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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 187, 2etrimestre 2002
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In vivo, des aberrations chromosomiques et
des échanges entre chromatides sœurs ont été
observés dans la moelle osseuse de rats expo-
sés au chlorure de zinc dans l’eau de boisson
( 1 4 , 8 - 17,5 mg zinc / kg/j). A dministré par voie
intrap é riton é ale chez la souris, ce compos é
induit une augmentation significative des aber-
rations chromosomiques dans les cellules de
la moelle osseuse, à toutes les concentrations
test é e s (7,5 - 10 et 15 mg zinc / k g en exposition
aiguë ou 1 et 3 mg zinc / kg en exposition chro-
nique) ; le degré de clastog é nicité est dir ecte-
ment proportionnel à la concentration, et indi-
r e ctement proportionnel à la durée du traite-
ment [4, 17]. Des souris expos é e s par inhala-
tion à l’oxyde de zinc pr é sentent une augmen-
tation des aberrations chromosomiques dans
les cellules de la moelle osseuse [11].
C a nc é r ogen è se [9 à 11]
L e s composés min é raux du zinc étudi é s
dans cette fiche toxicologique ne semblen t
pas être canc é r og è nes par voie orale ou
inhalatoire.
Le zinc est un élément trace essentiel, impli-
qué dans de nombr euses fonctions biolo-
giques. C'est un cofacteur enzymatique qui, en
ex c è s , peut augmenter la successibilité aux
canc é rog è n es.
L ' i ncidence des hépatomes, des lymphomes
malins et des ad é nomes pulmonair es chez les
souriceaux nouveaux-nés exposés par voie
orale (0, 1000 et 5000 ppm sulfate de zinc dans
l ’ eau de boisson, pendant 1 an, soit 0, 170 et
8 5 0 mg zinc / kg/j) n'est pas significativement
diff é r e nte de celle des témoins, bien que le
taux d'hépatomes soit sup é rieur (30,4 % pour
1 2 , 5 %). Une hypertrophie du cortex surr é na-
lien et des îlets pancr é atiques, mais sans
tumeur corr espondante, est observée chez la
souris C3H ayant reçu 500 mg/l de sulfate de
zinc pendant 14 mois dans l’eau de boisson.
U ne étude peu détaill é e, menée pendant 3 ans
et sur 5 générations de souches de souris sen-
sibles ou résistantes aux tumeurs, montr e
qu ’ u ne concentration de 10 -20 mg zinc/l dans
l ’ eau de boisson augmente la fr é quence des
tumeurs dans la souche résistante, quelle que
soit la génération ; une concentration sup é-
rieure est moins tumorig è ne.
Parmi des rats, des souris et des coba y es,
exposés à un mélange de fum é es d’oxyde de
zinc et d’hexachloro é t hane, seules les souris
femelles pr é sentent une augmentation de
tumeurs (carcinomes alv é olair e s) à la concen-
tration de 123 mg / m
3
, 1 h / j, 5 j / sem, pendant 18
mois [16].
D es injections intra - testiculair es de chlorur e
ou de sulfate de zinc chez le coq provoquent des
tumeurs malignes (sarcomes) des testicules.
C h ez le rat, les résultats obtenus après de telles
injections (0,15 ml de chlorure de zinc à 5%, ou
de sulfate de zinc à 10%) sont équivoques. Chez
le ha m ster, 10 semaines après l’injection, se
d é veloppe une nécrose focale s’étendant sur
2 5% de chaque testicule [14, 17, 18].
E ffets sur la reproduction [ 4 ]
L e s composés du zinc, à forte dose, dimi-
nuent la capacité de reproduction par perte
pr é i mplan tatoire et réduisent la croissance
des fœtus et des nouveaux - n é s.
E ffets sur la fertil ité [9, 11]
U ne exposition orale au sulfate de zinc avant
l ’ accouplement n’a pas d'effet sur les gonades
du rat (250 mg zinc / kg/j pendant 14 - 1 7
semaines) ou de la souris (1110 mg / kg / j , soit
environ 450 mg zinc / kg / j, pendant 13 semaines )
ni sur le taux d'implantation, alors qu ’ une expo-
sition du 1
er
au 18
e
jour de gestation à 200 mg
zinc / kg/j augmente le taux de pertes pr é im-
plantatoir es et qu ’ une exposition à 500 mg
zinc / k g/j pendant 5 mois abroge la capacit é
r eproductrice du rat.
Par inhalation, 18 mois après l’exposition de
rats, de souris et de coba yes à des concentra-
tions de 119,3 ou 121,7 mg / m
3
de fum é es de
chlorure de zinc, 1 h / j, 5 j / sem, pendant 20
semaines, aucun effet n’est observé sur les
glandes ma m mair e s, les ovair e s ou l’ut é rus
[ 1 6 ] .
E ffets sur le développem e nt [9, 11]
Le zinc, en concentrations normales, est
n é c essaire à la croissance et au développe-
ment fœtal.
