés ont élargi leur occupation jusqu'à la vallée de Piaz à
l'ouest et aux têtes des vallons du mont Pruch.
Au nord-est sur le front Posina-Astico, duel d'artillerie.
Sur le plateau d'Asiago, activité intense de l'artillerie italienne, particulièrement efficace
contre les positions ennemies de la vallée de Kanaglia qui ont été bouleversées.
Le long du reste du front, on signale des actions d'artillerie et des incursions de
l'infanterie italienne avec des résultats sensibles dans le Haut-But.
Sur le front russe.
L'avance russe, se continue avec moins de rapidité qu'au début. Les raisons de ce
ralentissement ont été données par le général Schouwaieff, ministre de la Guerre en Russie; il faut
se consolider sur le terrain conquis et procéder au transport de vivres et de munitions par des
chemins souvent difficiles; Pour retarder et briser cette avance, les Allemands sont arrivés au
secours de leurs alliés. La présence d'Hindenbourg était indispensable sur le front nord : le général
allemand a pris l'offensive sur le canal Ogumski qui, entre Pinsk et Baronovitchi, relie les rivières
Chara et Yasselda. La bataille est particulièrement vive au nord de Pinsk : cette diversion est la
plus sérieuse qui ait été tentée pour soulager l'armée autrichienne.
C'est le général Mackensen a qui incombe la charge de refouler l'armée russe du centre;
les Austro-Allemands cherchent a enfoncer un coin destiné à diviser les armées russes marchant
sur Kovel.
Grace à l'occupation de Goura, Goumora, Straja, Kuty et Kimplung, toute la Bukovine est
aujourd'hui aux mains des Russes.
Les autorités austro-hongroises ont fait évacuer les villes de Kolomea et de Stanislau par
la population civile, ainsi que tous les villages environnants, menacés par les Russes.
Sur le front de Salonique.
Les Bulgares ne sont pas encore entrés en possession du fort de Phea-Petra et du fort
d'lndgenez, mais l'occupation de ces forts par les troupes ennemies est imminente. Une brigade
bulgare a franchi le Nestos et avance lentement dans la direction de Cavala.
- 37 En Grèce, M. Zaïmis, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, a ordonné la
démobilisation réelle et totale de l'armée grecque. La dissolution du Parlement et la fixation de la
date des élections générales vont être l'objet d'un prochain décret : tous les partis prennent, dès à
présent, leurs mesures en vue de la campagne électorale qui s'annonce comme devant être
particulièrement agitée et difficile.
(3) 19 juin : Le républicain socialiste Maurice Viollette dresse un réquisitoire contre la
conduite des opérations militaires françaises depuis le début de la guerre
(1) 20 juin, Au Mexique, le président Carranza lance un ultimatum aux Etats-Unis.
(2) 21 juin : Verdun : les Allemands atteignent les abords de Froideterre.
(3) 21 juin : A la suite de l’offensive russe, et devant la résistance des forces italiennes du
général Cadorna, l’état-major austro-hongrois décide de replier ses troupes dans le Trentin
(3) 21 juin : En Grèce, le premier ministre Skouloudis décide de démissionner, Alexandros
Zaïmis lui succède
(3) 21 juin : Bataille de Verdun ; nouvelle offensive allemande qui aboutit à la prise de
Thiaumont, Fleury-devant-Douaumont et des abords de Froideterre.
(2) 22 juin : Le Premier ministre grec Zaïmis ordonne la démobilisation de l’armée à la suite
de dissensions avec les Alliés.
(1) 22 juin, En Allemagne, Premier départ d’un sous-marin cargo « Deutschland » pour
Baltimore. Il doit être en mesure de forcer le blocus naval.
(3) 22 juin : Après la clôture du comité secret, la Chambre se réunit en séance publique et
vote la confiance par 444 voix contre 80
(3) 22 juin : En Grèce, le nouveau premier ministre Zaïmis ordonne la démobilisation de
l’armée
(3) 23 juin : Après la prise de Czernowitz, les Russes occupent l’ensemble de la Bukovine
(3) 24 juin : Bataille de Verdun; l’armée française lance une contre-offensive autour de
Fleury-devant-Douaumont
(1) 24 juin, à Verdun les allemands lancent une dernière offensive
(1) 25 juin, les troupes russes entrent en Bukovine.
Du lundi 26 juin 1916 (695ème jour de la guerre) au dimanche 2 juillet 1916 (702ème jour).
Sur les fronts Belge et Français
La semaine a présenté sur plusieurs points des fronts des Alliés une activité
extraordinaire: elle est, en résumé, avantageuse pour les armées de l'Entente.
Sur tout le front de l'armée belge, les actions d'artillerie ont gagné en intensité : les tirs
de destruction exécutés sur les tranchées allemandes vers Dixmude ont été fort efficaces.
Nos alliés britanniques ont commencé un
bombardement méthodique de toutes les positions
allemandes sur le front battu par eux et qui mesure
tout près de 100 kilomètres, de Boesinghe (au-dessus
d'Ypres) à Frise, sur la Somme (en face de Péronne). La
ligne anglaise va donc d'Ypres, par 8aint-Eloi;
Armentières, Béthune, Vermelles, Souchez, Carenoy;
Neuville-Saint-Vaast, Arras, Monchy, Hebuterne,
Albert; à Frise la ligne allemande peut être jalonnée
par Zillebeke, Lille, La Bassée, Lens, Vimy, Bapaume et
Tranchées de Vimy
Péronne.
L'artillerie anglaise a détruit en dix endroits les ouvrages ennemis de première ligne, et
s'attaque aux ouvrages de seconde ligne: les patrouilles de nos Alliés, envoyées en reconnaissance
sur toute l'étendue de la ligne; dans des raids heureux, apportent d'utiles renseignements et font
des milliers de prisonniers, plus, particulièrement entre Ypres et Arras.
Au nord et au sud de la Somme, les troupes françaises ont également gagné du terrain et
fait 5000 prisonniers.
- 38 Devant Verdun, les Allemands ont dirigé toute une série d'attaques contre les forts de
Froide-Terre et de Souville, et ont réussi à s’emparer d’une partie du village de Fleury devant
Douaumont, situé entre les deux forts. La lutte la plus tragique peut-être de toute la bataille de
Verdun s'est alors déroulée dans ce secteur, autour de Thiaumont: cet ouvrage fortifié est pris,
perdu, puis enfin repris par nous au milieu d’une canonnade effroyable et des corps à corps
extrêmement violents. Le dispositif de l'ennemi (renforts et réserves rapprochés d'une manière
exceptionnelle de la première ligne) prouve, dit le communiqué français, « l'intention d'un effort
particulièrement puissant et continu devant aboutir rapidement à un résultat important ».
Sur le front italien
Dans le Trentin, le recul des Autrichiens au delà du plateau des Sept-Cormmunes et
d'Asiago, ainsi que beaucoup plus à droite, dans le Carso, marque la fin de leur offensive. L'avance
austro-hongroise sur le front italien est arrêtée et la contre-offensive italienne commencée. La
retraite autrichienne a été si prompte que les Italiens n’ont pu faire avancer leur grosse artillerie
avec une rapidité égale; il en résulte qu'à mesure que les troupes de nos Alliés avancent plus près
des groupes ennemis d'arrière-garde, leurs progrès quoique sensibles sont, pour le moment, plus
lents et plus pénibles.
Sur le front russe.
Sur front nord, celui de Riga, l'offensive allemande du maréchal
Hindenbourg se heurte aux forces russes du général Kouropatkine qui résiste
vigoureusement.
Les forces ennemies, puisées au centre, dans la région de Vilna aux
marais de Pinsk, ont rejoint les troupes austro-allemandes qui barrent la
route à l'aide droite russe du général Broussilof : la bataille est acharnée, car
il s'agit d'empêcher les Russes de gagner la ligne Brest-Litovsk, Kovel,
Gal Kouropatkine
Vladimir-Volinski, Lemberg.
Vers les Carpathes, au sud du front, nos Alliés poursuivent leur conquête et s'emparent de
Kolomea. Selon les derniers rapports, le total des prisonniers pris durant le mois de juin est de
212000.
Dans les Balkans.
Aucune action de troupes françaises ou bulgares n'est signalée dans la région de
Salonique : un régiment serbe a pris ses cantonnements Rorytes.
Des incidents violents, préludes d'une bataille électorale très vive entre les partisans et
les adversaires de Venizelos, ont lieu devant les journaux.
Des ligues d'anciens militaires sont créées pour activer la propagande.
Le gouvernement grec, conformément aux demandes de l'Entente a décidé de hâter la
démobilisation, qui sera terminée à la fin de juillet.
(3) 30 juin : Dans son rapport adressé à son gouvernement, le comte von WolffMetternich, ambassadeur d’Allemagne à Constantinople, révèle la détermination du comité Union et
Progrès à poursuivre la déportation la déportation et l’extermination des Arméniens
(3) 1er juillet : En étroite collaboration, les armées britanniques et françaises déclenchent
une offensive générale sur le front de la Somme. L’attaque britannique porte sur 20 kilomètres de
Gommécourt à Fricourt en direction de Bapaume, tandis que les Français attaquent les positions
ennemies sur 40 kilomètres de Maricourt à fay en direction de Péronne. C’est le début de la bataille
de la Somme
(1) 1er juillet, 57 000 tués lors du début de l’offensive franco-anglaise dans la Somme, les
britanniques enregistrent en un jour les plus lourdes pertes de toute l’histoire de la guerre. Sous le
comandement du général britannique Haig, ils ne parviennent pas à percer le front allemand.
(2) 1er juillet : Début de la bataille de la Somme, offensive alliée
vers Bapaume et Péronne (fin en octobre). Plus de 600 000 victimes dans les deux camps. Les
forces britanniques (volontaires) s’engagent dans la bataille de la Somme.
(3) 2 juillet : Les français enlèvent le village de Frise, près de Bray-sur-Somme
- 39 (3) 2 juillet : En Grande-Bretagne, suite à la mort de Kitchener, le 5 juin, Llyod George
devient ministre de la Guerre
(2) 4 juillet : Le Premier ministre roumain Ion Bratianu rappelle aux Alliés que son pays
interviendra à leurs côtés s’ils ne se retirent pas des Dardanelles et s’ils déclenchent une offensive
contre les Bulgares à partir de Salonique.
Retour au calendrier
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Du lundi 3 juillet 1916 (703ème jour de la guerre) au dimanche 9 juillet 1916 (708ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Cette semaine, la centième de la guerre, a été favorable aux armées de l'Entente, sur tous
les fronts. Sur le front belge, l'activité de l'artillerie s'est manifestée plus spécialement dans le
secteur à l'est de Ramscappelle et dans la région de Steenstraete.
Sur le front anglais, en liaison avec les troupes françaises, les positions allemandes de la
région de la Somme ont été attaquées avec le plus vif succès pour les armes britanniques. C'est
surtout en face de Lens et en face de Bapaume, occupées par les ennemis, que l'effort a été le plus
rude et le résultat le plus complet : le bombardement a été d'une violence inouïe, les obus
tombaient avec méthode sur les tranchées allemandes, brisant les réseaux de fil de fer, nivelant
parapets et défenses. Près d'Angres et de Montauban, les Anglais ont été particulièrement
heureux. Leur avance continue.
Les troupes françaises, au nord et au sud de la Somme, restant soudées aux troupes
britanniques, ont avancé progressivement jusqu'à quelques kilomètres de Péronne: le chiffre des
prisonniers faits par nous dépasse 9000 parmi l'important matériel que nous avons capturé on a pu,
jusqu'à ce jour, compter 76 canons et plusieurs centaines de mitrailleuses.
En Champagne, l'activité s'est rallumée tout à coup dans le secteur où nous avons vaincu en
septembre dernier : toutes les attaques allemandes ont été arrêtées par nos tirs de barrage, ou
repoussées à la grenade. Passant à l'offensive, nous avons nettoyé les tranchées de première ligne
et, en certains points, pénétré jusqu'à la dernière ligne.
Autour de Verdun, nos troupes ont résisté avec une vaillance indomptable à tous les
assauts; la lutte d'artillerie a continuée à être très violente toute la semaine, à l'est de la Meuse et
dans la région de la cote 304. Sur la rive droite, la batterie de Damloup prise par les Allemands est
reprise par nous; l'ouvrage de Thiaumont, par contre, est repris par l'ennemi. Sur la rive gauche,
nous repoussons les attaques du bois d'Avocourt et de la cote 304 et réussissons un coup de main
au Mort-Homme.
La nomination de M. Lloyd George, au ministère de la Guerre anglais, est accueillie par
l'Entente avec une vive satisfaction. M. Lloyd George est connu par son esprit de décision, sa
ténacité et ses dons d'organisateur: il était, comme ministre des munitions, le collaborateur le plus
immédiat de lord Kitchener.
L'amiralissime anglais Jellicoë a terminé son rapport sur la bataille navale du Jutland, qui
confirme les pertes anglaises annoncées et estime celles des Allemands à deux cuirassés
dreadnoughts, cinq croiseurs légers, six contre-torpilleurs, un sous-marin qui ont été tous vus
couler bas. En outre, deux croiseurs de bataille, un cuirassé dreadnought, trois contre-torpilleurs,
furent aperçus si avariés qu'il est douteux qu'ils aient pu regagner le port.
Sur le front italien.
La contre-offensive déclenchée par le général Cadorna a donné ses résultats décisifs : la
manœuvre avait consisté en une pression puissante sur les ailes qui força le centre autrichien a
abandonner les positions conquises sur le plateau d'Asiago et sur le plateau d'Arsiero.
Dans le bassin du Haut-Astico, l'infanterie italienne progresse; sur le plateau des SeptCommunes, il y a arrêt causé par les brouillards.
Le long du front de l'Isonzo, l'artillerie ennemie s'est montrée active sur les hauteurs du
nord-ouest de Goritz. Dans la zone de Monfalcone, les tentatives d'attaque contre les positions
récemment conquises par les Italiens ont été repoussées victorieusement.
- 40 Sur les fronts russes.
La diversion essayée par le maréchal von Hindenburg, sur le front nord
de Riga à Dvinsk, a été inutile : les préparations d'artillerie et les attaques
d'infanterie allemandes ont été arrêtées par nos Alliés. Au sud-est de Riga, les
premiers succès allemands ont été enrayés par les renforts du général russe
Kouropatkine qui a rejeté l'ennemi dans ses positions, en lui faisant subir de
lourdes pertes.
Au nord du Pripet, dans la région de Baranovitchi occupée par les
Mal Hindenburg
Russes, et au sud du Pripet, vers Kolki, l'aile droite du général russe Broussiloff
reprend sa marche en avant. Sur la route de Loutsk à Vladimir-Volinski, les Austro-Allemands
continuent leur mouvement de retraite sous la pression des Cosaques et de l'infanterie russe qui
ont franchi le Stokhod sur les talons des fuyards : la poussée russe vers Kovel et Vladimir continue.
Dans la Galicie du sud, nos Alliés se sont emparés de l'important nœud de voies ferrées de
Delatyn.
Dans les Balkans.
En Asie-Mineure, les Russes ont eu à subir des offensives de la part des troupes turques
dans la région de Trébizonde et aussi en Mésopotamie : ils les ont repoussées en faisant subir de
grosses pertes à l'assaillant.
Quelques escarmouches seulement sur le front de Salonique qui reste calme : deux
bataillons allemands ont attaqué un bataillon français dans le secteur de Doiran-Guevgueli : les
Allemands, malgré leur supériorité numérique, se sont repliés après avoir subi des pertes sérieuses
causées par la précision du tir français.
En Grèce, les ligues se multiplient en vue des élections : les ligues venizelistes ont pour
programme de s'opposer à l'invasion bulgare en Macédoine.
(3) 4 juillet : Le Premier ministre roumain Ion Bratianu rappelle à l’ambassadeur de France
que la Roumanie n’interviendra qu’à condition qu’elle soit approvisionnée en munitions, que les Alliés
ne se retirent pas des Dardanelles, qu’ils déclenchent une offensive contre les Bulgares à partir de
Salonique et que l’offensive russe soit générale de la Baltique à la Bukovine
(1) 7 juillet, Lloyd George, ancien ministre de l’Armement, devient ministre de la Guerre à
la place de Lord Kitchener.
(3) 7 juillet : Pour donner toute son efficacité au blocus de l’Allemagne, les Alliés
suppriment les dernières libertés commerciales laissés aux pays neutres.
(3) 7 juillet : Les Britanniques lancent une offensive au sud de Thiepval, près d’Albert
(Somme)
(3) 7 juillet : Le président du Conseil Aristide Briand assure le gouvernement roumain que
les munitions réclamées sont sur le point d’être livrées et que la Roumanie obtiendra satisfaction
sur les 3 autres conditions
(3) 8 juillet :Les Russes atteignent le Stockhod, obligeant les Austro-Hongrois à se replier
(3) 9 juillet : Les forces françaises occupent le village de Biaches, à 3 kilomètres de
Péronne
(1) La Russie et le Japon signent un traité d’alliance.
Du lundi 10 juillet 1916 (709ème jour de la guerre) au dimanche 16 juillet 1916 (715ème jour).
Sur les fronts belge et français.
La bataille continue sur tout le front où le duel d'artillerie reste très violent. Les batteries
belges de tous calibres ont exécuté des tirs de destruction systématiques sur les organisations
défensives de l'ennemi principalement dans la région de Dixmude : l'ennemi a vigoureusement
riposté.
Les communiqués anglais enregistrent les brillants succès dont on voyait la préparation se
développer méthodiquement depuis quelques jours : tandis qu'un âpre débat, localisé dans le bois
des Trônes, qui se trouve exactement au sommet de l'angle droit dessiné par le front d'attaque de
- 41 la Somme, retenait l'attention de l'ennemi, un intense bombardement préludait à un assaut général
de la seconde ligne allemande; cette seconde ligne est enfoncée sur une longueur de 6 kilomètres et
une profondeur de 3 kilomètres. Ça et là, la troisième ligne est entamée. Nos Alliés se trouvent
ainsi à une lieue et demie de Bapaume.
Sur notre secteur, au nord et au sud de la Somme, la lutte continue et la canonnade
s'intensifie: nous sommes tout près des faubourgs de Péronne, à 1500 mètres de cette ville.
