Discours de William Barylo À l’heure où les politiques remettent en question une pacificité multiculturelle, à l’heure où le traitement d’une certaine minorité devient une discipline lectorale très bien maîtrisée, nous sommes dans une Europe où des voix extrêmes entêtées nous questionnent, nous les citoyens européens sur notre identité. Des voix qui nous à force d’obscures préceptes nous poussent simplement à reconsidérer le concept, mais il se trouve pourtant des gens, des organisations qui peuvent affirmer que tout simplement que le multiculturalisme va bien, et même plus loin encore, nous verrons dans les interviews menées qu’on a des personnes qui partent de leurs éthiques et qui vont ainsi apporter quelque chose de positive dans la société. Le résultat de ce travail fait sur 50 terrains avec des bénévoles sur plus d’une dizaine d’organisations. Comment considérer d’un point de vue plus sociologique la question de l’islam et des questions d’ordres générales, puis un petit descriptif de l’environnement des associations, quelles actions elles entreprennent sur le terrain, nous verrons plus précisément l’engagement des gens dans ces associations, le rôle de la spiritualité dans ce processus et enfin comment la présence même de ces associations permettent de rafraîchir quelques notions clés que nous trouvons aujourd’hui dans nos sociétés comme la démocratie, la citoyenneté et l’identité. Tout d’abord question fondamentale, peut-on vraiment considérer l’islam, le judaïsme… comme une religion d’un point de vue sociologique. Constat très simple qui vient de diverses analyses du terme religion qui est en fait un terme générique. Un terme qui a un poids historique. Est-ce qu’il peut très bien définir le mode d’action des personnes qui ont une religiosités pour pouvoir décrire sociologiquement, anthropologiquement, les actions performatifs et discursifs ? n e aminant la terminologie du terme religion, du latin religare qui signifie un lien, un lien pouvant être compris dans un sens durkheimien : c’est-à-dire la religion comme un constat social créant un lien entre les croyants entre les gens mais également cela peut être compris comme un lien entre les êtres humains. En l’occurrence une activité transcendante à Dieu. Cependant la question est, est-ce que c’est quelque chose de suffisant pour pouvoir le décrire sachant que : par e emple en l’islam sourire est un sada a le rire est un acte d’adoration, un acte sacré par définition, alors on se rend compte qu’à travers des concepts comme ce dernier, les notions que l’on qualifie usuellement de profane et de sacré. n fait leur limite commence à devenir flou et vont finir par s’e térioriser. C’est-à-dire que ce qui peut être profane pour un individu peut devenir sacré en fonction du contexte et de l’intention. Donc on voit que les distinctions visibles habituellement et qu’on e plique usuellement comme profane, sacré, rituel ou non rituel, finissent par s’entrecroiser et même se construire l’un et l’autre. Pour pouvoir décrire cette démarche on peut se référer sur les travau d’ dgard Morin qui a introduit la théorie des systèmes comple es qui est également prit du côté culturel par Philippe Descola dans le système culturel : qui va décrire comment l’islam est approprié par les croyants dans la mesure où la religion est un tout, c’est-àdire qu’il y a la pratique, le côté de la spiritualité, le côté mystique et le côté de l’éthique. Tout ceci constituent le fruit d’un construit qui s’est fait sur plusieurs années à l’échelle de l’individu pour une raison très simple comme l’a dit Gandhi « il y a autant de religion qu’il y a d’être humain » puisque tout autant que nous sommes que ce soit au niveau de l’éthique ou que de la spiritualité. Ces perceptions, ces interprétations que nous faisons sont les fruits des expériences comme la lecture, les rencontres, les discussions, les faits que nous visionnons, les choses que nous vivons à travers les vies. Tout ceci vont nous permettre d’avoir une certaine lecture, non seulement des textes sacrés mais aussi du monde dans son ensemble. Comment est-ce que nous percevons nos relations avec les êtres humains, notre place et notre rôle dans ce monde d’où l’appellation matri philosophique . Matri puisque c’est un milieu d’où les choses émergent, où elles se créent, elles se conçoivent, elles se développent. Comme la matri utérine, c’est philosophique car c’est une recherche de sagesse, en terme plus précis ce serait une sorte de compréhension du monde, une sorte de tentative de synthèse de l’homme avec le monde. Pour en venir aux associations musulmanes, dans un premier temps ces derniers sont choisis selon des critères particuliers : ce sont des associations qui fonctionnent dans