U ne exposition à de fortes doses dans la
nourritur e , avant ou pendant la gestation, est
associée à une augmentation des résorptions,
une baisse du poids fœtal, une alt é ration des
concentrations tissulair es fœtales en cuivre et
en fer, et, chez les petits, à une réduction de la
croissance, une baisse de l’hématocrite, une
d é ficience en cuivre et une alop é cie. Le
N OAEL chez le rat est de 25 à 100 mg / kg / j, 20 à
36 jours avant l’accouplement et du 1
er
au 20
e
jour de gestation [4].
L’ injection de fortes doses non létales de
zinc (souvent sulfate) chez les mères aux pr e-
miers jours de la gestation, est associée à un
r etard d'ossification, à la formation d'anoma-
lies squelettiques axiales et de côtes fusion-
n é e s (souris 12,5 - 2 5 mg chlorure de zinc / k g,
8
e
– 9
e
– 10
e
ou 11
e
jour de gestation par voie
intrap é riton é ale ) .
Toxicité sur l’homme
Toxicité aigu ë
L’ exposition par voie orale int é r e sse peu le
monde professionnel. Il est cependant int é r es-
sant de noter quelques cas d’intoxications,
dues à l'ingestion de diff é r e ntes formes chi-
miques de zinc.
L ' ingestion d'eau contenant 15 mg/l de zinc
provoque des naus é es ; des vomissements et
des diarrh é es s'y associent lorsque le niveau
de zinc est plus élevé. Des troubles digestifs
sont également observés lors d'ingestion de
nourriture conta minée par du zinc.
Q u elques cas plus sévères sont rapport é s
comme celui d'une femme qui, ayant absorb é
2 8g de sulfate de zinc, pr é s enta une tachycar-
die et une hyperglyc é m ie, et dont la mort sur-
vint du fait d'une hémorragie pancr é atique et
d ' une atteinte rénale. L'ingestion de 12 g de
zinc métal en deux jours entra î n a une
d é m arche chancelante, une léthargie et des
difficultés pour écrir e. Biologiquement, une
augmentation des lipases sériques, ainsi que
de l’amylase, fut notée 8 jours apr è s.
E n fin, l’ingestion de comprimés contenant
220 mg de sulfate de zinc a créé chez une
patiente, après chaque prise, un inconfort gas-
trique. Après une semaine de traitement quoti-
dien, elle pr é senta une hémorragie gastro -
intestinale. Une autre observation rapporte
des effets corrosifs sur le pharynx et l’œsopha-
ge d’une solution de zinc, suivies de naus é es et
de vomissements.
L ' ingestion de chlorure de zinc peut entra î -
ner des lésions caustiques sérieuses du tube
digestif.
Aucun effet n'est décrit chez l'homme apr è s
l ’ i nhalation de poussi è r es de zinc, ou de com-
posés de zinc autr es que celui de chlorure de
zinc.
Par contr e, de nombr euses observations
r é s ultent de l’exposition à des fum é e s prove-
nant nota mment du découpage ou du soudage
d ’ aciers galvanis é s . Ces fum é es ne sont pro-
duites qu’à des temp é ratur es élev é es (au
moins 500°C, généralement sup é r ieur es à
9 3 9°C), et elles contiennent des particules
d ’ oxyde de zinc de très faible granulom é trie
( <0,1 micron de dia m è tr e ) .
L es sympt ô m es sont décrits sous le nom de
la fi è vre des métaux :
- 4 à 8 heur e s après le début de l’exposition,
le patient pr é s ente une irritation au niveau de
la gorge, un goût métallique dans la bouche,
parfois des démangeaisons. Puis un malaise
g é n é ral s’installe avec une sensation de soif
intense, une asth é n ie, des céphal é es, parfois
une confusion mentale, et des douleurs lom-
bair e s. Une toux sèche accompagnée de dou-
leurs thoraciques compl è tent ces sympt ô m es ;
- 10 à 12 heur es après l’exposition, une fi è vr e
importante appara î t, pouvant dépasser les
4 0°C. Elle s’accompagne des signes clas-
siques d’un syndrome grippal (frissons, myal-
gies, irritation pharyngo - laryngée avec sensa-
tion de gêne respiratoir e, constriction thora-
cique, toux non productive, céphal é e s). Des
troubles gastriques avec douleurs, naus é es et
vomissements peuvent compl é ter le tableau.
L’ a ccès de fi è v re dure 6 à 12 heur e s, plus
rar ement 24 heur e s. L’ ensemble des symp-
t ô m es disparaît en 24 à 48 heur es. Le tableau
clinique n'est pas toujours complet.
L’ exa m en clinique est généralement normal.
L’ a uscultation pulmonaire peut parfois retrou-
ver des râles humides aux bases, plus rar ement
é tendus dans les deux cha mps pulmonair e s.
La radiographie pulmonaire est le plus sou-
vent normale. Elle peut montr er dans certains
cas de discr è tes images interstitielles ou un
syndrome alv é o lair e.
B i ologiquement, on note une leucocytose,
accompagnée d'une hyperlymphocytose ou
d ’ une hyper é osinophilie.