En Champagne, dans la région de Prosnes, nous avons effectué, avec un succès identique,
des raids comme ceux qui ont si bien réussi aux troupes britanniques.
L'offensive allemande contre le fort de Souville, qui se trouve à 5 kilomètres de Verdun, se
poursuit avec 2000 canons de tous calibres : les attaques ont pour but d'encercler le fort. Après un
bombardement d'une intensité sans cesse accrue, l'infanterie allemande, évaluée à une division et
demie, soit six régiments ou 15 à 18000 hommes, sur un front de 2 kilomètres à peine, a surgi et a
pu s'approcher à 800 mètres du fort.
Un sous-marin allemand a bombardé le petit port ouvert de Seaham, près de Durham, en
Angleterre : nos Alliés n'ont à déplorer aucune perte de vie, ni aucun dégât matériel. Des sousmarins allemands de fort tonnage sont signalés dans la Baltique et dans la basse Méditerranée, ainsi
que dans les eaux turques : une reprise de la campagne des pirates semble imminente.
Un sous-marin allemand de très fort tonnage, le « Deutschland », muni d'une cargaison de
nickel et s'intitulant « sous-marin marchand », est entré dans le port de Baltimore; plusieurs
transatlantiques sous-marins vont se consacrer au transport des munitions : le gouvernement des
Etats-Unis déclare qu'il se trouve en présence de bâtiments marchands.
Sur le front italien.
La situation reste à peu près stationnaire dans le Trentin, la guerre dans la montagne est
malaisée par suite de la difficulté d'amener l'artillerie lourde sur le front; sur l'Isonzo, nos Alliés
retiennent plusieurs corps d'armée ennemis que l'état-major autrichien voulait envoyer en Galicie.
Sur le front russe.
Sur la Dwina, de Riga à Dwinsk, les actions et réactions se balancent : la
marine allemande désireuse de montrer qu'elle n'est pas ébranlée par les pertes
subies dans la bataille du Jutland, du 31 mai, prépare l'offensive; au sud de la
Dwina, vers le lac Narotsch, les luttes sont assez vives, avec léger avantage des
troupes de von Hindenburg.
Entre le Niémen et le Pripet, autour des deux Baranovitchi, combats
acharnés et prolongés des deux armées en présence, celle de Léopold de Bavière
Gal Evert
et celle du général Evert.
Au sud des marais du Pripet, l'armée russe de Kalédine, aile droite du général Broussilof,
fait des progrès continus : déborde le Stockhoud que, déjà, elle a passé à Ongly, en face de Sokoul,
dans la région où la rivière se rapprochant jusqu'à 6 ou 7 kilomètres du Styr, forme une sorte
d'isthme. Mais les Allemands, commandés par le maréchal Hindenburg, accumulent les défenses et
les canons afin de rendre imprenable Kovel : une grande bataille est engagée là et se prolonge.
En Galicie, le mouvement de retraite du général autrichien Bothmer continue. Au-delà du
Dniester, l'ennemi se retranche dans de fortes positions pour couvrir la voie ferrée de Stanislau.
Dans le Caucase, à l'ouest d'Erzeroum, les Russes ont repris d'assaut la ville de
Mamahatoum: au cours de leur retraite, les Turcs ont mis le feu à la ville. Nos Alliés ont également
enlevé d'assaut la ville de Bayburt, important point stratégique sur le théâtre de guerre avancé
d'Arménie.
En Macédoine.
Quelques escarmouches sont signalées : quelques bataillons bulgares qui passaient à
l'offensive ont été facilement refoulés. Notre armée reste à peu près immobile, par 40° de chaleur
à l'ombre, dans la plaine du Vardar.
(3) 10 juillet : Les troupes britanniques s’emparent de Cantalmaison
- 42 (3) 14 juillet : Les Britanniques passent à l’attaque sur un front de 6 kilomètres et
s’emparent de Longueval, à 19 kilomètres de Péronne, le 27.
(1) 16 juillet, Les Russes prennent Cernowitz
Du lundi 17 juillet 1916 (716ème jour de la guerre) au dimanche 30 juillet 1916 (729ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Nous sommes revenus à la guerre de tranchées, dure et âpre. Nos alliés britanniques, dans
leur secteur de Picardie, malgré des pluies abondantes qui empêchent les grandes opérations,
poussent leurs incursions sur un front de 3 kilomètres au sud d'Armentières et continuent une
lutte difficile devant chaque bois et chaque ferme, se heurtant à des forces importantes et
tenaces. Le butin qu'ils ont récapitulé est considérable : 189 officiers (dont plusieurs officiers
supérieurs) et 12 000 soldats faits prisonniers, 113 pièces d'artillerie, une quantité énorme de
munitions et du matériel de toutes sortes, sans compter ce qui a été détruit; ce qui n'est pas moins
intéressant, ce sont les documents trouvés à la Boisselle (rapports des chefs des unités allemandes
engagées là). Ces rapports révèlent des pertes effroyables : une compagnie était réduite à 12
hommes, un bataillon ne comprenait plus que 24 hommes.
Sur notre front d'attaque de cette même région de Picardie, il n'y a qu'une série de
chicanes : notre avance est d'un kilomètre de profondeur sur 5 de front. Au nord de la Somme, de
gains en gains, notre ligne est portée le long du chemin de fer à voie étroite de Combles à Cléry; au
sud, notre offensive persiste sur plus de deux lieues. Nous avons pris à l'ennemi 3 000 hommes, 30
officiers, des canons et des mitrailleuses.
Sur les autres parties du front, dans l’Aisne, la Champagne et l'Argonne, aucun fait
important : rencontres de patrouilles, tentatives allemandes contre quelques tranchées, menus
faits divers de la guerre; partout l'avantage nous est resté. On sait que nos amis les Russes
occupent une partie du front de Champagne.
Le front de Verdun, par l'ampleur de la tragédie qui s'y déroule depuis cinq mois, reste
l'objet de nos principales préoccupations : sur la rive gauche de la Meuse, le bombardement
continue dans les régions d'Avocourt et de Chattancourt; sur la rive droite, nous progressons à
l'ouest de l'ouvrage de Thiaumont et nous enlevons un ouvrage fortifié au sud de Fleury.
Un raid de 3 zeppelins sur la côte orientale anglaise a été entravé par le brouillard : 32
bombes ont été lancées sans faire ni blessés, ni dégâts matériels. D'autres bombes sont tombées à
la mer.
Sur le front italien.
Les Italiens consolident leur conquête du mont Cimone, malgré les nombreux assauts des
Autrichiens. Dans le bassin d'Asiago et contre la ligne italienne Spera-Strigno, l'artillerie des
ennemis est violente. Il apparaît, d'ailleurs, que les effectifs de ces derniers se réduisent peu à
peu dans le Trentin, non pas seulement du fait des pertes normales que les troupes subissent au
feu, mais parce que la Galicie absorbe peu à peu toutes les resSources de la double monarchie. Il
reste cependant, de l'Adige à la Drave, beaucoup de canons ennemis et de troupes techniques,
force mitrailleuses surtout, sans parler des habiles «chasseurs impériaux» du Tyrol.
Sur l’Isonzo duels d'artillerie, surtout à l'ouest de Gorizia.
Sur les fronts russes.
L'offensive russe s'est étendue sur l'ensemble du front de 1 300 verstes; elle ne sévit pas
uniformément sur une envergure aussi vaste : de grands secteurs d'accalmie s'intercalent entre les
foyers de l'offensive générale. L'emploi de la cavalerie aggravé les échecs ennemis.
Les Allemands, en Courlande, après avoir reculé le long de la rive sud du golfe de Riga, à
l'ouest, et presque jusqu'à l'Eckau, au sud, se maintiennent devant l'armée de Kouropatkine : cette
altitude défensive est fort éloignée de la menace de Pétrograd lancée il y a quelques mois. Mais une
grande activité des bâtiments légers et des sous-marins allemands, à l'ouest des golfes de
Finlande, de Riga el de Bothnie même, est signalée; la flotte russe ne reste pas inactive non plus. Un
petit combat dans la Baltique orientale montre que les opérations maritimes ne sont pas
abandonnées.
- 43 Entre le Niémen et le Pripet, les ennemis luttent avec énergie pour conserver le grand
noeud de chemins de fer de Baranovitchi.
En Galicie, Brody a été pris par nos Alliés sans grande préparation d'artillerie, grâce à
l'élan de l'infanterie russe : l'état-major d'une armée autrichienne se trouvait à Brody, point de
jonction important, 82 kilomètres séparent Brody de Lemberg (Lwoff), mais cette distance
présente un terrain très accidenté, organisé et miné: une lutte acharnée et sanglante y est prévue.
Plus au sud, les Russes continuent à progresser à travers les Carpathes qu'ils ont abordées
sur différents points : leur cavalerie a franchi déjà les passages de Kimpolung et trois colonnes
d'infanterie pénètrent dans la Hongrie.
Sur le front du Caucase, la situation de nos Alliés est des plus satisfaisantes : pour assurer
leurs communications entre Erzeroum et Trébizonde, les Russes se sont emparés de Baïcourt, puis
de Erzindjian et des dépôts de fusils, revolvers, armes blanches, munitions, pétrole et benzine qui
s'y trouvaient. La voie est donc libre entre les deux bases essentielles des Russes dans cette
région.
Dans les Balkans.
Les Serbes ont entrepris des opérations méthodiques ayant pour but de chasser les
Bulgares des positions qu'ils ont conquises à 10 ou 12 kilomètres au sud de la frontière, en
territoire grec : une série de hauteurs ont été occupées par les Serbes qui se sont maintenus dans
leurs positions, malgré le feu d'artillerie et les contre-attaques de l'ennemi.
Le gouvernement hellénique ayant été informé qu'une grave épidémie de choléra sévit
parmi les troupes bulgares, a ordonné aux autorités de Macédoine de prendre les mesures les plus
sévères pour empêcher la propagation de l’épidémie sur le territoire grec: une surveillance très
étroite est exercée sur les déserteurs bulgares de plus en plus nombreux qui passent la frontière
grecque de Macédoine.
(2) 27 juillet : Au cours de la bataille de la Somme, les Britanniques prennent Contalmaison,
progressent rapidement vers Péronne et s’emparent de Longueval.
(1) 30 juillet, à Bruges, les allemands fusillent un officier français, le capitaine Fryatt.
Allemagne :
(1) 20 juillet, le général von Hindenburg devient commandant en chef des troupes du front
Est.
Paris :
(1) 21 juillet, la fête nationale belge est célébrée pour la 2ème fois à l’étranger.
Turquie :
(1) 27 juillet, les Russes prennent Erincan
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Du lundi 31 juillet 1916 (730ème jour de la guerre) au dimanche 13 août 1916 (743ème jour).
Sur les fronts belge et français
Il semble que pendant: cette, quinzaine, une certaine accalmie se soit produite sur le front
français, sauf du côté de Verdun; mais l'ensemble de notre pression n'a faibli nulle part : du côté
d'Ypres, une attaque allemande a été repoussée; un corps allemand, nouvellement arrivé, a tenté de
sortir de ses tranchées, il a été arrêté net par nos tirs.
- 44 En Picardie, nos alliés britanniques, traversent une période
d'attente : ils se renforcent sur leurs nouvelles positions ne se
livrant qu'à de petites opérations, mais, leur grosse artillerie ne
reste pas inactive à Pozières et Thiepval (villages situés entre
Albert qui nous appartient et Bapaume que tiennent les Allemands)
et son action intensive prépare une nouvelle attaque. Dans le
secteur français, notre infanterie qui, dans le but d'organiser, les
Tués anglais (photo allemande)
positions conquises, avait légèrement ralentit son activité et dont
les opérations avaient été entravées par le mauvais temps et le brouillard, est rentrée en action de
la façon la plus brillante: elle s'est emparée de Maurepas et s'est avancée jusqu'au nord de Gléry,
approchant ainsi: de Péronne (aux mains des Allemands) par le nord; c'est un gros succès, la
troisième ligne allemande étant atteinte
Une recrudescence d'action s’est produite autour de Verdun, et c'est nous; qui avons gardé
l'offensive; après la reprise de Vaux-le Chapitre, le Chenois, nos troupes, ont eu à subir de
violentes contre-attaques contre les positions nouvellement reconquises, contre-attaques arrêtées
par nos tirs de barrage; dans le secteur de Fleury nous avons continué notre progression, reprenant
le village et la redoute de Thiaumont, nouvelle, lutte acharnée : la position perdue, par les
Allemands vient de nous être reprise, il est certain que la lutte va continuer, acharnée, sur tout ce
front nord de Verdun.
Au seuil de la troisième année de guerre, le Président de la République a adressé aux
armées une lettre, dans laquelle il a glorifié la bravoure de nos soldats et de leurs chefs et mis en
lumière la supériorité actuelle des Alliés; le généralissime Joffre a lancé un ordre du jour se
terminant par ces mots: « la Victoire est certaine! »
Sur le front italien.
Cette quinzaine a été marquée par une brillante victoire de l'armée italienne : sur le front
de l'Isonzo, la ville de Gorizia est tombée aux mains de nos Alliés, qui continuent leur offensive de
manière à prendre le Carso par le nord en même tenons que par l'ouest et le sud. Les pertes
autrichiennes sont considérables. : aux 15000 prisonniers, il faut ajouter une quarantaine de mille
hommes disparus, blessés ou tués. Les Italiens menacent aujourd'hui aussi bien la route de Trieste
que celle de Laïbach et maîtres de tout le bas Isonzo, ils investissent Tolmino.
Sur le front du Trentin, accalmie : la lutte d'artillerie seule se poursuit.
Sur le front russe.
Le maréchal de Hindenburg a été nommé chef suprême de toutes les armées allemandes et
autrichiennes du front russe : il a multiplié en vain ses tentatives contre les armées de
Kouropatkine, surtout dans la région de Riga.
C'est par un cri de triomphe que les communiqués russes ont annoncé la chute de toute la
ligne de la Strypa après sept semaines d’efforts combinés des armées, placées sous le
commandement du général russe Broussiloff : Stanislau et toute la ligne austro-allemande en avant
de Tarnopol a croulé. D'autre part, les armées russes qui, ont franchi le Sereth pressent la
retraite générale des ennemis. Ce mouvement a conduit nos Alliés jusqu'aux environs de Jezierna
(importante station sur la voie ferrée de Tarnopol à Lemberg) et à Narvona dont ils se sont
emparée (sur le chemin de fer d'Elliatyn-Stanialau). La victoire russe est donc complète du Pripet
au Dniester.
Sur le front de Salonique.
Une action locale, très brillamment conduite, a permis à nos troupes de première ligne à
Salonique d'enlever la gare de Doiran et une forte position; dite, cote 237, aux Bulgares; l'ennemi
abandonna de nombreux cadavres, tandis que nos pertes furent insignifiantes; le duel d'artillerie
- 45 est extrêmement violent dans ce secteur.
Dans les autres secteurs règne un calme complet, sauf sur la rive droite
du Vardar, ou des coups de canon, sont échangés.
Le général Sarrail étant chargé de coordonner les opérations de
l'ensemble des forces alliées dans la région de Salonique; le général Cordonnier
lui a été adjoint, sur sa demande, pour commander directement les divisions
françaises: le général Cordonnier a rejoint son corps.
Gal Cordonnier
(3) 25 juillet : Les troupes russes du général Ioudénich sr’emparent d’Erzincan (Arménie)
(3) 25 juillet : L’Etat-major roumain propose d’orienter son offensive vers la Transylvanie
mais demande que la Russie envoie ses troupes dans la Dobroudja pour protéger le pays d’une
attaque bulgare
(3) 28 juillet : Les troupes austro-hongroises sont obligées d’évacuer Brody (Galicie),
laissant derrière elles 40000 prisonniers.
(3) 1 août : Bataille de Verdun ; les Allemands contre-attaquent à l’est de Fleury-devantDouaumont
(3) 4 août : Les Serbes lancent une offensive dans la région du lac Prespa
(3) 4 août : L’armée italienne lance une contre-offensive dans la zone de Monfalcone
(comté autrichien de Goritz). Elle prendra la ville le 9 juin
(3) 4 août : Les Britannique repoussent une attaque turque en direction du canal de Suez
(1) 4 août : Le général Broussilov lance une nouvelle offensive en Bukovine
(2) 4 août : Offensive serbe dans la région du lac Prespa en Macédoine.
(3) 5
de nouveau
(3) 6
(3) 7
(3) 9
août : L’armée allemande reprend Fleury-devant-Douaumont et Thiaumont et les perd
août : Les forces turques tentent sans succès une contre-offensive en Arménie
août : L’armée française lance une offensive entre Maurepas et la Somme
août : Les forces italiennes entre dans Goritz (Gorizia), sur l’Isonzo, dans le Frioul
(2) 8 août : En Italie, prise de Gorizia par la 3e Armée italienne sous les ordres du duc
d'Aoste après la sixième bataille de l'Isonzo
(3) 10 août : L’armée russe lance une offensive au sud du Dniestr et s’empare de Stanislau
(Galicie) puis avance vers les Carpates
(3) 10 août : Le ministère français de la Guerre propose la création à Chypre d’un corps de
réfugiés arméniens, encadrés par des officiers français
(3) 10 août : Les Russes s’emparent des positions ennemies devant Ternopol
(1) 12 août, accord austro-hongrois en vue de la création d’un état polonais
Du lundi 14 août 1916 (744ème jour de la guerre) au dimanche 27 août 1916 (757ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Pour ne point avoir l'élan et la violence des premiers jours de juillet l’offensive francoanglaise, sur la Somme, n'en continue pas moins sont action : elle est mesurée mais permanente, et
chaque jour marque pour nous et nos alliés une avance. Au nord comme au sud du fleuve, notre ligne
s'égalise : nos troupes ont enlevé le gros village de Maurepas, au nord de la Somme, avançant le
front de 200 mètres sur une longueur de 2 kilomètres; pendant ce temps, les Anglais s'emparaient
de la route de Flers. Ces deux mouvements sont une menace et nous approchent des points d'où
nous aurons vues sur l’ensemble de la région étendue jusqu'à Bapaume, aux deux côtés de la route
venant de Péronne.
Pour la première fois depuis longtemps, l'ennemi a engagé en Champagne, près, de Tahure,
une action d'assez large envergure : l'attaque a été refoulée.
Deux diversions, également enrayées, ont été tentées par les Allemands en forêt
d'Apremont et au sud de Saint-Mihiel.