un système ouvert c’est-à-dire qu’elles ne sont pas des associations qui vont se focaliser uniquement sur les besoins de la communauté musulmane. Ce sont des associations ouvertes dans la mesure où elles proposent des services pour l’ensemble de la société et accueillent même des personnes de tous horizons culturels, éthiques et sociaux. Ensuite dans un second temps, le deuxième critère était de trouver des associations entièrement bénévoles, comme les salariés dans les entreprises qui font du bénévolat, ici il est important de noter quelles sont leurs motivations. Autres exemples nous avons des associations qui donnent des repas aux sans-abris (beaucoup autour de Paris) et dont les bénévoles sont des jeunes qui ont entre 20 et 30 ans d’origines culturelles diverses. D’autres associations notamment des associations musulmanes. La présence de l’islam se ressent dans le temps avec les prières quotidiennes, les fêtes de l’aïd moment où les gens vont se regrouper pour partager un temps spirituel ensemble, mais également cette présence se ressent dans l’espace avec des rappels de la spiritualité, cela illustre comment l’islam se retrouve non seulement à travers le temps commun mais aussi à travers l’espace. Nous constatons aussi des actions qui ne se focalisent pas que sur les musulmans comme aider les étudiants, collecter des fonds pour les pays en difficultés… lles offrent des services pour toute la société. Grâce à des objectifs liés à des fins pas seulement spirituels. Dans ces associations on peut trouver des bénévoles de toutes croyances. En effet parce qu’il y a un objectif universel tous peuvent y adhérer. Il faut aussi souligner à travers le discours des bénévoles, des bénévoles les plus engagés le noyau dure de l’association avec des individus beaucoup plus impliqués. t la question du comment ils perçoivent la foi se pose. Ils ont une lecture régulière du Coran et des dires du Prophète Mohammed comme étant « la raison pour laquelle l’être humain se trouve sur terre c’est qu’il a une responsabilité » ou des versets du Coran comme « l’homme est un vice-gérant de Dieu sur terre un halifa , en quelques sorte un responsable de la création. Suite à une initiative visionnée récemment à Los Angeles, nous avons vu une mosquée en centre d’un ghetto. Les activités que proposent cette dernière ne sont pas forcément spirituelles. Les personnes peuvent y venir comme elles veulent, elles peuvent recevoir un kit gratuit de santé pour les enfants, des soins gratuits, nourriture pour les sansabri… ils ont également des ateliers de formations comme la rédaction de cv, entretiens d’embauches… le publique qui se rend dans cette mosquée sont de tous horizons culturelles. C’est vraiment inusuel de ce qui se passe en urope. n outre on note l’importance des bénévoles musulmans qui persévèrent dans leurs actions malgré la vision négative de l’islam dans les médias. Quel rôle va jouer la religion en tant que pratique et éthique dans ce processus ? À la base ce sont toutes les personnes qui ont une certaine éthique, une certaine valeur ; chez les musulmans c’est quelque chose qui est dans la culture. n effet dans l’islam il faut aider les plus démunis. La question est la suivante : chez les personnes dotées d’une certaine éthique, que va provoquer une certaine transition entre ces acquis éthiques, ces valeurs, et ces actions ? C’est à ce moment qu’intervient un choc, une rencontre c’est-à-dire un évènement émotionnellement très fort. Surtout pour les personnes les plus engagées. C’est comme la perte d’un proche, une maladie, un voyage dans une région défavorisée ou la rencontre d’un ami. Quel est le plus commun à toutes ces e périences quand il s’agit d’évènement qui sont émotionnellement très fort, on constate une remise en question de ces acquis : pourquoi est-ce que je suis là ? Quel est le rôle de cette vie ? Le but de la vie ? Ainsi la personne se redéfinit en quelque sorte sa perception de soi, de sa place dans la société… t lorsque cette remise en question est suivit d’une opportunité, lorsqu’elle trouve une association qui répond à ses attentes, elle va s’engager et donc passer à une phase active. Et le plus important dans cette phase active est que la personne va multiplier ses e périences de façon e ceptionnelle. C’est une phase très dynamique où la personne va rencontrer de nouvelles personnes, et va être confrontée à de nouvelles opinions avec lesquelles elle ne sera pas toujours en accord. Elle va faire des activités qu’elle n’a pas faites auparavant. lle va découvrir à travers les bénéficiaires, l’autre visage de la société. Et toutes ces expériences vont enrichir la personnalité, redéfinir ses acquis, enlever ses préjugés, ou également confronter les choses qu’elle