La tenace offensive que nous menons depuis quelques jours sur le front de Verdun, et en
particulier sur la rive droite de la Meuse, nous vaut des résultats très appréciables : tout le village
de Fleury est rentré en notre pouvoir et, malgré de violentes contre-attaques, nous gagnons du
terrain à l'est de Fleury et menaçons à nouveau Thiaumont.
- 46 Les rapports des escadres anglaises de patrouille et d'autres unités établissent qu'il y a eu
une activité ennemie considérable dans la mer du Nord : la flotte allemande de haute mer est
sortie, mais devant les unités anglaises en force, elle a évité l'engagement et est retournée au
port; dans cette affaire, deux croiseurs légers anglais ont été perdus, les Allemands ont eu deux
sous-marins coulés. Le « sous-marin de commerce », le Deutschland est rentré en Allemagne, avec
une cargaison de caoutchouc, de nickel et d'or, affirmant que ses pareils pourront désormais briser
le blocus.
La presse anglaise, pour la première fois, parle de dirigeables britanniques plus rapides et
moins encombrants que les zeppelins : leur apparition dans la mer du Nord inquiète l'Allemagne.
(2) 24 août : Bataille de la Somme : les Français prennent Maurepas.
Sur le front italien.
L'activité italienne ne se ralentit pas : les Autrichiens ont essayé vainement de faire une
diversion sur le front du Trentin; ils ont été repoussés avec vigueur,
Sur l'Isonzo même et sur le Carso, l'avance de nos alliés est lente en ce moment, mais elle
n'en est as moins continue. Au nord de Goritzia, vers les sommets du Bainsizza (Monte-Santo,
Monte San-Gabriele, etc.) la résistance des Autrichiens reste acharnée : les troupes du duc
d'Aoste au sud de Tolmino et de la vallée de l'Idria essaient de briser cette résistance.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Italie a chargé le gouvernement fédéral suisse de
porter à la connaissance du gouvernement allemand que l'Italie se considère en état de guerre avec
l'Allemagne.
Gorizia.
(1) 17 août, au cours de la 6ème bataille de l’Izonso commencée le 6, les italiens prennent
(2) 27 août : Sollicité par les Alliés et pour renforcer sa position lors des négociations qui
doivent décider du partage de l’Empire ottoman, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.
Sur les fronts russes.
La caractéristique de la phase actuelle des opérations en Russie est la
réaction du bloc austro-allemand contre les progrès de son adversaire. Au front
nord, accalmie complète : le général Roussky qui commandait les armées russes, lors
de !a première prise de Lemberg et repoussa sur le Niémen la première offensive
allemande est nommé commandant en chef des armées russes du front nord; le
général Kouropatkine, que les critiques militaires qualifient de « temporisateur »,
est nommé gouverneur général du Turkestan ou l'état de siège est proclamé.
Gal Roussky
En Galicie et en Bukovine, le groupe des années russes de Broussiloft
marque un temps d'arrêt: Kadeline devant Kowel; Sakharoff sur la Strypa et le
Haut-Sereth, rencontrent de grandes difficultés. Hindenbourg a dirigé sur ces
points des soutiens empruntés à la région du Niémen et des troupes turques
venues en hâte sur les flancs des Carpathes. Les Russes ne cessent de harceler
l'adversaire pour lui ôter sa liberté de manoeuvre. De part et d'autre, il y a en
Gal Sakharoff
ce moment, un regroupement des troupes en présence.
En Arménie, sous la pression de l'ennemi, supérieur en nombre, nos alliés avaient reculé
pour attendre renforts et munitions; grâce à la voie Trébizonde-Baïbourt-Erzeroum, ils ont pu se
ravitailler, et dans la direction de Mossoul, s'emparer de deux régiments turcs.
La Roumanie se mettant du côté des Alliés, a déclaré la guerre à l'Autriche.
En Macédoine.
La bataille a gagné un front nouveau : les forces, alliées de l'armée d'Orient, augmentées
de contingents italiens et russes, ont pris étroitement contact avec les Germano-Bulgares sur toute
la ligne. L'ensemble du front balkanique peut être divisé en trois fronts bien distincts : le front
albanais allant de Vallona jusqu'au lac d'Okhrida; le front Korytza-Florina-Vodena; le front
Guevgtieli-Doïran, allant jusqu'au fort Boupel. Sur le front albanais, les Italiens ont en face d'eux
quelques milliers d'Autrichiens et groupements albanais commandés par des officiers autrichiens;
en outre, il existe à El-Bassan une petite force bulgare. Sur le front Korytza-Florina-Vodena, les
Germano-Bulgares occupent une ligne qui commence au lac Okhrida, traverse la route carrossable
- 47 de Korytza à Monastir et finit à Morihovo par les parties montagneuses. Sur le troisième front, les
Germano-Bulgares vont de Monastir à Demir-Hissar, au nord de Sérès.
Les Germano-Bulgares délaissent, le premier front, le front albanais, pour les deux autres
ayant plus de 200kilomètres, qu'ils essaient d'envelopper par un mouvement de leurs ailes : à
droite, sur la Strouma, en occupant Demir-Hissar et Sérés; à gauche, entre la Cerna et la
Moglienica, en essayant d'enfoncer l'armée serbe chargée plus spécialement de défendre ce
secteur. Après un repli de nos détachements d'ailes devant des forces supérieures, les Alliés ont
enrayé l'avance bulgare à gauche et à droite et ont légèrement progressé au centre.
La Chine et le Japon.
Le gouvernement japonais a envoyé trois bataillons d'infanterie et de mitrailleuses à
Tchen-Tchi-Tung, près de Moukden. où les Chinois excités par des émissaires allemands, se sont
livrés à une attaque sérieuse. L'attitude du gouvernement japonais dépendra de celle de Pékin.
(3) 15 août : En Afrique-Orientale Allemande, les forces britanniques et sud-africaines
avant sur Kilossa
(1) 16 août, L’armée Serbe réorganisée à Corfou entre en guerre contre l’Allemagne
(2) 17 août : Traité d’alliance entre l’Entente et la Roumanie signé à Bucarest : en échange
de son entrée en guerre contre l’Autriche, la Roumanie annexera la Bucovine, la Transylvanie et
le Banat
(3) 21 août : En Italie, le roi Victor Emmanuel III fait une entrée triomphale à Goritz
(Gorizia)
(3) 21 août : Le gouvernement allemand avertit que, pour faire face aux troupes alliés à
Salonique, les troupes bulgaro-allemandes occuperont provisoirement le territoire hellénique
(1) 22 août, offensive italienne à Salonique engageant 200 000 soldats.
(1) 24 août, Vénizélos appelle les Grecs à se soulever contre le roi Constantin et à se
ranger aux côté des alliés.
(1) 23 août, retour du 1er sous-marin allemand, le « Deutchland » en provenance de
Baltimore.
(2) 23 août : Sur le front des Balkans, l'armée bulgare bouscule les troupes serbes à
l'ouest du dispositif allié de Grèce.
(1) 24 août, à la suite des manisfestations du mois de mai Karl Liebknecht est condamné à
4 ans de prison.
(3) 24 août : Bataille de la Somme ; les forces françaises s’emparent de Maurepas
(3) 26 août : En Afrique-Orientale allemannde, les troupes britannique et sud-africaines
occupent Kilossa
(2) 27 août : La Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie. Après une offensive en
Transylvanie, rapidement enrayée, le pays se trouve isolé par 600 000 Austro-allemands appuyés
par les Turcs et les Bulgares. Bucarest tombe en automne et la Roumanie conclue un armistice.
L’invasion du pays par les Allemands met en difficulté le front russe méridional.
(1) 27 août, déclaration de guerre à l’Autriche-Hongrie.
(3) 27 août : L’Italie déclare la guerre à l’Allemagne
(3) 27 août : La Roumanie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie
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Du lundi 28 août 1916 (758ème jour de la guerre) au dimanche 10 septembre 1916 (771ème jour),
Sur les fronts Belge et Français.
L'offensive anglo-française, entravée par le mauvais temps, continue sur les deux rives de
la Somme. Sur la rive gauche, la bataille générale a atteint un développement considérable: nos
troupes ont enlevé; les points désignés par le commandement et nos alliés britanniques, sur la rive
droite, ont également progressé, par coups de main, en infligeant, aux allemands des pertes
considérables. Nous continuons, nos alliés et nous, à adopter la seule tactique actuellement possible,
c'est-à-dire la progression par bonds de l'infanterie, après une préparation intense d'artillerie et
- 48 suivie d'une organisation méthodique des positions conquises. De puissantes contre-attaques,
préparées par le maréchal Hindenburg et le Kaiser, affirment les critiques militaires, ont été
enrayées nettement, causant de lourdes pertes aux Allemands.
Devant Verdun, les Allemands paraissent renoncer à s'emparer de la place; les attaques
localisées de l'armée du Kronprinz ne semblent plus avoir pour objectif que de nous tenir en
haleine. Nous avons avancé hardiment sur Thiaumont; Vaux-Chapitre et le Chénois, déplaçant en
notre faveur la ligne ennemie; Notre supériorité croissante en hommes (l'Angleterre vient de lever
un nouveau million de recrues) et en moyens matériels permettant d'espérer une avance sur ce
point du front. La mise à la retraite du général von Falkenhayim chef de l'état-major allemand, et
son remplacement par le maréchal Hindenburg est le premier résultat de cette offensive française.
Sur le front italien
Sur le front de l'Isonzo (en Carniole), les Italiens poursuivent lentement, mais
méthodiquement, leur avance; le général Cadorna, pour être maître de la route de Trieste, doit
s'emparer des monts qui dominent Gorizia, au nord, opération très difficile : de même la prise de
Tolmino qui permettrait d'avancer vers Laibach nécessite de grosses et longues préparations.
Sur le front du Trentin, à la suite d'un violent bombardement effectué à l'aide de
nouvelles pièces d'artillerie d'une grande puissance, les Autrichiens ont dû évacuer Rovoreto.
De plus, les Italiens ont commencé à dessiner en Albanie un mouvement offensif parlant de
Valona, auquel la presse de la péninsule attache une importance capitale.
Sur les fronts russe et roumain.
Sur le front russe d'Europe, l'armée du général Roussky résiste victorieusement aux
attaques allemandes de Riga à Dvinsk (Dunabourg).
Au centre, les armées de Broussiloff refoulent méthodiquement les Austro-Allemands, leur
faisant de nombreux prisonniers.
En Roumanie, sur le front russe et le front ouest de nos nouveaux alliés, bien que les
détails fassent défaut, nous savons que le général russe Letchisky continue à avancer, ayant opéré
sa liaison avec les Roumains qui progressent en Transylvanie où ils ont occupé plus de cent localités.
Dans la Dobroudja, les Bulgares ont réussi à occuper à l'ouest, sur le Danube, la petite ville
roumaine de Tutrakaï (6 000 habitants) et quelques villages sur le littoral de la mer Noire, au sudest de Dobritch, ce qui n'empêche pas l'armée russe et ses auxiliaires serbes de traverser cette
province (sans voie ferrée du nord au sud sur 200 kilomètres de long) et de s'avancer vers la
frontière bulgare et Varna.
En Macédoine.
Sur notre front des Balkans, l'état est stationnaire : la lutte d'artillerie est intermittente.
Le silence s'est fait sur la « révolte » de Salonique des patriotes hellènes : l'incendie n'a
pas gagné Athènes. Devant cette ville, 30 navires de l'Entente ont fait une manifestation en vue
d'obtenir le résultat politique qui était indispensable aux Alliés pour que leur action militaire ne soit
désormais ni entravée, ni menacée : les postes et télégraphes sont remis entre nos mains et les
espions, dont la liste a été remise au gouvemement grec, sont expulsés.
(1) 28 aout, l’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie
(2) 28 août : L’Allemagne, puis la Turquie, déclarent la guerre à la Roumanie
(2) 28 août : En Allemagne, Von Falkenhayn est remplacé par le maréchal Paul von
Hindenburg à la tête de la Direction suprême de l'armée allemande
(1) 28 août, l’Italie déclare la guerre à l’Allemagne
(3) 28 aout : L’Allemagne déclare la guerre à la Roumanie, suivie le 30 par la Turquie
(3) 28 aout : Les troupes roumaines entrent en Transylvanie
(2) 28 août : Les troupes roumaines du général Averescu entrent en Transylvanie et
prennent Braşov.
(1) 29 août, le général von Falkenhayn est remplacé par le général von Hindenburg.
Devenant chef d’état-major, ce dernier prend la tête des forces armées, avec Erich Ludendorff
pour adjoint.
- 49 (3) 29 août : En Allemagne, le maréchal von Hindenburg remplace Erich von Falenhayn
comme chef d’état-major général de l’armée, et Erich Ludendorff reçoit le titre de premier
quartier-maitre général
(3) 29 août : Le général August von Mackensen est nommé commandant en chef du front
de Galicie, de Hongrie et des Balkans
(3) 30 août : Création à Salonique d’un comité de Défense nationale favorable aux Alliés.
(3) 30 août : Dans la période, un rapport secret sur les massacres d’Arménie du pasteur
Lepsius est publié en Allemagne. Après l’intervention de l’ambassadeur turc, la censure interdira la
réimpression et la diffusion du document
(1) 1er septembre, La Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie
(2) 1er septembre : La Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie
(3) 1 septembre : La Bulgarie déclare la guerre à la Roumanie, entrée dans le conflit au
mois d’août
(3) 1 septembre : L’Allemagne renonce à priver la Suisse de son charbon et obtient en
échange d’importantes livraisons de bétail
(1) 2 septembre, le général Ludendorff met au point l’offensive de Verdun.
(1) 2 septembre, L’Allemagne propose aux Etats-Unis, un projet de paix. W. Wilson,
candidat à l’élection présidentielle décline l’offre à l’approche des élections.
(3) 3 septembre : La VIème armée française (Fayolle) lance une offensive entre Maurepas
et la Somme et enlève Cléry, à 6 kilomètres de Péronne
(3) 4 septembre : En Afrique Orientale allemande, les Alliés occupent Dar-es-Salam
(1) 4 septembre, Occupation de Dar es-Salam (Tanzanie) par les britanniques.
(1) 4 septembre, Les troupes françaises enlèvent les villages de Cléry et de Forest.
(3) 5 septembre : Les troupes russes du général Tcherbatchev attaquent l’armée
allemande à Horozenka, faisant 4500 prisonniers
(3) 9 septembre : Le général Alexeïev refuse de porter à 200000 hommes les forces
russes dans la Dobroudja comme le demandent les Britanniques et les Français afin de faciliter
l’offensive roumaine.
Du lundi 11 septembre 1916 (772ème jour de la guerre) au dimanche 17 septembre 1916 (778ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Sur le front de Picardie, nos progrès s'accentuent. Au nord de la Somme, les troupes
françaises avancent sur Combles enserrée au sud et au sud-est; elles s'emparent de Bouchavesnes,
le long de la route de Péronne à Béthune, où nous élargissons nos conquêtes, pendant que les
Allemands s'épuisent en vaines contre-attaques. Les troupes britanniques avancent de trois
kilomètres sur un front de dix kilomètres : le nombre des prisonniers faits par nos Alliés dépasse
6000, et le matériel de guerre pris par les Anglais est considérable.
Devant Verdun, nous continuons à progresser dans le bois de Vaux-Chapitre : dans cette
direction, l'ennemi est refoulé à quatorze ou quinze cents mètres du fort de Souville et à mille
mètres de la Chapelle-Sainte-Fine. Le Président de la République, accompagné du ministre de la
Guerre, du général Joffre, des généraux Pétain et Nivelle, des chefs des missions militaires des
pays alliés, est allé remettre à la ville de Verdun la Légion d’honneur et les décorations qui lui ont
été attribuées par les Etats de l'Entente. « Pendant des siècles, sur tous les points du globe, s'est
écrié M. Poincaré, le nom de Verdun continuera de retentir, comme une clameur de victoire et
comme un cri de joie poussé par l’humanité délivrée. »
Le maréchal de Hindenburg et le nouveau chef d'état-major, général
Ludendorff, ont réorganisé l'armée allemande du front occidental, divisé en
trois secteurs : celui du nord et du nord-ouest a, comme chef, l’archiduc
Albrecht de Wurtemberg; celui de la Somme est commandé par le prince
Ruprecht de Bavière; le secteur de Verdun continue d'avoir à sa tête le
kronprinz.
Les aviateurs anglais et français affirment de plus en plus leur
- 50 supériorité : ils ont bombardé les hauts fourneaux d'Utkingen et de Romback,
Albrech de
et les usines de la région de Mondelingen, ainsi que les voies ferrées au sud de
Wurtemberg
Metz.
A la Chambre française, M. Briand a lu un exposé sincère de la situation politique et
militaire de l'Europe au vingt-sixième mois de la guerre. « Les développements sur les différents
théâtres d'opérations, dit-il, montrent que les Alliés ont pris désormais sur l'ennemi un ascendant
que la coordination soutenue de leurs efforts ne peut qu'accentuer. » M. Ribot, ministre des
Finances, a fait voter, à l'unanimité, un nouvel emprunt. A relever dans sa déclaration : « Je remets
le succès de l'emprunt avec une confiance absolue au pays tout entier, sans distinction de classes,
riches et pauvres comprendront, aujourd'hui comme hier, quel est leur devoir et l'accompliront
joyeusement. » A la fin de l'année, nos dépenses s'élèveront à 61 milliards.
Sur le front italien.
Les Italiens avancent toujours lentement, mais victorieusement. Un nouveau bond en avant
a été réalisé de l'est de Gorizia à la mer; mais la pluie, qui tombe abondamment en quelques
endroits du front, cause des inondations et arrête l'élan de l'infanterie.
Vingt-deux avions italiens ont effectué un brillant raid sur Trieste, bombardant avec
efficacité l'arsenal du Lloyd.
Sur les fronts russe et roumain.
La semaine a été caractérisée par la continuation heureuse de l'offensive que les armées
russes de Broussiloff ont reprise sur tout le front : les efforts de nos Alliés se sont portés
particulièrement dans la direction d'Haliez, d'une part, et dans les Carpathes, d'autre part. Les
premiers ont obligé la droite de l'ennemi à un nouveau repli et à attirer au nord du
Dniester une bonne partie des forces adverses qui semblaient devoir être dirigées
sur la Transylvanie : dans cette opération, les Russes ont fait 10 000 prisonniers. Par
ailleurs, dans les Carpathes, la jonction entre la gauche russe et la droite roumaine
du général Iliesco s'est effectuée normalement, et les nouveaux Alliés attaquent, en
coopération intime, le groupement austro-allemand qui tient encore la crête
Gal Iliesco
frontière dans la région de Kirliba.
Les Roumains continuent à escalader les Alpes de Transylvanie et à occuper les localités.
Sur le front du Caucase, l'activité des Kurdes hostiles continue : dans la direction de Bitlis,
les éléments avancés russes, refoulent l'ennemi. Dans les régions du littoral, la gelée a fait son
apparition; la neige tombe par endroits.
Sur le front de Salonique.
Dans le secteur qu'occupent les troupes serbes, à l'ouest du lac d'Ostrovo, nos Alliés
refoulent les Bulgares en déroute et poursuivent leur marche en avant avec rapidité : ils ont
traversé la rivière Brod, à 10 kilomètres au nord-est de Florina.
Sur la rive gauche du. Vardar, les troupes britanniques ont livré aux Bulgares et Allemands
de ce secteur un violent combat et ont pris Macukovo.
Sur la rive droite du Vardar, les troupes françaises ont enlevé des tranchées ennemies sur
un front de 1 500 mètres et 800 mètres environ de profondeur.
Les Bulgares ont exigé la reddition de Cavalla sur la mer Egée, et l’éloignement de l'armée
grecque. Conformément aux ordres donnés par l'état-major grec, Cavalla s'est rendue. L'émotion
est très grande dans les milieux patriotes grecs.
Une crise ministérielle, rapidement résolue, porte au pouvoir M. Callogeropoulos, classé
parmi les adversaires de M. Venizelos, mais, dit-on, favorable à l'Entente.
(3) 12 septembre : Le général Sarrail donne l’ordre d’attaquer sur un front allant du Vardar
au lac Ostrovo
(3) 12 septembre : Bataille de la Somme ; l’armée française s’empare de BouchavesnesBergen
(3) 12 septembre : Devant la difficulté de concilier les exigences des Alliés et le maintien
de la souveraineté nationale, le Premier ministre grec Zaïmis démissionne
(3) 12 septembre : La garnison grecque de Cavalla se rend sans résister aux Bulgare
- 51 -
Trotski
(3) 12 septembre : Le ministre de l’Intérieur Malvy ordonne l’expulsion de France de
(3) 12 septembre : L’armée italienne lance une offensive dans le Carso oriental
(3) 12 septembre : Les troupes bulgaro-allemandes de vo Mackensen lancent une offensive
à l’est de Silistraie.
(2) 13 septembre : Le général Joffre, qui a toujours un œil sur Verdun demande à Pétain et
à Nivelle, de préparer sur la rive droite la reprise des forts de Vaux et de Douaumont.
(2) 14 septembre : Les troupes bulgaro-allemandes d'August von Mackensen lancent une
offensive à l’est de Silistra contre la Roumanie
(1) 14 septembre, début de la 7ème offensive sur l’Izonso
(2) 14 septembre : Offensive italienne dans le Carso oriental.
(1) 15 septembre, le britanniques engagent les premiers tanks sur le front de la Somme.
(2) 15 septembre : Première utilisation des chars (tanks) par l'armée britannique.
(3) 15 septembre : Bataille de la Somme ; les britannique passent à l’offensive et
s’emparent de Flers, à 15 kilomètres de Péronne
(1) 16 septembre, Raymond Poincaré et Lord Asquith reconnaissent le gouvernement
provisoire tchèque.
Du lundi 18 septembre 1916 (779ème jour de la guerre) au dimanche 24 septembre 1916 (785ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Notre offensive dans la Picardie se poursuit énergiquement, et liaison étroite avec l'armée
britannique. De nouveaux points de départ nous ont été assurés cette semaine par de petites
opérations de détail fructueuses aux abords de Combles : les forces toujours grandissantes des
Anglais et des Français ont enlevé des positions successives que la presse allemande qualifiait «
d'imprenables » et de « vitales ». La lutte d'artillerie se poursuit avec une grande intensité; mais
nos troupes se meuvent sur un terrain détrempé par les pluies et presque impraticable et raviné de
trous d'obus, ce qui rend toute action d'ensemble impossible pour le moment. Notre quartier
général a publié le chiffre total des prisonniers que nous avons capturés, avec nos alliés
britanniques, depuis le 1er juillet, date de l'offensive, soit 55 000 hommes.
Nos opérations aériennes obtiennent le plus grand succès : notre aviation d'observation
empêche l'ennemi de survoler nos positions; notre aviation de bombardement lance des obus sur les
établissements ennemis en Belgique, dans la région de la Somme, au nord de Soissons, sur les gares
de Fins, Roisselle, Herville, sur les usines militaires de Ludwigshafen, de Mannheim et sur les
fameuses usines Krupp, à Essen (Westphalie), dans un raid de 800 kilomètres.
Les avions allemands et une douzaine de zeppelins ont bombardé les côtes est et sud-est
de l'Angleterre : deux zeppelins ont été abattus.
Sur le front italien.
Sur tout le front, activité intermittente des artilleries, plus intense dans la vallée de
l'Astico (front du Trentin).
Sur le Carso (front de Trieste, l'ennemi a attaqué, avec des forces considérables, les
Italiens, au sud de Villanova et au nord-est de Montalcone : partout il a été repoussé avec de graves
pertes; la violence de ces actions est une preuve de l’importance que les Autrichiens donnent à la
possession de ces deux hauteurs que nos Alliés tiennent solidement.
Sur les fronts russe et roumain
L'état-major allemand amène des Turcs, devant Riga où les troupes en présence restent à
peu près dans l’inaction.
Tandis que sur les confins de la Bukovine perdue par l'Autriche, les Roumains bombardent
de concert avec les Russes, les contours de Dorna-Watra et du col de Borgo, une autre armée
roumaine pousse en Transylvanie, à 80 kilomètres de la frontière. Nos nouveaux Alliés, tiennent à
peu près un quart de la province hongroise,
- 52 -
x
Sur le front de la Dobroudja (mer Noire), les armées bulgaro-allemandes, placées sous le
commandement du maréchal Mackensen, sont désormais sur la défensive : l'ennemi s'est retranché
sur un front qui s'incurve largement vers l'ouest en approchant du Danube qu’il rejoint à une
quinzaine de kilomètres de Silistrie : nos Alliés paraissent désireux à leur aile gauche d'éloigner
l'agresseur de Tuzla comme ils l'ont éloigné à leur aile droite de Rachova,
Sur le front de Salonique.
Notre offensive se continue de façon heureuse malgré le mauvais temps qui entrave les
opérations sur tout le front. Après la prise de Florina par les troupes françaises, la défense
héroïque de Poroi par une compagnie italienne qui se sacrifie, les Alliés enregistrent la prise de
Kagmachalan par les troupes serbes et menacent Monastir.
(2) 18 septembre : Les Grecs se rendent sans résistance aux Bulgares à Kavala (Grèce).
(2) 19 septembre : Victoire belge à Tabora sur les troupes allemandes de l'Est africain
allemand.
(3) 22 septembre : Le prince Nicolas, frère du roi Constantin arrive à Pétrograd après être
passé par Londres, pour tenter de convaincre l’Entente que le souverain grec est injustement
soupçonné de sympathies proallemandes
Du lundi 25 septembre 1916 (786ème jour de la guerre au dimanche 1er octobre 1916 (792ème jour).
Sur les fronts belge et français
La grande bataille de la Somme est arrivée à émouvoir la presse Allemande officieuse « Les
résultats, écrit la Gazette de Voss, nous, obligent à considérer notre échec comme sérieux. » Les
troupes, franco-anglaises se sont emparées, cette semaine, de Combles, de Thiepval, et des
environs: les prisonniers, sont nombreux (plus de 30 000) et le butin comprenait plusieurs milliers
d’obus de 105 et de 150, des moyens d’éclairage et un nombreux matériel du service de santé; les
villages étaient littéralement plein de cadavres allemands.
En Champagne, dans la région de la Butte du Mesnil, l'ennemi a tenté inutilement des coups
de mains consécutifs à de vifs bombardements. Un coup de main à l’Est de Tahure à également
échoué.
Les Allemands ont effectué un quarantième raid sur l’Angleterre : un zeppelin a été abattu
en flammes au nord de Londres.
Au Reichstag, le chancelier de Belhman- Holweg, dans un discours dont le but était de
répondre aux déclarations du président du Conseil, M. Briand, a montré l'Allemagne attaquée plus
furieusement que jamais et donné une note plutôt pessimiste; le chancelier a, de nouveau, accusé
l'Angleterre d'être l'instigatrice de la guerre.
Sur le front italien.
Tout le long du front, l'action de l'artillerie a été entravée par le mauvais temps
persistant : l'artillerie italienne a continué ses tirs de barrage sur le mont Cimone; l'artillerie
ennemie a été particulièrement active dans la zone de Gorizia et sur le Carso.
Sur les fronts russe et roumain.
Sur plusieurs points du front, les Russes ont repris leur activité offensive, notamment sur
la voie ferrée de Brody à Krasné, c'est-à-dire sur la ligne qui conduit de Rovno à Lemberg. Cette
offensive est soutenue par d'autres opérations plus au sud sur la ligne de Tarnopol à Lemberg
jusqu'aux rives de la Zlola-Lipa.
Les contingents austro-allemands, commandés par le général von Falkenhayn en personne,
adjoint au général Mackensen ont attaqué une partie de la première armée roumaine dans les Alpes
de Transylvanie : la pression roumaine continue cependant à s'exercer avec force à l'ouest; mais
cette collaboration de deux des principaux chefs d'armée allemandes démontre l’importance des
événements prochains autour des frontières roumaine, au long de la courbe elliptique dessinée par
ces frontières au tracé des Alpes de Transylvanie et du Danube. L’offensive allemande affecte les
défilés qui donnent accès à la fois à la vallée de l'Oltu vers le Danube et à la route de Bucarest.
- 53 En Dobroudja, les Roumains ont attaqué sur tout le front et ont
repoussé le centre et le flanc droit ennemi.
A la Chambre hongroise des députés, les attaques dirigées contre le
gouvernement viennois ont été empreintes d'une violence extraordinaire:
l'opposition a élevé une protestation contre le fait que les troupes hongroises,
opposées aux Russes ou aux Roumains, sont, encadrées par des éléments
purement, allemands. L'empereur François-Joseph a autorisé la convocation
du Reichstat, à Vienne.
François-Joseph
Sur le front de Salonique.
Sur la rive gauche de la Strumo les troupes britanniques, après une forte préparation
d'artillerie, ont enlevé plusieurs villages fortifiés, près de la route de Sérès.
Du lac Doiran au Vardar, canonnade intermittente.
Dans la région de Kaimakalan, les troupes serbes ont occupé Kotchevei, malgré le brouillard
qui gène les opérations.
Des avions français ont opéré la liaison des armées d'Orient par la voie aérienne; Partis de
Salonique, ils sont arrivés à Bucarest, après avoir survolé Sofia où ils ont lancé avec succès des
bombes.
Les adhésions au mouvement national, en Grèce, pour combattre aux côtés des troupes de
l’Entente deviennent de plus en plus nombreuses : les îles grecques sont acquises au gouvernement
provisoire formé par le triumvirat Venizelos, amiral Coundourioslis, général Panatotis Danglis. Le
gouvernement du roi Constantin cherche à s'opposer par tous les moyens à l'extension du
mouvement; les réunions publiques sont interdites à Athènes.
(3) 25 septembre : Bataille de la Somme ; les français et les britanniques s’emparent de
Combles à 12 kilomètres de Péronne
Péronne.
(2) 25 septembre, Somme : Français et Britanniques prennent Combles, à 12 km de
(3) 26 septembre : Eleuthérios Vénizélos forme en Crète un gouvernement provisoire
favorable aux Alliés
(1) 28 septembre, David Llyod George déclare : « Nous devons nous battre jusqu’à la chute
totale des allemands. »
(1) 29 septembre, les forces allemandes occupent Hermannstadt (Roumanie)
(3) 30 septembre : Les forces bulgares sont forcées d’abandonner leurs positions dans le
massif du Kaïmakchalan
(1) 1er octobre, en France, lancement du 2ème emprunt pour la défense nationale.
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Du lundi 2 octobre 1916 (793ème jour de la guerre) au dimanche 8 octobre 1916 (799ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Dans la région de Dixmude et sur l’Yser, au sud de cette ville, se sont déroulés des duels
d'artillerie; la lutte entre les batteries de campagne et de tranchées a été vive vers Steenstraete
et Boesinghe.
Le mauvais temps empêche les Alliés de reprendre leur action offensive sur une grande
échelle en Picardie; cependant leur artillerie crache sans arrêt du fer et du feu sur les
organisations allemandes : nous avons, actuellement, gagné les vues dominantes sur tout le terrain
qui s'incline vers Bapaume.
L'ennemi opère d'importants mouvements de troupes et de matériel dans la plaine de la
Woëvre, qui relie Saint-Mihiel à Metz et où il a construit une voie verrée. Nos canons lourds
installés sur les côtes de Meuse que nous tenons depuis les Eparges jusqu'à la forêt de la Montagne
fouillent ce large espace.
Sur le front italien.
- 54 Les communiqués du général Cadorna ne signalent que d'intenses actions d'artillerie à Sano
(vallée de l'Adige), à Forni Avoltri (Haut- Degano), Timan et Paularo (bassin du Bul) et à Gorizia.
L'artillerie italienne a bouleversé les lignes ennemies sur le Carso.
Le commandement signale l'avance italienne en Albanie : des détachements de cavalerie,
partant de Argyro-Castro ont occupé Gioguoati etTepisoopi, dans la vallée du Drinos-Vojussa,
tandis que d'autres détachements de cavalerie, partis de Delvino, établissaient une liaison avec le
poste d'Argyro-Castro.
Sur le front russe.
Les Russes continuent sur le front du Dniester au Pripet une offensive que les Allemands
qualifient de « forcenée ».
La Galicie reste le théâtre d'événements importants; entre Loutzk et Vladimir Wolinsky,
les Russes font une telle dépense de munitions d'artillerie que cette recrudescence de leur
offensive inquiète l'ennemi. Le général Broussiloff manœuvre sur les lignes autrichiennes de la
Gnita-Lipa, les dernières qui protègent Lemberg.
Sur le front roumain.
Les Roumains avancent plus lentement en Transylvanie : ils ont forcé à un retrait les
Austro-Allemands qui s'accrochaient sur les hauteurs de Fogaras et, plus au nord, dans la vallée du
grand Kokel.
En Dobroudja, l'aile gauche du général Averesco fait reculer l'armée de Mackensen, en
enlevant une forte position dans la région de la mer Noire, entre Tuzla et Mangalia.
De leur côté, les Russes progressent sur la droite, en suivant le Danube.
Les Roumains sont entrés en Bulgarie, en franchissant le Danube, entre Routschouk et
Turtukai vers Rahovo; mais ce n'était qu'une simple démonstration, sur un demi-cercle de 22
kilomètres environ.
En Grèce.
L'armée d'Orient poursuit ses succès : les Anglais, à l’aile droite, vont de l'avant après
avoir visiblement fatigué les Bulgares dans des affaires toutes locales, mais très vives à l'est de la
Strouma; ils tentent de couper les communications entre Rupel et Sérès.
Au centre, de chaque côté du Vardar, dans les parages de Doiran, sur la rive gauche, et de
Guevgeli première ville serbe sur la rive droite duels d'artillerie fréquents.
L’aile gauche serbe va de victoire en victoire, bien qu'elle ait devant elle plus du tiers des
effectifs bulgares. Après avoir battu les Bulgares à Kajmackcalan, les Serbes, entrant dans leur
patrie, ont poursuivi l'ennemi sur la ligne Petalino, Tcherna-Reka, Levareka et sont arrivés à Kenali,
sur la route de Monastir; les Français sont à la même hauteur. La Serbie libérée mesure maintenant
230 kilomètres carrés avec 7 villages et 45 kilomètres de frontière.
En Grèce, le ministère Calogeropoulos a donné sa démission, les représentants de
l'Entente refusant d'entrer en relations avec lui. Le roi Constantin consulte les hommes politiques
pendant que les ministres de l'Entente, dans un important conseil, prennent des décisions sérieuses
concernant la police et l'espionnage et que le mouvement national, à la tête duquel se trouve. M.
Venizelos, prend de l'extension.
(2) 3 octobre : Les troupes serbes lancent une offensive sur Monastir, en Macédoine.
(3) 3 octobre : Les troupes serbes lancent une offensive vers Monastir, en Macédoine
(3) 3 octobre : En Grèce, démission du gouvernement Calogeropoulos
(1) 5 octobre, les troupes bulgares sont battues à Monastir.
(1) 5 octobre, Les britanniques occupent 6 villages sur les bords de la Struma.
(2) 7 octobre : Les Allemands forcent les Roumains à évacuer la Transylvanie.
(3) 7 octobre : Les Allemands forcent les Roumains à quitter Szekely puis à évacuer la
Transylvanie
(3) 7 octobre : Bataille de la Somme ; les troupes françaises passent à l’offensive à
hauteur de la cote 123 vers le village de Sailly-Saillisel, à 13 kilomètres de Péronne
Du lundi 9 octobre 1916 (800ème jour de la guerre) au dimanche 15 octobre 1916 (806ème jour).
- 55 -
Sur les fronts belge et français.
Les artilleries française et anglaise poursuivent sur les deux rives de la Somme le
martèlement des ouvrages ennemis : la tactique alliée d'investissement des réduits de la résistance
allemande est menée avec une volonté implacable d'atteindre les objectifs fixés. Il suffit de jeter
les yeux sur la carte pour voir se dessiner chaque jour davantage sur l'Ancre l'investissement par
les Anglais, des positions adverses au nord de Thiepval; de même, nos lignes tendent à déborder
Péronne, ainsi qu'elles menacent Chaulnes d'encerclement déjà bien prononcé au nord-est.
Ce système d'enveloppement conduit aux centres allemands de premier ordre : Bapaume,
où rayonnent quatre routes, et Péronne, nœud de communications très précieuses.