avait au préalable, des valeurs, confirmer et légitimer des acquis qu’elle avait. Phase active qui va être suivit obligatoirement par une phase de crise. En effet au bout d’un moment il va y avoir la routine qui va s’installer, une lassitude, une certaine fatigue, des conflits peuvent s’installer entre les différents bénévoles. La question est de savoir comment sortir de cette période de crise ? Comment vont-elles devenir à nouveau actives ? Dans le cas général, et là qu’on voit que la religion va jouer un rôle prépondérant c’est-à-dire que ces même valeurs qui ont poussées un moment à l’engagement vont tirer la personne de cette situation de crise. Ce sont non seulement les liens sociaux, les liens d’amitiés, qui e istent entre les bénévoles, mais aussi les sentiments de responsabilités envers les collègues et envers les bénéficiaires. Ça peut être des conceptions, un peu spirituelles de la foi, en effet lorsqu’il y a conflit la question suivante se pose : pourquoi ses querelles après tout c’est notre frère notre sœur ? Ou bien lorsque la lassitude et la routine s’installent les personnes vont se dire en islam dans la vie on est fait pour être éprouvé à un certain moment et les épreuves sont des épreuves d’amour de Dieu. Dieu aime les personnes et plus Il va les éprouver. À travers ces explications tirés des enseignements islamique, la personne va réussir à trouver un moyen pour surmonter cette situation de crise et va revenir dans une phase très active. Cependant les cas où ça ne marche pas c’est où ce tissu est lâche et n’a pas de prise aussi forte sur la personne, soit elle est en décalage avec le reste des bénévoles soit elle n’a pas une vision similaire ou l’action de l’ensemble de l’association, ou bien elle agit à des fins personnels. Ou encore, les liens sociaux ou éthiques ne vont pas être aussi forts pour pouvoir retenir la personne. Voilà ce qui est dans l’engagement. Maintenant les conséquences de cet engagement et de cette action, qui sont très intéressantes surtout dans le contexte actuel dans lequel nous nous trouvons. Ces bénévoles ont une perception très originale de concept clé que nous entendons souvent comme la démocratie, la citoyenneté, l’identité…. t lorsque les interrogations sur leur conception de la citoyenneté, l’identité et bien les opinions où on trouve cette notion de responsabilité. Ces bénévoles vont avoir une vision active de la citoyenneté : par exemple : la France au départ s’est vu comme étant une sorte de mixe entre la citoyenneté de la romantique qui accordait un droit à ses citoyens et la démocratie grecque où le citoyen grec avait une part active dans la vie social, politique et religieuse de la cité. Ce sont donc à travers cet engagement qu’ils verront un acteur, quelqu’un qui va participer dans la société, qui va construire quelque chose. Ce qui est un peu original par rapport au réactions usuelles que l’on entend. Mais cette originalité ne s’avère pas aussi marquante puisque dans la devise française liberté et égalité sont à l’œuvre et beaucoup de manifestation par rapport à l’égalité. Cependant la question est de savoir combien de fois nous entendons parler de fraternité. Ces bénévoles vont littéralement rafraîchir cette conception de la citoyenneté en ravivant, en ramenant au-devant de la scène ce 3 ᵉ terme oublié de la devise républicaine, la fraternité entre les croyants certes mais les gens en général. Pour en venir à la démocratie, on a le processus de consultation comme le suffrage universel par consultation et par consensus. C’est-à-dire que l’ensemble de personnes concernées se mettent en accord sur la décision à prendre. En résumé, la société doit pouvoir ne pas oublier que la religion est une éthique, une philosophie, une pensée pour le bien publique et de faite elle est irréfutablement politique dans son sens noble c’est-à-dire une pensée pour le bien commun. Il serait nécessaire d’approfondir ces recherches et de vérifier que cette « matrix philosophique puisse s’appliquer au judaïsme, au christianisme ou sécularisme comme l’humanisme laïc… La véritable question n’est pas de savoir si oui ou non la religion est un moteur d’engagement du citoyen. Mais c’est à travers les e périences vécues sur le terrain que les questions sont : comment faire pour que les autres instances acceptent ce fait qui est scientifiquement indéniable et comment est-ce que ces hautes instances qui nous vendent la France étant le pays des libertés du droit de l’homme, comment justement est-ce qu’ils pourront faire valoir cela ? L’enjeu ultime est de savoir comment est-ce qu’on peut faire accepter cela et comment cette problématique de la religion va pouvoir être comprise de manière à pouvoir construire une harmonie sociale.