Des mouvements de troupes ont lieu en Champagne et dans le secteur de Verdun.
Les groupes franco-britanniques d'avions continuent leurs prouesses hardies : Metz et les
usines Mauser d'Oberndorf (sur le Neckar), particulièrement visées, ont beaucoup souffert;
nombreux sont les avions allemands abattus au cours des actions engagées par eux pour défendre
leurs usines.
Sur le front italien.
Les Italiens ont remporté, sur le Carso, une victoire d'importance capitale : les Autrichiens
ont eu 20 000 hommes hors de combat et perdu une série de hauteurs puissamment organisées, sur
une profondeur atteignant par endroits 10 kilomètres. Les chocs principaux eurent lieu dans trois
secteurs d'inégale valeur : sur les pentes du Boîte, au nord-ouest de Gorizia, sur le front de la
Vertoibizza, entre la rivière Vippacco et l'est de Gorizia; enfin le grand heurt, celui dont les
conséquences stratégiques sont dès à présent énormes, s'est produit au sud-ouest d'Oppachiasella.
Une des plus solides barrières naturelles de la route de Trieste est tombée, et, d'autre part, les
Italiens immobilisent de plus en plus des forces autrichiennes considérables que le commandement
ennemi destinait à la Bukovine et à la Transylvanie.
Sur le front russe.
Les communiqués russes ne signalent que des petites actions locales d'infanterie et des
bombardements intermittents de l'artillerie. L'offensive russe sur le front allemand est
actuellement arrêtée.
Sur le front roumain.
L'impression générale est que le maréchal Hindenbourg prépare un gros effort contre la
Roumanie : les journaux neutres affirment que 600 000 hommes des Empires centraux sont
amassés pour écraser notre nouvelle Alliée. Sur le front autrichien et en Dobroudja, les armées
ennemies s'observent. Le passage du Danube, par les Roumains, et l'entrée en Bulgarie, simple
démonstration par quelques bataillons, n'a eu aucune suite.
M. Lloyd George, à la Chambre des Communes, résume ainsi l'impression des Alliés : « Il n'y
a pas le moindre doute que l'Allemagne concentré toutes ses forces pour essayer d'écraser la
Roumanie, comme la Belgique et la Serbie; les Alliés sont parfaitement d'accord sur la nécessité de
faire tous les efforts possibles pour protéger l'armée roumaine : je ne puis en dire davantage au
cours de ce débat. »
Le communiqué des armées russo-roumaines en Dobroudja affirme qu'une escadrille
ennemie a jeté sur Constantza, port roumain de la mer Noire, des bombes et des bonbons
empoisonnés avec des bacilles de choléra.
En Grèce.
Au nom des puissances de l'Entente, l'amiral Dartige du Fournet, commandant de la flotte
de l'Entente dans les eaux grecques, a exigé du gouvernement grec le désarmement de la marine
grecque, l'occupation française des batteries et des redoutes qui commandent la rade et la passe
de Salamine, l'occupation de deux des forts qui commandent le Pirée et le désarmement des autres
forts du port, l'interdiction pour les citoyens de porter des armes, l'interdiction d'envoyer en
Thessalie, du matériel de guerre, et l'occupation de la gare d'Athènes. Toutes ces conditions ont
été acceptées. M. Venizelos a procédé à la constitution officielle du gouvernement provisoire à la
- 56 tête duquel il est placé. Les représentants de l'Entente, le général Sarrail, les consuls de France,
d'Italie, de Russie, d'Angleterre, de Roumanie, de Belgique et de Serbie lui ont rendu visite. Le
gouvernement provisoire percevra les impôts, décrétera le service militaire, lèvera les équipages et
les troupes.
Sur le front de Macédoine, rien d'important à signaler : les patrouilles et les automobiles
blindées de l'Entente font des reconnaissances et quelques raids dans les tranchées ennemies.
(1) 9 octobre, l’ancien président du Conseil des ministres Vénizelos, proclame à Salonique,
la mise en place d’un gouvernement révolutionnaire contre le roi Constantin.
(2) 9 octobre : Eleftherios Venizelos constitue à Salonique un gouvernement provisoire
favorable aux Alliés.
(1) 9 octobre, attaque aérienne française sur Stuttgart.
(1) 9 octobre, début de la 8ème offensive d’Izonso.
(3) 9 octobre : L’Allemagne avertit les Etats-Unis qu’elle entend reprendre prochainement
la guerre sous-marine sans restriction
(3) 9 octobre : Les Serbes se rendent maîtres du Dobropolje Palina (Macédoine) et
atteignent la vallée de la Bella Zoda ; les troupes russo-française s’emparent de Kisovo et les
italiens de Premeti en Albanie
(3) 9 octobre : En Grèce, devant les hésitations du roi Constantin à prendre clairement
parti, Vénizelos constitue à Salonique un gouvernement provisoire, chargé d’organiser un corps
d’armée pour combattre aux côté des Alliées sur le front balkanique
(1) 10 octobre, guerre sous-marine : bilan désastreux pour les alliés.
(3) 10 octobre : Les troupes italiennes poursuivent leur offensive en direction de Trieste
(3) 10 octobre : Les forces française passent à l’attaque au sud de la Somme entre Berny
et Chaulnes
(3) 10 octobre : En Grèce, Lambros succède à Calogeropoulos. Le nouveau gouvernement
doit accepter le contrôle par les Alliés de la flotte grecque légère, des ports et des chemins de fer
(3) 13 octobre : A la suite d’activité déployées par les Allemands, la Norvège interdit
l’accès à ses eaux territoriales aux sous-marins, quelque soit leur nationalité
Du lundi 16 octobre 1916 (807ème jour de la guerre) au dimanche 22 octobre 1916 (813ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Nous avons pris, au nord de la Somme, l'importante position de SaillySaillisel; toute la semaine, l'ennemi a multiplié ses tentatives pour nous en
chasser. Nos tirs de barrage et nos feux de mitrailleuses ont, chaque fois, brisé
leurs attaques; les Allemands ont subi des pertes telles que le commandement
procède à un regroupement des unités. L'artillerie franco-britannique a repris le
bombardement méthodique des positions adverses, bouleversant les défenses
Gal Marchand
hâtivement construites, semant le désordre et détruisant les convois de
ravitaillement. Sur l'ensemble de ce front de la Somme et de l'Ancre, et particulièrement dans la
région de Chaulnes, nous progressons et atteignons les objectifs assignés par l'état-major de
l'Entente : Chaulnes est menacée et nous visons Bapaume. Deux généraux français ont été blessés;
le général Marchand, légèrement, et le général Sainte-Claire-Deville, plus gravement.
Sur le front italien.
Les communiqués du général Cadorna ne signalent cette semaine que des actions
d'artillerie, des rencontres d'infanterie, peu importantes, et quelques luttes d'avions : les pluies et
d'abondantes chutes de neige limitent les opérations.
Sur le front russe.
Sur le front russe, trois secteurs continuent à être le théâtre de combats relativement
violents; celui de Kiesseline (entre Loutzk et Vladimir-Volynski), celui de Halliez et celui de DornaVatra; ce sont les Allemands qui attaquent, laissent entendre les communiqués russes.
- 57 Sur les fronts roumains.
La situation sur les fronts roumains peut être résumée ainsi : le général allemand
Mackensen, lancé en Dobroudja, s'est heurté à une contre-offensive qui lui a repris d'un coup
vigoureux vingt-cinq kilomètres de terrain. Aussitôt, le général Falkenhayn, son adjoint, a attaqué
en masses compactes les armées roumaines entrées en Transylvanie, les a rejetées vers leurs
frontières en menaçant si bien celles-ci que nos Alliés sont obligés d'appeler sur leur front nordouest tout ce qu'ils peuvent distraire de leur front sud. Les troupes austro-allemandes de
Falkenhayn continuent les attaques et menacent les cols des Carpathes : pour le contenir, tout
l'effort de l'armée roumaine se porte de son côté et l'ennemi se heurte à une résistance presque
insurmontable. Mais l'armée de Mackensen reprend l'offensive : elle a fait plier l'aile gauche
roumaine de Dobroudja, d'abord, puis l'aile droite et le centre, légèrement.
Une conférence au cours de laquelle ont été examinées et réglées
diverses questions de l'action des Alliées en Orient a eu lieu à Boulogne entre les
principaux ministres français et anglais: le déplacement vers les Balkans du
principal effort allemand y a été largement envisagé. D'autre part, le général
Berthelot, du grand état-major français, accompagné de nombreux officiers, est
arrivé sur le front roumain.
Gal Berthelot
Sur le front de Macédoine.
A l'aile droite, les troupes britanniques ont conquis tout le terrain compris entre la rive
gauche de la Strouma et la voie ferrée, depuis Kaznaiar jusqu'à la hauteur de Sérès; leurs éléments
avancés ont franchi la voie ferrée à Prosenik et poussé vers l'est.
Au centre, les troupes françaises ont attaqué les positions ennemies à l'est de Guevguéli et
enlevé les premières lignes bulgares sur un front assez étendu.
A l'aile gauche, les Serbes ont livré de violents combats : la lutte a été particulièrement
vive sur le Dobropolje dont les Serbes se sont emparés.
Plus à l'ouest, les troupes franco-russes ont refoulé l'ennemi sur sa ligne principale de
défense.
Par suite des circonstances militaires générales, le théâtre des opérations dans les Balkans
tend à devenir de plus en plus important : Monastir est devenu pour le moment le pivot du front
balkanique et représente, toutes proportions gardées, le Verdun des Bulgares. Ceux-ci accumulent
les moyens de défense autour de cette ville.
De nouveaux et importants contingents de troupes italiennes ont débarqué à Salonique et
ont défilé devant le général Sarrail et le général Petiti, venus spécialement du front à cette
occasion.
L'agitation est toujours très grande à Athènes; le roi Constantin, qui avait préparé son
départ, a consenti à demeurer, sur les instances des membres de son nouveau ministère. D'autre
part, le gouvernement de la Défense nationale, que préside M. Venizelos, a notifié, au corps
consulaire et aux commandants alliés, sa constitution définitive; son ministre des Affaires
étrangères est M. Palitis, qui était directeur général des Affaires étrangères du gouvernement
royal.
(1) 16 octobre, début de la déportation de Belges en Allemagne pour des travaux forcés.
(1) 18 octobre, en France, arrestation du financier Rochette protégé du député Caillaux.
(1) 19 octobre, en Belgique, le cardinal Mercier déclare publiquement sont indignation
devant la déportation des travailleurs belges en Allemagne.
(1) 18 octobre, Vénizelos établit un gouvernement séparatiste à Salonique
(3) 20 octobre : Devant l’offensive allemande en Roumanie, Aristide Briand et les
représentants du gouvernement et de l’état-major britanniques décident de renforcer leurs
positions sur le front balkanique
(3) 22 ocotbre : Les troupes roumaines s’emparent de Constantsa sur la mer Noire
Du lundi 23 octobre 1916 (814ème jour de la guerre) au dimanche 29 octobre 1916 (820ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Sous l'averse continuelle, les combats dans les secteurs de la Somme deviennent
impossibles : les trous d'obus sont des étangs, les tranchées des canaux; dans cet état du terrain
- 58 beaucoup d'obus deviennent inoffensifs : l'explosion couvre d'eau et de boue. A la droite du front
français, les hommes sont dans un véritable marécage : il a fallu toute l'héroïque énergie de nos
troupes pour fortifier ce terrain. Sur le front anglais, les contre-attaques deviennent plus vives et
plus fréquentes et le feu de l'artillerie augmente d'intensité : les Allemands possèdent de nouveaux
canons à longue portée.
Sur le front de Verdun, après une préparation d'artillerie intense, nous avons attaqué sur
la rive droite de la Meuse : La ligne ennemie, sur un front de 7 kilomètres, a été crevée partout sur
une profondeur qui, au centre, atteint 3 kilomètres; le village et le fort de Douaumont sont en notre
possession. A gauche, nos troupes dépassant l'ouvrage et la ferme de Thiaumont, se sont emparées
des carrières d'Haudromont. Nous continuons notre avance sur Vaux. Les prisonniers affluent : le
nombre décompté atteint 3500 dont une centaine d'officiers. Les Allemands multiplient leurs
efforts pour reprendre pied sur nos conquêtes : six jours se sont passés pour eux en contreattaques, aucun avantage, pas même la prise d'un élément de tranchée n'a compensé un tel
acharnement.
En France, le deuxième emprunt de la défense nationale, clos le dimanche 29 octobre, a été
un succès : l'armée de l'Epargne a répondu avec empressement à l'appel du ministre des Finances.
Les résultats seront bientôt connus.
La marine allemande a effectué un raid avec dix destroyers contre le service de transport
britannique de la Manche : la tentative a échoué. Le transport vide, le « Queen » a été coulé et un
destroyer britannique est manquant. Deux destroyers allemands ont été coulés, les autres chassés.
La guerre allemande de torpillage a été intensifiée : de nombreux navires norvégiens et
suédois, notamment, ont été détruits.
Sur le front italien.
Les communiqués ne signalent que des combats locaux sans envergure. L'artillerie
autrichienne déploie une plus grande activité sur le plateau d'Asiago et dans la vallée de Sugana,
d'une part; et dans la zone à l'est de Gorizia et sur le Carso, d'autre part. L'artillerie italienne
répond avec une égale énergie.
Sur le front russe.
Une assez grande activité règne en Galicie. Entre Haliez et Prezany, la canonnade est
particulièrement acharnée : c'est là, en effet, que se sont groupées les forces allemandes les plus
denses. Pour donner une idée des renforts reçus par les Austro-Allemands depuis l'avance du
général russe Broussiloff, sur la partie du front indiquée plus haut et qui à vol d'oiseau, est
d'environ 120 kilomètres, il suffit de dire que sont arrivées successivement 14 divisions, dont 8
allemandes, 4 autrichiennes et 2 turques. Malgré la température si défavorable, des offensives
partielles sont alternativement engagées, tantôt par les Russes tantôt par l'ennemi, sur
différentes parties du front : les Russes bombardent principalement le rayon de Prezany et les
Austro-Allemands Stanislau; il semble que, de part et d'autre, les adversaires cherchent
mutuellement à se fixer et à se retenir sur place.
Sur le front roumain.
Sur le front de Transylvanie, les Autrichiens et les Allemands annoncent la prise du col de
Vulcan qui fait communiquer les hautes vallées de Giul, en Roumanie et du Styrji, en Transylvanie;
sur une largeur de plus de 100 kilomètres, les puissances centrales tiennent les crêtes et tous les
cols des Carpathes. Au sud de Brasso, elles continuent d'avance vers Kinipolung.
En Dobroudja, la retraite de nos Alliés s'accentue : Constanza est tombée aux mains des
ennemis (port sur la mer Noire, précieux pour nos Alliés, bien outillé, qui permettait les relations
constantes avec Odessa); mais les vivres et pétroles accumulés ont été sauvés ou détruits par les
Russo-Roumains. L'évacuation de Cernadova, sur le Danube, a suivi la prise de Constantza : c'est une
grosse perte pour les Roumains privés, en Dobroudja, de toute communication par voie ferrée. Mais
nos Alliés, dans leur retraite, ont détruit l'immense viaduc élevé de 40 mètres au dessus du grand
bras du Danube, se continuant ensuite sur près de 2 kilomètres, en franchissant des marais, des
lacs et un second bras du fleuve. L'état-major roumain espère ainsi que la barrière du Danube
restera aussi complète que par le passé. En Roumanie, la confiance absolue en l'issue de la lutte
- 59 reste inébranlable : le tzar de Russie a donné sa parole au roi de Roumanie que toutes les
resSources de l'empire russe seront mises en œuvre pour protéger nos Alliés; les renforts russes
commencent à arriver régulièrement à l'armée de la Dobroudja et à celle de la Transylvanie et sont
entrés en action. A 30 kilomètres de Constantza, les Russo-Roumains résistent énergiquement.
Sur le front de Salonique.
Aucun événement important à signaler : le mauvais temps gène les opérations.
L'aile gauche de l'armée d'Orient a atteint l'Albanie : la cavalerie a opéré sa jonction avec
celle des contingents italiens débarqués à Santi-Quaranta. Nos troupes ont occupé Koritza (à 23
kilomètres environ au sud-ouest du lac Prespa, en territoire albanais, centre aussi important pour le
ravitaillement et point d'appui d'une certaine valeur, par suite de sa situation géographique.
Le mouvement provoqué par la politique de M. Vénizelos prend de l'extension : la Thessalie
et l'Epire adhèrent au programme de la Défense nationale. Le gouvernement du roi Constantin,
désireux de conserver avec les puissances de l'Entente des relations courtoises, a porté à la
connaissance des journaux d'Athènes que toute publication injurieuse ou diffamatoire touchant les
Etats ou les représentants de l'Entente ou de nature à exciter des malentendus ou des incidents,
seront poursuivis.
(1) 23 octobre, une escadrille d’aviation austro-allemande bombarde Bucarest.
(2) 23 octobre : Le roi Constantin Ier de Grèce propose un désarmement complet des
forces grecques à condition que l’armée d'Eleftherios Venizelos ne soit utilisée que contre les
Bulgares.
(3) 23 octobre : En Grèce, le roi Constantin propose un désarmement complet des forces
grecques en échange de la suppression des mesures d’exception et de l’assurance que l’armée en
train d’être créée par Vénizélos ne sera utilisée que contre les Bulgares.
(3) 23 octobre : Bataille de Verdun ; les troupes françaises, menées par le général Mangin,
reprennent le fort de Douaumont et réoccupent jusqu’à Vaux le territoire conquis par les Allemands
depuis 8 mois.
(1) 24 octobre, les français reprennent le fort de Douaumont.
(2) 24 octobre : Les troupes françaises du groupement Mangin reprennent, en quatre
heures, le fort de Douaumont et réoccupent jusqu’à Vaux tout le territoire conquis depuis huit mois
par les Allemands.
(3) 27 octobre : Après avoir interpellé le gouvernement sur l’application de la loi Dalbiez
sur l’affectation des mobilisés, la Chambre des députés vote un ordre du jour prévoyant la lutte
contre les « embusqués »
(1) 28 octobre, à Paris, lors d’un débat à la Chambre, les députés demandent que soit faite
une meilleure utilisation des troupes
(3) Divers dates : En Afrique Occidentale française, sous la direction du roi Nikki CHabi
Prouka et du chef Bio Guéra, les Baribas s’insurgent dans la région du Borgou (Soudan central))
contre le recrutement forcé
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Du lundi 30 octobre 1916 (821ème jour de la guerre) au dimanche 5 novembre 1916 (827ème jour).
Sur les fronts belge et français.
Le mauvais temps rend difficile les opérations sur le front de la Somme, où les luttes
d'artillerie sont toujours très vives. Les troupes britanniques ont exécuté avec succès un coup de
main contre les lignes allemandes vers Arras.
Le 2 novembre, le fort de Vaux est redevenu français : la rentrée de nos troupes dans le
fort et dans le village de Vaux, puis dans le village de Damloup, après un bombardement écrasant,
méthodique et implacable, est la consécration éclatante de notre reprise du fort de Douaumont. Il
ne reste plus aux mains de l'armée du Kronprinz nulle parcelle des défenses fixes de l'immense
forteresse : la ligne que nous occupons aujourd'hui, sur la rive droite de la Meuse, passe
exactement par les mêmes points qu'elle passait le 24 février au soir du troisième jour de la
soudaine et formidable ruée allemande contre Verdun.
- 60 Sur tout le front, notre activité aérienne continue à s'affirmer : de nombreux avions
allemands sont abattus par nos escadrilles de chasse.
Sur le front italien.
Le généralissime Cadorna vient de réussir le quatrième coup de bélier porté depuis le mois
d'août contre le front-autrichien. Sur le front de Guilio, depuis Gorizia jusqu'à la mer, le long de
l'âpre lisière nord du plateau du Carso, un nouveau succès a été remporté par nos Alliés : les
positions de Castagnavitza sont investies. Les pertes austro-hongroises sont considérables : elles
sont estimées à quarante mille hommes dont dix mille prisonniers; plusieurs centaines de
mitrailleuses ont été capturées et retournées contre l'ennemi. De forts détachements de cavalerie
de l'armée du duc d'Aoste se trouvent à une vingtaine de kilomètres de Trieste. L'état-major
italien espère pouvoir prochainement bombarder les premières défenses de cette ville.
Sur le front russe.
La semaine qui vient de s'écouler est caractérisée surtout par une furieuse lutte
d'artillerie dans la zone de Riga; les deux adversaires ont mis en action leurs pièces du plus gros
calibre; ce duel à coups de feu est inauguré afin d'empêcher l'ennemi de procéder au
regroupement de ses contingents. Les Allemands procèdent actuellement sur le front septentrional
à une série de reconnaissances renforcées en y engageant souvent des bataillons entiers, afin de
chercher à utiliser les meilleurs endroits de la région pour y passer l'hiver, et résister aux
intempéries qui s'annoncent rigoureuses.
Les empereurs d'Autriche et d'Allemagne ont proclamé l'autonomie de la Pologne, sous la
forme d'une monarchie héréditaire : la désignation des frontières est réservée ainsi que
l'organisation et la direction de l'armée de ce nouvel Etat.
Sur les fronts roumains.
Les succès considérables remportés par les Empires centraux contre les Roumains dont
l'effet moral est sérieusement amorti par notre avance continue dans la Somme et à Verdun, et
celle des Italiens vers Trieste), se trouvent arrêtés par suite de la victoire roumaine dans la vallée
de Jiul. La résistance roumaine en Transylvanie semble arrêter les armées austro-allemandes de
Falkenhayn : les difficultés en face desquelles se trouve l'ennemi ne font qu'augmenter, car l'hiver
va diminuer fatalement la valeur de son principal atout, l'artillerie lourde à laquelle il doit surtout
sa supériorité; mais de gros renforts austro-allemands arrivent toujours.
En Dobroudja, pas de changement apparent : les communiqués laissent espérer que les
renforts russes arriveront à prendre la contre-offensive contre l'armée de Mackensen composée
d'Allemands, d'Autrichiens et de Turcs.
La mission militaire française, dirigée par le général Berthelot, fait preuve de la plus
grande activité : tandis que de nombreux officiels instructeurs se rendent sur divers points du
front où ils apportent l'expérience de la guerre moderne, d'autres membres de la mission, à
Bucarest, surveillent les différents services : recrutement, ravitaillement, munitions. La confiance
règne en Roumanie.
Sur le front de Macédoine.
Sur la rive gauche de la Struma. les troupes britanniques, poursuivant leurs succès, ont pris
d'assaut le village d'Alipsa.
Malgré la pluie qui ne cesse de tomber, les troupes françaises, dans la boucle que forme de
Cerna et son confluent la Sakuleva, ont réussi a pénétrer et à se maintenir dans les lignes bulgares :
le village de Gardilovo a été occupé et des gains sensibles réalisés sur tout le secteur. Les
opérations se continuent avec méthode, suivant la tactique employée sur le front français, car les
obstacles opposés à notre progression sont de même nature; les troupes alliées se trouvent en face
de tranchées bétonnées, d'abris blindés, de fortins et de réseaux de fils de fer accumulés, depuis
deux mois, par des officiers du génie allemands, sur des positions choisies par eux; pour réduire ces
défenses, il faut une puissante artillerie, et notamment des pièces de très gros calibres.
- 61 Les troupes venizelistes ont occupé Ekatherini (ville et fort), à trois kilomètres du golfe de
Salonique, et à 65 kilomètres de cette ville. Le gouvernement national présidé par M. Venizelos
s'occupe de la situation de l'Epire où la propagande allemande fait des ravages.
Sur mer.
Les sous-marins allemands font une guerre implacable aux navires marchands neutres,
spécialement aux navires grecs et des puissances Scandinaves. La Norvège ayant défendu l'accès
de ses fjords et de ses eaux territoriales aux sous-marins (défense qui vise tout particulièrement
les pirates allemands), le gouvernement de Berlin a adressé une note comminatoire au gouvernement
de Christiania : la Norvège a, dans sa réponse, maintenu son droit qui est conforme à la loi
internationale.
Le bâtiment le Marina, venant d'Amérique, ayant été torpillé par un sous-marin allemand,
et quelques Américains ayant trouvé la mort, le secrétaire des Affaires étrangères de New-York a
demandé de nouvelles explications à Berlin.
Le Deutschland, sous-marin du commerce allemand a réussi, une deuxième fois, à faire le
voyage de la mer du Nord en Amérique.
2 novembre, Evacuation du fort de Vaux (près de Verdun) par les forces allemandes qui le
font exploser. Les troupes françaises le reprennent, sous le commandement du général Mangin.
(2) 2 novembre : Prise du fort de Vaux par les troupes françaises.
(3) 2 novembre : En Allemagne, des manifestations pacifiques sont déclenchées à Dresde
(3) 2 novembre : En Espagne, Trotski arrive à Madrid après avoir été expulsé de France
(3) 2 novembre : Bataille de Verdun ; les troupes françaises reprennent le fort de Vaux
dont les Allemands s’étaient emparés le 7 juin
(1) 5 novembre 1918, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie proclament la fondation du
Royaume autonome de Pologne.
(1) 6 novembre, 9ème offensive d’Izonso.
Du lundi 6 novembre 1916 (828ème jour de la guerre) au dimanche 18 novembre 1916 (834ème jour).
Sur les fronts belge et français.
A Bruxelles, les Allemands ont décidé d'enrôler des milliers d'hommes valides pour les
faire travailler de force : lorsque le premier groupe arriva à la gare du Nord, une véritable révolte
éclata, de nombreux Belges et une trentaine d'Allemands furent tués ou grièvement blessés. Déjà
30000 Anversois ont été transportés en Allemagne : ils reçoivent 13 marks par semaine et des
rations militaires.
Sur le front de la Somme, les troupes françaises avancent quelque peu leurs lignes, à l’est
de la route Béthune Péronne, par un mouvement d'investissement. C’est la même méthode
d'encerclement qu'emploient les troupes anglaises au sud de l'Ancre et à l'ouest
des hauteurs qui les séparent de Bapaume. Les batailles aériennes, sur ce front,
deviennent nombreuses et effrayantes : au-dessus de Bapaume, plus de 70 avions,
à une hauteur de 3 000 mètres, se sont rencontrés; après un violent combat avec
les mitrailleuses et des canons-revolvers, les escadrilles ennemies furent mises en
fuite : leurs pertes ont été supérieures à celles des escadrilles des Alliés. Le
Lt Guynemer
lieutenant français Guynemer a abattu son 21ème avion allemand.
Dans le secteur de Verdun, la lutte d'artillerie continue, formidable.
Les torpillages augmentent sur les côtes Scandinaves et hollandaises; les bâtiments
norvégiens sont particulièrement visés et les sous-marins allemands ne tiennent plus compte des
promesses faites aux États-Unis. La presse neutre espère que M. Wilson (réélu président de la
République par 272 suffrages, contre 259 à son concurrent, M. Hugues), débarrassé des soucis
d'une campagne électorale très ardente, fera respecter les règlements internationaux de la guerre
maritime.
Au Parlement français, M. Ribot, ministre des Finances, a fait connaître les résultats de
l'emprunt : 11 milliards 360 millions, dont 5 milliards et demi en numéraire versé; toutes les classes,
- 62 toutes les autorités, religieuses et laïques, militaires et civiles, ayant spontanément contribué à ce
succès, tel est le bilan financier et moral.
Sur le front italien.
Les Italiens continuent leur offensive sur le Carso. Les positions qu'y tient l'armée du duc
d'Aoste sont avantageuses pour le déclenchement d'une manœuvre contre la troisième ligne de
défense autrichienne : sur leur gauche, nos amis ont déjà nettoyé tout le terrain s'étendant
jusqu'au Wippuch; au centre, ils commandent Castagnievizza, ville pratiquement enserrée; mais, à
droite, vers le long couloir menant à Trieste, ils avancent plus lentement.
Sur les fronts russo-roumains.
Sur le front russe proprement dit, aucune nouvelle importante : les communiqués ne
signalent que des escarmouches plus ou moins violentes.
Sur le front transylvain, notamment dans les vallées qui mènent le plus rapidement à
Bucarest, les Austro-Allemands, commandés par Falkenhayn, font un effort considérable : leurs
avantages, à ce jour, sont plutôt insignifiants et c'est au détriment d'une de leurs ailes qu'ils les
ont obtenus; ainsi les Russo-Roumains ont fait fléchir la ligne ennemie au delà de la frontière
moldave d'où le commandement allemand avait retiré des forces pour les jeter sur le centre des
Alliés.
On a peu de précisions sur les événements de la Dobroudja : le coup audacieux du général
russe Sakharolf, sur l'aile gauche du maréchal allemand Mackensen, a été asséné avec rapidité et
quelques conséquences s'en font déjà sentir. Les Russo-Roumains sont aux portes de Cernavoda; ils
se rapprochent de cette tête de pont à la fois sur les deux rives du Danube. Les Germano-Bulgares,
surpris de front et sur leur aile gauche, ont dû abandonner, en quatre jours, une bande de terre
dont la largeur n'est pas donnée par les communiqués, mais sur une profondeur qui est estimée à 40
kilomètres. L'action de la flotte russe sur la côte, aux environs de Constantza, d'une part, et la
menace roumaine que le maréchal allemand découvre au sud de la ligne Bucarest-Fetesci, semblent
avoir pour but de contraindre l'ennemi à ramener son front au delà de la voie ferrée ConstantzaCernavoda.
En Macédoine.
Les Serbes, à l'aile gauche de l'armée d'Orient, après une vive canonnade, se sont emparés
de la totalité du massif du Cuke : ce dernier comprend une série de monts échelonnés de l'ouest à
l'est, dans la boucle de la Cerna, à une dizaine de kilomètres à l'intérieur du territoire serbe. Cette
chaîne était d'un abord d'autant plus difficile que, çà et là, plusieurs bourgades, encastrées dans
les cols ou situées sur les sommets avaient été puissamment organisées par les défenseurs.
L'avance des Serbes peut constituer un danger pour Monastir : la protection de cette ville, au
nord-est, se trouve diminuée.
Les Bulgares, en évacuant la région de la rive gauche de la Struma, ont brûlé les villages et
emmené avec eux, en Bulgarie, plus de 12 300 habitants grecs; les dégâts commis sont estimés à 10
millions de francs.
Le roi de Grèce, Constantin, la reine et les princes royaux, ont dîné chez le prince
Demidoff, ministre de Russie en Grèce. Quelles seront les conséquences de ce rapprochement?
«J'en parle avec espoir et je voudrais en parler avec confiance » : telle est l'appréciation du
ministre anglais Asquith, dans son dernier discours. Pendant ce dîner, le roi causa longuement avec
l'amiral français Dartigue du Fournet.
Les officiers grecs ont fait remise aux officiers français de toutes les munitions destinées
à la flotte grecque et qui se trouvaient dans l'arsenal et dans les dépôts des petites îles de Leros
et de Kyra : les garnisons helléniques chargées de la garde de ces dépôts ont été remplacées par
des troupes françaises.
(3) 7 novembre : En Grèce, les forces vénizélistes occupent Ekatérini
(3) 10 novembre : Les forces franco-serbes s’emparent de Monastir
(2) 11 novembre : Le gouvernement grec d'Eleftherios Venizelos déclare la guerre à
la Bulgarie.
- 63 (3) 11 novembre : Le gouvernement formé par Vénizélos déclare la guerre à la Bulgarie
(3) 12 novembre : En Pologne, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie décident d’instituer un
Conseil d’Etat provisoire qui collaborerait avec les occupant et tente sans aucun succès de recruter
une armée polonaise
Du lundi 13 novembre 1916 (835ème jour de la guerre) au dimanche 19 novembre 1916 (841ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
La pluie qui sévit sur le front occidental est une des causes de ralentissement de
l'offensive franco-britannique dans le secteur de la Somme. Le sol picard est presque impraticable
pour la grosse artillerie, dans les périodes pluvieuses. Cependant, la canonnade signalée depuis
quatre jours sur les deux rives du fleuve et au nord de l'Ancre montre que les Alliés, dans la
mesure du possible, continuent le pilonnage des défenses ennemies.
Le ciel inclément n'empêche pas nos aviateurs d'être très actifs, si l'on en juge par les
combats nombreux et généralement victorieux qu'ils livrent aux pilotes allemands et par les
bombardements multiples auxquels ils soumettent les gares, les colonnes en marche, les usines de
l'ennemi : le capitaine français de Beauchamps a bombardé Munich et est allé atterrir en Italie;
l'aviation maritime britannique a bombardé les usines et ateliers d'Ostende.
La guerre sous-marine allemande continue avec une intensité qui effraye les neutres :
cette situation qui aggrave la crise économique, une coordination plus serrée des mouvements des
Alliés et les mesures à prendre en réponse à la levée en masse allemande ne seraient pas
étrangères au voyage du ministre de la Guerre français, le général Roques, en Grèce et à Rome; à la
rencontre du généralissime français Joffre et du généralissime italien Cadorna, à la frontière
italienne; aux conférences des principaux ministres français et anglais et des représentants des
Etats alliés, au ministère des Affaires étrangères, à Paris.
Sur le front italien.
Du côté italien, la bataille continue, ardente, pour la conquête totale du plateau si difficile
du Carso : les Autrichiens, après bien des contre-attaques vaines pour reprendre le terrain cédé au
sud-est de Gorizia, auraient décidé d'appeler à leur aide, du fond de la Dobroudja, le général
allemand Mackensen.
De grosses forces autrichiennes sont massées sur le front du Trentin : l'ennemi semble
vouloir chercher un succès ou une grosse diversion entre la vallée de l'Adige et la tête de la vallée
d'Assa.
Sur les fronts russes et roumains.
Sur le front russe proprement dit, accalmie.
En Roumanie, sur quelque front que ce soit, la situation n'a pas encore changé
sensiblement. Si les Roumains apprécient chaque jour davantage l'appui des Alliés, les AustroAllemands reçoivent aussi, sans cesse, de gros renforts. La bataille engagée va donc se poursuivre
plus acharnée que jamais. Le maréchal allemand Hindenburg a concentré sur les deux fronts
roumains 32 divisions allemandes, autrichiennes et bulgares : 22 divisions opèrent en Transylvanie,
10 en Dobroudja. L'importance du théâtre de la guerre roumain est soulignée par l'entrevue de
Hindenburg avec Mackensen et Falkenhayn, à Belgrade.
Dans le nord de la Moldavie et même en Valachie orientale, c'est-à-dire sur le front le plus
important pour nos Alliés, les Allemands sont contenus : il importe que les armées russo-roumaines
conservent toute aisance pour se mouvoir et toute facilité de se ravitailler et de se renforcer par
le nord-est; c'est la raison de leur héroïque résistance. Au sud des passes de Valkan, la situation
devient très sérieuse pour les défenseurs; l'ennemi ne cesse d'avancer vers l'intérieur du pays; il
est à craindre qu'il ne tente un effort surhumain pour obliger les Roumains à abandonner toute la
partie de la Valachie occidentale comprise entre la vallée du Jiul, la frontière transylvaine et
Orsova. Les critiques militaires des puissances alliées espèrent que l'artillerie lourde, dont nos amis
- 64 ont besoin pour briser cette furieuse poussée, arrivera à temps. D'ailleurs, en quelques points, les
Roumains effectuent des actions contre-offensives souvent couronnées de succès.
En Dobroudja, le général russe Sakharoff et le général allemand Mackensen, deux rudes
chefs, restent aux prises : mais le laconisme des communiqués ne permet pas de suivre
actuellement, comme on le voudrait, les débats de cette lutte.
Sur le front de Macédoine.
Nos troupes de l'armée d'Orient sont entrées à Monastir le 19 novembre, jour anniversaire
de la prise de cette ville par les Serbes en 1912. Les conséquences stratégiques de cette
occupation par l'armée de Sarrail sont graves pour les Germano-Bulgares : jusqu'à Prilep, autre
grand centre serbe, déjà fort à l'intérieur du pays, les ennemis ne trouveront plus de positions
naturelles solides pour s'accrocher; l'aile droite alliée du secteur de Monastir a dépassé de
beaucoup cette cité par le nord-est, et les Serbes attaquent la dernière chaîne montagneuse qui les
sépare de Prilep; les Bulgares, pour ne pas voir leur retraite coupée, doivent la précipiter.
Ce fait d'armes ne doit pas faire négliger les succès marqués des Anglais sur la rive gauche
de la Struma : leurs bonds successifs les ont amenés, cette semaine, à portée de canon de Sérès,
par le nord-ouest; ils sont maîtres de 10 kilomètres du chemin de fer qui, de Vétreni et DemirHissar, court à l'est vers Dédéagatch, le grand port bulgare de la mer Egée : les renforts turcs
n'arriveront plus jusqu'à Demir-Hissar et cette ville, ainsi que Sérès, se trouve menacée. Les
volontaires grecs armés par le gouvernement de M. Venizelos se joignent aux troupes britanniques.
Les adhésions au mouvement national protestataire, en Grèce, affluent : 70 officiers et
700 sous-officiers ou hommes de troupe, ainsi que de nombreux fonctionnaires, sont partis pour
Salonique.
L'Allemagne refuse de renvoyer les troupes grecques — les « traîtres de Cavalla » —
actuellement prisonnières : elle les gardera jusqu'à la fin des hostilités. Des documents officiels
sur les « Ligues de réservistes » permettent de constater que chaque ligueur reçoit une indemnité
mensuelle minimum de 180 drachmes, payée par la propagande allemande.
(3) 14 novembre : Le président du Conseil Stürmer est vivement contesté par la Douma,
réunie en session. L’impératrice est également mise en cause
(3) 15 novembre : Le ministère de la Guerre français crée la Légion d’Orient, un bataillon
de volontaires arméniens ayant pour base le camp militaire de Monarga à Chypre
(3) 15 novembre : Les états-majors alliés réunis à Chantilly décident de donner un
« caractère décisif » aux campagnes de 1917
(3) 15 novembre : Aristide Briand, Herbert Asquith et Llyod George, le représentant
italien Carcano et le Russe Isvolski se réunissent à Paris et décident de prendre l’initiative des
futures campagnes, en particulier sur le front oriental, principal théâtre des opérations
(3) 15 novembre : Les forces allemandes refoulent l’armée roumaine à Targu-Jiu, en
Valachie
(2) 15 et 16 novembre : Réunion à Chantilly (Oise), à l'initiative du général Joffre, d'une
nouvelle conférence militaire interalliée pour arrêter le plan des opérations de 1917.
(2) 18 novembre : fin de la bataille de la Somme
(2) 19 novembre : Prise de Monastir en Macédoine par Sarrail et les forces alliées (francoanglo-russo-italiano-serbes).
Du lundi 20 novembre 1916 (842ème jour de la guerre) au dimanche 26 novembre 1916 (848ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Les communiqués français et anglais ne signalent qu'une « canonnade habituelle » sur les
fronts de la Somme et de l'Ancre. Les bulletins de Berlin accusent un bombardement de notre part,
atteignant dans ces secteurs une grande violence : le général allemand von Ludendortf dit même
que, en certains points, les Anglais manifestent une activité telle qu'on peut s'attendre à une série
d'attaques locales prochaines.
- 65 Partout ailleurs, la situation reste stationnaire, mais un sursaut d'énergie
paraît se manifester chez tous les Alliés, comme suite à la récente conférence
des représentants des puissances de l'Entente : chez nous, organisation du
ravitaillement civil, nouvelle visite des réformés, recensement de la classe 1918;
en Russie, remplacement de M. Sturmer, président du Conseil des ministres, par le
général Tropof qui s'est fait la réputation d'un organisateur vigoureux, appel
Sturmer
d'une nouvelle classe qui fournira l'année prochaine 1 500 000 combattants; en
Angleterre, propagande officielle pour le recrutement d'un très grand nombre de soldats et pour
un développement de l'Amirauté permettant un effort plus efficace dans la guerre sous-marine; en
Italie, activité plus grande en Albanie. La mort de l'empereur d'Autriche-Hongrie, FrançoisJoseph, et l'avènement au trône de l'archiduc Charles, sous le nom de Charles IV, ne changent en
rien la situation.
L'Angleterre a annulé en Amérique une commande de 300 millions qui peut être exécutée
en Grande-Bretagne : elle a fait savoir, en notre nom et au sien, que, si les prix s'élevaient, les
Alliés réduiraient encore leurs ordres, parce que leur organisation plus parfaite les rend plus
indépendants.
Sur le front italien.
Le long de tout le front, les communiqués du généralissime Cadorna ne signalent qu'une
grande activité d'artillerie et des combats aériens; dans le Trentin, une nouvelle offensive
autrichienne semble en préparation.
Sur les fronts russo-roumains.
Sur le front russe proprement dit, combats de patrouilles et d'éclaireurs et canonnades
intermittentes. Des contingents allemands ont été retirés entre le golfe de Riga et les marais de
Pinsk, de vastes opérations paraissant impossibles pendant l'hiver dans cette région.
Les événements se précipitent en Valachie occidentale : encore une fois, le général
allemand Falkenhayn, pour atteindre son objectif, a frappé un coup rapide et violent que les Alliés
n'ont pas su ou pas pu parer; il a descendu la vallée du Jiul jusqu'à Filias, à force de combats. Voilà
donc les Portes de Fer et les cités importantes d'Orsova, de Turnu-Severinu, de Craïova, privées
de communications avec Bucarest.
Les Roumains n'ont plus grande chance de tenir longtemps encore dans cette partie de la
Valachie : ils ont l'ennemi à leur droite, à leur gauche et devant eux; ils risquent d'être pris dans un
cercle de feu et encerclés. D'autre part, le maréchal allemand Maekensen attaque le royaume par le
sud, en franchissant le Danube : ses premières tentatives de débarquement ont eu lieu en plusieurs
points, et avec succès. Une telle avance devient une très grave menace pour les armées roumaines à
l'ouest : elles risquent non seulement de se voir séparées de Bucarest, mais aussi, par la perte de la
seule ligne ferrée transversale de Roumanie, d'être mises dans l'impossibilité de rester en
communication pratique et constante, pour leur renforcement et leur ravitaillement, avec la
Moldavie et la Russie; toute la Valachie orientale devrait alors être évacuée. Les communiqués
parlent de renforts russes, mais on ne les a pas encore signalés en nombre important au-devant de
Bucarest, c'est-à-dire là où le danger est immédiat.
En Dobroudja, la lutte se ranime : l'aile gauche et le centre roumano-russe ont progressé
légèrement: la ligne Constantza-Cernavoda est approchée, par le général russe Sakharoff, dont la
grosse artillerie n'est plus qu'à 20 kilomètres.
En Macédoine.
Le général Sarrail continue la poursuite de l'ennemi au nord de Monastir. Déjà les Bulgares,
qui attendent des renforts allemands, ont reçu des canons et font preuve d'une résistance
acharnée : ils paraissent s'accrocher aux monticules qui s'échelonnent à mi-chemin de Prilep, vers
Topolcani. Une conséquence de la victoire en Macédoine est le retrait vers le nord des contingents
autrichiens qui, avec l'aide de bandes albanaises, s'opposaient en Epire à l'occupation italienne.
Les puissances de l'Entente ont exigé et assuré sans délai le départ de la Grèce de
représentants diplomatiques à Athènes des puissances centrales, dont les bureaux étaient de vrais
centres d'espionnage. D'autre part, M. Guillemin, ministre de France, a notifié au ministère des
- 66 Affaires étrangères d'Athènes que les gouvernements alliés ne peuvent pas rester indifférents
devant les persécutions dont font l'objet les vénizélistes détenus dans les prisons de l'Etat.
(1) 21 novembre, Charles 1er, petit-fils de l’archiduc Charles-Louis devient empereur
d’Autriche et roi de Hongrie, après le décès, au château de Schöbrunn, de l’empereur FrançoisJoseph.
Hongrie
(3) 21 novembre : Mort à Vienne de François-Joseph 1er, empereur d’Autriche et roi de
(3) 22 novembre : En Grèce, les ambassadeurs des Empires centraux sont expulsés
(3) 23 novembre : En Autriche, à la suite de la mort de François-Joseph, l’archiduc Charles
devient empereur d’Autriche sous le nom de Charles 1er et roi de Hongrie sous le nom de Charles IV
(3) 23 novembre : Le gouvernement grec de Vénizélos déclare la guerre à l’Allemagne
(3) 23 novembre : En Russie, Trepov remplace Stürmer comme président du Conseil
(1) 23 novembre, Les troupes allemandes de Mackensen marchent sur Bucarest.
(1) 23 novembre, en Russie, Trepov remplace le protégé de raspoutine, Sturmer comme
président du Conseil des ministres.
(2) 25 novembre : Le gouvernement provisoire grec déclare la guerre à l'Allemagne et à la
Bulgarie.
Du lundi 27 novembre 1916 (849ème jour de la guerre) au dimanche 3 décembre 1916 (855ème jour)
Sur les fronts belge et français.
Partout cette semaine, sur notre front, accalmie relative : « lutte d'artillerie dans la
région de Dixmude et combats à l'aide de lance bombes », disent les communiqués belges : «activité
de l'artillerie faible sur tout le front, sauf sur la rive droite de la Meuse où l'ennemi a bombardé
violemment la région de Vaux », disent les communiqués français; « bombardement intermittent
contre notre front et activité réciproque de mortiers de tranchées », disent les communiqués
anglais.
Les combats et les raids aériens continuent: un raid allemand d'avions et de zeppelins, sur
Londres, a été déjoué par nos Alliés qui ont abattu deux zeppelins.
Sur le front italien.
Le long de tout le front, le retour du beau temps a permis une reprise de l'activité
d'artillerie et des avions : l'artillerie ennemie a effectué des bombardements sur une vaste
échelle; gardant l'avantage sur celle de l'adversaire, l'artillerie italienne a contrebattu
efficacement, faisant échouer la menace offensive de l'ennemi par des tirs de barrage, entravant
les fréquents mouvements de troupes et de chariots, enfin en bouleversant les lignes ennemies et
en empêchant la réfection.
Sur les fronts russe et roumain.
Sur le front russe proprement dit, communiqués de quelques lignes, sans importance.
L'action russe en Moldavie et en Transylvanie donne de bons résultats tactiques : les
armées autrichiennes qui luttent au sud des Carpathes boisées n'ont pu appuyer l'armée des
puissances centrales dans sa marche contre le centre roumain. Une violente offensive reprise en
Dobroudja, par le général russe Sakharoff, a empêché l'ennemi d'amoindrir numériquement ses
troupes dans cette région.
A l'heure qu'il est, les forts avancés de Bucarest sont à portée des canons des armées
austro-allemandes de Mackensen dont les avant-gardes sont même signalées à 10 kilomètres au sud
et au nord-ouest de la ceinture de la capitale roumaine : celle-ci a été évacuée par la plupart des
Roumains, par les administrations publiques et privées et les représentants des puissances (Jassy
est devenu le siège du gouvernement roumain). L'avance du général allemand Falkenhayn, au nordouest, est retardée par les obstacles naturels et par la résistance acharnée des Roumains. Quoi
qu'il en soit, Bucarest demeure sous la menace de plus en plus pressante de l'ennemi et les forces
du royaume de Roumanie combattant en Moldavie et en Valachie peuvent être coupées de toutes
communications. Le tiers du royaume va se trouver entre les mains des puissances centrales.
- 67 -
Sur le front serbe et en Grèce.
Sur notre front d'Orient, le mauvais temps empêche toute opération importante : les
communiqués signalent quelques combats locaux et le bombardement de Prilep par nos avions.
En Grèce, la situation est grave : le roi Constantin, en octobre dernier, déclarant vouloir
montrer sa bonne volonté à l'égard de l'Entente, avait offert de remettre aux Alliés, en
compensation du matériel de guerre livré par les officiers grecs aux Bulgares, la plus grande partie
du matériel d'artillerie et des stocks existant en Grèce, contre indemnité. Quelques troupes des
marines alliées, débarquant cette semaine pour recevoir ce matériel, ont été accueillies par des
coups de fusils de bandes appartenant aux «ligues des réservistes» qui ont la confiance du roi :
l'amiral français Dartige du Fournet, commandant la marine alliée, a dû donner l'ordre à l'escadre
d'envoyer quelques obus pour faire cesser ce guet-apens. D'autre part, les gouvernements de
l'Entente exigent des réparations et l'embargo a été mis sur les navires grecs ancrés dans les
ports des Alliés : il en résulte que la Grèce est, en fait, en état de blocus.
La semaine dans les parlements.
En Angleterre, un remaniement est annoncé dans le « Comité de défense » qui, au lieu de
dix membres, n'en comprendrait que trois ou quatre : les ministres des Affaires étrangères, des
Finances, de la Marine, de la Guerre.
En France, le Parlement a voté le recensement et la révision de la classe 1918 : les tableaux
de recensement seront dressés et publiés le 24 décembre au plus tard. Réunie, toute la semaine, en
comité secret, la Chambre a examiné trois points essentiels : matériel, effectifs et haut
commandement.
En Allemagne, le Reichstag a voté la loi sur la levée en masse qui assure le service auxiliaire
des civils : les grèves dans les usines se trouvent empêchées et 120 000 ouvriers, jour et nuit, dans
la seule usine d'Essen, doivent travailler comme militarisés avec des salaires réduits.
En Russie, à la Douma, le nouveau président du Conseil général Trépoff, a affirmé que la
Russie irait « jusqu'au bout, jusqu'à la victoire complète et définitive » et que « l'accord conclu en
1915 avec la Grande-Bretagne et la France, et auquel a adhéré l'Italie, établit d'une façon
définitive les droits de la Russie aux détroits et à Constantinople ».
(1) 28 novembre, lourdes pertes sur le front de la Somme : 1 150 000hommes tués
(500 000 allemands et 650 000 alliés).
(3) 28 novembre : A la suite des déceptions provoquées par la bataille de la Somme,
ouverture d’un nouveau comité de la Chambre. 700000 hommes (dont plus de 2 tiers de
britanniques) dans le camp allié et 500000 dans le camp allemand sont mort au terme de 20
semaines de combat. Le bilan de cette bataille n’est cependant pas entièrement négatif : lignes
ennemies enfoncées sur 10 kilomètres de profondeurs et reprise de 25 villages. Mais surtout elle a
soulagé l’effort de défense de Verdun en fixant sur le front de la Somme les réserves allemandes
(3) 29 novembre : Le gouvernement d’Athènes ayant refusé de livrer dorénavant son
matériel militaire. Paris ordonne à l’armée française d’intervenir
(3) 29 novembre : L’Italie adhère à un accord signé à Londres imposant aux Alliés une
entente préalable réciproque pour l’ouverture de toute négociation de paix
(3) 1 décembre : Le général Maurice Sarrail, fait débarquer au Pirée 3000 fusiliers-marins
français qui marchent sur Athènes
(3) 2 décembre : Les troupes grecques ripostent au débarquement. 300 marins français
sont tués dans un guet-apens ; Athènes est occupée.
(1) 2 décembre, le général Joffre est démis de ses fonstions de commandant en chef de
l’armée à la suite de l’échec de l’offensive sur le Somme. Il est remplacé par le général Nivelle.
(1) 2 décembre, des réservistes grecs attaques les marins français et britanniques.
(2) 2 décembre : L’Armée d’Orient du général Sarrail occupe Athènes après de sévères
affrontements avec les Grecs
(2) 2 décembre : L’armée allemande de Falkenhayn traverse la Valachie, fait la jonction
avec les Germano-bulgares de Mackensen venus de Dobroudja, et entre à Bucarest le 6 décembre,
évacuée la veille par le gouvernement Bratianu qui se retire en Moldavie
- 68 -
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Du lundi 4 décembre 1916 (856ème jour de la guerre) au dimanche 10 décembre 1916 (862ème jour).
Sur les fronts belge et français
Les communiqués ne signalent, dans les secteurs belge, français et anglais, qu'une assez
grande activité d'artillerie et des combats de tranchées.
Sur la rive gauche de la Meuse, canonnades intermittentes.
Sur le front italien.
Sur le front du Trentin, l'activité des troupes italiennes, limitée par des chutes de neiges
persistantes, n'a donné lieu qu'à de petites rencontres de détachements en reconnaissance.
Sur le Carso, action plus intense d'artillerie, malgré une pluie battante.
Sur les fronts russes.
Les communiqués russes, concernant le front de la Russie proprement dite et le front du
Caucase, sont de plus en plus rares : les tranchées parallèles s'observent; fusillades et canonnades
intermittentes.
En Roumanie.
Bucarest est pris : aucune résistance n'a été faite par les Roumains qui ont évacué les
forts et la ville afin d'éviter le bombardement. La nouvelle était attendue : les critiques militaires
avaient espéré, un moment, que les Russes arriveraient à temps pour sauver cette capitale et
rétablir une situation bien compromise; mais les Russes annoncent qu'eux-mêmes, pressés par
l'ennemi, ont dû reculer au flanc gauche des Roumains; c'est donc qu'ils sont arrivés et qu'ils n'ont
pas pu tenir. Les Austro-Allemands avancent toujours : les correspondants des journaux neutres
croient que les opérations actuelles, en Roumanie, ne sont qu'un commencement et que le maréchal
allemand Hindenburg veut porter l'action sur le théâtre oriental où l'armée du général Sarrail est
relativement peu nombreuse.
En Grèce.
Les ministres d'Espagne, des Etats-Unis et des Pays-Bas, à Athènes, ont fait une
démarche auprès du gouvernement hellénique pour exprimer leur réprobation des actes de violence
commis par les officiers et les soldats de l'armée régulière grecque lors du débarquement des
marins de l'Entente : les funérailles des victimes françaises et anglaises ont eu lieu au Pirée avec
tous les honneurs militaires.
Le blocus de la Grèce a été officiellement notifié : ce blocus, dont les effets commencent
à se faire sentir, sera maintenu tant que nous n'aurons pas obtenu les réparations nécessaires; en
même temps, notre flotte a saisi l'île de Syra qui surveille l'Attique où des sous-marins ennemis se
ravitaillaient.
L'anarchie règne à Athènes : la navigation entre les ports de l'ancienne Grèce et Salonique
est complètement suspendue. Les journaux vénizélistes affirment que le roi Constantin mobilise ses
troupes et se prépare à faire la guerre contre nous : il chercherait à gagner du temps pour donner
aux forces de Mackensen, attendues sur le front de Monastir, le loisir d'arriver à pied d'œuvre; les
forces grecques coopéreraient avec cette armée en attaquant le flanc du général Sarrail.
L'ennemi bombarde nos positions autour de Monastir; les Austro-Allemands amènent
devant Prilep des divisions de renfort et de l'artillerie lourde.
Sur mer.
L'Allemagne mène la guerre sous-marine avec plus d'activité que jamais. Les
gouvernements neutres auraient été prévenus; plusieurs; seraient invités à faire des concessions à
l'Allemagne pour obtenir une immunité relative. Des nouveaux sous-marins allemands, grand modèles
ont été lancés.
- 69 Le cuirassé français Suffren, parti pour rejoindre Lorient, est considéré comme perdu
corps et biens : il y avait à bord un état-major de 18 officiers et 700 hommes d'équipage. Le
ministère de la Marine pense qu'il faut attribuer sa perte à la torpille d'un sous-marin allemand:
aucune enquête n'est possible, puisqu'il ne reste ni hommes, ni épaves.
La semaine parlementaire.
Au Parlement italien, le ministre Boselli président du Conseil, remarquant qu'il y avait plus
de 200 demandes d'interpellations, a obtenir un vote de confiance en déclarant que le moment de
parler était passé; « il faut aujourd'hui des actes ».
A la Chambre française, le Comité secret a clos ses travaux et, en séance publique, par
344 voix contre 163, a voté un ordre du jour de confiance au ministère Briand, « en prenant acte
des déclarations du gouvernement sur la réorganisation du commandement, la conduite de la guerre
sous une direction restreinte, les sacrifices: communs des Alliés pour assurer la victoire ».
En Angleterre, M. Asquith a été amené à donner sa démission de président du Conseil des
ministres M. Lloyd George, chargé par le roi de constituer un nouveau ministère, veut un cabinet
dont le programme sera de donner une force et une action nouvelles à l'armée et à la marine
britanniques.
(1) 6 décembre, les forces allemandes de Mackensen entrent dans Bucarest.
(3) 6 décembre : De plus en plus contesté pour son manque d’’autorité le Premier ministre
Asquith est remplacé par le ministre de la Guerre David Lloyd George
(3) 6 décembre : Sous le commandement de Falkenhayn et de Mackensen, l’armée allemande
entre dans Bucarest
(1) 7 décembre, David Llyod George remplace H. Asquith démissionnaire, au poste de
premier ministre.
(3) 8 décembre : Les puissances de l’Entente imposent le blocus commercial de la Grèce
(1) 9 décembre, constitution du gouvernement de H. Asquith
(3) 10 décembre : Le libéral David Lloyd George forme le nouveau gouvernement. Le pouvoir
effectif appartient à un cabinet de guerre formé de 5 membres : Lloyd George, Andrew Bonar Law,
Lord Curzon , Alfred Milner et Henderson
Du lundi 11 décembre 1916 (863ème jour de la guerre) au dimanche 17 décembre 1919 (869ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Sur le front français, les armées adverses recommencent, cette semaine à se tâter : les
communiqués signalent de courtes actions échelonnées sur de nombreux saillants du front; elles
forment un ensemble de coups de sonde qui est le prélude habituel d'opérations importantes.
L'initiative de ces actions isolées revient tantôt aux Allemands, tantôt aux troupes françaises.
Entre la Meuse et la Woëvre, au nord de Douaumont, nous avons enfoncé le front ennemi sur une
largeur de 10 kilomètres et une profondeur de 3 kilomètres; nous avons fait environ 10 000
prisonniers et pris un matériel considérable.
Sur le front italien.
Sur tout ce front, simple action d'artillerie et activité intermittente de détachements de
reconnaissance.
Sur le front russe.
Les quelques combats locaux signalés par les communiqués semblent être des épisodes sans
liaison et sans importance.
Sur le front roumain.
Depuis l'occupation de Bucarest par l'armée de Mackensen, les communiqués de guerre ne
nous apportent plus aucune nouvelle saillante : l'armée roumaine poursuit, sa retraite vers la ligne
du Buzen, entre les Carpathes de Transylvanie et le Danube. Avec leurs alliés russes, les Roumains
- 70 conservent leur front à peu près intact, mais sont incapables d'offrir une résistance sérieuse aux
armées des puissances centrales qui les pressent maintenant le long du front tout entier. (La ville
de Buzen, dont l'ennemi vient de s'emparer, est un centre important de chemins de fer où se
joignent les lignes de la Bukovine et de la Russie méridionale.)
En Dobroudja, les Russes battent également en retraite.
En Macédoine.
Tous les critiques militaires envisagent comme possible une offensive des Allemands
renforçant les Bulgares contre notre front de Macédoine; mais les préliminaires ne s'en
manifestent pas encore.
L'artillerie bulgare a bombardé l'ensemble du front serbe et la ville de Monastir, causant
des dégâts; nos batteries ont efficacement répondu. Aucune action d'infanterie n'est signalée.
En Grèce
Les journaux anglais s'alarment des intentions du roi Constantin : il serait d'accord avec le
général allemand Falkenhayn pour frapper un coup décisif entre Monastir et Salonique et « balayer
les Balkans »; plusieurs dépêches du Pirée semblent confirmer ces craintes.
La situation s'aggrave, d'ailleurs, à Athènes : les arrestations, emprisonnements et
exécution des venizélistes continuent dans tout le pays occupé par les autorités et les troupes
royales. Par contre, les troupes venizélistes ont débarqué à Hermopolis, port de Syra, et l'île passe
sous la direction du gouvernement « national » : toutes les Cyclades vont être soumises à ce
gouvernement.
A la suite d'un ultimatum énergique des puissances de l'Entente, le roi Constantin a fait
évacuer du nord de la Grèce toutes les troupes helléniques et leur matériel de guerre.
La semaine diplomatique et parlementaire.
La répartition des forces austro-allemandes sur les différents fronts est donnée ainsi par
les journaux de l'Entente : 38 divisions sur le front occidental, divisions exclusivement allemandes;
106 sur le front russe, dont 65 allemandes, 39 autrichiennes et 2 turques; 29 sur le front roumain,
dont 12 allemandes, 11 autrichiennes, 2 turques; 12 sur le front macédonien, dont 2 ou 3 allemandes,
8 ou 9 bulgares, 1 turque; 33 sur les fronts italiens et albanais, toutes autrichiennes.
Les pertes allemandes, d'après les listes officielles publiées à Berlin, sont, jusqu'au 31
octobre : tués, 958857; blessés, 2 454 687; disparus, 528851.
Le ministère Lloyd George publie un « Livre blanc » mentionnant l'addition d'un million
d'hommes aux effectifs de l'armée anglaise, dont le total est ainsi porté à 5 millions. La politique
navale anglaise va changer : la flotte de guerre ne gardera pas son rôle presque passif, les navires
marchands seront puissamment armés pour combattre les sous-marins, l'organisation du blocus de
l'Allemagne sera remaniée.
En séance publique du Reichstag. le chancelier de BethmannHollweg a lu une note sensationnelle qui sera adressée à
l'Entente par l'intermédiaire des neutres : l'Allemagne
propose officiellement l'ouverture des pourparlers de paix;
officieusement, d'après les indications venues de
Washington, la paix aurait pour base le retour a la situation
d'avant la guerre avec ces exceptions importantes :
établissement des royaumes de Pologne et de Lithuanie et
quelques rectifications de frontières dans les Balkans,
Séance du 16 décembre au
évacuation du nord de la France, restauration de la Belgique,
Reichstag
retour à l'Allemagne de ses colonies.
- 71 Le nouveau ministère Briand, qui ne comprend que 10 ministres
(Briand, Viviani, Ribot, Malvy, général Liautey, amiral Lacaze, Clémentel,
Herriot, Thomas, Doumergue), dont 5 (Briand, Ribot, Thomas, général
Liautey, amiral Lacaze) constituent le Comité de guerre auquel « pourra
assister le général Joffre, commandant en chef, conseiller technique », a
obtenu un vote de confiance, à la Chambre, par 314 voix contre 165. M.
Briand va demander au Parlement la permission de légiférer par décret en
matière de défense nationale. Il a mis la Chambre en garde contre la
proposition allemande qui lui parait être « une tentative pour dissocier les
Alliés », et nommé le général Nivelle, vainqueur de Verdun, commandant
en chef des armées du Nord et du Nord-Est.
Général Lyautey
En Russie, après un discours du ministre des Affaires étrangères, la Douma a voté, à
l'unanimité, un ordre du jour adhérant « au refus catégorique des gouvernements alliés d'entamer,
dans les conditions actuelles, des négociations de paix, quelles qu'elles soient ».
(1) 12 décembre, offre de paix des puissances centrales aux Alliés.
(2) 12 décembre : Fin de la bataille de Verdun. Les Allemands sont repoussés par les
troupes françaises. Plus de 300 000 soldats alliés et allemands meurent dans la bataille.
(3) 12 décembre : En Allemagne, l’empereur Guillaume II propose l’ouverture de
négociations de paix sans en préciser les conditions
(3) 12 décembre : Le général Nivelle succède au général Joffre comme commandant en
chef des armées française du Nord et du Nord-Est, en raison de l’échec de l’offensive dans la
Somme
(3) 13 décembre : En France, le président du Conseil remanie son gouvernement, il est
réduit à 10 membres au lieu de 23 précédemment
(1) 13 décembre, remaniement du cabinet Briand.
(3) 14 décembre : En Autriche-Hongrie Heinrich von Clam-Martiniz succède à Ernest von
Kröber comme Premier ministre autrichien. Le comte Ottokar Czernin devient ministre des
Affaires étrangères
(1) 15 décembre, le Parlement refuse au gouvernement le pouvoir de promulguer les
décrets-lois.
(1) 15 décembre, 700 000 tués sur le front de Verdun (338 000 allemands et 364 000
alliés). Le haut commandement militaire allemand renonce à l’offensive de Verdun.
(3) 15 décembre :Au cours d’une tournée d’inspection en Alsace, l’empereur Guillaume II
menace les Alliés en cas de refus de ses offres de paix
(3) 15 décembre : Bataille de Verdun ; les troupes françaises ont repris toutes les
positions perdues au mois de février. La bataille de Verdun prend fin après avoir fait environ
300000 morts et près de 500000 blessés
Du lundi 18 décembre 1916 (870ème jour de la guerre) au dimanche 24 décembre 1916 (876ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Dans la région de Loos, en Artois et en Champagne, les Alliés effectuent des coups de
main: par suite des bouleversements atmosphériques et, aussi, pour des raisons d'ordre militaire
intéressant tous les fronts de l'Entente, dont les états-majors, en collaboration de plus en plus
étroite, sont seuls juges, cette période d'observation, d'une ligne à l'autre, se prolonge.
Sur la rive droite de la Meuse et de chaque côté de la Somme, canonnade violente par
intermittence.
Sur le front italien.
Des préparatifs ennemis contre l'Italie sont signalés : plusieurs critiques militaires
français et neutres vont jusqu'à écrire que l'Allemagne n'hésiterait pas à violer la neutralité Suisse
pour tenter d'envahir la Lombardie; à travers les Alpes suisses, en effet, de grandes routes
convergent vers Milan qui deviendrait l'objectif immédiat du maréchal allemand Hindenburg. Les
- 72 journaux suisses, qui ne croient pas à ce coup de force, font remarquer que 100 000 soldats
helvétiques, parfaits tireurs, donneraient aux Italiens le temps de parer à l'attaque de ce côté.
Sur le front russo-roumain.
La supériorité numérique en hommes et en artillerie lourde des Austro-Allemands a eu
raison de la résistance acharnée des Russo-Roumains sur l'ensemble du front que ces derniers
tenaient en Grande-Valachie : ce n'est que sur la ligne du Sereth que les Alliés espèrent retrouver
leur force victorieuse, dans les réserves qui s'y groupent, et le théâtre de la bataille qu'ils auront
choisi et organisé eux-mêmes.
Sur le front de Monastir.
Depuis plusieurs semaines, la situation reste « inchangée » sur le front de Monastir : les
Bulgares continuent à bombarder la ville.
En Grèce.
Une nouvelle note des Alliés à la Grèce a demandé cette semaine : l'interdiction des
meetings de réservistes dans la vieille Grèce, le rétablissement du contrôle des postes, télégraphes
et chemins de fer, la remise en liberté des vénizélistes incarcérés. Le roi Constantin, après
quelques hésitations, s'est plié aux exigences de l'Entente. Le blocus commence à produire ses
effets, mais les ministres des Alliés sont encore au Pirée.
La semaine diplomatique.
La réponse officielle des Alliés aux propositions des puissances centrales en vue
d'organiser des pourparlers concernant la paix n'est pas encore transmise aux puissances neutres :
elle sera assez longue et établira, avec les griefs de l'Entente, les responsabilités écrasantes des
puissances du Centre.
M. Wilson, président de la République des Etats-Unis, dans une longue note adressée à
toutes les puissances intéressées, demande aux belligérants leurs conditions de paix. Le Conseil
fédéral suisse et les Etats Scandinaves appuient cette suggestion pour « travailler au
rapprochement des nations en guerre et à l'établissement d'une paix durable »
(3) 18 décembre : Le président américain Wilson demande aux puissances belligérantes de
préciser leurs buts de guerre
Du lundi 25 décembre 1916 (877ème jour de la guerre) au dimanche 31 décembre 1916 (883ème
jour).
Sur les fronts belge et français.
Les communiqués officiels donnent l'impression que les opérations sont momentanément
arrêtées : cependant l'artillerie anglaise se montre très active dans la région comprise entre
l'Ancre et la Somme; toutefois le terrain est détrempé par les dernières pluies, les soldats se
meuvent dans la boue; dans ces conditions il est difficile d'entreprendre une opération importante.
Quelques coups de main des Allemands contre les tranchées des secteurs du Noyonnais et
du Soissonnais ont été arrêtés par notre artillerie; nos aviateurs sont actifs sur les lignes
d'arrière, et notre état-major veille pour éviter toute surprise.
Les Allemands essaient-ils une période d'offensives sur la rive gauche de la Meuse? Le
violent bombardement qu'ils ont dirigé, cette semaine, sur nos positions s'étendant des bords du
fleuve jusqu'à Avocourt (soit un front d'environ 12 kilomètres) n'a été suivi jusqu'ici d'aucune
action d'infanterie.
Sur le front italien.
Sur tout le front; les communiqués signalent l'activité ordinaire de l'artillerie et des coups
de main sans importance.
Sur le front russe.
- 73 De même, sur ce front, les communiqués, de plus en plus rares, ne parlent que de canonnade
intermittente.
Sur les fronts roumains.
En Roumanie, les Austro-Allemands, considérablement renforcés, ont fait fléchir, à
nouveau, la ligne défensive des Russo-Roumains., sur la rive gauche du Romnicu.
En Grande Valachie, au sud du Danube, les Alliés ont pu arrêter un moment la marche de la
9ème armée ennemie; mais l'effort de Mackensen est tel, sur ce front, que la résistance héroïque
de nos amis n'a pu être prolongée.
La Dobroudja a été évacuée par le gros de l'armée de Sakharof.
Les critiques militaires russes ne prévoient une défensive efficace que sur la ligne du
Sereth.: les Russes n'ont jusqu'ici, engagé dans la campagne de Roumanie que quelques corps
d'armée sur les 14 ou 15 qu'ils ont groupés en arrière du Sereth.
En Macédoine.
Aucun événement de guerre important n'est signalé sur le front de l'armée d'Orient: la
lutte d'artillerie se poursuit dans le secteur français de Monastir; les troupes italiennes ont
repoussé les Bulgares, près du lac Prespa; l'armée britannique a effectué quelques raids heureux
sur la basse Strouma et bombardé, par avions, Demir-Hissar.
En Grèce.
Le gouvernement grec, pour faire cesser le blocus, ouvre de nouveaux pourparlers avec les
puissances de l'Entente.
Toutes les îles Gyclades sont aujourd'hui administrées par les fonctionnaires du
gouvernement vénizéliste : l'autorité royale ne s'exerce plus sur aucune ile de la mer Egée.
Sur mer.
La guerre sous-marine allemande continue de plus en plus active : le cuirassé français le
Gaulois a été torpillé, en Méditerranée, le 27 décembre, et coulé en une demi-heure; grâce à la
discipline qui a régné à bord jusqu'à la dernière minute, le nombre des victimes se réduit à 4
marins.
La semaine diplomatique.
Les gouvernements alliés ont remis aux ambassadeurs des Etats-Unis leur réponse à la ,
note des puissances ennemies relative à la proposition d'ouverture de négociations de paix. Les
Alliés montrent que les puissances centrales ont voulu la guerre ont vioté la neutralité de la
Belgique, et qu'une suggestion sans condition pour l'ouverture d'un Congrès n'est pas une offre de
paix. Ils affirment « qu'il n'y a pas de paix possible tant que ne seront pas assurées la réparation
des droits et des libertés violés, la reconnaissance du principe des nationalités et de la libre
existence des petits Etats; tant que n'est pas certain un règlement de nature à supprimer
définitivement les causes qui, depuis si longtemps, ont menacé les nations du monde ». La remise de
cette réponse a coïncidé avec l'élévation du général Joffre à la dignité de maréchal de France.
(2) 25 décembre : Le général Joseph Joffre est nommé maréchal de France, et remplacé
par le général Nivelle à la tête des armées.
(3) 25 décembre : Arrêté à Madrid, Trotski qui Barcelone à bord du Monserrat à
destination des Etats-Unis
(1) 26 décembre, Joffre reçoit son bâton de maréchal, mais il est écarté du haut
commandement.
(3) 26 décembre : Après avoir été évincé le 12 le général Joffre est élevé à la dignité de
maréchal de France
(3) 27 décembre : L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie répondent à la demande faite le 18
par le président Wilson par une fin de non-recevoir
- 74 (3) 27 décembre : Les Alliés rejettent les propositions allemandes du 12 comme une
manœuvre visant à troubler l’opinion et diviser les pays de l’Entente et gagner la bienveillance des
neutres.
(3) 27 décembre : Dans la nuit du 30 au 31, le moine Raspoutine, « conseiller » auprès de la
cour et protégé de la tsarine est attiré dans un guet-apens et assassiné par le prince Ioussoupov, le
grand-duc Dimitri Pavlovitch et le député Purichkevitch. Son corps sera retrouvé le lendemain dans
la Néva ;
(3) Divers : En Afrique Occidentale française, les autorités coloniales organisent la
répression de la révolte des Baribas, déclenchée en octobre
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